Le texto que Tullio reçoit, alors que la fin des cours vient de sonner, sent la catastrophe à plein nez. Si Elana n'a daigné lui envoyer qu'un numéro de salle et un point d'exclamation, ça veut dire qu'elle ne peut pas développer sans qu'il se fâche. Ou, au moins, qu'il proteste. Le savoir ne l'empêche pas d'aller se planter devant le local en question, parce que même s'il ne la côtoie pas depuis très longtemps, il a appris à la connaître et il sait aussi qu'elle fera ce qu'elle a décidé quoiqu'il arrive.

Il essaye bien sûr de l'interroger quand, enfin, elle décide de se montrer mais il n'en a pas l'occasion parce que sa sœur l'interrompt tout de suite. Il hausse un sourcil, les bras croisés sur son torse alors qu'elle lui explique ce qu'elle veut faire et pourquoi. Et évidemment, elle entre sans lui laisser le temps de réagir.

"Tu sais que je te déteste, pas vrai?"

Grommelle-t-il pour la forme, alors qu'il la suit en refermant la porte derrière eux. C'est amusant de la voir s'installer sur le bureau du professeur en fredonnant une musique de film, quoique complètement insuffisant pour lui retirer son air réprobateur. Il n'approuve pas, et elle doit le savoir. Mais Elana sait aussi exactement comment le regarder pour le motiver à se décoller du mur contre lequel il s'appuyait.

"Allez, pousse toi, je risque moins d'ennuis si on se fait choper à fouiller le bureau du prof. T'as qu'à t'occuper de ceux des élèves pendant ce temps."

Lance Tullio avec un soupir, rejoignant la demoiselle et attendant qu'elle se déplace pour commencer à vider le bureau du professeur.

"Si tu vois quoi que ce soit de bizarre, s'il te plaît, tu n'y touches pas et tu m'appelles."

Son ton est plus que sérieux, et il prend le temps de la fixer pour bien lui faire comprendre qu'il ne plaisante pas.

"En attendant, tu pourrais peut-être me dire ce que tu trouves au type qui a essayé de te déshabiller sur le parking?"

Peut-être que s'il arrive à aborder des sujets qui la gênent suffisamment, elle renoncera à fouiller en sa compagnie et rentrera à l'hôtel.

Fouiller les bureaux d'enseignant.Es

Des travaux d’élèves marqué de rouge trainent ci et là, de même que des crayons, des trombones et autres fournitures de bureau qui commencent à prendre la poussière.  

Vous êtes en train de fouiller le bureau d’un enseignant :

À travers le foutoir impossible de l’enseignant, vous trouvez finalement un petit fragment caché sous des cahiers d’activité.

Ce fragment est spécialement aiguisé, mais vous parvenez à ne pas vous blesser en le récupérant… Malheureusement, c’est le papier qui a raison de vous quand votre doigt glisse contre les dizaines de pages  affutées.  

Vous êtes aussi en train de fouiller le bureau des élèves :

Vous trouvez des devoirs vides, des feuilles gribouillées... Ainsi qu'un livret qui a l'air assez personnel.

Il s'agit du journal intime d'une élève très expressive, qui parle de plusieurs éléments de sa vie, de ses passions, de ses amourettes, mais aussi de ses peines et de ses inquiétudes en lien avec l'école et tous les événements qui s'y déroulent depuis maintenant presque deux ans.

"Ouais ben, s'il a tellement froid aux mains, j'lui offrirais volontiers des gants."

Grommelle Tullio, en s'efforçant de ne pas s'étrangler quand sa sœur commente distraitement que l'autre a souvent froid aux mains. Il la trouve trop jeune pour déjà flirter, et peut-être plus. La vérité c'est qu'au fond il ne sait pas à quel âge ce genre de choses est supposé arriver. Ça n'a jamais été son cas. Tout ce qu'il sait, c'est ce qui peut arriver dans le pire des cas et que si rien ne se passe, le pire est automatiquement éviter.

"Être mignon, ça devrait pas être son avantage principal."

Le gamin montre ce qu'il veut. Est-ce que ça veut dire que c'est lui qui la pousse? Parce qu'il veut et qu'elle se laisse charmer? Il n'en sait rien, ne sait même pas s'il veut savoir ou non. Toujours est-il que pendant qu'Elana essaye de rediriger le sujet sur les fées, il trouve sous un cahier d'activité, au milieu des copies et des fournitures, un morceau comme il en a déjà trouvé un dans la bibliothèque… excepté que celui-ci a l'air vraiment tranchant.

A trop se méfier du fragment, le consultant n'a pas pensé au fait que le papier aussi coupe et, quand l'inévitable arrive, il retire vivement sa main en jurant, portant le doigt blessé à sa bouche. La coupure est ridicule, d'une taille insignifiante et pourtant il a l'impression que toute la phalange touchée est en feu. Maudit papier! Cela dit, l'incident a au moins le mérite de lui donner un peu de temps pour réfléchir à ce qu'il va répondre.

