Oh. Oh! Pendant un court instant, Tullio se sent irrémédiablement stupide, et il regrette d'avoir mis si longtemps à accepter le fait que non seulement Xander l'attirait, mais qu'en plus il avait envie de lui faire une place dans sa vie. Il ne veut même pas réfléchir à combien de mois ils ont pu perdre. Mais heureusement il ne pense cependant pas longtemps à tout ça, parce que la main sur sa joue l'attire pour un nouveau baiser et, pour la seconde fois de sa vie, il est bien content de se laisser faire.

Le chevalier est doux, tellement doux qu'il a presque envie de lui dire qu'il n'est pas en sucre mais l'italien est beaucoup trop occupé à fondre, intérieurement et contre son ami, petit ami?, pour ne serais-ce que penser à parler. Dire que Tullio n'hésite pas quand il sent la bouche contre la sienne s'entrouvrir serait un euphémisme. Il est, sans doute, un peu maladroit, mais ça n'a pas d'importance. Rien n'en a, à part la langue contre la sienne, la main qui passe sur sa nuque et le fait que Xander l'attire sur ses genoux. Ses propres mains se sont perdues, l'une à la base du crâne du chevalier, l'autre entre ses omoplates pour le maintenir tout près.

Le "Attends" le fait presque sursauter et le consultant se redresse, un peu perplexe, pas vraiment inquiet grâce au sourire qu'il peut voir. Puis la question tombe et il rit doucement avant de se pencher pour un nouveau baiser. Ce n'est qu'après qu'il daigne répondre, leurs fronts et leurs nez pressés l'un contre l'autre.

"Ça va. Mais on était supposés jouer aux jeux vidéos et…" il s'interrompt, le temps de jeter un coup d'œil à l'écran, "et c'est un miracle que rien ne soit encore venu me chercher sur ma plateforme."

Tullio plaisante et embrasse encore le chevalier, son chevalier, même si cette fois-ci il s'oblige à rester sage. S'il a bel et bien envie de prendre la manette, il refuse de mentir à Xander tout comme il refuse de mentir à Toria, il tait en revanche les raisons qui se cachent derrière.

Il appréhende. Pas ce qu'il pourrait subir, absolument pas. Mais plutôt de la façon dont il pourrait réagir. Il n'est pas certain d'assumer la chaleur qui se répand dans ses veines. Et puis…
Et puis le pire, en fait, serait de se rendre compte qu'il a envie de plus mais qu'il ne peut pas.
Comme quand Toria, à qui il confierait sa vie les yeux fermés, lui a proposé qu'ils explorent ensemble tout ce qui pouvait se faire dans une chambre à coucher et qu'il n'avait rien pu faire d'autre que flipper.

"Par contre je te préviens, tes genoux sont beaucoup trop confortables alors à moins que tu aies un très, très bon argument, je ne bouge pas de là."

Souffle Tullio, alors qu'il remet une longue mèche blanche derrière l'oreille de Xander. Puis il se penche pour attraper la mablette et se cale contre le torse du chevalier, alors qu'il essaye de se rappeler des commandes qui, avec tout ça, lui sont complètement sorties de la tête.

"Je pense que tu vas bientôt pouvoir prendre une manette et me foutre une raclée!"

Plaisante-t-il, quand il parvient finalement assez facilement à déplacer son personnage.

J’inspirai doucement pour me calmer lorsque Tullio parla de jeux vidéos, et réussis à sourire certainement assez naturellement, reportant le regard vers le jeu qui tourne encore. J’aurais pu lui faire remarquer qu’il allait bientôt avoir un time out, mais là, ça ne me semblait plus si important… Je répondis chastement à son baiser, avant d’en poser un nouveau dans ses cheveux. Je savais que nous irions à son rythme, ce n’était pas réellement de la frustration que je ressentais, ou du moins juste un début purement physique avec lequel je pouvais faire sans problème. C’était pour ça aussi que je lui avais demandé, pour ne pas l’inquiéter plus que nécessaire...

“On peut passer l’après-midi comme ça, hn, ça me gêne pas ?”

