Pour la millième fois de la journée, Tullio soupira tandis qu'il regardait les élèves regagner leurs classes à la fin de leur pause de la mi-journée. Tant qu'il avait des jeunes à surveiller, il ne pouvait pas vraiment mener à bien sa mission. Pas qu'elle lui tienne tout particulièrement à cœur, il aurait largement préféré rester à l'Aquarium. Pourquoi était-il venu, déjà? Ah, oui.
Toria.

A chaque fois qu'il quittait Old Fyre c'était à cause d'elle, d'ailleurs. Il n'arrivait pas à lui refuser quoique ce soit, et c'était assez atroce parce que sans ça il ne se retrouverait pas entouré d'élèves alors que lui-même avait arrêté l'école à 14 ans.
Cela dit, avoir cédé à la chevalière ne l'obligeait pas à y mettre de la bonne volonté. Surtout quand elle n'était pas dans les parages.

Et donc, pendant son heure de pause, Tullio avait décidé de ne pas faire de zèle et d'effectivement prendre un break. Après avoir pris le temps de manger, sans se presser, il était parti en direction du gymnase, supposément pour fouiller sous les estrades. Mais il n'y avait pas de cours de sport avant au moins une heure, et personne n'avait la moindre raison de s'y trouver. Alors pourquoi s'embêter?

"Comme si j'avais envie de me foutre à quatre pattes."

Grommela-t-il, alors qu'il s'asseyait et sortait son paquet de cigarettes, en allumant une avant de s'allonger et d'étirer son dos.

"Ouais, là c'est mieux!"

Déçu de sa piètre journée, Yermolai s’adossa contre un mur. Il sut que la mission donnée ne sera pas exactement facile –comme toutes les autres, d’ailleurs-, mais il n’aurait jamais pensé qu’enseigner serait aussi pénible! Il fit tout ce qu’on attendait pour son premier jour de travail: s’introduire, faire les présences et donner le cours. Par contre, tout ceci ne dura pas comme prévu; les élèves placotèrent et parlèrent sans cesse, continuant même après les nombreux avertissements. À mesure que le temps passait, les bruits devinrent insupportables. Le russe donna alors un coup de poing sur son bureau, rapportant toute l’attention sur lui.  

« ASSEZ! À chaque fois que vous parlez, je suis obligé d’arrêter le cours au lieu de vous apprendre la matière que vous supposés d’apprendre. Je n’en peux plus! Comment vous faites pour étudier avec tout ce monde qui parle? »

Le silence persistait dans la classe pendant quelques instants avant que l’enseignant reprenne la parole.

« Faites les pages un à cinq de votre cahier et on y parlera au prochain cours. »

Il s’assit à son bureau, la tête entre les mains. Il n’avait aucune envie de se retrouver devant le tableau à discipliner ceux qu’il était censé enseigner. Il n’était pas un policier, tout de même! Ses doigts frôlèrent les traces de griffes sur son visage, un geste qui eût effet de calmer le slave. Il porta un coup d’œil à l’horloge, priant que la cloche se mettrait à sonner.


La moitié de la journée terminée, Yermolai pouvait finalement se détendre. Étrangement, il se sentit aussi épuisé que lorsqu’il revenait du terrain de guerre, mais il y avait ce sentiment… différent, comme s’il appréciait être en avant d’une classe bruyante. Il sourit, reconnaissant la tangibilité de celui-ci. Ces enfants sont vraiment hyperactifs! Il soupira et se remit en chemin. Il comptait déposer ses affaires dans la salle des profs avant de mener son enquête. D’après son ordre de mission, cette école canadienne était hantée, quoiqu'il n’ait vu quoi que ce soit hors de l’ordinaire pour le moment; soit rien ne s'était réellement passé, soit il en fût inconscient. C’était pour cela qu’explorer les lieux fût impératif, afin de profiter de sa prochaine période heureusement libre.

Il circula dans le corridor, jetant un coup d’œil aux environs. Rien de notable… Alors qu’il s’avançait jusqu’au gymnase, il vit quelqu’un allongé sur une estrade. Il ouvrit la porte, venu gronder le supposé élève.

