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Too much is never enough

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Mer 7 Oct - 8:50

Points : 0
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Occupation : Chevalier
Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
. . .

Tout fut fini, et puis tout recommença.

Le baiser sur la porte, oui, comme dans les contes, et sur le souvenir encore tout frais était venu se vautrer l'épaisseur onctueuse de ces nostalgies toutes fraîches qui embellissent à l'envi les idylles morte-nées. Qu'est-ce que c'était d'autre, de toute façon, qu'une de ces sempiternelles fois où le chevalier épris d'amour déposait son cœur aux pieds d'une belle qu'il ne reverrait plus jamais ?

Guillaume, rompu à ces choses qui font un doux vague à l'âme, ne s'était attendu à rien de plus. Les choses ont repris leur cours et le mystère à demi levé sur les brumes allemandes, d'autres tâches se sont rappelées à lui sous la forme de rapports et de paperasses laborieuses à remplir avec juste ce qu'il faut de litotes coutumières pour rendre compte de ses actions sans trop en dire, mais sans jamais mentir, par Dieu, ça ne se fait pas. Et pendant que ses oreilles sifflent encore de la dernière houspillade collégiale sur le thème de "pourrais-tu s'il te plaît bien vouloir la garder dans ton pantalon à l'avenir" le brave chevalier vaque et vaque à ses recherches et à ses traces, jette dans les rouages patients de la machinerie consultant les noms et les indices récoltés -et à quel prix- auprès d'Alice.

Voilà qu'il fouille encore, et qu'il farfouille comme un limier désœuvré. Le souvenir s'accroche et refuse de lâcher prise, comme logé dans des interstices insoupçonnés mais il sait bien, ah, il sait bien, que tout finira par passer.

C'est que tout passe, pas vrai ? Même cette petite langueur, là, juste au fond de la poitrine, quand il s'attarde dans ses pensées et qu'il se demande ce qui aurait pu arriver, "si". C'est comme le miel, et c'est comme le sang, aussi. Il faut des folies d'amoureux pour comprendre combien on y replonge, encore et encore, dans les braises et les flammes qui persistent à couver sous la cendre, en souvenir de l'incendie. On en regrette la morsure et le mordant, et au fond, Guillaume le sait bien : ce n'est pas elle, pas à proprement parler "elle" qu'il regrette déjà et fait naître par son absence la soif et le manque, cette sensation de sécheresse, l'aridité du ventre qui se languit des douceurs passées. Elle, c'est Alice et c'est un peu toutes les autres aussi, pourvu qu'il y ait eu l'étincelle, assez de piquant, parce que c'est ça qu'il voudrait encore. Bouffée de poivre, rose et piment, piqûre d'agrume sur le bout de la langue.Comme un palimpseste, les marques sur sa peau ont disparu ; non qu'il les regrette, avec son vieux cuir tailladé, mais il manque peut-être quelqu'un pour les lui rouvrir encore et encore.

Et puis, le temps passe. Il faut encore courir partout, après des fantômes et des monstres, oublier, peut-être un peu, tant qu'il peut. C'est comme ça que Guillaume en arrive, tout penaud et un peu coi, à relire et relire encore le mot qui le cueille au réveil pour lui signifier poliment, mais fermement, qu'il est expressément demandé par une nouvelle pensionnaire du sanctuaire d'Old Fyre. Dans sa paume, le rectangle bleuâtre du téléphone déchire l'obscurité de la chambre et lui blesse les paupières alors qu'il le garde au-dessus de son visage en parcourant le reste du message pour être sûr qu'il comprend bien. S'il se souvient nettement avoir évoqué, fut-ce indirectement, que l'Ordre pourrait aisément protéger Alice d'une menace éventuelle, il s'est douté sur l'instant que ce serait sans doute en vain : elle en a dit trop peu, malgré ce qu'elle a parfois pu trahir, pour que Guillaume puisse y faire grand chose. Mais voilà qu'elle s'y trouve, au sanctuaire, et qu'elle a glissé son nom, comme un sésame.

Il faut qu'il rentre, dit le message, et qu'une rencontre bien dans les formes soit organisée, dans l'espoir que la sorcière (on y est, le mot est lâché) délivre un peu plus de ses secrets.

"Débrouille-toi mais dépêche-toi", réclame un ajout laconique à la suite de l'envoi officiel. Plus facile à dire qu'à faire, parce que les liaisons entre l'Europe et l'Australie ne sont pas si aisées, mais enfin ; rien qui ne soit nouveau pour Guillaume qui prend sous le bras son barda, ses cernes et son jet-lag permanent pour jongler entre les correspondances et les fuseaux horaires et finalement s'écrouler à Old Fyre où, eut égard à son propre ego et à la courtoisie due à Alice, il repousse au lendemain leur entrevue. Plusieurs jours lui ont été nécessaires pour arriver, un de plus pour se remettre d'une traversée express d'un hémisphère et demie, et curieusement, ce sont les dernières minutes pour traverser le domaine et atteindre l'endroit où Alice est assignée à résidence qui lui semblent les plus longues. Avant cela, bien évidemment, leçon lui a été faite : "tiens toi bien, Guillaume, sois pas con, Guillaume" et ainsi de suite, parce que bien évidemment, la haute autorité du sanctuaire se méfie à raison de l'âme un rien vagabonde du bon chevalier qui fait toujours ses preuves, certes, mais qui tire toujours tant sur la corde qu'on ne peut s'empêcher d'avoir des doutes sur sa probité, en haut lieu.

Alors, indubitablement, il sait que le micro qui enregistre consciencieusement ses faits et gestes est là autant pour le surveiller lui que la surveiller, elle, et si humiliante que soit la mesure, Guillaume sait qu'il l'a bien cherché. Il ne peut s'empêcher d'en sourire pour lui tout seul, parce que, oui, ça en valait tout à fait la peine. Il l'a su déjà depuis le départ mais il en est plus certain encore quand il ne peut s'empêcher de sourire comme un grand nigaud, lorsqu'Alice lui ouvre la porte. Heureusement que le micro n'enregistre pas ses expressions faciales.

