La pâteuse… Je déteste la pâteuse, l’impression que l’on vous a bourré la bouche de scotch bon marché, pour laisser ensuite juste la colle du ruban adhésif.

Je regardais ma montre, pour m’apercevoir qu’en ce moment il y avait du relâchement, il était 14 h, la convalescence ne m’avait pas fait que du bien. Mais au fond ça me faisait marrer.

Va falloir que je fasse un peu de ménage dans ce taudis qui me sert de chambre, ou Lilly, risque clairement de me déboiter la mâchoire, avant de me faire lécher le sol. Pas que je craigne Lilly en soi, elle est forte mais ça reste une femme, je n’ai clairement pas envie de l’énerver, c’est mauvais pour son teint.

Je lorgnais la bouteille de Jack à portée avant de m'en saisir, de presser mon pouce sur le bouchon pour le faire voler et d'en prendre une lampée qui acheva la bouteille. Après tout mon vieux disait souvent de combattre le mal par le mal, et là-dessus, je ne le contredirais jamais.

Après quoi je me dirigeais vers mon sac et décidais de m’en griller un petit. Puis j'irais rendre les clefs de la chambre, et après retour à Londre. J’aime bien Old Fyre mais il y a une limite à tout.

Je pris, dans la poche de mon sac une boîte en bois, possédant un petit verrou avec un bouton poussoir, le genre de boîte que l’on réserve pour les cigares cubains. Une fois la boite ouverte, je pris mon coupe-cigare en forme de crâne, et découpais le bout avant de le porter à ma bouche. Enfoncé dans le couvercle de la boite, l’on pouvait apercevoir un briquet carré, légèrement doré, je m'en saisis, allumais mon cigare avec, et parti a la fenêtre pour fumer.

"Ah,"je penchais ma tête en arrière tout en éjectant ma fumée par la fenêtre "ça fait un bien fou, et celui-là ne finira pas dans un fond de Whisky!"

Tout en continuant de fumer, j'aperçus la tignasse bleue de l’autre jour, qui allait en direction l’Aquarium, surement pour prendre son shift. Je fronçais les sourcils en le scrutant, et n’arrivais pas à me souvenir de lui.

C’est bizarre, avant hier, je ne l’avais jamais vu à Old Fyre, pourtant, lui et Vic’ avaient l’air de se connaître hier, vu comme elle avait l'air entichée. Il va falloir que je fasse un brin de causette avec lui avant de partir, on sait jamais, il pourrait me rencarder sur Vic, car, a bien y regarder, mise à part le fait qu’elle a été ma partenaire de mission, qu'elle a mauvais goût en matière d'hommes , et qu’elle me doit encore 2 verres, je ne sais pour ainsi dire rien sur elle. Ah bien y réfléchir, y a au moins une chose dont je suis sûr, elle n’a pas peur de me tenir tête.

J'écrasais la fin de mon cigare dans un verre, et commençais à mettre de l’ordre dans sa chambre, avant de filer prendre une bonne douche. La douche finit, je fis un dernier tour, avant de claquer la porte et de partir en direction du bar.

Pas de doute, c’est bien l’autre minet d’hier, me dis-je avant de regarder autour de moi pour voir si il y avait d’autres personnes. Bon on est seul, je vais en profiter pour lui parler.

Je lâchais brusquement mon sac au sol, dans le but de faire sursauter Tullio.

Salut l’artiste, les présentations ne sont plus a faire, je pense, mais au cas où, lançais-je en lui tendant ma main droite, Bloomberg, Larry Bloomberg, ça fait longtemps que tu bosses ici ? En général je n’oublie jamais un visage.

Contrairement à la veille, où Tullio avait commencé sa journée en milieu de matinée, il embauchait en milieu d'après-midi. Ça voulait dire finir a une heure du matin, si tout allait bien, deux heures sinon.

En faisant un tour dans le bar pour vérifier son état de propreté, tout à fait acceptable pour l'instant, il finit par passer devant les sièges au comptoir et, forcément, devant celui où Toria avait ses habitudes. Ce qui, inévitablement, lui faisait penser à la veille quand un gros lourd avait débarqué avec son cigare pour en souffler la fumée sur la chevalière. Non mais vraiment, quel imbécile rentre dans un bar avec un cigare en 2020?

