Chasser les étoiles pour pouvoir aimer librement.

Dim 29 Aoû - 18:29

La lumière des Perséides se reflétaient dans ses yeux bleus
Ses yeux, un ciel triste en permanence
Accueillaient les astres, les bras ouverts.

C’était une nuit magique. Le ciel dévoilait ses plus beaux atouts et la lune se cachait pour laisser le spectacle des étoiles filantes éclairer le bleu infini de l’éther nocturne. C’était un beau pour les yeux, oui, mais c’était aussi l’occasion d’attraper des étoiles au vol. Ces astres représentaient une grande source d’énergie pour les sorcières comme Jihoon. Ce dernier se préparait à sa première guerre alimentée par la vengeance et il avait besoin de toute la force magique possible pour rendre la mort de son Soleil moins vaine.

Mais il avait aussi une autre intention, tout à fait louable. Elle se résumait en un prénom : Adiran. Enfin, "l'ami" de celui-ci. La sorcière voulait trouver un remède à sa malédiction qui l’empêchait de toucher l’être aimé. En effet, le jeune coréen était plus qu’empathique à sa situation, lui-même étant un grand romantique… Mais peut-être que cette quête était aussi motivée par ses motifs personnels, car il se doutait bien qu'il n'avait pas d'ami touché par cette malédiction et qu'on parlait surtout d'Adiran, vu sa froideur envers lui.

Il se sentait lié à lui, profondément, et il n’avait jamais osé le toucher, bien que ceci soit peut-être arrivé quelques fois par accident. Un frôlement de doigts quand on échangeait un objet. Il voulait ultimement pouvoir prendre l’Irlandais dans ses bras sans lui faire du mal. Une part de lui se sentait mal de cultiver ce désir qui emplissait son ventre, alors qu’il aimerait toujours sa bienaimée décédée, qu’il peignait tous les jours de son existence par peur d’oublier son visage.

Avait-il le droit d’aimer encore, dans cette vie interminable? S’il aimait encore, allait-il ultimement perdre l’être cher une deuxième fois ? Était-ce ça, sa malédiction personnelle ?!

C’était donc dans l’objectif de toucher les étoiles que Jihoon se rendit dans la Frise, ce lieu éloigné de tout contact de la pollution lumineuse. Le réseau se joignait mal ici, mais il avait bel et bien donné rendez-vous au destinataire de sa quête avant de quitter son atelier. Tels un ange ou une illusion quelconque, Jihoon était vêtu tout en blanc : un pantalon propre et droit, une veste d’hanbok moderne à motifs satinés et une chemise à manches courtes. Seule une petite sacoche artisanale de cuir colorait sa tenue. Celle-ci contenait le nécessaire pour accomplir cette mission. À l’intérieur, on pouvait trouver plusieurs cristaux enchantés avec des forces d’attraction qui feraient venir les étoiles plus facilement à eux.

En attendant son… rendez-vous (?), Jihoon avait remonté son pantalon et ses manches pour plonger les pieds et les mains dans un marais. Peut-être était-ce dégoûtant et un peu ironique de voir un être si angélique plonger dans un lieu si sale, mais il voulait simplement trouver des roches ou des cristaux. À la place, il ne trouva que des grenouilles et un lotus, qu’il cueillit délicatement pour l’offrir à Adiran. Le lotus, symbole de pureté et d'un nouveau départ.

Presque bredouille, il sortit du marais et s’assit tout près pour sécher ses pieds et le bas de ses jambes, les yeux vers le ciel pour admirer le spectacle offert par les astres. Distrait, il ne remarqua pas l’ombre de celui qu’il attendait l’approcher.

Lun 25 Oct - 17:20

Dans mon coeur, les Ténèbres.
Dans les Ténèbres, une lumière.
Dans cette lumière, tes prunelles.

Revêtant son masque de froideur, Adiran devait se rendre sous le ciel dégagé, dans une quête improbable pour certains, poétique pour d’autres. Attraper des étoiles, ça ne se faisait pas tous les jours, après tout. C’était aussi beau que difficile. Et c’était une activité particulière, aussi. Mandaté par l’Ordre il y avait de cela quelques temps pour protéger quelqu’un lors de son travail, il s’était avéré qu’il était une sorcière et qu’il pouvait potentiellement l’aider avec sa malédiction.

Enfin… Aider “un ami”, plutôt.