« Hey! Que fais-tu là?! N’es-tu pas censé all- »

Yermolai ramena sa main vers sa bouche et toussa. Jusqu’à maintenant, tout fût paisible, mais quelque chose de suspect attira son attention. Il se rapprocha, écarquillant ses yeux, avant de s’arrêter en face d'un jeune homme.

« Je ne sais pas qui tu crois être, dit-il en éloignant la fumée, mais fumer à l'intérieur du bâtiment est illégal, alors tu arrête tout de suite! »

Il toussa encore une fois et désigna la porte.

« Va jeter ta cigarette et retourne en classe. Allez; j’ai pas toute la journée! »

Tullio se redressa brusquement en entendant la porte du gymnase s'ouvrir, avant de se détendre. Il ne se souvenait pas de son nom, il ne l'avait d'ailleurs peut-être jamais appris, mais il se rappelait très nettement l'avoir vu à l'Aquarium. S'il était ici, au milieu d'une mission loin, très loin de l'Australie, c'est que c'était forcément un chevalier. Ou au moins un consultant.

Donc, si le jeune homme s'était bel et bien attendu à se faire réprimander, il n'aurait pas cru que l'adulte en face de lui veuille le renvoyer en classe. Et surtout pas de cette façon là.

"Qui je crois être?"

Demanda Tullio, un sourire narquois étirant ses lèvres alors qu'il s'asseyait tranquillement sur les gradins, sans lâcher sa cigarette sur laquelle il tira d'ailleurs avant de continuer.

"Un gars sur lequel t'as, genre, zéro pouvoir."

Il termina de se redresser, croisant ses longues jambes et appuyant son dos contre la rangée d'au-dessus.

"Parce que tu ne sais manifestement rien de moi, et que l'inverse n'est pas vrai."

Etais-ce une mauvaise idée de le narguer en soufflant sa fumée dans sa direction? Probablement, oui, mais Toria n'était pas là et il lui avait tapé sur les nerfs à essayer de lui donner des ordres.

"Alors que moi je sais, par exemple, que t'as rien contre une p'tite vodka. Ou une bière, hein, mais qui n'aime pas une bonne bière?"

Tiens connard, c'est avec les compliments de la maison.

Yermolai grinça des dents. Il avait déjà survécu à une journée des plus frustrantes, et il ne voulût surtout pas s’occuper d’un gamin qui se croyait rebelle et supérieur à tout le monde. Il venait de rejoindre la mission et il devait déjà faire face à une situation qui ne semblait vraiment pas compliquée. Alors, que pouvait-il vraiment faire à ce sujet lorsque l’autre ne voulût pas l’écouter? Cela le ramenait à un temps où il était lui-aussi effronté, s’asseyant sur un banc, désolé, en compagnie de la dite femme de ses rêves.

« Peut-être, mais le moins que tu puisses faire était d'aller dehors! »

Yermolai évita de se suffoquer de justesse en recevant une autre vague de fumée. Il grogna en voyant le sourire moqueur du fumeur caché dans celle-ci. Même s’il avait « zéro pouvoir » à son égard, il ne pouvait tout simplement pas se laisser manquer de respect; il devait absolument le convaincre à retourner en classe avant d’empester le gymnase. Et le voilà maintenant qui croisa ses jambes en s’appuyant contre une autre rangée! Décidément, il ne voulût pas l’obéir…

Alors que le galopin affirma le connaître, le russe se figea et croisa ses bras, sceptique. Même dans les circonstances les plus étranges, il n’aurait pas soupçonné que ce garçon-là ferait partie de l’Ordre, bien que tout fût possible... Même s’il n’ait vécu à Old Fyre que pendant quelques années, il n’avait pas vu beaucoup d’enfants, surtout des adolescents aussi grands comme lui! Alors, il pouvait supposer que la personne en face de lui serait familière, n'est-ce pas?

