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Ven 22 Mai - 18:58

★★★★
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Age : 33
Habitation permanente : À Old Fyre, dans l’appartement qu’elle partage avec Tullio et Elana Cavaleri. Elle a aussi un appartement en Italie.
Occupation : Anciennement détective, maintenant chevalière à temps plein et maman.
Victoria Machiavel

Victoria Machiavel
Les cris erratiques qui explosent dans l’entrée remplissent ses oreilles comme le gout de la rouille, sa bouche, quand la porte de la salle d’examinassions s’ouvre brutalement sur un carnage de chair, d’os et de rouge.  

La main de Victoria est encore pressée contre son bas ventre quand elle fait volteface pour suivre le mouvement de Danaé qui se lève et qui accoure vers l’amas de restes humains vivant, amené en urgence.  Leur consultation n’était pas terminée, mais assurément, son utérus pouvait attendre, contrairement la pauvre chose qui gisait sur la civière poisseuse.  Ce n’est pas la victime qui criait, même si elle avait eu toutes les raisons de le faire, mais une toute petite fille que Victoria trouve en boule, repliée comme un petit cœur aux prises avec des palpitations violentes, sur le point de se briser.  

Cette enfant n’était certainement pas sa responsabilité, mais quelque chose dans sa poitrine – la même chose, peut-être, qui l’avait amenée à consulter Danaé aujourd’hui – refusait de la laisser en détresse, ignorée par les adultes occupés. Elle retourne donc vers ces derniers pour leur demander à travers le chaos ce qu’ils veulent faire de la gamine, mais on la regarde comme si elle était folle, comme si elle avait imaginé la petite, au moins jusqu’à ce que Danaé ne se redresse – du sang déjà plein les mains et les joues – pour grommeler son inquiétude à son sujet. Tout ce que Victoria apprend de la petite est qu’elle se nomme Marjan ; qu’elle ne parle pas encore très bien l’anglais ; que son père est présentement en mission et qu’elle n’a pas d’autre famille depuis un incident malheureux qui explique, par ailleurs, la violence de sa réaction face à l’apparition d’une personne mal au point et ensanglantée. Il n’en faut pas beaucoup plus pour que Victoria propose de l’amener chez elle jusqu’au retour de son père, ou au moins jusqu’à ce que la situation se calme ici.

Les affaires de Marjan sont réemballées en vitesse, mais en route vers la sortie, une porte qui s’ouvre suffit à l’alarmer à nouveau, même s’il n’y a pas de sang en vue. C’est qu’elle n’a pas besoin d’en voir, ses souvenirs étant suffisants… Ceux frais du jour, et peut-être ceux qui remontaient à beaucoup plus longtemps aussi.  

Sur l’épaule de Victoria, elle pèse une plume et l’appartement est déjà en vue à l’horizon quand la chevalière la pose pour finir le trajet à la tenant par la main, quoiqu’elle s’accroche plutôt à son bras comme si sa vie en dépendait quand elles passent finalement le seuil de son entrée. La détresse plisse encore ses traits, rouges et gonflés, quand Victoria pose des mains douces, mais fermes, sur ses épaules.

- Tu veux en parler ?

Comme ses doigts, son cœur se serre doucement alors que les émotions traversent son petit visage qui se crispe pendant qu’elle gesticule un refus.

- Qu’est-ce que tu veux faire ?

Manifestement, elle voulait pleurer, et c’est ce qu’elle fait pendant de longues minutes. Bien que grande pour son âge, elle finit comme un petit singe dans les bras d’une Victoria qui la berce en marchant jusqu’à ne plus sentir ses épaules. Il y a Moana qui chante à l’écran quand le calme s’impose enfin dans un confortable nœud de bras entrelacés. Elle se surprend à apprécier le film en lui caressant doucement ses cheveux sombres, posant à l’occasion des questions sur les personnages afin de laisser à Marjan le loisir d’étaler sa science étendue du sujet dans un anglais maladroit.

- Toi aussi tu sauves le monde comme mon papa ? Lui demande-t-elle après le film, alors que Victoria commence à préparer le dîner. Il y a de la curiosité dans sa question, mais de l’inquiétude également.

- … C’est dangereux ? continue-t-elle justement quand Victoria hoche de la tête.

- Ça peut. Mais pas aussi dangereux que pour ceux qui ne savent pas et qui se retrouvent au mauvais endroit au mauvais moment, incapables de se défendre.

Le tremblement de ses cils indique à Victoria qu’elle comprend un peu trop bien cette réponse. Pour un moment au moins, elle a l’expression mature d’une petite adulte avec trop de vécu derrière elle, alors que quelques heures plus tôt, elle avait plutôt eu l’air d’une très jeune enfant beaucoup trop grande pour son âge. Victoria se reconnait là-dedans : immanquablement, elle pense à sa propre mère et à ses longues missions dangereuses, au fait que même en approchant la 30e, elle acceptait toujours très mal sa disparition. Elle pense aussi à l’enfant qu’elle essayait de concevoir et à son futur. Est-ce que lui aussi finirait par s’accrocher à la manche de presque inconnus pour combler un besoin de sécurité et d’affection aussi attendrissant que désolant ?  Elle espérait que non, mais elle savait que ce serait le cas.