Il lui avait d'ailleurs demandé de qui il s'agissait. Après tout ils avaient eu l'air de se connaître, au moins vaguement. Sa colocataire lui avait donc expliqué qu'il s'agissait d'un chevalier qui était parti en mission avec elle et avait foncé dans le tas comme un abruti.
Résultat, les 3 fameuses balles dont l'autre avait parlé, et cette apparente dette de trois whiskys. Tombée à deux parce qu'elle lui avait tenu tête, s'il avait bien compris?

Parlant du loup… Le voilà qui sortait de sa chambre. Comme il n'y a personne d'autre, et que le chevalier n'a pas l'air de se diriger vers la sortie, Tullio fait en sorte de le garder dans son champ de vision. Aussi, il ne sursaute pas quand le sac de l'autre atterrit bruyamment au sol. Quand on a l'habitude des chutes de chaises et d'ivrognes, on se laisse moins facilement surprendre. Et putain ça me ruine tout les films d'horreur qui fonctionnent au jump scare.

"Tu fais bien. J'avais aucune idée de qui t'étais."

Répliqua le consultant, en saisissant la main tendue, même si c'était un peu à contre-cœur. Larry puait le cigare, à tous les coups il avait fumé dans sa chambre. Et dire que c'était lui qui allait devoir la nettoyer après…

"Tullio Cavaleri, j'bosse ici depuis… un peu plus de deux ans. J'me rappelle pas t'avoir vu non plus."

Les présentations sont plus a faire, non mais vraiment?

"Juste au cas où, j'peux pas mettre de verres sur la note de quelqu'un sans son accord explicite."

Lança Tullio, sur le ton de la plaisanterie, même si c'était très sérieux. D'autant que de toute façon Toria n'avait pas de note. Si Lillian était là, elle ne payait rien, et la plupart du temps même quand elle n'était pas là.
Comment la chevalière réussissait à faire les yeux doux à la terreur qu'était sa patronne, il l'ignorait, mais ça avait manifestement des avantages.

"Tullio ? Enchanté ."

C'est bien ma veine, il a fallu que je tombe sur une nouvelle recrue d'Old Fyre, et en plus, il est arrivé pendant ma convalescence. Décidément, il faut croire que j'ai passé trop de temps sur 3 jambes..., il était temps que je me remette au turbin, pour ce qui est de le cuisiner, à mon avis ça va être rapide, mais bon, peut-être qu'il allait réussir à m'amuser.

A l'entente de la dernière phrase du gringalet, j'eus un sourire en coin.

"Sans son accord dis-tu ? Je ne me fais aucun souci tu l'auras."

Elle allait me tomber toute cuite dans le bec, qu'elle le veuille ou non. Je pris un tabouret, et m'installais tranquillement. À ce moment, je n'avais pas encore percuté, mais cela me frappa comme une tonne de brique sur la tronche, ce visage, ce regard ...

Je me retrouvais projeté dans le passé, bien malgré moi.

J'avais été sonné par un tir ennemi, jusqu'à ce que Jeff me tire de l'inconscience. Jeff… mon ami d'enfance, que je considérais comme un petit frère et qui s'était enrôlé à la même période que moi.

A peine le temps de compter nos blessés et nos morts que les tirs d'AK-47 avaient rempli l'air. C'était la première fois qu'on se faisait attaquer comme ça mais, pour leur défense, nos dernières offensives avaient été plus que payantes.

On avait dû partir en reco à deux, et on s'était retrouvés à affronter une douzaine de types. Heureusement, les grenades avaient fait la moitié du boulot, et leur surprise nous avait permis de nous charger du reste. C'est au moment de retourner près des autres que les choses se sont gâtées puisque le bâtiment a explosé juste au moment où Jeff me poussait au sol après avoir ouvert la porte.

Le responsable? Un père dont la famille avait été prise en otage par les talibans, et qui était venu nous trouver armé d'une ceinture de bombes. Il voulait nous obliger à nous rendre mais a paniqué quand la porte s'est ouverte et tout fait sauter.
Le résultat? J'ai vu mon petit frère partir en morceaux, juste sous mon nez, sans que je puisse rien y faire, à cause d'un gars qu'on était supposés protéger. Et pour ça, j'ai été rapatrié et considéré inapte au combat à cause d'un soi-disant traumatisme psychologique.

