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Sam 20 Juin - 21:41

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Habitation permanente : À Old Fyre, dans l’appartement qu’elle partage avec Tullio et Elana Cavaleri. Elle a aussi un appartement en Italie.
Occupation : Anciennement détective, maintenant chevalière à temps plein et maman.
Victoria Machiavel

Victoria Machiavel
Les yeux de Victoria ne quittent jamais la lame du couteau qui s’enfonce dans la peau brune. La coupure suinte sous ses mains, mais elle continue, écorchant la chaire qui se décolle en fins lambeaux.  

Je sais que tu es un bon père pour ta fille, souffle-t-elle doucement en réponse au regard insistant et appréhensif qu'elle sent brûler sur son épaule nue, c'est une qualité que je suis obligée de te reconnaître et je veux la mettre à notre avantage.

Le flanc du couteau s’abat ensuite avec force, heurtant la forme qui s’écrase avant de mieux se laisser trancher, non sans s’agglutiner et se coller sous ses doigts. Soudain, l’eau écumante tente de s’évader du chaudron dans lequel sont en train de bouillir les patates et Victoria tourne le rond à feu doux avant de revenir couper l’ail qu’elle racle subséquemment dans un petit bol à mettre de côté pour plus tard.

Cette fois-ci, elle n’avait pas eu besoin de demander à Nawar de porter des menottes ; elle lui faisait plutôt décortiquer des branches de persil frais qu’elle pourrait bientôt - avec son monopole du couteau - trancher finalement afin d’assaisonner les gnocchis Aglio e Olio que Marjan leur avait demandé de préparer ensemble. En attendant que les patates soient prêtes à être transformées en pâtes délicieuses, l’Italienne comptait aussi préparer des bruschettas caprese, en plus des panna cotta aux fruits rouges que la petite fille avait aidé à réaliser plus tôt dans la journée… C’était en partie ce dessert qui était à l’origine de la présente situation : l’enfant, avec qui elle devait les manger après le repas du soir, avait insisté pour inclure son père, et faute d’avoir une excuse valable pour refuser, Victoria avait cédé en se disant qu’elle devait parler avec ce dernier de toute façon. Évidemment, Marjan ne s’était pas contentée de lancer une invitation innocente…   Elle avait même eu l’air de réfléchir avec innocence, mais Victoria - de nature attentive - avait vu dans ses yeux courbés les lignes d’un plan déjà bien trop précis. Quand même un peu fière de son poussin, elle aurait sans doute été amusée de surcroît si seulement ses desseins avaient pu concerner toute autre chose…

C’est la première fois que tu dîneras chez moi, avait-elle commencé.  

En effet… Accorda Victoria, une question audible dans le suspens qui avait flotté entre elles.

Comme un premier anniversaire, reprit-elle prudemment, et les anniversaires, avait-elle continué, sont des occasions spéciales…  

Cette fois, la chevalière avait tout bonnement haussé des sourcils pour l’inciter à aller droit au but, même si elle se doutait déjà de la direction dans laquelle elle se dirigeait.

Est-ce que tu as des robes ?

Une inspiration subite, surprise, s’installa tout de même dans sa gorge qui resta coite. Elle avait souri, incrédule devant son audace autant que devant la certitude dépitée que la petite arriverait à ses fins malgré toutes ses résistances. Elle avait donc soupiré en expirant un rire vaguement désemparé avant de regarder la fillette mettre sens dessus dessous sa penderie à la recherche de la tenue parfaite qui saurait, Marjan l’espérait, séduire son père… La robe qu’elle avait finalement choisie était longue, la jupe modeste en contraste au buste qui dévoilait ses épaules et son dos, de cette couleur que Nawar adorait supposément et qui seyait un peu trop bien au teint de sa peau.  

J’me changerai à la maison et comme ça on sera pareilles !

Devant son enthousiasme sincère, Victoria n’avait pu s’empêcher de sourire.  Elle souriait moins, maintenant, sans pour autant que son expression soit désagréable. Marjan, qui présentement était dans la pièce voisine, derrière la porte entrouverte, faisait donc ses devoirs dans une tenue un peu trop chic pendant qu’eux préparaient le repas à l’abri de ses yeux et de ses oreilles indiscrètes.

Je t’ai très vaguement mentionné mes recherches, pose-t-elle doucement, avec la même délicatesse utilisée pour placer les fines tranches de tomates et de bocconcini sur des assiettes joliment décorées, et j’ai fini par trouver quelque chose…

Après avoir rincé ses mains, elle sort de son bustier une longue chaîne avec une amulette décagonale où sont gravées des formes sacrées harmonieuses, calligraphiées en arabe, qu’elle dépose sur le comptoir et fait glisser dans sa direction. *
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Mer 2 Sep - 18:16

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Occupation : Photographe - Grand méchant loup
Nawar Nasri

Nawar Nasri
J’arrachais les brins de persils avec un certain sadisme. Je multipliais les coups secs qui sectionnaient les fines tiges et envoyaient virevolter les feuilles dans un saladier à proximité sans délicatesse aucune, comme si l’aromate personnifiait l’énorme épine dans mon pied qu’était cette femme – trop bien habillée pour l’occasion – qui avait pris possession de ma cuisine. Je ne la quittais d’ailleurs pas des yeux. C’était idiot, car ma fille était dans la pièce d’à côté, mais je n’aimais clairement pas la voir avec un objet aussi tranchant entre les mains. Je n’aimais pas la voir ici tout court.

