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Réveillez-vous, belle endormie !

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Sam 20 Mar - 18:31

Points : 0
Messages : 49
Occupation : Chevalier
Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
Au crépuscule, le soleil a sombré. La pluie d'hiver lui battait encore les épaules quand il était revenu après deux jours écoulés comme cent, mille, une éternité fugueuse. Et puis là, voilà : le soir, la mer, les flots pour mordre le rivage de leurs chansons d'écume et la douceur pour fleurir les collines du sanctuaire. Sur l'instant, c'est ça, sans doute, qui le ramène enfin au réel : la lumière de la dernière heure, de la dernière minute qui lui scie la rétine alors qu'il regard le disque rouge s'enfoncer au large. Autour de lui, le vent siffle et souffle et s'engouffre avec les poches pleines de sel, de sable, d'iode aqueuse et de bouffées de résineux. La lumière ploie, s'estompe, et dans un battement de cils, c'est la nuit qui rampe et qui rôde, bleutée, translucide, pleine à craquer d'étoiles. De vraies étoiles, elles, avec l'éclat franc et solide fiché dans la profondeur du ciel où le regard se noie et se perd dans la douceur.

Guillaume n'a jamais vraiment trouvé autant de consolation dans la nuit, avant. Maintenant qu'il a tranché ses yeux à la clarté d'un soleil en fin de vie, il savoure l'ouateuse obscurité qui semble monter de la terre pour tout prendre dans une même miséricorde et donner le repos. C'est que la nuit n'avait rien d'engageante, dans le Manoir où elle venait sans prévenir et se dérobait aussitôt, parfois toussotant de lueurs malsaines sous les voûtes lourdes d'une réalité mal calibrée. Même les étoiles sonnaient faux.

Les fantômes, eux, sonnaient bien trop vrai. Les ombres et les murmures, les visions, les rêves, les chimères, le cortège de l'obscur, un miroir tendu à toutes ses névroses et les souffrances lovées, larvées, logées dans les interstices comme autant de vers dans le fruit. Il sait que la quête en vaut la peine et que nul n'a trouvé le Siège Périlleux sans en payer le prix mais enfin : le chevalier sait qu'il lui faudrait une thérapie, ou bien à défaut, beaucoup d'alcool, pour laver tout ceci. Pour l'heure encore il songe, assis sur les rochers, il songe à la lumière et aux choses qui ont fait leur nid dans son ventre, pendant toutes ces journées.

Il songe au miroir, reflet, doubles enclos dans des réalités troubles. Il songe à la brune Alea et ses myosotis poussés dans le sillage de ses pas trop vites écartés de son chemin. "Ne m'oublie pas" disent les fleurs, et tout s'emmêle. Dans sa bouche, il a encore le goût du sang et des roses qui lui ont assez littéralement poussé dans la gorge, des liserons qu'il a fallu arracher encore, la sève jusque dans les os. Il crache, à ce souvenir, comme s'il craignait encore d'y trouver le sang des fleurs, mais rien. Pas de feuillage dans la gorge, ni dans les poumons qui s'emplissent encore de la rumeur des embruns, mais que dire, sinon que d'autres vrilles encore gardent leur emprise sur son esprit ? Si le parfum des roses a désormais des relents de ses propres entrailles, il y en a une qu'il chérit encore, pour toute la consolation qu'elle porte avec le souvenir.

Après tout, c'est inévitable. Il se le dit et se le répète, quand il reprend le chemin vers Old Fyre, comme pour ne plus se laisser le choix et se rassurer lui-même de céder à ce point à sa dernière lubie amoureuse. Sucre d'enfance et romances d'adolescents pour laver le mal, et puis du vin, évidemment. Mais enfin, qu'est-ce qu'il y aurait de mieux que de céder au pire des poisons et au plus doux d'entre eux, après s'être essoré dans un manoir décidé à le rendre fou ? La gnôle console, mais ça ne réchauffe jamais assez, et c'est la douceur qu'il réclame, la douceur et rien qu'elle, même si elle est traîtresse comme un vin opiacé, même si c'est la perte qu'il signe de plein gré. Il va comme le condamné qui sifflote à l'échafaud, prêt déjà à mettre la tête et puis le cœur sur le billot.

