Merde.
Merde merde merde et re-merde. Rien n’avait marché pour me faire changer d’affectation, ni la gentillesse, ni la logique, ni l’intox, ni les supplications et j’avais réellement du faire un effort pour ne pas menacer les enfoirés de planqués des ressources humaines. L’Aquarium… Merde. Je n’étais même pas sensé être sur l’île à cette période, mais ce satané typhon nous avait empêchés, Marjan et moi, de partir à temps vers le pays. Et en plus de nous retrouvés coincés là, je ne pouvais pas rester avec elle pour cette soirée de solstice d’été. Merde.

Alors adieu le ski à Kartalkaya et bonjour la noyade à l’Aquarium. Heureusement, dans quelques jours nous allions pouvoir de nouveau quitter l’île et passer le premier de l’an dans les rues animées et colorées d’Istanbul. Mais il me fallait survivre à cette soirée. C’est fou ce que ça eut être long, parfois, une soirée...

A quelques minutes de l’heure fatidique, j’écrasai ma cigarette, pris ma respiration et suis rentré dans mon ultime prison.

Ils étaient quelques uns amassés là, certains que j’avais déjà croisés au QG ou ailleurs, et d’autres qui m’étaient parfaitement inconnus. Je ne fus pas surpris de retrouver dans ce bouge mon plus grand fan-club, alias la « team italia ». Comment aurait-il pu en être autrement ? Tullio bossait ici, quant à Victoria… Pfff, si j’étais du genre égocentrique, j’aurai pu croire qu’elle se donnait un malin plaisir à se trouver à l’endroit où sa présence m’emmerderait le plus.

Nonobstant, je me suis paré de ma plus belle poker face et me suis avancé vers tout ce petit monde, les saluant silencieusement avant de me poser également au comptoir. J’ai repoussé deux shooter vides  et un poisson volant qui évoluait paisiblement au dessus pour déposer mon paquet de tabac, avant de m’adresser à Tullio.

- Bien bien bien…. j’pourrais avoir un Perrier tranche Tullio ? Merci, lançai-je d’un ton qui se voulait neutre. Au fait, les fenêtres étant condamnées, j’espère que vous avez aménagé un coin fumeur quelque part pour ce soir. J’avais terriblement envie d’ajouter que je ne pouvais garantir l’intégrité physique de tous les occupants de l’endroit si ce n’était pas le cas, mais il était un peu trop tôt pour faire des blagues de mauvais ton.

Tout en regardant l’assemblée, j’espérai trouver un complice qui puisse comprendre l’absolue nécessité d’un tel espace. Et puis, il aurait été vraiment dommage de nous priver de l’herbe que j’avais ramenée récemment d’Europe et qui, j’en étais persuadé, nous aiderait à passer cette longue, très longue soirée.

Résumé:

18h00 

 

Des sons épars surgissent d’un peu partout : une minuterie derrière le bar qu’on éteint aussitôt, ainsi que les alarmes diverses – montres, téléphones et autres – de ceux qui avaient programmé un rappel à 18h précisément. Ainsi sonne l’heure du huis clos et ceux qui sont sensibles à la magie sentent également comme se scellent aussitôt portes et fenêtres afin de rendre les lieux hermétiques à la magie extérieure.

Tullio sers et ressers volontiers ceux qui le lui demandent, d’autant que Victoria semble vouloir l’encourager à garder le verre de Sameera plein, mais celle-ci s’éclipse et est remplacée par Nawar. Le verre de perrier citron claque contre le comptoir, et il soupire à la question.

“Ouais, on en a installé un dans la salle de repos des employés. J’te montrerais quand tu voudras y aller, t’auras qu’à me faire signe.”

Il ne porte pas particulièrement l’homme dans son coeur, surtout depuis qu’ils se sont pris la tête en Europe, mais il serait prêt à n’importe quoi ou presque du moment que ça lui accorde une pause clope. Parce que toute une nuit dans une ambiance de plus en plus électrique sans rien fumer? Très peu pour lui. Le fait que 18h ait sonné n’aide pas.

“Toria, je te laisse expliquer à Aurelia les subtilités d’une nuit de solstice?”

Suggère-t-il, pour ne pas laisser la nouvelle sans aucune réponse, et parce qu’il a bien remarqué ce qui se trame entre les deux demoiselles.

Spoiler:

- Oui oui, verse, verse, encourage Guillaume quand Victoria donne sa bénédiction à Tullio pour que la sécheresse ne menace pas l'assemblée. Essaie de me rendre supportable, pour voir.