- Ton père va revenir, assure-t-elle alors que sa main glisse sur sa joue comme on flatterait un petit animal, en regrettant aussitôt ses mots et en espérant de tout son souffle ne pas avoir tort.

Deux heures plus tard, l’eau du bain coule et Toria est sûr google en train de chercher, désespérément, l’âge approprié pour laisser un enfant se laver tout seul, et à défaut de trouver une réponse claire, reste près de la porte entrouverte pour chanter en duo les paroles de Where You Are que Marjan prononce à moitié en anglais, à moitié en consonances élégantes et étrangères que Toria ne reconnait pas.  

Le lendemain, elles préparent ensemble des cupcakes arc-en-ciel avant de se blottir devant un dessin animé sur Netflix. Toutes traces de détresse maintenant effacée, le rire de Marjan est un écho limpide duquel Victoria s’enivre en serrant doucement la courbe encore stérile de son ventre.  En soirée, quand une Danaé épuisée appelle pour annoncer que la situation chez elle est à nouveau stable, Victoria propose quand même de garder l’enfant jusqu’au retour de son parent et l’autre femme ne s’en voit que soulagée.

Elles se roulent ensemble dans l’herbe fraîche tôt à l’aube du troisième jour. Victoria devant entraîner ses recrues, Marjan n’avait pas eu d’autres choix que de les suivre. Alors que Victoria laisse ses pupilles se réguler entre elles, elle montre à Marjan comment placer ses pieds et conserver une posture défensive tout en se déplaçant de quelques pas, puis elle lui montre à frapper en déplaçant autour d’elle les pattes d’ours matelassées pour recevoir ses coups, et lui inculque instinctivement à s’accroupir au bon moment quand elle étend lentement, à l’occasion, un bras au-dessus de sa tête pour simuler une attaque latérale. Les enfants apprennent si vite, s’émerveille-t-elle alors, puis à nouveau, plus tard en soirée, quand la petite l’aide à préparer le repas du soir en imitant chaque technique qu’elle peut lui montrer – celles qui ne requiert pas l’utilisation de couteaux tranchants, évidemment.

Il est presque l’heure d’aller dormir quand on sonne à la porte. L’enfant sursaute, des bulles de somnolence plein les sens, et c’est Victoria qui va ouvrir la porte sans se douter qui elle trouvera de l’autre coté.
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Mar 26 Mai - 10:10

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Age : 35
Habitation permanente : Old Fyre
Occupation : Photographe - Grand méchant loup
Nawar Nasri

Nawar Nasri
A la façon dont javais raccroché mon téléphone, Hyli avait tout de suite compris que quelque chose n’allait pas. Par un pur hasard, je l’avais retrouvée au Brésil pour passer à la deuxième phase de sa mission. Grâce aux informations qu’elle avait recueillies pendant des semaines, l’Ordre pouvait intervenir et arrêter des gus qui utilisaient les feux de forêt provoqués par les exploitants agricoles – une pratique déjà peu glorieuse en soi – pour faire main basse sur les créatures exotiques ou magiques qui parvenaient à fuir les flammes. Nous en avions bavé, mais ces sales types étaient hors d’état de nuire et les créatures qu’ils avaient délogées étaient en route vers leur nouvel Eden, une zone plutôt pacifiée de Rio Branco. Nous étions donc rentrés ensemble vers Old Fyre, tous deux fatigués et bardés d’ecchymoses, mais réellement satisfaits, rêvant déjà aux pizzas avec supplément viande saignante et piment que nous allions dévorer après que l’on se soit blotti contre Marjan dans le sofa jusqu’à ce qu’elle s’endorme devant un dessin animé. C’était devenu notre rituel de retour de mission : junkfood, câlin et dessin animés. Le combo parfait.

J’avais donc laissé un message à Danaé depuis le continent pour l’avertir que je passerai chercher Marjan en fin de journée. Évidemment, sur la navette, le réseau était catastrophique, et lorsque nous sommes arrivés à proximité de l’île, la dizaine d’appels manqués qu’elle m’avait passés entre temps me donna des sueurs froides. Sans même prendre la peine d’écouter ses messages, je l’avais rappelé paniqué, craignant qu’il soit arrivé quelque chose de grave à Marjan. Un appel dans le vide. Deux appels dans le vide. Elle décrocha enfin à la troisième tentative et eut bien du mal à m’expliquer la situation tant j’avais déversé sur elle une avalanche d’inquiétude. Marjan allait bien, mais elle n’était pas chez elle ; elle l’avait confiée à une amie. Ok… Ok… Reprenant un peu mes esprits, je l’avais laissée me raconter la situation critique à la clinique à laquelle elles avaient soustrait ma fille avant de demander qui était cette amie bienveillante.

