J’aurais jamais pensé que ma vie serait un remake du premier épisode des X-Files.
Ironique. Considérant que j’ai toujours apprécié Dana Scully pour sa grande logique et son esprit analytique. C’est même elle qui, quelques années auparavant, avait confirmé mon choix de devenir un agent spécial du FBI. Un vrai modèle; une personne à qui je pouvais m’identifier sans problème de par son caractère.
De me retrouver dans sa situation, par exemple, était une tout autre histoire, surtout lorsque je posai finalement mes yeux sur mon
nouveau partenaire.Lance Jonathan Croft. Trente-deux années, huit ans d’expérience sur le terrain. Majeure en criminologie à l’Université, mineure en langues. Très bon agent, si l’on considère qu’il a beaucoup de missions à son actif et beaucoup de cas résolus – il a d’ailleurs une tendance phénoménale à discerner des détails auxquels personne n’aurait pensé, qui souvent, a aidé à résoudre des cas. Ses manières de faire suivent les balises du FBI, malgré que ses rapports contiennent parfois des éléments qui pourraient être considérés comme inutiles.
Il avait aussi travaillé sur plusieurs projets et plusieurs cas qui demeuraient non résolus. Beaucoup d’agents du Bureau plaisantaient, affirmant qu’il attribuait les causes de ces enquêtes à des entités
féériques. Connu, de ce fait, sous plusieurs sobriquets toujours plus idiots les uns que les autres et ayant la réputation insolite de croire en tout ce qui est paranormal, et ce, depuis sa tendre enfance, son bureau est rempli d’accessoires tous plus étranges les uns que les autres : je soupçonne qu’il se les est procurés dans une des boutiques occultes qu’abrite Washington après avoir étudié leur fonction sur des sites Web plus ou moins crédibles.
Je m’étais dirigée vers ce qui allait devenir mon nouveau bureau d’un pas résolu, bien résignée à l’idée de devoir travailler avec lui. J’avais toujours mieux fonctionné seule, malgré le fait qu’en tant qu’agent spécial, il était toujours mieux d’avoir un partenaire. Pour les investigations plus complexes, j’étais souvent accompagnée, mais, pour le reste…
Il fallait dire que malgré que je puisse m’adapter à du travail d’équipe, j’avais tendance à prendre beaucoup de responsabilités, jugeant que ceux m’accompagnant n’avaient pas les capacités afin d’arriver à un résultat
acceptable.Bureau 304. Au moins, il n’était pas au sous-sol dans les archives. Il n’était pas encore tombé si bas que je devrai, comme Scully l’aurait fait des années auparavant, discréditer un projet d’enquêtes non résolues pour des raisons inexplicables. L’agent Croft n’avait malheureusement pas la belle gueule de Fox Mulder. Je frissonnai à la pensée que, comme Scully, je pourrai un jour finir avec lui.
J’entrai sans cogner, considérant que l’endroit m’appartenait aussi, dorénavant. Erreur. J’eus l’horrible impression d’entrer dans un autre monde tellement l’atmosphère de ce bureau m’étouffait : les artéfacts sur son bureau, les images de fées et de créatures étranges sur les murs… D’entendre parler de l’agent Croft, de le croiser dans les corridors et de le voir en personne dans son
habitat naturel étaient deux choses très, très différentes.
▬ Ah! Voilà enfin ma nouvelle partenaire!Son ton était trop joyeux. Je tressaillis à cette trop grande familiarité, après avoir posé ma première boite sur le bureau libre. Je posai alors mes yeux sur lui. Son visage souriant montrait une grande confiance en lui-même, et, aussi, une certaine anticipation, à laquelle je ne répondis que par de simples plaisanteries, d’un visage neutre.
▬ En chair et en os. Parker. Enchantée, agent Croft.▬ Et ton prénom?▬ … N’a aucune importance pour l’instant. Parker suffira.Suivit mon commentaire un silence lourd. J’eus l’impression de l’avoir pris au dépourvu. Je détournai le regard un instant afin de positionner certains objets sur mon nouveau bureau – une photo de famille contenant mon frère, ma mère, mon père, Dipper (notre chat) et moi, la plaque contenant mon nom complet et un stylo qui m’avait suivi depuis mes premières années de service – avant qu’il ne reprenne finalement la parole.
