White flags over the mountains

Mer 5 Sep - 12:22

- Ce qui ne me tue pas~

Marchant à grand pas dans les rocailles, couvert des pieds à la tête de vêtements adaptés à un mission en montagne, son sac bien dans le dos et sa chienne à la jambe, Cy chantonne.

- Me rend vi-cieeeux~

Peut-être est-il un peu agacé d’être ici. Peut-être. Mais dans l'absolu, la mission ne le dérange pas : il a fait bien pire que de la chasse à la Harpie, même si celle-ci implique un voyage jusqu’au Tadjikistan.
Au Tadjikistan. Il ne savait même pas que c'était un pays avant d’y mettre les pieds et de faire tamponner son passeport. Il ne savait pas non plus qu'il allait se retrouver les pieds dans la terre à marcher en altitude mais ça à la limite, ça ne le dérange absolument pas. Il reste un fils d'homme des bois -et de fleuriste- alors la randonnée, ça le connaît.
Et puis il a un bon compagnon de mission. Pas Nàtt, non, un véritable humain qu'il aime bien. A qui il a envoyé un barrage de SMS terriblement américains dans leur formulation lorsqu'il s'est rendu compte du nom de son partenaire de chasse, quelque chose qui ressemblait à “OMG MEC ON PART ENSEMBLE CHASSER OMG OMG TROP BIEN MON DUDE".
Rien d’excessif quoi.

- Hey, Ether.

Au moins a-t-il la décence de ne pas laisser l'enthousiasme idiot de ses compatriotes le gagner lorsqu'il n’a pas de clavier. Il est même d’un calme olympien, d'un professionnalisme remarquable en tous points dignes de sa position.

- Est-ce que tu crois qu’ils étaient sérieux pour les manteaux de vison, ou c’est un prétexte idiot pour nous envoyer régler le problème ?

Parce que l'ordre de mission est formel : ils doivent s'occuper d'une Harpie voleuse de manteaux de fourrure. Au milieu du Tadjikistan. Difficile de ne pas croire à la mauvaise blague en assemblant les éléments entre eux, tellement le tout semble sorti de l'esprit d’un scénariste sous acides. Il ne manque plus que le duo d'enquêteurs en pleine bromance, dissemblables mais assez assortis pour que les jeunes filles fassent des blogs plein de photomontages avec des coeurs et… Et cet ingrédient est déjà présent : c'est eux. Le bel asiatique sociable et l’américain mal embouché mais au grand coeur sous ses airs de bête sauvage.

- On est un pilote de série pour nénettes…

Ce qui n’a pas l'air de faire très plaisir au lovable bear de la série imaginaire, qui fronce les sourcils alors qu’il partage sa conclusion -probablement incompréhensible en dehors de son propre train de pensées.

- C’était un prétexte idiot pour une série pour gamines, mec.

Non, absolument pas, monsieur Thorne. Vous êtes à côté de la plaque.

Mer 12 Sep - 8:27

Le Tadjikistan… Ether pourra enfin mettre une croix dessus, et s’il pouvait visiter le Turkménistan ensuite, il aura fait le tour de l’Asie centrale. Ainsi, il aurait accepté cet ordre même sans le bonus additionnel d’être en dyade avec son pote Cy. Dans son train, il avait reçu ses SMS avec plaisir, répondant coup sur coup avec des tournures fromagées et suspectes allant dans le sens de My body is ready en plus indécent. Des excès textuels ? Pourquoi pas.

Il l’avait rejoint dès que possible, gardant tout comme lui une certaine distance, mais moins par professionnalisme qu’à cause du faussé entre leur relation par correspondance active et leurs rencontres physiques beaucoup plus rares. D’ici quelques heures, il se réchaufferait à sa présence, tout au contraire de ses fesses à l’altitude.

