LIENS UTILES
Nouveau?
Code de vie
Contexte
FAQfadet
Groupes
Sanctuaires
Artéfacts
Bestiaire
Fonctions
Races jouables
Défis mensuels
Textos
Missions
Vedettes
Absences
Partenariat



Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal


Is it love or schizophrenia ?  - Page 2 Empty
Is it love or schizophrenia ?  - Page 2 Empty
Is it love or schizophrenia ?  - Page 2 Empty
Is it love or schizophrenia ?  - Page 2 Empty
Is it love or schizophrenia ?  - Page 2 Empty

Is it love or schizophrenia ?

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Aller à la page : Précédent  1, 2
Message Is it love or schizophrenia ?  - Page 2 Empty
Sam 7 Mar - 20:13

★★★★
Points : 50
Messages : 94
Age : 27
Habitation permanente : Old Fyre
Occupation : Médecin
Ollie Blue

Ollie Blue
Elle écoutait les réponses que lui fournissait Victoria, sans la regarder pour autant. Le monde extérieur semblait accaparer toute son attention, mais elle était attentive à la moindre des syllabes qui étaient prononcées. Et l’autre devait le sentir, puisqu’elle ne s’interrompit que pour reprendre le fil de ses idées, sans pour autant cesser de déballer la litanie d’informations qu’Ollie engrangeait machinalement. Puis, la dernière voyelle resta suspendue dans l’air, sans que l’une ou l’autre n’enchaîne.

Olivia baissa les yeux un instant, sentant une présence, et elle remarqua immédiatement la main de Victoria à quelques centimètres de la sienne. Elle planta son regard dans le sien et annonça d’une voix froide, mais teintée d’une microscopique touche d’humour :

- Si c’est la clope que tu veux, prend en une dans le paquet. Je n’ai pas réellement envie de repartir pour un second tour si tu poses tes lèvres sur la mienne. Je ne pense pas que je supporterais d’avoir couché avec un gobelin, aussi douée sois-tu.

Elle reporta ensuite son regard vers la fenêtre et prit une grande inspiration. Que devait-elle faire ? Qu’allait-elle décider ? Allait-elle lui expliquer, lui raconter, se dévoiler ? Elle ne savait pas. Son instinct semblait lui faire défaut pour le coup. Après tout, elle avait suffisamment fait confiance à Victoria pour la ramener dans son appartement, mais si on prenait en compte les événements qui en découlaient, ce choix s’était avéré plutôt nul et probablement influencé par l’apparence générale de son interlocutrice. Ollie n’allait pas se mentir à elle-même : Victoria était magnifique. On pouvait distinguer son corps athlétique malgré les couches de ses vêtements, la crinière de cheveux bouclés qui entouraient son visage la rendait incroyablement sensuelle, l’expression de son visage indiquait qu’il ne valait mieux pas l’emmerder et ça ajoutait encore à l’attraction qu’elle exerçait sur elle. Victoria était belle, et comme toujours, à pourchasser la beauté, Ollie s’était attirée des ennuis. Exaspérée par son propre comportement, elle retourna s’affaler dans le canapé.

- Tu me dis que j’en parle déjà au passé, comme si j’avais décidé de te suivre dans une aventure aussi dingue. Mais tu n’as pas vraiment compris. J’en parle au passé parce que je ne pourrais jamais revenir en arrière. Point. Que je décide de travailler pour ton organisation ou pas, je ne pourrai jamais faire abstraction de cette journée et…

La jeune femme s’interrompit et posa ses yeux verts sur Victoria, la détaillant des pieds à la tête, s’arrêtant sur la courbe de ses jambes, de ses hanches, de sa taille, de ses seins. Autant la jouer franc jeu.

- Très honnêtement, je ne doute pas de la capacité d’oublier que peut me fournir ton employeur. Mais ça impliquerait aussi d’oublier les moments que l’on a partagé et, sincèrement, ça me ferait chier.

