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Rainy Mood

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Ven 25 Déc - 16:54

★★
Points : 50
Messages : 142
Habitation permanente : Elle est en cavale pour le moment
Occupation : Formation d'un réseau d'information, accumulation de ressources magiques pour se défendre contre ses agresseurs
Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Pour parvenir au manoir, avait expliqué Alea, il faut souhaiter disparaitre. Il faut se sentir enfermé et vouloir être ailleurs, loin de la réalité, et il faut entrer distraitement. Le changement de paysage – sournois – survient pendant un moment d’égarement et on ne peut que s’émerveiller, une fois à nouveau pleinement conscient, de la beauté et de l’horreur qui se dessinent ensemble et qui tracent la silhouette d’un vieux château rongé par le rêve.

Il est d’une splendeur atrophiée, avec des tours biscornues qui se découpent dans un ciel fait de brouillard et de songes, avec des mirages solides et changeants qui se vautrent dans un clair-obscur plein de brume. Et puis, quand on l’approche inévitablement, la grande porte s’entrouvre toujours d’elle-même, juste un peu, et avec le grincement timide qui invite à ouvrir un peu plus, à jeter un œil et à entrer prudemment; elle se referme ensuite dans un claquement sec, brusque et impérieux, qui jadis, avait marqué l’emprisonnement de plusieurs âmes perdues. C’est qu’autrefois, le manoir avait été une prison, alors que maintenant il n’en restait que des ruines et qu’il était facile d’en sortir là où les murs se muaient dans les replis de la réalité et du monde extérieur.  

Dans le hall, un énorme escalier trône fièrement à travers le déclin. Sur un pan de mur bien visible à proximité, des bouts de papier – déchirés et incomplets, brulés par endroit et tâchés de sang par d’autres – laissent encore entrelire quelques bribes où s’entrelacent conseils et menaces de la part des anciens occupants.

La rose blanche qu’Alea avait tirée du bouquet, plusieurs jours plus tôt, resplendissait même si la nature aurait exigé qu’elle se fane; les pétales délicats avaient par ailleurs adopté le plus subtil des chatoiements rosés, comme si la fleur s’était nourrie de son sang après que la sorcière aille laissé ses épines lui mordre la paume pour s’en abreuver. Elle avait expliqué à Guillaume qu’il en aurait besoin pour entrer, puis qu’il devrait la garder sur lui tout au long de son expédition. En haut de l’escalier, il trouverait un couloir menant jusqu’au dortoir, et enfin, l’objet de sa quête dans un placard de la chambre numéro 10. En soi, c’était un itinéraire simple – un escalier, un couloir et une chambre – mais ça n’avait pas empêché Alea d’ajouter une foule d’indications supplémentaires: rester sur le chemin du jardin si d’aventure il se retrouvait dans la forêt; éviter de s’attarder devant les miroirs et les tableaux; éviter d’ouvrir des armoires autres que celle de sa chambre et éviter de s’engouffrer dans les rayons de la bibliothèque, pour n’en citer que quelques-uns. C’est qu’elle sait, Alea, que le manoir aime jouer des tours, surtout aux imprudents qui ne savent pas à quoi s’attendre, et encore plus depuis que l’ennui le ronge avec autant de virulence que la faille manifeste de l’espace-temps qui le troue d’onirisme. C’est qu’elle sait ce qui rôde dans les bois, et parfois même dans le château; elle sait que parfois, les reflets s’animent d’une volonté propre; que les tiroirs mordent et que les placards avalent et recrachent vers des endroits aléatoires et rarement sécuritaires, et elle sait que la bibliothèque peut se transformer en un labyrinthe lethal dans lesquels les livres prennent vie.    

Après les escaliers, donc, il y un long couloir dans lequel les portes surviennent avec des chiffres aléatoires. Un, deux, douze, six… Cent-vingt-cinq, trente-trois, douze, et le couloir continue ainsi, en ligne droite, sur une distance qui semble largement outrepasser les dimensions extérieures du château.  Les murs et les portes se ressemblent et se répètent ainsi, à l’exception, enfin, de petites fleurs bleues – recroquevillées et sèches – qui parsèment le sol comme une constellation dans la pénombre pour marquer l'arrivée d'une jeune fille avec de longs cheveux noirs. Celle-ci émerge d’un embranchement – le premier jusqu’ici – et elle passe comme une ombre à côté du chevalier, avec la démarche pressée d’une personne qui sait où elle va.
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Sam 26 Déc - 9:43

Points : 0
Messages : 49
Occupation : Chevalier
Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
"Il faut souhaiter disparaître", avait dit Alice. "Bien", avait répondu le chevalier, "mais comment fait-on ?"

Curieuse chose, que celle-là. Et puis, et puis Guillaume qui parfois n'était pas si bête qu'on le lui avait fait croie, s'était rappelé de choses qu'on lui avait enseignées bien longtemps auparavant. Il avait réfléchi, longtemps, ce qui n'était pas vraiment dans ses habitudes, et avec l'obstination féroce du limier sur une piste, était revenu en France. Cette fois, on lui avait fait grâce des douze heures d'avion et des turpitudes des voyages, et on l'avait autorisé à emprunter un des passages d'urgence entre les sanctuaires pour se rendre à Fort Loin. Le temps y était épouvantable, comme de juste, absolument idéal pour une randonnée dans les halliers dégoulinants et les bosquets livides entourant la forteresse confite dans ses fantômes et ses maraudes funèbres.