- Je ne peux décidément aller nulle part sans trébucher sur vous, dites-donc,
lâche-il en guise de salutation. Veuillez excuser mon retard mais j'étais assez littéralement à l'autre bout du monde quand vous avez demandé après moi, les nécessités du service, vous voyez. Puis-je entrer ?

Il y a quelque chose de formel, dans son attitude, comme une distance mise d'emblée, malgré la chaleur du ton et l'espièglerie des paroles. Il les regrette, au fond, parce qu'elle est bien loin la cabane dans les bois où ce qui se passait ne regardait vraiment qu'eux ; pour autant il faut bien que le devoir tranche dans le vif, de temps à autre, et que le chevalier fasse preuve de temps en temps d'un peu de professionnalisme.
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Ven 16 Oct - 0:11

★★
Points : 50
Messages : 142
Habitation permanente : Elle est en cavale pour le moment
Occupation : Formation d'un réseau d'information, accumulation de ressources magiques pour se défendre contre ses agresseurs
Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Les premiers jours après le départ de Guillaume sont les plus difficiles.

C’est qu’on s’attache rapidement à quelqu’un quand, dans la sécurité des confins oubliés du reste du monde, on peut s’y consacrer entièrement ; on se prend rapidement à tomber amoureux quand faire semblant devient ce jeu joué pleinement à deux. Et après? Que reste-t-il des amants, finalement, sinon que des fissures sur un cœur pas tout à fait brisé?

Somme toute, pas grand-chose.

Le concentré de leur passion distillée, une fois passé dans l’alambic du temps et de la distance, ne lui laisse au fond du ventre que cette essence nostalgique aux relents de forêt et de mousse. Les promesses susurrées sur les lèvres de l’autre deviennent ces engourdissements qu’on oublie presque, sauf dans le calme le plus complet, quand l’âme frileuse cherche dans les froids tréfonds de la solitude quelques éclats de chaleur idyllique.  

Ces moments ne viennent pas très souvent non plus.      

Son esprit vagabond – incurable romantique qu'elle est – s’y aventurerait volontiers si seulement il n’était pas déjà conscrit à des batailles d’autant plus cruciales; c’est que plusieurs lunaisons s’écoulent, avec chaque pleine lune qui fait briller avec plus d’éclat le fil acéré de l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête.

Les affres sépulcrales qui la tourmentent étaient devenues à ce point menaçantes pour qu’elle en vienne à s’affilier, quoiqu’un peu à reculons, avec un autre chevalier de l’Aube et qu’elle se laisse amener au quartier général avec les mains en l’air. Toutes les étapes de sa capture avaient été risibles, comme un jeu de rôle interprété par deux partis qui ne se prenaient pas au sérieux : elle n’avait pas été menottée, elle s’était rendue sans protester, et en échange on l’avait conduite dans un logement plutôt que dans une cellule. Ses bagues ne lui avaient pas été retirées non plus, ce que toute logique pointerait comme une erreur et une contradiction monstrueuse au fait qu’elle est bel et bien, après tout, une prisonnière. C'était sans même parler de l’enchantement - censé l’empêcher de sortir de ses quartiers - qui se révélait être une parodie ayant au moins le mérite de l’amuser, comme une laisse sensée la retenir alors qu’elle en tiendrait l’extrémité dans sa propre main.

La situation ne lui fait pas exactement plaisir, mais ce n’était pas la première fois qu’elle se voyait prisonnière, et elle avait assurément connu de bien pires prisons. Jusqu’ici, Alea s’était donc montrée très sage, en supportant son incarcération comme un parangon de bonne conduite... Quoique pas sans émettre quelques caprices que ses geôliers exauçaient assez gentiment: elle avait demandé un piano et des livres, si bien qu’on l’entendait souvent jouer des heures durant, ou au contraire, pas faire un seul bruit; elle avait réquisitionné des outils de cuisine et des ingrédients, de telle façon que les interrogatoires avaient souvent ces airs de rencontres amicales avec thé, biscuits aux amandes et soupe de potiron; elle avait aussi quémandé, bien entendu, des vêtements et du maquillage, parce qu’il avait peu à faire, enfermée ici, à part prendre soin de soi-même.

Et elle avait demandé Guillaume, parce que pourquoi pas.
Alea s’ennuie.

Pas de lui spécifiquement, mais en général. C’est qu’il y a de quoi se lasser des joutes verbales et des boucliers rhétoriques qui ponctuent son quotidien. Ainsi, le temps, la sécurité et la langueur permettaient enfin à ses pensées-papillons de battre vers le chasseur leurs ailes timides, et si l’expression veut qu’après la pluie vienne le soleil, eh bien, c’est qu’il faut peut-être l’inviter quand tout semble rester trop gris.  

Enfin, Guillaume est là et il sourit; pour le reste, la rigidité formelle et la distance, ces choses lui échappent complètement parce qu’il y avait avant tout cette expression – béante et irrépressible – qu’Alea lui renvoie comme un miroir… Et parce que leurs lèvres et leurs yeux se reflètent si bien, elle n’a aucune raison de penser que le cœur ou la tête puissent être en opposition.

Dites-moi que je suis la plus belle, exige l’apparat soigneusement entretenu qu’elle s’évertue à porter depuis qu’elle est arrivée ici, et avec encore plus d’attention à l’occasion de leurs retrouvailles; Puis-je entrer ? Demande-t-il plutôt; pas tout de suite, répondent enfin ses bras qui se glissent autour de sa taille tandis que grimpent déjà ses mains dans son dos.

-Dites-moi que je vous ai manqué, ordonne-t-elle cette fois dans les replis étouffés du vêtement qui se froisse contre sa joue.

C'était bête et Alea s'en rend compte alors même qu'elle serre un peu plus fort et que remontent vers lui ses grands yeux verts où se reflétaient encore quelques réminiscences de la forêt noire; quand bien même Guillaume n’aurait jamais repensé à elle, ceux-ci le mettent comme au défi d'oser lui répondre autre chose qu'une affirmation pleine de dévolu.
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Ven 16 Oct - 6:54

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Occupation : Chevalier
Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
Eh bien, tant pis pour le professionnalisme. Guillaume est peut-être là pour le travail, Alice, non.