Il ne pouvait pas avouer ainsi qu’il était victime d’une malédiction. Hors de question. Il ne l’avait jamais dit. Enfin si ; à Klaus. Parce que c’était une vraie tête de con. Et qu’il était exécrable. Et qu’ils passaient beaucoup de temps ensemble pour le travail. Et qu’il était le seul à vraiment connaître son problème. Et qui le taquinait avec. Mais bordel, ce qu’il était irrespectueux comme bonhomme.

Le ténébreux s’arrêta, en haut d’une colline, observant le ciel nocturne, l’air triste. Il devait retrouver Jihoon quelque part par ici, et il y était allé déchiré par ce qu’il ressentait. D’une part, il appréciait la compagnie du jeune homme. Mais d’autre part, il savait ce que cela signifiait. Et tel le poète maudit qu’il était, il ne pouvait pas toucher, effleurer, l’être qui l’intéressait, qui lui plaisait. Qui l’attirait. Qu’il voulait.

Soupirant, son regard froid balaya la petite vallée, et trouva en contre-bas, près de l’eau, une silhouette blanche. Lumière dans les ténèbres, il reconnut la sorcière. Mais aussi dangereuse que son soleil, Adiran ne pouvait que le contempler, en priant pour ne pas être attiré trop près de lui - auquel cas il risquait de sévères brûlures.

Tout contrastait. Son air lumineux, ses vêtements blancs, sa détermination. Adiran était tout de noir vêtu, comme souvent, arborait un air sombre et fermé, et avait abandonné si longtemps qu’il ne mettait pas trop d’espoir dans cette petite possibilité. Il ne faudrait pas déchanter. Parce que la chute pouvait être terrible.

Ou fatale.

Après un soupir, le chevalier noir descendit de la colline jusqu’à trouver la silhouette assise de la sorcière près de l’eau. Arrivant discrètement derrière lui, d’humeur un peu taquine, le ténébreux se rendit compte que Jihoon ne l’avait pas remarqué. A pas de loups, il s’arrêta derrière lui et se pencha proche de son oreille, pour souffler de sa voix modulée :

« Ce n’est pas parce que tu vois leur reflet que tu vas pouvoir pêcher une étoile. »

Lun 25 Oct - 20:36

Intouchable, tu flottes
Reine d’eau sale
Beauté contrastante
Miracle de la nature

Dans la nuit, un murmure se glissa au creux de son oreille. Murmure qui lui tira un long frisson. Cette voix. Cet accent exquis.

Sous l’effet de surprise, Jihoon sursauta vivement et lâcha un petit cri aiguë. Sans s’en rendre compte, il écrasa la délicate fleur entre ses doigts tatoués de runes.

Les joues rouges de honte, la sorcière se retourna vivement pour retrouver son chevalier servant, un spectre qui s’était faufilé dans sa nuit étoilée. Quelques pétales du lotus tombèrent de ses mains, avant d’être portées par le vent.

-Adiran ! protesta-t-il.

Jihoon se leva avec la délicatesse d’un pétale de fleur qui s’ouvrait pour mieux embrasser la lumière et lui tendit les restes du lotus malmené, mais ceux-ci furent amenés plus loin par le vent, avant d’aller mourir dans leur lieu de naissance.

-C’était pour toi, dit-il tristement en regardant au loin, avant de reporter son attention sur l’intouchable.

Entre eux, il y avait toujours cette distance infranchissable et détestable. La froideur d’Adiran créait un mur entre eux. Mais Jihoon savait. Il comprenait. Le mensonge de l’ami qui avait une malédiction ne faisait qu’expliquer cette distance, qu’il ne voulait que franchir pour se jeter dans les bras de son chevalier servant.

Le coréen se pencha vers le marais pour cueillir un nouveau lotus, en profitant pour admirer les étoiles qui se reflétait dans l’eau verdâtre. La lumière de celles-ci créait un halo autour de son reflet angélique.

-Tu sais, si une étoile tombe dans le marais… je pourrai la pêcher. Alors ne dis pas n’importe quoi, dit-il avec un sourire taquin, tandis que ses doigts pêchaient habilement une nouvelle fleur.

Le corps de l’artiste, tel un aimant, retourna près de celui du poète avec une nouvelle offrande entre les doigts : un lotus tout neuf.

-Ce serait beau dans tes cheveux.

Le sourire que lui offrit Jihoon était enfantin, adorable. Depuis leur première rencontre, il rêvait de plonger ses doigts dans les boucles noires et lâches du bel Irlandais. Il rêvait aussi de les tirer tandis qu’il se fondait contre sa bouche. Mais ça, il ne lui dirait que pour l’embêter et épaissir cette tension palpable.