Quand Marjan m’avait parlé d’une surprise et m’avait tanné pour l’aider à se mettre sur son 31, je m’étais attendu à tout, même au pire, sauf à Victoria. Aussi, après l’avoir aidé à choisir laquelle de ses robes serait la plus jolie et lui avoir natté les cheveux, j’avais tenté de calmer son excitation sans succès. Ma fille était une pile électrique, une pile qui se nourrissait de l’espoir farfelu de voir son père succomber aux charmes – certains – de la chevalière. Et plus je m’acharnais à lui faire entendre de manière pas forcément subtile que je n’étais vraiment pas intéressé par elle, plus elle redoublait d’inventivité pour nous faire nous croiser, nous parler, et passer des moments d’intimité seul à seul. J’étais piégé, quoi que je tente. Alors, souffre persil, souffre.

Nous n’avions presque rien dit jusqu’alors, tout au plus échangé les politesses d’usage et des phrases usuelles liées à notre activité du moment. J’espérais m’en sortir ainsi jusqu’à la fin de la soirée, comme si nous avions signé un pacte de non-agression, mais quand la brune concéda - probablement avec difficulté - que j’étais un bon père, je compris que je n’allais pas pouvoir y couper. Je la laissai parler, m’attendant à un fameux « mais » qui vient en général juste après avoir accordé une qualité que l’on n’a pas très envie de reconnaître à quelqu’un.

- Je t’ai très vaguement mentionné mes recherches...

Ah oui, elle faisait allusion aux fameuses « recherches » qui lui ont fait comprendre des « nuances » à ma situation, si je me rappelle bien la dernière fois qu’elle a essayé de m’en parler. Ça me faisait vraiment une belle jambe ! De quel droit se permettait-elle de faire des recherches sur moi ou tout ce qui me concernait ? Pour Marjan ? Connerie ! Si elle pensait réellement que j’étais « un bon père pour ma fille », elle comprendrait que je ne ferais rien qui puisse lui nuire et elle n’oserait pas venir se mêler de nos histoires comme elle le faisait. La soupape de la cocotte qui contenait les pomme de terre se mit à tournoyer dans un sifflement agaçant, de la vapeur d’eau diffuse et chaude s’en échappait sans se soucier de nous. Dans d’autres circonstances, j’aurai pu trouver amusant que les éléments s’accordent à mon humeur ; moi aussi j’aurai bien voulu évacuer la pression en recrachant de la fumée. Au lieu de cela, j’avais simplement cessé de torturer les brins de persil pour m’apprêter à lui partager le fond de ma pensée lorsqu’elle fouilla dans son bustier pour en sortir un médaillon qu’elle me fit glisser doucement.

Après lui avoir lancé un regard interrogateur auquel elle ne répondit que par son silence, j’ai fini par me saisir de l’objet en question. Un bel objet s’il en est, et qui n’était assurément pas banal, même si je n’aurai su déterminer ce qui le rendait si spécial. Ni ce en quoi il pouvait me concerner. Je laissai mes doigts parcourir sa surface, suivant doucement les calligraphies fines qui s’y dessinait parfaitement. L’alphabet m’était familière, évidemment, mais ce n’était pas une langue que je connaissais. Ou peut-être était-elle simplement trop vieille pour que je parvienne à déchiffrer quoi que ce soit comme ça, au beau milieu de ma cuisine remplie de vapeur assourdissante. Je regardai à nouveau Victoria, incrédule. S’attendait-elle à ce que je reconnaisse d’instinct ce qu’était sensé être cette chose ? Bien que profondément intrigué, j’ai réuni toute la mauvaise foi dont j’étais capable.

- Et donc ? Je suis sensé sauter de joie devant ta breloque ? Ou peut-être te remercier pour essayer me refourguer une merde que t’as trouvé dans le souk « tellement typique » d’un bled au fin fond du désert ?

D’un geste, j’ai fait glissé l’objet dans sa direction, mais avec beaucoup moins de soin qu’elle n’avait pu le faire quelques minutes plus tôt.

- Que les choses soient claires : je ne tolère ta présence que parce que je ne veux pas briser le cœur de ma fille. Donc de deux choses l’une, soit tu arrêtes de tourner autour du pot et tu me dis clairement ce que tu as en tête en menant tes « recherches » et concernant cette chose, soit tu n’évoques plus jamais le sujet. Ni ce soir, ni jamais.
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Mer 14 Oct - 12:24

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Victoria Machiavel

Victoria Machiavel
L’eau bouillante enfle et l’écume déborde.

Le culot de cet homme.

Avec une façade patiente, Victoria baisse le feu et souffle longuement pour aider à dissiper les remous les plus violents; ceux de la marmite qui tremble et cliquette encore, aussi bien que ceux dans son ventre qui auraient facilement pu éructer d’entre ses lèvres comme une explosion brulante.

Au final, le regard qu’elle lui lance est peu impressionné et la courbe moqueuse qui se dessine finalement sur ses lèvres – presque un sourire, dans tout sauf dans l’émotion – découvre dangereusement ses dents blanches.

Nour Alizadeh, – il fait dire bonjour, au passage – a passé des semaines à suivre la piste de cet objet, commence-t-elle posément en sous-pesant le nom et la contribution de son comparse, avant d’enchainer plus légèrement, puis nous avons passé des jours à chercher le temple d’une divinité cachée au fond d’une forêt de pins algérienne pour le trouver.

Elle avait cru comprendre que Nawar connaissait bien sa figure tutélaire, et même s’ils n’en avaient pas beaucoup parlé et qu’elle ignorait la nature exacte de la relation qui unissait les deux hommes, Victoria ne pouvait imaginer qu’on puisse faire autrement que de respecter et d’apprécier Nour à sa juste valeur.  

Donc cette merde, dit-elle entre ses dents pour reprendre ses mots, est un talisman qui permet de garder la bête sous contrôle.

Les vieilles instructions décousues transcrites du berbère dialectal ne sont pas tout à fait claires à ce sujet ; quelque chose allant dans le sens de conserver le soi du ça.