Il sait le bruit probablement extrêmement désagréable qui doit parvenir à son pauvre collègue, de l'autre côté du micro, et n'en ressent aucune culpabilité. Bien fait. C'est ça qu'on risque à espionner les gens ! Et pour le coup, le chevalier a essayé d'être sage, Dieu lui en soit témoin, mais c'était sans compter les volontés de sa dame, face auxquelles ses résolutions tiennent comme du beurre.

Pour être tout à fait franc, il ne s'attendait pas à pareil accueil. Ou plutôt, il ne l'espérait pas. C'est déjà quelque chose, de la revoir, là, toute belle et toute fleurie, c'est encore tout autre chose d'entendre sa voix impérieuse qui susurre, la douceur et le poison, pour réveiller l'incendie. Il ne s'en faut que d'une étincelle, et voilà que tout gronde quand elle, elle encore toute calme, garde cette sérénité cruelle d'impératrice miniature qui parle et commande aux ronces et aux vrilles qu'elle a semées jusque dans ses os.

C'est que tout lui revient, d'un coup. Il a comme un fourmillement au bout des doigts, comme par anticipation, juste avant la brûlure quand il cherche, sous les cheveux, le contact de sa nuque. Il avait prévu d'être sage, vraiment, juré, craché. Mais ce n'est qu'une toute petite entorse, n'est-ce pas ? Ce n'est presque rien, allez, juste un baiser, juste un, parce qu'il faut être poli et bien élevé et que quand on lui montre tant d'allégresse il faut y répondre du même. Elle lui a posé une question, après tout. Ou plutôt c'est un ordre qu'elle donne, du regard, de la voix et le baiser qu'il lui donne s'y plie sans tarder pour lui dire, dans ce secret langage des amants, qu'elle est la plus belle de toutes les belles et que chaque jour sans elle fut long comme un jour sans pain.

C'est foutu, maintenant, et Guillaume se sait déjà perdu mais quelle importance ? C'est que le cœur a fini par se complaire dans ce lit de roses et d'épines qu'elle a fait pour lui.

Le grésillement à son oreille le ramène au réel, et il faut toutes les subtiles menaces de son collègue pour qu'il lâche prise. Pendant quelques secondes, l'autre lui déverse dans l'oreillette la litanie de toutes les façons dont les lieutenants pourraient lui souffler dans les bronches s'il n'arrive pas à tenir cinq secondes sans peloter tout ce qui bouge. C'est comme des filins invisibles qui le retiennent, des ancres, des crochets : c'est à contrecœur, et c'est bien visible, qu'il recule enfin, lisse le pli de sa chemise dont il entrouvre légèrement le col pour désigner le micro qu'on y a discrètement accroché. Ce faisant, l’œil avisé n'aura sans doute pas manqué de remarquer que le petit anneau d'argent et de rose n'a pas bougé de la chaînette autour de son cou.

Guillaume mime quelques mots, d'un air d'excuse, et puisque le naturel ne peut être retenu bien long, il se hâte de saisir galamment la main d'Alice pour y déposer un trop chaste baiser -pudeur qui, comme souvent, est démentie par le feu du regard coulé sous les longs cils.

- Si vous m'avez fait venir tout du long juste pour me demander ceci, vous auriez pu m'envoyer un courrier, vous savez ?
Lance-il d'un ton moqueur. Mais enfin, voilà, j'ai traversé un hémisphère sur votre convocation, est-ce que vous allez me laisser languir sur votre paillasson ? Nous avons, je crois, beaucoup à discuter, vous et moi.

S'il avait été un homme raisonnable, Guillaume aurait esquivé l'entrevue et l'embarras inévitable dans lequel Alice, il n'en doute pas, se ferait une joie de le mettre. S'il avait été un homme raisonnable, il ne serait pas déjà en train de se demander à quel point une visite nocturne de la geôle improvisée serait chose envisageable, et ce qu'il risquait, ce faisant. Malheureusement pour lui-même, pour sa propre sécurité, pour sa réputation, pour l'Ordre sans doute aussi, Guillaume n'était pas, et n'avait jamais été un homme raisonnable.
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Lun 19 Oct - 6:43

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Habitation permanente : Elle est en cavale pour le moment
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Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Les lèvres se scellent et soudainement leur respiration aspirée sous vide voudrait qu’on ne respire plus que par le souffle de l’autre. Ainsi, il y a l’éternité qui s’allonge dans les secondes du premier baiser, avant qu’Alea ne sourît contre sa bouche pour ensuite mieux en quémander un deuxième – beaucoup trop court, celui-là – tandis qu’elle le voudrait plutôt être une immarcescible prémisse à d’autres longévités.

Il lui avait manqué, lui aussi.

Ou du moins, c’est ce qu’elle se dit maintenant, tout de suite, alors que leur magnétisme n’est entravé que par les obligations répulsives et pudiques du travail… La vue du micro, détestable chose, lui fait froncer le nez, puis tourner les yeux. Un sourire vient quand même se dessiner sur ses lèvres alors que ses doigts délicats, sertis d’incomptables bagues, contournent prudemment l’appareil pour venir frôler l’anneau, là, toujours pendu près de son cœur.

- Je ne vous ai pas vraiment convoqué pour parler, moque-t-elle gentiment, avec un éclat de rire presque timide, mais vous pouvez entrer.

La décoration intérieure est minimaliste, avec juste ce qu’il faut de couleurs et de confort pour donner l’impression trompeuse qu’il ne s’agit pas vraiment d’une prison: il y a un vieux piano; des livres sagement alignés dans la bibliothèque encastrée à même le mur; une jetée douillette sur le canapé simpliste et, dans un vase sur la table à café, des fleurs qu’un geôlier lui avait apportées… C’est qu’elle est douée pour les amadouer, Alea, avec ses yeux de biche et sa cuisine et ses caprices lancés à demi-mot, si bien qu’on lui amenait maintenant un nombre considérable de petits cadeaux comme celui-là.    

- Je vais faire du thé.  

La jolie théière transparente, avec ses reliefs floraux, faisait d’ailleurs partie du lot. Alea la pose près du bouquet, avec deux petites tasses et une assiette de biscottis aux fruits, avant de se poser elle-même tout près de lui.  

