LIENS UTILES
Nouveau?
Code de vie
Contexte
FAQfadet
Groupes
Sanctuaires
Artéfacts
Bestiaire
Fonctions
Races jouables
Défis mensuels
Textos
Missions
Vedettes
Absences
Partenariat



-20%
Le deal à ne pas rater :
-20% Récupérateur à eau mural 300 litres (Anthracite)
79 € 99 €
Voir le deal


Power Move Empty
Power Move Empty
Power Move Empty
Power Move Empty
Power Move Empty
Power Move Empty
Power Move Empty
Power Move Empty
Power Move Empty
Power Move Empty

Power Move

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Message Power Move Empty
Ven 18 Oct - 14:57

★★★★
Points : 0
Messages : 1251
Age : 33
Habitation permanente : À Old Fyre, dans l’appartement qu’elle partage avec Tullio et Elana Cavaleri. Elle a aussi un appartement en Italie.
Occupation : Anciennement détective, maintenant chevalière à temps plein et maman.
Victoria Machiavel

Victoria Machiavel
Victoria oscille entre le tableau interactif défectueux et les élèves opportunistes qui s’agitent dans la classe, avalant de travers les jurons qui lui montaient aux lèvres. Elle vérifie les prises, calibre l’écran, essayes de redémarrer le tableau, mais rien ne change : la TBI ne fonctionne pas et elle ne pourrait pas donner sa leçon avant qu’il soit réparé. En parallèle, elle donne des consignes, intime gentiment le silence, raconte des anecdotes afin de garder le contrôle du groupe, et elle invite même des élèves à l’aider avec le problème technique, mais au bout de 15 veines minutes, elle atteint sa limite ; son passé militaire éructe de sa gorge dans un déversement de rugissements et d’ordres et, bientôt, les jeunes se tiennent droits et commencent en silence un devoir improvisé.

Étant presque à la veille des examens, elle devait impérativement donner ses notes de cours aujourd’hui, sans quoi il faudrait retarder l’évaluation … Ce qui était hors de question, ne serait-ce que pour sa santé mentale. Ainsi, elle utilise la ligne interne pour réquisitionner l’aide urgente d’un technicien et on lui promet que quelqu’un viendrait dans sa classe pour régler le problème dans les plus brefs délais.

Quelques minutes plus tard, tandis qu’elle est occupée au bureau d’un adolescent ayant des difficultés avec la règle de base du participée passé, elle entend la porte s’ouvrir et quelqu’un entrer. Elle regarde à peine, restant concentrée sur l’expression incertaine de son élève qui éclos soudainement en compréhension triomphante. Elle lui sourit gentiment et l’encourage à continuer avant de se diriger vers une autre main levée, juste à côté de son propre bureau. C’est à ce moment-là qu’elle lève vraiment les yeux sur le technicien récemment arrivé ; le sourire chaleureux, destiné à l’élève, se fige, puis se fane et tombe, tout comme le frisson au long de son dos.  

Son mouvement de recul est lent et prudent tandis qu’elle le fixe, au moins jusqu’à ce que le coin du bureau de l’élève s’enfonce dans sa cuisse. Dans son abdomen, l’alarme cogne avec violence, si bien qu’elle l’entend bourdonner dans ses oreilles et la sens vibrer dans chacune de ses artères.  Dans la classe, les élèves sont anormalement silencieux, attentifs et curieux, mais même après le départ de Nawar, quand Victoria titube vers le tableau fonctionnel en réprimant sa fébrilité, ils ne disent rien. Aucune question indiscrète n’émerge, et, pour faire changement, ils prennent leurs notes de façon exemplaire.  Comme quoi, les adolescents sont souvent plus perceptifs et délicats qu’on pourrait le croire. Enfin, quand la cloche sonne, quelques-uns des plus sensibles trainent un peu, la regardent avec l’air de dire qu’elle peut leur parler au besoin, même s’ils étaient enfants et elle adulte. Victoria sourit, son calme retrouvé au courant de la leçon, en leur souhaitant de passer une bonne soirée.

Une fois tous les jeunes partis, elle s’effondre dans sa chaise tournante, l’esprit vaquant… Et pourtant, après quelques secondes, une conclusion s’impose comme si elle émergeait d’une longue séance de réflexion : contrairement à tout ce qu’elle avait pu prétendre ces derniers jours, elle ne s’était pas vraiment remise de leur mésaventure.  Même si elle ne se réveillait plus en sursaut la nuit et même si elle en avait finalement parlé à quelqu’un – en omettant de nommer Nawar pour sa propre sécurité, pour peu que cela lui importe – il l’avait laissée avec un traumatisme qu’elle refusait de subir. C’eut été beaucoup trop de pouvoir à lui accorder que d’accepter de le laisser l’affecter de la sorte plus longtemps.  

Comme elle le ferait devant n’importe quelle autre situation complexe, elle cherche des stratégies. Ce qui lui vient en tête est un peu risqué, peut-être un peu déplacé aussi, mais c’est un plan avec lequel elle se sent en sécurité. Ainsi, le lendemain, pendant sa quatrième et dernière période, elle appel à nouveau Nawar, sauf que le tableau est fermé et qu’il n’y a pas d’élèves. Entre le moment où elle réquisitionne son aide et l’attente de son arrivée, une toile de nervosité se tisse dans son ventre, mais Victoria la balaye au mieux, aidée par l’organisation mentale qui facilite le ménage de ses émotions.