Je crois que j’ai raccroché aussitôt sa réponse entendue et j’ai gardé le silence quelques secondes avant d’exploser. J’avais l’impression qu’on me plongeait en plein cauchemar. Pourquoi Elle ? Pourquoi Victoria ? Non mais vraiment, pourquoi s’agissait-il encore d’Elle ? Des gens capables de garder une enfant ça devait se compter par dizaine sur l’île, alors pourquoi Elle bordel !? Si Danaé la connaissait suffisamment pour lui confier un enfant qui n’était même pas le sien, elle devait connaître la répulsion quasi viscérale qui caractérisait notre relation. Elle devait savoir qu’il n’y avait pas pire personne à qui confier ma fille - hormis la gérante de l’Aquarium peut-être.

Ma peur se transformait en une colère irraisonnée envers Danaé, dont j’ignorais systématiquement les rappels qu’elle tentait de me passer. Je me foutais d’être brusque, je me foutais de ne pas vouloir entendre ses explications ou ses excuses, je n’avais en tête que l’effroyable image de ma fille entre les mains d’une femme que je dégoûtais et qui me haïssait. Sans oublier son colocataire, Tullio, alias le mec que j’avais aligné quelques mois plus tôt et qui me prenait pour un macho minable. Ils n’oseraient pas lui faire du mal, ça j’en étais certain, mais qui me disait qu’ils n’allaient pas profiter de cette rencontre pour me descendre aux yeux de ma fille ? Qui savait ce qu’ils allaient lui révéler de moi et de mes secrets ? Qui pouvait m’assurer qu’ils n’iraient pas la convaincre que j’étais un père minable et indigne, un homme méchant, dangereux et sournois ? Marjan était ce que j’avais de plus précieux et je ne supporterais pas de perdre son amour inconditionnel à cause de ce qu’aurait pu lui dire cette mafia italienne.

Hyli accueillait ma parano en silence, m’offrant des bras amicaux que je ne pouvais accepter. J’étais trop énervé et agité pour me saisir de sa compassion bienveillante. Je voulais simplement qu’on aille plus vite. Je voulais déjà être à terre, je voulais déjà être à sa porte et lui hurler de me rendre MA fille. Et plus que tout, je voulais serrer Marjan contre moi avec la certitude que l’on s’aimerait toujours, quoi qu’il advienne et peut importe ce qu’elle aurait pu découvrir sur moi.

Une fois à terre, après d’interminables minutes de traversée, j’ai délaissé ma colocataire et toutes nos affaires pour me ruer en direction de l’appartement de l’italienne. Hyli m’avait crié quelque chose mais je ne l’avais pas écoutée. Je n’entendais plus rien hormis mon cœur qui me criait de sortir ma fille des mains de la femme que j’avais blessée dans ce même appartement. Bordel...

En un rien de temps, je me trouvai devant sa porte, haletant et l’âme rincée par un mélange de colère et d’anxiété. Cette porte que j’avais si facilement ouverte il y a des années, que j’aurai presque pu fracturer tant la folie m’habitait alors, me ramenait à celle de l’école qui s’était ouverte sur une confrontation froide et s’était refermée sèchement sans avoir rien réglé. Mais aujourd’hui la donne avait changée : je n’étais plus le petit Nawar qui tremble devant des portes close et se met à genoux pour implorer pardon. Aujourd’hui j’étais un loup prêt à tout pour son petit.

J’ai sonné avec un peu trop d’insistance. Ou de nervosité, j’savais pas trop, mais j’ai sonné longtemps, et lorsque je l’ai senti s’approcher, lorsqu’elle n’était plus qu’à quelques mètres de la porte, j’eus toute les peines du monde à maîtriser ma voix pour ne pas crier.

« Danaé a dit que ma fille était là. Ouvre-moi. »

Mon timbre trahissait mon angoisse. Mon ton trahissait ma colère. Mais j’m’en foutais. Putain c’que je m’en foutais. Je voulais juste qu’on m’ouvre cette putain de porte, prendre Marjan, et me tirer vite fait. Et on allait regarder des tonnes de dessins animés. Mais pas de pizza, c’était définitivement trop italien pour que je l’apprécie désormais.
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Mar 26 Mai - 15:22

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Victoria Machiavel

Victoria Machiavel

-  C’est qui Ev…ven ? avait demandé Marjan en déformant la prononciation du nom qu’elle avait déchiffré, sans doute, en regardant longtemps l’écran du téléphone de Victoria sans que cette dernière ne le réalise.    

- Even, corrigea-t-elle gentiment, avec la bonne prononciation, c’est un ami à moi.

-   …Juste un ami ? interrogea-t-elle alors que Victoria éteint son écran et lui adresse un oui moqueur. Son petit visage s’était plissé sous la force des réflexions qu’on aurait presque pu voir tourner dans ses grands yeux d’enfant.

