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Ven 23 Oct - 21:26

Points : 0
Messages : 138
Age : 32
Habitation permanente : Constamment sous le ciel.
Occupation : Fuir l'ennui avec acharnement.
Zakuro J. Fea

Zakuro J. Fea
Décembre 2024


Les doigts de Sumire sont ces épingles avec lesquelles j’accroche mes idées. Ils se tendent et se détendent, effectuent ces mouvements maestros sur lesquels je veux imaginer un rythme qui n’est pas celui de l’enfant et je les regarde s’immobiliser, leur corps replié contre mes cuisses, tandis qu’ils relèvent le visage vers moi. Ces yeux m’émeuvent, ce regard est celui de ma mère, celui de ma soeur, et je lui souris, je lui souris avec cette habitude devenue réflexe. Ma tendresse est un outil de défense, une violence dans mes actes de douceur, et je sais qu’il y a dans mes plis de bouche une implacable réserve à mes sentiments.

Aujourd’hui, Sumire, un garçon de dix-sept ans m’a envoyé dans la face son manuel de mathématiques.

Le bébé sourit, le bébé gigote, et mes doigts viennent appuyer contre l’estomac chaud, mou d’un être qu’avec un peu de pression, je pourrais abimer. La fragilité de la petite chose m’effraie autant qu’elle m’attire et je me répète que c’est à moi, que c’est mon bébé, que c’est ma chair. Je ne veux pas penser à Eiko, je ne veux pas penser aux questions qui viendront dans quelques années ; ce soir est tout ce qui compte, et en me laissant tomber contre les coussins qui tapissent le château de couvertures dans lequel je nous ai abrité, je remonte Sumire contre ma poitrine. Ma tête heurte le sol, mes cheveux se déploient et j’ai dans les yeux un pan d’édredon quadrillé.

On m’a insulté de tapette et j’ai sur la face, Sumire, un ecchymose qui me fleurit au dessus de la pommette. Mais ce n’est pas grave.

Le bébé gazouille et je souris, avec dans le ventre un petit volcan qui érupte trop fort. Je t’aime, je t’aime, et c’est injuste comme je t’aime, parce que lorsque tu seras adolescent, tu me détesteras probablement, et je t’aime à en avoir mal. Je t’aime pour t’avoir choisi, pour t’avoir voulu, pour t’avoir imaginé sans que ce ne soit probablement très autorisé, et maintenant que tu es là, Sumire Noah, la vie est devenue quelque chose de très différent à ce que je voulais qu’elle soit. Tu es une ancre et je ne sais pas si c’est normal pour un adulte comme moi de laisser une chose aussi fragile, aussi minuscule que toi devoir supporter le poids de mes attentes, de mes espoirs.

Je t’aime.
Tu me détesteras quand tu en auras le temps.

Pour le moment, toi et moi sommes les souverains imaginaires d’un château de couleurs, de douceur, et Zakuro n’est pas là, et Joshua n’est pas encore rentré. Nous attendons, bébé, et sous les épaisseurs tendres de cet abris construit sous le bureau de Joshua, je te murmure les éclats de ma journée.

-ne doivent pas courir dans les couloirs. Je ne les punis pas, parce que c’est idiot et cruel, mais j’essaie de leur rappeler que c’est dangereux. En cas de situation de danger, il faut qu’ils soient en mesure de réagir calmement, sans céder à une panique motrice. S’ils sont habitués à ne pas courir, ils préservent leur camarades. C’est ce que je crois.”

Le bébé bulle sur des gazouillements grave et sa salive est cette éruption mouillée sur le coin de sa bouche trop ronde, trop minuscule. Je glisse mes doigt sur son nez, et ils ont cet éclat de rire trop aigu. Quelque chose se retourne dans mon ventre, le volcan dans mes entrailles fait gronder son feu jusqu’à ma poitrine et je ne souris pas, je ne souris pas, je viens le presser, fort, contre moi.

Je t’aime.”

(...)