- Elles ont intérêt à avoir les visons parce que j’me les gèle ! S’exclama-t-il. Oui, Ether portait un manteau, mais celui-ci était complètement inutile pour couper le vent. Il débarquait directement de la chine, voisine très connue et gigolette du Tadjikistan, où tout était sale, chaud et humide. Ici, c’était propre, c’était beau, c’était large, ça avait l’air accueillant en photo, mais le vent était un vrai salopard qui se glissait dans son dos comme un frisson d’appréhension avant un bon coup de poignard.

Il essayait de regarder la carte qu’on leur avait donné avant la mission, mais la brise n’était pas plus tendre avec elle.

- Fais attention aux caméras cachées Bro, jsuis pas mal certain d’en avoir vue une quand j’suis allé pisser. Ces gamines sont perverses et on devrait se mettre au boulot parce que je vois déjà le scénario : cette nuit, toi, moi, le froid, une tentative de rester au chaud. Elles vont perdre leurs culottes et ça va être dégelasse.

Si la carte voulait bien rester tranquille deux minutes, ils pourraient peut-être trouver l’endroit le plus stratégique pour planter leur campement avant de partir à l’aventure, histoire d’avoir une base ou revenir cette nuit, avec ou sans visons.

- Ok tiens-moi ça. Dit-il en lui tendant le morceau de papier hyperactif.

Dim 16 Sep - 5:13

Cy renâcle, grogne et s'agace, dans son langage personnel proche de celui du Néandertal, de ces histoires de caméra cachées. Le problème vous voyez, c'est qu'il a une parfaite idée de ce qui arriverait dans une série romantique. Ou dans un livre Arlequin, dans un autre genre, parce qu'il en a lu un nombre certain. Foutu romantisme idiot.

- Et il n’y aura qu'un sac de couchage en fait et on le partagera.

Nouveau bruit dédaigneux, le nez qui fronce et le regard qui lance des éclairs sur le décor -fabuleux, merveilleux, il adore ces montagnes en bon homme des bois- tout autour.

- Je te préviens, si t'as froid tu dors avec la chienne. Mon sac de couchage est le territoire souverain du Cyjistan et on n’accepte pas les réfugiés climatiques. Personne ne perdra de sous-vêtement.

Et puis franchement, ce scénario serait nul. Il serait plus intéressant de les ensevelir sous une avalanche et de les faire mariner trois jours avant les renforts sauveteurs de dernière minute.
Ce qu'il ne va pas dire à haute voix.
A la place il continue de faire sa tête de bouc à la noix. Et il faut dire qu'il le fait très bien, de manière parfaitement convaincante : il y a même un caillou qui prend un coup de pied botté -bottes à doublure de fourrure, il est tellement bien là dedans il pourrait en mourir de joie- quand il s'avance pour tenir la carte.

Avec méthode, il en bloque les bords pour immobiliser le papier, puis se tourne pour être dos au vent, l'empêcher de souffler sur leur plan. Ou sur son ami slash collègue aussi, d'accord, il l'admet dans son for intérieur. Monsieur Thorne est un taiseux mais il a le mérite de ne pas être un mauvais bougre. Il aime bien l'autre Chevalier, il est prêt à se plier presque en quatre pour lui filer un coup de main ou rendre l'expédition plus confortable pour lui. S'il avait su il lui aurait apporté un de ses bons manteaux, d'ailleurs…

- J'ai un sous-pull en trop dans mes affaires.

Non, il a un sous-pull en pile-assez si jamais il tombe dans un ruisseau et qu'il a besoin d'en changer. Mais lui il ne manque pas de couches pour couper le vent, ou d'habitude des milieux glacés, et il est sympa. Ether l’est aussi mais il n’a pas les deux autres caractéristiques.

- Tu le prendras demain. Hors de question que tu rentres au QG avec un rhume alors que je suis avec toi.

Donc ce n'est pas une question, très bien. La politesse est morte. Il rajuste d’un coup d'épaule son sac dans son dos.

- Tu trouves ce que tu cherches là dessus ou tu veux que je jette un oeil ?

Mar 2 Oct - 16:30

Bruyamment, il renifle et rit, puis échange un regard avec la chienne dont les grands yeux expressifs semblaient dire qu’elle avait pleine conscience de son implication dans la conversation.

