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Dim 15 Mar - 5:52

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Tullio Cavaleri

Tullio Cavaleri
"Marian?"

Appelle doucement Tullio, son regard évitant obstinément toute parcelle de son collègue comme si ça pouvait lui faire oublier la situation gênante dans laquelle il se trouvait. Et, accessoirement, à quel point son visage lui donnait l'impression d'être en feu.

"…Mariaaan?"

Tente-t-il une nouvelle fois alors qu'il se demande, un peu, comment il s'est retrouvé dans une telle galère. Au fond, tout avait commencé par un sms. Il était encore en mission à River Stone High quand Marian lui avait proposé de l'accompagner à une pride à Los Angeles. A ce moment, il aurait donné n'importe quoi pourvu que ça lui permette d'échapper aux recherches infructueuses alors il n'avait pas réfléchi et avait accepté sur-le-champ.

Puis, les détails pratiques s'en étaient mêlés. Déjà, les billets d'avion étaient hors de prix, le consultant était à peu près sûr que les prix avaient augmentés. Sauf que. Evidemment, le temps que Tullio soit certain de pouvoir venir, toutes les chambres ou presque étaient réservées. Il avait donc fallut qu'ils se résignent à en partager une. Cela faisait des économies, donc en un sens ça n'était pas plus mal, mais chacun sa chambre aurait été plus confortable.

D'autant qu'à force d'essayer de contacter tout les hôtels pas trop chers de la ville, à plusieurs reprises des fois qu'il y ait des désistements, les billets d'avions n'étaient plus remboursables.

Arrivés sur place ils avaient bien entendu profité du bar de l'hôtel. Après tout, il fallait bien faire la comparaison avec ce qu'ils avaient à Old Fyre, non?

Et c'était au moment de monter dans leur chambre que les choses avaient vraiment foiré. Contrairement à ce qu'on leur avait indiqué, la chambre ne comprenait pas deux lits simples, mais un lit double. Et bien sûr l'hôtel était complet, ce qui signifiait qu'il était impossible de changer pour une autre chambre.

Tullio s'était donc retrouvé à partager un lit avec Marian. Il n'était, évidemment, pas très à l'aise avec l'idée. Après la nuit qu'il avait passée avec Xander, il avait un peu peur de se retrouver vautré sur son collègue, d'autant qu'il ne savait pas comment il le prendrait.
Finalement, il s'était inquiété pour rien.
C'était Marian qui était venu le coller, et il avait laissé faire parce que même s'il était moins à l'aise qu'avec le chevalier, ça n'était pas désagréable pour autant.

Il n'avait juste pas prévu que son collègue serait fermement cramponné à lui quand il se réveillerait.

"Il faut que je me lève."

Essaye Tullio, toujours à voix basse.
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Dim 15 Mar - 13:38

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PROUD,
PROUDER
& SHY

May the odds devour your timidity.

-

Son corps est cet amoncellement lourd d'un trop plein de fatigue et d'alcool. Il a les yeux fermés et la conscience éteinte, et la voix de Tullio clignote contre le rideau opaque de ses idées qui ne se lancent pas. Il ne veut pas.

Dans son rêve, dans cet étirement de couleurs qui s'étiolent au rythme d'un éveil qui le suçote, elle a les mains tendues sur lui, avec ses ongles mordorées qui s'agencent à la couleur de sa chair. Il rêve, et il a les hanches un peu tordues, il rêve de quelque chose qui s'est passé il y a longtemps, sans que son cerveau ne l'aide vraiment à s'en rappeler. Il y a un écho de Némo, il y a Nakia qui crie son nom au loin, et il y a elle, cette créature sans nom, sans identité, qui le regarde grandir, vieillir, sans savoir comment l'adresser. Les souvenirs se mêlent avec confusion à la voix qui gonfle, et Marian, lentement, ouvre les yeux, considère les reflets bleus d'une réalité brouillée.

Il est si chaud. Si confortable.
Son corps est lourd.

Tullio essaie, alors Marian insiste un peu plus fort, et il est de refermer ses cuisses autour de l'autre. Dans un  mouvement lent, mais irrémédiable, et sa peau vient presser contre celle de Tullio. Ils ont les cuisses nues, Marian se réveille en murmurant un « No- » qui accompagne son mouvement, et il a mal à la tête, il a mal à la tête, ça gonfle dans ses synapses. Ça gonfle aussi un peu partout dans ses veines. Il ne veut pas bouger, son corps est trop lourd, trop inconfortable, trop endormi, trop-

« No ... »

Il le serre contre lui. Comme s'il serrait Némo, comme s'il serrait une peluche, en pressant le corps de l'autre contre le sien, en utilisant la force de ses épaules et de ses bras pour l'attirer contre son torse, pour le presser au plus près de lui et s'approprier la chaleur trop confortable de Tullio. Il a la face dans ses clavicules, et les lèvres contre sa gorge.

