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Charmer la bête

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Jeu 4 Juin - 18:23

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Habitation permanente : Living Mirage, Old Fyre, et entre les deux.
Occupation : Chercheur en tout.
Nour Alizadeh

Nour Alizadeh
Dans un instant, ce sera l'aube. Le jour couve, comme un feu, derrière la ligne dentelée des montagnes qui entravent la vue : les braises du soleil s’amassent à l'extrémité du monde, prêtes à jaillir, à déverser leur flot sur les vallées et les crêtes. Pour l'heure, tout est calme encore, plongé dans la froide torpeur de la nuit qui s'attarde pour éroder les formes et les contours de son haleine bleutée. L'ombre presque liquide fait de grands lacs dans chaque creux, façonne une vaste mer aux pieds du grand escalier où Nour est assis.

La pierre est froide, encore. Elle a bu le gel qui tombe des étoiles quand l'obscurité rampe sur les monts, et il frissonne, serré dans son burnous de laine qui l'enveloppe tout entier. Entre ses doigts, une cigarette fume en semant l'odeur caractéristique des herbes qu'il mélange à son tabac, et un thermos de café brûlant y emmêle sa vapeur de graines torréfiées. Tout les matins, il vient là pour regarder le soleil se lever : parfois, c'est après une nuit blanche, pour se fouetter les paupières avec la fraîcheur de l'aube et la pleine clarté incisive du jour neuf, parfois c'est simplement par goût du calme qui monte des vastes étendues où rien ne bouge, encore. Tous les matins, Nour vient s'asseoir sur les marches du grand escalier qui escalade les hauteurs vertigineuses du sanctuaire, souvent seul, parfois avec de la compagnie.

Souvent, les passereaux qui égayent ces heures passagères viennent voleter autour de lui quand il leur jette quelques poignées de graines et un peu de pain mais ce jour-là il a les mains vides pour ses compagnons à plumes. Ce n'est pas eux qu'il attend et ce n'est pas pour eux, non plus, que tiédit une demi douzaine de fatayer roulés dans un linge blanc.

Lentement, Nour porte sa cigarette à sa bouche, exhale une fumée qui se suspend dans l'air immobile. Nawar est arrivé au sanctuaire depuis quelques semaines, et sans trop savoir pourquoi, il a happé l'attention du savant. Peut-être parce qu'il comprend, confusément, ce que ça fait de se voir dépouillé de son propre corps par quelque chose qui pousse à faire des choses innommables, peut-être parce que cette histoire là, entre toutes autres, était de nature à éveiller sa compassion.

Depuis son arrivée, Nour a comme tenté de l'apprivoiser. Doucement, patiemment, avec une sollicitude pudique qui cherche à ménager l'orgueil tout en faisant le nécessaire, avec des mots parcimonieux qui se tendent comme une main secourable. Il sait que Nawar sort, beaucoup, pour arpenter les alentours : il faut bien chercher les limites de sa prison, tâter les murs, les barreaux, les ouvertures, les possibilités. Au début, il l'a laissé tranquille, sans l'encombrer, mais ce matin-là, il l'attend en se disant que peut-être, il pourra faire un peu plus ? Après tout, il n'y a rien à perdre, à essayer.
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Jeu 3 Sep - 8:13

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Habitation permanente : Old Fyre
Occupation : Photographe - Grand méchant loup
Nawar Nasri

Nawar Nasri
Que tout est noir.

Je crois que j’aime la nuit. La nuit tout est noir, tout est sourd… et c’est ce qui me plaît, ce qui me rassure. Ça donne moins mal au cœur, moins mal à la tête. Le jour, je sens que je pourrais me perdre dans le nombre infini des rumeurs. Je suis soûlé par l’intensité de la vie qui vient se percuter contre mes nerfs optiques et mes tympans, emportant dans ses fracas un peu de ma santé mentale. Mais la nuit, les couleurs et les sons se terrent, s’endorment. La nuit la vie me laisse tranquille. D’accord, les odeurs sont toujours là, elles planent, m’entourent, m’accompagnent dans mon errance, mais j’ai moins de mal à les supporter ces vénéneux parfums lorsque tout est noir. Je n’avais jamais remarqué, je n’aurais jamais cru, qu’il pouvait y avoir tant de diversité subtile autour de nous. Mais que le prix à payer pour pareil révélation est dur à payer. Trop dur.