Après avoir tendu la carte à son camarde, Éther lui caresse doucement la tête.

À la chienne, pas à Cy ! Ouste les petites perverses.

- Rassure-toi, je confirme qu’il y a deux sacs de couchage… Mais j’sais comment attacher les fermetures pour en faire un seul beau gros nid d’amour, si jamais. Dit-il distraitement, toujours amusé, mais trop concentré sur la carte enfin immobile, ou relativement immobile du moins, pour articuler son ton de sorte à rendre claire sa plaisanterie. Assurément, les jeunes analystes en herbe de leur émission nunuche verraient ça comme l’aveu inconscient de son désir débordant.

Quelle connerie.

L’asiatique suivit les mouvements de Cy, tournant en même temps que lui à contrevent de sorte à garder ligne de mire sur le gros bout de papier plastifié. Il le remercia au passage pour le sous-pull du lendemain. Malgré que ça ne l’aiderait pas dans l’immédiat, il appréciait vraiment cette petite attention … Au moins autant que les fanatiques imaginaires qui rêvaient déjà de le voir porter les vêtements de son compagnon. Éther rigola silencieusement à cette idée, souriant malicieusement, mais sans partager sa connerie intérieure avec l’autre de peur de voir son offre retirée par pudeur vengeresse.

- J’cherche un bon endroit pour camper… Comme ça on pourra laisser nos sacs lourds et nous réchauffer en r’venant au lieu de nous casser le cul à monter des tentes dans le noir.

Évidemment, Cy allait sans doute se montrer plus apte que lui pour trouver l’endroit idéal. N’avait-il pas grandi dans un bled similaire ? Les yeux roulants, Ether geignit de frustration avant de reprendre la carte, échangeant sa position avec celle de son ami pour lui donner accès aux configurations géographiques de leur territoire de chasse.

Comme pour souligner l’urgence, la brise se leva, sifflant si fort qu’Ether se demanda si les sons venaient vraiment de l’air ou si des cris monstrueux se faisaient portés par les bourrasques. Et puis, comme en réponse à son interrogation, un hurlement déchirant retentit au loin alors que le vent s’apaisait.

Sam 6 Oct - 7:34

- J'ai une lampe frontale s’il faut monter des choses dans le noir.

Des choses.
Des choses. Pas des gens.
Et puis de toute façon, le ton de Cy est intensément plat, factuel. Lampe frontale dans la poche gauche de son gros sac, avec la trousse de secours, parce qu'il préfère être trop préparé que pas assez, parce que porter du matériel ne le dérange pas beaucoup.

- Et ils font des tentes qui peuvent être montées en deux secondes même par…

Des gens mous de la ville, se retient-il de dire.

- … Des festivaliers bourrés. On est des Chevaliers entraînés. Ca devrait être facile.

Ou pas. Toute cette situation peut devenir beaucoup plus difficile très rapidement, il en a parfaitement conscience. Il ne chassent pas de chaton, après tout, mais une Harpie. Une sale bête aux griffes cruelles, un véritable danger. Mettre en place deux tentes et deux sacs de couchage risquait de devenir le cadet de leurs soucis.
Mais ça ne l'est pas actuellement. Il échange de place pour chercher un endroit où poser leurs fesses et leur matériel, parcourant du regard la carte, inattentif au monde autour. Il y a une vallée un peu plus loin… Oh ! Un à-pic, c'est tout aussi intéressant. Un creux entre deux flancs de montagne ? Il regrette de ne pas avoir de plan des grottes du coin soudainement. Ils pourraient s’y cacher beaucoup plus facilement.

Pour éviter la Harpie par exemple.
Le cri perçant a un effet double absolument amusant : humain et chienne lèvent le nez en même temps, cherchant l'origine du son.

- Forcément, forcément…

Fin du cri. Un peu de temps pour respirer. Début du hurlement suivant. Cy marmone dans sa barbe de trois jours en essayant de replier la carte aussi rapidement que possible, avant de se souvenir qu'il n'est pas seul. Nàtt grogne, un roulement régulier et agressif sorti entre les babines retroussées.

