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Breath of your rotting crown

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Mer 15 Mai - 22:11

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Breath of your rotting crown.



Les traces de la civilisation urbaine se sont effacées sous les gondolement d'une nature campagnarde, assombrie par les marécages et enfoncée au travers d'un voile opaque qui floute les reliefs jusqu'aux plaines. Il n'a jamais été autre chose que fan de l'histoire des Baskerville, mais en ce territoire étranger, qui ne ressemble ni à l'Afrique ni à la Polande, Marian est cet enfant qui se terrifie seul en imaginant devoir affronter le monstre que Sherlock Holmes a du confronter.

Imagine que bordel, le putain de chien te saute dessus. J'imagine ses yeux, j'imagine ses ongles, je me suis toujours demandé pourquoi on disait ongles, et ça, ça, cette forme dans le noir, qu'est-ce que c'est, bordel ?

Il a demandé une semaine de repos à Lillian. Les yeux calmes, la bouche droite en ce fil net, il a attendu qu'elle lui donne la permission, en refuser d'accepter une concession, -Tullio s'en sortira très bien-, et sans vraiment expliquer pourquoi. Ça lui arrive parfois, il s'absente une semaine tout au plus, il ne dit pas pourquoi, il ne dit jamais vraiment pourquoi, et sa patronne accepte ou refuse. Généralement, elle accepte, parce qu'il est un gamin, et qu'en plus d'être taciturne, il sait être un taciturne boudeur. Et c'est con, mais personne ne veut d'une mauvaise ambiance, personne ne veut de Marian Olczak qui vous foudroie de ses yeux ternes, qui vous ignore et vous méprise dans son dédain tranquille. Il ne laisse pas passer, non vraiment pas, l'idée qu'on puisse l'empêcher de faire ce qu'il veut. Surtout qu'il ne le demande pas souvent, vraiment pas souvent. Alors ouais, parfois, parfois il s'absente.

Merci encore, Nakia, d'accepter de t'occuper de Némo. Je t'embrasse. Laisse moi un message si quoique ce soit arrive. Je devrais rentrer d'ici vendredi.

Il a pris un hébergement, mais y penser ou s'y intéresser n'est pas fascinant. Ce qu'il veut se trouve dans les landes, loin du décor urbain, près d'un lac. C'est hérissé, c'est aiguisé, ça ressemble plus à la demeure d'un Dracula qui boit du thé, tho, qu'à un Poudlard égaré. Marian relève les yeux, interdit, devant le château de Glasgow.

C'est une hyène accroupie, qui patiente.

Il n'aime pas l'endroit. C'est lugubre, et même de loin, il peut voir les fantômes qui menacent d'apparaître s'il se hasarde à trop s'y attarder. Et pourtant, pourtant, c'est bien l'adresse indiquée, c'est bien l'endroit où il veut se rendre. Son pelerinage aliéné le fait se jeter dans les crocs d'un monstre en pierre, dans ses entrailles anguleuses et ses odeurs de vieux hommes blancs assassinés pour des questions d'argent ou de sang. Il n'aime pas l'endroit, il n'aime pas l'endroit, et son visage se contorsionne vaguement, trahissant ce frisson de crainte qui le fait hésiter. Il se découvre, sans vraiment y croire, une angoisse pour les monuments hantés.

Parce que bien sûr, bien sûr, il a entendu quelqu'un de l'Ordre, alors qu'il se préparait à y aller, parler des meurtres de la région, parler des inquiétantes disparitions. Il n'a toutefois pas l'argent nécessaire pour annuler son billet.

Et le courage, le courage, franchement, ça se travaille, c'est Socrate qui le dit, c'est Socrate qui le pense.

Il ne veut pas vraiment se montrer lâche, en particulier quand son adversaire est une gigantesque gargouille carrée. Alors il remonte les collines, pénètre sur le terrain, et arrivée sous les enceintes, pousse le grillage sans vraiment se formaliser de pourquoi il possède la clef. C'est juste comme ça, c'est le genre de chose qu'il fait.

(…)

Il est quatorze heure mais la lampe de poche diffuse plus de lumière que le ciel assombri. Au travers d'un corridor dans lequel Marian est persuadé d'être déjà passé, il a dans l'autre main un carnet sur lequel sont griffonés les bulbes de la plante qu'il recherche. Une vipare helmis, fougère surnaturelle qui ne possède aucune valeur sur le marché. Toutefois, toutefois, elle représente pour lui cette possibilité de parvenir à collecter entièrement les ingrédients qui lui permettront la composition d'une potion sur laquelle il travaille depuis des semaines.

Avec sa vipare helmis, il sera en mesure de collecter quelques billets nécessaires pour la fin du mois. Amusement plus que véritable nécessité, il s'est pourtant trouvé une véritable passion pour cette obsession à achever ce qu'il a commencé. La gestation du serum va durer au moins trois semaines, et il veut tester, il veut essayer, voir ce qu'il est capable de faire.

Orgueil, orgueil, je ne me sens même pas mal.

À renoncer à son humilité, il ne réalise pas le faux pas. Pourtant, sa botte s'enfonce avec la dalle mouvante, et c'est un réflexe, peut-être même un miracle, qui le fait se jeter sur le côté quand le mécanisme enclenche l'effondrement d'une partie du sol. La lampe de poche va rouler sous une fenêtre, et lui, le ventre dans la poussière, il écoute le fracas des pierres qui viennent s'écraser, vingt mètres en dessous, dans une catacombe qui ne devrait pas être là. Marian, le coeur furieux et les tempes déjà humides d'une sueur stressée, ne se redresse pas immédiatement.

Château piégé. C'est un putain de château piégé.

C'est ce qu'il réalise quand, peu satisfait d'avoir manqué de le tuer avec la gravité, l'édifice continue de gronder. Bouillonement sourd d'entrailles qui se contractent, les murs se sont mis à trembler, et lui, lui, il est la misérable souris qui vient de réaliser que les murs ont commencés à bouger. Pendant un instant, pendant un instant où tout dans sa tête vient de se mettre à hurler, il s'imagine écrasé par les parois, comme dans les films dans lesquels les héros, parce qu'ils sont des héros, survivent grâce à un miracle, mais il n'est pas un héros de film, et vient probablement d'abuser de son quota de miracle en ne chutant déjà pas avec le sol.

Mais les murs ne se rapprochent pas : ils se déplacent entre eux.

« … Holy shit. »

C'est le squelette du château qui est mis en branle. L'endroit, l'endroit est vivant, automatique, et il ne sait pas comment, mais il vient d'appuyer sur le bouton « remix ». Et ça ne lui plait pas, ça ne lui plait franchement pas : parce que derrière lui, le chemin qu'il avait mémorisé se fait effacer sous la circulation de briques venues lui boucher l'accès.

C'est bruyant, grotesque, un peu terrifiant, mais finalement, il s'en sort vivant : le château cesse de remuer après trois lourdes minutes à agiter sa carcasse et à la mélanger.
Debout au milieu d'un couloir qui ne se ressemble plus, Marian ne sait plus où il est.
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Ven 17 Mai - 0:15

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Occupation : Contrebandier éclectique d'artefacts magiques | Treasure Hunter | Fabriquant d'artefacts magiques | Moitié technonulle de SEE
Ambrose Meriwether

Ambrose Meriwether
THE PUTRID KING

The smell of death slithers,
the smell of rot lingers






HEARTBEAT TEN.

