Ollie avala sa dernière gorgée de café et réfléchi aux non-dits qui pointaient dans la suspension silencieuse de son amie. Elle semblait penser que son homonyme – la pensée qu’elles s’appelaient toutes les deux Olivia la perturbait et la perturberait probablement toujours – s’était servie de la copie et avait ensuite démantelé l’objet pour en dissimuler les pièces. Mais si le chronomètre permettait d’influer sur le temps et qu’elle l’avait utilisé, quelles étaient les implications de son expérimentation ? Les possibilités lui donnaient le vertige au point que sa tête lui donnait l’impression de tourner.
Elle nota le rire discret qui s’empara quelques instants de son amie, comme elle détaillait la moindre de ses réactions depuis qu’elle avait découvert l’artéfact dans les archives. Elle remarqua également l’intonation calme qu’elle employa pour définir sa stratégie à venir, comme si elle comparait l’ascension de l’Everest et une randonnée de cinq kilomètres. Après tout, ce n’était qu’une simple petite balade de santé, non ? Simple comme bonjour, il suffisait de. Olivia savait parfaitement que rien ne serait aussi aisé dans cette histoire, et qu’elle risquait de se retrouver avec la petite sur les bras quelques temps. Cette perspective ne la dérangeait pas tant que ça, elle adorait Viviann.
Suivant le fil de sa pensée, elle se leva et alla se poster dans l’encadrement de la chambre de la fillette, l’observant jouer avec son mobile tout en gazouillant de curiosité et de joie. Elle était à croquer, c’était une certitude. Après lui avoir adressé l’une ou l’autre grimaces destinées à la faire rire, elle retourna dans le salon et considéra Toria quelques instants. La jeune femme semblait avoir retrouvé calme et maîtrise de soi, et la médecin qu’elle était ne voyait plus de scrupules à la laisser seule. Elle attrapa son sac et se tourna vers elle :
- Je vais y aller, j’ai de la paperasse à faire pour le cabinet. Si tu as le moindre soucis, tu m’appelles, d’accord ?
Elle lui adressa un dernier sourire, consciente qu’elle déclinerait probablement sa proposition, et quitta l’appartement plus sereine que lorsqu’elle avait quitté la bibliothèque.