- Il y a une vallée de l'autre côté de ça.

Ca c'est la surface rocheuse au sud, qu'il pointe du doigt. En courant ils devraient y arriver assez vite, avec de la chance. Et s’ils n’en n’ont pas… Bah. Ils verront.

- On peut s’y cacher le temps qu’elle nous lâche les miches. Ou trouver une grotte.

Le hurlement a l’air de s’approcher. Il n’y a plus de temps pour hésiter, ou lambiner ou prendre la pose pour les caméras. Le consultant attrape sans hésiter le coude de son ami pour le mettre en route, un geste proprement inutile avec un homme qui a plus de bouteille que lui -mais il a l’habitude des petits débutants en ce moment.
Au moins monsieur Thorne n’a-t-il pas l’air effrayé, juste agacé. La créature mortelle qui se rapproche d’eux le blase.

- Allez !

Mar 4 Déc - 18:04

- Attention quand tu parles de miches et de grottes. Les montages hors contexte, de nos jours … Commença-t-il quand son pote lui tira la manche pour se mettre en course. Comme quoi le sense de la connerie prédominait celui de la survie. Une fois en mouvement, il ne se fit pas prier et, bien vite, il le dépassait de quelques pas. Pas trop non plus, parce qu’il suivait encore ses directions d’experts en montagnes froides. La chienne aurait très certainement pu les dépasser tous les deux aussi, mais elle faisait sensiblement la même chose que lui, suivre Cy.

Le cri unique qui traverse les montagnes trouve rapidement réponse. Ils courent vers le sud et s’éloignent vaguement des premiers, mais Ether aurait pu jurer qu’il y en avait de nouveaux qui s’approchaient de tous les sens.

- C’est moi où y’en a plus d’une ? Dit-il en pleine course, le souffle un peu court.
- Oh mec, j’ai tout compris, elles font une parade de mode en fait. Il parlait peut-être un peu fort, mais le vent criait bien plus fort que lui.

La bonne nouvelle, c’est que la vallée était plus proche qu’elles. La mauvaise, selon Ether, c’est qu’il ne comprenait pas trop comment une belle petite vallée à découvert serait systématiquement un bon abri contre des créatures volantes. Ah, et, à vue d’œil, parce qu’ils s’approchaient de plus en plus, il y avait une petite rivière au creux de ladite vallée. Pas gelée, mais un facteur refroidissant quand même.

Il se retourna, tout en avançant, pour voir si Cy était toujours sur de lui-même. Sauf que, évidemment, courir presque à reculons dans des rocheuses, c’est pas l’idée du siècle et l’asiat se prend vite les pieds, tombe sur le flanc et déboule quelques pieds avant de se relever d’un bond. Il se secoue à peine, mais en poussant une exclamation d’éveil, comme s’il venait de se prendre huit cafés plutôt qu’une chute de boulet, et continue d’avancer comme si de rien était. Il risquait de le sentir plus tard, mais pour le moment l’adrénaline lui coulait dans les veines.

En bas, dans la vallée, pas trop loin d’avoir les pieds dans l’eau, ils n’ont pas le choix de s’arrêter. Il y a une petite formation creuse pas trop loin d’eux et Ether la pointe à Cy. Malheureusement, ce n’est rien qui puisse vraiment les protéger d’une attaque massive de vieilles croutonnes ailées. Rendu dans son ombre, par contre, le chevalier aperçoit une vraie caverne dont la noirceur s’enfonce dans la colline… De l’autre côté du cours d’eau.

- Ah oui, c’est malin ça. Dit-il en la désignant de la main.

Lun 21 Jan - 14:30

- Une parade de… Ether ! Moins de blabla plus de course !