-


Apparition terne recroquevillée au milieu des décombres d’un laboratoire affaissé par le temps, déshabillé par la nature, Ambrose est cette imitation quasi-immobile d’un cauchemar silencieux. La pénombre est un châle dans lequel il se voile, duquel il émane et il s’y vautre comme à l’intérieur d’un temple. Là où le soleil est la maison de son cœur, c’est à l’obscurité qu’il offert son âme. Il est ce contraste repu du monde, qui flotte à contre-sens de la mort, qui souffle une vitalité démoniaque. Il inspire.

Autour de lui, magnifiés par la flamme tremblotante d’une lanterne, vacillent, à même les murs, les murmures jaunâtres  d’une langue qu’il ne parvient pas à déchiffrer. Des messages cryptés, chevauchements de dialectes que la cire d’ulmite mélangée à l’huile à su lui révéler et qui dépeignent le colimaçon mental de l’homme dont il a découvert le cadavre plus tôt dans la journée. Au moyen de son téléphone, il a tiré des clichés qu’il pourra, plus tard, à l’air libre, entouré de matériel adapté, tenter de traduire.

Entre ses paumes, les décombres d’un grimoire rongé par les mites. Chacune des pages qu’il tourne est coagulée par la poussière, fragilisée par la moisissure. Des enchantements, des sortilèges, dansent sous ses yeux. La langue dans laquelle est rédigé le grimoire lui est davantage familière que celle qui décore les murs; il s’agit d’une langue magique, dérobée à certaines des créatures d’ombre desquels les sorciers, au travers de leur pacte, se sont rapprochés. Là où certains passages ont été raturés par l’âge, la majorité du document reste en mesure d’être consulté. Il y a là, entre ces pages pleines de scrupules et de travail, tant de connaissances desquelles s’imprégner.

Ses cheveux noirs barbouillant son regard, il relève les yeux, vers le fauteuil centenaire dans lequel le cadavre est vautré. Des restes de cheveux broussailleux, des décombres de peau amincis, ravagés par la nécrose et une couronne, blanche, limpide pour le chapeauter. Ambrose n’y a pas touché, respire l’essence magique qui s’en dégage avec curiosité, mais préfère, pour une fois, s’armer de prudence.  Euram Elk, de son vivant était réputé, de par le bouche-à-oreille qui animait certains des marchés peu recommandables d’Europe, pour ses penchants automutilatoires, pour ses desseins de changements, de permanence. Un homme d’une grande rigueur, d’une grande science, mais duquel Ambrose éviterait de subtiliser sans d’abord s’être informer.

Il espère que l’information qu’il cherche est contenue dans le grimoire.

Il est remonté jusqu’à Glasglow, poursuivant des rumeurs, piétinant les traces d’Euram. « Une odeur de mort », avait minaudé son informant, souriant à-demi par-dessus le comptoir de son kiosque. « Une odeur de mort que nous avons arrêté de suivre là-bas. ». Sandro de l’autre côté du combiné téléphonique, de l’autre côté de l’océan, lui avait semblé réprimer des jurons sucrés-salés, persifflant contre cette impulsivité qui, selon lui, finirait par le tuer.

Lo siento, mi querido.

Pourtant, malgré la véracité derrière les paroles mordantes de Sandro, Ambrose, le jour où il s’est prostré devant Tiamat, a arrêté de croire en sa propre mort. Il croit, toutefois, en la dégénération, en la douleur et, rabaissant ses prunelles sur le grimoire, il croit pouvoir trouver réponse à ses questions dans les écrits d’Euram.

Il a poursuivit la mort jusqu’en Écosse, il peut la regarder en face.

C’est donc ce qu’il fait, de temps à autre, redressant la tête pour contempler les fantômes dorés qui décorent les murs, pour observer le néant des orbites d’un homme qui, il n’y a pas si longtemps, n’était probablement pas si différent de lui-même. Plus vieux, certainement. Le temps s’éclipse, denrée sauvage qu’il côtoie sans trop la connaître, et il ne le remarque pas. La lumière ne filtre pas, dans le laboratoire et, sans les cliquetis de sa montre pour le lui rappeler, Ambrose a tôt fait d’oublier l’existence des heures.

Jusqu’à ce que, du moins, le château se mette à gronder.

Sa bouche s’assèche et il pointe le nez vers le plafond, électrifié par la surprise. Les briques qui le surplombent se froissent entre-elles si bien qu’un mince filet, poudre de roc, poudre de vieillesse, filtre à sa gauche.  Il met un instant avant de réaliser, un instant avant de comprendre – de tilter – que quelqu’un d’autre vient de pénétrer à l’intérieur du château. Quelqu’un qui, vraisemblablement, n’a pas la capacité de déceler les enchantements et qui, en bordel d’imbécile, est allé valser pile dans le piège laissé à l’entrée.

Les fondations croassent, le laboratoire vrombit et, là où l’une des mains d’Euram semble sur le point de céder, la couronne, elle, ne tressaille même pas. Ambrose a  vite fait de saisir son sac de randonnée, profitant d’un sort d’espace-partagé qui le relie à l’un des coffres qu’il garde dans son appartement, pour y fourrer le grimoire et le garder en sécurité.  Il fait la même chose avec sa lanterne, l’éteignant à la hâte, préférant illuminer son chemin avec son téléphone portable. Le château hurle une dissidence onéreuse.

Ambrose ne parvient pas à évaluer combien de temps tout cela dure.

Quand le chaos s’apaise et que la pluie de poussière cesse de blanchir sa silhouette, il daigne se mettre en mouvement, hâtivement, dans l’intention de trouver l’intrus.e avant qu’ielle ne cause davantage d’imprévus. Il ouvre la porte qui l’ayant conduit à l’intérieur du laboratoire, les battants grinçant une plainte qui s’agence à celle de ses émotions et remonte le long d’un couloir qui ne ressemble plus en rien à celui qu’il a arpenté précédemment.

Il ne remarque pas, alors qu’il quitte la pièce, pataugeant dans une lividité qui oscille entre l’exaspération et la curiosité, le cadavre qui resserre sa main et se met à bouger.

Il avance le long des sous-sols, éclairé par la lampe de poche intégrée au dispositif de son téléphone, veloutant ses pas pour que ceux-ci ne résonnent pas trop contre la pierre. Il finit par atteindre un amoncellement de pierres, de gravas, qui jonchent le couloir et lui bloquent la route.

Au-dessus de lui se trouve la bouche béante laissée par l’effondrement.

Vers le haut, donc.



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Sam 18 Mai - 14:41

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Il y a dans ces situations de survie un instant de flottement, dans lesquels on attend que le miracle face volte-face. C'est ce qu'il se dit, en comparant sans vraiment le réaliser, la terreur qui broie son corps, à celle qu'il a éprouvé, -était-ce seulement de la terreur-, quand l'autre l'a laissé couché dans le sous-bois, au milieu des racines défoncées.

Il a cet instant de flottement, et redressé sur des rotules qui menacent de casser leur tension, Marian attend le moment où il va finir écrasé, comme le reste de l'environnement, en accord avec ce qui devrait arriver. Il est habitué à mourir, il est résigné à s'y laisser emporter. Ce n'est franchement pas très compliqué, et il est le genre d'homme, un peu perdu, qui regarde maintenant la situation avec une ampleur probablement plus dramatique qu'il ne le devrait. Mais c'est parce que son corps, son cerveau, les enzymes, tout cette mécanique de folie, est en train de pomper son angoisse, et il lui faut longtemps, il lui faut vraiment longtemps avant de se remettre à bouger.

Il est perdu, donc.

Le chemin s'est effacé, écrasé par un mur venu remplacer la sortie, et maintenant, face à l'effondrement du sol, il ne sait pas trop quoi faire, bloqué entre un mur et le vide.