Ainsi, quand il se pointe enfin, elle siège derrière son bureau, solidement assise sur le fruit de ses réflexions, couronnée par un petit sourire de mépris cordial.  
Revenir en haut Aller en bas
Message Power Move Empty
Ven 1 Nov - 12:12

Points : 0
Messages : 210
Age : 35
Habitation permanente : Old Fyre
Occupation : Photographe - Grand méchant loup
Nawar Nasri

Nawar Nasri
Je regardais la porte avec fébrilité. Mon cœur cognait comme sonne un glas devant ces quelques centimètres de matière qui me séparaient d’elle. Des milliers et des milliers d’atomes connectés ensemble pour me protéger encore un instant d’un des moments les plus difficiles de ma vie. Moment qui devait fatalement arriver, mais que j’avais naïvement espéré pouvoir éviter encore un peu. Et puis le hasard s’en était mêlé... Quelle merde.

Cette rencontre tant redoutée, je l’avais déjà imaginée un nombre incalculable de fois. Et dans cet espace fantasmé je lui racontais tout. Je lui racontais tous les regrets et la honte que j’éprouvais pour cette nuit terrible où je lui avais fait tant de mal. Et comme elle écoutait, je lui expliquais les nuits d’insomnies passées à réécrire l’histoire. Que j’y pensais à chaque seconde, trop marqué par l’horreur qui s’était faite réalité, et que rien ne pouvait venir masquer la culpabilité qui me rongeait ni adoucir le dégoût qui en résultait.

Je lui disais que cet homme violent, cruel et abject n’était pas moi. Pas totalement moi… Ce violeur doublé d’un lâche était tout ce que j’avais redouté. Il était celui contre qui je me battais presque à chaque instant pour ne pas le laisser me changer, mais que cette fois là, j’avais perdu. Je lui assurais que je ne cherchais pas son pardon  - qui pourrait le donner ? - mais plutôt sa pitié. Que la lâcheté dont j’avais fait preuve jusque là n’était qu’une pierre de plus à l’édifice de mes tourments, et que je la suppliais d’y mettre un terme. Pour elle. Pour moi…

Mais même dans ce monde idéal où je parlais sans être confus et où elle écoutait sans peur et sans haine, je voyais bien que rien ne serait jamais suffisant pour panser les souffrances que je lui avais fait subir. Alors dans le monde réel…

Je n’avais aucun espoirs.

Le ventre ravagé par une douleur sourde, la main tremblante au-dessus de la poignée, je me persuadais que je pouvais encore tout arrêter, renoncer, m’enfuir, me cacher, disparaître pour toujours… Mais quel homme serai-je devenu alors ? Une pauvre merde pouvant tout souiller en toute impunité ? Non, je ne pouvais plus le supporter. J’avais déjà tant de mal à me regarder dans une glace sans m’en dégoûter. Cette sordide histoire devait trouver son terme ici. Il était enfin temps de percer l’abcès et d’assumer. Il était enfin l’heure de payer pour pouvoir crever en paix. Alors, comme un condamné à mort marche dans le couloir vers son ultime siège, j’ai fermé les yeux et j’ai poussé la porte.

Elle trônait, silencieuse, majestueuse, reine de glace d’un royaume aride et sans sujets. Calmement, je me suis dirigé vers le bureau faisant face au sien, chaque pas plus lourd que le précédent, comme un pantin sans âme et écrasé par son courroux silencieux.  Son regard me transperçait, son sourire me glaçait. Et pourtant je continuais avec abnégation, mû par une force inconnue, pour venir me planter à quelques mètres à peine d’elle, prêt pour mon exécution.

Il est temps Victoria. Vas-y, explose, cris, hurle, insulte moi, fais-moi me mettre à genoux, fais-moi ramper comme un chien sous ta colère, mets-moi plus bas que terre ! Tout ce que tu pourrais me faire, je le mérite au centuple, alors vas-y, j’accepterai tout de toi. Je t’en supplie Victoria, achève-moi…
Revenir en haut Aller en bas
Message Power Move Empty
Ven 29 Nov - 11:52

★★★★
Points : 0
Messages : 1251
Age : 33
Habitation permanente : À Old Fyre, dans l’appartement qu’elle partage avec Tullio et Elana Cavaleri. Elle a aussi un appartement en Italie.
Occupation : Anciennement détective, maintenant chevalière à temps plein et maman.
Victoria Machiavel

Victoria Machiavel
Elle se souvenait de sa première impression de lui ; foncé et chaleureux avec sa passion brulante, et en même temps, d’une apparence mature et soignée qui lui conférait une certaine délicatesse tranquille… Évidemment, ce n’est plus ce qu’elle voyait aujourd’hui. Toute la douceur qu’elle avait pu reconnaitre dans ses traits avait été remplacée par les angles pointus, bestiaux et sauvages qui l’avaient tant effrayée. Son ventre tournait maintenant en voyant sa belle gueule, ses yeux dorés et ses lèvres suaves, car elle reconnaissait maintenant sa beauté pour ce qu’elle était ; un leurre perfide au service du prédateur en lui.  