Pour une soirée sans alcool, ça semble compromis, mais ce que ce que le boss ne sait pas, le boss ne peut désapprouver, ou quelque chose comme ça. Personne ne semble vraiment d'attaque pour sortir de sa réserve, parmi la bleusaille et les poussinets poussinent bien sagement en posant des questions adorablement naïves, ou bien en sirotant leurs verres sans faire de remous. D'ici peu, Victoria sera trop occupée à faire du gringue aux jeunettes pour même lui donner la réplique, si c'est pas désespérant.

Il salue Nawar d'un signe de tête, quand il pointe sa figure au comptoir, et ne manque pas de tendre l'oreille quand il est question d'aller griller quelques cigarettes à l'écart. Guillaume n'a jamais été un gros fumeur, mais les récents évènement lui donnent de fortes envies de soudain le devenir, et tant pis pour le cancer. Peut-être que ça le tuera avant le reste, c'en est presque rassurant.

Et puis, l'heure arrive, en crescendo désagréable qui superpose une infinité de sonneries les unes sur les autres en un concert qui lui scie aussitôt les nerfs. Il ne sait pas très bien ce qui de cet agacement là ou de l'épuisement, ou des deux, arrive à saper sa bonhomie naturelle quand il grimace un sourire.

- Mais oui Victoria, persifle-il. Explique donc à la bleuette à quel point on va bien s'amuser, ce soir.

Il y a des dents de scie dans sa voix et une vilaine étincelle dans le fond de ses yeux, quand il prend ce temps faussement doucereux.

Résumé:

Le regard fuyant de Lev la fait sourire un peu, mais c’est l’arrivée d’Ollie qui vient vraiment éclairer son visage. Victoria n’a pas le temps de lui adresser une salutation convenable, néanmoins, car il y a en parallèle Sameera qui boit cul sec deux shooters et ça ne lui échappe pas. C’est donc avec un émerveillement guilleret que son regard accompagne la fuite de sa cousine vers les toilettes, puis avec un enjouement espiègle qu’elle se retourne vers Tullio.

- Quand elle revient, commence-t-elle avec un pétillement malicieux et non dissimulé, s’il-te plait : tu lui mets direct un autre verre sous le nez. C’est que c’est la première fois que la jeune femme boit de l’alcool, du moins à la connaissance de Victoria, et cette dernière est très curieuse de ce que ça pourrait provoquer au terme de la soirée.

Une multitude d’alarmes retentissent ensuite dans son esprit quand Nawar – qu’elle n’avait pas vu approcher – prend la parole, et 18h sonne comme pour transposer dans la réalité l’émoi caché dans sa poitrine. Le sourire, jusqu’alors haut sur ses joues, fond lentement pour ne laisser que la fondation d’un rictus amer qu’elle dirige vers Ollie; c’est peut-être parce que cette dernière se trouve dans la direction opposée que Victoria se tourne vers elle, mais aussi – même si elle ne l’avouerait sans doute jamais – pour trouver dans son amante un semblant de sécurité. La jeune femme ne le sait pas, mais c’est, après tout, sa mésaventure avec Nawar qui avait poussé Victoria dans son lit et qui avait rendu leur première fois si spéciale à ses yeux.

… Mais voilà que Tullio et Guillaume pressent pour qu’elle s’adresse à Aurélia et elle leur lance à tous deux un haussement de sourcil dubitatif. C’est qu’elle ne voit absolument pas ce qui a pu provoquer chez eux l’impression qu’il y avait quoique ce soit entre elles, et si d’ordinaire leurs insinuations l’auraient amusée et poussée à jouer le jeu, cette fois, elle se fait plutôt violence en se tournant vers la jeune femme placée, malencontreusement, du même côté que Nawar.

- La purge, ça te dit quelque chose? ça sonne un peu sec, mais elle adoucit le coup en glissant ses yeux sur elle avant de lui adresser encore un clin d’œil de chat, en gros, toutes les créatures magiques du sanctuaire – y compris les plus dangereuses et les moins bien intentionnées – peuvent aller où elles veulent et faire ce que bon leur semble sans les limites et les conséquences habituellement… Normalement, notre protection s’étend sur toute la zone du QG... Mais ce soir la magie du traité est affaiblie par l’absence d’Angie.

Sans s’être à nouveau retournée vers elle, une main distraite frôle le bras d’Ollie qu’elle voudrait bien approcher d’elle.  