Il faudrait le mettre à l’essai pour en être sûr, mais on pense qu’il pourrait même aider à rester en contrôle pendant une transformation.  

Sa fourchette s’enfonce dans la chair blanche d’une patate encore un peu trop dure pour être mise en purée; la chevalière remet donc contentieusement le couvercle sur la casserole qui avait recommencé à mijoter à un rythme tranquille.      

Écoute… Ceci, fit-elle prudemment en désignant le pendentif, est mon travail et on m’aurait sans doute refilé ton dossier tôt ou tard si ce n’avait pas été de notre…Mésaventure.

Son soupire se perd entre les murmures de la cuisson.  

Les RH ont voulu éviter qu’on soit en contact, reprend-elle, et tout comme s’anime à nouveau la marmite, la colère le fait aussi dans son ventre, mais ce sont des imbéciles.

Elle lui en avait voulu longtemps, à Nawar, et même s’il ne sera jamais son – presque – humain préféré, avec du recul, c’est à ceux qui ont géré leur incident qu’elle en veut le plus. C’est qu’ils avaient choisi de les séparer, d’éviter le problème, sans pour autant le régler du tout. C’était ressorti, tout ça, à l’occasion de cette entrevue où Victoria s’était inventé son propre tribunal, et même si Nawar pouvait se considérer chanceux de s’en être sorti avec une simple tape sur les doigts, il avait tout à leur en vouloir également en considérant qu’on lui avait retiré une ressource capable de l’aider sans trouver bon de lui offrir une alternative.  

J’ai simplement pris l’initiative de la rectifier leur erreur.
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Sam 9 Jan - 4:17

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
Le culot de cette femme.

Les bruits de la cuisine s’amplifiaient et nous pressaient, et pourtant le temps semblait s’être arrêté pour moi, comme si tout était limpide et sans fausseté pour la première fois. Cette femme continuait de mener sa croisade contre moi, c’était clair, et elle brandissait fièrement la banderole de la conscience professionnelle pour me présenter sans préliminaire aucune une muselière faite sur mesure. Car ce pendentif n’était que cela : une putain de muselière ! Il n’était pas une aide pour comprendre mon mal et mieux vivre avec, il n’était pas un objet pour améliorer la symbiose avec le loup, il n’était pas même un objet permettant de réduire la souffrance des transformations… Non, il n’était capable que de brimer ma nature. Dans ses mots, il n’était question que de contrôle, mais qui allait avoir le plus de contrôle sur qui au juste ? Moi sur la Bête, ou l’Ordre sur moi ?

- On n’est jamais mieux servi que par soi-même, j’ai pas raison ? lui adressai-je d’un air entendu, autant pour valider sa critique sur les RH que pour sous-entendre que j’étais le mieux placer pour m’occuper de mes problèmes.

Doucement, je me suis un peu rapproché afin de reprendre l’objet que j’avais si négligemment rejeté. Je jouais avec, pensif. Je ne pouvais pas accepter de le garder. Je ne Voulais pas accepter ! Même s’il avait été la quête de plusieurs mois, même s’il était d’une rareté à en faire pâlir un collectionneur, même s’il avait mobilisé le temps et l’énergie de Nour, une des personnes que j’estimai le plus et qui avait su me voir comme un être humain quand je ne savais voir que le monstre, je ne pouvais pas l’accepter. Il était simplement trop tard. Mais qui pourrait le comprendre ? Après tout, j’avais passé un temps infini à rechercher un tel artefact ! J’avais écumé des tonnes de livres, j’avais appris, questionné, fouillé la moindre piste sans jamais rien trouver de concret dans les légendes et mythes, sans jamais trouver une solution qui n’implique pas des tortures violentes et sales pour la personne affligée de ce mal. C’était incurable. C’était mon destin et je commençai tout juste à l’accepter. Mieux encore, j’avais fini par trouver un équilibre tolérable avec le loup. C’était fragile, peut-être, mais tellement moins douloureux et fatigant que cette lutte incessante que je n’avais eu de cesse de lui mener depuis qu’Elle était Moi.

Victoria ne pourrait pas le comprendre. De l’extérieur, les choses ne pouvaient qu’être vues de manière binaire :  « humain = bien, loup = mauvais, le bien doit contrôler le mauvais, car le mauvais c'est mal, un point c’est tout ». Comme il se trompaient ! S’ils savaient comme les choses étaient tellement plus complexes ! Mais qui pourrait l’entendre ?

- C’est fou, j’en ai tant et tant rêvé pendant si longtemps, dis-je doucement en caressant l’objet. Bon Dieu que j’en ai rêvé… Le Contrôle. La certitude d’être plus homme que Bête. La certitude de ne constituer un danger pour personne. Retrouver une vie normale… Retrouver la confortable insignifiance d’une vie d’humain. J’en ai tellement rêvé… Et c’est d’autant plus cruel de savoir que cet objet existe maintenant. Je reposai le pendentif sur le comptoir et cherchai les yeux de la chevalière avant d’ajouter, sincère : Je suis désolé que vous ayez perdu votre temps avec « ça » tout les deux. Enfin, pas tout à fait en fait ; j’imagine que si quelqu’un d’autre, quelqu’un comme moi je veux dire, venait à se trouver entre les mains de l’Ordre, cela pourrait lui être d’une aide incroyable je suppose. Mais pour moi ce n’est plus la peine, navré.
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Mer 13 Jan - 2:19

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Victoria Machiavel

Victoria Machiavel
Jamais mieux servi que par soi-même, dit-il avec intention, ce à quoi elle répond avec un petit pincement – dans sa poitrine de même que sur ses lèvres – qui se mue en sourire navré. C’est qu’il utilise ce proverbe, imbu d’une fierté isolante, en semblant l’associer à l’indépendance alors qu’il a toujours appartenu au domaine de la solitude; c’est que c’est triste, quand même, d’avoir été si souvent abandonné et livré à soi-même qu’on en arrive à se mentir et prétendre que c’est la meilleure voie, surtout quand on se voit offrir une alternative.    