Il approche et les émotions tournent violemment dans sa poitrine, mais plutôt que de les ressentir vraiment, elle les contemplait avec un certain détachement. Sa cognition est une antithèse. Ainsi persiste cette nervosité incontrôlable en arrière-plan, comme dans un double fond, alors qu’un calme impassible et calculateur domine ses réactions et actions.

- Votre présence me rend profondément mal à l’aise.

Commence-t-elle doucement, d’une voix assurée. En parallèle, elle l’observait avec une certaine curiosité, avec une fascination morbide et déplacée qui rendait ses yeux perçants comme des poignards.

Nawar avait cet air de chien battu qui seyait son visage de sorte à inspirer la pitié, mais qui rappelait surtout à Victoria le labrador de sa grand-mère. Les grands yeux foncés de ce dernier laissant toujours croire qu’il était triste et calme, alors qu’il était plutôt sournois, prêt à voler de la nourriture au moindre manque d’attention, à faire ses besoins sur la moquette quand il était mécontentant et à ronger les coins des meubles pour s’amuser. La bonne femme l’adorait et le laissait faire ses sales coups, même en visite. Toutefois, dans les rares occasions où Victoria et son père s’étaient retrouvés à garder la bête sans la présence de la grande matriarche, ils avaient fait ce que naturellement le bon sens et la logique prescrivaient avec un tel animal… Et qui était prescrit dans la présente situation également.

En s’appuyant sur les bras de sa chaise, Victoria se redresse davantage encore avant de faire osciller sa chaise et d’étirer le bras pour se saisir d’un objet métallique et cliquetant caché derrière son module à crayon. Pendues par un bracelet glissé sur son index et son majeur, les menottes en métal – et leur symbolique – oscillaient doucement entre eux deux.

- On. Your. Knees.

Ordonne-t-elle calmement.
Revenir en haut Aller en bas
Message Power Move Empty
Dim 8 Déc - 11:03

Points : 0
Messages : 210
Age : 35
Habitation permanente : Old Fyre
Occupation : Photographe - Grand méchant loup
Nawar Nasri

Nawar Nasri
« Votre présence me rend profondément mal à l’aise. »  voici donc la première phrase qui venait sceller notre « relation ». Sa voix était dure, sèche, intransigeante, et je me rendis compte que c’était la première fois que je l’entendais réellement me parler. De toute notre rencontre passée, je n’avais saisie que ses soupirs, puis son rire, puis ses râles... puis ses cris. Je laissai ses mots m’emplir avec la délicatesse d’un bulldozer. Ils ne laissaient pas de place à la moindre équivoque et venaient clouer mes émotions au pilori, balancer mes maigres espoirs dans l’oubli. Des mots qui contrastaient aussi avec son attitude altière et pleine d’assurance : elle se disait mal à l’aise mais ne le paraissait pas le moins du monde. Son « inconfort » irradiait l’arrogance calme. Son « mal être » rayonnait le mépris calculateur.

Alors que rétorquer à pareille accroche ? Que je la comprenais et que moi aussi j’étais plus que gêné par cette situation ?  Rien ne parvint à franchir le seuil de mes lèvres, aussi je ne répondis que par un bruit de déglutition – anormalement – fort qu’elle gratifia d’un sourire froid et méprisant.

J’observais en silence cette femme sereine qui me transperçait du regard sans trembler. Mais quelque chose clochait ; cet excès d’aplomb sonnait comme forcé. Était-ce un geste, son odeur, sa respiration ou ses yeux qui la trahissait ? Je n’aurai su le dire, mais une certitude commença à naître en moi : contrairement à ce qu’elle laisser transparaître, elle était réellement mal à l’aise. Et elle avait peur. Vraiment peur. De moi certainement… Le malaise et la peur nous réunissaient plus qu’elle n’aurait su l’admettre. Je le ressentais de plus en plus fort, et cela acheva de me bouleverser ; au final, elle n’était qu’un animal aux abois qui montrait les dents, ultime recours pour ne pas se faire prendre à nouveau. Rassure-toi Victoria, je serai docile. Tu as tout pouvoir sur moi.

Cette passivité assumée déplaisait à l’autre animal qui veillait au fond. Je connaissais suffisamment la Bête pour savoir que se soumettre n’était pas une option pour elle, ce n’était qu’une faiblesse indigne de sa nature ! De plus qu’elle avait une revanche à prendre sur la belle italienne. Je la sentais essayer de m’inciter à changer mes intentions, ou à simuler la docilité pour mieux  prendre la chevalière à revers et la piéger enfin. C’en était presque ridicule et je parvins sans difficulté à ignorer ces voix intérieures : j’étais trop déterminé pour la laisser m’influencer cette fois-ci.

Alors que j’étais appliqué à faire taire ces voix perfides, Victoria en avait profité pour se saisir d’un objet jusqu’alors caché sur son bureau. Des menottes ??!! Ok… Ok… Mais non pas ok ! Mais enfin c’est quoi ce plan ? Je ne comprenais plus rien. Qu’est-ce qu’elle comptait faire de ça exactement ? M’arrêter elle-même puisque l’ordre avait enterré l’affaire ? Me contraindre à l’impuissance et me faire subir dieu sait quoi pour me faire expier mes fautes ?