- Vous vouliez donc discuter? S’infuse sa voix, comme le thé dont les volutes ambrées s’insinuent doucement dans la théière en verre posée devant eux. Vous: lui, l’Ordre, peu importe, balaient ses yeux après un nouveau coup d’œil sur le micro accroché à son col. Il y a ce micro… Mais pas de caméra, réalise-t-elle, et ainsi ses joues se plissent sous l’assaut d’un sourire envahissant, envahissantes comme le sont maintenant ses mains silencieuses sur le rampant d'une cuisse.

- J’ai déjà tout dit à vos collègues et je ne sais pas ce que vous voudriez savoir de plus… Feint-elle avec autant innocence qu'il y en a au bout de ses doigts baladeurs.
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Ven 23 Oct - 16:35

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Occupation : Chevalier
Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
- Est-ce que l'on vous force à tant d'ennui qu'il faille que vous appeliez à vous votre bon chevalier ? Raille Guillaume quand il entre. Personne donc pour vous distraire ? Cela m'étonne.

Comme la première fois, l'effronterie l'amuse, surtout quand il sait ce qu'elle cache de délicieuses turpitudes. La rose, la rose et les épines en dessous, fichées dans la chair et fichées dans les os, il commence à connaître un peu la chanson.

- J'aurais du me rappeler de vous prévoir de la lecture, lâche-il en voyant les livres empilés ça et là sur le piano et les rares meubles. Je vous apporterai le récit de mes aventures pour vous tenir compagnie, la prochaine fois.

Pas sûr qu'on le laisse à nouveau lui rendre visite, après ce qui risque d'arriver pendant cette petite entrevue. Pas sûr non plus qu'on le laisse encore approcher, après ce qu'il projette pour espérer un moment de tranquillité, plus tard, quand les yeux et les oreilles se seraient un peu détournés.

Les fleurs sur la table l'intriguent, mais ne sont pas vraiment une surprise : qu'il s'agisse d'un cadeau ou d'un caprice, c'est au moins la preuve qu'elle a déjà un peu amadoué ses presque geôliers. Rien d'étonnant, oh non, parce qu'elle sait si bien faire l'innocente et ouvrir de grands yeux de biche, après tout, elle semble tellement inoffensive et toute douce ! On se méfie d'elle, mais elle ne semble pas jugée être véritablement dangereuse, un peu comme ces chats sauvages qu'on garde un peu loin de soi, sans pour autant les contraindre à l'excès. C'est qu'après tout, comme les matous, elle sait avoir la griffe aussi acérée que le dos soyeux quand il le faut : il faudrait encore longtemps à Guillaume pour oublier le souvenir de l'Erlekönig qui s'était laissé mourir dans ses bras.

Sans tarder, le chevalier prend place, poliment. Alice va droit au but, évidemment, ce qui le fait sourire un peu, du coin de la bouche sous une boucle de la barbe qui mériterait bien d'être taillée.

- Eh bien, pour ma part il me faut admettre que je suis venu poussé par la curiosité, parce que vraiment : vous n'êtes pas un gibier facile et je ne vous croit pas capable de sottises suffisantes pour vous laisser capturer, même par un collègue fort talentueux.


Il boit une gorgée de thé, les gestes sont lents, mesurés. Au sourire silencieux et aux avances muettes répondent les yeux espiègles et le regard qui glisse de côté, embusqué sous les paupières alourdies. Il y a peut-être un peu de défi, là, alors qu'elle laisse les mains caressantes se faufiler là où le micro ne peut pas les entendre. La scène a quelque chose d'étrange, quand deux jours plus tôt il traquait un prédateur en maraude dans les catacombes parisiens : des heures à ramper dans la boue et dans la noirceur suffocante des tunnels mal cartographiés de ces sections interlopes qui courent sous les grands boulevards, et dans une convulsion de la ligne temporelle, le voilà dans la lumière douce du début du printemps australien, le nez empli du parfum acidulé d'Alice, et son rouge à lèvre irrémédiablement imprimé dans son col de chemise.

- J'en pourrais être jaloux, vous savez.

Sa voix s'est abaissée, comme l'ombre des cils sur sa joue. Elle faufile sa caresse lointaine, sa mélodie qui vibre au creux de la gorge. Finalement, cette réalité-là est bien meilleure que l'autre. Son cerveau se secoue pour se tirer de sa gangue de fatigue et il se rappelle de tout ce qui tournoie, autour d'elle. Des mystères à la pelle, et des questions à n'en plus finir, des brumes de magie et des secrets fructueux, à n'en pas douter.

- Allez, murmure-il. Soulagez mon orgueil, et dites-moi : qu'est-ce qui vous a poussée à vous laisser prendre au piège, Alice ? Booker est un bon chasseur, et je sais qu'il me pèlera les oreilles s'il entend ça, mais je ne le crois pas assez bon pour vous débusquer, vous. C'est qu'on raconte de drôles de choses à votre propos, moi qui croyais avoir levé une blanche biche dans les bois, je me suis retrouvé avec une fée sur les bras, et la voici maintenant sorcière ?

Guillaume oscille du chef et repose tout doucement la porcelaine sur la table. Il se tourne vers elle, tout sourire ; il y a encore de la douceur, sur son visage gris de fatigue, et quelque chose d'intrigué, aussi. Il se souvient d'avoir posé la question, à un de ces moments où, de passe d'arme en feinte élégante, les deux amants avaient chacun creusé leurs secrets entre les draps.

"Qu'est-ce que vous fuyez ?"

Il n'avait pas eu de réponse, ou du moins, pas de réponse satisfaisante : une pirouette, un secret, une coquetterie charmante, et puis elle avait fait diversion. ça avait été comme de traverser des labyrinthes de miroirs, à tâter des reflets d'énigmes et à essayer de trier le grain de l'ivraie au milieu des mystères et des secrets. Elle fuit, elle se cache, elle observe d'autres qui fuient, qui se cachent, qui observent. C'est que si l'Ordre doit se retrouver pris dans les intrigues d'une sorcière en fuite, il serait bon de le savoir, mais comment être sûr ?