Au moment de me rendre compte que j'étais là, à me remémorer tout ça, je me vis en train de regarder Tullio dans le vague, il devait se demander ce que je lui voulais, à rester comme ça a le mater.

"Vas pas te faire des films l'artiste ! J'étais juste en train de repenser à quelqu'un qui m'est cher! Tu m'y fais un peu penser."

Manquerait plus qu'il pense que je le mate!

"N'empêche que pour l'instant, elle ne m'a rien dit."

Rétorque Tullio, alors qu'il observe Larry s'installer. Lui ne pense pas que Toria donnera son accord si facilement, mais il n'ajoute rien à ce sujet pour l'instant. Le chevalier aura sans doute tout le temps de comprendre que ce n'est pas en faisant son mâle dominant qu'il obtiendra quoique ce soit de l'italienne.

"Je te sers un truc?"

Demande le consultant, quand il s'aperçoit que ça fait déjà plusieurs secondes que l'autre le fixe, mais il n'obtient pas de réponse. Alors il attend, un sourcil haussé, jusqu'à ce que Larry lui dise de ne pas se faire de films et qu'il lui faisait penser à quelqu'un qui lui est cher. Et je suis supposé faire quoi de cette info…?

"Puisque tu t'es installé, je suppose que tu veux boire quelque chose?"

Se contente-t-il donc de lâcher, parce que ce n'est pas exactement comme s'il avait envie de lui faire la conversation. Larry avait eu l'air d'attendre des excuses de Toria et il se demandait s'il en attendrait de lui aussi, s'il s'avait que le barman était celui qui avait été chercher les policiers qui lui avaient tiré dessus. Sans doute, vu le peu de son caractère qu'il avait aperçu. Tullio, lui, estimait ne pas avoir à s'excuser pour avoir fait la seule chose logique compte tenu de la situation, et préférait donc éviter le sujet.

"Du coup tu sors de rééducation, c'est ça? Tu vas repartir en mission bientôt?"

Il n'avait toujours pas envie de lui faire la conversation mais, à la réflexion, un silence gênant était encore pire.

Sanctuary de Welshly Arms, passait en fond sonore au moment où je repris mes esprits, j'avais vaguement entendu ce que Tullio m'avait demandé, je voyais qu'il n'était pas très à l'aise en ma présence, en même temps, j'ai toujours tendance à faire cet effet, l'armée m'a bien formé, et mes années en temps que chevalier n'ont pas aidé non plus.

Je sentis mon visage s'assombrir et soupirais.

"Je vais te prendre un verre de ta meilleure bouteille de Whisky, et prends-toi ce que tu veux c'est moi qui invite. Après tout c'est la moindre des choses que je puisse faire pour me faire pardonner pour hier. Il faut croire que toutes ces années à jouer le loup solitaire pour l'ordre, ça n'aide pas vraiment pour être social."

Pas que je regrette son comportement d'hier, bien sûr que non. Mais si je voulais le cuisiner à un moment ou à un autre, il valait mieux que l'asperge pense que j'étais désolé. Ça ne m'empêchait pas de repenser aux bons moments passés avec Jeff. Etre passé aussi près de la mort m'avait ouvert les yeux. Je m'étais reconstruit tant bien que mal, c'était déjà pas facile de perdre un ami alors un frère… J'avais eu l'impression que le monde s'écroulait autour de moi.

"Ouais 3 semaines dans ces moments, ça parait être une éternité, et ne plus avoir à traîner cette foutue canne est jouissif, en ce qui concerne les missions je ne sais pas encore, j'ai quelque peu déconnecté de l'ordre pendant mon séjour chez les éclopés, il va falloir que je me remette au parfum.

Je réponds quand il m'interroge sur ma rééducation et d'éventuelles missions.

"On va commencer par le début et repartir sur de bonne base, parle-moi un peu de toi, tu n'es que barman ou bien t'as un autre statut ici ?"

Allez le minet. Dans 5 minutes, t'es dans ma poche.

"J'viens de commencer mon shift, c'est trop tôt."

Réplique Tullio, quand le chevalier lui indique de prendre ce qu'il veut. A vrai dire, il aurait pu prendre un soda, ou une autre boisson sans alcool, mais le fait était que c'était plus l'idée de boire avec Larry qui l'ennuyait que de boire tout court. Il avait déjà accepté des bières à cette heure-ci.