▬ D’accord… Alors… Tu es ici depuis longtemps?J’aurais cru que, comme tout bon agent, il aurait fait une enquête sur la personne qui allait occuper une partie de son bureau afin de savoir à qui il avait affaire, mais il fallait croire que ce n’était pas le cas. À moins que ça ne soit juste moi qui m’en donne la peine. Il ne savait vraisemblablement pas à quel point j’en savais sur sa personne. Je restais donc un mystère non résolu pour lui –
de plus. Dommage.
▬ Six ans, environ. Dans le Bureau, plus précisément. Je suis cependant postée à Washington depuis deux ans.▬ Ah! Moi, ça fait…▬ Huit ans, oui, je sais.Strike two. Pris au dépourvu une nouvelle fois. Je devrais tenir un record. Il avait l’air facilement déconcerté.
▬ … Ah. Euh, d’accord.Je plaçai quelques livres sur la bibliothèque, déposant un classeur près du bureau, lequel contenait certains cas sur lesquels je devais encore travailler, puis ouvrit l’ordinateur. Je me retournai ensuite vers mon partenaire.
▬ Puis-je demander ce qui est arrivé à ton dernier partenaire?▬ Ah, lui? Mutation. À Little Rock. On ne m’a pas dit les raisons.▬ Bien sûr.J’aurais pu soupçonner une tonne d’histoires qui pourraient expliquer cette soudaine mutation, mais je m’abstins de faire quoi que ce soit. La vraie histoire sortirait probablement un jour; de plus, il n’était pas rare qu’un agent soit transféré du jour au lendemain selon les nécessités du Bureau. En ayant assez des introductions trop longues, je sautai dans le vif du sujet.
▬ Alors. On m’a dit que tu travaillais sur un cas particulièrement difficile……
Nous rentrâmes dans la salle où un médecin s’affairait à prendre les dernières notes sur un cadavre. Croft le salua, puis lui demanda accès à la morgue.
▬ Tu as dû entendre parler de Danielle Sullivan, la jeune fille qui a été retrouvée morte il y a six ans de cela?J’eus un moment de réflexion alors que nous accédions à celle-ci et que mon collègue ouvrit le tiroir, découvrant le corps d’un jeune garçon.
▬ Sullivan… Ah, oui. Ecchymoses avec empreintes digitales profondes non identifiables et toxine inconnue dans le sang. Plusieurs autres cas similaires dans les alentours de l’incident au cours des dernières années. Le cas avait été fermé, non?Il hocha la tête, un sourire énigmatique aux lèvres.
▬ Eh bien, un autre jeune homme… et il montra le cadavre d’un geste
… est mort dans les mêmes circonstances hier – encore une fois inexplicables. Le cas a été rouvert.Eh merde. Ce sourire ne disait rien de bon. Je portai mon attention sur le corps, retrouvant les mêmes éléments mentionnés sur ceux-ci.
▬ Il était difficile de donner un bon profil au meurtrier… de nouveaux indices seraient sortis depuis? Le corps de ce garçon révèle-t-il des éléments nouveaux?▬ Eh bien…Il sortit d’une filière un sac de preuves. Et ce qu’il me montra, à ce moment précis, dans ce sac…
Je pris le sac dans mes mains, l’analysant.
▬ Des cheveux? C’est une drôle de teinte…▬ Parce que ce ne sont pas des cheveux, Parker.Incrédule, je le regardai.
▬ Oh, tu ne peux pas être en train de suggérer que…▬ Précisément, Parker, des lavellans! Ces poils ont été retrouvés dans la plaie de la victime. Des lavellans qui auraient été importés… D’une manière ou d’une autre, il y a de cela six ans et qui se cacheraient dans les alentours…▬ Okay, Mulder, regardons les choses en face. Une créature aurait très bien pu sentir que ce jeune homme était mort et aurait été intéressé. Sentant les toxines, il aurait été rebuté, ne laissant que des poils derrière sans toucher la victime. L’incision a clairement été faite avec une arme tranchante qui aurait été ornée d’une toxine.Silence. Regards. Une grande confusion orna ses traits.
▬ … Qui est Mulder?...
Ah non.
Il ne
peut pas être sérieux, là.
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