Elle était maintenant arrivée à son visage. Elle avait aimé embrasser ses lèvres, caresser sa joue, se perdre dans ses yeux, mordiller son oreille. Elle ne voulait pas que ces instants d’absolue volupté quitte sa mémoire, c’était hors de question. Elle avait désiré cette femme, elle la désirait encore. Elle ne voulait pas l’oublier.

Désormais calmée, elle regrettait presque certains des mots qu’elle avait pu avoir à son encontre. Elle aurait aimé être capable de se retenir, de se contenir, ou de ravaler ses paroles. Mais ce qui est dit reste dit, et elle ne le savait que trop bien.

- Ecoute Victoria, ne le prend pas mal, mais te suivre ne me semble pas être la voie facile. Certes, et je me dois de te l’accorder, ne plus avoir à m’inquiéter de la manière de payer mon loyer, mes factures, mes études ou ma bouffe semble être un luxe. Mais en contrepartie, j’obtiendrais quoi ? Ce serait quoi, ma vie ? Je ne peux pas décider ça sans savoir ce qui m’attends, à quel point ce job pourrait s’avérer chronophage ou dangereux. Je me forme pour devenir médecin, pas pour parcourir la planète et traquer des créatures magiques qui auraient rompu tel ou tel traité interespèces. Mes études sont prenantes, et même si les missions seraient de courte durée, elles pourraient me faire manquer les cours ou même m’empêcher de passer mes examens. A moins que vous ne soyez dotés d’une technologie me permettant d’être à deux endroits en même temps, ça me semble difficilement compatible. Tu ne crois pas ?

Victoria était toujours debout, semblant entendre et comprendre ce qu’elle venait de lui dire, sans y opposer le moindre jugement, la moindre réaction négative.

- Et puis, tu penses peut-être que je vis dans un appartement miteux, que je galère et que c’est difficile. Tu penses peut-être que ça me faciliterait la vie. Ou pas, je n’en sais rien en fait. Je ne suis pas dans ta tête. Mais…

Elle s’arrêta un instant, le temps de réfléchir, et prit une grande inspiration. Après tout, si son travail était aussi tentaculaire, Victoria saurait tout cela. Si elle décidait de la suivre, ce serait probablement noté dans son dossier.

- Mais tu dois comprendre que pour moi, c’est déjà un luxe. J’ai grandi avec une mère schizophrène dont j’ai dû m’occuper, j’ai vécu dans une vieille caravane miteuse, je portais des vêtements toujours soit trop grands soit trop petits, je mangeais mal et si je ne cuisinais pas je ne mangeais pas. J’était une adulte coincée dans le corps d’un enfant, et pourtant je dépendais quand même des adultes normaux. Ils ont décidé que c’était mieux pour moi de partir, puis de revenir. Alors que non. Maintenant je ne dépends que de moi-même. Si je ne vais pas en cours j’en paie les conséquences, si je ne vais pas bosser j’en paie les conséquences. Mais ce sont les conséquences de mes choix. Détrompe-moi si je me plante, mais j’aurais une hiérarchie au-dessus de moi, des règles à respecter, une ligne de conduite. Et je t’avoue que je ne suis pas très douée pour tout ça. De plus, et c’est important avant que tu ne persiste dans ta proposition, la schizophrénie c’est héréditaire. Et ça peut se déclarer n’importe quand à partir de la vingtaine. Tu comprends maintenant pourquoi la journée d’aujourd’hui a été si… Si éprouvante pour moi.

Elle s’empara de la tasse de café que Victoria avait laissée sur la table basse à son intention et se mit à regarder intensément son contenu pour ne pas avoir à lever les yeux et à affronter le regard de la jeune femme. Elle ne savait pas ce qu’elle y trouverait, et elle devait avouer que ça l’effrayait un peu, voir beaucoup. Ce pan de sa vie n’était pas quelque chose qu’elle partageait joyeusement, autour d’un verre, dans l’ambiance enfumée d’un bar, à des inconnus. Ce n’était pas ce qu’elle disait à ses conquêtes, essoufflée, heureuse, comblée, en retombant sur les draps. A vrai dire, ce n’était pas quelque chose qu’elle disait tout court.

