"J'suis rentré!"

Ha, la belle blague. C'est pas comme si Toria allait rentrer plus tôt de mission, pas vrai? Savoir qu'il serait plus que probablement seul en arrivant n'empêchait pas Tullio de laisser un mot sur la table de la cuisine à chaque fois qu'il partait, et de signaler son retour chaque fois qu'il rentrait. Avec un soupir découragé, il se rendit dans sa chambre dont il ferma la porte derrière lui et jeta un sac en plastique sur son lit. Puis, il vida méticuleusement les poches de sa veste et posa ses clefs, un paquet de mouchoirs et quelques pièces de monnaie sur la couette, à côté du sac, avant d'enfin ôter le vêtement de cuir usé.

Il la posa délicatement sur son lit, lissa un pli et se décida à sortir son achat du sachet plastique avec ce qui ressemblait presque à de l'appréhension. Au moment de passer à la caisse, il avait demandé à la demoiselle en face de lui si elle pouvait lui retirer les étiquettes. Elle lui avait alors demandé s'il était certain, parce qu'il ne pourrait plus retourner son article au magasin et il avait répliqué que c'était justement le but.

J'aurais peut-être pas dû…

Marmonna le jeune homme, passant une main dans ses cheveux bleus et tirant légèrement dessus. Si, il était temps. Avec un nouveau soupir, il passa sa toute nouvelle veste en cuir noir. Elle était superbe, après tout il n'avait pas économisé ses premiers salaires pour rien, et il aurait dû être content de son achat, mais… c'était différent. Il avait sa veste précédente depuis plus de dix ans, et le fait de porter un vêtement neuf était étrange. Le cuir ne réagissait pas de la même façon, il était plus rigide, et la veste était à sa taille.

Je pouvais pas garder l'autre pour toujours de toute façon… et elle n'allait pas avec les vêtements que Toria m'a offerts. Pour autant, il n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'il lui faudrait se débarrasser de son ancienne veste. Après tout, c'était elle qu'il portait quand il avait rencontré la policière.

J'suis peut-être pas obligé de la jeter tout de suite? Au soulagement qui suivi cette pensée, Tullio sut que c'était la chose à faire. Alors il prit le vêtement, le plia soigneusement et le rangea dans le sac plastique qu'il glissa sous son lit.

Il était temps qu'il aille de l'avant.