Résumé du post:

Olivia profita des présentations que fit Tullio de l’assemblée pour tenter de retenir quelques prénoms, tout détaillant discrètement le nouveau venu qui n’avait absolument pas l’air ravi de se trouver là. Il posa toutefois une question essentielle dont la réponse intéressa grandement Ollie.

Quand les sonneries retentirent, la jeune femme retint un sursaut et tenta de rester la plus détendue possible. Elle vida d’un trait le dé à coudre posé devant elle puis avala une grande gorgée de café pour faire passer l’ensemble. Un pointe de stress nouait son estomac, elle savait qu’elle n’allait normalement rien voir de ce qu’il se passerait dehors, mais elle savait qu’elle pourrait entendre. Et elle n’aimait pas cette idée, ça lui rappelait trop les crises de sa mère.

Elle se réancra dans le réel en focalisant son attention sur ce qu’il se passait autour d’elle et nota que Victoria était la seule personne que le shooter ne semblait pas intéresser, ce qui était étonnant et ne laissait rien augurer de bon : soit la belle italienne souhaitait garder l’esprit clair et la soirée allait être autrement plus sportive qu’elle ne l’avait d’abord pensée soit… Non, c’était impossible.
Elle but une autre gorgée de café et se tourna vers l’homme qui réclamait son café arrangé :

- Ne soyez pas si cynique, ce sera plus supportable pour tout le monde.

Et elle se renfrogna quand le même homme et le colocataire de Toria la poussèrent vers Aurélia dans un concerto de mimiques à peine voilées, avant de se crisper quand elle évoqua une purge, qui n’avait rien de vraiment rassurant. Et elle se rendit compte qu’elle ne voulait pas être là. En fait, elle aurait dû rester à Londres, étudier ses cours et s’enrouler sous la couette. Ça aurait probablement été un meilleur choix, mais elle devait se contenter de celui-ci car elle ne pouvait plus reculer désormais. Peut-être aurait-elle la possibilité d’aller se blottir sous la couette ici, avec quelqu’un d’autre de surcroît… La jolie femme avec son hijab qui mettait en valeur son teint et l’ovale de son visage ? Le frustre qui avait déclenché cette tournée de shooters ? Elle en était là de ses interrogations quand Victoria vint effleurer son bras, ce qui déclencha une série de frissons incontrôlables qui remontèrent son échines et dressèrent les poils sur le moindre centimètre carré de son corps. Son cœur fondit instantanément, mais son cerveau, lui, s’indigna d’une telle recherche de contact physique alors qu’elle n’avait pas eu plus de nouvelles que cela depuis leur séance d’entrainement horriblement douloureuse.

- Ma che diavolo stai facendo ?                                        (Mais qu’est-ce que tu fous ?)

Elle le dit à voix basse, ne voulant pas se faire remarquer. Si sa deuxième hypothèse s’avérait exacte, il devenait inenvisageable qu’il se passe quoi que ce soit entre elles. Elle ne serait pas la troisième roue du carrosse.

Il le sent pas. Il le sent tellement pas. Il est 18h, ça y est, diverses alarmes n'ont pas manqué de le faire remarquer - il n'avait pas été le seul à programmer la sienne. Il sort de sa poche une petite boîte et en fait glisser une gélule de sa composition - de quoi le rendre perceptif, et un peu plus sûr de lui. De quoi faire glisser ça, il lorgne un instant sur un shooter intact traînant sur le comptoir, mais non, il vaut mieux qu'il reste en pleine possession de ses moyens, ça ne sera pas de trop. Il fait donc passer la pilule avec quelques gorgées de café bien noir.

Il y a un truc dans l'ambiance qu'il n'aime décidément pas du tout. Les bleus ont l'air de ne pas savoir pourquoi ils sont là, et ceux qui semblent être les plus anciens et habitués semblent plus motivés par leurs petits jeux sociaux - qui, globalement, lui passent très loin - que par une organisation efficace. À la fois l'agacement devant leur comportement, qui lui semble immature, et les diverses substances excitantes qui commencent à envahir ses veines lui font se dire qu'il serait sûrement pas mal de coordonner un peu tout ça, et qu'il faut bien que quelqu'un s'y colle. Il attrape discrètement le bout de sa manche gauche entre son pouce, son index et son majeur et commence à frotter, de façon répétitive, et tente de faire un peu avancer les choses, d'une voix douce mais suffisamment forte pour se faire entendre.

"Victoria, Guillaume, vous semblez avoir l'habitude... Est-ce qu'il y a des choses en particulier qu'on devrait savoir, à quoi faire attention ? Peut-être qu'il pourrait aussi être utile de connaître les points forts de chacun, pour savoir sur qui on peut se reposer selon les situations ?"