« No, shut up, Tullio, let me sleep ... »

Il ne dort pourtant plus. Son cerveau est ce titan qui se redresse, sa conscience une vague qui s'abat. Dans le calme et l'immobilisme du moment qu'il veut imposer, il réalise que c'est la première fois qu'il instaure un contact aussi rapproché avec son collègue, et là où les mauvaises habitudes prennent généralement le mauvais pas, il ne se sent pas d'humeur à le repousser, il ne se sent pas d'humeur à être distant. No, sir. Les lambeaux du rêves sont érotiques, et la présence de Tullio est un paysage en détail contre sa peau. Il a les bras passés autour de lui, les cuisses refermées contre les siennes, ça le fait sourire sur le haut des clavicules de Tullio. Marian a les yeux plissés, il est ce chat lové contre un corps plus grand, plus maigre que le sien, suffisamment confortable pour qu'un ronronnement s'établisse entre ses lèvres et qu'il fasse glisser ses ongles, machinalement, sur les épaules qu'il peut atteindre du bout des doigts.

« … Heh, Tullio ... »

Il remue. Un frémissement de son corps ; un mouvement de son bassin en avant, et sa bite vient heurter celle de Tullio. Il a ce sourire qui étire ses lèvres, trop largement, contre la trachée de son jeune collègue.

« Happy Pride. »

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Lun 16 Mar - 3:08

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Tullio Cavaleri
Tullio se fige quand Marian proteste et le piège entre ses cuisses, puis sa respiration a un raté quand Marian proteste encore et le serre un peu plus fort. Il est piégé contre quelqu'un, dans un lit qui n'est pas le sien, et des lèvres remuent contre sa gorge.

"I'm sorry, I need to get up."

Chuchote l'italien et, pourtant, son collègue ne le lâche pas. Il envisage, un instant, d'attraper les bras qui l'enserrent et de les repousser mais, avec la position qu'ils ont, ça ne sera pas facile. Et puis, Marian a toujours l'air de dormir à moitié, et il ne sait pas comment il réagirait.
Alors Tullio fait ce qu'il fait toujours.
Il attend.

Sauf que les choses ne se passent toujours pas comme il le voudrait, et qu'au lieu de le lâcher son collègue lui griffe les épaules. Ça le fait sursauter et le crispe un peu plus, parce que si le contact n'est pas en soi désagréable, il n'est pas le bienvenu.

Il va pour répondre quelque chose à Marian quand il l'appelle, mais sa voix s'étrangle et meurs sans quitter sa langue, parce qu'il vient de le sentir bouger contre lui. Tullio entend à peine le Happy Pride qui résonne contre sa gorge, parce que trop de choses se passent en même temps dans sa tête, dans son corps.

"Please, Marian."

Sa voix est aussi pitoyable que son frisson a été réel. De désir, de peur, des deux sans doute, parce que son corps et sa tête envoient des signaux contradictoires.
Des étincelles se sont allumées au creux de ses reins, réaction mécanique d'un corps trop longtemps privé de contacts, en même temps que son esprit lui murmure de se souvenir de la dernière fois qu'un homme a frotté sa bite contre lui.
Ça ne s'était évidemment pas bien passé.

"Please let me go, I… I need to get up."

Ce n'est, techniquement, pas un mensonge. La quantité de bière ingurgitée la veille justifie amplement le fait qu'il doive se lever. Mais si Tullio veut être relâché, c'est parce qu'il ne sait plus comment respirer. Il essaye, vraiment, de lutter contre la panique qui plante ses griffes dans ses poumons et fait s'accélérer son rythme cardiaque pour pallier au manque d'air.

Il essaye de se dire que c'est Marian. Qu'il le connaît, qu'il ne risque rien. Que Marian ne lui fera pas de mal, qu'il est juste entrain de jouer avec lui. Marian, après tout, ne sait pas. Ne se doute pas qu'il s'est déjà retrouvé avec un homme entre les cuisses ou, certainement, avec une queue dans la bouche. Mais qui, de toute façon, imaginerait que Tullio qui rougit toujours pour rien, qui a été embrassé à 27 ans, n'est en fait plus vierge depuis longtemps?

Il pense, un instant, à poser ses doigts contre la peau de son collègue et à pousser, doucement, pour l'inciter à le lâcher. Mais le fait est, qu'au fond, il ne connaît pas si bien Marian. Il sait qu'il ne craint rien, il croit, il espère, mais il ne sait pas comment Marian réagirait. S'il le lâcherait effectivement, ou si ça allait le mettre en colère.

Marian lui a toujours paru être distant, peut-être un peu dédaigneux. Ils se sont parfois touchés, bien sûr, mais de ce qu'il se souvient ce n'était rien de plus qu'une main sur le bras ou sur le dos, pour signaler qu'on passe et ne pas se heurter. Au fond, la seule chose dont il est certain à propos de Marian c'est qu'il le trouve niais, parce qu'il le lui a dit, il y a longtemps, avant de s'effondrer sur le sol de l'Aquarium et de lui foutre la trouille.

"Please."

Le plan, si Marian le relâche, est simple : disparaître dans la salle de bains.
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Lun 16 Mar - 16:16

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IDIOT.