Victoria l’écoute, ensuite, sans dire un mot et en laissant s’enregistrer le rejet auquel elle refuse de croire; elle le regarde, stupéfaite, et ne répond sur le coup que par un battement de cils pour chasser le soupçon d’irritation que ses mots pourraient trop facilement provoquer en elle. Après avoir soutenu son regard un instant, elle détourne enfin les yeux, pas par défaillance, toutefois – au contraire – mais parce que les patates ont recommencé à faire des leurs et qu’un coup de fourchette indique qu’elles sont enfin prêtes.  

Aurais-tu, la question s’infuse tout doucement, à peine un murmure vers la fin de l’égouttement de l’eau de cuisson, eu la même réaction si c’est quelqu’un d’autre que moi qui te l’aurait donné?

Ses pupilles sont contractées quand elle les relève ensuite sur lui, perdues dans une infinité puissante et pleine d’autorité dorée; avec le menton qui se soulève, élevé par une authentique curiosité.

Tu n’as pas besoin de le porter tout le temps, tente-t-elle ensuite, avant de se taire et de déglutir pour ravaler la colère qu’elle sent remonter dans sa gorge.

Tu t’es mis à genoux devant moi pour implorer mon pardon, reprend-elle après une brusque inspiration, tu m’as juré que tu ferais m’importe quoi pour racheter ta faute, et maintenant, maintenant, tu refuses de porter un objet qui aurait pu …

Elle se mord les lèvres, fermant les yeux, et quand elle les rouvre, c’est pour regarder la silhouette distante de Marjan qui se dessine toujours dans l’embrasure de la porte. Victoria sait, bien entendu, que Nawar va de plus en plus souvent en mission en tant que chevalier fonctionnel, mais c’est surtout la présence de Marjan qui prouve, selon elle, que l’homme est en pleine possession ses moyens – ou du moins, qu’il se croit pleinement en contrôle – car il ne risquerait jamais la sécurité de sa fille autrement.  

Je t’entends, décide-t-elle, même si ça ne lui fait clairement pas plaisir, et je ne peux pas te forcer à le porter.

Le sourire qui vient – tiré au coin d’une joue – est un peu âpre, cette fois, et un peu moqueur quand elle ajoute une pique qui la fait glousser sobrement :

Je comprends la notion du consentement. C’est peut-être vicieux, mais pas méchant; presque complice, en vérité, si c’était là une chose possible entre eux deux.

Ses doigts trouvent ensuite l’amulette et c’est à son tour d’en caresser les reliefs.

Mais je vais quand même te demander de prendre une seconde pour imaginer...

Victoria avance avec prudence, avec ses mots comme avec ses gestes, tandis qu'elle fait un pas dans sa direction, puis deux, pour mieux le toiser et lever sur lui ses prunelles ombragées comme des demi-lunes attentives.

Ce qu’aurait pu être notre relation aujourd’hui, susurre-t-elle pour insinuer – entre deux souffles et entre leurs lèvres qui n’avaient jamais été aussi proches depuis l’incident – la trame avortée de leur relation, si tu l’avais porté lors de notre première rencontre.

Elle se demande quand même si elle est la seule à y penser parfois, et elle est certaine que la réponse à cette interrogation se trouve quelque part, là, dans les quelques centimètres qui les séparent d’un baiser.  
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Mer 13 Jan - 22:59

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
Je m’étais attendu à des protestations et des reproches, mais au lieu de cela, elle avait soutenu mon regard avant de se replonger vers les pommes de terre. J’étais limite vexé.

- Probablement pas. Si quelqu’un d’autre me l’avait offert, je l’aurai accepter sans protester, pour lui faire plaisir, même si c’était pour ne jamais le porter. Mais toi, je n’ai pas envie de te faire plaisir, lui répondis-je un brin moqueur en posant à nouveau le pendentif en évidence sur le comptoir.

J’aimais tellement dire « non » à cette femme habituée à ce que rien ne lui résiste. Et j’avais envie qu’elle se mette en colère, qu’elle brise son masque de placidité suffisante, qu’elle craque enfin… J’avais l’envie furieuse de la voir péter les plombs et faire voler les assiettes. J’ai cru y parvenir lorsqu’elle évoqua notre entrevue à l’école car l’émotion était là mais elle la fuyait, restant sur le fil sans jamais tomber. Ne tenait qu’à moi de la faire basculer dans le précipice.

- Qui aurait pu m’empêcher d’essayer de te violer ? Évidemment que ça aurait été une chance d’avoir un tel objet dès ma… je m’interrompis brusquement, le temps de baisser le volume de ma voix qui était bien trop à portée d’oreilles indiscrètes, ...dès ma contamination. Mais si ça avait été le cas, je ne serais pas bêtement venu sur cette île pour essayer de me reconstruire une vie potable, je serai directement rentré à Istanbul retrouver ma fille et rien de tout ceci ne serait jamais arrivé, affirmai-je avec plus de dureté que je ne l’aurai souhaité. Je repris ma respiration pour rajouter plus calmement : Aujourd’hui, les choses sont différentes. Et je suis différent de celui qui te suppliait à genoux, désolé. Alors, donne ça à quelqu’un qui en a vraiment besoin et laisse-moi faire à ma façon.