Je crois que « ça » aime aussi la nuit. Je la sens davantage s’agiter, comme si la lune ou les étoiles avait une attraction particulière sur elle. Je n’en suis pas sûr, mais dans les légendes, n’y a-t-il pas toujours une histoire de pleine lune ? Oui, il y a du vrai je pense, même si à chaque pleine lune je ne suis pas obligé de m’enfermer dans une cage… En fait, elle peut advenir n’importe quand, et c’est ça, je crois qui me fait aimer l’obscurité rassurante de la nuit ; elle m’éloigne des hommes, quitte à me rapprocher de la créature.

La créature, la Bête… Ce serait si absurde si ce n’était pas si cruellement réel. Mais la douleur est bien réelle, la violence est bien réelle, l’horreur est bien réelle. La Bête est bien réelle. Pour le pire. Je l’ai compris maintenant, le mal est entré** j’y suis lié pour l’éternité. Je ne suis même plus une victime, même plus un homme, simplement un monstre. Elle est comme un cauchemar dont je ne pourrais jamais me débarrasser* J’envie les morts d’être partis. Ils ont tracé un chemin que je suis pourtant incapable de suivre. La Bête s’y refuse. Elle s’accroche à sa vie de parasite. Elle me retient à ma vie maudite. Elle ne veut pas rester sage, elle veut vivre intensément quitte à brûler, car elle n’a rien à perdre et elle a toujours faim. Alors, quel autre avenir que la nuit pourrai-je envisager pour moi ? Mon passé est mort, mon présent se drape dans le voile du deuil et mon futur ne veut plus rien dire. Il est inexistant. Vide. Noir. Que tout est noir...

Alors, enveloppé dans mon désespoir, ombre parmi les ombres, je erre dans les dédales obscurs du sanctuaire. Je foule les pierres recouvertes de mousse, je marche sur les sols recouverts d’humus, je me confronte à la folie des ombres qui s’étendent sans fin et je prie pour que la nuit soit éternelle. Mais elle ne l’est jamais. Le soleil finie toujours par percer les ténèbres et la vie se réveille inexorablement.




Ce jour-là, comme tous les jours où j’étais en possession de moi-même, je m’étais dirigé vers le sanctuaire aux premières lueurs de l’aube. Et comme tous les jours ou presque depuis mon arrivée, il me semble, Nour était là, attendant avec patience les chauds rayons du soleil d’été. Un subtile mélange de tabac et d’herbe en combustion et de café, qui sonnait comme une invitation à le rejoindre, me parvint alors aux narines. J’hésitai cependant ; il était le genre d’homme que j’avais envie de respecter. Le genre d’homme que je n’avais pas envie d’ennuyer avec mes états d’âme et mon humeur sombre. Doucement et en silence, je me suis approché de lui et l’ai salué d’un geste de tête timide, presque comme un gamin honteux de ne pas être capable de suivre le rythme logique de la vie.

- Bonjour. Je… euh... tu m’offrirais un peu de café ? lui demandai-je. Je n’avais rien à lui proposer en contre-partie hormis deux plumes et un caillou brillant que j’avais ramassés parce qu’ils auraient plu à mes filles qui en faisaient collection. Connaissant déjà la réponse de mon hôte au vue de son caractère, je me suis assis à distance raisonnable de lui et me laissai bercé par l’odeur entêtante de la fumée de sa cigarette.


Parce que mon esprit est toujours parasité de musique et d'autres trucs :
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Mer 16 Sep - 16:19

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Nour Alizadeh

Nour Alizadeh
Avec une paresse de vieux lézard, Nour somnole, les paupières emplies de lumière, et les entrouvre un moment pour regarder la silhouette qui grimpe les degrés jusqu'à lui. Les yeux plissent dans un sourire, alors qu'il tire sur sa cigarette qui rougeoie et fume dans la froidure, et c'est dans un sourire et une salutation cordiale que la bouffée de tabac s'échappe en fumerolles autour de lui.

- Salam ! Il y a bien assez pour toi, je crois que ça te fera pas mal, dis donc. C'est que le froid picote ce matin, eh ?

Le mégot coincé à la commissure des lèvres, Nour sourit à nouveau, et sans plus de manières remplit un bouchon de café qu'il tend à l'invité, assis à distance, comme s'il fallait garder un peu d'écart entre eux. Par méfiance sans doute, peut-être un peu par respect ? Le savant n'en est pas sûr, mais enfin, il tâche un moment de rassurer la première, juste au cas où, en se lançant dans cette parlotte un peu vide mais courtoise qui lui sert souvent à meubler le silence et à mettre à l'aise ses interlocuteurs. Il discute du temps qu'il fait, de la vie du sanctuaire, il parle, il parle, en mâchant hâtivement un anglais marqué et en s'excusant de n'ânonner que quelques mots de turc au milieu de la palette de celles qu'il connaît déjà.