- Pas un petit ami-ami ?
- Non.

- … Tu en as un, petit ami ?
- Non…

Cette réponse sembla satisfaire sa curiosité pour quelques instants. Elle se retourna même vers l’écran un moment avant de revenir avec un petit sourire timide, joues rosées, pour glisser, flirtant manifestement avec une idée qui n’avait pas besoin d’être expliquée outre mesure.  

- Mon papa n’a pas de petite amie non plus...

Le rire de Victoria avait instantanément pétillé et elle avait glissé sa main dans les cheveux de la gamine pour repousser doucement sa tête et l’idée qu’elle ramena quand même à la charge.

- Il est beau en plus ! insista-t-elle.
- J’imagine, sinon tu ne serais pas aussi jolie, rit Victoria en posant cette fois son doigt sur le petit nez qu’elle pressa et que Marjan fronça de fierté et de mécontentement combiné. Je le regarderai de près quand il passera te chercher, lui promit-elle, à moitié sérieuse, et ça avait semblé la satisfaire.    

D’autres fragments conversationnels avaient parsemé leur soirée jusqu’à ce que Marjan s’endorme à moitié contre une Victoria qui hésitait entre s’endormir avec elle, directement dans le salon, ou à la prendre dans ses bras pour la porter comme une princesse jusqu’au son lit qu’elles avaient partagé ensemble dans les derniers jours. Victoria se souvenait, la mémoire papillonnante, d’avoir elle-même fait semblant de dormir pour qu’Olivia fasse ça avec elle, serrant ses petits bras avec innocence autour de son cou en feignent de se réveiller doucement, seulement pour mieux se lover contre sa mère. À la merci de ses souvenirs et de l’envie étrange de les répliquer, Victoria est attendrie, pleine d’affection, mais peut-être un peu effrayée aussi, parce que cette enfant – qui n’était pas la sienne et qu’elle ne connaissait que depuis quelques jours – lui souligne à quel point sa vie allait changer dès qu’elle aurait enfin ce bébé qu’elle voulait avec une vigueur obsessive. C’était à la fois une révélation rassurante et une réalisation anxiogène, parce que le changement, même en étant pour le mieux, demeure une force terrifiante.    

C’est à travers ces songes-là qu’elle sursaute alors qu’on se fait insistant à la porte.  Puis, sa main est presque sur la poignée quand résonne la voix de Nawar qui marque un battement de cœur manqué, et surtout un temps d’arrêt dans sa procession.  

- C’est mon Papa ? Entend-elle Marjan demander, avant que celle-ci ne se rue vers l’entrée dans une course bruyante qui l’encourage à ouvrir, juste un peu, pour laisser la porte entrouverte dériver lentement sur la forme de Nawar qu’elle scrute avec une circonspection prudente. S’il était son père, ça voulait dire… que le drame qui a traumatisé l’enfant était le même que Victoria avait compris à travers ses sous-entendus à lui, celui à l’origine de sa condition. Ça tombe sous le sens, en vérité, et elle se surprend presque de le constater, sans plus, avec ce détachement relatif à réalisation d’un casse-tête. C’était une extension, peut-être, des recherches qu’elle avait commencé à faire sur sa condition… Sujet dont elle devrait d’ailleurs lui parler, ce qu’elle avait procrastiné de faire jusqu’ici.

Ce n’est pas comme si elle avait déjà une solution concrète à lui proposer, de toute façon.

De son côté, Marjan se jette à la taille de son père, levant, sans doute, vers lui ses grands yeux brillants qui contrastaient avec son regard à elle.  Victoria n’était certainement pas en joie à l’idée de le voir, et certainement pas ici, dos au mur où ils avaient échangé des rapports dont les souvenirs lui donnent chaud autant que la suite des évènements ne lui avait glacé le sang… mais elle se surprend à être plutôt détachée – émotionnellement – malgré son regard curieux et insistant, presque fasciné.  

Tout ce qu’elle ressent avec violence, là tout de suite, c’est un profond malaise en lien avec la situation ; la colère qui l’habitait s’était dissipée quelque part entre ses recherches et ses démarches à Takuatshin, quant à la peur… Il n’y en avait juste pas en ce moment. Manifestement, Nawar, lui, était plus agité qu’elle – et elle pense comprendre pourquoi – mais l’enfant qui glousse joyeusement les calme assurément tout les deux.  

- T’en penses quoi ? Lui demande justement la petite avec un sourire espiègle que Victoria aurait apprécié et encouragé si le en en question avait été n’importe qui d’autre que Nawar, et que l’opinion demandée ne concernait pas son intérêt romantique envers lui.  

En baissant les yeux sur elle, la chevalière découvre, dans ses yeux sombres pleins d’espoirs, la force de lui mentir.