Je finis par le rejoindre en attrapant une wiimote, laissant passer le temps de manière confortable, les bras autour de lui, échangeant un baiser de temps en temps, entre les niveaux. Même si au bout d’un moment, je proposai que nous passions sur un film, quelque chose de plus calme, qui nous amena au début de soirée sans que réellement je m’en rende compte. Jetant un regard vers l’extérieur où la nuit prenait déjà ses droits, je me rappelai de la peur de Tullio à rentrer chez lui… Devais-je lui proposer de rester ici ? Ou allait-il se faire des idées ? Je pouvais aussi lui proposer de prendre mon lit et dormir dans le canapé, ça ne serait pas la première fois que ça m’arrivait - merci les films un peu tardifs.

“On se trouve un truc à grignoter, histoire de faire une pause dans toute notre non-activité ? Je dois pouvoir te cuisiner quelque chose, si tu n’as pas envie de bouger, dis moi juste si tu as des choses que tu ne veux pas manger ?”

Après tout, nous ne connaissions pas grand chose l’un sur l’autre. Est-ce que ça allait poser problème ? Puis, il y avait toujours cette personne dont il avait parlé un peu plus tôt, qui me faisait me questionner sans réussir à trouver les termes pour exprimer mes interrogations. Ca attendrait. Là, nous avions d’autres choses à gérer, comme son retour potentiel chez lui, proche de quelqu’un qu’il ne voulait plus croiser. L’idée de le laisser retourner dans une situation anxiogène ne me plaisait pas du tout.

“On pourra regarder un film, ensuite, ou reprendre Mario un peu ?  Et...”

Non. Définitivement, je ne voyais pas comment tourner ça de manière “subtile” ou quoi que ce soit. Tant pis.

“Si tu n’as pas envie de rentrer, je pourrai dormir dans le canapé, sinon, je te raccompagnerai jusqu’à chez toi, tu en dis quoi ?”

Ils jouent un moment, profitant des temps de chargement pour échanger quelques baisers, avant de passer à un film. Tullio se doute donc qu'il est tard et, même quand le chevalier tourne la tête pour jeter un regard à l'extérieur, il s'efforce d'ignorer ce fait. Parce que s'il est tard, cela signifie qu'il va devoir rentrer et… il n'en a pas envie.

"Alors oui, volontiers, mais je te préviens tout de suite : il est hors de question que je te laisse tout faire tout seul."

Lance-t-il avec un léger rire, parce que sera plus simple que d'essayer de faire une liste exhaustive de ce qu'il ne mange pas, d'autant que Xander n'aura peut-être pas la moitié de ce qu'il pourrait citer. Et comme de toute manière il aime cuisiner… autant ne pas se priver et joindre l'utile à l'agréable. La mention d'un autre film le fait sourire, plus que la possibilité de rejouer à Mario, mais il ne commente pas tout de suite puisque le "et" laisse entendre une suite… qui s'avère moins joyeuse.

"Si je reste…"

Le consultant se sent rougir, et hésite. Il ne sait pas trop comment il doit interpréter la proposition du chevalier. Est-ce qu'il a envie qu'il reste, au moins un peu? Ou est-ce que c'est juste pour qu'il ne risque pas de croiser Anya?

"J'aimerais autant qu'on dorme ensemble."

Finit-il par admettre, en essayant de ne pas penser au fait qu'il est maintenant cramoisi.

"Mais sinon ça devrait aller pour rentrer, je veux dire, ça fait un mois, Toria devrait être à la maison et, si vraiment ça va pas, je peux toujours t'appeler ou aller à l'Aquarium, ou…"

Enchaîne-t-il avec une certaine nervosité, parce qu'il ne veut pas s'imposer si ce n'était pas une invitation mais juste de la pitié.

"Je sais pas, mais je manque pas d'options donc pas besoin de t'inquiéter, ok?"

Il se sent un peu bête, un peu mal à l'aise, et il n'aime pas ça alors il choisit de se lever. Après tout, ils ont parlé de manger et, pour ça, il faudra qu'ils quittent le canapé à un moment ou à un autre. Il attrape le plaid qu'il avait sur les jambes précédemment, et commence à le plier alors qu'il reprend la parole.

"Donc je propose qu'on commence par grignoter, avec quelques bières pourquoi pas, si tu en as, si ça te tente surtout parce qu'au pire je peux aller en chercher, et on regarde le film et…"

Tullio s'interrompt, le temps de poser le plaid sur le canapé et de lisser un pli qui n'existe pas.