De la pitié ? De la tristesse ? De la moquerie ? De la tendresse ? Tous ces sentiments lui faisaient peur. En fait, ils la tétanisaient. Elle fuyait les sentiments en général, parce qu’elle était incapable de les gérer correctement. Alors elle mettait quelqu’un dans son lit, s’attachait, et trouvait quelqu’un d’autre la nuit suivante. Elle remplaçait les gens, elle évitait d’y penser, elle analysait tout. Toujours, et tout le temps. Cette fâcheuse habitude de décortiquer les mouvements, les regards, de chercher à percer les rouages du moindre raisonnement, de la moindre réaction. Elle n’aimait pas cette facette d’elle-même, bien qu’elle se considère douée dans cette manière d’interagir avec d’autres êtres humains. Ceci étant dit, elle n’avait pas été capable de rester suffisamment maîtresse d’elle-même pour capter réellement les intentions et la manière de fonctionner de Victoria. Que ce soit la veille ou aujourd’hui, la jeune femme s’était laissée submerger, envahir et ça avait assombri ses capacités, un voile s’était posé dessus. Alors à cet instant précis où elle avait besoin de ces informations, elle était perdue. Et elle avait peur.

Lentement, elle leva la tête et chercha ces yeux si beaux, redoutant ce qu’elle allait y percevoir.
Revenir en haut Aller en bas
Message Is it love or schizophrenia ?  - Page 2 Empty
Mar 10 Mar - 2:53

★★★★
Points : 0
Messages : 1251
Age : 33
Habitation permanente : À Old Fyre, dans l’appartement qu’elle partage avec Tullio et Elana Cavaleri. Elle a aussi un appartement en Italie.
Occupation : Anciennement détective, maintenant chevalière à temps plein et maman.
Victoria Machiavel

Victoria Machiavel
Ses doigts prudents avancent lentement, puis, rapidement, s’éloignent quand Ollie lève sur elle son regard perspicace et sa voix froide. Victoria remonte même ses mains de chaque côté de sa tête pour mimer qu’elle capitule… Toutefois, ses yeux courbés sourient sciemment, son regard aiguisé et indiscret convoitant maintenant cet éclat précieux d’humour discerné dans les décombres de leur conflit.    

Ollie tente une insulte, mais Victoria est trop satisfaite des récents progrès pour s’en offusquer. Elle hausse quand même les sourcils, pince les lèvres, et simule d’être heurtée par ses paroles avec une exagération évidente. Ce n’était certainement pas la première fois qu’elle était comparée à une créature magique : elle aura eu droit à la nymphe, à la dryade, au succube, mais au gobelin, ça, c’était quand même une première fois.  

- Les gobelins prennent l’apparence de vieillards, la plupart du temps, l’informe-t-elle en gloussant, je te rassure : je suis entièrement humaine. Par ailleurs… Ollie avait admis qu’elle était douée et Victoria ronronne, dans un italien qu’elle pense incompréhensible, quelque chose entrant dans les lignes d’être contente de ne pas avoir perdu la main après aussi longtemps.

Tout en disant cela, elle extirpe du paquet une clope neuve qu’elle garde entre ses doigts. Elle joue distraitement avec cette dernière en laissant Ollie parcourir son corps des yeux, attendant fermement de croiser son regard avec cet air confiant qui ne laissait aucun doute quant à l’étendue de son égo. En contrepartie, elle ne s’attendait pas à entendre ces mots qui l’attendrissent autant qu’ils la rendent mal à l’aise. Brutalement, elle prend une grande inspiration, seulement pour mieux sentir le timide relent de la passion qui revient. Son regard, sa confession et son subséquent silence traçaient une voie claire et facile : la résolution de leur problème était à distance d’un seul baiser et, malgré ce qu’Ollie avait dit un peu plus tôt, Victoria se sentait convaincue qu’elle pourrait l’embrasser maintenant avec l’oubli puissant au bout des lèvres vers un plus heureux dénouement.  

