Langues parlées : Parle couramment le turc et l'anglais, se débrouille en espagnol (niveau scolaire équivalent à une Lv2) baragouine quelques mots de japonais suite à une années passé là bas.
Habiletés : Le point fort d'Alya est sans aucun doute sa maîtrise dans l'art des potions. Elle apprit de son père depuis toute petite et compte bien se spécialiser en la matière. Elle a également une vaste connaissance des créatures magique peuplant le monde, une fois de plus le rôle de consultant exercé par son père l'a amené à fréquenter beaucoup de ces "superbes" créatures. Elle les trouve fascinantes, de la fée en passant par la harpie, c'est l’intérêt sincère et profond qu'elle leur porte qui la motive à devenir un jour, Chevalière.
Pour l'heure, elle est simple consultante, comme son père, il estime qui lui manque encore pas mal d'entraînement pour prétendre au titre de chevalière.. Notamment apprendre à se défendre correctement ! La pauvre ne sait ni se battre, ni manier d'arme, elle flirt un peu avec la magie dans l'espoir de combler cette lacune et de ne pas avoir à savoir viser ou coller des bonnes droites pour arriver à se défendre.

Qualités prédominantes :
Optimiste & Enthousiaste. Elle voit le bon coté des choses, pas du genre à baisser les bras, c'est difficile de lui miner le moral à croire que y'a pas de part d'ombre dans le monde pourtant elle est bien placé pour savoir que c'est pas le cas. Mais elle est comme ça, un sourire rayonnant aux lèvres et le regard pétillant, elle a cette manie de tirer les gens vers le haut sans même s'en rendre compte.
Dynamique & Passionnée. Ayla, elle aime quand ça bouge, elle aime quand c'est vivant, quand c'est électrique. Elle n'a rien d'une jeune fille calme, au contraire, c'est une tornade blonde qui balaye tout sur son passage, mais qui le fait avec un sourire radieux et toutes les bonnes intentions du monde. Mais voilà, incapable de tenir en place plus de trois secondes, à force, elle donne le tournis au gens et en fatigue plus d'un.
Curieuse & Sociale. Loin d'être timide, elle a le contacte facile et s’intéresse rapidement aux gens ou aux choses, pas difficiles à captiver elle adore apprendre et découvrir, que ce soit des lieux ou des personnes elle est sans cesse attiré par la nouveauté et l'originalité. D'un naturel sympa, elle a une aisance naturelle avec les gens et semble dépourvue de la moindre gêne en société. Elle rit fort, parle beaucoup et s’enthousiasme de tout.
Failles notables :
Bruyante & Désordonnée. Elle se fait souvent remarquée pour ça. Parce qu'elle parle trop, parce qu'elle s'agite trop, parce qu'elle a du mal à se canaliser correctement, mais elle y travaille, c'est promis. Pour le reste ce n'est pas vraiment quelqu'un de très ordonné, du genre à commencer trente choses en même temps et à devoir rusher pour tout faire dans les temps.. mais c'est comme ça qu'elle aime sa vie. Speed, pleine de spontanéité et d’inattendu !
Entêté & Rancunière. Quand elle a une idée en tête elle l'a pas ailleurs ! Y'en a plus d'uns qui s'en est mordu les doigts à tenter de la faire changer d'avis sur quelque chose.. mais avec du temps on y arrive par moment ! En plus d'être têtu comme pas possible elle est aussi rancunière, heureusement, c'est plutôt difficile de la vexer ou de se fâcher avec elle, mais quand ça arrive, faut se lever tôt pour qu'elle pardonne la faute et qu'elle accepte de passer à autre chose.
Jeune & Naïve. L’impertinence de la jeunesse ! Parce qu'elle n'a que 21 ans, parce qu'elle s'imagine tout savoir, elle s'imagine avoir tout vécu, parce que comme beaucoup de jeunes de son âge elle n'est qu'au début des galères. Désillusion, déception, la réalité brute et cruelle de la vie, tout ça elle va le découvrir, et elle se croit prête à l'affronter..