Lun 25 Oct - 21:30

Inlassablement tu cherches une étoile
Je t’observe et tu ne le sais pas ;
Mais mon étoile, c’est toi.

Son petit effet de surprise - recherché bien entendu - l’amusa grandement. Pourtant, il n’esquissa pas un sourire. Seul l’air joueur dans son regard laissait témoigner de sa plaisanterie. Mais entendre son prénom tomber ainsi des lèvres de la sorcière réveilla une envie terrible chez le ténébreux de l’entendre dans des circonstances toutes autres. Cette pensée, il la chassa au plus profond de son être. Il ne pouvait pas céder à ce genre de caprice, de toute manière, mais ce n’était pas faute de le vouloir…

Adiran haussa légèrement un sourcil comme si ce que Jihoon lui tendait était un objet totalement inconnu et qu’il ne savait pas quoi en faire. Mais les pétales s’envolèrent dans des virevoltes gracieuses et il se força à hausser les épaules d’un air nonchalant.

« Y’en a plein d’autres, tu sais. Ton petit cri en valait largement la chandelle, » répliqua-t-il d’un ton détaché.

Mais Jihoon était déjà reparti à la pêche. Et le regard d’Adiran observait celles de la sorcière, qui semblait faire exprès de les agiter devant les yeux du ténébreux, qui serrait les dents tandis qu’il restait parfaitement calme, faisant un ou deux pas lentement vers le marais, observant ce que le jeune homme faisait, ses yeux remontant de ses courbes à son visage, découvrant un sourire taquin sur les lèvres de sa lumière.

« Mh, c’est vrai. Si elle tombe là. Quel pourcentage de chance il y a pour que ça arrive ? » demanda-t-il.

Sourcil haussé une nouvelle fois, les mains jointes dans le dos, il avait toujours cette expression neutre qu’il lui coûtait de garder. Il faisait tout son possible pour être le plus désagréable possible, le moins avenant possible, le plus distant possible. Il ne voulait pas qu’on s’attache à lui. Il ne voulait pas que des gens souffrent par sa faute. Il ne voulait pas décevoir davantage de gens.

Mais il mourait de la solitude.

Adiran était un animal sociable, un animal qui avait besoin de contact physique. Amicaux. Amoureux. Dix ans qu’il n’était pas heureux. Dix ans qu’il avait l’impression d’être un zombie. Qu’on lui avait pris son âme. Et lorsqu’il ouvrait les yeux, il se demandait encore quel était son but. S’il en avait un. S’il y avait une réelle utilité à vivre ainsi, quand on était un amoureux de l’humain.

Le regard du ténébreux se porta sur les fleurs posées sur l’eau. Le lotus, symbole de pureté, d’accomplissement personnel. Symbole de dévotion, aussi. Adiran jalousait cette fleur, sans vraiment savoir pourquoi. Le poète maudit qu’il pensait qu’il ne méritait pas une telle fleur, un tel symbole. Que s’il attrapait une telle merveille, elle fânerait dans les secondes. Il les observait, le coeur lourd, en ne pouvant s’empêcher d’associer ce symbole à la Sorcière qui l’aidait.

Et quand il revint avec une nouvelle fleur, magnifique, encore mouillée, Adiran dut puiser dans ses forces et dans sa détermination pour empêcher les muscles de son visage de trop se contracter. Quand il aurait aimé laisser libre court à ses émotions, rire joyeusement, ce n’est qu’un sourire poli qui s’installa sur son visage. Quand il aurait voulu prendre Jihoon dans ses bras, contre lui, l’embrasser, il se contenta de tendre la main à plat pour qu’il y dépose la plante.

« Il ne fallait pas. Je veux bien le faire, mais c’est parce que tu m’aides. »

Il avait prononcé ces mots d’une voix presque lasse. Mais son regard s’ancra dans celui de la Sorcière. Et les yeux ne mentent pas.

Il n’avait en outre pas le coeur à broyer la fleur ou à la redéposer dans l’eau, comme il l’aurait fait en temps normal pour éviter que l’on s’accroche. Sous prétexte de le faire pour faire plaisir à Jihoon, il glissa la fleur pour la coincer dans ses cheveux ondulés, au-dessus de son oreille. Mais c’était son coeur de glace qui se réchauffait dangereusement.