Mais, comme pour me vexer encore une fois, elle se maîtrisa parfaitement. Pire encore, elle sous-entendait qu’elle acceptait ce que je m’évertuais à lui dire. Et je devais la croire ? Tssss... J’étais effaré par tous les mensonges qui pouvaient sortir de sa bouche. J’allais rétorquer lorsque, contre toutes attentes, elle se rapprocha de moi lentement. Mais elle me fait quoi là ? Elle s’approchait toujours plus, déposant à bout de lèvres des mots que je ne pouvais pas imaginer possibles. Ça ne pouvait Pas être possible. QUOI ?!! L’incompréhension me paralysait complètement. Je me sentais à nouveau coincé dans un jeu cruel dont elle seule connaissait les règles. Elle… Cette femme… Je la détestais. Je la détestais tellement à cet instant. J’avais envie de la repousser violemment, de la gifler puis d’attraper le premier couteau à ma portée, afin de me défendre, et pourquoi pas de la menacer d’en faire danser la lame froide sur sa peau. Il fallait qu’elle comprenne qu’elle n’était pas la bienvenue ici et qu’elle ne le serait jamais. Il fallait qu’elle comprenne qu’elle ne pouvait pas indéfiniment se jouer de moi comme ça – notion de consentement mon cul oui !

Je tentai de garder ma respiration calme sans succès tandis que mes poings se serraient. Elle devait partir, je ne voulais plus l’entendre me dire des choses insensées, je ne voulais plus perdre mon regard dans ses grands yeux aux reflets dorés, je ne voulais plus sentir le parfum de sa bouche qui était si proche de la mienne… si proche. Je déglutis. Des souvenirs épars et violents vinrent me vriller le ventre, ravivant dans ma chaire ce que mon esprit avait tenté d’oublier. Et je me voyais déjà succomber à la tentation et fondre sur ses lèvres pour lui voler le baiser qu’elle semblait m’offrir dans cet instant suspendu. Elle me rendait fou mais je ne pouvais pas lui céder. Tout est différent maintenant. Tout ça, ce n’était qu’un putain de test et je ne devais pas le rater. Tout est différent !

Dans un effort extrême, je parvins à faire un pas en arrière pour me délivrer de l’emprise enivrante de son parfum. Ou peut-être n’était-ce que pour mieux apprécier sa silhouette parfaitement dessinée dans cette robe définitivement trop élégante pour cuisiner. J’aurai voulu fuir mais je me suis avancé. Mon poings droit était toujours serré contre moi, tandis que ma main gauche se souleva lentement vers elle pour venir relever les cheveux ondulés qui lui tombaient sur l’épaule. Des yeux, je cherchai la cicatrice que mes dents y avaient laissé tandis que doucement, dans une valse au ralentie, je la fis pivoter pour qu’elle soit acculée contre le comptoir que je tentai d’atteindre avec mon bras droit afin de l’emprisonner sans en avoir l’air. Tout mon corps vibrait. Je lui ai jeté un dernier regard avant de diriger mon visage contre son cou, effleurant de mon souffle erratique sa peau ambrée constellée de tâches de rousseur avant de remonter vers son oreille pour lui susurrer dans un ultime élan de courage :  

- Entre nous, tu serais la pire chose qui pourrait m’arriver. Tu es un véritable poison, Victoria.

Un poison qui s’insinuait à nouveau dans tout mon corps sans que je puisse l’arrêter. On ne guérissait jamais de Victoria. A dire vrai, je ne savais pas comment me sortir de cette situation si je passais une minute de plus aussi proche d’elle. Je me gorgeais d’elle et si mes mots disaient « non », tout mon corps criait « oui à la folie ». A la folie…

Si elle ne disait pas stop tout de suite, si dans ses gestes ou ses regards elle continuait me tenter de la sorte, qu’allait-il advenir de moi ? De nous ? En une fraction de seconde, je voyais déjà se dérouler le film. Je me voyais la saisir par la gorge pour qu’elle ne détourne pas la tête quand je voudrai l’embrasser, puis je lui ferai faire demi-tour et je me collerai contre elle si fort, si fort. Mes mains voyageraient sur tout son corps, passant de ses seins à son ventre puis son sexe tandis que mon visage se perdrait dans la forêt de ses cheveux. Puis je parsèmerai sa chaire de morsures un peu trop appuyées. Elle serait coincée contre le comptoir, crierait sûrement, ferait tomber la vaisselle qui se briserait dans un fracas tonitruant pendant que je relèverai sa robe et glisserai mes doigts dans ses sous-vêtements. Elle serait chaude, humide, prête à m’accueillir et puis…
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Jeu 11 Fév - 1:04

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Victoria Machiavel

Victoria Machiavel
Au-dessus du gouffre, la ligne est mince et l’équilibre est ténu. Pour le moment, le menton haut et la posture assurée, Victoria demeure quand même loin au-dessus de cette colère noire qui se vautre dans les tréfonds tout en bas, avec le sourire tendu et angulaire comme la sangle qui se plie sous le pas agile du funambule.

Aujourd’hui, les choses sont différentes, répète-t-elle avec le tranchant d’un coup de vent, et tu peux supposer que je suis différente de celle qui s’est tenue devant toi à ce moment-là également.

Si c’est bien vrai, qu’ils sont donc des inconnus, de grâce, qu’ils cessent donc de laisser le passé les rattraper.

