Une brise fraîche fit bouger une mèche de cheveux noirs sur le visage de la jeune femme. Ce qui lui fit entrouvrir les yeux, gêné par ce contact soudain.
Lizbeth se tenait allongée sur son canapé chez elle, la fenêtre ouverte. Elle s'était assoupie il y a de cela une petite heure. L'air était agréable et elle n'avait même pas sentie le sommeil arriver.

La jeune femme se redressa en s'étirant les bras vers le ciel, baillant au passage. Levant ainsi son t-shirt pour laisser apercevoir son ventre. Elle finit par faire craquer sa nuque d'abord par la droite puis par la gauche et étira ses jambes en les tendant à l'horizontale.
La tête dans la brume, elle se leva de son lit d'appoint pour aller se faire un thé. Son fameux thé quotidien. Celui dans lequel elle mettait toujours un peu de potion pour voir les créatures. Elle avait piqué cette recette particulière de son père qui ne buvait que ça quasiment. Elle se demandait alors au moment où elle versait cette dernière dans la théière si elle lui ressemblait... Chevalière de l'aube, le thé, l'amour pour les créatures... Mais quasiment pas de récits à raconter, ni même trop d'expériences sur le terrain... Elle n'avait finalement qu'appris via la théorie et s'était entraîné avec son père chez elle. Elle n'avait pas non plus de compagnons ni ne partageait sa maison avec quelqu'un.
Une fois le mélange finis, elle alla faire bouillir un peu d'eau dans une casserole pour ensuite verser le fluide dans la bouilloire et ainsi boire la lotion.

Restant accoudée contre le comptoir de la cuisine, elle aperçu d'un coup d'œil après avoir soufflé dans sa tasse, qu'il y avait un message non lus sur son téléphone, grâce à la lumière qui clignotait.
Elle déverrouilla son téléphone et pris le temps de lire en sirotant sa boisson :


Lizbeth soupira. C'est vrai qu'elle lui en avait parlé... La jeune femme voulait se remettre un peu dans le bain car, depuis le départ de ses parents, elle n'avait pas repris de « véritable » entraînement à proprement parlé... Et Victoria était celle que Lizbeth avait choisis pour ça. Elle lui avait déjà parlé plusieurs fois de temps en temps quand elle la croisait, mais rien de bien plus. Elle regarda l'horloge affichée au-dessus de la gazinière et vit qu'il lui restait encore une demie-heure avant l'heure de rendez-vous...

Cela lui laissa alors le temps de finir son thé et d'aller prendre une bonne douche. A la sortie, elle mit un peu de parfum de lila et s'habilla simplement en jogging et t-shirt, tous deux aussi noirs que ses cheveux. Pas de bijoux et une paire de baskets en plus de mitaines pour les mains.
Elle finit par sortir de sa maison, fermant cette dernière à clefs et se dirigea vers le dojo.

Une fois devant, elle observa la bâtisse puis finis par introduire les lieux. L'odeur acide de la sueur enivra ses narines et elle vit un peu de monde dans la pièce. Certains étaient assis, d'autre buvait de l'eau une serviette autour du cou et d'autres s'entraînait entre eux, cherchant les failles de leurs adversaires. Lizbeth chercha du regard Victoria mais, ne la voyait pas... Peut-être était-elle allé chercher à grignoter ou autre avant de s'occuper de la chevalière... Lizbeth finis par s'asseoir sur un banc, ne voulant pas s'imposer auprès des autres personnes déjà présentes.

Un BAM soudain la fit regarder au milieu du dojo, où deux personnes s'étaient retrouvées au sol, se tenant par le col... Elle ne savait trop s'ils étaient en train de ce fritter ou juste de s'entraîner...

La lumière dessine, dans les yeux sombres d’Emanuel, ces éclats miroitants qui s’animent sur la cadence de leurs déplacements ; ils tournent ensemble, les genoux fléchis dans cette posture défensive, tout en guettant l’autre. Ainsi, elle avance quand il recule, elle recule dans il avance, et ils se suivent ainsi dans un mouvement coordonné et fluide qui ressemble à une danse plutôt qu’à un affrontement. Ses yeux amusés se courbent doucement en contraste avec la dureté du coup qu’elle envoie et qu’il évite avec un éclat de rire, puis c’est à son tour de feindre une attaque qu’elle dévie sans manquer de venir poser un bisou espiègle sur son épaule. S’enchainent ainsi ces échanges – coups donnés et doux larcins volés – qui les mènent, immanquablement, au sol ; quand la sueur perlée sur leur peau glisse sous les paumes et que le tissu de leurs vêtements devient la seule prise efficace, ils s’emportent donc en se tenant par le col vers un baiser qui marque la fin du combat.