- Tu avais raison, lui accorde-t-elle avec un sourire tendre et petit clin d’œil, et tu devrais nous laisser faire connaissance le temps d’aller refaire ton sac…  

Le silence de Marjan est pétillant, et son sourire, éclatant tandis qu’elle décampe avec toute l’intention de prendre son temps pour leur en laisser un peu plus.  Était-ce une bonne idée de l’enlever d’une équation qui tenait si fragilement en équilibre ? Probablement pas, mais c’était nécessaire.  

-  Danaé… Ne m’a pas dit que tu étais son père, souligne-t-elle calmement après avoir entendu s’ouvrir la porte de sa chambre où étaient dispersées les affaires de la petite. Danaé, d’ailleurs, avec qui elle aurait besoin d’avoir une petite conversation.  Elle est adorable, continue-t-elle doucement, même si ce n’est pas ce dont elle voulait parler. En vérité, elle n’avait pas envie de parler du tout, mais elle avait bel et bien des choses à lui dire et ça se ressentait dans la suspension qui flottait entre eux.  
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Lun 1 Juin - 1:54

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
L’espace d’un instant, le temps est suspendu, presque consistant, me transportant dans un passé lointain lorsque l’odeur de Victoria m’enveloppa alors qu’elle ouvrait la porte. Heureusement, une fusée aux cheveux noirs déboula sur moi pour m’enlacer avec force, dispersant avec elle tous les sentiments absurdes qui se bousculaient. J’ai pressé fort son petit corps contre moi, soulagé qu’elle soit là, soulagé de la voir aussi joyeuse et pleine de vie que d’ordinaire. Je me suis agenouillé à sa hauteur pour échanger avec elle quelques banalités en turc, et lorsqu’elle s’inquiéta de constater une petite balafre sur une de mes pommettes, je la pris par surprise avec des  « bisous qui piquent » pour la faire râler et glousser. Pour lui faire oublier, tout simplement, que la raison pour laquelle je l’avais laissée pouvait être risquée.

Une fois qu’elle en eut assez de se faire taquiner, elle me repoussa et se tourna vers Victoria pour lui adresser une question dont le sens m’échappa complètement. L’italienne, qui était vraisemblablement restée sur le pas de la porte lors de nos retrouvailles, lui accorda une réponse tout aussi nébuleuse pour moi, mais qui sembla contenter pleinement ma fille qui décampa bientôt sur les conseils de la chevalière. Je restai circonspect face à tant de complicité entre les deux filles. De toutes évidence, elles avaient partagé de bons moments ensemble, et cette idée me mettait infiniment mal à l’aise. C’était sans compter sur l’intervention de la chevalière.

- Danaé… Ne m’a pas dit que tu étais son père.

- Ah… trouvais-je la force de répondre, plutôt dubitatif face à son affirmation. Alors je m’étais monté la tête sans aucune raison ? Elle avait l’air sincère et semblait m’avoir dit ça pour me rassurer, mais quelque chose clochait, non ? Ce n’était pas parce que Danaé ne lui avait rien dit qu’elle n’était pas au courant ! Après tout, quel genre de personne récupère une gamine inconnue sans poser aucune question ou chercher à se renseigner un minimum ? Et quand bien même, Marjan n’avait-elle pas parlé de moi pendant ces trois jours ? Ça ne tenait pas debout. J’aurai peut-être dû être rassuré que même en ayant connaissance de notre parenté Victoria ait pris soin de ma fille, mais je n’y parvenais pas. J’pouvais simplement pas me faire à l’idée qu’il n’y avait pas un but caché dans son attitude, dans sa manière de lui parler, dans ces clins d’œils échangés, dans cette complicité qui débutait et me dégouttait.

Sur le qui vive, j’essayai d’analyser tout ce que je pouvais distinguer depuis le pas de la porte. Marjan semblait déménager tout l’appartement, mais en prenant tout son temps, certainement pour nous laisser « faire connaissance » comme lui avait si bien suggéré la chevalière.

Quelle sombre blague ! Nous nous connaissions bien suffisamment à mon goût, mais il fallait bien faire illusion, non ? Alors quoi ? Nous allions avoir une discussion normale ? Genre, sans se donner d’ordres ? Sans se dire à quel point on se dégouttait ? Sans se supplier ? Sans drama, tout simplement ? Cela m’apparaissait si irréel. L’assurance et le calme apparent de la jeune femme ne faisait qu’amplifier mon malaise. Cependant, comme elle semble disposée à discuter – ou tout du moins à faire semblant de le faire - je me suis lancé, essayant de calquer au ton calme que l’italienne avait employé jusqu’alors avec moi ; ce n’était pas vraiment le moment de m’emporter contre elle. Ça viendrait plus tard, lorsqu’il n’y aurait pas d’oreilles sensibles à portée de voix.

- Je suppose que je dois te remercier… pour l’avoir gardée tout ce temps.

- Elle est adorable, me répondit-elle doucement.