Il faut avouer que la peur ne sied pas bien à Victoria. Celle-ci a tendance à la déstabiliser et à mettre en évidence les pires traits de son caractère ; quand tout bascule, elle ne sait répondre à une situation inappropriée que par une réaction qui l’est tout autant. Aujourd’hui, cependant, elle n’a plus peur de Nawar : de retour en homéostasie, elle est inébranlable. C’est ce qui lui permet enfin de l’écouter et de garder son calme, puis de s’approcher sans flancher. Si elle tremble un peu quand ses doigts prudents effleurent sa peau, c’est à cause d’émois bien différents… De ceux qui font que ses genoux manquent de défaillir quand son haleine chaude vient caresser le versant de son cou, qui s’insufflent sur la peau hérissée comme un brulant frisson et qui font s’accélérer son pouls à mesure que la frigidité, dans son ventre, ne fonde jusqu’à déborder et jusqu’à menacer de lui couler entre les cuisses. C’est qu’il y a comme un feu, soudainement, qui la dévore en dedans, qui ronge – d’une seule étincelle – le bon sens comme de la paille et qui attise ces braises qui auraient sans doute dû rester cachées sous les cendres.

Rallumer cet incendie, ce n’était pas vraiment ce qu’elle avait cherché à faire en venant chuchoter contre ses lèvres, un instant plus tôt… Mais à quoi bon mentir : même sans un seul mot – lors de leur première rencontre – et même maintenant – alors qu’ils sont finalement bien âcres – ils n’avaient jamais su être autre chose, ensemble, que des pyromanes. Que peuvent-ils faire, alors, quand le danger vient flirter avec eux, sinon que de jouer avec le feu.

Il dit qu’elle est un poison et cela l’amuse; elle pense, pendant cette éternité qui s’allonge dans la tension – quelque part entre des pensées moins pures – à ces grenouilles multicolores et magnifiques dont on craint le venin mortel, avec raison, en oubliant souvent comment elles-mêmes sont immunisées à la toxine de leurs semblables.

Seulement pour les prédateurs, sont les mots qu'elle murmure contre sa mâchoire. Jamais pour les amants, moque-t-elle ensuite, avant d’ajouter, en gloussant avec autant de volupté que de raillerie : et ça fonctionne sur toi…

De son côté, Victoria le comparerait plutôt à une drogue; une drogue dure, dangereuse, débilitante; une drogue qu’un seul touché-effleuré lui injectait déjà dans les veines et dont la surdose certaine pourrait être tout aussi létale que n’importe quel poison. Elle sait, donc, que c’est un très mauvais plan, mais trop bien, aussi, combien elle peut se montrer prône aux dépendances. C’est un aspect assumé de sa personnalité, de même que son manque de pudeur et sa franchise parfois brutale.    

Ça me dégoute, parfois, susurre-t-elle justement, le point auquel tu m’attires encore.

Tout dans la façon que sa posture à de s’assouplir sans s’affaisser, que sa voix à de devenir onctueuse et que ses lèvres ont de frôler sa joue, expriment comme elle le prendrait bien – là, tout de suite – avec toute l’assurance nécessaire pour l’engloutir avec avidité. Néanmoins, son souffle affamé glisse et s’éloigne alors qu’elle détourne finalement son attention vers le salon, dans la direction de Marjan qu’on ne voyait pas, mais qu’on entendait encore s’affairer dans l’autre pièce... Même en se concentrant sur sa présence, c’est avec difficulté qu’elle bat des paupières pour chasser ce qui reste de ses tentations.

On pourra reprendre cette conversation, peut-être… Quand ta fille ne sera pas susceptible de nous surprendre.

En attendant, il y avait des patates à piler, des gnocchis à rouler et des assiettes à apprêter… S’il voulait bien s’écarter et la laisser retourner au comptoir.   
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Dim 14 Fév - 5:57

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
Ma tête se collait contre la sienne et, yeux fermés, je me sentais glisser inexorablement vers l’abîme sans retour possible. Je sentais la chaleur vibrante qu’elle dégageait et l’adorable odeur de son souffle qui venait se perdre contre ma joue. Je sentais l’émoi et les frissons qui nous traversaient sans qu’on sache les retenir. Je sentais le feu et la fièvre. Et tout me poussait à plonger. Alors j’attrapai le comptoir de ma main comme pour tenter de me rattraper, geste complètement désespéré car mon autre main glissait lentement depuis ses cheveux jusqu’à ses hanches sans rencontrer le moindre recul ni la moindre résistance, m’entraînant encore plus loin aux frontières de la folie. Et dans ce moment où le temps semblait suspendu, je ne savais plus si les mots que j’entendais étaient bien les siens ou si mon esprit les déformait inconsciemment par le prisme de mon désir. En tout cas, possédé par un démon plus sournois que la Bête elle-même, je lui chuchotais en souriant, et le souffle court, toutes les pensées que ces mots m’inspiraient.

- Mais je Suis un prédateur, l’aurais-tu oublié ? Ose… ose me dire que... tu n’aimerai pas être ma proie… Je gloussai … Oui… Dis-le encore que je suis un monstre dégoûtant….  Dis-moi encore combien je te rebute… Je suis sûr que tu y pense lorsque tu es dans les bras d’un.e autre… Oh nooooon…. Imagine comme ce serait excitant si on nous surpren… ma voix s’éteignit brutalement face à l’horrible vérité qu’elle venait d’énoncer. Oh merde ! OH MERDE ! Ces quelques mots agirent comme une douche froide et vinrent éteindre l’incendie qui me ravageait l’esprit. Complètement paniqué, et encore dans l’état second dans lequel notre danse pyromane m’avait plongé, je me suis écarté d’elle pour diriger tout mes sens vers le salon où la petite fille était censée se trouver. Heureusement, tout indiquait qu’elle n’avait rien remarqué des émois qui nous avaient animés, et je poussai un soupir de soulagement à l’idée qu’elle n’en saurait jamais rien. C’était mieux pour elle. C’était mieux pour tout le monde en fait.

Je laissais à nouveau vagabonder mon regard sur Victoria, reprenant peu à peu le contrôle de mon corps et de mes pensées. Ça semblait si facile pour elle de se défiler, aussi facile que d’éteindre la flamme d’une bougie. Elle avait eu raison de nous arrêter évidemment, mais pourtant je ne parvenais pas à me résoudre à ce que tout finisse ainsi. C’était injuste et cela me laissait un goût âcre de cendres dans la bouche. Je lâchai un rire amer.