Il y a des gens autour d’eux et ils ont des responsabilités respectives à adresser, alors ils se lèvent trop vite malgré leurs mains aventureuses - comme animées d’une volonté propre - qu’ils arrachent finalement avec difficulté de l’autre après s’être embrassés une dernière fois en guise d’au revoir.  

Victoria le regarde justement partir à regret quand elle aperçoit Lizbeth assise à l’écart sur un banc. Sa montre, qu’elle regarde prestement, lui indique qu’elle s’est laissée distraire quelques minutes de trop, mais elle ne trouve pas, à travers sa volupté cotonneuse, la force de se sentir vraiment coupable ; l'expression doucereuse et éhontée, Victoria lui envoie donc la main avant de la rejoindre prestement.  

- J’espère que tu n’as pas attendu trop longtemps, commence-t-elle avec diplomatie, avant d’ajouter avec un gloussement enamouré, mon dernier combat a duré un peu plus longtemps que prévu… Mais je suis toute à toi maintenant.

Un clin d’œil lui échappe et son sourire, encore collant de ce miel dont elle n’avait cure, manque peut-être un brin de professionnalisme.  

- Ton tour ? ronronne-t-elle en retournant vers les tatamis tout en l’invitant à la suivre.  

La jeune femme vit un baiser tendre et intense entre les deux personnes qui se tenaient au centre du dojo... Ce n'était du coup pas un combat qui tournait mal comme Lizbeth se serait attendue. Elle les trouvait mignon et laissa échapper un petit sourire en coin. Ils finirent par se détacher l'un de l'autre et il ne restait que Victoria, qu'elle finit par reconnaître lorsqu'elle se retourna et se dirigea vers elle.

Lizbeth lui échangea un sourire, lui faisant comprendre qu'il n'y avait vraiment pas de mal à avoir quelques minutes de retards. La jeune femme finit par se lever pour aller suivre l'entraîneuse sur les tatamis. Cela faisait longtemps qu'elle n'en avait pas vu et la sensation du moue sous ses pieds lui aurait presque manqué. Cela lui rappela les entraînements que son père lui donnait, à la maison. Il y avait toujours cette petite salle avec ce même sol et des armes accrochées au mur...

Lizbeth finit par venir s'attacher les cheveux en une queue de cheval bien serré, pour ne pas avoir de mèches qui viendraient s'installer sur son visage, même si elle savait très bien que même attachés, les mèches rebelles n'en font qu'à leur tête...

La bonne humeur qui émanait de Victoria était agréable et permettait à Lizbeth de se détendre un peu. Cette dernière finit par se retrouver au milieu du dojo avec sa collègue. Elle savait qu'il allait être temps de s'entraîner. La jeune femme se dit qu'il ne servait alors à rien de papoter plus que nécessaire... Lizbeth s'assura que Victoria était bien prête et elle inclina légèrement la tête en avant, sans lâcher des yeux son adversaire, comme pour se saluer avant le combat. C'était peut-être vieux jeux, mais Lizbeth avait appris ainsi. Le salue était une marque de respect envers la personne qui était en face d'elle et la jeune femme en avait pour Victoria. Même si elle ne la connaissait que vaguement, elle la considérait comme sa supérieure.

Lentement, Lizbeth ferma les poings, sentant le tissu de ses mitaines se serrer légèrement. Elle leva ensuite ses mains pour les mettre devant son visage et glissa sa jambe droite un peu en arrière, prenant ainsi appuie sur sa gauche. Son dos restait droit et ses jambes s'étaient un peu fléchies, pour pouvoir mieux s'ancrer dans la terre comme lui rappelait sans cesse son père. Un bon équilibre se devait d'abord de passer par les pieds et les jambes. Si l'on restait convenablement ainsi, un coup ne pouvait venir déstabiliser la personne.