Élaborer un plan de bataille, quoi, même s'il n'a pas spécialement envie de prononcer ces mots. Quelque chose en lui lui souffle qu'il s'en fait trop, que si les autres semblent prendre la situation à la légère, c'est sûrement qu'il n'y a pas tant à craindre que ça, mais... est-ce vrai ? Et que vaut-il mieux, passer pour le parano de service ou risquer de ne pas être assez préparés si la situation déraillait ?

"Pour ma part, j'ai une bonne connaissance théorique de pas mal de créatures. Et en préparation de potions et mélanges, mais c'est pas forcément adapté, là."

Peut-être qu'il en fait trop et qu'ils se connaissent tous, et que ce qu'il fait ne sert à rien. Mais au moins, lui saura à qui il a à faire, sur qui il peut compter, prendre un peu la mesure du groupe dans lequel il se retrouve. Il sait très bien qu'il se dit tout ça pour se rassurer, que dès que les mots ont franchi sa bouche, il ne peut s'empêcher de se demander s'il a bien fait, s'il a la bonne attitude. Dans tous les cas, c'est trop tard, hein ? Il continue à boire son café, un peu trop chaud, tout en attendant de voir si sa proposition prend... et en essayant de rester à l'écoute de toute... activité qui pourrait se produire à l'extérieur.

Spoiler:

La chance était un concept sans réelle origine dans la réalité. Le hasard, oui, c'est un paramètre. Le hasard régit toute chose. Les probabilités sont partout, implantées au plus profond de nous, jusqu'à chaque particule de chaque atome. Il n'était donc qu'hubris de dire qu'on avait une bonne étoile, ou que le destin nous avait abandonné, ou toute autre ineptie que les habitués des tables de jeux ou des supercheries aimaient bien s'entendre dire.

C'était donc particulièrement con d'être aussi malchanceux.

Il était parti longtemps. Très longtemps. Il voulait faire son debrief. Il voulait dormir. Dans un lit cette fois. Dans son lit. Son lit. Pour la première fois en 2 ans. Son si douillet lit. Ce lit était-il si doux, maintenant qu'il y pensait bien? Qu'importe. Il pouvait le remplacer. Une fois qu'il toucherait ses primes.

Mais non. Il était là. Assis. Dans un coin. Évitant de croiser les regards qui, pour la plupart, ne le reconnaitraient pas. C'était la nature du métier, le nouveau sang. Non pas qu'il soit particulièrement vieux. Ou asociable. Mais pas ce soir. Il venait de rentrer, il voulait son café - surprenament adéquat - et son repos. Faire taire les bruits n'était pas bien compliqué. Éviter de croiser les regards inconfortables aussi, dans cette masse.

Une tempête. Sérieusement. Il a une petite pensée pour de la persécution divine, mais il n'y croit pas trop. Connaissant les créatures magiques, toute divinité aurait sûrement beaucoup plus d'humour que ça.

La tenancière est active - il la plaint, cette pauvre gamine. Il évite ses yeux plus que les autres. D'autres connaissances sont là aussi, balbutiant quelques inepties, parfois amusantes. Cette ambiance était, au moins, nostalgique. Il était fatigué, mais pas mécontent.

Les alarmes. Ah. Damn.


La jeune fille fige, et son regard se glace. Elle ne partageait pas sa nostalgie. Il ne veut pas la rendre inconfortable. Il prend l'alcool, et hoche la tête furtivement mais avec respect, devant la tenancière effarée. Il ne relève pas les yeux vers elle. Elle esquisse une petite révérence maladroite, et se dirige vers son prochain client, avec un aplomb renouvelé, comme si rien ne c'était passé. Pauvre gamine.

Il s'apprête à boire le verre, puis jette un regard empli de méfiance vers celle qui lui avait apporté. Il repose le petit verre, et continue de siroter son café, scannant la salle des yeux, et s'ouvrant un peu plus à la pièce. Il ne s'attendait pas à un banquet de retour, mais bon, c'était tout aussi bien.