J’avais la sensation d’être piégé. Et lorsque son ordre claqua sèchement, je fus incapable de réagir. J’étais prêt à me mettre à genoux, je l’étais vraiment, mais pas comme ça… Merde quoi ! Je Ne Veux Pas... Pas comme ça… Et puis quand bien même j’enfilerai ces foutus entraves, je pouvais facilement en briser la chaîne si je le décidai. C’était si inutile…

Toujours immobile, je réfléchissais à la manière dont j’allais pouvoir le lui faire comprendre sans risquer de la braquer. Mais… oh et puis merde pour le tact ! Elle a voulu la jouer cash d’entrée de jeu, je ne vois pas pourquoi je devrai ménager madame !

- Je veux bien me mettre à genoux. Mais pas question de mettre ça… dis-je en désignant la paire de menottes. Je me radoucis cependant, avant de rajouter : Ne te méprends pas, je ne cherche pas à m’opposer à toi, bien au contraire, mais… mais vraiment, je t’assure que tu n’en as Pas besoin.

Tout en disant ces mots dont je savais pertinemment qu’ils ne parviendraient pas à la convaincre, je posai genoux à terre et en animal docile - ou du moins, de bonne foi - je plaquai mes bras dans mon dos, position qui signifiait largement selon moi que je ne comptais pas l’attaquer. Puis je plantai mon regard dans le sien, essayant d’y deviner ce qu’elle pouvait bien me réserver. Aussitôt - et instinctivement ? - je superposai mes poignets l’un sur l’autre, comme s’ils étaient déjà préparés à recevoir l’étreinte du métal froid qui se balançait entre nous. J’avais beau ne pas vouloir de ces chaînes, je savais au fond que je céderai si elle insistait de trop. Après tout, je n’étais pas venu à sa rencontre pour livrer bataille. Je n’étais pas venu pour gagner.
Revenir en haut Aller en bas
Message Power Move Empty
Mar 10 Déc - 19:18

★★★★
Points : 0
Messages : 1251
Age : 33
Habitation permanente : À Old Fyre, dans l’appartement qu’elle partage avec Tullio et Elana Cavaleri. Elle a aussi un appartement en Italie.
Occupation : Anciennement détective, maintenant chevalière à temps plein et maman.
Victoria Machiavel

Victoria Machiavel
La demande de Victoria est foudroyante, mais dans la voix de Nawar, il y a aussi l’écho lointain d’un orage qui gronde… Et qui se dissipe rapidement. Toutefois, cette voix adoucie, elle l’avait déjà entendue lorsqu’il lui avait murmuré à l’oreille les neuf mots qui l’avaient le plus terrifiée et qui avaient transformé plusieurs de ses nuits en trombes. En plus, quelque part dans sa réponse, il se permet de la tutoyer, s’accordant ainsi une familiarité qui la répugne et fait se hausser ses sourcils. Ainsi, menton levé, Victoria contemple par-dessous ses cils les nuages qui nagent encore dans ses yeux noirs et demeure froidement indifférente.

- Vous n’êtes pas en position de me dicter ce que j’ai ou n’ai pas besoin de faire.

Sa voix s’infuse avec douceur et calme, l’ombre d’un sourire dédaigneux flottant à la commissure de ses lèvres.  Disant cela, elle n’a même pas le temps de s’inquiéter d’un refus qui viendrait ruiner ses plans, parce qu’il est déjà à genoux devant elle comme un chien bien dressé auquel elle aurait demandé de s’asseoir.

Good boy.

Par terre, les pieds de sa chaise roulent et elle s’érige, contournant ensuite son bureau pour se dresser devant lui. Ses talons hauts claquent alors qu’elle lui tourne lentement autour, une, puis deux fois, le temps d’apprivoiser le sentiment malsain et euphorique qui la submerge et qui grogne dans son ventre ; de le voir tomber à genoux devant elle avait, après tout, été la première chose que Victoria avait voulu de Nawar. Certes, ce n’est pas dans ses circonstances qu’elle l’avait d’abord souhaité, mais … De le voir enfin à sa juste place a quelque chose qui vient la satisfaire autant que la dégoûter.

Elle s’arrête enfin derrière lui et se penche ; le bruit du métal grelotte alors qu’elle ouvre les bracelets, puis les passe habilement sur ses poignets disposés.

Sa tâche achevée, elle s’attarde.

Elle ne le touche plus, mais elle reste tout près, presque assez pour qu’il sente son souffle sur son cou et définitivement assez pour qu’il puisse l’entendre constater – Hum ! – quelque chose qui lui donne simultanément un mal de ventre et un incontrôlable sourire.  

- Tu ne pensais pas t'en tirer j'espère.

Susurre-t-elle doucement près de son oreille, alors qu’à l’intérieur d’elle, un amusement démesuré se rue violemment jusque dans ses tripes.    
Revenir en haut Aller en bas
Message Power Move Empty
Ven 3 Jan - 14:07

Points : 0
Messages : 210
Age : 35
Habitation permanente : Old Fyre
Occupation : Photographe - Grand méchant loup
Nawar Nasri

Nawar Nasri
Sans surprise, ses mots fusèrent une nouvelle fois à peine avais-je fini de parler. Et avec eux, j’acquis la certitude absolue qu’elle repousserait systématiquement tout ce qui viendrait de moi, comme si nous étions deux aimants de même polarité. Nous étions comme qui dirait opposés de fait par notre similarité. C’était perturbant. Et déprimant.