Il prépare donc le whisky demandé et le pose devant son vis-à-vis alors que celui-ci lui explique que 3 semaines de convalescence et quelques années de solitude n'avaient pas aidé son côté social. Puis, il répond à la question posée un peu plus tôt sur un éventuel départ en mission. Effectivement, s'il ne s'était pas tenu au courant pendant sa rééducation il allait avoir du boulot pour se remettre à jour.

"J'suis consultant."

Répond Tullio, dans un premier temps, parce qu'il ne sait pas trop quoi dire. Parle-moi de toi, non mais c'est quoi cette question à la con? Il recule d'un pas, pour s'appuyer contre le meuble derrière lui et croise les bras en une posture défensive. Il est mal à l'aise, et quoique sans montrer à quel point, il n'a aucune envie de laisser croire à l'autre qu'il s'agit d'une conversation plaisante.

"C'est Toria qui m'a recruté, il y a à peu près trois ans."

Rajoute-t-il, alors qu'il cherche désespérément quoi dire. Pas qu'il est touché par les fées, rien de personnel non plus. Après tout, la seule chose qu'il sait de ce type, c'est qu'il est suffisamment con pour débarquer avec un cigare dans un bar et balancer sa fumée au visage des autres.

"J'sais pas quoi te dire d'autre. J'étais juste un civil avant. Entre le bar et les missions j'ai pas beaucoup d'temps à moi."

Il hausse les épaules, et quitte le meuble pour passer un coup de chiffon machinal sur le bout de comptoir devant lui.

"Et toi, alors? Tout ce que je sais c'est que t'as pris 3 balles parce que t'as pas écouté Toria."

Ok, c'était bas comme remarque. Mais vu son numéro de la veille, Larry se prenait pour un héros qui avait protégé une pauvre chevalière en détresse alors que s'il l'avait écoutée rien ne serait arrivé.

Je me saisis de mon verre tout en écoutant Tullio parler de lui, c'est complètement inintéressant, avant de prendre une première gorgée avec laquelle je faillis m'étrangler.

Il plaisante j'espère, je n’ai pas pour habitude que l'on me manque ouvertement de respect, je n’ai pas trimé pendant plus de 5 ans à l'armée, et encore moins pendant 9 ans à travailler pour l'ordre, pour qu'un minot aussi fin qu'une allumette me chie dans les bottes!

Je sentais monter en moi une colère irrépressible,  le verre dans ma main droite éclata en morceau, ne manquant pas de me couper. Mes yeux se levèrent en direction de Tullio, le fixant d'un regard acéré, ma mâchoire se crispant. Je serrais lentement mon poing gauche, le posant contre le comptoir et m'y appuyant pour me lever doucement avec un sang froid de façade. Ma masse surplombait maintenant le gamin, et il devait avoir l'impression qu'une montagne venait de s'ériger devant lui. Je sentis mes lèvres s'étirer en un rictus malsain. Gamin, tu viens de réveiller le monstre et tu vas le regretter.

"Pas écouté?" dis-je d'un ton calme et posé

J'inspirais profondément et me penchais vers Tullio.

"Pas ... écouté !"

"Écoute l'artiste je ne sais pas qui tu es, ni de ou tu viens. Je m'amène avec un calumet de la paix et tu oses, je plissais les yeux pour appuyer ce mot, sans même hésiter une seconde me chier dans les bottes? Mais tu te prends pour qui bonhomme.

Je sentais mon pouls s'emballer, et j'aurais pu essayer de me calmer mais pour quoi faire? J'allais le faire se chier dessus.

"J'ai vu des choses qu'un mioche comme toi n'oserait jamais imaginer! Des chimères qui feraient perdre tout moyen aux humains standard, j'ai côtoyé la mort plus d'une fois! J'ai été en Afghanistan pour une guerre qui n'était pas la mienne J'ai vu mon frère parti en morceau, littéralement, devant moi!

Je levais le poing droit et l'écrasais sur le bar, le tachant un peu plus de sang. Après quoi je pris son chiffon au barman, sans lui demander, et l'enroulais autour de ma main.

"Et toi tu te permets, avec ton attitude désinvolte, me demander ça?"