Guillaume a son idée en tête, bien en tête, quand il y arrive, avec, serré dans le pli de sa vareuse, la rose donnée par Alice. Il faut souhaiter disparaître, mais pour ça, eh bien, il faut bien trouver les raccourcis, les chemins de traverse, les passages propices à ces entourloupes où il faut pour ainsi dire faire le pas de côté nécessaire pour voir la réalité sur la tranche. Il y a des pays propices à cela, pour sûr. Des terroirs à sorcières où la macrâle va battre le pays pour récolter les fagots de son balai, et où on peut difficilement croiser la moindre mare sans craindre d'y entendre chanter les lavandières de nuit. Parfois le pays se souvient, au-delà des champs de blé et des furoncles industriels : il se souvient de sa populace qui danse au sabbat les nuits de pleine lune, et c'est bien pour ça que Guillaume est ici.

La pluie lessive tout et la brume, en découpant des lambeaux du paysage morne, jette des blancheurs de suaire sur le vague contour des collines. Il pleut à verse et Guillaume patauge dans les sentes ravinées par l'hiver, jusqu'à quitter le murmure de tout ce qui rappelle autre chose que le vaste silence d'une campagne frileuse sous les édredons de l'averse. Il lui faut un moment pour trouver ce qu'il cherche, et sa trouvaille fait grise mine en pendouillant des feuilles noires qui s'accrochent encore malgré les bises de décembre : un noyer têtard et chenu, couvert de mousseroles et de dentelles de lichen, aux racines entortillées autour d'un talus qui dégouline des cascades de graminées mortes et de ronces vives, d'églantiers, de lierres et de clématites. La masse végétale et épineuse glisse et ploie sous lui quand il s'approche, patauge dedans comme dans une mer immobile qui l'entrave jusqu'aux cuisses et accroche des esquilles jusque dans le revers de son manteau, puis il trouve, malgré la pluie qui glisse et ruisselle, un appui entre les doigts ligneux du vénérable noyer. Il s'assied, replie sa grande carcasse, se tait, ouvre les oreilles.

Et ses oreilles s'emplissent de pluie. Le son, la substance, et il reste là, jusqu'à absorber toute la nuance du paysage, jusqu'à laisser son esprit se perdre dans des méandres qu'il oublie lui-même. Finalement, c'est assez simple, tout compte fait. Il faut juste se rappeler des vieilles choses et les paroles d'une vieille femme en noir, avec ses cheveux couleur de neige qui lui coulaient sur les joues et s'emmêlaient aux franges de son châle. La grand mère savait, dit-on. Elle avait dans l’œil bien plus que la malice des anciens de village : elle avait la science des choses cachées et des secrets bien gardés. Et un jour, elle avait dit à cet arrière-petit-quelque chose un peu trop remuant qu'il y avait bien plus à trouver sous les feuillages que les terriers des lapins et les cachettes des écureuils. Qu'il fallait prendre garde, parfois, où l'on se faufilait, où l'on s'endormait.

"Le noyer, Loupiot, c'est un arbre noir, et comme le noir, il a un pied dans le mal et un pied dans le bien. Ses racines, tu sais, elles vont puiser bien loin, ailleurs."

Quand Guillaume cligne des yeux, l'arbre est encore là, identique, dépenaillé tout du même, gluant de mousses et de velours moisis, mais le décor n'a plus rien à voir. Ou peut-être si, tout compte fait : la grisaille et la brume se disputent aux hauteurs obscures de murs effondrés et de fenêtres aveugles, mais au moins, il ne pleut plus. L'architecture, pour autant qu'il puisse en juger, semble avoir pris goût aux bizarreries, à une organisation presque organique qui s'est répandue dans les hauteurs comme les ramifications d'un champignon fait de pignons aigus et de toitures en poivrière, de façades et de festons de boiseries.

Il entre. Tout goûte comme un rêve. La chose à faire est simple, alors il se concentrer sur l'évidence et sur les instructions données par Alice. Pas question de s'attarder. Il compte les portes, guette les numéros, s'accroche, comme un chien qui verrouille la mâchoire pour ne pas lâcher le gibier. Dans sa poche, les épines de la rose accrochent la pulpe de ses doigts pendant qu'il compte, encore, encore, au point que cela lui semble déjà durer des heures.

Les fleurs interrompent l'exercice éprouvant de chercher un nombre qui ne semble qu'apparaître au gré de ses caprices. Guillaume dépasse, avec une résignation palpable, la chambre étiquetée "123456789" qui semble n'être là que pour le narguer et avise le croisement qui se dessine. Quelqu'un passe, alors qu'il regarde les fleurs, comme si elles avaient une réponse en elles-mêmes. Sans ses cheveux roses si distinctifs, elle lui ressemble, pour sûr, mais sans être vraiment elle. Le noir donne une sorte de sévérité paisible à son visage qui en perd un peu de sa trompeuse joliesse de poupée. Il hésite, et puis, mû par la même curiosité que celle qui fit ouvrir la boîte à Pandore, il esquisse un signe de la main et lance :

- Alice ?
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Mar 29 Déc - 19:05

★★
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Occupation : Formation d'un réseau d'information, accumulation de ressources magiques pour se défendre contre ses agresseurs
Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Alea – celle que Guillaume connait, toute blanche et toute rose – avait ri un peu quand il l’avait interrogée. Comment fait-on, avait-il insisté, pour vouloir disparaitre? Pour toute réponse, ses doigts délicats avaient effleuré sa joue dans une tentative d’y capturer un peu de cette candeur qui ne pouvait que l’émouvoir.

