Je percevais d’autant plus la détresse dans le regard du jeune homme. Le fait qu’on m’ait donné son dossier devait être très déstabilisant pour lui. Il devait se sentir infantilisé, ce qui n’aidait certainement pas à améliorer le manque flagrant d’estime qu’il avait pour lui-même.

« Et donc quoi? On discute comme si de rien était? Comme si t'allais pas te servir de tout ce que je dis pour le retourner contre moi? J'ai pas b'soin d'un psy, j'vais parfaitement bien. »

        Me retourner contre lui ? Il devait être vraiment traumatisé par quelque chose pour en arriver à penser cela.

« Je ne veux rien retourner contre toi, Tullio. Mon seul but est de t’aider à avancer et à surmonter tes difficultés par toi-même. Je veux simplement t’apporter une aide professionnelle, bienveillante et sans jugement, en toute confidentialité ! Tout ce que tu me diras restera entre toi et moi, je ne rapporterai rien, au capitaine, ni à qui que ce soit sans ton accord. » 

        Il fallait vraiment que je gagne sa confiance. Tullio avait l’air vraiment chamboulé et il avait clairement besoin d’un soutien psychologique. À première vue, il semblait tout à fait sain d’esprit, mais il avait sûrement dû rencontrer pas mal d’horreur dans sa vie. Qu’est-ce qui avait bien pu lui arriver pour qu’il en arrive à être dans cet état ? Je n’avais plus vraiment le choix, il faudrait que je lise rapidement son dossier pour comprendre l’étendue des dégâts et pour avoir une idée de l’aide que je pourrais lui apporter.

« Je ne vais pas t’embêter plus pour ce soir. Encore une fois, je suis désolée d’avoir été maladroite, je te souhaite malgré tout une bonne soirée… » 

         Sans attendre de réponse, je m’éclipsai en direction du bar pour me servir un verre de Scotch, j’en avais bien besoin après tout cela.