- Oui elle l’est… J’avais envie d’en dire plus, j’avais envie de lui dire combien elle était merveilleuse à mes yeux et combien j’étais fier d’elle, mais les mots restaient coincés dans ma gorge.

- Enfin, aussi adorable qu’une tornade peut l’être j’imagine, complétai-je lorsque la petite revint vers nous, les bras chargés de nombreux dessins qu’elle avait fait ici.

- Papa regarde tout c’que j’ai fait ! Là c’est Victoria qui parle avec un ours, et du coup l’ours il lui donne ses pattes pour qu’elle ait la force des ours pour combattre les méchants. Et là c’est toi qui met des méchants en prison. T’as vu je t’ai rajouté une amie licorne avec des ailes, comme ça tu peux te déplacer super vite sur les arc-en-ciel. Là c’est moi et Victoria et on fait des gâteaux qui nous transforme en princesse. J’ai super bien fait ses cheveux, elle est trop belle. Pas vrai qu’elle est trop belle ? Et puis là c’est...

Avec patience, je regardai les nombreuses feuilles qu’elle me présentait, lui concédant que oui c’était très réussi, que oui elle pouvait en offrir à Victoria et que oui Victoria était très jolie. Marjan s’illuminait à chacune de mes affirmations tandis que j’avais envie de m’enterrer six pieds sous terre.

- Bon dépêche-toi de réunir tes affaires, papa est  – fatigué ? Angoissé ? à bout de nerf ?papa a envie de rentrer avec toi. Tu m’as vraiment trop manqué.

Mon argument sembla faire mouche et ma fille repartit de nouveau vers l’appartement.

- Elle a l’air de beaucoup t’apprécier, tentai-je pour initier une discussion avec l’italienne. Mais c’était sans compter sur la petite fille, décidément intenable, qui n’avait semblait-il pas du tout regagné la chambre avec ses affaires « Toriaaaaa ? est-ce que je peux donner un cupcake à mon papa ? Il doit les goutter parce qu’ils sont tout arc-en-ciel de toutes les couleurs ! »

Pas étonnant qu’elle soit surexcitée si elle était gavée de sucre depuis des jours. Fatigué, j’ai fermé les yeux et me suis porté une main sur le front pour me masser les tempes, luttant contre l’envie de m’énerver après ma fille. J’avais une envie viscérale de lui crier : « Bon maintenant Marjan ça suffit ! Non papa ne veut pas de cupcake multicolore, il veut que tu te dépêches et qu’on rentre à la maison ! ». Mais je la connaissais par cœur, et plus je crierai, plus elle prendrait son temps, voire se mettrait à chouiner, et je n’avais pas envie de devoir la décoller des bras de Victoria parce que je l’aurai un peu trop fâchée et faite pleurer. J’ai soupiré fort, essayant de garder mon calme, puis j’ai pour la première fois depuis mon arrivée réellement regardé la chevalière, cherchant dans ses yeux un peu de compréhension et de soutien. C’était n’importe quoi.
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Dim 7 Juin - 10:01

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Habitation permanente : À Old Fyre, dans l’appartement qu’elle partage avec Tullio et Elana Cavaleri. Elle a aussi un appartement en Italie.
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Victoria Machiavel

Victoria Machiavel
Le visage sombre de Nawar se fond à travers les courbes souriantes de la petite fille lumineuse. De sa vie, cette enfant n’avait jamais considéré son père comme étant un être dangereux, devine-t-elle instantanément, en les observant comme on s’inquiète et s’émerveille à voir un enfant caresser une bête sauvage sans que celle-ci ne lui montre jamais les crocs.  

Peu subtils, les gloussements enamourés de Marjan volent ensuite autour d’eux comme des papillons qui tombent vite malades et qui battent de l’aile dès qu’elle disparaît de leur proximité. Dans cette nuée inconfortable, ils s’observent, pour leur part, comme des animaux incertains à l’approche de l’autre, immobiles, oscillant imperceptiblement entre le calme et le hérissement tout en se lorgnant, cois et à l’affut, avec des pupilles resserrées. Enfin, la syllabe dubitative qu’il lance faiblement reste embouée dans l’épaisseur de ce malaise tendu que les remerciements subséquents, forcés, arrivent quant à eux à transpercer.  

- Je sais ce que c’est… Commence-t-elle prudemment, guettant sa réaction avant de préciser, d’être dans sa position.

Assurément elle ne lui parlerait jamais de cette mère qu’elle avait eu peur de perdre un peu trop souvent ; ces quatre derniers mots prononcés avec mésaise étant déjà bien plus de vulnérabilité qu’elle voulait se permettre devant lui, elle n’en dirait pas plus.