- Tu… tu n’es qu’une allumeuse, voilà ce que tu es ! Je me suis à nouveau approcher d’elle pour la saisir brutalement par les épaules et la tirer un peu vers moi. Je la surplombai à présent, et j’enfonçai, un peu trop fort peut-être, mes doigts dans la chair de ses bras. Je suis un Animal Victoria. Tu ne peux pas me donner un os à ronger pour me le reprendre juste après et m’ordonner de retourner sagement dans ma niche. C’est criminel !

Nous étions à nouveau tout proches… si proches. Il planait comme un air de déjà-vu, mais cette fois-ci c’était moi qui menait la danse, et je savais pertinemment où nous conduire. J’aurai tant voulu qu’elle ait peur de moi à cet instant pour tuer cette attirance mutuelle et ne plus jamais avoir à revivre cet enfer de se voir promettre l’éternel et n’en récolter que le fiel. Je fixai ardemment ses yeux : je voulais y voir se dessiner des doutes et naître l’effroi d’imaginer des événements lointains se répéter, comme si nous étions pris dans un cercle vicieux dont nous ne pouvions pas nous soustraire. Et elle aurait raison d’avoir peur, car j’avais plus qu’envie de reprendre là où nous étions arrêtés. Je voulais fondre sur ses lèvres et les embrasser avec fougue avant de les mordre au sang et de me perdre en elle en ignorant le reste de l’univers et ses protestations. Mais il ne fallait pas céder ; non pas parce que je risquais de crever le cœur de ma fille si elle nous voyait ainsi enlacés ou plus encore, non pas parce que cette route ne mènerait à rien de bon pour nous ce soir, ni même pour la respecter elle - cette putain de séductrice - et son droit de dire « stop ».

Non, c’était pour briser cette spirale infernale. Et si je ne pouvais me guérir d’elle, au moins pouvais-je résister à ses malices et me prouver par la même que j’avais raison, et qu’en toutes circonstances désormais je n’avais besoin de l’aide de rien ni personne pour être un genre d’homme que l’on n’a pas honte d’être. Le genre d’homme qui mérite la confiance et le respect, même s’il a un fond un peu monstrueux.

- Si toutes nos « conversations », comme tu dis, doivent ressembler à ça, je refuse de m’y soumettre encore. Alors je l’ai repoussée relativement brutalement et j’ai retiré mes mains de ses épaules, ne laissant que leurs empreintes blanches évanescentes sur sa peau ambrée.
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Dim 28 Fév - 20:45

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Victoria Machiavel

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Contre sa tempe, les chuchotements de Nawar sont cette houle à la source de bien des remous ; de ceux qui font que leurs hanchent ondulent et se cherchent, imperceptiblement, tandis que leurs fronts ballotent l’un contre l’autre en suivant l’inexorable motion de leur damnée attirance.  Assurément, ils savent tous les deux que cet itinéraire ne pourra que les mener en eaux troubles, mais le bon sens, déjà, s’égare quelque part entre les frissons qui déferlent vers les profondeurs les plus intimes.

Ose me dire que te ne penses pas à moi quand tu prends ton plaisir en main, lui souffle-t-elle en retour, avec, pour valider sa supposition, un gloussement moqueur plein de volupté, et que tu ne ferais pas la même chose, avec d’autres… Si tu pouvais être dans les bras de qui que ce soit.

C’est qu’il y a cette passion qui fait tout chavirer et, loin en bas, le gouffre et son appel. Toutefois, quand au-dessus de celui-ci, le désir se fait fleuve, à quoi bon bruler alors qu’il serait si bon de plonger et de se laisser porter par les vagues ? Celles-ci, déjà, les avaient entrainés dans une danse lente et lascive qui, malgré son apparente douceur, berçait en vérité une grande violence.    

La raison, finalement, elle émerge comme un souffle désespéré, arraché à la surface de l’eau et juste assez vite pour éviter la noyade.    

Après la panique, tout s’immobilise le temps de vérifier les dégâts du naufrage.  

Le calme avant la vraie tempête ; quand elle recommence, l'ardeur de sa poigne n’a d’égale que la colère qui s’attise dans son ventre à elle, qui gronde et qui enfle sans pour autant remplacer le désir qui lui hurle dans les tripes. Les deux forces s’envident en une antithèse impétueuse, comme le font les vents chauds et froids qui, plutôt que de s’annuler, animent ensemble l’ouragan.

Tu n’es pas un animal, dit-elle en riant, tout bas, mais ça roule et ça éclate dans sa gorge avec toute l'intention d’un orage, la seule chose que je trouve encore monstrueuse, chez toi, Nawar, c’est ton égo.

Dans ses iris de charbon percent les braises de son ire, mais Victoria ne s’en laisse pas dérouter.  En vérité, dans le reflet de ses yeux noirs, la flamme qui crépite n’est ni plus ni moins que la conviction dorée qui brule dans les siens et qu’elle appose avec autant, sinon plus, d’intensité que lui.  

J’avais tellement envie de toi, ce jour-là, et j’avais toute l’intention d’aller jusqu’au bout, mais tu… Mais j’ai eu peur.

Ses mains – jointures blanchies – continuent de se serrer autour de ses bras et Victoria tire, mais pas pour tenter de fuir sa poigne. Au contraire, elle force et s’approche, sans hésitation aucune, pour plaquer son front contre sa joue. Elle aurait pu lui faire mal, sans doute, s’il ne l’avait pas aussi solidement tenue. Finalement, la seule chose qui risque de le heurter sont les vérités dures qu’elle lui assène ensuite comme des gifles.  