Résigné face à cette grinçante réalité, je la regardai passivement se lever et venir se planter dans mon dos. Le contact glacial du métal vint se substituer un peu trop rapidement à la chaleur de celui de ses mains sur mes poignets. Je la laissai faire, essayant de me montrer impassible, comme absent de moi-même, mais je ne pu réprimer une grimace de désapprobation lorsque le « clic » caractéristique des menottes avait retenti.

Oh, l’espace d’un instant - sans doute motivé par un regain d’orgueil - j’avais bien pensé à me dégager rapidement et l’en empêcher, et reprendre le dessus mais… mais non. Comment lui prouver qu’elle pouvait me faire confiance si je m’opposai systématiquement aux règles du jeu qu’elle m’imposait ? Des règles qu’elle avait semblait-il bien pensées, car dans tous les cas j’étais perdant : soit agressif et immortalisé dans l’image du monstre qu’elle avait affronté dans le passé, soit docile mais complètement à sa merci. Je détestai cette sensation…  

J’allais l’interroger sur ses intentions d’un « Et maintenant ? » presque provocant lorsque je la sentis se rapprocher de moi. Aussitôt, mon souffle se coupa tandis que je sentais la chaleur du sien se répandre sur ma nuque, puis dans le creux de mon oreille pour se transformer en une phrase aussi mesquine que venimeuse « Tu ne pensais pas t'en tirer j'espère. » Cette femme n’était que poison… Je frissonnai. Bon Dieu, que cette mise en scène serait excitante si nous étions dans un autre contexte ! Mais j’étais plutôt terrifié à dire vrai. Par elle surtout. Puis par moi aussi un peu.

« Pas une seule seconde…  » soufflai-je finalement, même si sa question n’appelait aucune réponse en réalité. Je baissai la tête, reconnaissant ma défaite après son unique tir. Je m’abandonnai dans la contemplation du sol, mais tout mon être était tendu, au bord de l’implosion. Qu’avait-elle exactement en tête ? Que me réservait-elle de pire ? Et comment réagirai-je, à la longue, si elle ne cessait de me provoquer ? Cette incertitude était intenable. Je Ne Pouvais PAS continuer à subir sa loi sans rien en comprendre.

« Peux-tu m’expliquer à quoi ça rime tout ça ?  » parvins-je finalement à dire avant que ma voix ne meure au fond de ma gorge.

Pitoyable…
Revenir en haut Aller en bas
Message Power Move Empty
Dim 16 Fév - 2:08

★★★★
Points : 0
Messages : 1251
Age : 33
Habitation permanente : À Old Fyre, dans l’appartement qu’elle partage avec Tullio et Elana Cavaleri. Elle a aussi un appartement en Italie.
Occupation : Anciennement détective, maintenant chevalière à temps plein et maman.
Victoria Machiavel

Victoria Machiavel
Nawar est docile, résigné sous les mots qui restent en suspens entre eux, tout comme son souffle évanescent à la surface de son épiderme. D’aussi près, elle peut voir les tendons de son cou qui se tendent, le frisson qui le traverse, ainsi que sa peau qui se bossèle et qui s’hérisse à la naissance de ses cheveux. Elle s’approche dangereusement près, presque assez pour sentir son pouls débattre dans son angoisse immobile, presque assez pour que lui sente le mouvement de ses lèvres qui s'étirent dans un sourire carnassier, et définitivement assez pour qu’elle sente la vibration de sa voix quand il répond à sa question. Pas une seule seconde ; c’est essentiellement ce que j’ai pensé, moi aussi, ce jour-là, pense-t-elle amèrement alors qu’une expiration violente, incontrôlable, passe ses narines épatées par l’émotion qui la submerge.

Son sourire aussitôt évanoui, Victoria se redresse, lorgnant la courbe de la mâchoire avec dédain tout en le contournant. Ses talons haut claquent contre le sol à chaque pas, sans jamais qu'elle ne le quitte des yeux en retournent vers son bureau. Plutôt que de reprendre la chaise dernière, cependant, elle grimpe plutôt sur le meuble lui-même.  

Agile, Victoria se hisse pour s’asseoir. Elle prend son temps, ajustant sa position, replaçant l’ourlet de son veston et lissant sa jupe jusqu’au-dessus de ses genoux précautionneusement croisés. Là, elle reste impassible pour un temps et pose, dans son immobilité, un regard lourd sur la forme pitoyablement prostrée devant elle. Elle savoure mon malaise et mesure son angoisse grandissante, la laissant croître encore un peu avant de daigner lui répondre.  

- Votre présence me rend profondément mal à l’aise, répète-t-elle enfin, mais nous devons parler.

Son regard transperce, sa voix brule par sa froideur.

- On m’a dit que vous aviez une nature douce, la plupart du temps, commence-t-elle prudemment, et que ce qui est arrivé entre nous était sans précédent… Que quelque chose d’anormal avait dû provoquer votre transformation.

Jusqu’à présent, il était suffisamment soumis pour qu’elle commence à y croire, mais elle rejette aussitôt cette proposition aberrante. Elle prend malgré tout une pause, son inspiration lente et profonde étant la seule manifestation de la colère qui pointait le bout de son nez.