« … Fuck. »

Son corps entier est agité par ce tremblement impromptu, cette réalisation à n'en pas finir de, bordel, j'ai encore manqué d'y passer, et bordel, bordel, bordel, il serre les doigts, serre les mains, à en enfoncer ses ongles dans ses paumes, à les y faire crisser, grincer, jusqu'à ce que sa peau lui fasse mal, jusqu'à ce que ses phalanges se tordent. Il inspire, profondément, et ça ralentit, ça ralentit doucement, le château ne bouge plus, son coeur cesse de frapper aussi fort ; alors il se jette en avant. C'est un pas minuscule, mais commandé avec toute la volonté du monde : il a avancé.

« Fuck. »

À pas lents, avec cette phobie furieuse de se sentir s'écrouler avec la gravité s'il s'approche trop du vide, il finit par appréhender les vingt mètres inférieurs, ceux qui, en dessous de la grande cicatrice qui s'est ouvert sous ses pieds, amasse maintenant les roches du sol. La réalisation le frappe. Bah oui. Il n'y a pas d'issue de secours, il est bloqué là, et le petit promontoire de débris est un appel au meurtre s'il décide de s'y risquer à descendre. Marian se sent brusquement exaspéré.

« Fuuuck. »

Il trépigne, petite bête irritée, coincée dans son corps qui se sent tiraillé entre la terreur et l'énervement le plus profond envers l'univers. Il trépigne, et en se laissant tomber à genoux, abandonnant son sac sur les dalles encore intactes, il se couche sur le ventre, -terrifié à l'idée de perdre l'équilibre, ce serait tellement con, ce serait tellement possible-, et il appréhende ce qui se passe en dessous, se fait le chirurgien d'une plaie béante, d'une possibilité qui lui ruine ses champs d'action.

Quelqu'un le fixe, et Marian cille des yeux. Pendant un instant, il se sent idiot, de ne pas avoir remarqué que quelqu'un était là, là, et puis soudain, soudain, oh mon dieu soudain il réalise que l'autre va peut-être le tuer. Il y a ce craquement dans les fibres de son coeur, l'impression que la myocarde vient de se déchirer, et il s'étouffe sur lui-même, pendant un instant, avant que son cerveau ne relance l'oxygène en mode « Calme-toi petit con. »

Puis il le reconnaît. Pas vraiment, mais c'est un traitement de l'information, quelque chose qui fait grésiller au travers de ses synapses cette impression familière, la sensation de l'avoir déjà vu quelque part. Plus de crissement, plus de déchirement, simplement ce mouvement long, lent, de son corps qui se détend, alors que les yeux plissés, en fixant l'autre, il essaie de se rappeler où est-ce qu'il a pu le voir.

« … I'm stuck. »

Vérité débile d'une situation qui lui échappe. Il marmonne, honteux, il marmonne parce qu'il se sent appréhendé comme un gamin coupable. Ce rôle ne lui convient pas, ne lui plaît pas, il déteste avoir à se justifier. L'autre, il l'a probablement croisé autour d'un verre, n'est-ce pas ? Rien n'est très grave, rien n'est très grave.

« There is a deadend over there and I cannot move toward the corridor because of the bloody hole. Could you- »

Il se tait, parce que parler devient soudainement une habileté qui lui manque. Son air s'est étranglé dans sa gorge, sa politesse égorgée sur ses yeux qui s'écarquillent, et il ne parvient pas, il ne parvient pas à crier le « watch out » qui rutile dans sa tête.

Euram Elk, le corps mû par une agilité qui ne s'accorde pas à ses tendons périmés, à sa chair rapiécée, saisit la nuque d'Ambrose, enfonce ses ongles, ses griffes, dans la crinière de cheveux brunes, et les phalanges fragiles, trop fragiles, se referment sur une gorge vivante, palpitante que l'être, la chose, veut voir perforée. Il le saisit, par derrière, à la gorge, et la machoire qui s'ouvre est ce mécanisme qui n'est que prêt à claquer. Les doigts s'enfoncent, transpercent la chair, fouillent pour la jugulaire.

Le roi veut de la puissance, et Ambrose est cette cible de choix.

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Mer 29 Mai - 16:05

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Ambrose Meriwether

Ambrose Meriwether

Les gravas bloquent l’entièreté du couloir, gourdins de pierres rabattus en un amoncellement désolant. Ambrose les contemple, étudie leur irrégularité d’un œil atterré en envisageant la manière la plus proactive de les escalader. Vers le haut signifie s’écorcher les mains à même du roc davantage effrité par une magie onéreuse que par le temps, vers le haut signifie s’empêtrer dans les relents d’être d’une personne tierce qui a jugé pertinent de s’enfoncer dans un château hanté. Ambrose espère vaguement tomber sur un junkie impressionnable, sur une bande d’adolescents dodelinant de curiosité.

Il espère.

« Fuck. »

La première explétive lui fait presque croire qu’il a eu de la chance, que l’idiot qui le surplombe s’est ramené sur son vélo pour s’injecter en paix avant de se prendre les pieds dans l’un des pièges d’Euram. La seconde laisse monter en lui une exaspération soulagée, aux tons aigus, mais qu’il contient tant bien que mal. Un mec paumé est l’un des meilleurs cas de figures qu’on pouvait lui offrir, pas de sorcellerie, pas d’Ordre de chevaliers encombrants, juste un peu de bêtise humaine pour parfaire sa journée – soirée, nuit, matinée, il ne sait vraiment plus –.

Une tête pointe, au-dessus de lui.  Peau sombre, cheveux fous, l’air complètement paumé. Ambrose met une seconde à le reconnaître, puis une autre avant de damner sa chance de merde. Il faudrait vraiment qu’il trouve un artefact pour y remédier, à celle-là. Il ne connait pas son nom, mais voit en lui les reliefs chimériques de l’Aquarium. Une boule d’anxiété floue se loge contre son diaphragme.

Lady Luck, fuck me.

Ils restent donc tous deux à peu près immobiles, à se toiser, Ambrose dans l’attente de la chute de cette épée de Damoclès qui lui semble soudainement se balancer au-dessus de sa tête et l’autre… dans l’attente de la chute qui le projettera en contrebas.

À plat ventre, sur un monticule écarté du reste du couloir, l’autre est coincé. Il le déclare d’une voix pathétique et Ambrose ne peut empêcher son humeur de se hérisser un  brin davantage. Pourquoi l’Ordre a jugé pertinent d’envoyer quelqu’un d’aussi …  peu compétent à la poursuite d’Euram ?

Ses sourcils s’affaissent, son regard se voile. Il songe à tourner les talons, à remonter le long du couloir pour regagner le laboratoire et poursuivre ses recherches en paix. L’autre, l’ineptie à pattes, ne semble pas en mesure de se dépêtrer de la situation dans laquelle il s’est foutu de manière autonome. Ambrose considère le laisser là, l’abandonner à son sort. Toutefois, il sait que la possibilité que l’autre parvienne à bouger et se fiche dans une autre situation malencontreuse est trop grande pour qu’il l’ignore. Le gamin – barman de l’Aquarium, employé de Lillian – balbutie des explications.

Ambrose soupire.  

«  Could I wha – »

Puis ses pensées – comment escalader ce mur, comment se débarrasser du barman – volent en des milliers de petits éclats stressés. Des doigts flétris se tressent autour de sa gorge et bloquent sa trachée avec une violence qu’Ambrose n’aurait pu prédire. Saisit d’un soubresaut, alors que des ongles poisseux de nécroses s’enfoncent dans sa chair, il se renverse vers l’arrière. Son corps déloge celui du macchabé et ils se fracassent contre la pierre froide en un amoncellement chuintant de membres. Euram a tôt fait de le retourner contre les dalles, de creuser un peu loin dans la peau qui s’étire juste au-dessus de ses clavicules. Ses orbites sont vides de vie, habités par des vers et de la putréfaction.

