Depuis les murmures furieux échangés entre les rayons de la bibliothèque, leur relation avait pris du mieux. Il demeurait entre eux une certaine timidité qu’ils n’avaient jamais connu, mais qui s’apprivoisait avec patience. Il y avait également une certaine complexité supplémentaire ; une étendue plus grande à explorer. Ainsi, ils voguaient désormais sur les eaux familières de leur proximité, mais parfois, encore, en rencontrant des courants étrangers ou en apercevant des nuages sombres flotter à l’horizon. Parfois le tonnerre grondait dans leurs gorges et d’autres fois le brouillard nageait à la surface de leurs yeux, mais au moins, ils naviguaient ensemble dans une tempête en voie de s’éteindre.

Le rire franc et cristallin de Victoria s’infuse dans toute la pièce.

Ils étaient dans sa chambre d’hôtel, assis au sol sur des oreillers, avec des bières, et ils se racontaient tous ces éléments quotidiens qu’ils avaient partagés à distance dans les dernières semaines. Les moments drôles : « […] Et là il enlève son T-shirt et moi, je suis là et je ne comprends plus rien ! […] » , sans oublier les ragots : « […] Danaé et Ether […] » au sujet des collègues autant que des élèves, ainsi que les évènements horribles qui étaient arrivés dans cette maudite école : « […] Un cadavre Tullio. Un putain de cadavre dans une école ! […]».

Pour le moment, ni l’Italie, ni Olivia, ni… les autres éléments marquants n’avaient émergé. Victoria aurait dû lui parler de Nawar, de se qui s’était passé, de se qui se déroulait encore et de comment elle se sentait face à lui ; de combien il la répugnait autant qu’il l’attirait, et de comment ce dernier fait la dégoutait elle-même par-dessus tout. Elle aurait aussi eu besoin de parler d’Olivia, des funérailles qui arrivaient et qui lui paraissaient insurmontables. Enfin, elle aurait aimé lui parler d’eux deux et de leur solitude commune auto-imposée.

C’était trois sujets durs d’approche qui commençaient avec de longs silences. Pendant ceux-ci, il y avait toujours quelque chose qui y mettait fin avant même qu’ils soient vraiment commencés. En effet, Victoria sentait une distance se creuser à chaque fois et son côté se remplissait avec la certitude que ce n’était pas encore le bon moment. Le côté de Tullio s’enfonçait toujours de plus en plus, comme s’il cherchait désespérément quoi dire, quoi faire, tout aussi bien qu’une façon de l’enfuir dans les profondeurs de l’analogie.

Vraiment, ce qu’elle avait à dire serait trop lourd pour lui.

- Tullio… ? Il y a encore quelque chose qui te dérange, je le sens. Parle-moi.

Victoria est fragile, mais sa voix ne se casse pas et conserve cette qualité impérative que Tullio lui connait bien.

Lui et Toria, après les révélations de la bibliothèque, réapprenaient lentement à vivre l'un avec l'autre. Ils apprivoisaient les nouveaux contours de leur relation, un peu malmenés par plusieurs semaines d'incompréhensions, à grand renfort de discussions et de bières. Ce jour-là ne faisait pas exception et ils étaient assis à même le sol, sur les oreillers qu'ils avaient jetés là.

Ils discutaient de choses et d'autres, de leurs collègues, de l'avancement de la mission. J'en reviens toujours pas qu'ils aient trouvé un cadavre. Pour autant, Tullio n'arrivait pas à être complètement à l'aise. Ils s'étaient souvent retrouvés épaule contre épaule dans le canapé, à regarder la télévision, mais maintenant il faisait attention. Il conservait une distance respectable, pour éviter les contacts accidentels.

Et parfois… parfois la chevalière avait l'air de vouloir dire quelque chose. Alors il se taisait, pendant longtemps, en luttant avec plus ou moins de succès pour s'empêcher d'agiter nerveusement une jambe. Mais elle ne disait jamais rien, et il ne demandait pas.

Le ton de Toria lui fait lever les yeux de sa bière et il se mord l'intérieur des joues.

"Il s'est passé un truc… avant qu'on parte en mission."