Elle ne l'est vraiment pas.

Note particulière : Elle se balade toujours avec un sac en bandoulière d'un cuir passablement usé, on entend souvent teinter du verre à l’intérieur tout comme on y distingue une multitude de plantes, fleures et pierres coincées dans les multiples poches.
La plupart des gens sont étonnés, voir choqués, de l'entendre parler en Turc le plus naturellement du monde. Faut dire qu'elle n'a pas vraiment le profil avec son teint blanc et ses cheveux blond.
Elle n'a pas de phobie particulière, mais n'est pas très à l'aise sur un bateau.

10 Février 1998, Frettenkris.
Dans les couloirs froids et métalliques de la station de recherche, deux hommes masqués s'entretiennent à voix basse, la fatigue et la crainte se sentent dans leurs voix.
« On a retrouvé leurs corps à quelques kilomètres de leurs dernières positions, on ne sait pas encore ce qui s'est passé mais les premières infos parlent d'une attaque. »
« Et l’artefact ? »
« Disparue. »
Le plus grand des deux soupir, ôte son masque et passe une main sur son visage pour y chasser les émotions qui manquent de le submerger. La nouvelle le trouble, c'est une évidence, ses yeux noirs se perdent u hasard du couloir, l'esprit en proie au chagrin et au trouble. Le plus jeune semble piétiner d'un pied à l'autre, hésitant, mais il finit par se dévoiler à son tour tandis que son supérieur à la peau sablé reprend à voix basse.
« Ils avaient peur qu'il y ait des complications, c'est pour ça qu'ils m'ont appelé.. je leur ai assuré que tout se passerait bien. » dit il finalement.
« C'est une attaque, vous ne pouviez pas.. » La voix hésitante du jeune s’étouffe lentement quand l'autre lève la main en guise d'avertissement.
« C'est mon travail de prévoir ce genre d’éventualités. » Le ton est ferme, presque sec. L'homme à la peau mate se redresse finalement, le regard sombre et le visage grave, il porte son regard sur le jeune et s’adoucit d'un sourire.
« Excuse moi, merci de m'avoir fait parvenir l'info.. »
«  .. c'est normal.. mais.. qu'est ce qu'on fait pour .. heu.. Vous savez.. Pour leur fille.. » s'inquiéte le jeune visiblement mal à l'aise avec le sujet.
« Je m'en occupe... » Rétorque l'autre d'une voix calme.
« Je ne préviens pas .. Je ne sais pas.. La famille ? »
« C'est moi sa famille maintenant. » L’étonnement se lit sur le visage des plus jeunes, il ouvre la bouche avant de la refermer, jugeant peut être la question déplacée ou se ravisant de tout commentaire. L'homme au teint mâte se fend d'un sourire face à la réaction de son subordonné et ajoute d'une voix plus légère.
« C'était mes amis avant d'être mes collègues, on se connaît depuis tellement d'années.. Je ne te cache pas qu'entre nous il n'y avait plus d'anonymat depuis longtemps... Je suis le parrain d'Ayla. Ils m'ont nommé tuteur légal au cas où... » Il s’interrompt une seconde, secoue la tête dans un soupir comme pour traduire l'évidence : Au cas ou quelque chose comme ça arriverait.
«  De toute manière, la famille qui lui reste en Norvège ne voudra pas entendre parler d'elle, pas plus qu'ils ne voulaient entendre parler de ses parents.. Elle sera mieux avec moi en Turquie ».
« Avec vous.. en Turquie ? » S'étonna de nouveau le plus jeune à mesure que ses yeux s'arrondissent à cette éventualité étant donné la différence d’ethnie non négligeable.
« .. Je ne t'imaginais pas si conformiste... » s'amuse l'homme en haussant les sourcils. Le plus jeune s'empourpre instantanément, agitant les mains devant lui comme pour effacer la méprise de la situation.
« Non ! Je ne voulais pas.. c'est pas ce que je voulais dire ! » bafouille t-il, les joues en feu.