Ça n'a pas vraiment de sens, ni même vraiment d'intérêt : c'est juste pour bercer les inquiétudes et les méfiances du son de sa belle voix mélodieuse qui coule ses sonorités dans le silence de l'aube, comme on apprivoise quelque chose. Patiemment, mot à mot, il tâte le terrain et sonde son interlocuteur, jusqu'à aller enfin dans le vif du sujet, alors qu'il écrase son mégot sous sa semelle.

- Et comment a été ta nuit ? J'ai le sentiment que tu ne dors pas bien long, ces temps.

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Jeu 11 Fév - 11:03

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
Je pris avec délicatesse la tasse improvisée que le savant me tendait tout en acquiesçant à sa remarque. Je crois que je n’avais pas tellement réalisé combien le froid m’avait transi avant de boire ce café salutaire. Il était bon, et plutôt fort à vrai dire, et sa douce chaleur se diffusa lentement dans tout mon corps. C’était agréable. Suffisamment agréable pour que je m’attarde sur cette sensation, tout en écoutant voler les mots de mon compagnon matinal, bavard intarissable. Sa faconde me berçait légèrement et par moment, au détour d’une remarque ou d’un mot, je partais dans mes propres pensées avant de reprendre le fil de son monologue.

C’est un peu comme ça je crois que je me fis surprendre par la question directe du fumeur. Et sans trop savoir pourquoi – quelque chose dans la douceur de ses mots ou dans cette manière si particulière qu’il avait de s’adresser à moi en me ramenant toujours à mon humanité – sa magie opéra et je commençai à lui répondre avec sincérité.

- Ça a été… je crois. J’ai cherché à boire une gorgée de café, histoire de me donner contenance, mais j’avais déjà fini la tasse depuis longtemps et ne trouvai que le vide pour épouser mes lèvres. C’est que je me sens mieux la nuit. En journée je ne suis qu’une sorte d’imposteur. C’est… ça me demande beaucoup d’efforts d’essayer d’agir comme si de rien n’était, de voir du monde, de devoir parler à des gens… Tout m’apparaît si futile et vide de sens. Je marquai une pause avant de rajouter, presque dans un murmure : De toutes manières, je crois que je n’ai rien à offrir à personne en ce moment.

Comme pour illustrer mes propos, je rendis le bouchon vidé de son contenu à mon interlocuteur.

- Et puis j’ai peur. J’ai peur de tout ce que j’ai à l’intérieur. J’ai peur de tout ce que je pourrais faire. Mais la nuit, mon masque tombe et je n’ai plus besoin de faire semblant de vivre, tu comprends ? Un peu comme avec toi... Avoue, tu es une sorte de sorcier ou un truc comme ça ? demandai-je à moitié plaisantant et à moitié sérieusement.
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Jeu 11 Fév - 16:57

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Nour Alizadeh

Nour Alizadeh
Nour écoute, comme il le fait souvent. Il trouve le moment de se taire, quand l'heure est opportune, et que comme un fruit mûr l'homme silencieux à ses côtés s'ouvre un tout petit peu. Le regard grave du vieil homme le fixe quelques instants, et puis, il se détourne pour pousser entre eux les pâtisseries dans leur linge humecté de leur vapeur. Les derniers mot de Nawar lui font lâcher un rire franc qui résonne dans le silence du petit matin.

- Un sorcier ?


Le rire s'éteint, le sourire s'accroche, tire sur les ridules et les méplats accrochés aux os minces et aux arêtes saillantes du visage.

- Non, reprend-il en secouant la tête, non, camarade. Je ne suis qu'un vieux bonhomme qui parle trop, c'est tout.

Pourtant, c'est vrai qu'on pourrait se méprendre, à voir cette gaieté malicieuse logée dans l'interstice des paupières qui tombent sur les yeux très noirs. Il y a une étincelle qui y danse, bienveillante et sagace, comme s'il en savait toujours bien plus long qu'il n'ose l'avouer.