Une parade de mode, mais quelle idée stupide ! Malheureusement elle est de l'acabit de leur mission, donc possiblement réaliste : ils peuvent être poursuivis par un podium entier de harpies voleuses de vison dérangées en pleine présentation de leur collection hiver-hiver.
Ou pas.
Ce n'est de toute façon pas le moment d'essayer de comprendre les motivations des créatures à leurs trousses. Il faut continuer de courir, ce que Cy fait comme un très bon professionnel. Respiration rapide mais régulière, regard bien face à lui, foulées longues, il démontre -en frimant légèrement- sa bonne cardio autant que sa concentration. Celle que n'a pas son compagnon de chasse à la greluche volante.
En le voyant tomber, le Consultant pousse un cri de surprise alarmée. Il craint un instant qu'Ether se soit cassé quelque chose, qu'il aie vraiment mal… Mais il se redresse. Bien. Il faut continuer de courir.

Jusqu'à ne plus pouvoir. La rivière se fait foudroyer du regard par le blond. Rien ne se passe jamais facilement, c'est si agaçant ! Les dix premières missions avec des imprévus étaient drôles mais une fois arrivé à la deux-millième tuile c'est juste plus drôle. Ca ne fait que blaser un peu plus monsieur Thorne, qui est déjà très las de ces conneries liées à l'Ordre.

- On ne traverse que si on a pas le choix.

De nouveau il tire sur le coude de son coéquipier, le traîne derrière lui vers le petit renfoncement.

- Peut-être que si on en blesse une…

Nàtt fait le gros dos derrière eux, devenue une balle sombre de poils et de crocs emplie d'un grondement menaçant qui n'a pas l'air de se taire. C'est dans ces cas qu'il est heureux d'être son protégé. Un chien-loup est une arme de dissuasion très efficace. Reste à savoir si elle marche avec des harpies.

- … Peut-être qu'elles nous laisseront en paix ? Je sais pas.

Ce qui ne l'empêche pas de poser son sac au sol pour sortir de sa housse une arme à feu. Il sait faire deux choses bien : vivre dans la neige et tirer. Il est actuellement en plein dans sa zone de confort, au milieu des montagnes à vérifier rapidement que son arme est en état.

- J'ai jamais chassé de harpie. Et toi ?

Est-ce que c'est louche s'il a l'air joyeux d'un coup ? Parce qu'il a l'air heureux de se rendre compte de la nouveauté. C'est idiot.

- Si tu as des conseils je les prend.

Il finit sa phrase en mettant en joue le ciel encore clair alors que les hurlements se rapprochent.

Mer 13 Fév - 15:56

Sa gorge est sèche et ses lèvres gercées. Il les humecte, ou du moins il essaye, en contemplant leur situation périlleuse. Cy avait l’air de bonne humeur, au moins, mais Ether était plutôt en mode survie, donc ni optimiste, ni pessimiste. Juste en train de chercher une suite d’actions optimales pour venir à bout de leurs assaillantes.

- Personnellement, non, mais j’ai entendu des histoires…. Et elles ont toutes la même morale : ne pas se faire égratigner ou mordre. Ces horreurs sont plus venimeuses que moches.

Le ciel se noircit d’ailes hideuses et Ether déglutit. Il gémit plaintivement, et pas parce que le vent, près de la rivière, était encore plus froid et faisait rougir et s’engourdir son visage. Ils auraient dû sauter dans la maudite rivière avant qu’elles arrivent, la grotte aurait été plus facile à défendre qu’un ciel découvert !

Il dépose son bagage et commence à fouiller dedans en presse. Maintenant qu’ils ont arrêté de courir, sans vraiment en souffrir encore, il sent que sa cheville gauche est fragile. Elle a dû se tordre dans sa chute. Du coup, quand il se penche et manque de tomber vers l’avant, il agrippe Cy par la hanche pour retrouver son équilibre. Ses doigts crispés s’enfoncent dans le flanc de sa fesse droite pendant que, de l’autre main, Ether tassait les vêtements, les rations, la trousse de premiers soins pour finalement mettre la main sur un fusil de détresse accompagné de quatre recharges pyrotechniques.