Il y a des lumières vagabondes, quand il traverse les quartiers d'habitation. Les lampadaires nichent des lueurs jaunes dans les arbres et quelques-uns, déjà en fleurs, font des photophores féériques pour leurs soleils miniatures. Les merles déplient de longs accords mélodieux dans l'air du soir, des fragments de vie se faufilent derrière les fenêtres et les rideaux pas encore tirés et Guillaume traverse tout cela d'un pas guilleret vers cette fenêtre de cette habitation où il entend bien se faire entendre, lui aussi.

C'est bête, il en rigole tout seul comme un benêt, tout fier déjà de sa facétie dont la pensée lui est déjà thérapeutique. De sa poche, il tire un petit papier soigneusement plié, tout en guettant avec soin les alentours. C'est qu'on lui tannerait le cuir si l'on savait, en haut lieu, ce à quoi il consacre les origamis messagers qu'il a obtenus de l'intendance. Guillaume s'en fiche, si cela peut lui permettre de faire les yeux doux à sa belle. Dès qu'il a fini d'écrire, il replie l'ensemble pour lui faire prendre la forme d'une grue miniature qui s'envole de sa main pour aller clapoter dans l'interstice de la fenêtre la plus proche.

Le petit mot volant qui invite Alice à venir à son balcon finit par se glisser sous la boiserie et disparaît bien vite. Déjà, Guillaume entonne quelques notes vagabondes, et puis le refrain s'élève dans les halos sous les jardins, de loin en loin, comme happé par les contours adoucis du crépuscule.

Que les étoiles sont brillantes
Et le soleil éclatant!
Mais les beaux yeux de ma maîtresse
En sont encore les plus charmants
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Jeu 22 Avr - 20:14

★★
Points : 50
Messages : 142
Habitation permanente : Elle est en cavale pour le moment
Occupation : Formation d'un réseau d'information, accumulation de ressources magiques pour se défendre contre ses agresseurs
Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Le calme, l’obscurité, et puis l’écho onctueux d’une note qui s’allonge pour abriller le silence. Les suivantes lui succèdent à un rythme mélodieux qui perce la monotonie de la nuit avec des éclats qui sont d’abord enjoués, mais qui ensuite se muent progressivement en une balade un brin anxieuse. C’est à l’oreille ce qu’inspire toujours le manoir : de la beauté lugubre, de l’horreur qui fascine, et ces deux forces habitent présentement Alea encore plus que d’ordinaire.

Elle ne dort pas, et si elle veille, c’est parce que le monde du rêve s’est montré cruel. Dépourvu de sens commun, plein de paradoxes et d’incohérences, mais après tout, comment pourrait-il en être autrement quand les derniers battements de ses cils, comme les ailes d’un papillon de nuit, l’avaient amenée dans cet endroit où tout ceci était vrai même en plein éveil.  C’est peut-être parce qu’elle sait que son chevalier s’y trouve qu’elle a permis à son subconscient de méandrer dans les couloirs étroits et obscurs de sa mémoire, à mi-chemin entre la nostalgie, l’anticipation et la clairvoyance. Elle s’était donc revue, plus jeune, plus noire, en train de pourchasser les ombres de son passé, avec des fleurs ensanglantées et la présence de Guillaume qui se floue et qui s’embrouille jusqu’à se fondre dans des interstices sombres qui la remplissent d’angoisse.

La poursuite du Saint Graal… Cette idée risible survenue comme une opportunité en or se ternissait maintenant dans le brouillard gris de son insomnie.  Ce n’était pourtant pas dans ses habitudes de s’inquiéter pour autrui ou de s’attacher assez à quelqu’un pour le faire… Mais voilà que dans la brume de son affection, la plaie s’ouvre discrètement et ses pensées anxieuses s’infusent, ainsi, malgré elle, comme des gouttes de sang dans de l’eau trouble, et elles fleurissent et s’entrelacent en jolies volutes éthérées.  

Il n’est pas parti depuis longtemps, tente-t-elle de se rassurer, sauf qu’elle sait trop bien que le temps, ici, ne veut rien dire quand il y a là-bas des bouts d’éternité qui s’égarent, comme des bulles de savon dans le vent qui pourraient tout aussi bien se rompre à néant.  