"Celles que j'ai vues ressemblaient à de petites femmes avec des ailes de papillon ou de libellules. Je sais plus quel âge j'avais, mais j'étais vraiment petit. Peut-être quatre ou cinq ans? J'en sais plus rien. Et ce qu'elle voulait, c'était des compliments."

Tullio reste aussi vague que possible, parce qu'il n'aime pas non plus l'idée qu'elle se frotte au monde magique mais, techniquement, il a répondu a chacune de ses questions.

"En tout cas, j'ai trouvé un bout de poterie. Je te le file pas, parce qu'il coupe, mais c'est pas le premier qu'on trouve. On sait pas ce que c'est, peut-être juste une farce m'enfin bon. Tant qu'à faire on les laisse pas traîner."

Le fragment est emballé dans un mouchoir propre, puis fourré dans sa poche, avant qu'il ne rejoigne sa sœur pour l'aider à finir de fouiller les bureaux.

"Dis, Elana…"

Commence-t-il, l'hésitation palpable dans sa voix. Il n'avait aucune, aucune envie d'avoir cette conversation, mais… il avait eu suffisamment d'emmerdes de ce côté pour s'obliger à le faire.

"J'serais probablement plus gêné que toi, mais comme j'peux pas te foutre sous clef et botter le cul de tout les gars qui essayeront de t'approcher, ce qui m'empêchera pas d'essayer, qu'on soit clairs là-dessus, si t'as besoin… je sais pas, de capotes, d'un gynéco ou de parler ou n'importe, j'suis là. Et j'suis sûr que Toria aussi. Bon, elle sera probablement mieux placée que moi pour t'aider, parce que j'y connais rien à tout ces trucs, mais n'empêche."

Et il n'était même pas rouge.

Au début du journal, l’écriture est propre, ronde et tracée avec une minutie fastidieuse. Ensuite, elle change, s’allonge, s’amincit dans la presse de l’écriture. D’un mois à l’autre, la calligraphie évolue, alterne, et parfois, les pages sont aussi ornées de gribouillis dotés d’un certain charme simpliste.

Vous êtes en train de lire le journal intime d’une élève, ce qui est, en quelque sorte, un interrogatoire honnête de son vécu à l’école :

Amourettes, rumeurs, inquiétudes et fantaisies s’alternent sans ordre logique. Le plus remarquable est sans aucun doute les dessins approximatifs des créatures serpentines qui peuvent être vues un peu partout dans l’école ces derniers temps.

Malheureusement, vous n’apprenez rien de nouveau sur l’enquête, par contre, vous apprenez pas mal de choses sur certains de vos collègues de classe, sur leurs fantasmes, ainsi que des rumeurs sur vos enseignants… Y compris ceux sous couverture.

"Je ne suis pas un grand frère poule."

Ronchonne Tullio, alors qu'il s'écarte pour jeter un coup d'œil à l'un des bureaux qu'il n'est pas sûr que la jeune fille ait fouillé. S'il était un grand frère poule, il ne serait pas soulagé qu'elle préfère l'idée de parler à la chevalière plutôt qu'à lui.

"C'est juste… je sais de quoi les gens sont capables. Et si je peux réduire, ne serait-ce qu'un peu, les chances qu'il t'arrive quelque chose ben je serais un connard de pas le faire."

Après tout, même s'il n'entre pas vraiment dans les détails, elle sait bien que les choses n'ont pas toujours été roses pour lui depuis qu'ils se sont vus pour la première fois en Italie. Au moins maintenant elle sait qu'elle peut compter sur lui et, quelque part, la discussion valait le coup rien que pour ça.

Il se redresse du bureau où il n'a évidemment rien trouvé d'intéressant quand Elana lui demande si elle peut voir le morceau qui repose dans sa poche, en promettant de ne pas y toucher. A dire vrai, le consultant n'a pas envie de lui montrer. Ils ne savent pas si l'objet d'origine était magique et, si c'était le cas, s'il reste encore des résidus dessus. Pourtant, il finit par se redresser avec un soupir, décollant sa hanche du pupitre contre lequel il s'appuyait.

"Tu as lu quelque chose d'intéressant dans le journal?"

Demande nonchalamment Tullio, alors qu'il sort le fragment qu'il déballe avec précaution, le laissant reposer sur la paume de sa main alors qu'il le tend à sa sœur pour qu'elle l'ait à hauteur des yeux.
Après tout, s'il lui montre, elle peut bien partager les informations pertinentes qu'elle a trouvées. Si elle a trouvé quoique ce soit.

"Je sais plus ce qu'il faut faire de ces trucs, alors si tu as fini avec les bureaux on va rentrer et filer ça à Toria, elle saura quoi en faire."

Annonce-t-il, remballant le fragment dès que la curiosité d'Elana semble avoir été satisfaite.

"Et puis tant qu'à être dehors, on peut passer à Tim Hortons prendre un truc à grignoter."

Suggère le consultant, en sachant que quelques sucreries aideront sans doute à faire oublier à la demoiselle leurs fouilles qui avaient dû lui paraître plutôt décevantes.