- Tu en as un, toi aussi. Normalement.

Dit-il en se relevant et chargeant le pistolet. C’était un petit calibre, définitivement pas fait pour être offensif, mais quand même intimidant. Après tout, il servait à lancer des projectiles explosifs. Sur une courte distance, ils avaient le potentiel de gravement blesser, voire de tuer une cible.

- Comme toutes les créature volante, si elles tombent et ne peuvent plus s’envoler, on peut considérer qu’elles sont mortes. C’était d’autant plus vrai pour celles-là qui avaient des serres à la place des pieds.

Étrangement, les créatures n’attaquaient pas encore, même si elles étaient en mesure de le faire. Elles passaient au-dessus de leurs têtes, se bousculant les unes les autres. Ah, et, aucune d’entre elles ne portait de manteaux de fourrure.

- … Elles peuvent pas ne pas nous voir, quand même.

Murmura-t-il, avec l’écho d’un questionnement à la fin de la phrase.

- Est-ce qu’on essaye de rejoindre l’autre rive… ?

Dim 10 Mar - 8:29

Concentré qu’il est sur sa mise en place puis sur le ciel dans sa lunette, Cy oublie de se préoccuper des actions de son binôme. Il l’entend geindre, le sent fouiller, mais tout ce qui l’intéresse ce sont les points noirs sur fond bleu qui s’approchent.
Sa respiration ralentit, se fait presque oublier pour qu’il puisse se stabiliser.
Et Ether trébuche. Il sent les doigts de l’autre homme s’enfoncer dans son muscle fessier, son poids s’appuyer sur lui, aussi se met-il très logiquement à gronder dans sa barbe.

- Mec, tu es pas obligé de me toucher les fesses pour l’audience…

Celle qui n’existe pas donc. Ce n’est pas que le contact l’ennuie -on lui a bien assez mis des mains au postérieur dans sa vie pour qu’il s’en fiche- mais c’est qu’il a été déconcentré par ce âneries, qu’il s’inquiète un peu aussi pour le Chevalier, et finalement qu’il ne sait pas bien comment exprimer cet ensemble de sentiments. La seule option qui semble utilisable est la plaisanterie sur leur bromance diffusée à l’écran.
L’humour débordant l’occupe une ou deux secondes, puis c’est retour sur les cibles. Qui n’attaquent pas. C’est n’importe quoi encore cette histoire, le chasseur blond soupire. La seule chose qui fasse sens sur l’instant est le pistolet de détresse entre les doigts de son camarade. Un hochement de tête approbateur le salue.

- Je sortirai le mien si j’en ai besoin.

Pas de suite. Il a encore des balles de son arme de prédilection, ses doigts valides pour tirer, même une des harpies parfaitement en joue.
Et il la perd pour baisser son fusil, regarder le Grand Rien juste devant lui le temps de réfléchir à la suggestion murmurée. Lui était plutôt partant pour simplement rester sur place, tirer toutes les greluches volantes qui pourraient approcher, éventuellement fuir au tout dernier moment… Mais la suggestion d’Ether n’est pas bête. Au contraire. Enfin elle l’est partiellement parce qu’il a sa patte folle et la capacité de course d’un hamster obèse par conséquent, mais il y a quelque chose.

- Je sais pas… Mais si elles ne nous voient pas autant en profiter. Je pars en premier et je les attire.

L’arme est posée au sol, le sac du blondinet lentement remis sur son dos pendant qu’il continue à chuchoter.

- Tu prends Nàtt avec toi. Je pourrais te couvrir si elles ne me trouvent pas assez séduisant.

Qui pourrait les blâmer ? Bon, c’est pas le moment de faire des concours de beauté intra-Ordre, monsieur Thorne. Il y a des harpies à semer.
Hein, quoi, demander si le plan convient à tout le monde ? Non. Pas au programme.

- Pars quand je suis au milieu du ruisseau. Nàtt, protège.