Il est un chat qui croyait jouer avec sa souris quand vraiment, vraiment, il ne fait clairement que lui faire peur. L'immobilisme, d'abord, est cette réaction à laquelle Marian ne s'attendait pas. Puis le silence, puis l'insistance, répétée, -naturellement-, d'une requête, demande polie, à laquelle Marian est confrontée, et il a cette rougeur qui commence à s'étaler, lentement, progressivement, sur ses mâchoires, alors qu'il le lâche. Il le lâche, il se redresse lentement, en ayant l'impression que son esprit va gerber, et il se sent mal, il se sent idiot, il espère ne pas l'avoir blessé.

« ...M'sorry, dude. Didn't wanna scare you. »

Il se sent embarrassé, il se vraiment idiot, et ses prunelles sombres accrochent la forme trop proche de son collègue. Il se mord les lèvres, se force à les étirer, et sa bonne humeur est un muscle qu'il travaille, un élastique qu'il ne veut pas voir se péter trop vite.

« M'sorry, Tullio. Trully. »

Il lui sourit, il lui sourit doucement, avec une gentillesse, cette tendresse qu'il ne lui accorde pas la plupart du temps, et il se redresse à son tour, lentement, en quittant le lit, sans le retenir plus longtemps. Il y a eu ce frémissement de peau, -ça tourne en rond dans la tête à Marian-, qui ressemblait plus à de la terreur qu'à de l'excitation.

Et Marian bug un peu sur ça.

Quelques minutes sont écoulées, il se dandine sur ses jambes pas encore habillées, et patiente comme un enfant devant une fenêtre à l'extérieur trop coloré. Les cotillons qui flottent dans le vent soulignent les reliefs des drapeaux de pride que Los Angeles a exhibés dans son quartier gay, et il sourit, il sourit stupidement, en se disant que c'est sa première Pride, que c'est satisfaisant. Il a aussi, immensément, besoin d'aller pisser, et attend, tout sourire, que Tullio sorte de la salle de bain. Il faut qu'il se lave, il faut qu'il se prépare, et son excitation est une fureur amusée qui lui taille dans les veines des élans de sérotonines excentriques. Lorsque la porte s'ouvre, Marian est cette petite silhuette encore en boxer, les cheveux en bataille, qui a les yeux trop manifestement écarquillées, les pupilles un poil trop dilatées.

« Tullio, are you okay ? I am sorry I annoyed you. It won't happen again. Do you still want to spend the day with me ? »

On ne le reconnaît pas, on ne le reconnaît pas : il est loin du bar, loin du milieu professionnel, bien trop heureux, bien trop excité. Il a ce sourire de bébé.

« I really, really want you to have fun, ok ? But, but... »

Il a ce sourire qui glisse, ses épaules qui s'affaissent. La réalisation n'en est pas une : depuis quelques minutes, c'est une émotion qu'il couve dans la distanciation de Tullio. Il se demande, vraiment, -vraiment-, pourquoi l'autre a eu l'air aussi angoissé.

« You really can do the fuck you want, T. I am sorry, again. »


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Mar 17 Mar - 5:57

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Marian le lâche, se redresse et s'excuse. Marian n'avait pas voulu lui faire peur. Tullio s'écarte, prudemment, et se gronde mentalement quand il se surprend à guetter un changement dans l'attitude de son collègue.

"It's okay, I… I know."

L'italien balbutie, à voix basse, gêné, à la fois par sa propre réaction et par la situation qu'il impose à Marian. Il se redresse, lui aussi, quitte le lit et fuis en direction de la salle de bains, comme prévu, comme planifié.

Même une fois la porte fermée derrière lui, Tullio s'oblige à inspirer lentement, à rester calme, jusqu'à ce que l'eau du robinet coule pour qu'il puisse se laver les mains et étouffe le bruit du sanglot étranglé qu'il retenait jusque là. Il laisse l'émotion trop vive déborder de sa gorge alors qu'il savonne, trop consciencieusement, entre ses doigts. Il termine par un peu d'eau sur son visage et, quand il coupe le robinet, il se sent déjà mieux.

Il lorgne la douche, puis sort, parce qu'il est certain que Marian a plus urgemment besoin de la salle de bains que lui d'une douche. Il se fige, les doigts encore sur la poignée, quand son collègue lui demande s'il va bien. Il lui répète qu'il est désolé, lui assure que ça n'arrivera plus, s'inquiète de savoir s'il veut toujours passer la journée avec lui.

"I… I'm okay, I just… I'm sorry."

Sans doute mérite-t-il des explications, au moins un peu, mais Tullio n'en a pas le courage. Pas tout de suite.

"I still want to spend the day with you, I… I just need a couple of minutes. I didn't mean to freak out like that, I know you never wanted to scare me."

Il marque une pause et s'écarte de la porte qu'il n'avait pas encore tout à fait lâchée.

"Do you want the bathroom?"

Demande-t-il doucement, n'osant pas le formuler comme une suggestion.

"I… I feel like I owe you a bit of an explanation but I… I'd like to think about it first if you don't mind."

L'italien a un peu honte de se sentir soulagé quand son collègue profite, effectivement, de la salle de bains. Il va jusqu'au lit où il se laisse tomber, tirant son sac qu'il a déposé non loin la veille. Tout en sortant des vêtements propres, un jeans tout con et un t-shirt blanc basique, il essaye de réfléchir à ce qu'il va dire. La vérité, évidemment, mais la difficulté c'était de trouver comment tout formuler.