- Je comprends, souffle-t-elle avec une tendresse qui lui ferait presque peur ; assez peur pour qu’un urgent besoin de fuir ne la prenne : je serais embêtée de m’oublier moi-même, moi aussi, souffle-t-elle avec un humour peu convaincu.      

Les inquiétudes d’Ollie étaient justifiées et une raison de plus de ne pas opter pour la séduction comme seul outil de persuasion. Aussi, elle l’écoute, détournant les yeux pour dissiper l’émotion résiduelle persistante, regardant intensément son café qu’elle savait encore trop chaud pour être bu.        

- Oh, tu n’as pas besoin de faire de missions avant d’avoir terminé tes études. En fait, assez peu d’agents ont mon mode de vie, je te rassure.

Répond-elle tout de suite après son monologue interrogatif. Évidemment, Victoria affirme cela, mais Ollie ne sait pas vraiment en quoi consiste son travail et en quoi il peut souvent être extrême.

- Je fais partie de la vingtaine de chevaliers à temps plein et, en fait, je pense que je suis peut-être la plus active en ce moment, son affirmation s’écho en une interrogation qui trouve pour seule réponse un éclat de rire débouté, je vais au front consciemment parce que c’est là où j’excelle… Mais les missions sont toujours volontaires : il y a toujours l’option de dire non, affirme-t-elle, même si, en vérité, elle ne l’avait jamais fait de son côté.   On compte dans nos rangs plus d’une centaine d’autres personnes – on les appelle les consultants – qui opèrent selon leurs disponibilités. Certains ont été chevaliers comme moi avant de passer à autre chose, de changer de carrière ou de fonder une famille, d’autres le deviendront en finissant leurs études, ou le redeviendront quand le tout s’accordera mieux à leur mode de vie… Notre structure est plutôt horizontale et les ressources humaines sont très accommodantes.  Par ailleurs …

D’une main, elle tire le rebord de sa veste, de même que l’ourlet de sa camisole pour dévoiler les cicatrices qui coulaient sur son épaule… Évidemment, Ollie avait pu voir ces marques la veille – elle les avaient sans doute même embrassées à un certain point – toutefois celles-ci pouvaient prendre un tout nouveau sens maintenant qu’elle connaissait un peu mieux son contexte de travail.  

- Je te garantis qu’on a besoin de médecins et qu’ils te donneraient tout ce que tu veux à condition de t’engager à traiter nos patients.

Victoria prend finalement une gorgée du café qui est encore un peu trop chaud à son gout.  Elle fait de son mieux pour la convaincre, mais, en parallèle, elle se demande ce qu’elle-même veut tirer de cette entente en voie de se concrétiser…  

- Évidemment, cela implique quand même d’en apprendre un peu plus sur des pathologies plus…rares; sur des blessures… atypiques, et sur des traitements parfois moins… conventionnels que ce que ce que tu trouverais dans ton université actuelle.  

Ne pas perdre la face devant ses supérieurs ? En vérité, Victoria se foutait bien de leur option et ce n’était pas comme s’ils avaient les ressources pour la mettre en suspension de toute façon.

- Ensuite… à savoir si tu veux apprendre à ta battre et à aller directement sur le terrain, c’est une autre histoire et ça restera toujours ton choix… Danaé, pour sa part, sort très peu de sa clinique au quartier général.  

Ajoute-t-elle pensivement, regardant à nouveau avec attention la femme debout devant elle. Même avec ses vêtements tachés et son chignon dépeigné, Victoria la trouve attirante. Elle étudie son joli visage avec une fascination détachée, rebutée et obstinée à ignorer l’enjouement qui fait frétiller ses doigts alors qu’elle pense à les glisser dans ses cheveux pour les défaire, les empoigner près de sa nuque et se hisser pour en finir avec toutes ses hésitations.  