Ambrose étouffe. L’une de ses mains tente, avec un succès absent, de déloger les doigts du cadavre. Il se  débat contre la faiblesse de son corps et contre le courroux de celui d’Euram. Il tente, tant bien que mal, d’atteindre la dague accrochée à sa ceinture. Ambre et plume de Lammasu, entrelacs de matériaux qui donnent à cette lame la spécificité de n’être dangereuse que pour ceux qui lui veulent du mal et ce peu importe l’état.  Les décombres d’Euram, en l’occurrence. Ses phalanges effleurent le pommeau et il geint. Sa vision se brouille.

Il n’arrive pas à réfléchir plus loin que la douleur qui lacère son cou. Impossible de penser au mec plus haut, impossible de penser à ses informateurs, impossible de penser à Euram, aux circonstances. Impossible de penser à Sandro.

Il agrippe le pommeau. Le premier coup est faible, laisse ses doigts indemnes et s’enfonce mollement dans la chair décomposée de la gorge d’Euram. La rigidité post-mortem a laissé place à une mollesse qui ne devrait pas permettre le mouvement.

Et pourtant.

Le second coup passe au travers des vertèbres. La tête roule contre le carrelage de pierre et les membres, momentanément, s’affaissent contre le sol. Ambrose inspire à s’en faire brûler les poumons. Du sang dégouline le long de son blouson. Il tousse, de la bile et de l’hémoglobine.

Dès que son corps lui parait en mesure de répondre à ses directives, il se redresse, sur des jambes rendues flageolantes par l’adrénaline, attrape son sac, sa dague, son portable et détale le long du couloir avec la ferme intention de retourner s’enfermer dans le laboratoire. La porte claque dans un fracas qui résonne jusqu’aux débris sanglants laissés par son agression.

Les membres d’Euram tressaillent et, même sans sa tête, il se redresse. Ses paumes, auxquelles il manque maintenant un doigt, se referment sur sa tête. Le cadavre semble opiner, chercher, jusqu’à en poser son attention sur la forme de Marian.

Nouvelle cible, pourquoi pas.

La tête, avec cette couronne trop limpide, trop scintillante, qui n’a toujours pas bougé, décrit un arc dans les airs dans la direction du barman.

Le corps a balancé sa tête.



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Lun 10 Juin - 12:26

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Watch out.

C'est le temps qui lui manque, qui lui glisse entre les doigts, et Marian est confronté à cette impuissance, de ne pouvoir rien faire, de ne pas pouvoir bouger, de ne pas pouvoir agir, et il assiste, il assiste à un étranglement qui se fait entre raclements de la peau et crachats furieux d'un air qui se siffle. Des mouvements, des ébats de haine, et l'homme en bas, l'homme que Marian avait apperçu, et envisagé comme une aide possible, comme cet inconnu familier que le hasard avait placé sur sa route perforée, cet homme là, sous les doigts refermés contre sa gorge, laisse échapper un geignement qui le fait paniquer. Au plus profond de ses os, là où nichent les sensations écorchées de l'angoisse et de la terreur, et ça lui retourne les viscères avec des aiguilles à tricoter, ça perce et s'accroche, ça arrachent les chairs, mélange le tout, mélange les odeurs et la peur, et ça le fait hoqueter, dans le noir, sans qu'il puisse rien faire, ça le fait pleurer.

Il est désolé, sincèrement désolé, il ne peut rien faire.

Puis, l'autre devient ce héros de lui-même, et la salvation est un mot égoïste qu'Ambrose s'écrit sur les doigts, sur les phalanges, en refermant celles-ci sur le pommeau d'une dague que Marian voit s'enfoncer, par deux fois, au travers d'une gorge qui pue. Ça claque, ça claque et ça déchire, et de tout son esprit, il l'encourage à le tuer, à le buter, à le décapiter, ce monstre, ce truc qui ne devrait pas exister, et seigneur, seigneur ce qu'il aurait préféré rencontrer le chien des Baskerville. Seigneur, ce que cet être qui ne geint pas, qui ne pleure pas, qui ne vit pas ne devrait pas exister. La tête vole et le corps s'effondre, et c'est la fin, c'est la fin d'un trop plein de mouvements que Marian n'a pas su réellement supporter. Les yeux écarquillés, embués, il a les mains enfoncées contre ses tempes, et il ne sait pas quoi dire, il ne sait pas quoi penser de ce qu'il vient de voir.

Et Ambrose, Ambrose, lui, s'enfuit.

La respiration coupée sous un stress qui le fait se taire, Marian le regarde, cette ombre titubante, aux longs cheveux souillés par son propre sang, s'écarter, s'éloigner avec une fébrilité qu'il ne peut que comprendre, à laquelle il ne peut qu'adhérer. Il le regarde s'éloigner, en sachant pertinemment qu'il a laissé passer sa chance d'agir, d'aider peut-être, d'être aidé surtout. Et en même temps, en même temps, il a cet espoir idiot, irrationnel, complètement désespéré que l'autre est parti chercher de l'aide, une échelle, quelque chose, pour ne pas le laisser seul, le laisser dans le noir. Il a cet espoir idiot qu'un humain n'en laisse pas un autre seul dans une situation de détresse.

N'est-ce pas ?

À genoux, à regarder vers le bas, il est ce supplicateur silencieux, et la porte se ferme derrière Ambrose.

Il sait que l'autre ne reviendra pas.
Et le zombie le sait, Marian ne peut plus respirer, le zombie le sait et se relève, créature sans nécessité d'avoir la tête rattachée, et son corps qui se redresse est ce baromètre de l'horreur dans laquelle Marian est en train de se noyer. Le corps s'est relevé, n'a pas cherché à disputer la sortie d'Ambrose, et en la récupérant entre ses doigts, cette boule faciès, le corps la lance, la lance en cette parabole parfaite, et avant même qu'elle ne heurte le sol, Marian sait très exactement où elle va atterrir. La gravité est une tragédie à laquelle il ne peut échapper, et il la regarde, comme au ralenti, venir s'éclater contre le pavé près de ses pieds. Et il ne sait pas quoi faire, il ne sait pas comment se sauver lui-même.

La couronne claque contre le sol, la tempe de la tête vient frapper la dalle.
C'est un instant d'immobilité, dans laquelle il n'y a rien, rien de plus que l'échange de regard entre deux têtes, entre deux entités, et il y a ce sentiment, absurde, d'un flottement.

« Fuck. »

Ambrose ne reviendra pas.

« Fuckfuckfuc- »

De toutes ses forces, Marian kicke la tête.
Il s'est relevé, son corps s'est raidi en cette crispation qui hurle à la survie et sa jambe décrit ce mouvement de dernier secours. C'est comme un jeu d'enfant, positionné sur l'échiquier aux grandeurs de terreur. Il kicke la tête, et celle-ci s'envole, alors que le corps commençait à appréhender les gravas. La tête s'envole, comme un oiseau léger, comme un ballon, et décrit cet arc, parfait, absurde, pour aller frapper, de l'autre côté du trou, l'espace du couloir effondré. Elle heurte une dalle, qui s'enfonce, et déclenche ce mécanisme de défense, ailleurs.
Il ne se passe rien, pour le moment.