Lizbeth pris une inspiration, souffla et attaqua la première. D'un coup sec, elle porta un coup au niveau de la tête de son adversaire de son poing droit. Se doutant très bien que cette dernière allait esquiver, elle se préparait à parer un éventuel coup avec son bras gauche qui était encore en défense. Et si Victoria en décidait autrement, la jeune femme se disait qu'elle pourrait toujours essayer d'utiliser ses jambes... Même si elle était beaucoup moins à l'aise avec celles-ci que ses mains.

À ce moment-là, Lizbeth ne voyait que Victoria et avait, comme effacé toutes les personnes étant autour d'elle, qui auraient potentiellement pus observer leur combat par simple curiosité.

Il y a, dans le sourire de Victoria, une volupté qui, de pair avec son clin d’œil et ses paroles, frôle l’indécence. En comparaison, le sourire que lui rend Lizbeth est un peu attendri, mais surtout très pur. Si la jeune femme avait saisi son sous-entendu, elle n’en avait rien laissé paraître. Victoria, amusée, plisse donc les yeux en essayant de déterminer si sa partenaire d’entrainement était ou soit très polie, ou soit très hétéro. Elle aurait bien aimé une réaction, quand même, sur le même ton comme le faisaient souvent avec ses amitiés, même si c’était en blague ; ou encore avec un petit malaise, délicieux mélange de timidité et de conscience de soi, que l’Italienne aimait provoquer chez ses élèves. Dans les faits, Lizbeth n’était ni tout à fait son amie ni tout à fait son élève, mais sa réaction aurait, justement pu aider Victoria a situer leur rapport sur le spectre social.

Pour le moment, elle se contente donc de l’évaluer comme adversaire de combat : la salutation – que Victoria lui rend d’ailleurs par courtoisie, quoique de façon moins formelle – et la position qu’elle adopte lui évoquent déjà un relent d’arts martiaux orientaux. Très traditionnel, très franc-jeu, sont les notes mentale qu'elle prend.

- Jolie forme, complimente-t-elle une fois que l’autre est bien en position, un peu par habitude de donner de la rétroaction, mais, avec son nouveau clin d’œil, un peu pour ajouter une nouvelle couche d'ambiguïté empirique au profit de son expérience sociale.

L’œil aiguisé, Victoria fléchit aussi les genoux, mais conserve une position somme toute décontractée, troquant cette stabilité à toute épreuve qu’exhibe Lizbeth contre une versatilité qui lui convient mieux. C’est ce qui lui permet, quand son poing vole vers elle, de l’éviter avec souplesse en faisant dévier son coup vers la gauche tout en contournant, d’un pied léger et rapide, son flanc droit pour éviter sa défense. De revers, Victoria frappe avec son coude plutôt qu'avec sa main, tapant gentiment son grand dorsal pour simuler un coup qui aurait pu faire beaucoup plus mal si ça avait été son intention. Pour le moment au moins, elle voulait lui faire comprendre que, contrairement à elle, Victoria ne suivait pas toujours les règles.

Reculant rapidement de trois pas, bras levés en position dissuasive, elle attend avec un sourire en coin que son adversaire se retourne et contrattaque.

Lizbeth souria lorsque Victoria la complimenta sur sa position. Même si son arrière pensé avait d'abord pris la forme de ses mots pour une allusion beaucoup plus sur le physique de la jeune chevalière, Lizbeth préféra se dire que c'était surtout son cerveau qui s'amusait à croire qu'on pouvait ainsi faire allusion à son corps... Même si le clin d’œil n'avait en rien aidé. Ce à quoi elle répondit par un haussement d'un sourcil, ne sachant plus au final si son adversaire parlait de sa position ou de son physique. Elle préféra ignorer et se concentra sur le combat qui avait maintenant débuté.

Sans surprise, la jeune femme en face d'elle avait aisément esquivé et lui avait rétorqué une attaque dans son dos ! Ce n'était pas dans les habitudes de Lizbeth qu'on lui répondait de cette manière et ça, la jeune femme apprécia. Ca lui changeait complètement ses habitudes. Elle se surpris même à en sourire.
Un point pour Victoria.