"Et ensuite on avisera. Je veux dire… sauf si tu préfères que j'y aille?"

Il a la gorge nouée rien qu'à l'idée qu'il lui demande de partir mais, malgré tout, il se redresse et se tourne vers Xander pour attendre sa réponse.

Je me sentais aussi à l’aise qu’une patate en robe des champs. Ouaip. Maladroit, engoncé, et prêt à me faire bouffer par mon incompétence sociale si je faisais pas attention. Je hochai la tête, soulagé que Tullio propose de dormir avec moi. J’en avais envie d’un côté, de l’autre, je préférais que nous prenions notre temps et que, d’ici quelques temps, je ne sois pas un autre mauvais souvenir dans son esprit. Il m’énonça tout ce qu’il pouvait faire plutôt que rester et je hochai à nouveau la tête, n’ayant pas eu le temps d’en placer une.

“Je m’inquiète pas. Enfin… Pas trop. C’est juste… C’est toi qui décide.”

Définitivement, une patate en robe des champs, avec ladite robe trop serrée. Ca n’allait pas lui plaire, que je ne sois pas “assertif”, que je lui laisse trop le choix, que je ne donne pas mon avis… J’inspirai et me redressai aussi, me frottant la nuque pour dissiper la sensation que je ne faisais rien comme il fallait.

Tullio cependant semblait décidé à prendre les choses en main, et je hochai la tête sans rechigner à lui laisser les rênes quelques instants. Le programme était bien, passer une soirée tranquilles et remettre le…. Oh. non, il voulait trancher la question tout de suite. Je m’approchai pour lui pour lui caresser la joue, me hissant discrètement sur la pointe des pieds pour l’embrasser sans savoir à lever le nez.

“Non. Je n’ai pas “envie” que tu y ailles, Tull’, j’ai juste… Envie que tu te sentes libre, pas forcé de rester si tu n’en as pas envie, et que tu saches que je suis d’accord dans les deux cas. Mon lit t’es ouvert quand tu veux… Et c’est définitivement bizarre dit comme ça. Désolé, j’ai jamais été très doué avec… Tout ça. Bières, donc ?”

Ca allait faire du bien, de faire quelque chose. Une fois dans la cuisine, je vérifiai ce que j’avais dans le frigo avant de sortir une barquette de deux cuisses de poulet : rapide, facile, bbon, et j’avais un rice cooker pour aller avec. Je nous ouvrais déjà deux bières, histoire qu’on ait pas la gorge sèche en cuisinant.

“Poulet au four, riz, et en dessert, j’ai des glaces ? Y’en a pour 10 minutes de préparation à tout casser.”

J’adaptai si nécessaire, histoire qu’on puisse se retrouver sur le canapé avec un paquet de chips et un pack de bières. Je m’étirai, trinquant avec Tullio pour me laisser retomber ensuite, dans une position de détente confortable.

“Alors… Plus qu’à se mettre d’accord sur le film ? Je préviens tout de suite, je fais pas les romcom. Horreur, SF, space opéra, nanards, cinéma d’auteur seulement si on a plus de 2g dans le sang. Et les films contemplatifs chelous type 2001, faut des gages pour aller avec sinon on va mourir d’ennui.”

Comme quoi, je savais aussi poser mes conditions...

"C'est le plan, oui."

Souffle simplement Tullio, avec un sourire qui s'entend dans sa voix, parce qu'il est évident que Xander n'est pas très à l'aise et que s'il y a beaucoup de choses qu'il voudrait lui dire, il ne sait pas comment les dire.
Alors il n'ajoute rien de plus et le suit jusque dans la cuisine, en profitant pour envoyer un message à Toria avant de le remercier pour la bière et d'hocher la tête à la proposition de menu.

"Ça m'a l'air parfait."

La préparation ne prend effectivement pas plus de dix minutes, ce qui leur laisse amplement le temps de se poser dans le canapé avec des chips et des bières avec lesquelles ils trinquent.

"Hum… Pourquoi pas un nanar? Ça a l’air sympa.”