Et voilà Cy parti sans un regard en arrière. Avec un cri pour attirer à lui les dindes venimeuses, en claquant des talons autant qu’il le peut et en agitant un bras, il commence sa course vers le ruisseau.

Dim 28 Avr - 17:21

- Mais si, regarde, elles semblent aimer ça assez pour ne pas nous attaquer !

Dit-il en donnant un petit coup de menton pour désigner les harpies. Parce que oui, si ça se trouvait, elles étaient des fans venues assister au spectacle en live et rien de plus. Ça expliquerait pourquoi elles étaient en si grand nombre et n’attaquaient pas.

- C’était quoi l’ordre de mission, déjà ? Est-ce qu’on doit récupérer les manteaux ou toutes les tuer ? Les capturer ? Parce qu’on est pas vraiment équipé pour, en fait.

Et puis tout se passa très vite... Après sa proposition hésitante, Cy répondit et s’élança alors qu’Ether regardait encore les horreurs volantes qui commençaient justement à leur prêter attention. Il jura un peu en remettant le fusil dans son sac imperméable et referma maladroitement ce dernier tout en se précipitant à la suite de Cy qui avait déjà atteint la rivière.

Il évita de justesse les serres d’une harpie qu’il frappa impitoyablement du poing. Évidemment, c’était loin d’être suffisant pour la mettre à terre et elle revint à la charge, cette fois avec le bec. La tirer, ça aurait pu être une bonne option, mais ruiner l’arme et les cartouches dans l’eau glacée… Pas tellement. Or, plonger dans la rivière, ce fut justement ce qu’il fit pour éviter la morsure. L’eau n’était pas très profonde, mais les gouttelettes éclaboussèrent la créature qui hurla et crissa avec toute la majesté d’un concert de verres qui se brisaient, comme si le liquide était de l’acide.

Le courant n’était pas trop fort, mais c’était si froid qu’il fut momentanément déboussolé. Heureusement, la chienne de son ami l’aida à retrouver la berge. Et sortir fut agréable pour quelques secondes… Parce que l’air était quand même moins glacé que l’eau… Au moins, jusqu’à ce qu’une bourrasque cruelle les frappe et attise froid comme il n’en avait jamais connu. Il détala vers la caverne, d’abord à quatre pattes, mais en se redressant rapidement, quoique jamais complètement parce qu’il évitait encore les attaques de harpies qui ne voulaient pas descendre trop près de l’eau.

Elles ne semblaient pas vouloir se risquer à entrer trop profondément dans la caverne non plus, ainsi, il put s’arrêter après s’y être enfoncé de quelques mètres, à bout de souffle et tremblotant.

- Cy ?

Sam 25 Mai - 12:28

- On doit s’en occuper.

La voix de Cy est un miracle d’expressivité, cette fois : elle déborde d’ironie, de lassitude, d’agacement aussi, et se permet de contenir un rire entre les mots en bonus. C’est une reproduction assez fidèle de son état mental un peu mis à mal par le fait qu’il ne peut pas répondre vraiment à la question. L’Ordre doit vouloir les voir prendre des initiatives. Décider de si les Harpies doivent être tuées ou pas. Mais il a la flemme de décider, lui. Les hauts gradés pourraient au moins avoir la décence de comprendre ça et lui filer des ordres simples, précis.
Enfin. Ce n’est pas le moment de se plaindre des huiles, c’est celui de se bouger les fesses. Il ne veut pas avoir à choisir le sort des créatures qui les attaquent mais il veut sauver ses miches, le Consultant, alors il agit.
Et il court comme un idiot. Vers la rivière.