« Est-ce qu’on… se connaîtrait? »

Maintenant qu’il y regardait de plus prés, Yermolai eut un déclic. Le jeune homme n’était pas un gamin; s’il saurait ses goûts en alcool, alors il aurait déjà interagi avec lui à l’Aquarium! Il y aurait sûrement rencontré pleins de gens, alors il aurait pu croisé celui devant lui… Maintenant plus proche de la réponse, ses pieds s’encrèrent sur le sol, et il regarda l’autre droit dans les yeux. Il fronça ses sourcils et pencha sa tête d'un côté.

« Que sais-tu autre que ça? »

Par contre, il serait trop ivre pour savoir son nom…

Oh, alors comme ça il commençait à se douter qu'ils se connaissaient? Tullio pencha légèrement la tête sur le côté et se contenta d'afficher un sourire en coin. Il ne comptait pas confirmer ou infirmer sa supposition. C'était moins drôle si il lui confirmait tout de suite qu'il le connaissait bel et bien. Et c'était d'autant plus amusant de le voir se planter sur ses pieds et froncer les sourcils, en essayant de se faire tout intimidant.

"Hum… Quelques petites choses quand même. Mais j'imagine que tu ne vas pas me croire sur parole, hein?"

Le jeune homme tira une nouvelle fois sur sa cigarette, étirant d'abord ses jambes puis son dos. Il le faisait un peu tourner en bourrique, certes, mais la façon dont il lui avait parlé l'avait vraiment, vraiment agacé.

"Disons que le truc le plus compromettant que je sache sur toi, c'est que t'es pas vraiment un prof."

Tullio se pencha légèrement sur le côté, vérifiant qu'il n'y avait personne derrière les portes vitrées du gymnase.

"T'es un chevalier, et t'as pas d'ordres à me donner. Alors maintenant soit tu te casses, soit tu fais ton boulot et tu fouilles sous les gradins mais dans les deux cas, tu vas me foutre une paix royale."

Yermolai pouvait presque s’agripper de la vérité, s’y approchant de plus en plus jusqu’à ce qu’il puisse tirer sa couverte… Mais l’autre jeune homme ne semblait pas vouloir dire plus sur ses connaissances. Murmurant dans sa barbe, ce premier considéra ses choix. Si avoir été un adolescent lui avait appris quoi que ce soit, c’était qu’il fallait procéder avec prudence pendant une conversation. S'il pressait l'étranger, ce dernier ne fera que rester assis et continuer à le contrarier. En plus, il aura moins de chances qu’il désirera quitter cet endroit, compte tenu du temps déjà passé.

Il amena une main sur son menton et soupira. S’il le laisserait tranquille, alors cela prouverait que… Avait-il vraiment besoin d’avoir le dernier mot? Ne pas être un « poulet » était-il véritablement plus important que de travailler? Le garçon aux cheveux bleus avait mentionné de fouiller les gradins et, s’il serait chanceux, le chevalier y pourrait trouver quelques indices intéressantes... N’était-ce pas l’essentiel? De se mettre au boulot et d’enfin neutraliser le problème qui hantait cette école?

« Bonne idée… »

Il promena son regard aux alentours jusqu’à ce qu’il découvrit, au coin du gymnase, quelques morceaux de bois qui semblèrent pouvoir briser à n'importe quel moment. Pour un homme de sa carrure, cette surface ne serait habituellement pas assez grande pour lui, mais il put les détacher et entrer dans le trou, malgré qu’il dût se contorsionner pour y arriver. Assis près du bois cassé, Yermolai jeta un autre coup d’œil au fumeur. Ce dernier ne voulait clairement pas partir; à part fouiller les gradins ou « se casser », il n’avait pas d'autre choix...

Il massa son dos avant de ramper sous les gradins, espérant déceler n'importe quel objet utile. Il devait accomplir cette tâche. Après tout, il n'était plus un enfant immature...!

Pour mener l'enquête:

Dans un royaume d'ombre, la saleté est reine.