N’ose pas me dire que ma peur n’était pas légitime, feule-t-elle contre sa barbe, parce que je sais que tu as eu peur aussi. Que tu as toujours peur et que c’est en partie pour ça que tu m’en veux autant.

Tout en susurrant cela, sa tête roule contre sa pommette tandis que ses lèvres embrassent au passage le versant de sa mâchoire, là, juste au coin de sa bouche, et juste avant qu’il ne la repousse brutalement.  

Tu m’en veux parce que je te rappelle tout ce que tu crois ne plus jamais pouvoir posséder, gronde-t-elle en regagnant à la fois tout son équilibre et son aplomb, et tu penses que je suis une tentatrice qui s’amuse à te tourmenter, mais ça n’a jamais été vrai : je ne suis pas responsable de tes pulsions et de tes désirs… Seulement des miens.

Une pause, enfin, le temps de prendre une grande inspiration.

Je les assume. Et, Nawar, je ne suis pas en train de jouer avec toi. Je suis sincèrement en train de te les adresser : si tu arrives à sortir le ressentiment que tu as enfoncé loin dans ton cul et que tu y trouves le courage de passer à autre chose, tu viendras me voir – avec le talisman – et on testera ma théorie. Et si ça ne fonctionne pas… Eh bien, tu auras raison de le jeter.
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Dim 27 Juin - 9:42

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
Je la regardai me parler, furieux. Pourquoi s’obstinait-elle ainsi ? Je n’avais pas été suffisamment clair ? À mesure qu’elle me débitait ses conneries, je me pris la tête entre les mains, essayant de contenir comme je le pouvais l’ébullition de mes pensées et, quand elle eut enfin fini, j’ai soufflé un grand coup… avant d’exploser aussi sobrement que j’en étais capable afin ne pas alerter Marjan.

- Comment je dois te le dire pour que ça imprime ? Je ne veux plus ce genre de conversation ou de sous-entendus ou quoi que ce soit qui ne concerne pas Marjan entre nous ! Et toi, tu recommences comme si tu ne pouvais pas t’en empêcher ! Qu’est-ce que j’peux faire de plus pour que tu arrêtes dis-moi ?  J’ai déjà marqué en grand et en rouge en plein milieu de mon front : « Attention, bouteille de gaz dans une cheminée. Ne pas s’approcher sous peine qu’elle te pète à la gueule » et toi tu cours vers moi sourire aux lèvres ! Mais c’est quoi Ton Putain de Problème ? Pourquoi t'es là ? Pourquoi tu restes ? Qu’est-ce que je dois faire de plus pour que tu me fuis enfin ?

Non non non, t’as pas intérêt à l’ouvrir j’ai pas encore fini !

Je… Enfin ouais... forcément, c’est facile pour toi d’assumer ce genre de désirs ; tu peux être avec qui tu veux quand tu le veux, mais moi je ne peux pas contrairement à ce que tu sous-entends. C’est im-pos-si-ble. Et ne me dis pas que c’est faux, tu ne sais pas de quoi tu parles. Tu ne vois pas l’animal ? Moi je ne vois que lui. Je ne SENS que lui. Il est présent à chaque instant, et ses pulsions et ses désirs sont tellement différents de ce que j’éprouvais avant. Ils sont là, ils attendent, la gueule ouverte, et ils sont insatiables et puissants et violents et oui j’ai PEUR car je sais jusqu’où je suis capable d’aller pour pouvoir les satisfaire et ça va vraiment trop loin. Tu peux comprendre comme ça peut m’être insupportable ? Tu peux saisir comme c’est incompatible avec la notion d’une relation quelconque à vivre ? Et ce sera toujours comme ça... Toujours… Ce n’est pas une question de courage ou de volonté et jamais une babiole, même magique, ne pourra y remédier ; c’est ma nature et je ne peux rien y faire !


Je fis une pause le temps de reprendre un peu mon souffle et me mordis la lèvre avant de continuer inquisiteur :

- Il ne t’est jamais venu à l’idée que ce ressentiment que j’ai envers toi est un moyen de me protéger d’une déception de plus dans ma vie, parce qu’elle n’est déjà faite que de ça ? Alors ne me dis plus rien de ce genre... S’il te plaît respecte-moi, ne serait-ce qu’un tant soit peu, et ne me dis plus rien de tel. Tu crois que c’est de la franchise mais c’est de la cruauté Victoria, ni plus ni moins. Alors s’il te plaît juste… ferme-la…

Comme pour couper définitivement court à la conversation qui ne nous menait plus nulle part, je fis l’effort de mobiliser à nouveau mon attention sur ce qui était sensé être notre activité principale, à savoir la cuisine, l’incitant à faire de même puisque - après tout, c’était elle qui nous avait impliqués dans ce merdier – et occultant probablement ses réactions immédiates. Mais je n’arrivai pas à me concentrer ; je regardai tour à tour les plats, les instruments et les ingrédients et ils avaient autant de sens à mes yeux que s’il s’agissait d’un problème mathématique insoluble. Et le talisman trônait au milieu, pièce maîtresse de tout ce bordel. Je crois que s’il n’y avait pas eu ma fille juste à côté, j’aurai tout envoyé se briser à terre avant de partir sans lâcher un seul mot de plus. Question de fierté. Question d’orgueil. Question d’ego. Un léger sourire triste vient imprimer mon visage une fraction de seconde : si mon égo était monstrueux, le sien n’était pas mieux… Et c’était peut-être pour ça que nous nous attirions et dégouttions tant en fin de compte, le monde était trop petit pour deux monstres tels que nous. Alors la cuisine d’un appartement, n’en parlons même pas ! Mais ça elle n’était pas prête à l’admettre.
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