La tête d'un côté, le corps en bas, et Marian qui glapit, en frétillant l'inconsistance absurde de la scène. Le corps s'est immobilisé, ne sait plus où donner de la tête -ça amuse presque Marian-, et lui il ne sait vraiment plus quoi faire non plus.

Ailleurs, dans un laboratoire aux alphabets qui recouvrent les murs, les mots oubliés se sont mis à sussurrer une mélopée qui enveloppe Ambrose. Il a le choix. Il peut rester ici et se laisser subjuguer, le charme opère, après tout, lentement, suffisamment pour le laisser se décider. Ou bien, retourner en arrière, et affronter Euram. Les secondes glissent.
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Mer 21 Aoû - 14:59

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Ambrose Meriwether

Ambrose Meriwether

«  Fuck. »

À peine le seuil du laboratoire passé que les runes ont tôt fait d'émietter le semblant de quiétude qu'il s'était chargé de rassembler. Sa lanterne a vacillée et son corps, encore chamboulé par l'agression d'Euram, n'a pas été assez vif pour le remarquer. La flamme s'est éteinte et, pourtant, les secrets que la cire d'ulmite a porté à son œil ont continué de briller. Dorés dans la noirceur, porteur d'un sens passif que quelque chose avait activé depuis l'extérieur. Un sortilège enclenché.

Un danger.

Doigts tremblants triturant les plaies laissées derrière par le cadavre - pensée fugace pour le fléau de la gangrène, pour l'éventualité de la septicémie -, Ambrose observe les incantations prendre vie. Elles perforent sa rétine et laissent, dans le sillage de leur puissance, des paillettes brillantes pour embrouiller sa vision.

Son cœur tambourine. Il reconnaît vaguement les intonations d'un sortilège de distraction, mais certains des termes ricochant tout autour de la pièce persistent à lui échapper. Il ne s'agit pas d'une langue issue des ombres, ou du moins pas entièrement. Quelque chose d'autre a fauché l'humanité d'Euram, quelque chose de différent. Ambrose n'a pas la moindre intention de se laisser aller à un état similaire, mais doute que la protection de Tiamat ne lui soit d'une grande utilité s'il reste là.

Il inspire douloureusement.

Entre le charme magique qui s'immisce lentement au creux de ses organes et les plaies brûlante que le cadavre a gravé sur sa peau, Ambrose lutte pour conserver un semblant de concentration. Ses nerfs sautillent frénétiquement et il balance son poids d'une jambe à l'autre, désireux de trouver une solution avant que les secondes contenues dans le sablier des circonstances ne s'écoulent.

Il n'a que très peu de temps pour faire un choix. Vendre sa conscience au sortilège ou retourner affronter Euram. S'abandonner aux runes ou ... utiliser la présence du barman comme un outil. Le choix est simple, évidemment, mais trop dangereux pour être opéré sans plan.

Mais le temps lui manque.

Le temps, cette horreur, lui manque toujours.

C'est dans une bourrasque de papiers jaunis qu'il fait volte-face.

-

La tête du macchabé a décrit un arc, pour la seconde fois, dans l'air renfermé du château.  Les filaments capillaires qui persistent à rester  accrochés aux lambeaux du crâne d'Euram, sont ces fils de soie grossiers qui contrastent houleusement avec la propreté de la couronne qui persiste à tenir en place.  La tête s'éclate de l'autre côté du gouffre, à l'opposé d'un Marian Olczak dépassé par la suite des événements. La tête s'éclate, puis retombe mollement au sol, contre une alcôve de pierre ayant été épargnée par l'effondrement. Sa bouche claque contre l'air ambiant, chuintement de chairs morts et d'os ravagés par la poussière. On pourrait croire que l'orifice forme des mots, mais que ceux-ci demeurent muets. L'absence de cordes vocales fonctionnelles empêche la communication, bloque l'accès aux intentions.

Pourtant, ces yeux qui ne voient rien sont motivés par des desseins onéreux et, pour le moment, Marian est leur cible de choix.

Plus bas, le corps est cet outil temporairement mût par l'incertitude. Il  stagne un instant, puis deux, suit la trajectoire aérienne de son centre de commandes, avant de se fixer un nouveau but. Infusé de magie, pourvu de capacités dépassant celles étant découlant de son enveloppe physique, les restes d'Euram Elk en viennent à défier toute logique. Les jambes se replient,  les bras se tendent et ensembles, tracent une course qui amène le monstre à escalader le mur pour rejoindre la couronne.

Une paume saisit des vertèbres, reconnecte la tête - la couronne, la couronne - au reste, puis, dans un geste vif, trop pétillant d'une vie qui n'existe point, l'attention de la chose - créature rapiécée, sorcier parasité - se reporte sur Marian.

En l'espace d'une seconde, Euram saute et franchit le gouffre et Marian, dans un choc de violence, se prend la puissance éhontée d'une liche en pleine gueule.

-

Ses plaies sont plus profondes qu'il ne voulait bien le croire et, c'est avec la sensation chaude de son sang qui imbibe ses vêtements qu'il regagne le couloir.

L'espace en lui-même n'a pas changé, la seule sortie demeure encore située vers le haut, vers une localisation que le sorcier ne peut atteindre sans se mettre en danger. Toutefois, quelque chose a changé, Euram ne se trouve plus au même niveau que lui et les seules traces de leur altercation sont les tâches de sang qui ont picoré la pierre. En effet, d'une manière qui reste nébuleuse aux yeux d'Ambrose, le cadavre est parvenu à rejoindre l'étage supérieur.

Prostré au-dessus de la silhouette du barman, Euram est cette apparition déroutante qui plonge ses griffes dans la chair, qui creuse, qui laboure, qui déchire. Ambrose a la décence d'être écœuré par les sonorités qui se dégagent de l'attaque, ose presqu'éprouver de l'empathie à l'égard de la douleur que doit éprouver Marian.

Presque, car le temps de l'empathie viendra plus tard. S'il vient. Pour l'instant, Ambrose préfère laisser le cadavre à son meurtre, préfère le regarder tuer Marian, préfère réfléchir.

There has to be a way.

Les seconde s'écoulent et il contemple, impuissant, la baston du dessus. Ses dents grincent, sa mâchoire crisse et l'idée lui vient, bête, stupide, complètement désespéré.

De l'huile. Il a des tonnes d'huile.

Et des flammèches.

«  Get down here, you ugly thing ! We are not done ! »

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Sam 14 Mar - 14:35

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Des mots muets, qui glissent entre les lèvres mortes, forment des syllabes que Marian ne veut pas entendre. Il a les mains plaquées, avec une horreur qui l'a fait se crisper, contre ses oreilles, contre ses tempes, et il ne sait pas, il ne veut pas de cette réalité qui grandit en adoptant des formes d'angoisses vivaces.

La tête est d'un côté, le corps immobilisé de l'autre, et Marian attend le choix impartial, cruel, d'un destin qui s'est manifesté en prenant la forme trop décomposée d'un lichte qui a décidé, assurément, de le bouffer. Il inspire profondément, il inspire pour essayer de se calmer, avec son coeur qui bat à tout rompt et sa vessie qui menace d'exploser, et il ploie les genoux, il n'en peut plus, il ploit les genoux et il est accroupi face à l'horreur, face au vide, face au manquement de solution, et pendant quelques instants, pendant quelques instants, même tremblants, il se sent un peu soulagé. Il se sent un peu soulagé, parce que la chose a arrêté de bouger.

Elle hésite, cette anomalie de la nature, et Marian se croit presque sauvé, se croit presque épargné.