« Je te taquine... Allez, va rejoindre les autres.. Une réunion de crise s'impose..» Comme pour clore la discutions, il replace son masque sur son visage et gratifie le plus jeune d'une tape dans le dos avant de tourner les talons avant de disparaître dans le couloir sombre.

2003, Ankara, Turquie.
« Tu pars combien de temps ? » La mine boudeuse, j'observe mon père finir sa valise en y entassant des chemises et paire de chaussettes dépareillées.
« Je ne sais pas.. c'est un cas particulier. Mais je ne serais pas loin trop longtemps.» Me répond-il en fouillant ses placards à la recherche de je ne sais quoi. Assise sur le lit, je lui lance des œillades tristes, espérant que mon air adorable le fasse changer d'avis. Il m'observe une seconde, sourit, me décoiffe d'une main dans un rire et reprend ses recherches. Je m'offusque d'un gémissement en lui demandant d'une voix triste et plaignante.
« Maiiis ! J'ai mis longtemps à coiffé ça ! .. et pourquoi je peux pas venir...»
« Parce que ce n'est pas un endroit pour les petites filles, quand tu seras plus grande, tu pourras venir.. et en plus, tu as école.. je croyais que tu aimais bien y aller... » Répond-il avec un sourire tendre. Bien entendu, l'argument ne me convient pas, je croise les bras et m'étends sur le lit ainsi que sur tout les vêtement qu'il a pris soin de plier, espérant le retarder dans la préparation de sa valise, imaginant que cela suffise à lui faire rater l'avion qui l’enverrait en Australie.
« Je suis déjà grande !.. Et puis si j'ai plus d'histoire à leur raconter aux copains bah ils vont être très tristes... » L'air sérieux, presque grave, nul doute que la déception d'une poignée d'enfants de six ans soit un argument majeur à l’annulation de ce voyage. Mais c'est sans compter les parades de mon père. Il s'assoit à coté de moi, recoiffe une mèche de mes cheveux et m'observe d'un regard amusé.
« Et si je t'en racontais.. Je ne sais pas... Trois ! Tu crois que tu pourras tenir une semaine avec ça ? » Me demande t-il avec un large sourire. Mes yeux s'écarquillent face à sa proposition, ils se remplissent d'étoiles alors que je me redresse brusquement sur le lit pour venir y sautiller d'impatience. L'émotion fait chanter ma voix.
« Oh ouais ! Avec des fées ! Des gobelins et des sirènes ! »
« Tout ce que tu voudras » ajoute t-il juste avant que je ne lui saute au cou pour le gratifier d'une étreinte un poil brusque suite à l’excitation provoquée à l'idée d'être une fois de plus la star de la cours de récrée grâce à mes histoires fantastiques dont seul mon père avait le secret.
Dans ces conditions, j'accepte de le laisser s'envoler loin de moi quelque temps, espérant qu'au prochain déplacement, je sois du voyage.

2008, Ankara, Turquie.
Assise sur le canapé, un thé encore chaud entre les mains, j'observe mon père avec de grands yeux, semblant le redécouvrir de seconde en secondes. Il sourit, un peu tendu, peut être inquiet après toutes les révélations qu'il vient de me faire sur son travail, sur sa vie. Sur le monde.
« Oui je sais, ça a l'air un peu dingue, mais c'est vrai..» Dit il en attrapant un biscuit sec comme pour tenter de rendre ce moment plus normal qu'il ne l'est vraiment.
« Carrément dingue, tu veux dire... On dirait un filme de fantasy là ! .. Je sais pas si je trouve ça effrayant ou carrément trop cool.. Un peu des deux.. » A la fois fascinée et troublé par les aveux de mon père, une petite part de moi se sent aussi trahie, vexée de ne pas avoir été dans la confidence depuis le début. Mais cette sensation se fait rapidement submergée par la curiosité et l'enthousiasme.
« Alors t'es un Chevalier ?!»