Tant mieux, sourit-elle contre sa bouche entre deux baisers pleins de chaleur, si cela ne vous vient pas naturellement. Je vous souhaite qu’il en reste ainsi.

L’autre Alea – celle vêtue de noir et de méfiance – se tourne vers le chevalier quand celui-ci l’interpelle dans le couloir du manoir; Aliss, avait-elle entendu, car c’est ainsi que Chess – et seulement Chess – la surnommait. C’est donc avec une froide indiscrétion qu’elle le toise, perplexe, mais surtout un peu hautaine dans sa manière de relever le menton et de froncer les sourcils avec une contemption intriguée.

Ah, constate-t-elle après avoir laissé ses yeux couler sur son profil de chien mouillé, c’est vous! Ça faisait longtemps.

A-lé-a, pense-t-elle ensuite lui rappeler, en exagérant la prononciation de son prénom.  

En parallèle, il y a de la curiosité dans son approche indiscrète, avec le nez pointé, les narines qui s’épatent et sa langue qui cherche, en roulant derrière ses lèvres, à saisir l’arôme magique particulière qu’il diffuse. C’est que de la magie, il y en a partout ici : comme une fibre tissée serrée dans le tissu même de tout ce qu’ils voient et touchent; comme une effusion tentaculaire qui diffuse ses couleurs odorantes et gouteuses; comme une vigne qui rampe, qui grimpe et qui recouvre avant de mieux prendre racine à l’intérieur de l’âme. Pour l’instant, néanmoins, c’est de la surprise qui s’immisce dans la sienne, comme un lent frisson, parce l’homme dressé devant elle se découpe à travers le miasme comme une ombre lumineuse, avec tout juste une goutte d’essence enchantée, bien cachée très loin en dedans.

C’est impossible, s’étonne-t-elle, effarouchée comme un félin méfiant qui s’hérisse lentement, par prudence.

Elle en avait vu, jadis, des énergies comme ça : avant la destruction du manoir, quand les âmes perdues y entrainent, souvent lourdes et en peine, mais encore quasiment immaculées. Or, la dernière fois qu’elle avait croisé Guillaume ici, ça n’avait pas été son cas.

Les fleurs, sous ses pieds, semblent n’être là que pour la narguer : n’oublie pas, Alea, susurrent-elles, qu'ici le temps n’avance pas au même rythme pour tout le monde. Ça lui tourne dans la tête tandis qu’elle tourne autour de lui pour apprivoiser l’hypothèse qui se forme dans son esprit : le temps s’étiole et les fils se tordent et s’emmêlent, ça, elle le sait mieux que personne.  

L’incrédulité explose sur son visage et elle ricane un peu, sans trouver bon de lui en expliquer la cause, surtout du moment que son attention retombe sur la rose, là, entre ses mains, pour lui faire à nouveau froncer des sourcils.

... C’est intéressant, souffle-t-elle en relevant sur lui ses yeux de chat, alors même que ses doigts, curieux et indiscrets, viennent en caresser les pétales.

Le mouvement brusque de son cou, à peine un instant plus tard, rappelle aussi celui d’un animal alors que son attention est subitement attirée vers le couloir duquel elle venait.  C’est par le poignet qu’elle attrape enfin Guillaume pour le guider d’une main ferme vers ce qui semble être la direction du hall, ou au moins, jusqu’à trouver une nouvelle fourche et s'y engouffrer vers un grand salon duquel la sorcière verrouille prestement la porte.  
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Ven 15 Jan - 11:08

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Occupation : Chevalier
Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
La voix -la même, mais pas tout à fait- se glisse dans le silence et heurte ses oreilles accoutumées au calme murmure des lieux. Il ne peut s'empêcher de sourire, même avec surprise, en épelant silencieusement le nom qu'elle lui lâche avec exaspération. Il la laisse s'approcher exactement comme on laisse s'approcher un fauve miniature et mal embouché, sans geste brusques, avec une curiosité similaire et infiniment moins de méfiance dans le regard. Leurs yeux, chacun limpides à leur façon, s'affrontent brièvement et ceux de Guillaume ne peuvent vraiment s'affranchir de l'insolence rieuse qui les habite ordinairement. Derrière la masse des boucles encore trempées, le front se plisse un peu quand il hausse les sourcils : d'une manière qui lui est à présent plutôt familière, la sorcière rit au terme de son examen incrédule. Il éprouve soudain comme une gêne inexplicable quand elle effleure la rose d'Alice, comme s'il craignait qu'elle ne la fane ou de l'abîme, et pas seulement parce qu'elle est son sésame de retour. Alors, il la dérobe à sa vue et la range précieusement dans la poche de son manteau.