- Entre nous soit dit, ils ont voulu dire que je vous ai provoqué, bien entendu, crache-t-elle ensuite. Et on m’a dit que vous ne pouviez pas vous contrôler à cause de votre condition… Et pourtant, pourtant !  On vous envoie ici, pour veiller sur des enfants beaucoup plus provoquants que moi, avec votre condition !  

Sa voix monte mais, par-dessus la colère, un léger rire – presque de connivence – vient ponctuer l’absurdité de ce qu’elle venait de souligner.

Le silence revient, Victoria se calme et son expression devient placide alors qu’elle contemple, dans le vide, quelque chose qui ne se voit pas avec les yeux. Sa mâchoire se serre juste avant qu’elle ne repose son attention sur lui, insensible devant toute émotion qu’il aurait pu montrer.  

- Je n’ai pas dormi pendant plusieurs nuits après notre première rencontre, avoue-t-elle, après qu’on m’ait dit que vous continueriez à vivre un étage en dessous de chez moi, sans aucune précaution additionnelle. À nouveau, un écho hilare perce et flotte sur la canopée de son indignation. Comme s’il n’y avait aucune chance que ce qui vous a possédé la première fois ne le refasse encore.    
 
Pendant qu’elle parle, ses doigts distraits papillonnent jusqu’à son cou, là où il y avait encore des marques visibles de ses baisers pointus.  

- Je n’ai pas voulu en reparler, après ça, à part avec le médecin qui a dû s’assurer que je n’allais me devenir comme vous...  

À nouveau, c’est le calme, le regard dans le vide, la contemplation silencieuse, la décision, puis l’aveux.  

- Vous me terrifiez, glisse-t-elle calmement, sans détourner le regard, sans défaillir de quelque façon que ce soit. Et c’est un pouvoir que je refuse de vous accorder plus longtemps. Sachez donc que j’en ai finalement parlé à quelqu’un, et que ce quelqu’un m’a offert de vous faire disparaitre, enchaine-t-elle, mais j’ai opté de ne pas révéler votre identité… Tâchez quand même de vous souvenir que je tiens votre vie entre mes mains.
Revenir en haut Aller en bas
Message Power Move Empty
Lun 17 Fév - 5:06

Points : 0
Messages : 210
Age : 35
Habitation permanente : Old Fyre
Occupation : Photographe - Grand méchant loup
Nawar Nasri

Nawar Nasri
Ses talons claquaient sur le sol et me martelaient le crâne comme les coups de marteau que l’on abat pour délivrer une sentence, mais j’étais soulagé de la voir s’éloigner de mon dos. Puis elle s’est assise sur son bureau, me dominant de nouveau avec une certaine classe qui seyait parfaitement à son arrogance toute naturelle. Et quand elle me réitéra que je le mettais mal à l’aise, j’eus peine à ne pas lui rétorquer un « et moi donc » cinglant avant qu’elle ne me dise que nous avions à parler. En effet, cela me semblait indispensable. Mais je compris bien vite que c’était elle qui avait besoin de parler en réalité. Plus qu’un dialogue, c’était un plaidoyer à mon encontre que je n’avais d’autre choix que d’écouter.

Et plus elle parlait, plus je me décomposais face aux vérités crues que je n’avais jamais envisagées. C’était vrai que je n’avais pas subi de sanction à la hauteur de mon acte, tout juste une tape sur les doigts agrémenté d’un sermon à peine sévère. Mais je n’avais jamais imaginé que l’Ordre aurait pu lui faire l’affront de lui décréter que c’était Sa faute à Elle. Alors oui, moi aussi j’avais essayé de m’en convaincre, mais c’était plus une piètre pirouette mentale destinée à dénier ma totale culpabilité qu’une réelle conviction. Putain, mais dans quel siècle vivaient-ils ces bureaucrates de merde ? Oui elle était coupable d’être trop belle et de le savoir et d’en jouer, mais depuis quand cela constituait-il un crime ? C’était Moi qui n’avais pas su me maîtriser, c’était Moi qui l’avais mise en danger, trop excité par la chance inouïe de pouvoir à nouveau m’abandonner contre la chaire voluptueuse d’une femme. C’était Moi le monstre non ? Je l’ai regardé avec pitié, mesurant l’horreur qu’elle avait du ressentir de se voir dire « mais au fond vous l’aviez bien cherché » alors que tout ce qu’elle venait chercher, c’était un peu de justice pour se réparer. C’était scandaleux… Même moi le monstre je le voyais.

Un silence de mise s’invita un instant, peut-être afin qu’elle trouve le courage de continuer. Malgré ma colère naissante, malgré ma peur et la tension qui ne voulait pas s’envoler, j’essayais de rester attentif à chacune de ses phrases, comme pour les ancrer au fond de moi. J’encaissais sans broncher sa peine, sa colère, sa peur… et je commençais à entrevoir une dimension nouvelle dans l’horreur qu’elle avait vécu depuis ce jour. Car pour elle comme pour moi, l’horreur avait perduré pendant des jours et des nuits. J’étais anéanti de savoir l’angoisse qu’elle avait ressentie, se demandant si je recommencerai, l’angoisse de savoir que l’Ordre n’avait rien mis en place si cela recommençait, l’angoisse de se demander si elle n’était pas devenue comme moi… Comment avait-elle fait pour tenir le coup ? C’était beaucoup trop à supporter sans aucun soutien !