Ils se sont endormis, et je me suis extirpé du château de couverture pour aller les déposer dans le berceau. Assise sur le canapé, en bas, Momo était occupée à dessiner les plans d’une maquette aux formes anguleuses, nébuleuses, et j’ai soufflé un salut qu’elle n’a pas entendu, auquel elle n’a pas répondu. Mes doigts effleurent le relief du comptoir, je fais passer mes mains sur les courbes d’une théière qu’on a laissé refroidir, et j’hésite, je titube sur mes désirs. Mon téléphone affiche un appel manqué, Zakuro nous prévient qu’il sort en avance, et me demande si je veux qu’il vienne me chercher à l’école. En posant mes coudes contre la table, en ignorant Ji-Hong qui s’essaie à ouvrir les robinets, je répond du bout des doigts que je suis à la maison. J’envoie le message.

Il y a un garçon de dix-sept ans, aujourd’hui, qui m’a envoyé un manuel de mathématique dans la face, en me traitant de tapette, en me disant que je ferais mieux d’aller me pendre. Que ça vaudrait mieux pour tout le monde, et tu sais, Sumire, j’ai oublié de lui répondre.

Je lui ai souri, le directeur est intervenu, et on m’a proposé de simplement rentrer me reposer.
Alors je suis à la maison, et j’ai fait un château de couvertures que je ferais probablement mieux d’aller ranger, maintenant. En me redressant, en récupérant mon téléphone que je glisse dans ma poche, je remonte l’escalier et je crois que Momo se retourne, en pensant que c’est Ji-Hong qui est parvenu à ses fins.

Si je n’étais pas une hirondelle, je serais un chien. Je serais un animal qui gronde, qui montre les dents, et que l’on dresse pour qu’il attaque et morde à la demande. C’est ce qu’il m’arrive de croire lorsque je me rappelle que sans Joshua, sans Zakuro, ma vie serait différente. Sans eux, sans le virage trop radical pour l’homme que j’étais, je n’aurais jamais choisi la fragilité et l’équilibre trop gracieux de l’oiseau chasseur. J’aurais choisi d’être un chien, parce que ça aurait été facile. Expéditif et rapide. Je me serais probablement inventé une personnalité, j’aurais été marié éventuellement, je me serais probablement flingué dans le coin d’un appartement mal payé. Et tout aurait été facile, silencieux, et sans remous. Ailleurs, dans une réalité malchanceuse, Zakuro et Joshua n’existent pas pour moi, et je suis un corps qu’on a habillé en costume cravate, et allongé sous terre.

Mes doigts glissent contre les oreillers qui trainent, et je rampe sous les façades imaginaires de ce fort sous lequel Sumire et moi avons passé les dernières heures. Je me sens fatigué, je me sens un peu blasé, mais il y a cette bulle dans ma tête, dans ma poitrine qui a la saveur de la tranquillité, et je sais que je ne me sens pas inquiet. Je n’ai plus peur de l’homophobie, je n’ai plus d’inquiétude au sujet des qu’en va t-on dire, et en me laissant retomber contre les oreillers sous le bureau, j’imagine les parents gronder, marmonner et menacer à mon sujet. Peut-être ce soir, peut-être en ce moment présent, parce que leur rejeton leur a raconté. Parce que la vidéo a forcément été vue, partagée, et je les imagine rager, hurler, baver sur ma face enfoncée contre celle de Joshua.

Au fond, ils peuvent bien me mordre, je m’en fiche.

Mes doigts se crispent contre l’oreiller et j’ai dans le gorge autre chose qu’un volcan de tendresse et de douceur. J’ai dans la poitrine autre chose que cette écume d’affection. C’est quelque chose qui est épineux, c’est un buisson de ronces qui s’étire depuis mon ventre jusqu’à mes cordes vocales et vient écorcher, doucement, la surface de mes idées.

Je me redresse et abandonne le fort, abandonne le château. Je ne me sens pas suzerain, je me sens tyran de mes pensées, et je redescends, avec les poings crispés. Momo a disparu, j’entends les rumeurs de ses échos dans son bureau, et je m’assieds face à la télévision, je m’assieds en laissant mon coeur partir trop vite, mes idées s’emballer. Je dois rester calme, je ne dois pas me laisser déborder par mes émotions, parce que c’est idiot de se laisser submerger si ce n’est pas nécessaire, si personne n’est en danger. Je n’ai pas besoin de me laisser blesser, je n’ai pas besoin de me laisser m’énerver.