Des images allant dans ce sens continuent d’affluer dans son esprit alors même qu’Ollie parle de son passé difficile. Victoria l’écoute, évidemment, mais elle n’est visiblement pas très ébranlée. Si rien d’autre, elle semble convaincue par la situation.

- Je comprends... Je peux imaginer, dit-elle pensivement, c’est presque amusant… ajoute-t-elle, avant de se raviser, pas ton contexte familial ! Je veux dire… Toutes ces coïncidences qui s’accumulent…

Ses paroles restent suspendues dans l’air quelques instants, avec qu’elle se décide à expliquer le fond de sa pensée.  

- Mon meilleur ami, Tullio, voit naturellement les créatures magiques depuis qu’il est tout petit. C’est rare, mais ça peut arriver ; sa famille a pensé qu’il était fou – schizophrène justement – et ils l’ont isolé et surmédicamenté jusqu’à ce qu’il se retrouve seul dans la rue. Il a lui-même continué de penser qu’il était cinglé jusqu’à ce que je le trouve et l’amène vivre avec moi au Quartier Général de l’Ordre.  

Son café remis de côté, Victoria a toujours ce tressaillement au bout des doigts.

- J’étais consultante, à l’époque – c’était quand j’étais dans la police italienne – et j’ai décidé de devenir chevalière à ce moment-là… C’était presque un inconnu, mais on a déménagé ensemble à l’autre bout du monde.

La cigarette éteinte y est toujours également ; elle l’amène finalement près de sa bouche, souriant ensuite contre ses doigts quand elle constate qu’il n’y avait pas de briquet à portée de main : Ollie l’avait laissé sur la table du salon, à l’autre bout de la pièce et cela lui convient, tout compte fait, très, très bien.

- Je ne l’ai pas encore regretté.  

Elle l’abaisse donc pour le moment, attendant patiemment que l’autre femme tire une nouvelle bouffée de fumée qui attisera la braise à l’extrémité de sa cigarette. Enfin, elle en profite et vient y presser le bout de la sienne pour en partager le feu. Ses yeux indolents sont d’abord posés sur les deux bâtonnets, seulement pour remonter et mieux happer son regard. Ses prunelles dilatées, amusées, jouent un instant entre ses lèvres et ses yeux avant qu’elle n’avance, prudemment, vers elle pour saisir le filtre du bout des lèvres, inspirer et laisser la fumer pénétrer ses poumons.    
Revenir en haut Aller en bas
Message Is it love or schizophrenia ?  - Page 2 Empty
Dim 15 Mar - 20:15

★★★★
Points : 50
Messages : 94
Age : 27
Habitation permanente : Old Fyre
Occupation : Médecin
Ollie Blue

Ollie Blue
Ollie était assise dans le canapé, lasse. Elle avait l’impression que cette situation était interminable, que cette conversation tournait en rond. Vidant sa tasse de café d’un trait, elle reporta ensuite son attention sur Victoria et, d’une voix monotone, annonça dans un italien presque parfait qu’elle avait faim et demanda à son interlocutrice si elle voulait une assiette de pâtes, puis migra vers la cuisine et mit de l’eau à bouillir.

Elle fixait intensément la casserole, comme si elle allait y trouver la réponse. Elle savait ce qu’elle allait dire, mais elle voulait être certaine que c’était le bon choix, qu’il n’y avait pas d’autres alternatives. Pensive, toujours sans dire un mot, elle entreprit de couper des tomates, des poivrons, un oignon, d’écraser un peu d’ail et de cisailler un peu de basilic. La poêle bien chaude, elle y jeta les légumes et les aromates, avec un peu d’assaisonnement.

Les odeurs de cuisine envahirent peu à peu l’appartement, Ollie enregistrait les informations que Victoria lui avait données. Tout cela avait l’air censé, fondé, si tant est qu’on acceptait la réalité du surnaturel. Elle n’avait toujours pas prononcé un mot depuis sa sortie en italien, et elle avait discrètement remarqué l’expression de Victoria. Et, en un sens, ça la ravissait. Elle se plaçait de telle sorte qu’elle l’étonnait encore, qu’elle l’intriguait peut-être, malgré l’envie puissante de partir qu’elle avait perçue chez elle.