Elle hésite, puis ce n'est plus le cas. Machinerie formidable d'un corps qui n'a de mort que l'apparat, les ensorcelements concrets d'un mécanisme maudit font bouger ces nerfs, ces muscles, en des crépitement dynamiques et la liche décolletée a saisi le mur comme on saisit un amant. Avec vigueur, avec force, avec trop de facilité pour que l'enfant polonais, kényan, pour l'enfant trop effrayé qu'il est. S'il le pouvait, il se pisserait dessus.
La chose grimpe, est déjà arrivé.

Le renouvellement de sa mouvance était un exploit, le saisissement de sa propre tête est un miracle cauchemardé. C'est une rupture à la réalité, quelque chose que le cerveau de Marian a du mal à appréhender, -nonononononon oh fuck no-, et il ne peut pas s'empêcher de reculer, de reculer lentement, comme un mouton qui perçoit l'abattoir, quand il voit les doigts blancs se refermés sur des vertèbres mal brisées, sur des tempes pas assez écrasées. Il ne peut pas s'empêcher de laisser échapper ce gémissement terrifié quand la chose, -il n'y a pas d'autre appellation, il n'a vraiment plus le temps d'y penser-, il ne peut pas s'en empêcher, et quand le roi a cessé d'être décapité, il devient ce vassal asservi à la peur toute entière. Ses genoux vont lâcher.
Ses genoux lâchent.

La chose a sauté.

Le vide entier, le gouffre entre les deux, cette distance que Marian voulait encore percevoir comme une césure protectrice. Mais ça n'est pas le cas, ça n'est absolument pas le cas, et la pesanteur de la chose heurte fort contre le rocher, en résonnant avec le hurlement paniqué de l'humain qui s'est écrasé au sol. Mais ça ne le sauvera pas, ça ne le sauvera pas, et Euram ne lui laisse même pas le temps de profiter du désespoir en s'avançant lentement. Non. Euram lui saute dessus, comme un aigle, et dans cette situation-là, Marian est un mulot.

En quelques secondes, c'est presque déjà fini.
C'est ce qu'il aurait aimé se dire, tandis qu'Euram laboure sa poitrine.
En quelques secondes, c'est presque la fin.

La tête écrasée contre un sol poussièreux, il est une silhouette trop petite qu'une liche essaie de baptiser avec son sang.

Mais il a connu pire. Il a connu bien pire.
Les chairs s'ouvrent, s'ouvrent, et les griffes déchirent, en des bruits mouillés. Ça craque une première fois, ça craque une seconde fois, les doigts d'Euram sont bloqués, et le roi tire plus fort, veut arracher, et un morceau de côte vient voler avec sa paume qu'il extrait d'une cage thoracique ouverte. Marian a la bouche ouverte, les yeux ouverts, et une bulle de sang a explosé sur sa narine : il ne peut plus crier. Agenouillé au dessus de lui, dans cette attitude presque docile, presque aimante, Euram ressemble à ces dizaines d'autres que Marian a déjà fait se coucher au dessus de lui. Dans la poussière qui s'humidifie, flotte l'odeur de fer et de chair en décomposition : les bruits d'Euram viennent souligner un tableau d'opposition. Opposition entre l'immobilisme vaincu d'un corps trop fragile qui se fait écorcher, et mouvements erratiques de deux bras qui fouillent, qui s'élèvent et s'abaissent pour mieux creuser, pour mieux étaler, pour mieux provoquer ce chaos inconscient d'une destruction organique. Le corps, le corps se murmure sa pensée délirante, est une formidable machinerie, n'est-ce pas ? Il lui semble que c'est Descartes qui a dit ça, et il a la bouche ouverte, sur un oxygène qui ne sert plus à rien, et Euram s'affaire à le réduire en objet cassé.

Mais il a connu pire. Il a connue bien pire.
Veux-tu vraiment que je te le rappelle ?

Il a dans les yeux, loin au-delà de ce décors de château hanté, les conifères hauts, les noueux gras de ces arbres différents, étrangers, sous lesquels il a perdu sa virginité et le core de son humanité. Il a dans la tête les échos palpitants d'une énergie qui court sur lui, qui court dans son corps, en emplissant ses veines. Cette chaleur diffuse, qui réclame son sang, et avale sa vie, en le faisant griffer la terre de ses ongles retournés. Et le démon murmure son nom, le démon embrasse ses lèvres, et ça sonne comme une promesse d'éternité qu'on rompt, ça sonne comme de la fragilité à laquelle il veut complètement se soumettre. Il a les mains accrochées à des cornes qui l'éventrent, et la langue imbibée d'une salive chargée de son propre sang.

Euram ne pourra jamais lui faire plus mal que ce qu'il a aimé.

Il a la main levée, et doucement, doucement, avec ce désespoir un peu résigné, il essaie encore de repousser Euram.

«  Get down here, you ugly thing ! We are not done ! »

Euram relève la tête. La victime de sa chasse est immobilisée sous ses serres, encore trop vivaces pour lui, mais il vient de s'en désintéresser, il vient de l'oublier ; car son âme hurle une gloutonnerie dont les envies viennent de s'amplifier à la reconnaissance d'une proie réapparue. Le sorcier, le sorcier est là. Et c'est pour Euram un plat de choix, un intérêt multipliée. Il peut avoir les deux, il peut avoir tout, et son immobilisme presque abruti se trasnforme en une dynamique reconsidérée, quand dans un mouvement fluide, il se dégage du corps encore respirant de Marian.

Il a dans les yeux l'appétit d'un meurtre dirigé sur l'autre.

Ambrose est cette forme attrayante, aux couleurs chatoyantes, et il tord son échine vers le bas, il considère les mouvements de l'être humain en appréhendant son goût, en appréhendant la puissance que recèle ce corps, cette âme, et son choix est fait. De tueur, il devient traqueur, et il ne bouge pas, il ne bouge pas, ses mouvements sont calmes, calculés : il a appris la prudence au fil des années. Ses mâchoires claquent, il veut dévorer, mais il est prudent, il est prudent, et si les mots de l'humain résonnent sans signification à ses tampans morts, si ça ne fait rien que du bruit dans un univers dont il est le maître, il n'en possède pas moins un discernement qui le fait considérer la situation à la manière d'un tigre qui chasse. L'autre est à moitié mort, incapable de bouger, incapable de se relever et de le menacer. Mais celui-là, celui-là est puissant, et il sait, il se rappelle, que c'est lui qui l'a réveillé. Mais pourquoi, déjà ? Qu'attendait-il, avant cela ?

Sa mémoire est un kaléidoscope embrouillé dans lequel il fait étinceler des éclats de conscience ternies par le temps. Euram ne veut pas tant se souvenir, Euram veut surtout dévorer.
Euram a faim.

D'une faim qui fait bouger son corps en ce déplacement souple, inhumain. Ses mains sont ouvertes, les chairs abimées, et il laisse échapper ce râle froid, grondant, qui le transforme en prédateur avisant la roche. Il attend, il attend un mouvement, et il bondit en bas, il bondit sur le sorcier, en cherchant à l'écraser. Sa trajectoire est celle d'un rapace, il atteint le corps vivant, chaud, puissant, avec ses griffes qui se plongent en direction de cette gorge palpitante. Il veut dévorer.

Ce qu'il ignore, c'est qu'il vient de déclencher un autre mécanisme.
Euram a oublié le château depuis trop longtemps.

On entend des digues se briser, et comme des artères qui se gonflent, l'eau résonne. Au loin, d'abord.