D'autant qu'il a l'impression de ne pas connaître Marian. Il ne l'a jamais vu comme ça, aussi heureux, aussi excité. C'est, peut-être, aussi, ce qui l'a fait un peu flipper. Cette impression de se trouver face à quelqu'un d'autre, quand bien même il savait que c'était Marian et que tout allait bien.

"I ran away from home when I was 17."

Lance Tullio, la voix nouée et les yeux baissés ses vêtements qu'il n'a toujours pas lâchés, quand la porte de la salle de bains s'ouvre trop tôt à son goût. Il n'a pas encore trouvé les mots, doute qu'il les aurait trouvés même avec plusieurs heures de plus.

"I was homeless, young, stupid, and still under withdrawal because my mother and my therapist thought I was mad when I was, in fact, fairystruck."

Il essaye de ne pas penser au fait que sa mère n'a jamais demandé de second avis médical, et se force à poursuivre.

"I thought I was mad too. I kept seeing things that no one else could see and was willing to try anything if it could help."

Il secoue la tête et s'en veut d'avoir été si stupide.

"So I was young, drugged and on the streets. Let's just say I didn't stay a virgin very long." Tullio passe une main nerveuse dans ses cheveux, et relève les yeux vers Marian "And since then I just… Panick first and think after."

Il relève, enfin, les yeux vers Marian et s'efforce de lui sourire.

"So yeah, I'm as okay as I can be, I know you just wanted to fool around, I'm not… angry at you or anything."

Tullio s'efforce d'être rassurant, un peu, parce qu'il ne veut pas que son collègue, en plus de le trouver niais, se mette à le regarder avec pitié.

"Now I'm gonna take a quick shower, I don't want to make us late. When I'm done you'll tell me what you've planned for us?"
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Dim 22 Mar - 17:54

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DENI.

I'm ok, I'm just … I'm sorry."

Alors Marian a ce petit sourire doux, esquisse un peu faussée de ces mêmes sourires détachés, désintéressés et polis qu'il adresse normalement à son collègue, au monde entier, lorsqu'il s'agit de distancer les autres. Mais maintenant, immédiatement, c'est juste une esquisse, c'est presque un réflexe, mais ça n'est pas tout à fait ce sourire. Ça n'est pas complètement le fait de l'écarter, ça n'est pas totalement le fait de refuser d'établir un contact. Alors quand l'autre marmonne une justification qui désescalade, son propre coeur lui fait faux bon.

C'est bon Tullio.
On a tous nos secrets, pas vrai ?

« Okay. I'm sorry. Thanks, sure,  I'm gonna pee. »

Il inspire, se détourne, et passe à côté de Tullio en essayant de tuer son aura. Il referme la porte de la salle de bain derrière lui, et pisse, en silence, au dessus des toilettes. Il a dans la tête des avalanches désagréables d'idées inconfortables, et il n'est pas sûr d'apprécier le début de cette journée. Ça le fait soupirer. Ah. Peut-être aurait-il du, simplement, ne pas … Ne pas le toucher. Il se convainc tranquillement que c'est ce qu'il aurait du faire, et en embrassant sans peine sa culpabilité, il se lave les mains, ressort de la pièce, et se heurte à Tullio qui lui balance dans la gueule une explication à laquelle il ne s'attendait.

« Wait, I- »

Il n'a pas le temps de l'en empêcher. La sémantique se fraie déjà un passage au travers de ses synapses, et un peu exaspéré, la main encore posée sur la poignée de la porte, il est obligé d'écouter ce qu'il ne voulait pas tant entendre.

"I was homeless, young, stupid, and still under withdrawal because my mother and my therapist thought I was mad when I was, in fact, fairystruck."

Marian cligne des yeux. Okay, it sucks, but it's not like it was necessary to-. Il crispe les mâchoires, s'approche de Tullio. Bordel. Cette journée n'est sérieusement pas ce qu'il en espérait, et le hangover qui tapote avec ses ongles infectés à l'intérieur de son crâne, en signalant le début d'une migraine, le fait s'asseoir en face de lui. Okay. Okay. Il est prêt, il est résigné, il peut bien écouter.

Putain.

"I thought I was mad too. I kept seeing things that no one else could see and was willing to try anything if it could help."

Pendant un instant, Marian a cet élan provocateur, un peu agacé : il veut lui demander quel est le lien, quel est le rapport, mais la suite de l'histoire vient aussitôt la lui expliquer. La notion de virginité qu'on balance à la poubelle le fait serrer les doigts, un peu trop nerveusement.
Ah.

Tullio lui sourit, et Marian se sent débile.

« Dude, 'm'sorry, I didn't want to – Erf. M'sorry. »

Il a marmonné entre ses dents, en refusant d'abaisser les yeux. Il considère les prunelles claires de l'autre, obstinément, et putain, putain, début de journée de merde. C'était vraiment une stupide idée. Et Tullio sourit encore, comme un chien heureux qu'on a battu, mais qui continue de secouer de la queue. Ça lui fait mal, et il se mord les lèvres.