Après tout, qui aurait eu envie de rester ? Leurs échanges précédents avaient frôlé voire avaient plongés tête la première dans l’hystérie, la haine et la gêne. Olivia avait apprécié les moments partagés la veille, mais elle doutait grandement qu’ils puissent se reproduire. D’abord parce qu’il était fort peu probable que Victoria en ait envie, mais aussi qu’il serait très compliqué pour l’étudiante de se livrer à nouveau face à cette femme qui en savait désormais énormément sur elle. Ollie ne se livrait pas beaucoup, enchaîner les conquêtes étaient un bon moyen de ne pas avoir à le faire. Trouver de l’amour sans avoir à s’attacher, à se dévoiler, à nouer des liens. Et aujourd’hui, elle s’apprêtait à faire le grand saut, à accepter de suivre cette femme, de la voir souvent, peut-être de travailler avec elle, de la soigner. Cette histoire d’une nuit allait se prolonger, pour le meilleur et plus certainement pour le pire : pas de sentiments mais une relation de travail. Ce qui peut s’avérer encore plus compliqué à gérer, par ailleurs. Et ça avait le don de la rendre nerveuse. Très nerveuse. Faire la cuisine était un moyen pour elle de garder son calme, d’arborer une façade de tranquillité. Elle ne devait pas montrer la moindre faille, elle ne voulait plus lui laisser ce pouvoir. Olivia n’était pas une biche apeurée, prise dans les phares d’une voiture. Elle avait laissé ses murailles s’affaiblir, mais c’était fini. Maintenant, face à Victoria, elle ne pouvait montrer aucune faiblesse.

Elle vida un pot de crème dans les légumes, avec un peu de concentré de tomates et quelques épices, puis sortit les pâtes de l’eau et prépara deux assiettes, avant de déboucher une bouteille de vin. C’était étrange cette façon de faire, presque d’occulter la scène qui avait précédé et de mettre la table comme si elle accueillait une amie. Une fois la sauce prête, elle la mélangea et servit le repas, tranquillement, sans relever le moins du monde l’absurdité de la situation. Elle lui fit signe de s’asseoir et servit le vin, en but une grande gorgée et releva les yeux pour planter son regard dans celui de Victoria.

- C’est d’accord.

Et puis elle replongea dans son assiette et ne dit plus rien jusqu’à l’avoir finie, continuant de ressasser sa décision et tout ce que ça impliquait. Elle allait probablement quitter son Université et les connaissances qu’elle s’y était faites, quitter ses jobs, ses collègues, les clients habitués qu’elle appréciait et ceux qu’elle n’aimait pas. Il allait y avoir énormément de changements dans sa vie. Elle allait rencontrer de nouveaux professeurs, apprendre de nouvelles pathologies, de nouvelles manières de soigner les gens, tisser de nouveaux liens, avoir des collègues, des patients, s’ouvrir à un monde complètement nouveau. Et tout ça représentait une modification énorme de son mode de vie.

- Je suis d’accord. Et je veux bien aller sur le terrain comme soutient médical, dès que j’aurai eu la formation appropriée. Il est hors de question que je joue à l’apprentie sorcière avec la vie de mes patients, c’est évident mais… Je voulais devenir chirurgienne traumatique ou urgentiste. Alors autant mettre cette volonté en pratique, quel que soit la réalité dans laquelle je finirai pas exercer.