Mar 26 Oct - 19:13

Y a-t-il un prix à gagner dans tout ça;
Outre une blessure béante au cœur ?

Est-ce qu’il voulait prononcer son prénom jusqu’à perdre la voix ? Bien sûr. Est-ce qu’il avait toutefois un peu de retenue ? Bien sûr. Mais si cette malédiction n’était jamais tombée sur le ténébreux chevalier, le coréen ne ferait que dire son nom au quotidien. Chaque jour. Sans avoir peur de le blesser.

Malgré le ton détaché d’Adiran, Jihoon pouvait sentir une étincelle d’amusement. Il donnerait tout pour entendre son rire une seule fois, voir sa gorge se déployer tandis qu’un son plus enjoué sortirait de sa bouche.

-Tu veux m’entendre crier ton nom régulièrement ? Ça peut s’arranger, lança-t-il avec une pointe de malice dans son regard noir.

Quand une personne plaisait à l’artiste, ce dernier se mettait à flirter comme il respirait. D’ailleurs, en se penchant pour cueillir un nouveau lotus, il déployait ses atouts comme un paon qui fait une danse gracieuse pour attirer un partenaire. Il aimait l’amour. Il aimait draguer, se sentir apprécier.

-Vu l’étendue du paysage… environ 20%, mais j’ai un petit sort qui pourra nous aider. Si c’est ce que l’on souhaite. Qu’en penses-tu ?

À vrai dire, c’était la première fois qu’il tentait de chasser des étoiles, mais pour Adiran… il trouverait les moyens de les décrocher directement du ciel. Il plongerait dans la nuit et glisserait une étoile dans sa poche pour le guérir.

Le coréen prit un instant de cette soirée spéciale pour observer Adiran. Par son langage corporel, on pouvait observer une nonchalance forcée, un masque constant qui guidait chaque action. Que ce devait être épuisant, faire semblant, surtout en ayant conscience d’une attirance. Jihoon, au contraire, était un livre ouvert. Facilement, on pouvait déchiffrer ses émotions.

Jihoon aussi jalousait le lotus qu’il tenait entre ses mains. Il jalousait cette pureté, qu’il semblait avoir perdue depuis que son Soleil s’éteint éteint sous l’ombre des Chasseurs de sorcières. Pour des raisons différentes, les deux hommes semblaient à la fois rapprochés et éloignés par cette fleur qui ne faisait que devenir un symbole de leurs blessures respectives.

Sa Noirceur souriait, poliment, toujours comme un majordome en poste qui répondait aux ordres. Le coréen n’était qu’agacé en voyant ce manque de sincérité. Il voulait voir les pommettes de son visage carré se creuser, des rides se former aux commissures de ses lèvres invitante sous un sourire sincère. Mais il devait se contenter de ce sourire poli et distant.

La Lumière déposa la fleur entre les mains pâles de sa Noirceur, en faisant bien attention de ne pas le toucher.

-Parce que je t’aide ? Tu veux dire parce que j’aide ton « ami » ? demanda-t-il en mettant bien l’accent sur le mot « ami », pour lui montrer qu’il voyait clair dans son jeu. Après tout, il était difficile de mentir à une sorcière qui avait une bonne intuition.

Puis, contre toute attente, le rose de la fleur vint contraster avec les cheveux noirs de l’Irlandais. L’air taquin de Jihoon fut remplacé par un grand sourire et par des joues légèrement rougies. Adiran était beau : son grand corps d’Apollon lui donnait chaud, sa belle tête était princière et ses yeux… que dire de ses yeux bleus qui le fixaient à cet instant avec douceur et attention. Il avait déjà remarqué toutes ces qualités, évidemment, mais sa beauté était exacerbée par la délicatesse de son offrande.

Le peintre brisa ce contact visuel en premier, car il ne savait qu’il ne pouvait passer à l’action, pas tant que cette malédiction s’accrochait au dos du chevalier… d’où la raison de leur visite en ces lieux.

-Tu es bien mignon et je pourrais t’admirer toute la nuit, mais passons aux choses sérieuses.

L’ange vêtu d’un hanbok blanc se pencha pour fouiller dans sa sacoche de cuir, avant de sortir plusieurs cristaux qui piquaient les doigts avec les vibrations qu’ils émettaient.

-Prends la moitié des pierres, elles te permettront d’attirer des étoiles vers toi. Elles ont été enchantées avec un sort d’attraction. Je reste près du marais, toi, va plus loin. Le premier qui attrape une étoile…gagne ?