« Kay. Enjoy. I am gonna take mine after. »

Il reste assis, les épaules courbées, et laisse l'autre se relever. Laisse l'autre fermer la porte. Laisse l'autre faire couler l'eau. Il redresse le visage, considère le plafond.

« Ah, fuck. »

Il a plaqué ses mains sur sa face, en soupirant. Journée de merde, putain.

« Bro. Putain. »

Il reste allongé, pendant quelques minutes, jusqu'à ce que le robinet de la salle de bain soit coupé. Il se redresse, refuse son immobilisme, et quand Tullio ouvre la porte, il affiche ce sourire en coin, moqueur, à des années-lumière de ses émotions. Il ne lui montrera pas.

« Bon. Bro. Je prends ma douche, et on descend ? J'attrape un médoc, et on peut aller voir les expo qu'il y a. Je ne pense pas, après tout, qu'aller directement dans un bar soit une bonne idée. Mais on peut se garder ça pour plus tard, si tu veux, heh. »

Il lui sourit, lui sourit, lui sourit. A, pendant une seconde, l'envie d'effleurer ses cheveux, de le toucher, de s'excuser, de lui dire que ça sera ok, de peut-être même-.
Il referme simplement la porte.  
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Lun 23 Mar - 10:36

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Marian s'est encore excusé et Tullio, sous la douche, a tout le temps d'y penser.
Il aurait mieux fait de se taire.

Il est encore dans les vapes à cause de l'alcool de la veille et regrette, regrette atrocement, de s'être senti obligé de se justifier, d'avoir tout déballé. Marian s'en fout de tout ça, il le réalise seulement maintenant qu'il a la tête sous l'eau, Marian ne voulait certainement pas savoir.
Et tout ça pour quel résultat?
Il va se faire regarder de haut, Marian va penser très fort qu'il est un pauvre petit, peut-être même le dire, et qu'en plus d'être niais c'est une petite chose fragile et brisée.

Tullio pleure sans vraiment savoir pourquoi, de frustration, de rage, de colère envers lui-même, d'un peu tout et de n'importe quoi. Il commence à se dire que l'alcool ne lui va pas mais c'est trop tard de toute façon. Si Marian hausse l'un de ses jolis sourcils il prétextera qu'il s'est mis du shampoing dans les yeux et personne ne sera dupe.

Quand il sort il s'est habillé et, malgré ses doigts qui ont tremblé avant d'attraper la poignée, il s'est bricolé une fausse assurance qu'il décore d'un sourire. Marian sourit, aussi, et quand la porte se referme derrière lui, Tullio a envie de hurler. Envie de se pendre, peut-être, un peu, de se jeter par la baie vitrée et de juste tirer un trait, net et définitif, sur toute cette merde qu'est sa vie.

Mais Tullio ne le fait pas, parce qu'il a survécu jusque là ce n'est pas pour laisser tomber maintenant. A la place, il sort son téléphone et cherche des horaires, des adresses, des trucs à faire pour occuper la journée et oublier le début de matinée, jusqu'à ce qu'il soit l'heure d'aller se saouler et de prier pour un blackout qui effacerait tout ça. Au fond le bar ce n'est peut-être pas une si mauvaise idée.

"J'propose que le bar attende au moins qu'on aie mangé un truc? J'ai la dalle."

Tullio sourit, plaisante, rit même à la fin de sa phrase, parce que pourquoi pas, parce qu'il a déjà laissé toutes ces histoires lui pourrir assez la vie comme ça.

"J'ai trouvé plusieurs endroits dans le coin qui ont l'air sympa, regarde."

Il se lève du lit où il était assis, s'avance jusqu'à son collègue et, pour lui montrer son téléphone, vient appuyer le haut de son bras contre l'épaule de Marian. Sur son écran défilent divers snacks, plutôt bien notés sur internet, pour lesquels il n'a au fond que peu d'intérêt.
Tu vois? Je vais bien, je n'ai pas peur, je ne suis pas brisé.
Tout ce qu'il veut, pour l'instant, c'est laisser l'hôtel derrière lui et arrêter d'y penser.

"Par contre j'ai pas eu le temps de regarder les musées, désolé."

C'est aussi, surtout, parce qu'il ne comprend pas pourquoi Marian veut aller s'enfermer pour regarder des expositions dans des musées poussiéreux alors qu'une ville entière leur tend les bras et qu'ils sont supposés être là pour une pride. Mais après le coup qu'il vient de lui faire, si c'est ce que son collègue veut, Tullio sera content de faire semblant de s'amuser. Il pourra même essayer de trouver des trucs intelligents à dire en espérant que, peut-être, Marian le trouvera un peu moins débile.

Tullio a besoin d'un verre qu'il n'aura pas, pas avant plusieurs heures, et de fumer, aussi, mais il devra se contenter d'une cigarette parce qu'il est impossible de faire passer quoique ce soit dans les aéroports.

"On y va?"