Elle releva les yeux vers Victoria, attendant sa réponse, sa réaction. Avait-elle fait le bon choix ? Allait-elle le regretter ? Allait-elle s’y faire ? Allait-elle s’avérer douée dans ce métier un peu différent ? Quelles allaient être les scènes auxquelles elle allait assister ? Devenir chirurgien traumatique ou urgentiste dans un hôpital de ville implique de s’occuper de patients qui ont subi un accident de voiture, l’effondrement d’un immeuble, la chute d’un toit… Ici elle allait soigner des soldats, et les blessures qui résultent de combats. C’était l’extrême, le plus difficile à gérer pour le corps, le plus compliqué à soigner. Elle s’engageait à soigner une armée sans même savoir quel était le type de combat qu’elle menait. Elle disait oui à un métier dont elle ne savait en réalité rien. Elle sautait à pieds joints dans l’inconnu. Mais, étrangement, ça ne lui faisait pas plus peur que ça. C’était comme de ramener un inconnu chez elle en ayant, quelque part dans un recoin de son cerveau, la pensée que cette personne était peut-être un tueur en série. Il y avait cette part d’inconnu qui rendait la chose excitante, intrigante, qui la poussait irrémédiablement à le faire. C’était comme de flirter avec le vide, à se tenir au bord d’un précipice, en se demandant si oui ou non on va s’y jeter. C’était grisant, en quelque sorte. Mais maintenant qu’elle avait sauté, elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui l’attendait en bas. Et ce flou, ce sentiment libérateur qui emplissait son être à l’idée de l’inconnu, la rendait aventureuse. Les craintes qu’elle avait pu exprimer à Victoria plus tôt dans la soirée s’étaient évaporée pour devenir des interrogations auxquelles elle voulait des réponses. Elle brûlait désormais de savoir à quoi ressemblait le terrain, à connaître les spécificités des créatures aperçues au cours de la journée, comment les soigner, de voir les affections étranges auxquelles elle allait être confrontée et la manière de les soigner. Petit à petit, une sorte d’enthousiasme s’emparait d’elle, une excitation qui montait et qui, si elle ne la contenait pas, pourrait la consumer. Elle savait que la façade calme, posée et réfléchie qu’elle affichait n’était que ça : une façade, et qu’à l’intérieur tout était toujours une tornade de sentiments, exacerbés, démesurés, presque incontrôlables. Et ça allait devoir changer si elle voulait effectivement aller sur le terrain. Le travail qu’elle allait devoir fournir pour régler cette tornade interne devrait être plus rapide que prévu, et ça n’allait pas être facile. Mais elle y arriverait. Elle réussissait toujours. Il faudrait juste qu’elle le fasse plus rapidement que prévu.

Ollie avait sauté, et, maintenant, elle ne pouvait plus s’accrocher à une branche pour remonter.
Revenir en haut Aller en bas
Message Is it love or schizophrenia ?  - Page 2 Empty
Ven 20 Mar - 5:15

★★★★
Points : 0
Messages : 1251
Age : 33
Habitation permanente : À Old Fyre, dans l’appartement qu’elle partage avec Tullio et Elana Cavaleri. Elle a aussi un appartement en Italie.
Occupation : Anciennement détective, maintenant chevalière à temps plein et maman.
Victoria Machiavel

Victoria Machiavel
La fumée s’immisce dans ses voies respiratoires ; Victoria sent le souffle empyreumatique s’immiscer dans sa gorge, dévaler dans ses bronches, tournoyer dans ses poumons, puis faire le chemin inverse jusqu’à s’enfuir d’entre ses lèvres entrouvertes. Immobile, les yeux pétillants, elle s’attendait à voir Ollie rougir ; réagir, au moins ; l’embrasser au mieux, se fâcher, peut-être, mais son manque de réaction face à son petit jeu de séduction la surprend plus que n’importe quelle autre réaction de sa part. Ainsi, quand elle expire pour de vrai, elle relâche en même temps toutes les tensions – les bonnes comme les mauvaises – qui s’étaient érigées entre elles depuis le début de la soirée.    

