J’étais redescendu sur le pont, et dans mon empressement j’avais rapidement délaissé ma charmante partenaire de jeu. Mais je ne m’en faisais pas tellement pour elle, si elle avait pu rivalisé avec un lycanthrope, ce n’était pas quelques personnes éméchés et hystériques qui allaient l’arrêter. A la faveur des rayons pâles de la lune, j’essayai de distinguer des silhouettes connues sur le pont, mais rien. Il me semblait pourtant avoir « reniflé » Xander, mais peut-être s’était-il déjà éclipsé, ne laissant que des effluves involontaires derrière lui.

Cependant, à mesure que je me concentrais pour analyser un peu mieux la situation, la Bête se réveillait. Et pour cause…. une odeur âcre de sang se mettait à flotter de manière de plus en plus prégnante. C’était loin et il m’était impossible de déterminer avec certitude d’où elle pouvait provenir, mais j’étais persuadé qu’il ne s’agissait pas d’un bête saignement de nez. Quelqu’un, ou peut-être même plusieurs personnes, étaient en train de se vider complètement, et ça, ça craignait parce qu’il n’était précisé nulle part « murder party » sur l’invitation…

Torche de mon téléphone toujours allumée, je décidai de rentrer dans la salle de bal. Est-ce que j’espérai retrouver les personnes vulnérables que je connaissais afin de m’assurer de leur sécurité ? J’aurai voulu m’en persuader, mais en vérité mon instinct me poussait à identifier la source de tout ce sang. Ce n’était pas par courage, ni par âme charitable, non, j’étais simplement attiré par l’odeur de la mort comme un prédateur par un animal blessé.

Maintenant que le noir s’était invité depuis plusieurs minutes, la foule semblait avoir retrouvé une certaine contenance, et je distinguai ci et là des convives qui avaient, tout comme moi, dégainé leur portable et tentaient de s’organiser, de se rassembler. Les murmures et quelques pleurs étouffés avaient succédé aux cris de stupeurs qui m’avaient alerté plus tôt, ce qui rendait l’atmosphère encore plus lourde que lorsque j’avais quitté la pièce. Je me frayais comme je le pouvais un passage entre les chevaliers endimanchés, ne me concentrant que sur l’odeur d’hémoglobine. Je poussai des corps sans prononcer d’excuses, sans même les voir véritablement : ils n’étaient que des obstacles entre moi et ma cible.

Soudain, un coup de coude inopportun me fit perdre des mains mon téléphone qui retomba lourdement au sol, quelques mètres plus loin, dans un net bruit de verre brisé. La torche était encore miraculeusement allumée et offrait un parfait éclairage en contre-plongée sur une paire de seins seulement vêtus d’un soutien-gorge.