Vous vous faufilez sous les estrades :

Sous les gradins, la poussière vous pique les yeux et colle à vos vêtements. C'est également plus sombre, étroit et inconfortable que vous ne l'aviez anticipé ; votre mobilité se voit grandement réduite.

Soudainement, vous apercevez du mouvement dans la noirceur des bancs les plus bas : une ombre qui se tord, qui ondule et qui luit en rencontrant les rares éclats de lumière capables de se faufiler sous la structure de bois et de métal.

Vous avez vu quelque chose de vivant et vous avez la conviction que c'est surnaturel, toutefois, celle-ci disparait avant que vous puissiez la voir correctement.

À mesure que le russe s’avançait sous les estrades, l’espace autour de lui se rapetissa, le coinçant presque. Il poussa un faible grognement face à son incapacité à mouvoir. Il toussa continuellement et frotta ses yeux avec ses mains recouvertes de détritus, ce qui n'eût effet que de les irriter davantage. De toute manière, il persévéra, se disant qu'un peu de saleté ne l'avait jamais dérangé.

« Hein... C’est quoi ça...? »

Yermolai pouvait à peine ouvrir les yeux lorsqu’une ombre se promena devant lui. Celle-ci dansait, se moquait de sa situation alors qu’elle pouvait se cacher sous la noirceur et la fumée. Sans détacher ses yeux d'elle, il s'adressa au fumeur au-dessus de lui.

« Hey! Y a quelque chose ici... »

Avant qu’il puisse tendre la main pour la saisir, elle se faufila et disparut de son champ de vision. Le vétéran tenta de bouger, mais il ne fût plus capable d’avancer. Toutefois, la pensée de reculer ne lui traversa pas la tête.

« Cette... cette chose s'est enfuie. »

Comment pouvait-il abandonner ses recherches avant même de savoir ce qu’il se passe, surtout si c'était surnaturel? Yermolai restait donc couché, haletant jusqu'à ce qu'il aurait récupéré toute son énergie.

Tullio n'avait pas sourit lorsque le chevalier avait admit que c'était une bonne idée de fouiller sous les gradins. Il ne laissa ses lèvres s'étirer de satisfaction que lorsqu'il fut certain que son visage n'était plus visible. C'était vraiment, vraiment agréable d'avoir réussi à lui rabattre son caquet. Maintenant il pouvait non seulement terminer de fumer tranquillement sa cigarette, mais en plus il pouvait savourer l'idée que l'autre se pliait en deux pour se faufiler dans la poussière. Non, il ne l'enviait pas du tout.

"Probablement un rat crevé."

Grommela le jeune homme en se levant. Si Yermolai était décidé à papoter tout du long sur les trouvailles absolument répugnantes qu'il pouvait faire, ça ne l'intéressait pas de rester. Il commença donc à marcher le long des gradins pour commencer à les descendre, quand une seconde exclamation l'interrompit.

"Quoi?"

Demanda Tullio, surpris d'avoir entendu l'intonation du chevalier à ce point. Il avait, manifestement, croisé quelque chose d'autre qu'un simple cadavre de l'une ou l'autre bestiole. Alors il pressa le pas pour descendre et fila à l'autre bout où il savait qu'il pourrait se faufiler.

"Quelle chose?"

Insista-t-il, alors qu'il tâchait de se placer vers les fonds des gradins, là où il avait moins besoin de se plier en deux. Il y faisait sombre, mais ses yeux s'habituèrent rapidement. Pour autant, il ne voyait rien.

"T'es sûr que t'as pas juste vu un papillon? Est-ce qu'au moins tu peux voir les créatures magiques? Nan parce que c'est bien beau de chercher, hein, mais si t'as pas pris un de vos trucs qui permettent de les voir ça va servir un peu à rien."

D'accord, Tullio aurait pu être plus sympathique dans sa façon de le dire. Mais il ne lui avait toujours pas pardonné la façon dont il s'était adressé à lui.

"T'as vu quoi exactement?"