Y avait-il vraiment un prix à gagner dans cette danse blessante et sans fin?

Jeu 28 Oct - 21:13

Mon plus grand bonheur est mon plus grand malheur :
D’une fleur, tu as touché mon coeur.

Adiran ne perdait pas le Nord. Garder son coeur sous scellé n’était pas chose évidente face à la Sorcière qui cherchait visiblement à l’ensorceler. Et le ténébreux peinait à lui résister. Parce que Jihoon n’hésitait pas à lui tendre des perches immenses que le chevalier s’efforçait de ne pas prendre.

Enfin peut-être du bout des doigts.

« Il suffit que je te surprenne comme ça tous les jours, » répondit-il en haussant les épaules de son air nonchalant et détaché.

Evidemment qu’il aurait voulu lui répondre avec un air semblable au sien, plein de sous-entendus, ou même très clairement qu’il aurait voulu le couvrir de baisers, le faire crier, l’entendre gémir, le voir onduler sous ses mains.

Mais il doutait même d’être capable de ça, à présent. Était-il encore capable de faire brûler de désir quelqu’un sous ses caresses ? Voilà des années qu’il ne l’avait pas expérimenté, et il n’était même pas certain de savoir encore comment toucher quelqu’un, comme faire languir son partenaire. Et ça avait quelque chose d’angoissant tant il voulait satisfaire son amant. C’était stupide, mais c’était comme ça qu’il avait toujours pensé. Et si il n’avait jamais vraiment eu de doute sur ses mains, il craignait que le manque de pratique, le fait d’être presque devenu un ermite socialement, sans jamais avoir de réel contact physique, allait l’handicaper.

« 20 ? Honnêtement je m’attendais à moins, alors évidemment que ça me va. Et que c’est ce que je veux. »

Il était un peu étonné, mais après tout c’était une pluie d’étoiles filantes. Ils allaient bien réussir à en attraper une… Autrement, il irait en acheter une. Il était certain que d’autres en revendraient. Cher, sans doute. Mais tant pis ; il mettrait le prix. Parce qu’il n’était pas certain d’être capable de continuer de vivre dans des conditions pareilles. Enfin capable, si. Preuve en était qu’il était dans cet état depuis dix ans déjà. Mais est-ce qu’il le voulait ?

Voilà que sa Lumière n’avait pas hésité à retourner tremper ses pieds pour attraper une fleur qu’il avait donné à Adiran. Délicatement, les doigts agiles du ténébreux installèrent la plante dans ses cheveux de jais et la remarque de son Soleil le fit rouler des yeux d’un air peu concerné, ignorant l’accent sur le dernier mot.

« Bah tu m’aides à l’aider, non ? C’est la même chose. Il m’a demandé de l’aide, et je t’ai demandé de l’aide. Donc tu l’aides indirectement, mais tu m’aides moi. »

Pirouette, réception, salut du jury. Avec la souplesse d’un chat, il retombait sur ses pattes. Pourquoi perdre son temps alors qu’il était fort probable que Jihoon ait découvert la supercherie ? Parce que Adiran avait peur. Peur que ses sentiments posent des problèmes - parce qu’il savait que c’était le cas. A cause d’eux, il ne pouvait qu’observer sa Lumière, sans la toucher au risque de sombrer. Alors il restait dans l’ombre, protégé, à la contempler comme une merveille intouchable.

Finalement, Jihoon retourna vers sa sacoche. Adiran s’approcha un peu, curieux, et laissa un léger sourire s’installer sur ses lèvres le temps que la Sorcière avait le dos tourné en réponse à son compliment. Il ne pouvait pas lui répondre qu’il aurait voulu écrire à son sujet toute la nuit, mais il n’en pensait pas moins. Son visage reprit son air neutre tandis qu’il expliquait son plan, et le ténébreux hocha simplement la tête, contournant le jeune homme pour se pencher à son tour et fouiller dans la sacoche pour en tirer d’autres cristaux.

Il fronça un peu les sourcils en sentant la sensation que ceux-ci procuraient et releva son regard vers Jihoon.

« C’est très bizarre comme sensation, » commenta-t-il.

Sa dernière remarque faillit bien tirer un sourire au ténébreux, mais il le contra tellement que sa mine, au contraire, s’assombrit légèrement.

« Je n’ai rien à t’offrir, alors j’espère que je gagnerai. »

Ven 29 Oct - 19:18

L’attente est mortelle
Mais moi, j’aurai toute ma vie pour t’attendre.