- Et c'est aussi mon métier de garder un œil sur nos pensionnaires du sanctuaire, alors voilà, je laisse traîner mes oreilles et j'écoute, aussi. Pour ce que ça vaut, je ne peux pas te dire que comprends ce que tu traverses, mais disons, j'en ai une petite idée. Tu n'es pas le premier, et je gage, pas le dernier non plus, alors tu vois, les choses que tu dis, elles me sont un peu familières.


Il se tait, juste le temps de reverser un peu de café dans le gobelet de Nawar, et de prendre lui-même une gorgée brûlante au goulot du thermos.

- La nuit, c'est bien, dit-il à mi-voix, comme un fredonnement. ça, ça oui, je comprends. L'ombre, elle est douce, quand elle nous dérobe aux regards, il n'y a plus besoin de se cacher, quand il n'y a même plus personne pour regarder. As-tu vu comme les nuits sont belles, ici ? Il faut grimper au sommet des ziggourat, quand la lune est nouvelle : tu as le ciel, et toutes ses étoiles, rien que pour toi. Certaines fois, l'air est si pur, il suffirait de tendre la main pour les toucher.

C'est une réponse, et une voix, de poète. Elle berce sa prosodie mélodieuse dans le plein éclat du jour, avec une sérénité révérencieuse, comme l'on évoquerait des choses belles et sacrées pour exorciser la peur. ça ne le sauvera pas, Nour le sait, mais enfin, ce sont de petites choses comme celles-là qui rappellent parfois qu'on est encore assez humain pour les penser.

- Les étoiles, oui,
reprend-il en hochant doctement la tête, c'est important, de penser aux étoiles.
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Ven 12 Fév - 9:14

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
Que je ne sois ni le premier ni le dernier à subir ce sort ne me réconfortait pas tellement. Mais quelque part, j’appréciais le fait d’avoir été pris en charge, soigné, et que l’on ait pris le temps de m’expliquer ce qu’il se passait et ce qu’allait être ma vie à présent. Je n’osais imaginer l’horreur de se retrouver parfaitement seul face à une telle situation. Y’avait de quoi virer dingue.

- Oui j’ai remarqué, répondis-je doucement lorsqu’il me parla de la beauté des nuits. J’en profitai pour me servir d’une des pâtisseries qu’il m’avait innocemment tendue et croquai dedans. Nos soucis sont bien dérisoires pour les étoiles, n’est-ce pas ?

Il avait beau nier, je le croyais tout de même un peu sorcier, sinon comment aurait-il pu taper aussi justement en me parlant des étoiles ? Ou avait-il seulement appris - ou plutôt « laissé traîner ses oreilles » comme il disait - que mon accident avait eu lieu précisément une nuit où nous étions sortis pour observer les astres ? Notre – mon - attirance pour les étoiles nous avait conduit vers un destin bien funeste, et pourtant… pourtant, je continuais de les aimer et à les admirer avec la même innocence qu’un enfant, et j’avais réfléchis au sens de leur existence aux confins du mystique et du sacré.

- Ouais... Qui que l'on soit, où que l'on aille, il nous suffit de lever les yeux pour nous connecter à n'importe qui dans ce monde. C’est réconfortant d’imaginer que même en étant loin de ceux que l’on aime, ce sont les mêmes les étoiles qui veillent sur eux aussi.

Mes pensées filèrent évidemment à des centaines de kilomètres de là vers ma fille qui, heureusement, se trouvait écartée de mon nouveau monde aux vérités trop dures et de mes démons. Je vidai à nouveau ma tasse de café avant de me mettre à jouer avec les petites plumes que j’avais ramassées plus tôt dans la nuit. Je ne parvenais jamais à me souvenir laquelle des deux fillettes en faisait collection et ça me serrait le cœur. C’est con comme des détails insignifiants peuvent vous tourmenter parfois.

- Nour, tu … tu as des enfants ? lui demandai-je presque plus pour l’obliger à me retourner la question que par réelle curiosité car, en vérité, même s’il n’était le père de personne, je ne parvenais pas à l’imaginer autrement que comme un père pour tous les dingues et les paumés portés par la terre.
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Sam 13 Fév - 8:31

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Nour Alizadeh

Nour Alizadeh
Nour se berce d'un sourire un peu triste, quand Nawar répond. Il n'est pas sorcier, mais il a lu son dossier, et il a sa petite idée déjà de vers qui vont ses pensées quand il regarde les astres et espère que d'autres yeux contemplent les mêmes. Du coin de l'oeil, sous les paupières un peu plissées dans la lumière qui les frappe à présent de plein fouet, il observe. Un reflet noir se glisse, accroche la clarté du jour tout neuf.