Et tandis qu’elle prononçait sa dernière menace, un rire nerveux que je ne pu réprimer s’échappa, résonnant dans la salle vide. Je n’étais définitivement pas prêt à encaisser tout ça. Baissant la tête, accablé par le poids de toute cette histoire sordide, je pris en tremblant mon tour de parole.

- Je suis tellement désolé Victoria… Tellement tellement désolé… personne ne devrait avoir à vivre ça.

Je repris mon souffle avant d’enchaîner.

- Je n’ai jamais voulu que les choses se passent comme ça tu sais j’ai… je… ce jour-là je n’ai pas pris la mesure de … j’ai pas pu, j’ai pas pu l’arrêter. Tu ne sais pas ce que c’est de se voir agir sans pouvoir rien contrôler ! D’habitude je suis plus prudent, je la sens venir, j’ai mes trucs pour m’empêcher de mettre en danger les autres… mais là… Putain c’que j’men veux… Si tu savais combien je m’en veux ! Mais c’est si difficile de lutter contre “ ça ” … Tous les jours, tous les jours, tous les jours elle est là…

Qu’espérai-je donc au juste avec mon discours aussi décousu ? Défendre l’indéfendable ? Justifier l’injustifiable ? Je ne savais pas, mais j’avais besoin qu’elle m’entende, qu’elle comprenne que tout ça avait aussi causé des dégâts irréparables pour moi. Seulement, tout était confus et ma voix tremblait… Ne prenant même pas la peine de la regarder pour affronter le feu que je devinais dans ses yeux, je continuai, espérant qu’elle me laisse faire avant de m’assener le coup de grâce.

- Je regrette… Non, je déplore qu’ils n’aient rien fait pour t’aider. Ils ont raison… je veux dire, quand ils affirment que je ne suis pas un homme violent, pas un - le mot tardait à sortir - violeur. Et c’est vrai que… quand je suis “ ça ”  je ne peux rien contrôler. Ça n’excuse rien, je le sais mais… Je me connais mieux aujourd’hui, je sais mieux y faire pour l’empêcher de nuire. Enfin, les enfants ne craignent rien. Ça ne marche pas comme ça… Ce sont les émotions vives et brutales qui la font venir… Ouais la plupart du temps, sembla ironiser une voix au fond de moi.

Je pouvais la rassurer en lui parlant des potions sédatives d’Hyli que je laissai un peu partout où je pouvais me trouver, ou bien encore des chaînes dans ma chambre d’hôtel, mais c’était une toute autre chose qui me brûlait les lèvres, l’esprit et le cœur. Une chose que j’avais besoin de formuler pour laver ma conscience.

- Je t’en ai voulu tu sais… c’est con hein ? Ouais, parce que j’y ai cru un moment que tu avais provoqué ça… Comme si tu étais une sorcière qui m’avait envoûté d’une quelconque manière et  que ce qu’il s’était passé cette nuit-là n’était absolument pas normal et ne se reproduirait jamais.

À nouveau un rire nerveux vint ponctuer mes mots. Mais tout se précisait.

- Ça faisait si longtemps que je n’avais pas ressenti autant de désir et j’y ai cru que c’était ta faute. J’ai voulu le croire, parce que sinon c’était trop dur à assumer…  Et je t’en ai voulu… Mais ta seule faute est de m’avoir permit d’ouvrir les yeux… Jamais plus je ne pourrai avoir une relation normale avec qui que ce soit, jamais plus je ne pourrai toucher une femme sans la mettre en danger de mort, jamais plus je ne pourrai vivre de romance, avoir une vie de couple, avoir d’autres enfants… une famille à moi… être normal.

Je n’avais jamais osé formuler à haute voix cette vérité, comme si la taire avait le pouvoir de la rendre moins réelle. Mais c’était un fait, j’étais devenu une chose abjecte et cette “ condition ”, comme elle disait, me fermait à jamais les portes d’un avenir normal et serein. Je n’appartenais plus au monde commun et personne ne pouvait le comprendre. Je serai toujours tourmenté par un passé révolu et un présent empreint d’une violence latente. Mais pourquoi était-ce à la personne qui devait me détester le plus sur cette foutue Terre que je parvenais enfin à l’avouer ? Attendais-je vraiment de la pitié ? Non… Mais qu’elle comprenne peut-être que tout n’était pas si noir ou blanc qu’elle semblait le croire. Je plantai mon regard dans le sien. Elle Devait comprendre.

- J’sais pas vraiment pourquoi, et n’en déplaise à certains, mais j’arrive à vivre comme ça, moi le danger ambulant, moi le monstre. Je me tus un instant avant de continuer, plus sûr de moi. C’est ma vie et je dois l’accepter. Et si cette “ condition ” peut me permettre d’éviter d’autres drames, c’est tant mieux, tu comprends ? Cependant… Je marquai à nouveau une pause, mesurant bien les mots que j’allais prononcer. Victoria… je ne suis pas en position pour te demander une faveur, mais… peux-tu me promettre que si jamais ça recommence, tu feras en sorte que ça cesse ?