Après tout, l'avantage d'une prison, c'est que s'il est ardu d'en sortir, il est aussi ardu pour les autres d'y rentrer. C'est un endroit sûr, sans aucun doute, où l'on peut observer à loisir, si on veut. Pour l'heure, c'est tout ce qu'il arrive à y voir : un peu de fourberie, juste assez d'esprit pratique pour se servir de ce qu'elle a à disposition pour survivre. Il se demande, avec une sorte d'inconscience allègre, à quel point elle n'hésiterait pas à lui mettre le couteau sous la gorge, s'il le fallait, et s'il hésiterait, lui.
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Dim 25 Oct - 17:46

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Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
La prochaine fois, sème-t-il, et juste comme ça, des tréfonds d’une histoire qu’ils pensaient rester stérile, germent malgré tout les premières poussées de quelque chose de plus, avec des racines qui s’enlisent dans la poitrine et qui s’abreuvent à même le sang; sang, d’ailleurs, qu’en la présence de l’autre, le cœur pompe peut-être déjà même un peu plus vite. Ainsi, ses yeux s’égayent et son sourire fleurit tandis que Guillaume plaisante au sujet des récits d’aventures. C’est qu’elle les écouterait bien, ses histoires, à défaut de pouvoir les lire, pour autant qu’il reste pour les lui chuchoter au creux de l’oreille. Et tant qu’à y être, pour qu’il les mette en scène en parcourant – avec ses doigts comme personnages – le plateau dessiné tout au long de sa gorge et de ses reins.

Sans forcément le réaliser, c’est un peu ce qu’elle fait elle-même, là tout de suite, sur son flanc quand enfin Guillaume aborde ses mésaventures à elle, et que ses yeux fuient vers la timide modestie qui habite aussi, loin du regard, les doigts qui se calment sans pour autant devenir moins tendres.

- J’avais besoin de vacances, souffle-t-elle pensivement, avant de bouder tout en levant sur lui ses grands yeux amusés, mais j’aurais bien aimé profiter un peu plus de la plage.  

Quand il redépose son thé, ses phalanges s’insinuent discrètement sur ses paumes, en raclant de ses ongles aiguisés la peau usée sans pour autant l’abîmer davantage. Je pourrais être jaloux, dit-il pendant qu’elle tire un peu ses mains pour les amener près de son visage.

- Vous le devriez peut-être, embrasse-t-elle avec autant de petits baisers que de mots, de l’articulation jusqu’à la base du poignet, et avec tellement de douceur qu’elle goûterait presque le sucre sur ses lèvres par la suite. Quelque part après ça, entre des œillades hésitantes, une caresse de la joue et quelques effleurements de la tempe, elle avait su se faufiler sous son bras comme un chat affectueux.  

- Sorcière ou bonne fée, soupire-t-elle avec aise, tout cela dépend beaucoup de quel coté de l’histoire le protagoniste se situe, sachez-le.  

Un rideau de cheveux couvre sa joue, un instant, puis se plie soyeusement contre ses jambes à lui tandis qu’elle roule comme pour mieux lui exposer son ventre vulnérable et son cou délicat.  

-Mais certains voudraient bien faire de moi quelque chose de monstrueux.

C’était vrai sous bien des égards, notamment au sujet de ceux qui raconteraient volontiers des versions déformées - voire inventées - de son passé. Ses yeux s’aiguisent, cependant, et il y a quelque chose dans son regard qui se durcit et qui insiste pour lui faire comprendre, s'il est assez attentif, qu’elle parlait plutôt de ceux qui s’intéressent à son futur et de ce qu’ils voudraient bien en faire.

- Vous aurais-je mis dans une situation inconfortable? S’inquiet-elle ensuite d’une voix désolée, presque plaintive, un peu au sujet de son travail et peut-être encore plus au sujet de ce qui se passe présentement sur ses genoux. L’expression faciale, quant à elle, n’exprime pas le moindre remords.
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Mer 28 Oct - 15:44

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Occupation : Chevalier
Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
"Vous le devriez peut-être."

- Ah, vraiment ? Réplique Guillaume en haussant un sourcil, le sourire embusqué au coin de la lèvre comme le fleuret prêt à être tiré pour l'honneur.

C'est que la fierté serait vite piquée au vif, comme s'il ne fallait qu'une étincelle pour faire bouillir le sang à même les veines. C'est un peu feint, c'est sans doute exagéré car il n'aime rien moins que surjouer l'idiot impulsif et béat, et sans doute un peu entretenir cette image qui le fait rire lui-même. Après tout, c'est que le Gascon est un orgueilleux au tempérament ardent qui se plaît à la castagne, il ne faudrait pas décevoir le public, et si cela peut contrarier le pater familias confit dans la sévérité de mille générations de pieux chevaliers cousus dans le harnois, eh bien. C'est une occasion qu'on ne gâche pas.

Il rit sous ses paupières, ses paupières de chat qui s'abaissent sur les yeux adamantins.

- Mais qu'importe, tout de vrai, c'est bien moi qui vous ai cueilli le premier.


Une pause, il sourit de toutes ses dents, avec cette insolence joyeuse qu'on lui voit bien trop souvent pour son propre bien.

- Ou était-ce le contraire ? Je ne suis plus très sûr.


Guillaume reste ainsi, en suspens, tout près du visage d'Alice vers lequel il a faufilé son nez tordu pour feindre l'amorce d'un baiser qu'il refuse pour le seul plaisir de sentir la brûlure lui naître dans les entrailles. Coup sur coup, bien entendu, la sorcière lui répond et faufile ses vérités voilées : ce qu'elle est, ce qu'elle n'est pas, ce qu'on pourrait faire d'elle, à se méprendre sur ses actes. Quelque chose au fond de lui frissonne d'une intuition qui le tenaille depuis le début : elle est de ceux qui sont capables, bien plus que leurs lointains frères humains, du pire, comme du meilleur.

- Ce n'est pas donc pas une légende alors, c'est que la belle dame sans merci tient le salut des braves chevaliers au creux de sa main ?
Murmure Guillaume en saisissant au vol la paume fine et blanche pour la porter à ses lèvres. Peut-être devrais-je commencer à me méfier.

Il a parlé, tout bas, et il observe en même temps. Si elle sait faire assaut de filouteries veloutées, lui n'est pas en reste non plus et sous la caresse il y a des couteaux prêts à être tirés : là, l'espace d'un instant, il en distingue la morsure, le tranchant à l'amorce qui file un éclair d'acier dans le fond de ces yeux d'eau claire qui s'ouvrent tout grand pour le happer du regard.

