- Bon alors, t’es bientôt à bord ? J’entends plus rien là ! Dis-moi merde, je m’ennuie.

- Merde.

Ok bien joué, celle-là je l’ai pas volé. Mais il est chiant quand même, il se rend pas compte combien c’est relou d’être là à juste écouter ce qu’il se passe ! Vraiment, on aurait tellement pu faire autrement, comme me connecter seulement quand les choses sur le yacht tourneraient du côté russe de la force. Mais non, faut que j’reste alerte et que je me tape des heures d’écoute pour rien avec un mec tout coincé et grincheux qui me cause que pour être désagréable. Je comprends pas pourquoi il est aussi grognon sans déconner, après tout il a réussi à être invité en méga VIP sur le yacht de Yuri Ivanov. YURI IVANOV BORDEL !! J’ai fréquenté des mecs qui ont eu la chance d’aller à une de ses soirées : on est plus le même après tellement c’est fantastique et démesuré et tu t’en prends tellement dans la tronche que tu oublies jusqu’au nom de ta mère et sur quelle planète tu vis. Tellement ce qu’il me faudrait… Et puis si tu te fais un peu remarquer, genre meilleure pipe of the world, ben tu restes dans sa mémoire et là, ta vie change forever : tu te vautres littéralement dans le luxe tellement qu’il a de fric et qu’il ne sait plus quoi en foutre. Sérieux, c’est bien la première fois que j’aimerai être à la place d’un de ces chevaliers de mes deux : pas sûr que je réussisse la mission, mais le pieds que je prendrai serait vraiment ultime ! Et mon avenir assuré.

La vie est mal faite.

Ah, ça y est, il monte.

- Allez, décoince toi, t’es sensé être un habitué à ce genre de luxe qui dégouline outrageusement alors fais un effort merde. Voilà… Voilà comme ça. (…) Putain j’entends que ça rigole dans le fond. Ils sont combien à bord ? Fépatapute raconte !

Je l’entends échanger quelques banalités avec son hôte puis, subtilement au détour d’une phrase qui ne m’est pas adressée, il me fait comprendre qu’il y a une demie-douzaine de jeunes femmes et hommes qui s’éclatent dans la piscine qui se trouve sur le pont du navire. JA-LOU-SIE.

Ça y est ça bavasse sévère… J’comprends franchement pas tout, ça va trop vite et les gloussements en fond sonore me perturbent. J’imagine les corps d’Apollon desquels s’échappent ces douces vocalises, dégoulinants d’eau et de sueur, s’envoyant un ballon de plage, mouvement qui les oblige évidemment à bander leurs muscles si bien dessinés, comme gravés dans le marbre le plus dur. Oh putain c’que j’aimerai voir ce spectacle… Je mériterais tellement d’y être ! Je serai allongé sur un transat, cocktail dans une main tandis que je ferai se balader l’autre dans les airs pour mimer les caresses que je ferais avec plaisir sur la totalité de leur corps, en insistant particulièrement sur des parties bien précises de leur anatomie situées entre le ventre et les jambes… Quoi ? Ce qu’ils se disent ? Bah non désolé j’ai perdu le fil là ! Ouais ouais, désolé de pas savoir rester concentré plus de quelques minutes, je sais que je suis pas aussi doué que Q mais faut avouer aussi que lui il est grave coincé du cul, justement, alors des distractions de ce type ça le laisserait tout mou tu vois ! Quoi ? Oui bon ok je me concentre. Ça va hein, y’a pas mort d’homme là ! Enfin pas encore.

Ils font le tour du propriétaire. Ça fait plus que rêver. L’autre s’en sort mieux maintenant. Il parvient même à me décrire les choses plutôt habilement. J’aurai préféré qu’il me décrive en détail et de manière prolongé les éphèbes du pont mais bon, lui il est pro, lui il sait rester focus et sans que son slip se mette à trembler au moindre joli cœur qui passe.

Breeeeef, ça va encore être très long je le sens. Paix à mon âme.