Ils finissent par se mettre d’accord sur Flash Gordon qui, d’après internet, date de 1980, ce qui ne surprend guère Tullio compte tenu des costumes qu’il peut admirer, quoique ça ne soit pas tout à fait le terme approprié, pendant la demie heure qui les sépare du repas.

Le poulet et le riz l’aident à se remettre un peu des bières qui ont frappé fort, et une fois le dessert achevé lui aussi il décide de se réinstaller contre Xander pour l’heure de film qu’il leur reste.

Quand les crédits commencent à défiler, le consultant a complètement décroché du film depuis longtemps parce que son esprit ne cesse de dériver. L'alcool, toujours bien présent dans son système, ne l'aide pas à se concentrer et les sujets de réflexion sont nombreux. Il y a, tout d'abord, le flanc du chevalier, chaud et ferme contre le sien. La façon que Xander a, encore, toujours, comme à l'hôtel, de tout faire pour qu'il ne se sente mal à l'aise, qu'il ne se sente pas obligé…  ce qui le pousse évidemment à se demander à quel point il se retient. Ce qu'il pourrait faire, lui faire peut-être, s'il n'avait pas à s'inquiéter pour lui. Autant dire qu'en une heure, son imagination a eu de quoi travailler et s'enflammer.

"Xan?"

Appelle-t-il doucement, alors qu'il se redresse et pivote légèrement pour lui faire face une fois que l'écran de la télévision est redevenu noir.

"Si ça te tente, je… je reprendrais bien là où on s'était arrêtés. Avant qu'on joue tout les deux à Mario."

Souffle Tullio avec un sourire qui se veut confiant, tandis qu'il peut sentir ses joues, déjà tièdes à cause de l'alcool, devenir brûlantes. C'est d'ailleurs ce même alcool qui lui permet de tendre une main pour caresser la mâchoire du chevalier, parce qu'il a beau être décidé à ne pas insister si la réponse est négative, il ne prendra pas le risque de ne pas être suffisamment clair sur ce qu'il veut puisque c'est apparemment quelque chose qui inquiète beaucoup Xander.

Après une cuisine rapide, nous nous installâmes tranquillement pour un film, de préférence pas prise de tête, c’était simplement parfait. Le repas passa tranquillement, les glaces également, et Tullio vint s’installer dans mes bras naturellement. Je lui caressai l’épaule accessible et le coul, l’espace derrière l’oreille, le crâne. J’appréciais la sensation rasée sous mes doigts, le poids contre mon torse et la chaleur qui s’en dégageait.

Je sors de ma transe confortable lorsque Tullio remue un peu, m’appelle, et lui souris avec ce calme un peu trop induit par l’alcool, prêt à l’écouter. Sa demande mit un instant à percuter, et je hochai la tête sans hésitation, le tirant un peu plus contre moi, entre mes cuisses, à ma hauteur. Ca avait un côté amusant, sachant qu’il me mettait sans souci quelques centimètres dans les dents, lorsque nous étions debout.

“Tu n’as pas besoin de demander pour qu’on s’embrasse, hn ?”

Mais ça avait un côté rassurant… Sûrement, ce serait plus sage de parler beaucoup au début, pour qu’il sache qu’il avait le droit de donner son avis et… parce que j’étais rouillé à ce jeu là, de toute évidence. Mais quand sa bouche vint à la rencontre de la mienne, mes inquiétudes furent comme par magie mises de côté. Ca semblait naturel, juste, comme si les choses étaient comme elles devaient l’être et en même temps comme sauter d’un précipice, sans parachute, sans accroches. Il suffisait de rester accroché à lui, tout simplement. Si pour lui c’était quelque chose de pas sérieux… j’allais déchanter vertement, mais je chassai facilement l’idée, la repoussant comme problème d’un Xander moins ivre et moins occupé.

Je finis tout de même par m’écarter un peu, réalisant que j’avais à un moment quelconque réussi à lui passer les mains sous la chemise pour toucher son dos directement sans que ça ne semble nous gêner l’un ou l’autre. Je me mordis la lèvre, ayant réussi à peu près à faire abstraction de mon état pour me concentrer uniquement sur le plaisir éprouvé à s’embrasser.

“Je commence à avoir des fourmis dans la jambe et… On bouge dans le lit ?”