- C'est qu'il y en a parmi nous pour aimer juger sur des actes, douce amie, et les vôtres ont de quoi laisser songeur mais à tout prendre, je préfère vous savoir de notre côté que contre nous.


Il lui faudra du temps, il le sait, pour oublier le roi dans sa clairière. Si elle tue, c'est peut être sans pitié, mais c'est sans cruauté non plus. Son dossier parle de guérisons miraculeuses, de troubles cadavres laissés ça et là, toujours en paix, mais toujours vides ; des traces qui remontent, remontent, tellement loin qu'elles tournent au palimpseste dans des suppositions hasardeuses qui essaient de croiser des fils trop ténus. Mais il dit vrai, pour sûr : il la sait puissante, ce qui la rend de fait dangereuse et rien ne fait mentir ce qu'il lui avait dit, sous l'ombre des ruines. A trop courir la bête noire, la plus noire de toutes, on en oublie que parfois, il y a encore des créatures et des êtres dont la magie n'est pas faite que pour tuer et pour nuire.

"Vous aurais-je mis dans une situation inconfortable ?"

Il baisse les yeux sur elle, gris, vif argent lové sous les paupières et les cils qui frémissent à cause du sourire. Elle le provoque tant et plus et s'en délecte avec une fausse candeur, sans en être désolée d'aucune manière mais que dire ? Cela lui plaît.

- Vous connaissez déjà la réponse à cette question, murmure-il en glissant le bout de ses doigts le long de sa joue. Et cela vous amuse, bien entendu. Je ne vous en blâme pas, moi aussi, à votre place, j'en ferais du même.

Distraitement, les phalanges rêches s'enroulent dans les mèches toutes roses qui tracent une auréole soyeuse sur ses cuisses. C'est un tout autre rose, plus doux encore, le plus suave de tous, qui tranche sur le bout de ses doigts quand il effleure ses lèvres. Des fleurs en boutons, cerisiers, magnolias peut-être ? La rose encore close, celle encore toute renflée à l'amorce du printemps qui frissonne.

- D'habitude, je suis très doué pour me mettre dans des situations inconfortables tout seul, mais je dois admettre que vous m'avez grandement prêté main-forte pour cette fois.

Guillaume baisse la voix d'un air de conspirateur, puis ajoute :

- Pourquoi croyez-vous qu'on m'ait collé un chaperon, mh ? C'est qu'on me surveille, autant que vous. Mes lieutenants ne voudraient pas envoyer le bon chevalier Guillaume dans l'antre de la sorcière, on ne sait jamais, après tout.


Il s'est penché sur elle, ce disant, tout doucement, tout courbé comme pour l'embrasser à nouveau, et ses boucles brunes tombent et retombent en crinière désordonnée autour de son visage. Le sourire, toujours, parce qu'il a tant de nuances qui font jouer toutes les palettes sur les traits creusés d'aimables ridules, et les yeux qui rient à leur manière, comme une eau claire toute mêlée de lumière.
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Lun 9 Nov - 1:55

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Occupation : Formation d'un réseau d'information, accumulation de ressources magiques pour se défendre contre ses agresseurs
Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
L’éclat de son rire fuse et résonne autour d’eux, tremblant dans sa gorge et vibrant sur les cuisses du chevalier.

Adorable, c’est ce que disent ses yeux expressifs, courbés et attendris devant l’insolence de sa jeunesse. En parallèle, c’est sa main qui vient cueillir sa joue alors qu’elle voudrait amener un peu plus près ce baiser qu’il lui défend avec une cruauté ludique. Qu’importe, après tout, de savoir qui a cueilli l’autre, quand la question devrait plutôt concerner qui a croqué, et surtout qui est reparti avec le plus gros morceau; dans tous les cas, Alea, en prendrait assurément une nouvelle bouchée, surtout quand leurs souffles combinés – entre les lèvres qui se frôlent et qui s’évitent – brulent et s’immiscent pour réchauffer la poitrine et attiser le ventre.

- Huuuum, feint-elle, comme s’il y avait de la place dans ses réflexions pour autre chose que la volupté, je ne sais pas… J’aime bien être contre vous.

Une fois les bulles d’humour envolées, il persiste dans les sens cette effervescence qui se dissipe – un pétillement paresseux à la fois – seulement pour la laisser fondre, là, et finir tout alanguie sur ses genoux.

En contreplongée, la forme de sa mâchoire se dessine à contrejour, avec la broussaille qui filtre en des reflets dorés, sur le versant de sa joue, juste assez de lumière pour venir chatouiller ses cils. Puis tombent ses cheveux, tombent l’ombre, avec les paillettes lumineuses qui dansent entre ses boucles brunes comme pour mieux lui rappeler l’atmosphère de cette forêt dont ils étaient sortis, mais qui vient les retrouver. Dans la pénombre de leur proximité, ses traits de dessinent un peu mieux et Alea les observe rêveusement, étendue, comme on regarde la canopée, les reliefs et les percées bleu ciel qui coulent d’entre les ombres.

Elle remarque, vaguement, qu'il y a des égratignures nouvelles sur sa peau qui suivent l’angle brisé de son nez et qui ne disparaissent pas même quand il sourit assez pour l’éblouir.

- Mais ils vous y envoient quand même, susurre-t-elle tandis que d’un côté ses ongles raclent sa barbe et que son petit doigt vient effleurer là où il s’était abîmé, parce qu’ils pensent que notre relation pourra me délier la langue.

C’est hypocrite de leur part, quand même.

Et à quel sujet, vraiment? Elle n’était même pas certaine de savoir ce qu’ils cherchaient: ses secrets? Ils savaient déjà ce qu’elle était; ses intentions? Survivre, et elle leur avait déjà dit; les intentions de ses poursuivants? Elle leur aurait bien dit si elle l’avait seulement su. Il demeurait peut-être des interrogations concernant ces créatures et ses objets qui avaient disparu tout au long de son chemin, mais ça… Ce n’est pas comme si elle pouvait les leur rendre, ou du moins pas sous une forme qu’ils pourraient reconnaître ou utiliser.