« Non.. Du moins, je l'étais à une époque.. Suite à un.. désaccord avec mes supérieurs sur .. Plusieurs points.. Je suis parti. Je suis une sorte de consultant maintenant.. J'aide mes anciens collègues quand ils ont besoin de moi et de mes talents en potion.. Après ce qui viens de se passer au sein de la communauté, je vais peut-être envisager de reprendre un service plus actif.. ». Il sourit en m'avouant ça, je comprends sans peine qu'il adhère plus facilement aux nouveaux fonctionnements de cet « ordre », malgré les histoires de trahisons et de complots, il semble serein, presque soulagé. Je lui souris, penche la tête vers lui en plissant les yeux d'un air faussement suspicieux.
« T'as l'air content en fait... Pourtant ça a l'air grave la situation-là... »
« Elle ne l'est plus.. Du moins pour le moment.. La société de l'étoile du soir a disparu.. un nouveau capitaine à été désigné.. Les choses changent. Et c'est bien qu'elles changent, on protège le monde, mais on oublie souvent qu'il évolue.. il faut savoir s'y adapter et la réorganisation de l'ordre semble prometteuse jusque là.. c'est d'ailleurs pour ça que je t'en parle. » Confesse t-il a mis voix, attisant ma curiosité par la même occasion. Je ne prends pas la peine de cacher mon sourire, un peu trop excité par toutes les révélations.
Durant plus d'une heure, mon père répondit à toutes mes question. Des sanctuaires, aux fées, en passant par la magie, les potions et l'Ordre des Chevalier. Notre complicité n'a jamais été plus fusionnelle qu'à cet instant. Bien évidemment, une question s'impose à mon esprit. Une question que j'ai longtemps gardée pour moi, une question qui trouvera peut-être sa réponse ce soir. Un peu hésitante, je fixe le fond de ma tasse, mordillant une mèche de cheveux avant d'oser la question sans relever le regard.
« Mes parents.. c'était des chevaliers aussi ? »
Il m'observe une seconde avec stupeur, ne s'attendant pas peut être pas à cette discussion. Le mot adoption n'a jamais franchi ses lèvres, mais c'est une évidence. C'est mon père, beaucoup de choses nous lient, mais pas le sang. Je ris à sa stupeur et enfouie un biscuit dans ma bouche avant de rétorquer, un peu moqueuse.
« Tu pensais que je poserais jamais la question.. »
« Peut être pas si tôt, j'avoue.. Mais tu as raison, ils l'étaient, et c’était mes meilleurs amis. » Répond-il dans une tristesse qu'il peine à cacher. C'est la première fois que je le questionne sur mes « vrais parents », peut être la dernière également, pour le moment, je crois que je n'ai simplement jamais ressenti le besoin d'en demander plus. Voyant le chagrin dans ses yeux malgré son sourire, je décide de chasser les mauvais souvenirs de son esprit. Un sourire espiègle s'étire sur mes lèvres alors que je m'approche de lui pour l'étreindre et lui faire mon regard le plus attendrissant possible...
« Dis... Tu m'apprendras à être comme toi ?.. ». La question le fait rire, il penche son visage pour venir embrasser mon front et répondre à mis voix.
« J'ai bien cru que tu le demandais jamais !»

2011, préfecture de Nagano, Japon.
Bien au chaud sous le kotatsu, j’engloutis les dernières tranches de viande avec appétit sous l’œil fatigué de mon père.
« Demain, on retourne au sanctuaire après tes cours » dit il en bâillant sans retenu. J'acquiesce d'un signe de tête, me resservant encore une fois sous son regard amusé.
« Dis donc t'as de l’appétit ce soir... et tu causes pas trop non plus.. » Me fait-il remarquer en débarrassant les plats vidés. Je reste une seconde silencieuse, examinant mon bol avec attention avant de me décider à répondre en haussant les épaules. »
« Fatiguée. »
« Et en cours ça se passe comment ? » Demande t-il, peut être un peu hésitant. J’engloutis le reste de riz et dépose finalement les baguettes sur la table avant de m'armer d'un sourire pour cacher ma mélancolie.