Cette créature inconnue, Yermolai la chercha une autre fois. Elle était si proche, mais trop loin de sa portée de main. Il avait parcouru des yeux le même amas de poussière depuis trop longtemps, sans rien voir d’utile. Cette première encore dans sa tête, il commençait à être contrarié à l’idée de ne pas la retrouver.

Devoir changer d’idée n’était pas ce qu’il aimerait faire, mais il dût avouer qu’il était maintenant temps de reculer. Bien qu’il ne fût pas le modèle de la propreté, il reconnaissait la différence entre « un peu de saleté » et « des gradins remplis de saleté ». De plus, il commençait à suffoquer et ses yeux continuèrent à s’irriter. Cela faisait longtemps qu’il s’était retrouvé pour la première fois dans cette même obscurité relative, à la seule différence que l’espace était beaucoup plus vaste.

«  Euh… », ne pouvait-il qu’articuler aux premières questions du jeune homme, avant de tourner les yeux vers lui.

Facteur constaté avec regret, était la cigarette toujours dans sa bouche.

« Généralement, je suis censé me prendre du beurre - et je l’ai fait -, alors je peux t’assurer que, non, ce n’est pas juste un papillon que je vois. »

Habiletés physiques pour le moment inexploitables, Yermolai disposait plus de temps pour réfléchir,  essayant de se remémorer de l’apparition mystérieuse.

« Imagine-toi qu’elle était noire, cette chose, cette… ombre… Même avec la poussière dans les yeux, tu la vois bouger comme un serpent… débuta-t-il en reprenant son souffle. Mais, avant que tu puisses la voir correctement, elle part. »

Juste en commençant son paragraphe à la deuxième personne, il grimaça légèrement. Relater davantage avec quelqu’un dont il avait sermonné lui déplaisait, mais tout avis importait. Même le sien. Fierté mise de côté, il lui demanda : « Même pour moi, c'est pas très clair, alors que penses-tu que c’est? »

Au moins Tullio était rassuré sur une chose : l'autre était peut-être un imbécile mais il n'avait pas l'air d'être un incapable. Pas complètement en tout cas. En revanche, la description lui fit froncer les sourcils. Une ombre noire, qui se déplaçait comme un serpent mais qu'on n'avait pas le temps de réellement observer.
Ils allaient aller loin avec ça.

La question du chevalier lui fit d'ailleurs hausser un sourcil incrédule avant qu'il ne lève les yeux au ciel.

"Alors écoute mon p'tit."

Le jeune homme avait décidé que, quitte à laisser le respect au placard, il pouvait bien se servir de ses 15 centimètres de plus.

"T'es un chevaler, t'as pris ton beurre et t'as vu le machin. Et malgré tout ça t'es pas foutu d'avoir une idée de c'que c'est en dehors d'une ombre noire qui bouge comme un serpent. Et t'espère que moi qui l'ai pas vue j'vais savoir? Bah j'suis navré pour toi si c'est un scoop mais j'en ai pas la moindre putain d'idée."

Sur ces paroles pour le moins amères, Tullio secoua la tête et tourna le dos à Yermolai pour sortir d'en-dessous des gradins où il ne voyait rien d'autre que des détritus et des moutons de poussière par troupeaux entiers.

Une fois qu'il put se redresser, il coinça sa cigarette au coin de sa bouche pour s'étirer, la récupérant pour s'adresser à l'adulte.

"T'f'rais mieux d'aller raconter ça à tes collègues. D'une, ils sauront sans doute mieux que moi et de deux, ils en auront sans doute quelque chose à foutre."

Bon. Ça n'était pas tout à fait vrai. Tullio n'était certes pas motivé pour un sou mais ce n'était pas au point de n'en avoir rien à faire. Seulement l'autre n'avait pas besoin de le savoir, et il l'avait énervé.
Ça ne l'aidait pas à se motiver.

"Sur ce tu m'excuseras mais d'ici à peine plus de 10 minutes je vais devoir gérer une trentaine de mômes alors j'ai autre chose à foutre de ce qu'il me reste de pause que de t'écouter me faire des descriptions encore plus vagues que les prédictions de madame Irma."