Il y a comme une impression de déjà-vu quand Alice lui attrape le poignet pour le propulser vers la direction opposée d'où elle est sortie. Il n'en faut guère plus à Guillaume pour perdre un peu le sens des directions, surtout dans un lieu où elles sont si floues, si approximatives, et proprement indéterminées. Étonnamment, il est resté silencieux jusque là, comme si ici, ses pensées étaient plus lentes, plus difficiles. L'irréalité de l'endroit donne l'impression d'un rêve, d'une apaisante distance avec les évènements. C'est trompeur, il le sait, mais quelque chose, comme un pressentiment bien ancré tout au fond de lui, lui susurre que tout ira bien, tant qu'il garde avec lui la rose et ses épines. ça n'est pas l'affaire d'un très long moment, ça n'est même rien du tout.

- Je ne sais pas à quoi j'ai échappé grâce à vous, mais je présume que je vous dois un merci ?

Une pause, il sourit. Les ridules aux coins de ses yeux trahissent peut-être un peu de fatigue, et se souviennent, eux, que ça fait des heures sans doute qu'il est déjà là à se perdre.

- On m'a dit que c'était un endroit piégeux. J'ai besoin de trouver quelque chose et de le prendre avec moi, peut-être que vous pourriez m'aider pour cela. Je m'appelle Guillaume.

Un mot, comme un ver, se tortille au fond de sa tête et lui ramène un bout de phrase : "ça faisait longtemps".

- Le temps a l'air... Piégeux, lui aussi, poursuit-il en promenant un regard sur les alentours. Vous avez l'air de déjà me connaître. Est-ce que je suis déjà venu ici ?

Il se demande, tout en parlant, pourquoi ça ne l'inquiète pas. Pourquoi ne s'inquiète-il pas ?

Mais pourquoi le ferait-il ? La pièce où ils se trouvent est un peu plus accueillante que les froids couloirs baignés par cette lueur incertaine, aqueuse, dans lesquels il vient de passer un long moment. Tout se délabre, ici aussi, et ce n'est pas seulement le mur qui s'écaille, la tapisserie qui se fane et les boiseries piquetées, c'est aussi comme la substance même des choses qui s'affadit : lorsqu'on les regarde bien, les textures semblent passées, usées, prêtes à laisser voir les fils de trame ou le plâtre derrière l'enduit, ou quel que soit la toile sur laquelle se tient ce monde en déréliction. Au moins, il y a de la lumière, assez de clarté pour soulager ses yeux fatigués par cette pénombre perpétuelle qui fait hésiter chaque contour ; les lueurs dansent et font briller des cadres, des émaux, des rebords dorés sur de la porcelaine ébréchée, mais le tremblement des chandelles ou des lampes semble hors tempo, comme un film saccadé, et les ombres qu'elles jettent se meuvent d'une bien drôle de manière. Dans les glaces grisâtres et piquetées qui pendent a mur d'en face, des silhouettes passent comme des remous sur le verre irrégulier.

Mais rien n'a d'importance, ici. Ce n'est pas un monde qui semble décidé à lui prouver qu'il est aussi réel que le sien, alors Guillaume ne se sent guère concerné par les drôles de choses qui ont l'air de rôder partout, dès qu'on regarde ailleurs. Alice le lui a dit, de toute manière : il n'y a rien de magique en lui et cela le protège, alors il s'arqueboute là dessus pour se faire comme un bouclier face à tout ce que le Manoir lui réserve.

Et pour l'heure, il serait presque déçu, si n'était la frustrante obstination de la topographie à l'emmener partout, sauf là où il veut être.
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Sam 23 Jan - 4:54

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Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Au manoir, l’obscurité a quelque chose d’opaque et de dense, comme pour permettre aux ombres de proliférer et de se mouvoir dans les recoins. Même dans le grand salon, les éclats de clarté se découpent comme dans une vase organique, et toujours infusée de ce grain humide et vaporeux qui pleut comme une poussière éthérée. Il n’y que Guillaume qui soit vraiment lumineux, ici… Mais pour combien de temps? Le changement se fait lentement, mais surement. Ce n’est pas qu’un petit point sombre qui se cache en lui; c’est à peine perceptible, mais embryonnaire et en pleine croissance, Alea le sent déjà.

En effet, vous le devez.

Il lui doit effectivement un merci et voilà tout. C’est donc un fait qu’elle lui concède tout simplement, sans cette chaleur généreuse qu’il connait à son alter ego, mais sans égo déplacé non plus. En vérité, elle est beaucoup trop concentrée sur tout ce qui se passe autour d’eux pour s’attarder à la fierté et à la gentillesse confondues. C’est qu’il y a longtemps qu’elle n’avait pas mis les pieds dans cette pièce-ci et qu’elle avait bien changée; les années et l’abandon avaient fait leur nid et l’irréalité, comme une rouille surnaturelle, commençait à en ronger les coins, à grimper sur les murs, presque imperceptiblement, mais en méandrant toujours un peu au coin de l’œil.

Les canapés, autrefois somptueux et confortables, étaient aujourd’hui délabrés et placés dans ces angles aux circonstances peu harmonieuses, sauf peut-être pour s’accorder avec le désordre des tables basses. L’une d’elles était par ailleurs renversée, tout comme l’était le banc du grand piano qu’Alea va replacer avant de s’y asseoir.

On vous a bien informé… Et c’est la deuxième fois que je vous croise ici, confirme-t-elle, distraite, cela dit, j’ai cru comprendre c’était loin d’être votre seule visite à ce moment-là.

Dans sa bouche, la poussière qui l’assène a un gout de nostalgie.

Ce n’était certainement pas que la deuxième fois. C’est encore – déjà – le Graal que vous cherchez?