Tullio hausse une épaule, hésite à continuer. Sa bouteille est encore à moitié pleine mais il la vide, avant de passer une main dans ses cheveux en tirant dessus.

"J'ai… J'ai été fêter son anniversaire avec Anya. T'sais, la fille avec les ailes?"

Il ne sait pas s'il veut continuer ou non, alors il laisse le temps à la chevalière de confirmer qu'elle voit de qui il parle. Même quand c'est fait il se tait encore longtemps, jouant avec le cadavre de sa bière tout en repliant sa jambe droite pour l'empêcher de trembler de manière trop visible.

"J'ai fait une connerie, Toria."

Sa main libre passe sur son visage puis retourne dans ses cheveux alors qu'il baisse la tête parce que là, maintenant, il ne peut pas affronter le regard de Toria.

"J'ai… on a couché ensemble et…"

La voix de Tullio tremble un peu et il secoue la tête parce qu'inévitablement les souvenirs reviennent, accompagnés d'un goût de bile. Et je lui ai fais mal, j'en suis sûr, et je voulais pas Toria, je voulais pas.

Elle inspire bruyamment quand il crache enfin le morceau, puis retient son souffle le temps que l’explosion cognitive termine ses dégâts à l’intérieur de son crâne. Ce fut tout d’abord la stupeur qui éclata son visage, faisant s’exorbiter ses yeux et s’ouvrir sa bouche béante. L’hébètement la fait trembler, puis serrer des dents après que sa langue inerte échoue d’articuler le moindre mot.  Ensuite vint la colère, visible aux angles de ses sourcils froncés et à la tension au coin de ses mâchoires ; l’indignation était, pour sa part, parfaitement audible dans l’exclamation étouffée et rauque qui sortit finalement de sa gorge.    

De sa position assise, elle gesticule de façon erratique et poussant des protestations impossibles à comprendre. Elle atteint finalement Tullio du revers de la main ; une petite gifle sur l’épaule, pas vraiment violente hormis dans son intention. Sur son visage, ses lèvres sont tirées vers le haut, mais il aurait été impossible de méprendre son expression crispée pour un sourire. Enfin, elle parle : « MAIS. TULLIO. POURQUOI. » tout en continuant de le marteler de petites tapes énervées. La première exclamation est parfaitement rhétorique, mais quand elle se calme un peu et qu’elle pose une nouvelle question : « À quoi pensais-tu ? », c’est avec un ton qui exigeait une réponse.  

Anya était… Anya n’était pas… Quelque chose. Elle n’était pas équilibrée psychologiquement, déjà, et complètement instable, sans parler de sa fragilité physique. Crispée, elle se gonfle et elle fixe Tullio avec l’assurance d’un orage électrique prêt à éclater. Or, ce qu’elle voit en l’observant attentivement lui fend le cœur, alors elle se contient et se rétracte doucement. Ses mains attrapent finalement ses épaules et elle se dresse sur ses genoux pour le dominer de sa hauteur. Elle le force à la regarder dans les yeux, seulement pour voir de la peur, de la douleur et de la peine qui la mettent dans tous ses états.

Une plainte s’échappe d’entre ses lèvres avec une connotation interrogative. Victoria ferme les yeux et force son front contre le sien, toujours en s’appuyant sur ses épaules. Quand elle parle à nouveau, sa voix est douce, compréhensive et presque maternelle : «  Qu’est-ce qui s’est passé ? », même si elle ajoute, tout de suite après : « Dit moi au moins que vous avez utilisé un condom ? » avec une pique énervée.

Soudainement, la pensée que Tullio n’avait jamais passé un vrai test de dépistage après des années de rue et de drogue lui revient comme une averse froide de culpabilité qui menace de l’étouffer et de la noyer.  

Tullio s'était interrompu en entendant Toria inspirer, pour lui laisser le temps d'assimiler la nouvelle ou parce qu'il n'avait plus le courage de continuer. Un peu des deux sans doute. S'il se doutait évidemment que, sans toutes les informations, elle ne pouvait pas comprendre pourquoi il le vivait mal, il ne s'était pas attendu à ce qu'elle soit en colère contre lui.