La question lui fait lâcher un autre de ses rires, tout bas, tout doux, et il baisse les yeux sur ses mains, ouvertes en coupe. Le mégot fumaille à sa lèvre qui s'étire quand il hoche la tête.

- Oui, répond-il. J'ai une fille toute grande, maintenant. Et puis il y en a d'autres que je considère comme mes enfants, même s'ils ne sont pas vraiment de mon sang. Pas tous, je crois.

Une pause, il sourit, un peu pour lui-même.

- J'ai une grande famille, un peu pleine de trous, mais l'un dans l'autre, ça tient ensemble. L'Ordre est comme ça, tu sais, on finit par s'adopter mutuellement parce que personne ne peut faire ce qu'on fait sans perdre quelque chose.

Le sang plus épais que l'eau, peut-être bien, mais pas bien important parfois quand on se créé d'autres parentés pour combler les vides. Nour ferme les yeux un instant, comme s'il rentrait un peu en dedans de lui-même, et aspire une dernière bouffée interminable sur ce qu'il reste de sa cigarette pincée entre ses longs doigts grêles. Il finit par sourire, à nouveau, et glisse un regard un peu rieur à Nawar.

- Tu sais comment ils m'appellent, les collègues de l'Ordre ? "Tonton." Même les gens plus âgés -il n'y en a pas des masses, je te l'accorde. Je suis meilleur oncle que père, il faut croire.


Il ménage un silence pudique avant de retourner la question, qui n'en est pas vraiment une, à Nawar.

- Tu as des enfants, toi aussi, n'est-ce pas ?
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Jeu 18 Fév - 13:14

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
J’ai observé Nour qui baignait dans la lumière vive du jour nouveau en essayant d’imaginer ce à quoi il pouvait bien ressembler plus jeune. Dégageait-il déjà ce charme et cette aura de bienveillance et de sagesse, ou cela lui était venu en héritage de dizaines d’année passées à parcourir le monde ? Ainsi auréolé par le soleil, j’aurai pu juré qu’il avait toujours eu ce petit plus, et je concevais assez qu’il ait pu faire tourner la tête et le cœur de nombreuses femmes et concevoir avec elles un – ou plusieurs apparemment ? - enfant.

Je l’écoutai sagement m’exposer ce qu’était sa famille étendue, le cœur pincé à l’idée que chacun vivait plus son lot de perte que de joie. En me documentant sur l’histoire ancienne et plus récente de l’Ordre, j’avais cru déceler cette totale abnégation à la cause dont devait faire preuve les chevaliers, et j’éprouvais une admiration empreinte de tristesse pour ces agents de l’ombre qui perdaient bien plus qu’ils ne semblaient y gagner. Nous partageâmes un silence pudique enveloppé dans les volutes de sa cigarette, peut-être en l’honneur de tous ceux qui n’étaient plus là. Ou peut-être parce qu’il était inutile d’en rajouter davantage.

- « Tonton » ? Sans rires ? Je n’avais pas pu m’empêcher de ricaner un peu avant de poser un regard amusé sur mon interlocuteur. Oui ça te va plutôt bien… je tacherai de m’en souvenir, déclarai-je sourire aux lèvres. J’avais oublié qu’un jour je savais sourire. Sorcier va.

Un calme plus sérieux reprit bientôt place entre nous, présageant d’un ton de discussion plus grave.

- Oui, mais tu le savais déjà n’est-ce pas ?

Mon sourire amusé se transformait peu à peu en sourire triste. Je sorti de ma poche une photo froissée par l’usure de mes deux filles le jour de leur cinquième anniversaire, à peine un mois avant le drame.

- Regarde, ce sont elles, lui dis-je en lui tendant, la main légèrement tremblante, la photo.

Et tandis qu’il l’attrapait je lui parlai, la voix un peu fébrile, des deux petites filles qu’il pouvait y voir. De père à père, je lui contai leurs jeux préférés et les plus terribles bêtises qu’elles avaient faites, je lui décrivis leur caractère bien distinct et leurs ressemblances étonnantes, je m’attardai sur les détails insignifiants qui me rendaient dingues d’elles, je partageai la joie et les doutes atroces qui avaient jalonné ce rôle de père que j’avais incarné pendant si peu de temps au final. Trop peu de temps.

- C’était parfait le temps que ça a duré, finis-je par conclure dans un souffle. Je doute pouvoir revivre ça un jour. Je veux dire, dis-moi quelle famille de détraqués pourrait adopter quelqu’un comme moi ?