Ainsi, au piano, la mélopée se fait lente, languissante, et c’est dans un silence qui s’étire entre deux notes que la voix de Guillaume atteint son oreille distraite. Alea n’est pas certaine de ce qu’elle oie, au début, mais il y a ce petit oiseau de papier qu’elle n’a même pas besoin de déplier pour que s’éclairent d’une réalisation soudaine à la fois son esprit et son visage. À sa fenêtre, elle accourt donc, mais reste discrète un instant – cruelle malgré ce sourire lumineux qui ne se contrôle pas – juste pour le plaisir de le laisser lui faire la cour encore un peu. Comme la chanson l’en supplie, éventuellement, d’une main, elle ouvre la porte afin de mieux l’entendre lui parler d’amour.

Sur les lèvres qu’elle humecte pour lui envoyer voler quelques baisers, il y a peut-être l’avant-gout d’un mauvais présentement : quelque chose qui la dérange, sans qu’elle puisse discerner clairement quoi, et sans qu’elle s’en soucie encore ; pourquoi s’y attarderait-elle, après tout, quand il y avait tant de sucre pour adoucir ce qui pique et blanchir ce qui se fonce. Ainsi, alanguie contre la balustrade qui le surplombe, elle ne dit toujours rien, sauf avec les yeux alourdis de tendresse : m’aimes-tu? Sonde son long silence, alors même qu’elle ne doute pas un seul instant qu’il lui dirait oui et qu’elle le croirait sur parole.

La sérénade se termine tandis qu’une idée lui vient et fait naitre dans son sourire un pétillement malicieux. Rapide, elle rentre à l’intérieur avec un gloussement léger en guise de promesse d’un prompt retour.

Les murs du jardin, commence-t-elle en s’affairant aux piliers du balcon, absolument incapable de finir la citation sans menacer d’exploser de rire entre chaque mot, sont hauts et difficiles à gravir.

La corde claque contre le grès quand elle la fait tomber.

Quelle idée, se dirait-on, de laisser un tel outil à une prisonnière? Il faudrait le reprocher à la chevalière qui lui aura demandé en secret de la lui enchanter afin de la rendre incassable.  
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Mer 26 Mai - 17:51

Points : 0
Messages : 49
Occupation : Chevalier
Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
Finalement, c'était la meilleure idée du monde. Guillaume le sait déjà quand il sourit tout grand et que la fenêtre s'ouvre à l'appel de son refrain ; la liesse qui l'étreint suffit déjà à chasser le mal et les ombres, toutes les ombres, ou bien à les rendre supportable, qu'importe. La suite est un peu plus périlleuse, parce qu'il lui faut se rappeler de la suite du dialogue tout en s'exerçant à la varappe nocturne. Les ailes de l'amour sont bien pataudes et les limites de pierre ôtent un rien de grâce au fringant chevalier mais rien ne saurait arrêter l'amour ni la résolution qu'il s'est prise d'aller chercher le réconfort auprès de sa belle.

Tout occupé à sa grimpette en soufflant comme un bœuf, il se fige : quelqu'un passe. C'est qu'on le verra pour sûr, suspendu comme un jambon à sa cordelette qui pendouille du balcon, baigné par le halo de lumière qui lui vient d'un lampadaire tout proche. Et puis la lumière vacille : la noirceur la happe, gobe d'un coup le globe dans sa cage de verre. L'obscurité tombe avec complicité pour escamoter le chevalier en périlleuse posture, et les silhouettes ne s'attardent guère, passent au loin et s'effacent. La manœuvre semble passer inaperçu mais Guillaume ne cherche pas plus loin quand l'ombre se fait plus sombre encore et épaisse comme une purée de poix, l'enveloppe de ses ailes pour le cacher des regards indiscrets alors que sa voix, seule sa voix encore s'extirpe pour chatouiller les oreilles de la sorcière qui l'attend.

La voix d'abord, le reste suit, et peut-être pas si bien mis qu'au début mais enfin. On peut s'accommoder des manches roulées à la hâte et du léger relent de picoler qui humecte son sourire. Et puis, quand la lumière l'atteint enfin, quand les ténèbres s'effacent, quelque chose a changé. Ce qui l'avait pris dans ses replis pour le cacher s'envole, léger, et s'estompe à son tour, dissipé comme un rien de buée.

Guillaume n'a pas quitté ce monde depuis bien longtemps, c'est un fait. C'en est un autre, quand le temps devient un jouet dans les mains du Manoir qui s'est bien amusé de lui, pour sûr. Il y a des ridules qui n'étaient pas là avant, il y a une lassitude qui ne l'était pas non plus. C'est comme un nuage d'années accumulées qui a crevé sa pluie noire pour user l'été qui avait tant brûlé dans ses yeux.

Pourtant, tout s'éclaire encore quand il lui prend les mains et que la bouche se tarit des mots qu'il aurait voulu dire avec panache. Pour une entrée élégante, c'est réussi mais c'est maintenant qu'il faut parler, Loupiot. Mais rien. Les citations, les vers, les poésies et les chansons se tarissent toutes d'un coup parce que là, tout ce qu'il veut, tout ce qu'il peut encore penser, c'est qu'il n'y a vraiment de réconfort que dans son idée même et l'idée de sa présence. C'est sans bruit que le chevalier la serre dans ses bras, comme le gantelet qui cherche à se saisir de la rose, sans plus craindre ses épines.

Finalement il s'écarte, et la regarde, et lui embrasse les mains.

- C'était bien joué, les ombres, pour me cacher.

Et voilà qu'il sourit encore, tout confiant et sûr.
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Ven 10 Sep - 22:19

★★
Points : 50
Messages : 142
Habitation permanente : Elle est en cavale pour le moment
Occupation : Formation d'un réseau d'information, accumulation de ressources magiques pour se défendre contre ses agresseurs
Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Ce que l’amour peut faire, l’amour l’ose : ni les murs de pierres ni les interdits ne sauraient l’arrêter, son chevalier. Il n’est pas très gracieux, mais il grimpe malgré tout, même si c’est avec un très grand souffle.

Alea, en revanche, elle retient soudainement sa respiration : c’est que le mauvais pressentiment a un relent persistant qu’elle n’avait pas perçu en allant balcon. Après tout, comment l’aurait-elle senti quand ouvrir la fenêtre avait d’abord laissé s’évader le miasme écœurant de la solitude et des angoisses? Quand l’air frais du dehors, en contraste, lui avait porté les notes musicales et parfumées de cette affection dont elle aurait voulu s’enivrer sans mesure. Maintenant, c’est brutal quand ça lui saisit enfin les sens, et aussi submergeant que ces ombres qui viennent étouffer la lumière.

Même une fois dressé devant elle, Guillaume lui semble un peu gris. Il y a comme un brouillard mat qui ennuage ses yeux clairs, comme un éclat qui manque et qu’elle cherche, mais qu’elle peine à trouver. Quant à elle, l’inquiétude est une émotion qui ne lui sied pas: clairement, son visage de porcelaine n’est pas fait pour tant d’expressivité et il se plisse et se tord d’une façon qui ne semble pas naturelle.

Là, tout contre lui, il y a de la chaleur, une étincelle lumineuse tout en dedans qui la rassure et qui l’émeut. Alea n’est pas certaine de tout ce qu’il n’y a plus - ou de se qui cache désormais dans ce vide laissé par ce qu’il a perdu - mais elle préfère que ce soit dans ses bras qu’il se perde maintenant plutôt que là-bas encore dans le royaume des courants d’air.

Mais… Qu’avez-vous fait? Qu’elle dit tandis qu’il baise ses mains couvertes d’étincelles. En retour, elle enserre les siennes qui sont pleines d’égratignures, puis les porte contre ses lèvres pour les embrasser tout doucement autant que pour cacher derrière celles-ci au moins un peu de cette expression qui ne la quitte pas. Ainsi, il n’y a plus que ses grands yeux verts prudents qui le toisent, remplis d’une lueur angoissée, mais aussi froncés par une curiosité où se vautre la résolution.

Le manoir s’est bien moqué de vous, constate-t-elle avant de s'aviser et d’ajouter avec un émoi non dissimulé: et de moi encore plus.

Le fait qu’il ne semble pas conscient de son état est ce qui la bouleverse le plus, sans doute. Ce qui la nargue pour sur, à travers leur silence, sont les échos malins du passé qui se réverbèrent dans son esprit comme un rire étouffé. C’est que les ombres l’habitent désormais, Alea le réalise enfin pleinement: quand elle plonge son regard dans celui de Guillaume, celles-ci la lorgne en retour et la reconnaissent également.
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Lun 13 Sep - 7:50

Points : 0
Messages : 49
Occupation : Chevalier
Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
Le soleil se voile, et une ombre, encore, vient ternir l'éclat.

- Ce que j'ai fait ?
S'étonne Guillaume.

Que répondre. Il a couru, cherché, compté, rampé dans l'obscurité des entrailles de ce que château qui lui cherchait toute les échardes cachées au fond de lui. Il s'est combattu lui-même, sous tant de formes qu'il en a oublié certaines. Il a vu l'avenir et le passé, des avenirs et des passées étranges, il a bu des eaux délétères pour oublier encore et oublier encore et vécu tant de façons de traverser des rêves et des cauchemars...

Tout était comme un rêve, avec une logique étrange, capricieuse, imprévisible. Les rêves d'un monde en déliquescence, hantés par cet autre double qu'il avait cherché encore, la brune, la noire, et ses yeux de chats, semis de fleurs bleues.

Comment on les appelle, déjà ? Ah, oui : forget-me-not.

Il cligne des yeux.

- J'ai fait ce que j'avais à faire, répond-il en trouvant cette phrase incroyablement creuse. Vous connaissez ce monde, vous saviez ce qui allait arriver.

Curieusement, cette pensée ne le trouble plus : la quête est un chemin de ronces et d'embûches, et s'il y a un Destin, c'est sa volonté qui l'a placée sur sa route, elle qu'il désire tant et qui se fait avatar de son autre désir, plus secret encore, d'être digne du Graal.

- Je me suis battu, et puis, j'ai compris. J'ai accepté, alors les chemins se sont ouverts à moi.


Il sourit.

- J'ai sombré très profond, comme le soleil, et puis je suis revenu. Peut-être que c'était nécessaire, après tout. Ce n'est pas la première fois que j'entends parler d'une quête qui réclame de mourir et de tout abandonner pour progresser.


Guillaume reste Guillaume, tout de même, avec sa façon bien à lui de répondre, parfois, à côté des questions qu'on lui pose. Il lâche les mains de sa douce, papillonne, s'installe dans le canapé où, une éternité plus tôt, elle l'avait lancé sur le chemin du Manoir. La lumière douce, or et rose, l'enveloppe et semble chasser les ombres qui l'obsèdent. Les couleurs semblent tellement plus vives, les choses tellement plus réelles, depuis qu'il est revenu. Au-dehors, la nuit étincelle de véritables étoiles et elle, elle, brille de mille feux.

Il faut un moment pour que son cerveau rattrape son retard sur ses oreilles et qu'il remette un peu les pieds sur terre.

- Attendez, lâche-il. Quand vous demandiez ce que j'ai fait, vous ne parliez pas du Manoir ? Ce n'était pas vous, le tour de magie ?

Un poids lui éclate au fond de la poitrine, un murmure.

"Les choses ont changé, Loupiot, et toi aussi, tu sais." avait dit un de ses doubles innombrables, celui qui avait regardé à travers lui avec tellement de tristesse.
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Mer 15 Sep - 22:00

★★
Points : 50
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Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Alea lui avait dit, pourtant, de ne pas s’écarter du chemin.

Je n’avais pas prédit ça, tranche-t-elle sans délicatesse, parce que c’était juste la pure et simple vérité. Avant aujourd’hui, elle n’avait rien senti de magique en Guillaume: ça avait dû être une toute petite graine en dormance, cachée profondément dans un terreau infertile. Ou peut-être, au contraire, qu’il était l'humus fécond dans lequel s’était incrusté un germe qui avait pris racine jusqu’au plus profond de lui-même. Non, elle n’aurait pas cru cela possible, et même si elle en avait eu le moindre doute, elle n’aurait jamais imaginé que ce soit les ombres - surtout pas ces ombres-là - qui fleuriraient cachées dans l'obscurité.

Au bord du canapé tout comme au bord de lui, Alea se pose. Toute droite comme une enfant disciplinée, elle l’observe avec un brin de prudence, mais aussi avec trop de cette affection entrelacée à de l’inquiétude. Guillaume avait dit que les chemins s’étaient ouverts à lui, mais ce n’était pas tout à fait vrai. À sa question, sa réponse négative vient donc dans un silence enceint qui en dit plus long que n’importe quelle explication pour corriger ses conceptions quant au fonctionnement de la sorcellerie.

C’est vous qui vous êtes ouvert aux ombres, susurre-t-elle finalement, le diagnostic tombant quand bien même il demeurait pas mal d’incertitudes qu’elle voudrait bien éclairer. C’est pour ça que ses doigts gracieux s’approchent, même si elle hésite encore. Arqués et suspendus comme un éventail scintillant, ils ne font que survoler le versant de sa mâchoire, puis dévaler la ligne de son cou de sorte à suivre le flot d’énergie vitale qui coule en lui.

Les ombres et Alea se connaissent bien et se mesurent avec une fébrilité mutuelle. Il n’y a pas d’animosité - au contraire -, mais pour la sorcière au moins, le choc caractéristique et apparent des retrouvailles auxquelles on ne s’attend plus. C’est ironique, quand même, d’avoir cherché si longtemps quelque chose, de l’avoir enfin laissé derrière soi seulement pour que ce soit celui-ci qui revienne de la plus inopinée des manières.

Vous... Ne le sentez-vous pas? L’ombre, tout en dedans, roule à son approche, se love et vibre, il lui semble, presque comme un chat qui ronronne.

Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis.

En fait, elle aurait dû s’y attendre.
Comme à chaque fois, pourtant, ça n’avait pas été le cas.
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Lun 25 Oct - 16:34

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Messages : 49
Occupation : Chevalier
Guillaume de Séverac

Guillaume de Séverac
Elle ne l'a pas prédit et soudain, il se souvient de sa propre arrogance, quand elle l'avait mis en garde : "je suis magique comme une poignée de porte, ma douce" et elle avait répondu que même les poignées de porte, là-bas, sont dangereuses. Et s'il n'y avait que les poignées de portes, tudieu ! Et voilà qu'Alice persiste dans une direction qu'il n'avait vraiment, vraiment pas envie d'emprunter ; tout est rentré dans l'ordre, après tout, il est de retour dans son monde, son monde à lui, à la lumière et à la victoire parce qu'il a rapporté avec lui le précieux sésame qu'elle voulait.

Alors pourquoi il y a cette chose, là qui chuchote et qui gratte comme à la porte, qui cherche à entrer, à éclore, à exploser ? Le toucher de ses doigts qui le frôlent troublent encore plus ses pensées qui prennent feu à leur simple étincelle et tout à coup il ne sait plus très bien que répondre, quand elle demande, d'une voix pour laquelle il se crèverait le cœur : "Ne le sentez-vous pas ?"

Sa mâchoire se contracte légèrement et il voudrait reculer, mais à la manière d'une araignée qui déploierait ses fines pattes pour tisser sa toile, Alice le prend encore au piège.

- Ce que je sens... Je dois l'avouer, est compliqué.

Est-ce que c'est vraiment lui qui la désire à ce point, ou bien quelque chose d'autre ?

Longtemps, il reste silencieux, à se noyer dans le regard qui lui fait chavirer l'âme, à chercher les réponses, à chercher tout ce qu'il ressent, à chercher ce qu'il veut, ce qu'il convoite, si fort que la soif devient souffrance à jamais inassouvie. Tellement de choses, en fait. Le Graal, si proche. Elle, plus proche encore. Et les ombres, douces, aimantes, qui soudain se révèlent à lui.

Nous étions là, tu sais.

C'est au fond de lui, comme un sentiment indéfinissable, quelque chose qui s'est ouvert, et c'est bien ça, le mot, oui. Comme elle l'a dit : les chemins ne se sont pas ouverts, il s'est ouvert à eux.

Et nous sommes entrées.

- Je cherchais la lumière, murmure-il en lui prenant les mains pour embrasser ses paumes. Je cherchais la lumière parce que toute ma vie je n'étais que flammes, j'étais le soleil, comme mes ancêtres qui en ont porté le nom. On les appela Phébus, et nous avons brillé.

Et puis, tu as compris.

- Mais je sens maintenant ce qui répond à votre appel. C'est au fond de moi, c'est là
-Guillaume porte la main à sa poitrine- comme si... Comme si ça avait toujours été là et que je m'étais trompé de direction toute ma vie. Votre double, là-bas, elle disait quelque chose, elle disait...

Il se détourne, et les mots lui reviennent en même temps que le visage de la brune et ses fleurs écloses.

- Que c'était déjà là, c'était dans le sang.

Après tout les légendes étaient nombreuses sur les ancêtres des Séverac, faites de dames sorcières et de chevaliers bravaches, de Barbe Noire et de fléaux de bataille, fallait voir la cousine qu'on disait sorcière, elle aussi.

- Peut-être que si je me suis ouvert aux ombres, c'est que j'en étais déjà à demi fait.

Et tout autour de lui, comme un manteau, comme une vague rassurante, enveloppante, comme une longue et lente brume profonde, les ombres tournoient pour l'envelopper et déployer des pampres, des vrilles curieuses qui se lovent dans les cheveux d'Alice et tournoient en spirales autour de ses joyaux.

- Peut-être que je les désirais en secret, comme je vous ai désirée, vous et la mort dans votre sillage, et l'odeur de ces fleurs. Je crois que je comprends un peu mieux, maintenant.


Il sourit, avec une tristesse de crucifié volontaire, de condamné qui va en chantant à l'échafaud. Au fond de lui, il y a une toute petite voix qui lui souffle que c'était ça, la réponse, depuis tout ce temps. Elle reposait dans l'ombre et il se l'interdisait plus que tous les autres désirs.

- Il se pourrait que je doive vous remercier, reprend-il, pour ce que vous m'avez permis de trouver, fût-ce au au détriment d'un peu de ma santé mentale. On n'a rien sans rien, après tout.
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Dim 16 Jan - 22:02

★★
Points : 50
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Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Le soleil brille en journée, oui, mais sa course l’amène vers la noirceur inéluctable. Tout comme les fleurs s’épanouissent avant de se faner pour laisser leurs graines s’enfoncer dans les profondeurs sombres du monde souterrain.

Alea écoute, toujours inquiète, mais toujours aussi attendrie à la fois.

Le parfum floral dont il parle, la sorcière le sent également, sauf que ce n’est pas exactement celui de la mort: c’est celui un peu plus tendre du souvenir, ou peut-être encore celui du rêve. Après tout, ces choses-là ne sont pas très différentes les unes des autres.

Mon double, relève-t-elle, toujours troublée, toujours attentive, mais avec une certaine curiosité. Je suppose, reprend-elle doucement, quoiqu’avec un rictus embusqué au fond de la voix, que ce sont les aléas encourus quand on explore l’imprévisible.

Il y a un sourire mutin qui se cache encore aux coins de ses lèvres lorsqu’elle vient les poser sur son front, en serrant tout à la fois ses mains, puis ses avant-bras, puis ses épaules pour enfin l’enlacer tout entier. Quant à la paume que Guillaume porte à sa propre poitrine, Alea la suit, y apposant à son tour la sienne après s’être immiscée tout contre lui jusqu’à s’asseoir sur ses genoux.

Je ne pense pas, commence-t-elle en cherchant son regard pour l’inviter à plonger dans le sien, là, sous les brouillards qui nagent à la surface de ses prunelles aqueuses, que vous soyez en mesure de comprendre ce que ceci signifie pour moi.

Ou peut-être qu’il le peut, qu’il le sent lui aussi, ou au moins qu’il le voit.

Vous étiez fait pour elles et elles vous ont trouvé, oui.

Et trouvée, moi, tait Alea, même si cette étreinte sombre qui méandre tout autour d’elle l’exprime mieux que l’importe quel mot.

C’est doux et amer à la fois. Si Guillaume accepte sa nouvelle condition, c’est avec une certaine fatalité qui inspire à Alea autant d'attendrissement qu’une envie de se moquer de comment il s’apitoie.

Mais il y a encore de la lumière en vous, assure-t-elle, patiente, en replaçant derrière son oreille une boucle toute dorée.

Il y a de la lumière, oui, ou de la chaleur au moins ; après tout, la toison du mouton noir est tout aussi chaude que celle de ses congénères, et les semences enfoncées dans l’obscurité, loin de la cruauté de l’hiver, finissent toujours par pousser et fleurir au soleil renouvelé du printemps.
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Réveillez-vous, belle endormie !

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