« Ça va .. Mais.. Je sais pas.. C'est étrange. »
« Comment ça ? » S'inquiète mon père de retour dans la pièce principale, il dépose un thé fraîchement préparé. Je soupire une seconde, ordonnant mes esprits pour tenter de mettre le doigt sur ce qui me gêne le plus.
« Ils sont pas méchants .. Mais je sais pas.. Ils s’intéressent pas à moi.. c'est un peu comme si j'étais pas vraiment là.. Sauf un garçon.. Lui aussi les autres le calculent pas trop, il est venu me parler en premier, et en anglais en plus... Je crois qu'il était content de voir quelqu'un de nouveau. Du coup, je lui perfectionne son anglais et lui, il m'apprend le japonais !  En plus, c'est le seul qui aime bien mes histoires !»
Je conclus avec un sourire, satisfaite d'avoir trouvé quelque chose de positif finalement. Mon père me sourit de nouveau, l'air peut être un brin soulagé. Il m'a confié plus tôt dans la semaine être un peu coupable de m'avoir imposé un déménagement dans un nouveau pays, mais on a besoin de lui ici, et je suis contente de pouvoir l’accompagner de temps en temps au sanctuaire.
« Puis de toute façon je peu parler avec mes potes sur le net, donc ça va, j'ai même rencontré des gens nouveau sur un forum. C'est un truc sur les sciences magique et les trucs surnaturels.. Du coup je trouve ça vachement marrant ! » Malgré l'amusement dans ma voix, je note sans peine une pointe d'inquiétude dans le regard de mon père qui s'empresse de me poser La question.
« Tu ne leur racontes rien de trop sérieux, j'espère... »
« Mais oui, je suis pas bête quand même, puis dans le fond la plupart y croient juste parce que ça les fait marrer et parce que c'est un peu cool quoi d'imaginer que ça existe pour de vrai.. Puis tu devrais trouver ça rassurant qu'autant de gens s’intéresse à ça non ?.. Y'en a même qui sont enthousiaste à l'idée que ça puisse être vrais. »
Il sort ses lunettes pour feuilleté ce qui semble être un rapport, haussant vaguement les sourcils pour me répondre d'une voix plus détendu.
« Oui mais mettre trop d'idées dans la tête des ados, ça se transforme vite en chaos. »
« Un peu de chaos de temps en temps c'est pas si mal. »
« Le chaos c'est ce qui a tué les dinosaures trésor. »
Le naturel avec lequel il sort ce genre de phrase manque de me faire recracher mon thé par le nez, nous provoquant instantanément une crise de fou rire difficilement contrôlable. Ce n'est qu'une fois que nous ayons eu suffisamment mal aux cotes qu'il se leva pour débarrasser le reste.
« Allez vas te coucher, demain, tu m'aides à concocter, j'ai besoin d'une assistante !» Me lance t-il depuis la cuisine.
« Sérieux ?! Trop bien ! Je me couche ! Je suis couché ! Je dors ! »
Je disparais dans la chambre sans un mot de plus, enthousiaste à l'idée d'un nouveau lendemain.

2014, Old Fyre.
« Mon père gueule, je vous laisse les mecs !». Je couple l’appel vocal et jette le casque audio sur le lit en entendant mon père m’appeler à travers la porte, visiblement à bout de patience.
« J'arrive ! Je suis prête ! Je jure ! » Un petit mensonge, le temps d'enfiler un pantalon convenable et une paire de chaussures qui ne soient pas des chaussons en forme de canards. Je m'observe une seconde dans le reflet de mon téléphone et coiffe mes cheveux d'un geste de la main avant de me précipiter sur la porte pour la déverrouiller dans un grand sourire. Derrière celle-ci, mon père, soupirant, m’observe des pieds à la tête en réajustant ses lunettes.
« T'étais encore en train de papoter avec tes potes, c'est ça...  je croyais que tu devais chercher des cours par correspondance..» Demande t-il en jetant un œil au casque abandonné sur le lit.