Je me refermai d’un coup, accablé par cette réalité si dure : je ne ferai jamais partie d’une famille, ni la mienne ni celle de l’Ordre, pas même en tant que chien - qui voudrait d’un chien qui mord ? Je ne pensais pas même avoir un jour le droit de vivre ailleurs que dans un sanctuaire.

Le jour, maintenant installé, semblait ramener avec lui toutes les préoccupations inhérentes à la vie en société que j’essayai désespérément de fuir. J’aurai tellement souhaité que notre bulle, formée dans l’interlude informel qui sépare la nuit du jour, dure encore un peu avant d’éclater et disparaître.
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Jeu 18 Fév - 16:51

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Nour Alizadeh

Nour Alizadeh
Nour rit encore, de ce rire léger qui toussote un peu dans les coins et qui semble pouvoir tout adoucir.

- Oh, fait-il, il paraît que je laisse difficilement l'oublier.

Et derechef, comme pour joindre le geste à la parole, il remplit le gobelet de Nawar d'un peu de café. Son sourire se fait énigmatique, quand il repose la bouteille devant ses jambes croisées. Bien sûr, qu'il le sait déjà, mais Nour est un homme pudique qui aime ménager les autres, notamment en ne disant pas qu'il a lu toutes sortes de notes les concernant.

Ses vieilles mains se tendent avec précautions pour prendre la photo, avec la même révérence que celle avec laquelle on manipulerait une icône sainte. C'est qu'après tout, ça a bien autant de valeur, quand on montre à autrui un petit morceau de son propre cœur et ce qu'il reste de la chair de sa chair. C'est quelque chose qui est arrivé tant de fois, ces photos abîmées, usées, jaunies, qu'on sort en catimini, qu'on ménage, qu'on préserve, comme si les voir pouvait les user davantage. Les reliques de la mémoire ont quelque chose de sacré, oui, surtout pour le vieux poète qui a tant perdu et qui voyage, de lointain en lointain, avec ses valises de souvenirs et leurs visages pour tout vestige.

Il garde la petite image entre ses paumes, et il sourit. Il a baissé la tête mais Nawar peut sans doute distinguer la douceur très tendre de cette expression qui habite le visage fatigué. Il y a assez de tristesse pour remplir tous les océans, et probablement assez d'amour, aussi, et tout ce qu'il peut de compassion quand il rit encore, et qu'il écoute, qu'il écoute de toutes ses forces la voix d'un père qui parle de ses enfants.

Nour reste silencieux, un instant, quand l'amertume fissure la tendresse du discours. Il se redresse pour tendre la photo à Nawar et ce faisant, accrocher son regard avec ce sourire serein qui lui vient souvent.

- La nôtre, Nawar. Et puis la tienne, aussi, un jour.


Il lâche prise, et se détourne comme pour laisser un peu d'espace à son interlocuteur. Le laisser se refermer, parce qu'il sait déjà la valeur qu'elle a eu, cette douceur qu'il a réussi à faire revenir, même pour quelques instants. C'est déjà ça, se dit-il en rallumant sa cigarette, c'est déjà quelque chose.

- Tu n'es pas arrivé au bout du chemin, reprend-il, les yeux perdus dans les lointains baignés de lumière. Crois-moi, il peut se passer encore des tas de choses. Peut-être bien que ça ne sera plus jamais comme avant, et ça... ça c'est un deuil difficile. On est beaucoup à avoir traversé ça et, oui, ça laisse des traces. Mais ça n'est pas la fin.

Quelques cendres tombent de ses doigts, emportées par le vent.

- Je ne pense pas que tout soit perdu, pour toi. Ni pour quiconque, soit, mais c'est mon défaut d'être un incorrigible idéaliste. Il en faut, paraît-il, au moins pour rêver à la place des autres.


Une pause, puis il le fixe de ses yeux très profonds, très noirs, avec cette légèreté de vieillard qui peut enfin se permettre le luxe de croire en des choses insensées.

- Je ne vais pas te mentir, et puis tu le sais déjà : il y a une chance que tu doives rester dans un sanctuaire, pour ta sécurité et pour celle des autres. Et je sais que pour l'heure, tu ne veux pas d'une nouvelle vie et tu ne cherches qu'à retrouver l'ancienne, mais voilà, il y a aussi une chance que tu trouves quelque chose. C'est aussi pour ça que l'Ordre existe, après tout.
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