La tape qu'elle lui assène sur l'épaule n'est pas douloureuse, les suivantes non plus, mais c'est la première fois qu'elle est si énervée contre lui qu'elle en vient à avoir besoin de se défouler sur lui. Il ne répond rien quand elle lui demande pourquoi, et ne parle pas plus quand elle veut savoir à quoi il pensait. A rentrer. Je pensais à rentrer. Parce qu'après tout, qu'est-ce que ça change? Il avait senti que quelque chose n'allait pas, et il était resté.
C'était sa faute.
Il était responsable, et c'était pour ça qu'il n'essayait pas d'arrêter la chevalière. Il l'avait mérité.

Les mains sur ses épaules le font se crisper, parce qu'il s'attend à être secoué dans tout les sens, mais la première impulsion ne vient pas. Toria se redresse et, à nouveau, il se laisse faire quand elle l'oblige à la regarder dans les yeux.
Elle allait probablement l'étriper et ce serait bien fait pour lui.

La plainte qu'elle pousse le fait sursauter et le contact de leurs deux fronts lui donne envie de pleurer, comme dans la douche le soir où c'était arrivé et plusieurs autres après. Tullio n'est plus qu'une boule de sentiments contradictoires quand la chevalière lui demande, plus doucement, ce qu'il s'est passé avant de repartir dans l'énervement quand elle aborde la question de la capote. C'est seulement maintenant qu'il réalise que ce n'est pas le cas.

"J'crois qu'elle en avait pas."

Articule-t-il difficilement, la tête rentrée dans les épaules, prêt à endurer une nouvelle salve de colère.

"J'pensais à rentrer à la maison."

Continue Tullio, pour répondre à la question qu'elle lui avait posée un peu plus tôt, avant que les mots ne se mettent à déborder.

"J'voulais pas qu'ça arrive, je… Elle m'a servi un cocktail et au plus j'y réfléchis au plus j'suis sûr qu'elle a mis un truc dedans parce que j'voulais pas Toria, je te jure que je voulais pas, et j'lui ai dit que j'me sentais bizarre et que j'voulais rentrer mais elle… elle m'a retiré ma chemise et s'est mise sur mes genoux, et j'lui ai demandé de se lever parce qu'il fallait que je rentre et elle a retiré sa robe et… et…"

Le consultant s'interrompt, les dents serrées, et s'écarte de la jeune femme pour essuyer ses joues. Il en a marre, tellement marre de pleurer pour cette histoire alors que pourtant c'est loin d'être la première fois, et loin d'être la pire d'ailleurs.

"Et j'contrôlais plus mes mains, j'voulais la pousser et j'y arrivais pas, j'lui ai dit qu'on pouvait pas faire ça mais elle voulait pas m'écouter et j'contrôlais plus rien, comme quand j'étais complètement camé alors j'ai juste attendu qu'ça passe parce que j'pouvais rien faire d'autre."

A bout de souffle, il se force à prendre une longue inspiration pour pouvoir terminer.

"Et j'pense que j'lui ai fait mal, parce qu'en plus il y avait des traces roses partout et j'y connais p'tet rien mais j'sais que c'est pas supposé être rose et si j'étais parti quand j'ai commencé à m'sentir bizarre ben rien d'tout ça s'rait arrivé."

Il s'essuie les yeux une fois de plus, secouant la tête.

"Et j'comprend même pas pourquoi j'continue d'pleurer, parce que depuis l'temps j'le sais qu'ça s'passe comme ça. Merde quoi, j'devrais m'estimer chanceux au lieu d'pleurer, au moins avec une meuf ça fait pas mal."

Comprenons que ce n’est pas le fait que Tullio découvre enfin sa sexualité qui dérange Victoria. Avoir été quelqu’un d’autre – n’importe qui d’autre qu’Anya – sa réaction initiale aurait été fort différente.  Du moment qu’elle remarque sa douleur et sa peine, en contrepartie, la suite reste la même.  

Alors que son silence tremble avec la force d’une crise de larmes, les mains de Victoria, jusqu’ici sur les épaules de Tullio, grimpent sur sa nuque et dans ses cheveux ; elle le tient pour qu’il garde la tête haute et qu’il continue de la regarder même alors qu’elle le sentait sur le point de complètement s’enfuir. Enfin, il éructe et les mots qui jaillissent viennent l’horrifier. Sa respiration devient aiguë et saccadée comme si ça lui puait au nez et lui donnait envie, à son tour, de vomir des flots de paroles. Toutefois, elle le laisse régurgiter tout ce qui pesait sur sa poitrine.