Lance-t-il en s'efforçant d'être enjoué, après avoir vérifié qu'il a bien tout ce qu'il faut, portable, portefeuille, dans les poches avant du pantalon.
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Mar 31 Mar - 6:46

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SMILING.
S'il avait la possibilité de lire les pensées de Tullio, il l'embrasserait, le défoncerait, le sucerait et le caresserait. S'il avait la possibilité de comprendre ce que l'autre pense en ce moment, il articulerait ces pensées idiotes en des angles moins obtus et déplacerait les équerres de ses conneries en des esquisses de tendresse, de flirt moqueur. Il se moquerait, il consolerait, il amadouerait les enjeux clairement trop violent d'un moment pour lequel son empathie aborde les figures mélancoliques d'unw fraternité désabusée.

Il lui dirait qu'il ne s'en fout pas.
Il le consolerait.

Mais il ne sait pas ce que l'autre pense et les sourires de Tullio sont ces masques tranquilles, crédibles, sur lesquelles toutes les peines du monde sont bien camouflées. Alors il ne la voit pas, cette résignation, cette considération apeurée du jugement. Il ne la voit pas, cette affable transformation qui s'opère entre jugement et réalité. Il est trop concentré sur sa propre angoisse, et celle-ci lui tapisse sur la gueule une expression un peu froide, un peu anxieuse, bien éloignée des sourires qu'il arborait il y a quelques temps déjà, au constat des couleurs qui barriolaient le dehors. Son sourire il est fondu, figé, et il lui faut un coup mental pour redresser les commissures quand, finalement, Tullio décide lui aussi de faire comme si, après tout, de rien n'était.

Ils sourient. Ils sourient.

Il aurait du lui faire comprendre, plus sciemment, qu'il ne s'en foutait pas, qu'il ne savait juste pas quoi dire, que-

Il sourit. Ils sourient.

"Yeah. Let's eath, babypingouin."

Il a la voix qui casse sur son dernier mot, qui éclate entre ses lèvres écartés. Dans sa bouche, ça goute l'amertume trempée dans du sucre.

It was not your fault, you -.

Des pixels flous, des lieux qu'on exhibe. Tullio lui montre son cell, construit une sémantique à laquelle il faut que Marian bug quelques secondes avant de tilter le rapport entre "expo" et "muséeum". Ça le fait cligner des yeux, comme un petit robot cassé, comme un petit robot débile.

"Uh oh. It's-it's not what I meant. But. Yeah. Totally. We definitely could go to the museeum, if that something that you want. I wanted to, yaknow..."

Il bégaie ses hésitations sur des syllabes grognées et son stress fait étaler une rougeur trop virulente sur le haut de ses joues. Pendant un instant, il se tait, avant de soupirer, d'amener ses doigts à sa joue. C'est chaud, c'est embarassant, il se sent stupide.

Il veut s'excuser, lui dire qu'il est désolé, que ça va aller. Que putain, ça sert à rien de -

Il vient de remarquer que l'autre a les yeux gonflés et ça lui crève ce qui lui reste de motivation.

"... Tullio."

Mais l'autre est déjà en train de bouger, de checker ses poches, de remuer les émotions factices d'un masque parfait qui lui étire savamment les lèvres. Alors il hésite. Il hésite, en se demandant s'il doit prendre le risque de froisser les humeurs de l'autre, plus encore qu'il ne l'a déjà fait. Il hésite et ne sait pas quoi faire. Alors il fait simplement se lever, récupérer ses clefs, ses expressions un peu froides, et pourtant, pourtant, en s'approchant de l'autre, il ne peut pas s'empêcher de tendre les doigts. C'est oddly specific, un peu trop tentant, et probablement motivé par un masochisme sous-jacent, mais il twnd les doigts et vient les appuyer sur la poitrine du type bleu. Avec sa main qui presse, avec sa paume qui enveloppe la courve d'un pectoral, et il soupire un peu, les ongles enfoncés, immobile près de lui.

"I am sorry for -. I am sorry."

Non, non. Ce n'est pas ce qu'il veut dire. Ses yeux ne bougent pas, il est concentré sur ce point un peu flou, quelque part au niveau du diaphragme de l'autre. Un endroit ailleurs, dispersé dans des environs qui apaprtiennent au passé.

"Don't you dare feeling like an idiot, next time you decide to share something like that with me. Heh. I don't need any explanation, Tullio, for fuck sakes."

Il a ce ton un peu outré.

"Especially since we don't know each other. But. But."

But.

"I am... glad ... you told me. I am awkward, awfully awkward as a person, but, heh, I wouldn't spitr on that kind of information. So. If, right here, right now, you feel like you want to talk, more than visiting some shitty places, then..."

Ils sont en day off, après tout. Il sort, de sa poche, les petits paquets transparents dans lesquels il a disposé, soigneusement coupées, les hachures de plantes préparées à l'avance de ce voyage.

"Nothing too harsh. Just. You know. If you want to talk, we still do have this option, okay ? It even could be a fate for tonight, deal ?"

Il ne sourit pas, ne sourit plus, mais dispose la drogue dans les mains de Tullio.

"It's a little something, -an absolute little beauty-, wich doesn't bring any, you know, greed, need, craving, after you smoke it. You can take it just once. And that's it."

That's it. Pas de dépendance. Rien que le voyage agréable de se flinguer, rien que le temps de quelques heures, les synapses. Marian secoue la tête, remonte les manches de son t-shirt, en les enroulant autour de ses muscles. Ça serre contre sa peau comme ça serre contre ses idées. Il sourit.