Adiran ne prit par la perche que Jihoon lui tendait désespérément. Bien que déçu, il n’allait pas abandonner. Il avait déjà vu l’étincelle qui faisait parfois briller ses yeux de glace lorsqu’il le regardait. Cette étincelle, il voulait la faire briller et l’attraper comme une étoile, la garder contre son cœur qui se réchauffait peu à peu. Il ne commenta pas plus la situation et se concentra sur la mission qui les réunissait ici, en cette nuit spéciale.

Le manque de pratique, le coréen connaissait. Après avoir perdu Sun, le peintre s’était refermé sur lui-même et était resté seul pendant des années. Mais rien ne s’oubliait, après avoir pratiqué ce sport charnel tant de fois auparavant. Peu à peu, la fleur qu’était Jihoon s’ouvrait et laissait accueillir quelques abeilles passagères. Surtout des hommes.

Sa Noirceur se justifia en long et en large, ce qui fit sourire légèrement Jihoon. Ça ne faisait que confirmer ce qu’il croyait.

-Oui, d’accord, dit-il simplement pour conclure la conversation, d’un air suffisant.

L’air confus sur le visage face à la sensation de picotement des pierres fit rire doucement le coréen, habitué à cette sensation. Entouré de cristaux en permanence, c’est comme si tout vibrait autour de lui.

-Aussi… quand tu sens que quelqu’un est magique, l’air goûte bizarre autour d’eux.

Ses yeux déjà en amande semblèrent rapetisser encore plus sous son sourire qui s’agrandissait. Quand il avait rencontré Alea et Tullio, il avait senti que l’air était différent autour d’eux. Puis il y avait Adiran… qui pourrait faire faner les fleurs avec son aura sombre de malédiction, mais ça, il ne lui dit pas.

-Ta présence me suffit comme prix, dit-il avec douceur.

À contre coeur, il laissa Adiran s’éloigner. Au ciel, les étoiles s’activaient dans une danse ensorcelante qui se reflétait dans les yeux noirs du coréen. Ce dernier répartit des pierres d’attraction autour du marais et s’assit en face pour attendre, jetant parfois des regards vers sa Noirceur, qui était aussi dans l’attente.

C’était comme s’ils étaient toujours condamnés à cette action. Attendre.
Attendre que la malédiction parte. Attendre pour enfin se toucher. Attendre pour enfin s’embrasser. Attendre pour exprimer les émotions qu’ils retenaient depuis un moment déjà.

Sa Noirceur s’était mis plus confortable : il avait retiré la veste de son costume sombre et il avait relevé ses manches, signe qu’il se mettait au travail. Jihoon admira la forme agréable de ses bras forts et se dit qu’il y dormirait bien, en oubliant presque les étoiles.

Mais un éclaboussement sonore attira son attention. Avec un peu de chance et de magie, une étoile était tombée dans le marais.

-Adiran, je crois qu’une étoile est tombée! s'exclama-t-il en lui faisant de grands signes.

Jihoon se pencha vers le marais pour vérifier. Effectivement, à travers l’eau sale, on pouvait voir une faible brillance. Bien que le peintre n’avait pas particulièrement envie de se salir, il n’y avait pas d’autre moyen.

-Ne regarde pas, dit-il avec un petit sourire taquin.

Avec empressement, il retira ses vêtements blancs, qu’il plia et déposa soigneusement sur sa sacoche. Il ne lui restait plus qu’un sous-vêtement, aussi blanc. Il ne voulait pas gâcher ses vêtements, qui seraient impossibles à laver, selon lui. Puis, son corps disparut dans le marais. Bientôt, on ne vit que la forme de ses épaules légèrement musclées lorsqu’il se pencha pour tenter de pêcher l’étoile.

★Plonger dans le marais pour repêcher une étoile tout juste tombée là ★

Sam 30 Oct - 19:41

Dans la noirceur profonde, il y a comme une lueur qui s'enfuit.

Vous avez plongé dans le marais pour tenter de repêcher une étoile tout juste tombée là :

L'étincelle s'enfonce dans l'abyme, s'étiole dans la vase jusqu'à disparaitre, il vous semble, juste sous vos doigts.

En tant que sorcière, vous sentez la petite graine magique s'implanter dans la terre et se diffuser dans celle-ci, tout autour de vous, dans l'eau, dans la terre et dans chaque brin d'herbe qui soudainement semblent vibrer avec un peu plus de vitalité qu'avant.