La poussière colle sous les doigts quand ceux-ci glissent sur les touches, sans pourtant en tirer autre chose que des échos de souvenirs. Alea l’avait aimé, ce piano, et elle avait aimé celui qui autrefois en jouait le plus à part elle-même. Manifestement personne n’en avait joué depuis des lustres, cela dit, et son cœur se pince : Il n’était pas passé par ici non plus, pense-t-elle tandis que sa poitrine se serre et elle avale difficilement l’arrière-gout salé qui lui descend dans la gorge.

La note unique qui retentit enfin est crochue, discordante, esseulée. À voir comme ses phalanges délicates s’éloignent de l'intrument, on aurait dit qu’elle venait de se bruler.

Il y a le sel et il y a un autre gout familier qui s’attarde sur sa langue, avec le relent doucereux de la rose. Guillaume a beau l’avoir cachée, Alea la distingue encore très bien sur lui.

La rose, reprend-elle donc, avec un peu plus d’intérêt, un peu plus d’attention puisqu’elle voudrait bien la porter ailleurs, vous ne l’aviez pas la dernière fois – la prochaine fois – mais elle a quelque chose de familier.  Il n’y a pas qu’ici que le temps est piégeux, on dirait bien. C’est la première fois que vous me rencontrez ici, pour votre part, mais pas la première fois tout court, n’est-ce pas?

Une invitation se glisse à l’extrémité du banc tandis, qu’elle, vers l’autre.
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Sam 23 Jan - 18:28

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Occupation : Chevalier
Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
Guillaume se tait, essaie de faire le tri et en est encore à se demander comme il peut, lui, rencontrer cette Alice -Alea ?- pour la première fois, quand c'est pour elle la deuxième. Elle a l'air de confirmer ses doutes, à demi mot : retrouver la chambre et son précieux sésame ne sera pas chose aisée. Il y aura d'autres fois. Il y aura d'autres tentatives. Étrangement, cette pensée redonne du mordant à l'esprit qui s'est amolli dans les ombres, parce que Guillaume a décidé qu'il allait réussir, cette fois, et que ce n'est pas une certitude qui souffre d'être contredite.

La note solitaire du piano résonne, comme un grincement de vieille chaise, comme le bruit des choses abandonnées. La poussière englue les sons et gobe l'harmonique pour en effacer les contours dès qu'ils se précisent à l'oreille. Il cligne des yeux, se demande depuis combien de temps est-elle là, elle. Si elle vit ici, dans ce palais des courants d'air qui effilochent le réel et détissent les choses pour les rendre à l'informulé. Pourtant il ne dit rien et comme celle de Perceval, la bouche reste close. Aux deux questions qu'elle pose, il acquiesce, non sans un sourire, et vient s'asseoir à l'autre bout du banc.

- Je suis un chevalier, après tout,
dit-il en éprouvant du bout des doigts l'ivoire jauni du clavier devant lui. Les chevaliers cherchent le Graal, c'est bien connu.

D'une pression des phalanges, il fait jaillir à son tour une note grêle. Il réfléchit un instant, hésite, place ses mains et se trompe avant de retrouver ce qu'il faut pour produire quelques accords à peine maladroits.

- Je prends la chose comme un avertissement, reprend-il en fronçant légèrement les sourcils, une ride verticale bien au milieu du front.

Il ânonne sa mélodie, laborieuse et rouillée, comme un enfant discipliné.

- Si vous m'avez vu sans cette rose, je trouve ça mauvais signe. Il va me falloir me méfier, ou bien apprendre à faire mentir ce qui sert de ligne du temps, ici.

Le regard s'embusque sous les paupières, quand il parle et l'épie en biais, un instant. De nouveau, un sourire l'éclaire.

- Elle ne vous ressemble pas,
dit-il. Ou peut-être que si, mais elle le cache bien.

Il incline légèrement la tête de côte et l'observe cette fois plus franchement, toujours souriant. Il retrouve des mimiques et des expressions familières, cette manière de promener sa finesse de chat et les griffes tout juste à couvert sous le velours, cette façon aussi de faire des yeux grands comme des miroirs pour ne rien laisser transparaître. Elle est infiniment plus froide, plus triste, aussi, peut-être, mais c'est aussi sans doute que tout semble triste à mourir dans ce monde qui se meurt.

- Est-ce que c'était vraiment moi ?

La question fuse, alors que Guillaume regarde les tableaux à demi effacés qui pendent au mur délabré, au-dessus du piano. Un portrait vague, flou, comme le souvenir d'un rêve, lui rend une œillade qui poudroie, sanguine et cendres.

- Je veux dire... Je vous ai déjà rencontrée, ailleurs. ça peut arriver dans les deux sens, après tout.
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Jeu 25 Fév - 1:45

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Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Il y a beaucoup de souvenirs et d’émotions qui se vautrent dans le son distordu de ce piano-là. L’écho un peu rance de la première note se languit longtemps et se dissipe seulement une fois Guillaume assis à ses côtés. À son tour, il pianote et les sons s’harmonisent, maladroits, à l’amusement qui s’infuse avec prudence à travers la musique. C’est qu’Alea les trouve quand même attendrissantes, ses histoires de chevalerie. Sans comprendre ce métier qu’il fait, à l’ère moderne, elle pense plutôt à ces authentiques chevaliers en armures qui s’étaient perdus, ici, jadis, qu’elle avait côtoyés et dont elle avait entendu les épopées.