Alors je laisse la petite musique du jeu résonner quand j’allume la console, et je laisse mes idées dériver. Je n’aime pas tant jouer à des jeux vidéos, mais je veux me convaincre que c’est ce qu’il me faut, ce soir. Des écrans colorés, des tasks idiotes, que je n’ai pas besoin de questionner, même si elles ne font pas de sens, et qui font peut-être bien écho à ma vie. Animal Crossing devient exaspérant à partir du moment où je réalise la portée trop capitaliste et répétitive de l’existence fordienne de l’avatar trop souriant, trop hébété de Momo. Je finis par avoir envie de le noyer quand pour la cinquième fois répétitive, il brise sa pelle.

Tu es un abruti de première qui ne sait pas prendre soin de tes affaires, connard.

Rageur, je le laisse gambader jusqu’à la bûche d’arbre, pour le faire reconstruire son objet. Et là. Il me manque trois branches d’arbre, et des cailloux. Je lâche la manette, qui tombe au sol, et dans un craquement sinistre, le joystrick se brise.

Ah. Putain.

Je lève les mains, contemple le sinistre arrivé, et l’horloge du jeu se met à sonner cinq heures. Il est temps pour Joshua de rentrer à la maison. Quand à Zakuro, il devrait déjà être là. Pourquoi n’est-il pas encore arrivé ? J’inspire profondément, et mes poumons qui se gonflent me font mal. À l’étage, Sumire se met à brailler : ils viennent de se réveiller.

Mes yeux se mettent à déborder, et pris d’un tremblement fébrile, j’ai dans la poitrine le roncier qui se met à tout déchirer dans ma tête. Ça se déchire, comme un papier qui crisse, et ma face devient ce truc rouge et mouillé, et je l’enfonce contre mes genoux, je l’enfonce contre mes rotules, pour tuer les sanglots. Ce n’est pas une bonne soirée, je voulais simplement refaire ma pelle et ramasser des fossiles. Sumire braille, ma tête tourne un peu et j’ai envie de manger de la mousse au chocolat, j’ai envie d’un câlin, et je suis cet idiot égocentrique qui veut et ne met rien en place pour construire mon propre équilibre. C’est idiot, idiot, idiot, idiot.
Je suis fatigué.

Je suis fatigué, mais la bonne nouvelle, c’est que quelque chose dans ma poitrine vient se se mettre à chauffer doucement, dans ce compas trop précis de la présence à ceux que j’aime. Joshua est là.

Alors je me redresse, j’étire mes jambes et ramasse la manette, en essuyant ma face avec mon autre poignet. Tout ira bien, maintenant. J’appuie, fort, sur mes paupières, pour imbiber les larmes et faire disparaître les rougeurs. Au temps pour la tentative de me détendre. Mais c'est bon" Tout ira bien, parce que je ne veux pas aller mal quand j'ai toutes les raisons du monde d'aller bien.

Bienvenue à la maison, Kohaku.

Ce n'est qu'une crise de nerfs, et ce n'est véritablement pas adéquat. Alors je souris. Je souris et quand il entre, j'ai la prétention de croire que c'est ok, que ma face n'est pas si traitresse que ça à mes anciennes émotions. Et puis-

"Hi."

Mes doigts qui se tendent, et qui saisissent l'angle de ses mâchoires, pour l'approcher de moi, et en réduisant la distance, venir appuyer sur son nez un baiser léger. Mon sang qui se chauffe . et j'ai dans la gorge ce roncier qui se rétracte, et mes poumons qui se gonflent. L'adoration est une ambrosie qui dilate mes veines et me fait lui sourire même si je ne voulais pas. Mais je veux, je veux, et je glisse mes doigts derrière son oreille, attrape sa nuque, pour venir déposer ma joue contre la sienne. J'ai ce soupir de satisfaction.

Mon père me trouverait pitoyable, dans cette codépendance.

"Tu m'as manqué. Je voulais te voir. 'T'was a long day."

Je me recule, rien qu'un peu, pour lui sourire.

"Je vais monter calmer Sumire, monte avec moi ? J'ai fait une cabane."

Je n'avais pas fait de cabane depuis des années, tu sais ? Et je ne m'en sens même pas idiot, même pas embarrassé. Je l'attrape, doucement, l'entraine vers l'escalier. J'ai ce désir enfantin -

"Mind to join me in my comfy blanket abode, neh, Joshua ?"

Sumire, en haut, s'est un peu calmé.

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