Une colère sourde qu’elle ne se connaissait pas bouillonne soudainement dans son ventre, et ses doigts se resserrent dans ses cheveux et sur sa peau ; elle avait envie de saisir Anya par les ailes pour les déchiqueter en autant de morceaux qui étaient à recoller sur Tullio.

Il pleure et elle le serre contre elle en soufflant doucement entre ses dents pour lui intimer le silence. Pas pour qu’il se taise vraiment, mais dans l’espoir de faire taire l’absurdité de certaines choses qu’il venait de dire.

-T’chhhhhhu… Ce n’est pas de ta faute.

Tout ce qu’il avait pu vivre, avec Anya et ces inconnus sous-entendus, n’avait rien à voir avec la sexualité, mais seulement la violence et l’abus. Elle n’aurait jamais cru Anya capable de faire une telle chose, et pourtant … Non, elle aurait dû s’attendre à une connerie pareille vu ses lacunes sociales et ses tendances sociopathes. Le fait qu’elle ne comprenne pas l’étendue de ses actions ne voulaient pas dire que le mal en était amoindri. Elle était dangereuse, elle était… Comme Nawar. C’est-à-dire un problème et une menace, peu importe ses intentions et ce qu’on pouvait réellement lui reprocher dans les limites de ses circonstances.

Une vague de peine et de dégoût lui coule dans la gorge et solidifie son silence ; elle ne pourrait jamais lui parler de sa propre mésaventure dans ses conditions. Sa déglutition est difficile et son étreinte se renforce, pour elle-même autant que pour lui. Il fond dans ses bras et elle coule avec lui jusqu’au sol, dans un angle maladroit et avec les oreillers dans le chemin.

- Elle n’avait pas le droit de te faire ça. Elle a abusé de toi. L’abus et le sexe, ce n’est pas la même chose.

Insiste-t-elle. Et tant mieux si Anya avait eu mal et qu’elle regrettait son initiative ; tant mieux si Tullio était malade et qu’elle avait été contaminée ; tant mieux si… Non. S’il fallait que cette pauvre idiote soit enceinte… Elle préférait ne pas y penser.

- Je vais gérer Anya. Dit-elle après un long moment, sa bouche pâteuse comme si elle avait bel et bien été malade. Et on va aller voir Danaé pour toi… En considérant que tu n’as jamais passé un test de dépistage … Elle n’avait pas envie de parler de ça maintenant non plus, mais il n’aurait pas été sage de procrastiner encore plus quelque chose d’aussi important.  

Les doigts de Toria, enroulés autour de sa nuque et pris dans les ondulations de ses cheveux, resserrent leur étreinte et pendant un instant il redoute qu'elle lui en veuille. Qu'elle lui confirme que c'est sa faute, parce que c'est déjà suffisamment difficile de le penser.

Tullio avait presque réussi à enrayer les larmes qui coulaient sur ses joues quand la chevalière le serre contre elle, mais il suffit à la chevalière de lui dire qu'il n'est pas fautif pour que ses pleurs reprennent de plus belle. Il y a mille choses qu'il aimerait répliquer, J'aurais dû moins boire avant, j'aurais dû refuser son cocktail, j'aurais dû lui demander ce qu'elle avait mis dedans, j'aurais dû rentrer, mais rien ne sort.

Lorsque l'étreinte se resserre, le consultant se coule contre Toria et tant pis s'ils finissent au sol et s'il ne sait pas quoi faire du bras qu'il n'utilise pas pour essayer de se sécher les yeux.

"Tu sais… J'suis pas sûr d'avoir envie de savoir ce que c'est."

L'aveu est fait d'une voix rauque, entre inspirations hachées, juste après que la chevalière se soit remise à parler. Peut-être qu'effectivement ça n'était pas la même chose. Ou peut-être qu'elle essayait simplement de le rassurer. C'était possible, après tout, ce ne serait pas la première fois qu'elle lui cache quelque chose en pensant bien faire. Mais peu importe, au fond, parce qu'il n'a pas l'intention de chercher à savoir.