Fidèle à elle-même, elle n’est malgré tout pas très expressive ; il y a tout au plus un germe de sourire qui pousse, caché aux coins de ses joues, sans pour l’instant percer la surface placide de son visage de poupée.

Elle est plus âgée et plus puissante que moi, je peux le sentir, ajoute-t-elle à la comparaison, alors que ses doigts délicats, sertis d’une multitude de petites bagues, s’approchent à nouveau des clés en mouvement. Attentives, ses mains suivent et apprivoisent la mélodie en silence tandis que leurs regards en biais se relaient, s’évitent, puis se croisent, et enfin l’œil s’attarde au-dessus d’une fleuraison de couleurs timides : comme de la poudre de pastel, du rose et de la crème sur de la porcelaine.

L’autre Alea, celle que Guillaume connait, est sans doute plus heureuse également, devine-t-elle. Il y a quelque chose, dans la façon qu’il a de la regarder qui le lui dit. Quand ses propres yeux remontent les reflets dorés qui coulent dans ses boucles châtaines, passent sur sa bouche chaleureuse avant de plonger dans son regard plein de lumière, elle se doute qu’il en est peut-être l’une des raisons. La romance, après tout, est un vin dont les rêveurs s’enivrent et il n’y a rien de plus intarissable que l’immortalité.

En parallèle, un frôlement; celui de ses phalanges qui effleurent l’ivoire, avec un frisson léger qui ne dure qu’aussi longtemps que son hésitation.

Mais nous ne sommes assurément pas si différentes.

À quatre mains, la mélodie simple de Guillaume s’improvise une nouvelle dimension : elle est plus pleine, plus onctueuse, avec peut-être même un petit quelque chose d’espiègle dans sa façon de reprendre et d’enjoliver ses maladresses. Menton penché vers l’instrument, Alea ne le regarde plus, mais le sourire adressé au vide s’affine en une courbe très tendre.

C’est compliqué, réfléchit-elle distraitement, mais comme c’est votre première visite – le point de départ au manoir – il était obligatoirement une future version de vous. Il a été vous, mais vous, vous ne deviendrez pas forcément lui, vous comprenez?

Pas forcément lui, mais assurément tout comme, murmure l’ombre qui rôde, là, encore bien cachée en dedans.

De la même façon, je ne deviendrai probablement pas la Alea que vous connaissez… Sinon elle vous aurait reconnu… Mais nous avons obligatoirement été la même autrefois, au moins jusqu’à la chute du manoir… Puisque c’est seulement à partir de ce moment-là que le temps a commencé à jouer des siennes.

En notes expérimentales, la musique se fait un peu dissipée, maintenant, tout comme le sujet le devient sans doute pour lui qui n’avait aucun moyen de connaitre tous les événements qui se sont déroulés ici au fils des années.  

Elle n’a probablement pas mis les pieds ici depuis longtemps, dit-elle après un moment, alors que ses doigts s’immobilisent sur un pesant silence, ou bien elle est cruelle de vous y avoir envoyé malgré tout. Trouver ma chambre, la numéro 10, ne sera pas facile et des années de pillage font que ce que vous y cherchez n’y sera sans doute pas de toute façon. Ça brille et c’est joli, alors… N’importe où, vraiment. La cave de Beny, l’antre de Nessy, n’importe quel arbre creux dans la forêt… Vous pourriez essayer de trouver des indices dans la salle des miroirs, j'imagine, mais… Si c’est elle qui veut le Graal, je vous donne ma bénédiction pour lui dire candidement de venir le récupérer elle-même, et sinon… Je me dois de vous demander ce que vous pensez accomplir. Ce n’est qu’une babiole et je ne sais pas si l’effort en vaut vraiment la peine.  

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Jeu 25 Fév - 6:32

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Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
Pas si différentes, non, assurément. Guillaume sourit, quand elle vient ajouter ses trilles aux ânnonements laborieux de ses doigts raides. Elle frôle et virevolte entre les notes, comme des ailes poudreuses qui s'agitent sous son nez avec une élégance insolente. Le papillon et l'armure, comme si le fer avait encore à voir avec l'écaille fine de la lumière pétrifiée.

- Je comprends, opine le chevalier qui a déjà décidé qu'il ne serait pas cette ombre qu'elle a vue.

Il tâche de suivre, et la musique et les paroles, et finalement, pour ce qu'il en sait, ça finit par faire sens. Au moins un peu. Le temps, comme les note et les mélodies, tresse des chemins impalpables, les routes s'embranchent et se rejoignent parfois, il a y des infinités de gens qui sont les mêmes, mais pas tout à fait. ça semble faire sens, dans un lieu où tout se délite et même les secondes tombent en poussière et en lambeaux, se détachent les unes des autres pour s'éparpiller en fragments vagabonds qui échouent parfois dans d'autres mondes.

Guillaume se tourne vers elle, et il y a quelque chose qui flambe dans le fond de ses yeux, comme cette lueur qui vient aux chiens de chasse en arrêt.

- Le Graal est ici ?

Une pause.

- Elle m'a simplement indiqué qu'elle avait un moyen d'y parvenir. Une carte.