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Dim 22 Mar - 19:08

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Ambrose Meriwether

Ambrose Meriwether



Les chairs qui se froissent, les vêtements qui se déchirent et les hurlements de Marian sont ces sonorités qui viennent parfumer l'atmosphère. L'estomac d'Ambrose se retourne à moitié sous le chuintement écœurant des corps, mais ses yeux demeurent rivés sur la menace qui se profile en hauteur. Il la hèle, en refusant la brûlure inquiétante que les ongles poisseux ont laissé contre sa gorge. Euram Elk, décombre vivant, parasité par un artefact empoisonné, répond à son appel en se redressant. Ses mouvements sont lents, délibérés comme s'il le considérait, de ses prunelles aveugles, en attente du meilleur moment pour attaquer.

Le mystère de sa vitalité réside dans le couvre-chef immaculé qui ne vacille pas malgré sa mouvance. La couronne demeure limpide, intouchée par la poisse ambiante, comme si elle absorbait la poussière et le sang étant balayés contre sa surface. La trace magique qui s'en échappe est moins contenue qu'auparavant et Ambrose entrevoit une expansion qui ne présage rien de particulièrement rassurant. Euram se redresse et  nul doute que c'est l'artefact qui érige la carcasse d'un être qui n'existe plus. Ambrose a devant lui le portrait d'un homme qui a été vicié par ses obsessions, par le poids toxique de ses envies, le portrait d'un homme qui paye le prix de ses écarts.

Il s'agit d'un reflet déformé de sa propre silhouette sur lequel, en cette minute exacte, il n'ose pas fermer les yeux. Ce constant le paralyse momentanément, lui vole des secondes - du temps, du temps - précieuse qu'il pourrait utiliser pour se préparer à l'assaut. Il inspire et son souffle laborieux tressaille.

Ce n'est pas le moment de se laisser ronger par l'incertitude.

Il y repensera plus tard, une fois de retour dans son hôtel, sous le jet réconfortant d'une douche brûlante. Il y repensera, à même la clinique illégale où il débarquera pour se faire rafistoler sans qu'on lui pose trop de questions. Plus tard, mais pas maintenant.

Il pioche à la va-vite dans son sac de randonnée pour y récupérer l'huile et la pierre à feu qu'il y a entreposé. Le temps joue contre lui dans une ironie qui remplace l'incertitude par de la frustration. Une part de sa conscience persiffle contre la perspective de se départir d'autant de cire d'ultime en si peu de temps, mais, mais son instinct de survie doit primer. Alors, qu'il se prépare, son cœur sautillant au rythme d'une montre qui doit, sur un autre continent, cliqueter furieusement, le macchabée, dans toute sa prestance rapiécée, se jette à nouveau sur lui.

Il n'est pas prêt, pas pour une seconde collision avec Euram, pas pour l'enclenchement d'un nouveau mécanisme qui fait vibrer la pierre sous ses semelles. Il esquive de justesse la chute du cadavre, renversant, au passage, au détour d'un imprévu, les contenants d'huile qu'il avait repêché dans son sac. Les pots se brisent, éclatent en semant du verre contre le sol.

Euram est rapide et n'abandonne pas après son échec initial. Et, comme plus tôt, Ambrose se retrouve avec le dos explosé contre la pierre. Les seules différences sont l'huile qui s'accroche à ses vêtements et le verre qui s'enfonce dans ses paumes. Au-dessus de lui, dans une volée de vers blancs qui frétillent et tombent sur son visage, se tient un amalgame répugnant de vie et de mort. Une main osseuse contre sa gorge, avec des ongles aigris qui fouillent dans des plaies encore trop fraîches, et l'autre qui effleure la couronne d'un geste presqu'hésitant.

Après tout, ce n'est pas le cadavre qui désire manger.

Ambrose profite de la seconde de quasi-immobilité et fait claquer sa pierre à feu contre le roc. Des flammèches fusent, viennent embrasser l'huile de leur lumière.  Le sol s'enflamme, et aux odeurs de putréfaction et de métal, s'ajoutent cette de la brûlure.

La chaleur grimpe et Ambrose sent le choc - incrédulité, peur, adrénaline - valser contre ses tempes. Il tente de rouler - sait qu'il ne doit pas flancher - pour éviter le gros des flammes et projeter son adversaire à sa place. Il parvient à s'écarter du gros des flammes, mais Euram le suit, se collent à sa silhouette, ses mâchoires claquant sombrement près de son visage. Entre ses mains, comme pour la protéger, il tient la couronne qui l'a, jusque là, si adroitement manipulé.

Sous lui les vibrations gagnent en intensité.

Le cadavre, dans un coup de théâtre grandiloquent, marque ses derniers instants de mobilité et retire la couronne de son crâne. Roi, il n'est plus et le couvre-chef est abandonné contre la poitrine vêtue d'Ambrose. Il sent la signature de l'objet tenter de l'imprégner, sent la volonté propre, l'intelligence, qui s'en dégage.

Elle veut qu'il la saisisse, minaude, tente de le convaincre et Ambrose doit rabattre sa tête vers l'arrière, l'éclatant contre la pierre, pour s'empêcher d'obéir. Sa vision se brouille, se paillette de gris et lorsqu'elle se dégage, lorsqu'il voit à nouveau, il est déjà trop tard.

Quelque part dans le château, des digues ont lâché et le volume de l'eau à augmenter au point d'en perforer la surface. Le jet est violent, un fléau aqueux qui ne cherche qu'à se libérer. Ambrose cligne des yeux, une fois, en considérant le déferlement qui gagne sur lui. Il est hébété, partagé entre le constat d'une salvation inopiné et d'une mort certaine.  

Lorsque le torrent déferle sur lui, trainant des décombres et noyant des secrets, le cœur d'Ambrose s'emballe.

Il ne sait pas, alors que le choc de l'eau contre son corps l'écrase et qu'il s'accroche à son sac plutôt qu'à l'artefact, à qui sa dernière pensées consciente s'adresse.

Il aimerait se dire qu'il pense au soleil.
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Dim 26 Avr - 18:42

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LA DAME,
EN B8.


Les bras croisés, elle a sur la face le désarroi calme de ceux qui ne peuvent que constater, sans contester à ce qui est arrivé. Elle a sur la face cette expression pincée, qui étire ses lèvres sur le bas et tord ses sourcils dans ce complexe désabusé. Dans le dos, elle a une hache de la taille du garçon déchiqueté, et sur sa hanche droite, -un amoncellement de muscle et de nerfs à vif-, il y a une sacoche en cuir tanné que des ensorcellements trop nombreux ont rendus imperméables, increvable, inviolable. À l'intérieur, trésor décevant, un simple miroir rond, de la taille de sa paume. Un miroir poli, au dos en pierre, sans éclat particulier si ce n'est celui de la reluisance naturelle de son objet. Un simple miroir. Et c'est la raison de la présence d'Elijah, avec ses bras croisés et sa gueule fermée,  au dessus du corps détrempé du sorcier.

« … Ambrose Meriwether. »

Il paraît énormément de choses, sur cet homme. Elle le regarde, avec ce sang qui flotte un peu, et son crâne ouvert, et ses mains serrées fort autour de son sac. Combien de temps serait-il resté sous l'eau si elle n'était pas intervenu ? Une minute de plus ? Vingt ? Si elle ne l'avait pas choppé, il se serait probablement noyé. Si elle n'était pas intervenue, il serait probablement le réceptacle joyeux, poupée trop chevelue, trop bronzée, remplaçante de circonstances à ce qu'Euram était.