Je ne songeais pas qu’il aurait fallu que je retire mes lentilles, ou qu’il risquait de voir certains tatouages dont je n’étais pas le plus fier. Je le récupérai dans les bras en riant, parce que ça avait un côté rétro un peu stupide, et lui grommelai de faire attention à sa tête avant de le poser sur le lit et me laisser tomber à côté de lui, le matelas répondant avec un bruit de ressort caractéristique qui me fit rire.

J’ouvris simplement les bras pour l’inviter à nouveau, essayant simplement de ne pas faire de geste qui aurait pu lui rappeler de mauvais souvenir...

Tullio se laisse attirer très volontiers et laisse échapper un renâclement amusé quand Xander lui annonce qu'il n'a pas besoin de demander pour qu'ils s'embrassent mais ne perd pas de temps à lui répondre qu'il en prend bonne note et, à la place, préfère s'exécuter.

Il aurait sans doute dû se sentir intimidé, ou au moins mal à l'aise, par le fait d'être à moitié allongé sur le chevalier et pourtant… ce n'est pas le cas. Il se sent bien et les baisers qui s'enchaînent sont loin, très loin de le laisser indifférent, tout comme les mains qui se glissent sous sa chemise.
Et le fait qu'il n'est manifestement pas le seul à être dans tous ses états, ne l'aide définitivement pas.

"On sera mieux."

Confirme-t-il avec un sourire, en hochant légèrement la tête, tout en faisant de son mieux pour ignorer le fait que ses joues chauffent et que son cœur bat un peu la chamade. Un glapissement de surprise lui échappe quand il est soulevé, mais il se noie rapidement dans un rire qui ne s'estompe que lorsqu'il baisse la tête au grommellement lui indiquant de faire attention, avant de brièvement repartir au grincement du matelas.

"Tu crois pas que ça devrait être mon tour de me faire écrabouiller?"

Sermonne gentiment Tullio, sans pouvoir masquer un sourire franchement amusé, tout en venant s'installer sur le flanc, contre le chevalier. Appuyé sur un coude, il se penche pour reprendre leurs baisers là où ils les ont arrêtés, profitant du fait que sa nouvelle position lui accorde une main libre pour la glisser sous le T-shirt de Xander, remontant jusqu'à sa taille contre laquelle il caresse des formes abstraites.

Tout est parfait pendant quelques instants, ou un moment, sa tête lourde ne le laisse pas se concentrer sur quelque chose d'aussi trivial que le temps qui passe, puis leurs baisers commencent à avoir un goût de trop peu.
Et il repense, encore, toujours, au fait que son petit ami fait tout pour que lui soit à l'aise et que, peut-être, ça l'oblige à se retenir. Alors que tout le pousse à croire qu'ils doivent être dans le même état, ressentir la même chose. Et ça n'est pas juste.

"Xan."

Appelle-t-il dans un soupir, entre deux baisers, pour attirer son attention.

"Tu sais que si tu veux quelque chose, tu peux toujours essayer de demander, pas vrai?"

Sa question est peut-être un peu trop sérieuse, alors Tullio la ponctue d'un baiser tandis que ses doigts se pressent un peu plus fermement contre la peau de Xander.

"Je sais dire non, si j'ai pas envie."

Le problème c'est plutôt qu'on m'a pas souvent écouté. Son ton se veut rassurant, encourageant, et sa main libre épouse le flanc du chevalier tandis qu'elle descend jusqu'à sa hanche, avant d'entreprendre le chemin inverse.

Je laissai échapper un soupir contre les lèvres, la peau délicieusement hérissée sous ses caresses. Ca faisait longtemps. Pas simplement les contacts, mais la confiance, se blottir contre quelqu’un et ne pas s’inquiéter. Se sentir, au contraire, apaisé. J’aimais cette sensation qui se diffusait au même titre que l’envie dans mes veines. Il me donnait envie de me détendre réellement, tout en enflammant mes sens... De baisser la garde entièrement.

Je rouvris les yeux à son appel, ayant du mal à décrocher. Pourquoi chercher à arrêter l’agréable, après tout ? Je me focalisai sur mon cadet, du mieux que je pouvais, continuant à caresser son dos même si ma main avait discrètement repris position au dessus de la chemise, et non dessous. Tullio voulait me rassurer, et… Effectivement, j’avais besoin qu’il me dise ça. Je hochai la tête sans hésitation.