Lizzy se retourna alors, lâchant un peu ses mains pour les détendre, mais n'attendit pas plus longtemps et se rua sur son adversaire, prenant appuie sur sa jambe droite pour s'élancer en avant. Ainsi, elle se retrouva rapidement nez à nez avec la jeune femme. Leurs regards se croisèrent et Lizbeth en profita alors pour lui glisser à son tour un petit clin d’œil. Elle avait alors préparé deux coups. Son poings s'était formés lors de son déplacement, restant à côté de sa hanche. L'autre était beaucoup plus visible, se tenant au niveau de son visage. Ce qui pouvait ainsi laisser penser que Lizbeth aurait d'abord frappé au visage à nouveau. Mais elle repris appuie sur son autre jambe, laissant ainsi son visage glisser sur le côté de celui de victoria. Son parfum suivit alors ses mouvements et se retrouva à embaumer le visage de son opposant. A ce moment, Lizbeth se retourna soudainement et mit son pied entre les jambes de l'adversaire pour le faire filer sur le côté. Pour être sur que cela se passerait correctement, de son poing qui était au niveau de sa tête, elle ouvrit ses doigts et attrapa l'épaule de Victoria pour pouvoir ainsi la faire valser, espérant la faire tomber au sol. Elle garda néanmoins son poing au niveau de sa hanche, au cas où.

Lizbeth aurait put rétorquer avec des paroles par rapport aux précédents dis de la miss en face d'elle. Mais elle préféra se taire et de pourquoi attendre plutôt la fin du combat.

Le haussement dubitatif de son sourcil est cette confirmation qui lui fait lever les yeux au plafond et ricaner doucement. Le petit clin d’œil que son adversaire lui envoie quand même, un peu après, l’amuse malgré tout et elle y répond avec le pétillement chaleureux, synonyme d’un grand éclat de rire mais contenu par politesse pour ces autres personnes concentrées autour d’elles.  

Au moment où Lizbeth essaye de l’envoyer au sol, elle sourit encore et à la place de perdre l’équilibre et de tomber au sol sous les conditions de l’autre femme, Victoria se laisse contre toute attente tomber et tanguer, roulant aussitôt sur le côté avant de balancer vers l’arrière et bondir à nouveau sur ses pieds.  La distance qu’elle garde ensuite est prudente tandis qu’elle tourne autour de Lizbeth en guettant ses mouvements. Elle feint, à quelques occasions, des coups rapides qui ne sont faits que pour descendre sa garde ; avec Emanuel, ces coups étaient de ceux qui précédaient des baisers volés, mais avec Lizbeth, évidemment, Victoria s’en tient aux prises normales qui mènent le combat à une résolution beaucoup plus conventionnelle.

Nonobstant le plaisir qui avait découlé de leur petit combat, Victoria sent avec décalage, quand elles échangent une poignée de main finale, un petit pincement en réalisant qu’Emanuel était vraiment parti et qu’elle ne le reverrait sans doute pas avant plusieurs jours… Plusieurs semaines, même, si leurs missions se coordonnaient mal. À cette idée, sa gorge se serre de solitude alors même que ses yeux roulent de honte et elle inspire profondément pour marquer un arrêt.

Gémir et se lamenter sur ses amours n’était vraiment pas dans ses habitudes et ça n’allait pas commencer maintenant, raisonne-t-elle en expirent au mieux ses émois intrusifs, et elle se mettrait une gifle avant de s’y reprendre alors qu’elle était la première à demander que sa relation avec le musicien reste purement physique et sans attaches.      

Une gorgée d’eau plus tard, elle s’impose un sourire en tapant des mains pour concrétiser cette motivation indispensable qu’elle cultivait avec vertu.  

En arrière-plan, cependant, un nouveau duo avait déjà rempli l’espace de combat qu’elles occupaient jusqu’alors en se tournant autour avec cette nervosité de débutants qui lui fait prédire un combat long et peu intéressant à observer.    

-        Une petite course, ça te tente avant de retourner sur les tatamis ? propose-t-elle, parce qu’en plus d’occuper leur temps, courir lui permettait toujours de fuir ses émotions, ou on peut faire une séance privée de yoga entre filles.

Ronronne-t-elle, incapable de se priver d’un sous-entendu qui la remet toute suite de bonne humeur, alors même que la proposition était sérieuse et qu’une séance de yoga au soleil, tout à fait platonique, lui conviendrait tout à fait.

C'est donc ce qu'elles font.