À moins que l'Ordre, quoique sans lui faire autant de mal, voulait seulement l’amener à utiliser ses capacités pour leurs propres projets...

- C’est peut-être moi qui devrais me méfier, murmure-t-elle tout en pressant, du bout des doigts, les lèvres qui s’approchent trop lentement, voyez comme je me couche déjà à votre merci.

L’autre main se faufile, entre les boucles, sur la chair délicate que les griffes éraflent tandis qu’elle réclame ce baiser qui lui fait tendre le cou.

- Peut-être devraient-ils craindre un peu plus pour votre sécurité,, reprend-elle après s’être redressée de sorte à s’asseoir tout contre lui, avec un bras toujours autour de ses épaules, l’autre son sur flanc et ses lèvres toutes prêtes à l’embrasser encore davantage, on ne sait jamais ce que je pourrais faire si j'en viens à me sentir en danger.

Comme pour mieux donner raison à cette menace proférée avec affection, Alea attaque avec de cruelles cajoleries le long des côtes qu’elle sait chatouilleuses.  
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Sam 14 Nov - 6:09

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Occupation : Chevalier
Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
Guillaume rit, encore, et il a dans chaque éclat de voix des nuances nouvelles, or, miel, safran, lumière qui coule avec indolence, quelque chose de chaleureux et prenant, comme des épices mises sur le feu.

- Oui, ascquiesce-il à sa fine plaisanterie, cela aussi, je le préfère, il me faut le confesser.

Et ce disant, il sourit, et baisse les yeux sur elle avec une heureuse insolence pleine d'orgueil. Sous l'arc des cils bruns, les yeux percent comme des croissants de lune.

- Mais hélas, je suis tenu par les impératifs du service et il se trouve qu'en effet, on s'est dit, ça et là, que puisque j'avais la grâce de vos faveurs, peut-être que j'aurais plus de bonheur que d'autres encore à attirer plus de bonnes grâces encore.


Ses doigts, rêches contre la soie si délicate de la peau, glissent le long de son cou. La voix s'abaisse encore, et se fait une cajolerie toute douce.

- On espère, et j'espère aussi, que vous me direz des choses que vous n'auriez pas dites à d'autres, vous voyez ?

Bravement, il essaie de ne pas rire, et encore moins de sourire encore quand elle se redresse pour s'installer à califourchon sur ses genoux, et affecte de demeurer un peu moins perturbable, nonobstant d'évidents signaux. Peine perdue cependant et le souffle s'échappe tout bas dans un gloussement contenu, tout près de la gorge qu'elle offrait si diligemment un instant plus tôt.

- Dame oui, dit-il tout bas, on ne sait jamais ce que je pourrais subir entre vos griffes, mais c'est bien pour ça que l'on envoya votre brave chevalier bien surveillé.

D'un geste, il lui saisit les poignets -non sans être très conscient des quelques réminiscences que ce geste pourrait éveiller chez l'un et l'autre- et porte délicatement les paumes à ses lèvres pour y déposer quelques baisers.

- Fort heureusement je suis un gentilhomme bien élevé et il serait déshonnête de recourir à autre chose qu'à votre bon vouloir pour me confier ce que vous jugerez bon. Voyez-vous, nonobstant l'application que vous mettez à me détourner de mon but, je suis venu avec un peu plus de questions que celles poussées par ma jalousie naissante.

Des baisers, encore, ça et là. La barbe naissante picote d'une paille brunie, d'un rien de blé mûr.

- Il y a quelque chose qui nous intrigue, reprend-il, et comme la première fois, le regard clair cherche le sien pour le saisir à son tour. Nous avons retracé une partie de vos déplacements et il semble que nous ayons été, ou que nous soyons après la même chose.

Il sourit, cette fois.

- Vous seriez-vous lancée dans la quête du saint Graal, docteur ?

La malice qui danse dans ses paroles, et dans le titre qu'il utilise pour la première fois, ne dissimule pas vraiment l'intérêt réel qui motive la question. Il y a quelque chose derrière ceci, et tout à coup, il semble que Guillaume puisse être motivé par autre chose qu'Alice elle-même. C'est étrange, mais peut-être que cela rappelle, tout à coup, qu'il n'y a pas que de l'indolence insouciante qui clapote sous les boucles brunes, mais qu'il est aussi et avant tout un chevalier.

Et dans sa bouche les mots sonnent de curieuse façon, avec un rire à demi amorcé, mais dans les yeux limpides il y a l'amorce d'une soif toute autre. C'est qu'on se souvient, peut-être, de ce que la Quête, la grande Quête toute retapée sous les beaux oriflammes de la légende a coûté à ceux qui s'y sont lancés. Le Graal est un trésor comme un autre, après tout, et la fièvre qui vient à ceux qui s'en entichent est la même, aussi.

- Voyez, reprend-il. C'est que peut-être, puisque nous avons chacun décidé de faire preuve de bonne volonté, peut-être qu'il serait judicieux de mettre nos ressources en commun, puisque le but l'est aussi. Une fois sur la bonne route, eh bien... Advienne que pourra, j'imagine ? Peut-être qu'il y aura d'autres choses à renégocier. Mais pour l'heure, voici : l'Ordre vous garde de vos poursuivants et pendant ce temps, vous nous prêtez main-forte dans cette entreprise. Peut-être même que l'Ordre pourra s'inquiéter de ce qui est après vous, qui sait. Plusieurs têtes valent mieux qu'une, et toutes ces choses là.

Il y a peut être trop d'appétits, trop de faims, trop de soifs dans les yeux du chevalier pour qu'on arrive à toutes les distinguer les unes des autres. Pourtant il y a du calme, aussi, celui sans doute qui vient à l'homme qui a appris à vivre avec les avidités profondes qui naissent des plus intimes fêlures. Et de l'honnêteté toujours, autant qu'il peut : la franchise du regard n'a pas changé depuis le début, non plus que le ton paisible et assuré de la voix.
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Lun 30 Nov - 12:56

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Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Alea se veut vicieuse dans son approche, avec les doigts pointus qui auraient pu lacérer la chair s’ils n’avaient pas été aussi légers. C’est le sérieux qu’ils déchirent à la place, pour laisser s’écouler le miel.