Si proche, si proche, il en sent la démangeaison au bout des doigts, si proche et si frustrant ! Cet endroit est frustrant. Pourtant la colère lui fouette le sang et redonnent du mordant à l'esprit qui s'étiole dans les ombres et n'arrive pas encore à se rappeler que les choses sont au moins un peu réelles, ici. ça gronde dans sa poitrine, feux et lumières, attisés par cet orgueil qui lui fait croire que rien ne peut contrecarrer sa volonté.

Il secoue la tête et sourit, mais il y a de la gravité dans le fond de ses yeux, comme le fer sous l'onde heureuse.

- Vous en ririez, si je vous le disais,
répond-il. Dites-vous simplement que c'est une histoire d'honneur.

Il y a tant de réponses à cela, mais aucune qu'il a vraiment envie de mettre entre ses griffes. Le devoir, le mérite, la fierté du père et du sang, et le sang encore comme s'il en fallait plus encore pour laver toute culpabilité. Pour le pardon, sans doute, pour qu'il se pardonne à lui-même d'être ce qu'il est. Pour un espoir de salut sans doute, et pour la foi, encore, ces embryons d'espoir qui sèment leurs sillages dans les interstices du silence.

- Si cette babiole n'en vaut pas la peine, autant que vous m'aidiez à vous en débarrasser, qu'en pensez-vous ? L'autre Alea - et ceci sonne comme "mon Alea"- m'a dit qu'elle ne pouvait plus venir ici, et c'est pourquoi elle envoya votre serviteur chercher cette carte. Et si la relique est ici, eh bien, cela m'épargnera du temps, même si j'ai le sentiment que ce n'est pas ce qui manque ici, même s'il est de piètre qualité.
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Mar 2 Mar - 8:25

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Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Le sourire d’Alea fleurit et la musique enjouée papillonne. Une fois relâchées, les notes envolées butinent et infusent comme un nouveau souffle de vie à la nature irréelle de la pièce. C’est imperceptible, au début, mais ça bourgeonne doucement, et chaque fleuraison de magie nourrit cet écosystème qui bien vite, prolifèrera à foison.  

Ah non, ce n’est bien qu’une carte… Plus ou moins, corrige-t-elle en lui adressant une petite moue désolée et presque sincère alors qu’il démontre tant d’entrain, une carte, oui, mais pas en papier. Carte, boussole, clé, un peu des trois. Sans cela, il sera tout bonnement impossible de mettre la main sur le Graal… Pourquoi pensez-vous qu’il n’a jamais été trouvé ?

Malgré la pénombre, les couleurs tamisées semblent maintenant plus riches, moins usées, comme si la fibre même de la réalité se guérissait de l’outrage de l’abandon. Il y a de la magie partout qui se faufile, qui se retisse et qui respire comme un organisme dont ils font d’ailleurs pleinement partie. Tandis que Guillaume s’en imbibe encore, un peu plus à chaque inhalation, Alea, elle, en est déjà saturée – en déborde, même – ainsi elle n’a pas besoin de regarder autour d’elle pour observer ce qui se passe, mais elle le sent plutôt à chaque inspiration qu’elle prend d’un souffle commun avec le château lui-même. Elle est étonnée, un peu, mais elle comprend : c’est qu’à travers les horreurs et les bizarreries, le grand salon a toujours été un sanctuaire pour se réfugier et se ressourcer. Le manoir, n’ayant jamais complètement cessé de fonctionner, il n’avait eu besoin que de quelques étincelles de la part de ses deux occupants pour se remettre en fonction.

Vous en ririez, si je vous le disais, dit-il, mais ce qu’il en révèle, une histoire d’honneur, est bien suffisant pour la faire s’esclaffer. Elle rit de lui, un peu, mais surtout d’elle-même : décidément, s’il y a bien une chose qui change encore moins qu’une personne, c’est l’attirance que celle-ci éprouve pour certains archétypes. Il y a donc plein de la chaleur dans cet amusement limpide, et comme pour lui faire écho, derière eux, des braises réanimées dans le foyer se mettent à crépiter en concert.  

Vous aider… Mais vous vous doutez que j’ai ma propre quête à accomplir, ici, n’est-ce pas ? Et j'en ai déjà été détournée.

La musique cesse, mais les flammes se lèvent dans l’âtre en même temps que son regard sur lui. Incidemment, il y a des reflets ambrés et lumineux qui dansent dans ses iris, immenses, avec les pupilles qui se contractent dans une infinité d’or vert.

Maintenant, en quoi est-ce que ça m’avancera, moi, de vous aider plus que je ne l’ai déjà fait ?

Ça sent le feu et la magie, encore, et voilà que Guillaume s’assombrit de plus en plus avec l’éclairage surnaturel qui le découpe à contrejour.  Le sourire d’Alea, jusqu’ici acéré, se barbouille soudain d’un émoi qu’elle ne parvient pas à dissimuler : dur, dur de garder une expression sérieuse quand elle entrevoit, dans ces jeux d’ombres, ce qu’il était disposé à devenir, car cela ne pouvait être autre chose que la chute d’une plaisanterie pleine de fatalité.

Les archétypes, décidément…
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Sam 13 Mar - 12:05

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Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
Guillaume hausse les épaules, avec une sorte de sincérité pensive vaguement désarmante.

- Il y en a qui prétendent qu'il n'existe pas, ou bien que l'on cherche la mauvaise chose depuis tellement longtemps que tout le monde a oublié ce que c'était vraiment. Cela ne m'étonne pas tant, finalement : les réponses aux énigmes sont parfois absurdement simples.