J'inspirais profondément et adoptais un débit plus lent, pour faire peser chacun de mes mots.

"On va faire un marché toi et moi. Plus jamais tu ne me manques de respect comme ça, et j'envisagerais peut-être, peut-être, de ne pas faire disparaître ton corps dans l'estomac d'une créature magique.

"Et pour ton information, je n'aurais pas été blessé si notre CHERE Victoria n'avait pas joué à la poule mouillée."

Mais à quoi d'autre pouvait-on s'attendre de la part d'une femme? J'eus un rire sarcastique alors que je me réinstallais tranquillement, comme si de rien était.

" Tu me resserviras la même chose. En double."

Tullio se contente de soupirer quand le chevalier fait éclater son verre. Il y a maintenant du whisky qui coule le long du comptoir jusque sur le sol, mêlé à du sang parce qu'évidemment il s'était coupé. Super. Génial. Fantastique. Comme si j'avais besoin d'avoir du ménage en plus. Il va pour proposer un linge propre à Larry, qu'il puisse éponger sa main, quand celui-ci se lève et répète, deux fois, "pas écouté". Apparemment ça l'a marqué.

Puis, l'autre commence à l'engueuler, ce qui a pour seul effet de lui faire lever un sourcil. Il lui parle de chimères, du fait d'avoir côtoyé la mort, d'une guerre dont Tullio n'a strictement rien à foutre. De son frère parti en morceaux, c'est triste mais ça n'était pas comme s'il y pouvait quelque chose, avant de le critiquer. Et ensuite… ensuite il lui parle d'un marché qui a plus l'air d'une menace.

Et Larry termine en parlant de Toria ce qui, aux yeux de Tullio, est bien plus impardonnable que des menaces qui ne lui font de toute façon pas peur. Si l'altercation s'était déroulée il y a encore quelques mois, il se serait écrasé. Il aurait baissé la tête, lui aurait servi son verre et aurait nettoyé sans rien dire. Sauf que maintenant il sait qu'il est capable de se défendre, même face à quelqu'un de bien plus puissant que lui.

"Figure-toi que c'est une des personnes les plus courageuses et les plus réfléchies que je connaisse, donc ça sert à rien d'essayer de blâmer Victoria pour ton incompétence. T'as fait la guerre, ok, t'as vu des trucs affreux, d'accord, mais désolé si ça t'déçoit : ça t'met pas à l'abri de faire des conneries comme le reste de l'humanité. Spoilers : T'as pris trois balles parce que t'as merdé en fonçant comme un con."

"Ensuite, ça te surprendra peut-être, mais j'ai pas l'habitude de servir les gens qui me menacent. Et si tu crois que tu me fais peur, tu te fourres le doigt dans l'œil. J'en ai croisé des tas comme toi. Des mecs baraqués qui essayent de foutre la trouille aux autres pour obtenir ce qu'ils croient mériter. Mais la vérité c'est que tu mérites juste que quelqu'un te botte le cul et te fasse ravaler ton ego."

Tullio en avait assez d'être la victime, et il ne laisserait plus personne essayer de lui marcher dessus. "Donc t'as deux options. Soit tu remontes dans ta chambre, soit tu sors d'ici mais dans tout les cas il est hors de question que je te serve quoique ce soit de plus et tu vas te pousser de là parce que j'ai du ménage à faire." Il n'était plus un ado trop maigre, dépendant, terrifié, et il le faisait savoir.

"T'es plus le bienvenu quand j'suis là, parce que j'en ai rien à foutre de ce que t'as pu faire avant. Tout ce que je vois, c'est que maintenant t'es un putain de connard qui s'attend à ce que tout lui soit dû parce qu'il jour il a fait des trucs. Sauf qu'avec moi ça marche pas comme ça, et j'pense pas trop m'avancer en disant que c'est le cas à OF."

Manifestement Larry n'avait pas dû s'attendre à ce qu'il lui tienne tête, vu son expression entre colère et surprise. Le consultant continua de le fixer alors que l'autre se laissait tomber à bas de son tabouret et ramassait son sac, argumentant que de toute manière leur alcool était vraiment dégueulasse en se dirigeant vers la sortie. Tullio ne se laissa aller à soupirer de soulagement qu'une fois la porte fermée. Il ne lui restait plus qu'à nettoyer maintenant.