« Mais je peux très bien faire les deux en même temps ! » Je me fends d'un sourire pour lui faire gober ce bobard un peu plus facilement. Il grogne un coup, visiblement pas convaincu par la chose, mais ne s'éternise pas sur le sujet.
« Allez, on y va.. » dit il en tournant les talons. Je m'empresse de le suivre, refermant la porte de la chambre derrière moi avant de trottiner jusqu'à sa hauteur. Nous parcourons une bonne partie des couloirs de l'Auberge avant qu'il ne se décide à parler.
« J'en ai pas pour longtemps ... Le temps de faire quelques formalités .. »
« Alors, ça fait quoi de redevenir un Chevalier ? » Je le taquine d'un regard, souriant à pleines dents. Il me rend mon sourire, détournant un instant le regard pour fixer l'horizon d'un air serin.
« Je ne sais pas ... Un peu nostalgique peut-être.. Et toi, tu es presque officiellement consultante maintenant.. On prend du galon, on est bon ! »
« Pourquoi je peux pas être Chevalier moi aussi ? » J'ose la question en sachant pertinemment la réponse. Il me regarde de nouveau, soupirant une fois de plus en enroulant un bras autour de mes épaules pour m’étreindre brièvement contre lui.
« Ne sois pas impatiente, tu es trop jeune pour ça.. Tu as le temps.. Et tu dois encore apprendre. Apprendre beaucoup.»
« Angélica de Clairebois avait 19 ans quand elle est devenue gardienne... » Malgré tout le bon sens dont je peux faire preuve, une petite part de moi se sent obligé de faire la comparaison. Celle-ci le fait rire, un rire que je devine, un brin amer.
« Oui.. Mais elle, on l'a élevé pour ça.. Depuis son plus jeune âge.. Je ne voulais pas de ce genre de vie pour toi.. Te transformer .. En soldat.. T'imposer cette vie, ce fardeau. Je voulais que tu sois.. »
«  .. Normal ?» Il m’observe, je sens son regard me sonder une seconde avant de se teinter de tendresse.
« Heureuse.. Je voulais que tu sois heureuse.. Et surtout. Libre de tes choix. » Réponds t-il avec une pointe d'émotion dans la voix. Sa réponse me touche au point d'en rougir mes joues,  je n'ai jamais vu les choses sous cet angle,  ce n'est qu'en côtoyant l'Ordre  que je réalise l'étendue du sacrifice qu'il a fait pour moi depuis toutes ces années. Je lui rends son étreinte et le gratifie d'un baiser sur la joue avant de le libérer.
« Va faire tes formalités, je vais aller bouquiner deux trois livres que j'ai empruntés à des voyageurs, ça parle d'Eayan Wall.. je suis sûr que c'est super intéressant ! .. et promis je réfléchi à ces cours par correspondance ! » Je lui fais un signe de la main en disparaissant dans les rues de la ville, dévorant déjà les premières pages de l'ouvrage qui promet d'être au moins aussi fascinant que le reste du monde.

2018, Rio de Janeiro, Brésil.
« Oui je suis bien arrivé papa. Oui. Tout va bien. T'inquiètes je peux gérer sans toi, prend ton temps c'est pas à deux semaines prêt.. T'inquiètes. Oui... Oui moi aussi.. Bon je raccroche. Oui.. Oui à bientôt... Oui.. Allez à bientôt.. Bisou.. Oui je t'aime aussi... » Pendu au téléphone, je raccroche enfin d'un appel avec mon père. Inquiet tel un papa poule ayant laissé son poussin s'envoler loin de lui, c'est la première fois que je pars à l'autre bout du monde seule. Mon premier vol en solo, une occasion pour moi de faire mes preuves. On m'a affecté provisoirement au Sanctuaire de Rio Branco, mes compétences en potion et ma connaissance des sanctuaires sont visiblement requis pour une mission à durée indéterminée. Ma première vraie mission. J'en suis aussi excitée que tétanisée, mais c'est pour des moments comme ceux qui que je ne regrette en rien ce mode de vie.
J'attrape mon sac et me mets en route, direction l’inconnue et le grand frisson !