« … »

Il ne bouge pas. Mais comme le garçon qu'elle a récupéré, et foutu sous son bras, pour le dégager, juste à temps, du tsunami. Maintenant, elle l'a balancé dans un coin, persuadée qu'il ne tiendra pas forcément le coup, et elle attend. Ambrose ne bouge pas, et Elijah plie les genoux. Il n'a plus d'eau dans les poumons, elle s'en est assuré il y a vingt secondes, avant de se relever la première fois. Elle l'a arraché, avec l'autre, à la violence du tsunami piégé, et sur cette passerelle encore safe d'un morceau de l'étage qui a tenu le coup, elle appréhende la suite.

Elle n'envisageait pas tant lui sauver la vie. C'est pour ça qu'elle l'a laissé se battre, sans agir, avec Euram, en regardant la couronne essayer de prendre le contrôle. Elle a regardé le garçon se vider de son sang, elle a regardé Ambrose essayer de s'immoler vivant, avant de se faire baptiser dans toute la violence du mécanisme activé. Elle a regardé l'eau arriver, et la liche se faire défoncer. Elle a regardé le sorcier, l'humain possédé, et elle a soupiré.

Elle a plongé. Avec son corps plus épais que les leurs associés. Elle a attrapé le garçon au vol, elle a saisi le sorcier, et la couronne aurait du se faire éjecter.
Mais la saleté a voulu rester accrocher.

Elle a arraché un peau de peau et de vêtements sur la poitrine d'Ambrose : dans sa main gantée par du cuir de Xadion, la couronne est inerte, objet sans pouvoir contre le matériel défensif qui neutralise tous les enchantements négatifs.

Elijah est là pour exécuter le sorcier.

« ... »

Son plan était simple. Le Miroir l'avait envoyé ici pour la raison simple, concise, de localiser le sorcier. Premier acte. Ensuite, il fallait prendre sa hache, acte numéro 2. Et lui couper la tête. Acte numéro 3. Simple. Efficace. Rapide. Mais c'était sans compter sur le fait que le Miroir l'ait envoyé trop tôt dans le passé. Ambrose n'avait encore rien fait, sur cette ligne du temps. Aucun crime qui ne méritât qu'il expie par la sentence le crime encore flou pour laquelle elle est supposée l'évincer. Rien, zéro, nada. Alors elle est là, avec les bras croisés et sa gueule pas contente, parce qu'à la place, elle lui a sauvé la vie, et qu'elle n'est pas sûre de se sentir à l'aise avec un geste qui va à l'encontre de sa motivation à se retrouver ici. Mais le miroir ne se trompe jamais, quoiqu'elle ait pu penser par le passé. Il y a toujours, toujours une raison particulière quant au fait qu'elle se retrouve ici et maintenant, à l'endroit où le miroir la projette. Il y a toujours une justification qui érige les contours de ces paysages qu'elle découvre à chaque fois. Elle a cessé de compter, il y a bien longtemps que le Miroir a effacé le concept de temps. Mais chaque fois est une considération nouvelle, et elle sait, elle sait que cet instant, s'il n'est pas celui auquel elle s'attendait, représente toutefois une explication logique dans les lois cosmiques.
Et elle n'est qu'une humaine avec une cervelle trop petite pour prétendre comprendre les lignes du temps.

Elle sait seulement qu'elle ne sait pas.
Et que sa mémoire part en vrille à chaque fois.

Alors elle soupire. À sa droite, le garçon remue faiblement. Il ne meurt pas encore : elle a versé sur son abdomen déchiré une essence de Ktarkhol, et l'acide magique ronge les chairs, pour mieux les recréer. Cela n'évitera pas un séjour nécessaire à l'hôpital, lorsqu'ils seront sortis d'ici. Pour le moment, elle doit encore décider comment elle s'y prend.
Se botter son putain de cul, et se décider.

Elle décroise les bras, avec ses doigts toujours refermés autour de la couronne. Un coup d'oeil circonspect à l'objet, tout en balançant sa crinière blonde vers l'arrière, et elle inspire. Elle pourrait le lui laisser. Elle pourrait lui accorder une seconde chance, après tout, et voir comment il s'en sort avec ce genre de truc dans sa collection. Ça n'est pas, après tout, comme si elle avait le moindre intérêt dans un artefact pareil. Elle, ce qui l'intéresse…

« Ta vie, mon joli. Ta vie, et ton avenir. »

Elle fait glisser ses mots, trop rauques, trop abimés, avec ses intonations dentelées, sur la gorge du sorcier. Entre ses cils entrouverts, elle croit distinguer l'éclat d'une lucidité qui peine à émerger. Il a une concussion cranienne, et appeler les urgences représente désormais une nécessité. Elle soupire, fait émerger un cellulaire de son autre sacoche, une sorte de relique des années 20XX, et compose le numéro des autorités ambiantes. Signale l'incident magique, et l'Ordre la remercie, mais elle ne leur donne pas son nom. Elle les méprise un peu, ils ne sont que des insectes pour lesquels elle n'a pas particulièrement de considération. Elle s'assure seulement qu'on vienne les chercher bientôt. Dans deux minutes, peut-être trois grand maximum, une équipe de sécurité pourra atteindre la ville la plus proche. C'est fantastique, marmonne t-elle avant d'écraser le bouton qui coupe la communication. En attendant, elle disparaît.

Avec la couronne.

(…)

On lui a couvert la poitrine avec des pansements trop lourds, et qu'il ne doit, expressément, pas retirer avant le mois prochain. Mais sa formidable constitution, on lui a assuré, lui permet de considérer qu'il pourra achever les exercices de rééducation de respiration à partir des deux prochaines semaines, et Marian, encore un peu shooté par le trop plein de drogues qu'on lui a injecté, hoche doucement de la tête, en essayant de se rappeler des derniers moments passés dans ce château. Finalement, il n'aura jamais trouvé les fougères recherchées. Il s'en souvient très bien.

C'est pour ça qu'il ne comprend pas pourquoi il a un pot rempli de marguerites ensorcelées déposé anonymement à son chevet depuis son réveil. On lui assure que c'est une gigantesque femme, blonde, peu commode, qui le lui a déposé. Mais il refuse d'y toucher, et s'acharne, avec son téléphone entre ses doigts tremblants, à envoyer des messages à ses voisins pour savoir s'ils peuvent nourrir Némo, et que vraiment, vraiment, désolé, il est à l'hôpital, et il ne pourra pas sortir avant quelques jours.

Il ne se souvient pas du tout de ce qui est arrivé.
Et je te regarde, mon cher amour, trembler à l'idée que ton chat n'ait pas sa pâté.
Moi la femme, je me souviendrais d'elle.
Elle avait un miroir dans une sacoche de cuir, mon tout petit.

Oh, je suis curieux. Mais rien qui ne nous intéresse ou ne nous concerne vraiment, n'est-ce pas ?

(…)

Elle attend. Elle attend qu'il sorte de l'hôpital, et se charge de trouver son adresse avant qu'il ne s'y soit rendu lui-même. Il y apparemment un autre homme, qui habite avec lui, mais elle s'en fout, elle s'en fout sérieusement. Elle se charge simplement de déposer la boite, -un coffret en bois scellé, de la taille d'une boite à chaussure-, devant la porte de son appartement, juste avant qu'il n'apparaisse au coin de la rue. S'il se penche, s'il ramasse la boite, il la trouvera lourde, et fermée par un cadenas qu'un humain normal ne peut ouvrir. Un cadenas, que rien qu'un peu de science magique ne pourrait venir à bout. Aussi, il trouvera, à l'intérieur, un paiement pour sa mésaventure.

Ainsi qu'un mot.

« Let's meet again.
Eventually. »


Ce n'est pas comme s'il la verra jamais venir.
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Breath of your rotting crown

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