“Oui. D’accord.”

Un nouveau baiser ponctua notre échange, et sa précision termina de me rassurer. Quand bien même… Elle me rappelait la réalité, ce qu’il m’avait avoué peu de temps avant. Je n’avais pas le droit de me laisser aller, même si j’en avais envie, même si nous en avions envie. Je voulais qu’il comprenne que je tenais à lui, sincèrement, au delà du plaisir corporel que nous aurions pu partager.

“Je sais, je veux juste… J’ai envie de toi.”, confessai-je doucement, cherchant son regard pour essayer de faire passer ce que je ressentais. “Mais… j’ai pas envie qu’on bâcle, ou… Je veux prendre mon temps avec toi. On a le temps, hein ?”

Et s’il disait que l’offre ne tenait que ce soir, qu’il ne comptait pas poursuivre… Tant pis, j’aurais au moins l’impression d’avoir tenu une ligne de conduite qui ne me ferait pas honte plus tard...

“Puis j’ai rien pour...”

Je rougis et m’interrompis. De toute évidence, je n’avais pas prévu d’avoir un•e amant•e au débotté, et je doutais de l’intelligence d’utiliser de l’huile de cuisine en guise de lubrifiant. Ou du beurre ? Beurk. Chassant la pensée, je l’embrassai encore, frustré contre moi-même.

“Je vais retirer mes lentilles et… Tu veux un T-shirt pour dormir ?”

Je lui offris un sourire désolé, espérant qu’il ne se fâcherait pas. Avais-je également peur de ne pas “assurer” ? Je préférais penser que le plus important ne résidait pas là, sinon, j’avais une main gauche parfaitement efficace… Mais oui, un peu aussi. Je m’échappai pour passer dans la salle de bains, pensant cette fois à retirer mes lentilles avant de dormir. Je retirai également mon T-shirt et revins dans la chambre pour enfiler sous ses yeux un pantalon d’intérieur léger. Ca avait l’air suffisamment calmé, plus bas, pour ne pas paraître ridicule. J’eus un sourire maladroit et m’installai à nouveau dans le lit, me glissant dans les bras de Tullio. Sans rien dire, le temps qu’il assimile pour les yeux.

"Oui, bien sûr."

Souffle Tullio avec un sourire quand Xander lui demande s'ils ont le temps, comme si ce n'était pas lui qui risquait de se lasser et de vouloir trouver quelqu'un de plus sûr de lui, de plus indépendant, avec un passé qui pèserait moins lourd et avec qui il n'aurait pas sans cesse l'impression de devoir faire attention.

"C'est pas grave, on a le temps."

Renchérit-il en secouant légèrement la tête, quand son petit ami essaye de se justifier un peu plus, comme si le fait qu'il n'ait pas envie d'aller plus loin ne suffisait pas. Sauf qu'évidemment ça suffit, parce que même si le résultat est loin, très loin de ce qu'il espérait, il avait juste voulu le pousser à s'exprimer lui aussi sur ce qu'il voulait.

C'est avec un hochement de tête et un nouveau sourire qu'il accepte le t-shirt pour lequel il murmure un "Merci.", quand bien même l'expression n'arrive pas tout à fait jusqu'à ses yeux.

Le temps que le chevalier revienne, il a pu se déshabiller et revêtir le haut d'emprunt avant de se glisser sous la couette.

"Oh, mais…"

Commence Tullio, un peu surpris, fronçant légèrement les sourcils et plissant un peu les yeux pour observer ceux de Xander, ce qui ne l'empêche pas de l'accueillir volontiers contre lui.

"Du coup j'ai pas rêvé, t'as bel et bien les yeux qui changent de couleur!"

Lâche-t-il finalement, avec un renâclement amusé qu'il ponctue d'un baiser sur le front de son petit ami.

"En tout cas ils sont très cools comme ça, tes yeux."

Il ponctue sa déclaration d'un autre baiser, sur les lèvres cette fois-ci, puis laisse sa tête retomber sur l'oreiller et attire son petit ami un peu plus près.

"Demain matin, je te fais des pancakes."

Promet le consultant, paupières déjà closes, alors qu'il entoure Xander de ses bras et appuie leurs têtes l'une contre l'autre.