Le retour rapide de Marjan, une cascade de dessins dans les bras, déverse en elle ce flot de pensées intrusives qui lui coulent dans l’abdomen comme un mal de ventre, comme une nausée vertigineuse. C’est que, avec cette petite fille adorable déterminée à jouer les entremetteuses, Victoria se demande immanquablement ce qu’ils auraient pu être s’il avait été un père célibataire normal ; s’il n’y avait pas eu la bête ; s’il n’y avait pas eu leur ignominieuse première rencontre, ou surtout si celle-ci se serait déroulée autrement… Serait-il revenu de mission ce soir en déposant, au passage, un baiser tendre sur sa bouche avant d’aller border Marjan ? Malgré ses efforts, ses sourcils froncés dépeignent un air profondément désabusé qui s’accroit, tout comme son embarras, tandis que d’autres idées coupables – et récurrentes – s’enchainent un peu trop bien à la suite de cette mise en scène. Elle cache un peu mieux, heureusement, l’envie brève, mais impétueuse, de le frapper aveuglément pour le faire fuir du pas de sa porte.  

Pourquoi est-ce que tout ce que cet homme faisait – y compris l’enfant qu’il avait engendrée – l’affectait autant ? Pour l’heure, la présence nimbée de l’enfant était comme une percée de lumière éthérée à travers la noirceur de son ressentiment envers lui. C’était un brin de chaleur inespéré, presque trop agréable, à travers une étendue glacée qu’elle ne comptait pas laisser fondre, et dont elle se méfie maintenant comme d’une étincelle ayant le potentiel de devenir un incendie dévastateur.

- Je l’apprécie beaucoup également, souffle-t-elle finalement avec dépit, une main inconsciemment pressée sur son bas-ventre dès que la petite repart en direction de la chambre.

Il y a un silence et malgré tous les détours émotionnels des derniers instants, le suspense initial se laisse encore ressentir.

- J’ai… Fait quelques recherches sur … Victoria n’a pas besoin de dire les mots et ne voulait pas s’y risquer avec Marjan qui courrait à la frontière de leurs voix, ainsi elle continue après un court silence comme seul synonyme, et j’ai compris certaines nuances depuis notre dernier… Entretien. Le tout sonnait comme un aveu, presque comme des excuses, presque comme un pardon accordé, sans être tout à fait aucune de ces choses. Même en ayant fait la paix avec ce qui était survenu, jamais, jamais, elle ne laissait son crime devenir complètement véniel, pas plus qu’elle se permettrait d’envisager leur relation autrement qu’avec répulsion.  

- J’ai trouvé quelque chose qui pourrait aider à …

Marjan revient à la charge et Victoria sait que cette conversation n’irait nulle part aujourd’hui, surtout pas avec Nawar qui la regarde maintenant avec ses grands yeux de labrador misérable et qui réussit sournoisement à lui insuffler de la compassion.

- Marjan… Il n’ose pas te le dire, mais ton papa est très fatigué... Commence-t-elle doucement avec un feulement attendrit, avant de lui glisser avec ce ton de confidence, c’est épuisant de sauver le monde.

- Va finir ton sac et je vais aller vous emballer des cupcakes que vous allez pouvoir manger ensemble demain.


Elle finit ça sur un clin d’œil et se dirige elle-même vers la cuisine, en guidant la petite vers la chambre au passage. Quand elle revient avec les quatre petits gâteaux dans un plat en plastique, il y a aussi, sur le couvercle, un bout de papier avec son numéro de téléphone qu’elle donnerait à la jeune fille en soulignant qu’elle pourrait aussi venir cogner à sa porte, au besoin. N’importe quand, pour n’importe quoi.  

- Il faudra qu'on parle, dit-elle aussi à Nawar, juste avant le retour de sa fille.      
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Sam 5 Sep - 8:55

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
Mes yeux fatigués suivirent une nouvelle fois Marjan jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans une des pièces voisines. La petite obéissait aveuglément à la chevalière chez qui je découvrais une douceur que je ne lui avais jamais vue. Je constatai avec étonnement combien elle s’appliquait dans ses gestes et ses paroles afin de ne pas trahir les sentiments qu’elle éprouvait à mon égard et ainsi préserver l’innocence avec laquelle la petite fille nous regardait. Elle semblait sincèrement apprécier ma progéniture, ou du moins elle faisait suffisamment semblant pour ne pas risquer de la briser, et je ne pouvais que lui en être reconnaissant. A mesure que le temps s’étirait entre chaque allée et venue de la fillette, je commençai à réviser les ressentiments et peurs et doutes que j’avais pu éprouver en me précipitant vers cet appartement. Et je me suis détendu un tout petit peu. Du moins, juste assez pour jouer le jeu de cette paix relative entre nous deux sans risquer de tout faire flamber par maladresse.  J’aurai pu facilement exploser par exemple face à cette allumette qu’elle venait de craquer en faisant allusion aux recherches qu’elle avait mené sur ma condition. Dans ma stupeur, j’échappai un « Quoi ? » qui n’attendait pas de réelle réponse. C’était toutes les autres, qui en attendaient.