L’eau est froide. C’est la première chose sensée qui lui passe par la tête lorsqu’il fiche les pieds dans le courant. La seconde chose intelligente qu’il se dit, c’est qu’il n’a pas assez bien fait son travail. Une partie des Harpies est bien en train de lui voler après, leurs vilaines serres dégueulasses pointées dans sa direction, leurs cris hystériques dans ses oreilles… Mais il y en a qui en ont après Ether. Il le voit en tournant un peu la tête.
Il est vraiment trop joli garçon pour son bien.
Alors Cy crie pour mieux faire son travail de leurre. Il hurle des insultes, agite son arme dès qu’il a mis les pieds hors de l’eau, recule au lieu de courir. Ca ne suffit pas entièrement. Ca suffit quand même un peu. Il continue donc de marcher à reculons, plus concentré sur leurs adversaires que sur son binôme et sa chienne, soudainement très professionnel. Il a l’air d’un vrai chasseur quand il s’arrête à quelques pas de l’entrée de la grotte et qu’il met en joue les saletés volantes, prêt à leur tirer dessus.
Elles arrêtent de s’approcher. Ether rentre. Est-ce que s’il tue une des bestioles, elles s’en iront ? Ou est-ce qu’elles voudront venger la présidente potentielle de leur club de dindes mal embouchées ? Impossible de le savoir, il ne va pas jouer et risquer de perdre. Il baisse son arme après un tir dans le vide qui éparpille leurs poursuivantes.

- Ether ? On va aller plus loin. Allez.

Il l’entend respirer comme s’il n’avait plus d’air et dans le fond, il s’en veut de le remettre en marche mais il va falloir qu’il se sèche aussi. Et pour ça, il faut du calme.
Le blond vient donc récupérer son ami, se mettre sous son bras pour le porter.

- Il faut que tu aies chaud et que tu changes de vêtements, sinon tu vas geler sur place.

Ce qui fait, bizarrement, froncer les sourcils de Cy.

- Il va falloir te mettre à poil. Ca va devenir bizarre.

Ha, voilà. C’est pour ça qu’il est perturbé.

- Ton sac est étanche ou je dois te prêter des fringues ?

Ven 16 Aoû - 11:36

S’en occuper. Quelle blague. Ether avait bien envie de s’occuper de la personne qui les a envoyés faire cette mission, et vous pouvez interpréter ça comme vous voulez. De la même façon qu'ils devaient maintenant interpréter leurs ordres.

- On en tue juste assez pour se sortir d’ici et on va installer un foutu système de sécurité chez le marchand de manteaux ? Fait-il, très sérieux. Bien sûr, il aurait l’air plus sérieux si ses dents ne s’entrechoquaient pas à toutes les secondes, sans parler des grimaces qu’il faisait tout le long. En vrai, si leur mission était carrément d’empêcher les vols de vêtements, ce n’était peut-être pas auprès des harpies qu’ils devaient intervenir. Un bon système de sécurité dans la porte, un petit talisman et une tranchée de sel autour de la boutique et le tour serait joué.

Il se sent tellement con de ne pas y avoir pensé avant... Comme quoi, un bain glacé, ça remet les idées en place.

Ils pourraient en reparler après qu'il se soit changé, quand il ne serait pas en danger de littéralement mourir gelé. Un bain glacé, ça remet aussi des priorités en ordre.

Ou pas, parce qu’il est juste incurable.

- Mais oui, mets-moi à poil, Cy.

Il rit et les éclats auraient presque pu être chaleureux si seulement Ether n’avait pas aussi violemment frissonné et claqué des dents en même temps. Blague mise à part, Ether est capable de se déshabiller seul comme un grand et il commence à le faire sans attendre la réponse de l'autre.
Vraiment, tu sais que tu es carrément dans le trou de cul glacé du monde quand être nu est moins froid que de porter des vêtements mouillés.

- Il est étanche.

Répond-il en même temps, juste avant de l’ouvrir. Étanche, mais quand même froid et un peu humide. Ce qui n’empêche pas Ether d’enfiler des sous-vêtements, dont deux paires de chaussettes chaudes. Ses bottes étaient foutues, mais il avait heureusement des chaussons en tissu imperméable à mettre par-dessus la laine mérinos. Les pantalons de rechange suivent juste après.

- Je te prendrais bien le sous-pull dont tu parlais plus tôt, par contre.

Si ça se trouve, ça couperait mieux le vent que son manteau qui était aussi foutu que ses bottes pour le moment.