Maintenant que sa résolution a trouvé une prise plus sûre et plus ferme, son esprit s'arc-boute dessus pour se hisser encore vers une conscience plus aiguë de lui-même, et d'où il se trouve. Au fond de son crâne, quelque chose remarque bien que l'environnement paraît répondre, ou se muer, même subtilement. Comme un écho, les flammes crépitent dans la cheminée, mais elles tiédissent et son bien ternes face aux braises qui logent au fond de l'âme du chevalier qui s'assoiffe des promesses apportées pour sa quête.

Elle rit, et Guillaume s'y attendait un peu, sans comprendre vraiment pour qui vient cet éclat d'amusement. Il y a peut-être un tout petit de mélancolie qui s'immisce sur ses traits, comme la résignation tranquille face à ces réactions qu'ont parfois les autres, quand ils savent. Ces valeurs d'un autre âge font tâche, il faut bien le dire, et les raison plus profondes sont plus honteuses encore mais le rire des autres, il s'y est fait, comme on se fait aux aiguilles, aux petits bleus et aux égratignures infimes qui s'accumulent sous les paroles anodines.

Il se tait un moment, la regarde en biais, avec l'amorce d'un sourire au coin des lèvres.

- Par bonté d'âme, et pour vous débarrasser d'une babiole sans valeur ? Si cela vous importe si peu, que vous importe aussi de me montrer le chemin ?

Il hausse les épaules et se lève, puis s'incline un tout petit peu, et coule encore le bleu de ses yeux sous les paupières qui se plissent.

- Si j'ai appris quelque chose à propos de votre double, et peut-être bien de vous, c'est que vous n'en ferez qu'à votre bon plaisir. Si celui-là est de m'épauler, j'en serais ravi, et sinon, eh bien, il me faudra m'en aller en solitaire affronter tous ces dangers.


Plus il la regarde, plus il pense à Alice, et plus il trouve à voir ce qu'elles ont de semblable. C'est dans les yeux, dans les expressions du visage, dans cette distance qui daigne s'adoucir d'une cruauté toute douce, dans les inflexions de la voix, aussi. Et puis il y a ce qu'elles n'ont pas de commun, la gravité sinistre qui la drape, elle, avec sa chevelure funèbre et sa pâleur qui prend à peine, ici, les couleurs de la vie. Il distingue l'émoi qui ride les eaux claires de ses pupilles, mais il n'en comprend pas la nature, si ce n'est une mélancolie qui lui cisaille le cœur. Quelque chose, en elle et dans ce qu'elle partage avec le Manoir, lui inspire une peine qu'il garde secrète. Il se doute qu'elle aurait horreur de sa pitié mais que dire d'autre, à voir combien tout se dilue et se délite, figé dans un chaos embrouillé d'ombres et d'étrangetés ? Il voudrait y voir du soleil, de beaux et bons murs solides, des certitudes pour trancher à travers les brouillards, et des feux pour dissiper les ténèbres accumulées.

- Je ne voudrais pas m'attarder plus que de raison, reprend-il avec un peu de douceur dans la voix. Mais à tout prendre, c'était un joli moment.
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Ven 14 Mai - 18:54

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Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Après la musique, le silence respire profondément. Son souffle, il alimente le crépitement discret du feu et celui-ci expire, à son tour, cette chaleur qui borde et qui endort tout ce qu’il y a de lugubre en les remplaçant avec des couleurs dansantes.

N’exagérons rien, je n’ai jamais dit qu’elle était sans valeur.

Elle en avait une, assurément - une indispensable même - mais à quoi bon poursuivre une quête impossible au risque de se perdre encore plus? Il n'y de valeur à obtenir un tel objet que s'il peut être utilisé.

Un joli moment, dit-il alors qu’il s’apprête à partir.

Ce l’était, susurre-t-elle tandis que son regard passe et s'égare. Elle n'a pas besoin de regarder Guillaume pour le sentir qui s'éloigne et, déjà, il y a comme un soupçon de mélancolie qui sème dans sa résolution un fragment de doute.

Attendez, s'entend-elle l'interpeler, presque surprise, avant qu'il ne sorte.

Son soupir est profond et elle sait qu'il n'y a plus de retour en arrière possible. Ainsi, elle se lève - même s'il y a quelque chose dans sa façon de trainer le pas qui rappelle l'insolente adolescence qui ne l'a jamais quitté - et vient, sans détour, faufiler ses mains là où il cachait sa boussole magique.

Comme une petite créature nerveuse, la sorcière l'avait sentie vibrer et elle l'amène, enfin, au niveau de son regard doux comme pour l'apprivoiser.

Cette Alea ne produit pas plus sa propre magie que l’autre que Guillaume connait, mais il faut dire qu’elle n’a pas besoin de chercher très loin, au Manoir, pour trouver de quoi alimenter son art: si c’est vrai qu’il s’agit d’un organisme à part entière, elle en devient momentanément un organe qui aspire et qui filtre, si bien que l'objet entre ses mains, soudain, se calme quand il s'y connecte également.  

— Pour vous aider à retrouver le chemin vers la maison, quand vous voudrez sortir d'ici.

Comme ça, au moins, elle pourrait partir l'esprit tranquille.
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