Au fond, que pouvais-je faire de plus juste pour ma rédemption que d’accepter de laisser ma vie entre ses mains ?
Revenir en haut Aller en bas
Message Power Move Empty
Mer 22 Avr - 15:16

★★★★
Points : 0
Messages : 1251
Age : 33
Habitation permanente : À Old Fyre, dans l’appartement qu’elle partage avec Tullio et Elana Cavaleri. Elle a aussi un appartement en Italie.
Occupation : Anciennement détective, maintenant chevalière à temps plein et maman.
Victoria Machiavel

Victoria Machiavel
La texture des cicatrices dans son cou lui capture les doigts et ceux-ci se retrouvent prisonniers des reliefs qu’ils parcourent en errance, distraitement, alors qu’elle termine son monologue.

Les mots dits, elle évite de le regarder trop longtemps : Nawar est réceptif, et dans son silence, il dit malgré lui une multitude de choses… Il faut savoir que Victoria a toujours été très douée pour lire le langage corporel des gens. C’est une habileté naturelle qu’elle a activement cultivée pendant son cheminement en tant que détective et dont elle usait encore quotidiennement, pour enquêter autant que pour séduire ; pour embêter autant que pour détruire. Ainsi, les émotions qui traversent le visage de l'homme ne lui échappent pas, pas plus que celles qui entravent son corps et qui le gardent immobile mieux que n’importe quelle chaine à ses poignets. Le problème, c’est que ce qu’elle lit chez lui – honte, remords, empathie – ne lui plait pas du tout.

Leur entretien actuel avait, en quelque sorte, des airs de tribunal où elle était simultanément victime plaidante et juge dans un procès auquel il se soumettait menotté comme tout criminel dangereux se devait de le faire. Or, la victime était en colère et vindicative, mais la juge, malgré tout, était magnanime et sensible à la raison. Nawar s’excuse et, quelque part, elle sait qu’il est sincère, mais elle refuse toujours qu’il soit excusable. Il implore son pardon avec des explications qui tiennent la route – comme tous les violeurs du monde essayent immanquablement de le faire – et elle, comme toutes les survivantes à qui on avait essayé de réexpliquer la situation, elle refuse, refuse, que son acte devienne autre chose qu’impardonnable. Qu’elle soit peut-être la seule victime d’un agresseur dont la justification est approximativement valide est une pilule plutôt difficile à avaler et la juge, bien que raisonnable, n’est pas pressée de créer un tel précédent.

A-t-elle le droit de ressentir de la pitié pour lui et pour sa situation tout en refusant de lui pardonner son geste envers elle ? Cela semble si contradictoire, et pourtant, pourtant, quand il parle des femmes qu’il ne pourra plus toucher, et surtout des enfants qu’il ne pourra pas avoir, l’empathie sournoise, tel un bélier, vient frapper sa poitrine fermée de quelques coups douloureux. D’autres enfants, a-t-il dit, sous-entendant qu’il en avait déjà. Victoria se demande presque ce qui est arrivé aux premiers, mais son instinct lui dit qu’elle préfère ne pas le savoir au risque de céder à la compassion.

À son tour, elle l’avait écouté, le regardant malgré elle à chaque fois qu’il piquait sa curiosité, et à chaque fois peu plus longtemps, jusqu’à longuement le contempler. Ses bras, repliés sur sa poitrine, gardaient encore son cœur, mais son menton relevé donnait de la perspective à ses synapses logiques. Ainsi s’installe une tranquillité relative pendant laquelle elle déplore, vaguement, qu’il ne soit pas venu la voir pour de l’aide avant leur mésaventure... C’est qu’elle aurait peut-être pu l’aider, en vérité. Évidemment, cette brève accalmie est inévitablement brisée quand, à la toute fin de son tour de la parole, Nawar a l’audace de lui demander un service d’une lourdeur impossible. Même si, indirectement, elle avait déjà un peu convenu de le faire… Comment osait-il lui imposer cette responsabilité de manière si formelle ; comment osait-il se placer comme seule victime. Comment. Osait. Il.

En un souffle à peine, une furie incendiaire, violente et destructrice, s’attise en Victoria. Dans une inspiration abrupte, elle l’étouffe tout juste en retenant son souffle. C’en est trop pour elle, alors quand elle expire finalement, c’est pour lâcher prise ; pour se protéger et ne pas être consumée tout entière, elle éteint de son entendement la colère instantanée autant que la vague considération qui avait commencé à prendre place entre eux.

Aride, elle se lève donc et marche dans sa direction avec une lente fébrilité. Devant lui, elle se penche, doucement, avec les yeux fermés pour s’approcher sans défaillir malgré la proximité qui s’enfuyait dangereusement, seulement pour mieux capturer son regard quand s’ouvre le sien, doré et aiguisé sous l’ombre de ses cils.

- C’était déjà sous-entendu, souffle-t-elle froidement contre sa joue.

Derrière lui, toujours menotté, le son de ses talons hauts frappe ensuite le non-lieu.

- Merci pour la conversation, lâche-t-elle enfin, sa phrase maquée d’un claquement de porte comme point final.
Revenir en haut Aller en bas
Message Power Move Empty


Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas

Power Move

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Hidden Dawn, Rising Star :: Le monde :: L'Amérique du Nord :: River Stone High :: Les classes-