Je remerciai Tullio pour sa réponse tout en écrasant la tranche de citron dans mon verre avant d’y plonger les dents. J’aimai sentir les courts frissons provoqués par l’acidité de l’agrume me parcourir le corps. Et quand les alarmes diverses retentirent, un autre type de frisson sembla s’emparer de l’assemblée. Je ne pouvais m’empêcher d’être inquiet pour Marjan ; elle était protégée, certes, mais l’idée de ne pas pouvoir la rejoindre en une fraction de seconde si les choses tournaient mal me vrillait le ventre. D’autant plus qu’une petite voix sournoise commençait à me diluer une chanson acide dans le cerveau, une chanson qui me disait qu’on aurait mieux fait de rester dehors - pas sous forme humaine évidemment – et que l’on se serait bien amusé. Mais à présent, toutes les issues étaient scellées… Damned.

La question du jeune homme blond à l’encontre de Victoria et Guillaume m’interpela, et je pouffai légèrement en imaginant répondre à la place de certains : « j’ai une habileté innée pour les levés de coude » dirait l'un, « moi pour charmer et attirer à moi n’importe qui et me jouer éperdument de leurs sentiments et de leurs envies à coups de viles manipulations » affirmerait une autre, « moi je sais super bien me mettre en danger » répliquerait un autre, « quant à moi, mieux vaut ne pas me titiller si tu ne veux pas que je transforme toute l’assemblée en pâté pour loup... » finirai-je par concéder. C'est le sourire aux lèvres que je finis par lui dire :

- Détrompes-toi, s’il existe une quelconque potion permettant de faire passer l’ébriété, je pense que ce sera plutôt utile vu comme certains semblent commencer leur soirée. Je marquai une pause, hésitant évidemment à m’avancer sur mes propres compétences de peur de m’exposer de trop aux oreilles de ceux qui ne me connaissaient que trop bien. Rassure-toi, même si ce n’est pas l’image qu’ils donnent, les quelques vétérans ici sont aptes à réagir en toutes circonstances, finis-je par dire, cherchant le regard approbateur des-dits vétérans.

Puis j’attrapai mon paquet pour me rouler ostensiblement une cigarette améliorée.

- Tullio on pourrait mettre de la musique ? Ce sera plus rassurant pour ceux qui n’ont pas l’habitude d’entendre ce qui pourrait se passer à l’extérieur.

Qui sait, certains pourraient même se prendre l’envie de danser.

Résumé:

Les explications des unes et des autres ne semblaient pas rassurer Aurelia, qui n’avait que peu de fois rencontré la magie. La première fois avait été soigneusement oubliée et les autres… bien trop distrayantes pour n’y voir qu’autre chose que de la poudre de perlimpinpin inoffensive. Ces conversations et autres brouhahas entourant le petit groupe fut un instant interrompu par l’immense cacophonie produites par les réveils en tout genre raisonnant dans la pièce. Sursautant sur place, son cœur ayant probablement manqué un battement, fut gênée de sa surprise momentanée, regardant ici et là s’il quelqu’un l’avait remarquée.

Ce qui se passa ensuite fut bien plus étrange. Elle ressentait une impression de pesanteur, de rumeur étrange qui l’entourait, mais venant d’ailleurs. Cette sensation la mettait mal à l’aise : était-ce là l’effet du bouclier qui s’effaçait ? Elle n’en savait rien, mais préférait rester silencieuse de son mal-être. Regardant ses verres pratiquement vides, elle se rassurait en se souvenant de la dernière soirée alcoolisée passée, qui remontant à quelques mois, l’avait certainement rendue plus sensibles aux boissons. La soif n’étant plus au rendez-vous, elle écartait les verres vers Tullio, tout en indiquant ne voulant pas être resservie. Une joyeuse soirée, hmm ? Intérieurement, Aurelia supposait qu’un tel espoir serait probablement vain, alors qu’un léger mal de crâne venait à poindre.

Ignorant ainsi les insinuations et moqueries tout comme les tentatives de quelques-uns de rapprochement avec Victoria, elle affichait un sourire crispé alors que le monde entourant ce comptoir était un peu trop à l’aise et moqueur. Mal à l’aise, Aurelia attrapait dans une tentative sa large besace pour fouiller son contenu à la recherche de son téléphone, bouclier merveilleux de socialisation offert par le XXIème siècle, se trouvant naturellement dans la plus petite poche de celui-ci, au fin fond, derrière un ou deux livres, un pull, des écouteurs, une vapoteuse et une tabatière attachée à une boite à rouler -dont elle avait oublié l’existence-, qui dans la fouille énergique de la jeune femme, se fracassa sur le sol. « Merde ! » s’écriait-elle, le visage à peine sorti de son sac, tentant de regarder si celle-ci c’était ouverte sur le sol, grimaçant d’avance, son smartphone en main. « De la musique, vous avez dit ? » tentait-elle de distraire les autres de sa maladresse.

Résumé: