Je gardai l'esprit le plus clair possible. J’avais fait ce qu’il fallait, et ce qui en découlait… Même si ça m’effrayait, j’allais faire face. J’allais m’en sortir seul, sans poser problème à personne, parce que j’étais pour l’instant incapable de connaître l’étendue de la marée de merde dans laquelle j’étais plongé.
Au début, ça avait l’air d’être une bonne idée. On avait récupéré des Bunyip à Obsidian Waste, avec Araya, et il avait bien fallu les relâcher quelque part. Logiquement, un endroit d’Old Fyre à l’abandon était un bon plan. J’avais récupéré la tâche parce qu’il n’y avait pas grand chose à faire, en théorie. Ils étaient assommés par les tranquilisants, après tout…
Ca avait été au moment de les relâcher dans leur nouvel habitat naturel que tout était parti en couille. J’avais été attaqué et je m’étais défendu. Je n’avais pas réfléchi, sur le moment, il fallait juste se débarrasser de la menace et c’était tout ce qui comptait. Et à présent…
Je me passai la main sur le visage. La gauche, la droite me donnait à présent l’impression d’être étrangère. Le territoire réservé aux Bunyip n’était pas si vide que ça, et la chose que j’avais dû tuer… m’avait laissé un souvenir. Je ne savais pas encore ce que ça voulait, ce que c’était. J’avais attendu un peu, comme si la sensation allait partir d’un moment à l’autre, je l’avais nourri,puisqu’il le voulait, et il semblait s’être calmé. Assez pour que je me décide à contacter Tullio. Rester silencieux plus longtemps l’aurait inquiété, et lui aurait mis la puce à l’oreille. J’allais agir le plus normalement possible. J’en étais capable. Juste un message…
Il me proposa de passer, et je renvoyai simplement un “je me douche et j’arrive”. Me donner quelques minutes de plus pour me recomposer une attitude. Tout irait bien. Il ne serait pas au courant, pas en danger, la chose qui me squattait n’irait pas attaquer Spike…
Alors autant faire comme si de rien n’était, définitivement. J’arrivai chez Tori et lui, frappai discrètement avant d’entrer. Plaquer un sourire aux lèvres, malgré les cernes et le stress.
“C’est moi ! Bouge pas.”Je fis le tour du canapé, m’installant contre lui après avoir posé un rapide baiser sur ses lèvres. Je n’osais pas le toucher avec “cette” main, et me crispai presque quand Spike s’étira pour venir me donner un coup de tête affectueux, s’attendant à ce que je le caresse. Je le fis avec hésitation, surtout, de la main gauche.
“Ca va, un peu crevant. Mais les bunyip gambadent en liberté dans leur super nouvel environnement. Et y’a rien eu d’autre. Et toi ?”Je posai ma tête contre son épaule, refusant de partager mon nouveau fardeau avec lui. Je ne pouvais pas lui imposer ça, hein ?
“Tu fais quoi de spécial ? Ca a l’air compliqué, et écrit en… Bizarrolangue.”