"We could share. Well. Unless you want to find someone tonight, and, you know, get laid off."

Il lui sourit, absolument ravi, absolumwnt remonté.

"I think I actually want to get fucked."

Ça le fait rire.
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Mer 1 Avr - 5:07

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Tullio se sent presque un peu soulagé quand Marian lui dit que non, il ne parlait pas de musées, mais seulement presque parce que non seulement il se sent stupide de ne pas avoir pensé à la même chose que lui, mais en plus Marian est maintenant entrain de lui proposer l'activité la plus ennuyeuse de la terre. Si c'était ce qu'il voulait.
Il se demande, un peu, a quel point cette proposition est alimentée par la pitié.
Il préfère ne pas savoir.

"I couldn't care less about museums. I… I just thought that's what you wanted when you talked about expos."

Explique le consultant, quand son collègue l'appelle, parce qu'il n'a pas envie de l'entendre s'excuser encore une fois. Il y a déjà eu beaucoup trop d'excuses ce matin et ils vont enfin pouvoir sortir et, peut-être, oublier tout ça, ou au moins faire comme si il…

Les pensées de Tullio s'interrompent en même temps que son mouvement pour aller vers la porte, quand les doigts de Marian se posent contre son torse. Marian qui s'excuse encore, bien sûr, Marian qui ne le regarde pas, Marian qui a l'air outré parce qu'il n'a pas besoin d'explications.

Il pense, encore, à quel point il aurait dû se taire quand son collègue continue avec le fait qu'ils ne se connaissent pas et, malgré le but qui laisse entendre une contradiction, il a juste envie de s'écarter et de claquer la porte. Pourtant il ne bouge pas et il attend la suite, la gorge serrée.

La suite, en l'occurrence, le fout un peu sur le cul, et il ne sait pas quoi répondre, surtout pas quand Marian lui propose de parler au lieu de sortir, quand il tire de sa poche deux sachets de drogue, et qu'il lui pose dans les mains.

Tullio n'est pas certain de comment ils en sont arrivés à envisager de se droguer et de parler de sujets qu'il préfèrerait oublier mais, au moins, quand Marian lui propose de partager il sourit. Il sourit et le consultant renâcle son amusement quand Marian envisage qu'il trouve quelqu'un pour la nuit.

"Should I try to book another room, then?"

Demande-t-il, un sourcil suggestif haussé, à la déclaration de son collègue. Il le jalouse un peu, juste un peu, beaucoup en fait, de pouvoir envisager la chose si facilement. Alors pour ne pas y penser, il range un des sachets dans une poche et fourre l'autre dans la main de Marian.

"There's no way I'm not sharing with you. We're here to have fun so no talking about sad things and no museums. Also, don't you dare to apologize one more time because I'm fine! Unless you plan on starving me that is. I really need breakfast."

Et Tullio rit, parce qu'il faut, parce que Marian sourit de nouveau, et il l'attrape par les épaules pour l'entraîner vers la sortie.

"So let's eat something and then you can show me whatever you call an expo 'cause now you got me curious and I'm not skipping my first pride because I tried to skip meals and passed out."
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Ven 3 Avr - 19:05

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RIRE
.

Les doigts de Tullio saisissent le sachet, attrapent la proposition à pleine main, et l'enfourne dans sa poche. Il y a ce sourire idiot, absurde, ravi sur les lèvres de Marian, et celui-ci a envie de rire, a envie de sourire, à envie de lui dire que voilà, voilà, tout ira bien. Voilà, tout ira bien, il suffit de transposer sur autre chose, il suffit d'arrêter de projeter, il suffit d'ignorer, il suffit de faire comme si tout n'existait pas, et si, à défaut, cela doit exister, alors autant en dessiner des contours flous, des contours enfumés. Autant imaginer que c'est léger, que c'est de la vapeur, que ça se fume et que ça s'évapore. Marian sourit. Il tend la main, encore, saisit l'oreille de l'autre, et fait semblant, il fait semblant que tout va bien, désormais. Il lui sourit, il est peut-être même fondamentalement amusé, et les mots de Tullio sont ces guirlandes, cette ribambelle colorée sur laquelle il peut ajuster ses humeurs, ses appréciations, avec son index qui pince le lobe de l'autre.

« Smartass. Such a smart-baby-ass. My name is Tullio and I'm soooo fuuuunny. There's no way I'll apologize again to such a petty brat. You're a brat, brat. »

Il rit. Il éternue ses rires, ça crépite entre ses lèvres, et ses doigts glissent sur l'oreille, tombent sur la jugulaire : il rit, avec ses phalanges qui glissent jusqu'aux clavicules de l'autre. Brat. Brat. Ses rires se taisent, se transforment en sourire, et pendant un instant, pendant un instant très léger, très fragile, il considère Tullio avec une tendresse amusée, avec un énervement doux, avec ses doigts qui caressent, presque. Il retire la main, écarte son bras. Il n'a rien fait, il n'a rien fait, ses lèvres sont encore étirées, et le mouvement, le contact n'a pas duré assez longtemps pour être suffisamment significatif. À ses yeux. Vraiment. Ce n'était rien.
Et puis, c'est au tour de Tullio de l'attraper, de toutes façons.