Rien n’attirait plus Victoria qu’une femme en position de pouvoir ; capable de lui tenir tête; capable de la surprendre ; capable de la piégée dans ces jeux trop souvent gagnés d’avance. Ainsi, quand Ollie parle finalement en italien avec aucun autre but que de lui faire comprendre qu’elle avait un avantage jusque-là inconnu sur elle, Victoria est cette fois vraiment, mais vraiment surprise ; elle en rougirait presque ! À la place, son front se plisse, ses yeux se ferment et elle mord ses lèvres pour contenir cette découverte inattendue qui, après ce qu’elle avait murmuré un peu plus tôt, lui donnait autant envie de cacher son visage dans les coussins du canapé que d’écraser sa bouche sur la sienne pour reprendre le dessus. Victoria sait toutefois qu’elle doit calmer ses ardeurs et elle laisse Ollie se lever et filer à la cuisine, quoique pas sans suivre ses déplacements avec des yeux embrasés.  

Après tous les remous qu’elles venaient de vivre aujourd’hui, en passant de l’inquiétude à l’affolement, à la colère, à la détresse, on aurait pu croire que Victoria se serait refroidie... Mais c’est plutôt l’inverse : elle aime les défis, et alors qu’elle sait avoir déjà gagné celui du recrutement, Ollie pouvait lui en présenter plusieurs autres encore et elle espérait que cela continue ainsi.    

Contre le dossier, sa tête bascule et Victoria soupire d’aise quand elle se retrouve seule. En terminant sa cigarette, elle savoure sa victoire avec un sourire arrogant qui s’assagit alors que, prenant de l'avance, elle sort son téléphone pour préparer la suite des événements. Sans grandes explications, elle envoie d’abord un message à Angie pour lui demander d’ajouter un nom au registre, puis un autre aux ressources humaines pour un nouveau passeport. C’est seulement à Xander qu’elle envoie, par autodérision, un semblant d’anecdote explicative au sujet de la situation.    
L’appareil disparait aussitôt Ollie revenue et Victoria la contemple avec le menton relevé et la mine expectative… Pas concernant le repas, évidemment, pour lequel elle lui accorde un bref merci, puis qu’elle mange sans se faire trop d’attentes ; la culture italienne et les pâtes, ça peut vite devenir compliqué, aussi elle se contente d’apprécier la nourriture chaude, préparée maison, et se passe d’esprit critique. Elle prend aussi la coupe de vin avec détachement, laissant par habitude seulement ses yeux s’imbiber de sa couleur écarlate avant de faire valser sous son nez la coupe pour en libérer le bouquet qu’elle goûte ensuite du bout des lèvres.

C’est d’accord.

Victoria sourit contre le buvant, sans surprise, et acquiesce en laissant couler sur Ollie un regard aussi fluide que le liquide dans sa bouche.  Polie, elle boit et mange rapidement et en silence, attentive au discours de l'autre qu’elle ponctue seulement de hochements de la tête approbateurs.    
- Tu ne t’ennuieras pas, ça, c’est certain, dit-elle finalement en déposant les couverts dans son assiette vide.  

Elle l’observe, ne manquant en rien la fébrilité qui animait cette décision dans laquelle elle se jetait finalement sans retour possible.

- Tu …

Elle rattrape son regard et s’y plonge sans mesure, avec l’intention de semer, au hasard, plus d’émoi que nécessaire. Quelque part dans leur proximité croissante, Victoria humidifie ses lèvres pour lui promettre une cascade de baisers où venir nager sans peur, mais quand elle baisse, une dernière fois, les yeux dorés pour regarder sa bouche, elle rétracte dans un sourire altier cette possibilité jusque-là imminente.    

- Tu me diras quand tu seras prête.

Souffle-t-elle sur ses lèvres, sans spécifier si elle parlait de son départ ou d’autre chose... Et sur ses mots, Victoria se lève pour prendre, sans cérémonie, les assiettes vides qu’elle ramène à la cuisine avec l’intention de les laver.      
Revenir en haut Aller en bas
Message Is it love or schizophrenia ?  - Page 2 Empty


Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas

Is it love or schizophrenia ?

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Hidden Dawn, Rising Star :: Le monde :: L'Europe-