"Qu'est-ce que tu vas faire?"

Demande-t-il, quand Toria annonce qu'elle va gérer Anya. Son estomac se contracte à l'instant où elle enchaîne sur les dépistages. Il n'avait encore jamais pensé au fait qu'il pouvait lui avoir transmis quelque chose, et il se sent pâlir. Si j'étais… Tullio interrompt le fil de sa pensée en serrant les dents. Si elle n'avait pas délibérément choisi de le droguer, rien de tout ça ne serait arrivé. Il n'était pas parti parce qu'il avait confiance en elle, parce qu'il n'avait pas voulu lui faire de la peine même une fois qu'il avait senti que quelque chose n'allait pas.

"Il faut qu'on y aille maintenant?"

Même si la crise de larmes est passée, il préfèrerait mille fois rester là à terminer le pack de bière plutôt que d'aller voir la jeune femme. Après tout, s'il a effectivement contracté quelque chose quand il était encore dans la rue, il ne doit plus en être à une journée près. Pour autant, si la chevalière lui confirme que oui, il faut qu'ils y aillent, il ne compte pas objecter. Pas cette fois.

"On dirait que j'ai pas d'chance avec les gens, hein?"

Grimace-t-il, en une vague tentative d'humour certes un peu noir, mais d'humour quand même.

Elle aurait eu envie de lui dire que c’était ridicule et d’obtenir le remède miracle pour le convaincre que le sexe et la violence n’étaient pas la même chose. Ce ne l’était pas, vraiment. Toutefois, elle comprenait – au moins sur un plan intellectuel – que l’association était figée dans sa chaire comme une blessure douloureuse et qu’il serait difficile de jamais y retoucher sans risquer de rouvrir la plaie.

- Sshhhhhhhh. Fit-elle simplement

Elle maudissait ces mauvaises expériences qui l’empêchaient de profiter de ce que la vie avait de meilleur à offrir. Elle maudissait presque davantage encore Anya qui avait effectué le transfert entre sa vie d’avant et sa nouvelle réalité, pour mieux graver sur sa peau une définition erronée et terrifiante.

- Je vais … Lui crier dessus jusqu’à la rendre sourde, l’attraper par les cornes et la faire valser dans le mur, lui arracher ses ailes et les utiliser comme arme improvisées pour l’achever, pensa-t-elle. Les lèvres de Victoria se courbent, mais son sourire est tout sauf heureux. Il est crispé, de même que le reste de son corps qui continue de serrer Tullio avec une force constante.

- Je vais lui parler et essayer de lui faire comprendre ce qu’elle a fait… Et m’assurer qu’elle fasse un suivi médical, dans tous les cas. Cracha-t-elle finalement. Le plan était raisonnable, mais le ton sur lequel elle l’avait annoncé n’en était pas moins acide. Elle continue : Je vais voir ce que je peux faire pour son mode de vie. J’ai toujours pensé que de la laisser vivre à l’écart n’était pas une bonne idée. Elle a besoin d’être socialisée et surveillée… Et tenue loin de toute potion ou objet magique pouvant servir ses idées psychopathiques. Victoria savait, à cause de son expérience avec Nawar, que l’agression serait passée sous silence et excusée facilement par le capitaine… Par contre, ce n’était pas lui qui décidait de l’organisation du sanctuaire. Si Angelica décidait qu’une cabane à la limite du sanctuaire était dorénavant hors de question, personne n’aurait l’autorité de dire ou de faire autrement.

Victoria lui rendrait visite dès son retour à Old Fyre.

- Demain, pour ton suivi. Ajoute-t-elle. Après tout, il n’était pas à une nuit près de la catastrophe en considérant qu’il n’avait aucun symptôme connu jusqu’ici. Il serait miraculeux qu’il n’ait rien… Mais peut-être avait-il un avantage surnaturel ? Les fées sont de fabuleuses guérisseuses et leur emprunte subsiste sur Tullio depuis son enfance. Le destin lui devrait au moins ça, mais après, elle était bien placée pour savoir que l’univers était un sale con qui ne payait pas souvent ses comptes.