"There's no way I'm not sharing with you. We're here to have fun so no talking about sad things and no museums. Also, don't you dare to apologize one more time because I'm fine! Unless you plan on starving me that is. I really need breakfast."

Marian a haussé un sourcil courroucé vers lui, et sa main vient s'éclater contre le torse de Tullio, avec une vigueur presque cruelle.

« What kind of monkey are you ? Museeum are awesome. You deepcake. »

Il lui marmonne, dans un semblant de non-sourire, qu'il va lui payer à manger. There's no way you're missing your first parade. Ils ferment la porte derrière eux, et Marian ne se dégage pas. Il ne se dégage pas.

(…)

Il l'a attrapé par le poignet en l'entrainant vers un stand de hot-dog. C'est gras, c'est laid, ça pue le bacon, c'est absolument parfait. Les billets s'échangent de main, le vendeur leur souhaite une bonne journée, et Marian essaie, depuis trente seconde, d'enfoncer le sandwich dans l'orifice buccal de Tullio.

« Look, dear, it's perfect for the occasion. It's phallic, ok ? You. Eat. That. »

Il lui enfonce, avec le ketchup et la moutarde et la graisse qui lui coulent et lui poissent sur les doigts. Il lui enfonce, en se mordant les lèvres, en riant trop fort.

« EAT. IT. UP. »

On bouge, on crie, on rit, les couleurs flamboient, et Marian est cet oiseau sombre, -un cockatiel noir-, qui roucoule de satisfaction en badigeonnant les lèvres de Tullio de graisse. La saucisse, large et brunie par la cuisson, lui glisse entre les doigts, contre la paume, et il essaie, avec la main entière, de la faire entrer dans la bouche de Tullio. Ça le fait rire, beaucoup trop.

« If you don't, I'll take you to the museeum. »

Des musiques résonnent à chaque coin de rue, et un homme, en passant près d'eux, sourit à Tullio, sourit à Marian, se voit imité par son partenaire. Les doigts de Marian luisent, et sous le soleil, sous la cuisance d'une journée déjà trop chaude, il enfonce à son tour le hot-dog dans sa bouche.

« Tell me if you want more. ... Whatever it is.

Clin d'oeil, clin d'oeil, et Marian qui continue de sourire, trop fort.
Il n'a même pas encore fumé.



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Lun 6 Avr - 16:30

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Marian le tient par le poignet et l'entraîne jusqu'à un stand de hot-dog, soit ce qui ressemble le moins à un petit déjeuner dans l'esprit de Tullio. Pourtant il se laisse faire, et il attend sagement que son collègue paie. Il faudra, d'ailleurs, qu'il lui paie le déjeuner. Ou des coups, ce soir. Les deux, peut-être?

Il n'avait, en revanche, pas prévu que Marian tente de le nourrir. La bouche barbouillée de gras, il rit, essaye de protester qu'il peut manger tout seul, jusqu'à ce que l'autre lui assène qu'un hotdog est phallique et que c'est parfait, lui faisant ouvrir la bouche en un réflexe malheureux.

Tullio se retrouve donc les joues cramoisies, à essayer sans succès de mordre dans son sandwich pour que Marian cesse d'essayer de l'enfoncer, parce que lui aussi rit beaucoup trop.

"Nof fhe muffeuuuuum!"

Proteste-t-il, la bouche encore trop pleine pour articuler convenablement, et il regrette instantanément cet élan de gaminerie quand deux hommes passent à côté d'eux et leur sourient. Entre ça et les nouvelles paroles de Marian, dont il ne sait pas quoi faire, il n'est pas sûr de réussir à retrouver une couleur normale prochainement.

"I've had enough food until lunch, I think so… when you're done we can see more of the city?" Commence Tullio, avant de poursuivre plus timidement, "Then later we can have more drinks. Maybe talk a bit more? I mean… not about…I don't know you that well and I… I'd like to change that? If it's ok with you?"

Peut-être… peut-être que s'il apprenait à connaître un peu mieux ce Marian-là il aurait moins l'impression de se trouver face à un mur oscillant entre vaguement neutre et vaguement moqueur quand ils sont à l'Aquarium.
Ou peut-être qu'il devrait se contenter de savoir qu'il y avait autre chose sous la façade qu'il présentait à tout le monde.

Il avait vraiment l'impression qu'il y avait deux Marian, et que celui qu'il avait en face n'était pas le sien.

"So. Is there anything I need to know so I can avoid embarrassing you and myself? I'm red enough already."

Plaisante-t-il aussitôt, parce qu'il n'a pas envie de rester sur un échec si son collègue décide de l'envoyer bouler. Il ne sait pas vraiment à quel point il plaisantait, tout à l'heure, quand il le traitait de smartass et de brat. Ne sait pas à quel point il lui fait pitié. La seule chose dont il est sûr, au fond, c'est que Marian le trouve niais, et la pensée fait s'affaisser un peu ses épaules.

"What's your plan?"

Tullio continue de sourire, parce que faire semblant c'est toujours plus facile que d'admettre que peut-être, peut-être ça ne va pas si bien que ça.
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