Guillaume parle et il parle encore, forçant sa patience à tourner en rond, avec les épices fragrantes dont le parfum s’avive sur le feu allumé à deux et le sucre melliflu qui s'y combine avec les potences des meilleurs philtres d’amour. Un gentilhomme bien élevé, moquent ses hanches qui, d’un coup de bélier, auraient pu – elle le sait – émietter toutes prétentions d’intentions vertueuses. Sauf qu’il parle encore et encore et elle s’alanguit péniblement, plutôt, avec l’ennui limpide dans sa façon de se liquéfier et de se laisser choir entre ses genoux et le bras du canapé. Son soupire, long et profond, respire l’indolence alors qu'il s’aventure sur le territoire dangereux de ses secrets; le regard qui le surplombe, pour sa part, est lourd, quoiqu’avec cette étincelle malicieuse d’un chat immobile qui guette la proie d’un jeu cruel. En somme, elle attend, avec un certain divertissement, l’occasion de le happer gentiment d’un coup de griffe opportuniste qui saurait le ramener dans ses filets de dentelle. Ce que capte son attention, toutefois, la laisse d’abord muette et immobile, avec seulement les pupilles qui s’arrondissent d’amusement en guettant le dénouement de ses péripéties verbales. Le saint Graal, dit-il finalement, et c’est là la chute d’une plaisanterie qui l’a fait exploser d’un rire aussi soudain que sincère.

- De toute chose…

Évidemment que c’est le saint Graal que cherchent les chevaliers. Elle ne l’avait pas deviné, peut-être uniquement dans son effort pour éviter le cliché, mais c’était en cela oublier comment souvent la réalité rattrape la fiction. Et puis, c’est qu’il se dévoue si aimablement, le chevalier, avec l’honnêteté valeureuse que demandent les grandes quêtes. Ce rôle venu d’une autre époque, il le joue si bien; qui serait-elle pour refuser de lui donner la réplique quand c’était-là tout ce dont il avait besoin pour continuer à s’inventer protagoniste. Alea pouvait bien se faire adjuvante, quoique pas sans se demander s’il existait quelque part des bonnes fées qui se prennent vraiment au sérieux.

- Très bien, concède-t-elle, dramatique, en feignant de retrouver sa composition, s’il le faut.

Par ailleurs, ils pouvaient bien ajouter à leur romance préexistante une dimension arthurienne, pourquoi pas, même si Guillaume devrait se méfier du sort qui attend ceux qui se s’éprennent dans des idylles impossibles.  

- Le saint Graal, oui, bien sûr… J’en connais l’emplacement, ou plutôt, j’ai en ma possession une carte pour le trouver.

Ça avait été un l’un de ses projets, en effet, car un tel objet l’aurait aidé dans sa quête, mais elle l’avait mis de côté quand les risques étaient devenus plus grands que les bénéfices... Mais le voilà qui redevient utile! Et même encore plus qu’avant, dans la mesure où son chevalier servant irait le chercher pour elle et qu’on lui serait reconnaissants d’avoir, en vérité, seulement délégué le dur travail.

Voilà qui lui va très bien.
Très, très bien.

Toute bonne manipulatrice qu’elle soit dans certains contextes, Alea n’avait jamais été douée pour masquer ses émotions : avec difficulté, elle tente de contenir le sourire dantesque qui envahie toujours ses joues. Détournant d’abord le regard, elle tend ensuite la main, vers la table ronde, pour ramener à ses lèvres le thé qui avait eu le temps de refroidir un peu.

- Je ne peux aller là où se trouve la carte à partir du sanctuaire, quant à vous, vous ne pourrez pas non plus y accéder sans moi...  

Enfin, en se penchant pour reposer sa tasse, elle s’attarde. Un rayon de soleil, de par la fenêtre, chatoie sur sa main blanche et lumineuse; ses doigts, étincelants d’or et d'argent, gracieusement, étudient la forme des fleurs qui reposent dans le vase. Elle tire finalement une rose, la plus belle du bouquet, et l’étudie minutieusement.

- Ceci devait faire l’affaire, dit-elle enfin en refermant cruellement sa main sur la tige pleine d’épines jusqu’à ce que, entre ses doigts serrés, coule le l'essence vermeil de sa chaire.

- Je vous expliquerai comment entrer au manoir quand vous serez prêt.

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Dim 13 Déc - 11:56

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Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
Plus tard, il aurait sans doute tout oublié de ces instants-là, mais c'est étrange, tout de même, à quel point tout est déjà joué. C'est déjà l'orgueil qui le fait se méprendre sur les présages et les signes qui flottent, comme des rides à la surface d'une eau profonde, sur le visage et les yeux d'Alice. Ce même orgueil qui, plus tard, fera tant de dégâts mais pour l'heure, pour l'heure encore il croit louvoyer vers la bonne route, tout confit de confiance et d'une probité de façade qu'il tient à tout de bras, comme un masque de carnaval.

Il aurait tout oublié de ces instants, et c'est bien dommage, parce qu'ils sont les premiers pas. Déjà la fondrière referme ses eaux saumâtres sur ses pieds qui s'avancent, comme envoûtés, sur les premiers pas de la voie très obscure qu'il est peut-être bien destiné à emprunter, après tout. Que peut donc faire le soleil, sinon sombrer quelque part ?

Alors, voilà. Il regarde, intrigué, les quelques gouttes, poison vermeil, qui glissent sur la peau d'une curieuse Blanche-Neige et de ses roses. Il rit, encore.

- Vous êtes bien prompte à accepter, mais je ne vais pas m'en plaindre.

Il y a anguille sous roche, c'est certain, mais cela ne l'intéresse déjà plus, il ne craint plus l'erreur et veut simplement agir, après avoir trop piétiné des pistes froides. Réfléchir n'est pas son travail, après tout.

- Dites-moi tout, docteur, vous avez toute mon attention.

"Qu'est-ce que tu es, Guillaume, sinon un chien de chasse ? Il suffit de te pointer dans la bonne direction."

Il y a des moments, comme ceux-là, où ces paroles reviennent à la mémoire, à demi oubliées, comme un palimpseste qui persiste uniquement parce qu'au fond, il sait que c'est vrai.
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Too much is never enough

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