Avait-elle réellement cherché quelque chose sur moi ? Pour moi ? Mais depuis combien de temps ?Et dans quel but ?  Et pourquoi me parler de ça, là, maintenant ? Et puis ça voulait dire quoi ça : « j’ai compris certaines nuances » ? Je devais en saisir quoi au juste ? Qu’elle avait changé son point de vue sur l’ignoble personnage que j’étais censé être ? Était-ce cela qui lui permettait de me faire face sans flancher ? Était-ce qui l’autorisait à se montrer douce et attentionnée envers ma fille ? Bien, formidable, vraiment génial qu’elle ait compris maintenant ce que j’ai essayé de lui expliquer il y a un an alors qu’elle m’avait mis à de genoux et menotté putain ! J’aurai du en être rassuré, soulagé, du moins me sentir mieux en entendant cela, mais son aveu venait véritablement trop tard. Beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts, et le cas « Victoria Machiavel » n’était plus qu’une affaire classée dans mon esprit, même si je n’en n’appréciais pas l’issue.

Ma fille avait déboulé, arrêtant par la même cette confession. Encore une fois, Victoria trouva les mots justes et complices afin qu’elle cesse enfin de tourner en rond pour gagner du temps sur l’heure de notre départ. C’était incroyable de l’entendre si tendre et si patiente et si chaleureuse tant je ne lui avais connu que la dureté et la passion et le froid. J’avais du mal à admettre qu’elle puisse me soutenir, et pire, qu’elle puisse le souhaiter. Je me trouvais dans la confusion la plus totale, mais je savais pertinemment que rien de sérieux ne pourrait s’échanger ce soir, comme ça, là, sur le pas de sa porte. Ma tête était bien trop pleine de questions et mon corps bien trop vide d’énergie pour me lancer dans cette conversation que je n’étais pas certain de vouloir.

L’avait-elle senti ou était-ce seulement une manière de diriger le débat comme elle aimait le faire ? Toujours était-il qu’elle renvoya de manière inquisitrice cette discussion à plus tard. Pour une fois que nous étions d’accord...

- Si tu insistes. Ne m’en veux pas, mais je redoute toujours un peu la tournure que peut prendre une conversation avec toi. En tout cas, encore merci de l’avoir gardée, tu n’y étais pas obligée. Tu dis au-revoir ma puce ? On y va, ordonnai-je à la petite créature qui comprenait que toutes protestations étaient vaines alors que je jetai son sac sur mon dos. Puis fébrile, je m’étais saisi de la boite en plastique que me tendait la chevalière. J’avais eu peur que nos doigts ne se frôlent, même si ce ne devait être qu’un millième de seconde sur un millième de centimètre carré de peau. Une fois délestée de la boite, la jeune femme pu rendre son câlin à l’enfant dont les mots d'adieu s'étouffèrent contre elle. J’aurai du me sentir heureux de voir les yeux de ma fille à nouveau pétiller et son sourire se destiner à quelqu’un d’autre que moi, mais je n’y arrivais pas. C’était plus fort que moi.

J’ai pris sa petite main dans la mienne et nous nous sommes éloignés lentement vers les escaliers. Marjan ne cessait de se retourner, vérifiant que l’italienne était encore sur le pas de sa porte et répondait aux gestes d’au-revoir qu’elle lui envoyait.

- Papa, est-ce que je pourrais revenir chez elle ?
- Si Victoria est d’accord, tu pourras, concédai-je, amer. Regarde, elle t’a laissé son numéro. Tu pourras lui écrire ou l’appeler avec mon téléphone pour le lui demander, ok ?
- Vrai de vrai ?
- Vrai de vrai.

Ce fut sur ces mots, accueillis avec un grand sourire, que nous entrâmes dans notre appartement. Hyli s’était déjà affalée sur le canapé et Marjan se précipita vers elle pour l’enlacer. Je les entendais bavarder, chahuter et s’échanger des secrets tandis que je rangeai toute nos affaires dans nos chambres respectives et pris une douche rapide. Puis vint l’heure du coucher, coucher que je ne parvins à négocier qu’en promettant de la laisser souhaiter une bonne nuit à Victoria,espérant simplement que ça ne devienne pas un rituel… Je l’ai regardée s’endormir contre moi, exténuée par une journée si chargée. Je promenais, sans oser trop y toucher, mes mains maladroites dans ses cheveux fins et je chérissais chacune de ses respirations calmes, larmes aux bord des yeux. Le ressac léger de son souffle me berça jusqu’au sommeil.

Lorsque j’émergeai enfin le lendemain, les filles avaient déjà mis la cuisine sans dessus dessous et des cupcakes de la veille ne restait que la boite en plastique qui les avait contenus. Nous avons passé une journée calme, revigorante, à nous lover les uns contre les autres, et d’autant plus fort parce qu’Hyli devait repartir le soir même pour une mission urgente. Je n’aurai jamais imaginé alors que le « bon voyage » que je lui avais lancé négligemment sans me lever du canapé, sans même un dernier regard, seraient les derniers mots que je lui dirais jamais.


Fin


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