LIENS UTILES
Nouveau?
Code de vie
Contexte
FAQfadet
Groupes
Sanctuaires
Artéfacts
Bestiaire
Fonctions
Races jouables
Défis mensuels
Textos
Missions
Vedettes
Absences
Partenariat



-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal


Désordre d'âme Empty
Désordre d'âme Empty

Désordre d'âme

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Message Désordre d'âme Empty
Ven 2 Fév - 18:35

Points : 0
Messages : 36
Age : 30
Habitation permanente : KMO, Hiryuu : 05 rue de la Chance, app: 32 ou la Chambre 110 de l'université KMO ou chez Zakuro.
Occupation : Étudiant en psychologie | Mangeur d'âmes.
Kohaku Joshua Mitsumasa

Kohaku Joshua Mitsumasa
DÉSORDRE D’ÂME
Pellicules brouillées, chaussettes emmêlées

-

Aujourd’hui, sous le couvert de nuages que j’envisageais être des cubes de sucre fantaisistes attendant d’être déposé contre la porcelaine d’une tasse de thé, était le jour où Sophia Carter quittait son cercueil hospitalier – lit électronique dont les vrombissements mécaniques me retournaient les trippes – pour regagner le monde des vivants. Elle m’avait appelé la veille pour me signaler sa décharge et Kojiro – Hirondelle sans lame qui me guettait de ses prunelles – n’avait pu que m’observer enfoncer des fringues dans mon sac de cours, ma démarche frénétique et mon visage fendu par un sourire.

Carter. Ma harpie. Ma terrible mégère. Hors de cet hôpital immaculé dont la simple existence me donnait envie de flirter avec un brin de gazoline et une poignée d’allumettes. Je m’étais éparpillé dans tous les sens, miaulant mon effervescence contre la nuque de l’Hirondelle, alors que sa moto filait le long de la route qui me conduirait jusqu’à l’aéroport. Nos aurevoirs avaient eu ce goût des moments trop chargés pour être appréciés, sucrés, salés, épicés, amers, et il m’avait promis de prévenir nos proches, fidèle à lui-même, à cette rigidité circonstancielle qui l’écartait des démonstrations d’affection publiques.

Le vol avait été long, la distance qui séparait le Canada du Japon une contrainte qu’il me fallait prendre en compte. L’idée de fracturer l’univers, de me fracturer à contre-sens de la physique, m’avait effleuré l’esprit, mais le caractère aléatoire de la démarche, ainsi que la présence de Kojiro, m’avait dissuadé d’encourir une quelconque tentative. Plus tard, avais-je opiné, imaginant mes os se fondre à l’invisible. Plus tard, lorsque les  enjeux ne me seraient pas aussi précieux, lorsque le temps serait mon allié plutôt qu’une balise se targuant de me narguer.

Peut-être aurait-il été préférable pour moi de faire appel à l’Intemporalité. Le trajet avait été long, mais, ignorant les sonorités ambiantes, j’avais gardé mon regard rivé sur le ciel, sur ce bleu qui m’exaltait, sur ces nuages qui, une fois atterri, se transformeraient en bouchée sucrée.

L’aéroport Trudeau avait été cet endroit brodé à même une familiarité dissonante. Des tonalités nord-américaines remplaçaient les expressions japonaises contre lesquelles j’avais érigé mon quotidien, connues, appréhendées, mais partiellement détachées de l’affect que je leur avais autrefois voué. Je grimpai dans un taxi, massant mon nez contre la vitre du véhicule, sans porter attention aux paroles que le conducteur devait sans doute me servir.

À la station de métro la plus proche, lui-avais-je dis. Puis, je n’avais plus pipé mot.

Il m’avait déposé à la station Côte-Vertu et, debout dans l’embouchure qui me mènerait dans les souterrains de Montréal, j’avais rappelé Carter. Elle avait eu ce soupir calculé, de l’autre côté du téléphone, et j’avais imaginé ses lèvres se plisser dans un émoi qu’elle badigeonnerait de réprimandes. En due forme, elle m’avait déclaré incorrigible, persifflant d’une voix croassée que j’étais bien stupide d’avoir laissé mes études derrière pour une vieille femme qui préférait la tranquillité à ma voix criarde.

Je t’aime aussi, conasse de harpie. Je t’aime aussi.

Cela nous amenait à maintenant, à moi, qui déambulais les rues longeant l’hôpital St-Mary, vêtu d’un manteau noir, d’une écharpe bleue nuit et de docs jaune poussin qui détonait vaguement contre la neige vaseuse qui chuintait sous mes semelles. J’avais des heures à tuer, quatre, pour être exact, et je les envisageais s’entasser contre les aiguilles d’une horloge, à la manière de ces chutes de neige qui bloquaient, de temps à autres, la circulation routière. Bloquer une horloge. Bloquer le temps. Pour qu’il puisse s’accélérer, pour rétablir l’ordre, pour se rattraper, une fois que l’on dégagerait ses aiguilles.

Je mordillai le tissu tressé de mon écharpe, laissant mon regard valdinguer contre la façade lisse d’un café qui prétendait se spécialisé dans la confection de thé. Je stoppai mes mouvements, contemplant le décor tranquille de l’établissement qui paraissait à moitié vide, pianotant sur la possibilité le temps d’une tasse de thé chaud. Un thé pour célébrer cette harpie dépourvue de gratitude. Un thé pour souligner nos points communs.

J’entrai dans l’établissement, l’ouverture de la porte laissant un tintement  retentir et une vague de froid importuner les convives déjà assises. Je passai une commande au comptoir, une infusion à l’hibiscus, clin d’œil à la santé qui se voulait être l’étendard de ma journée. Je me promis d’en commander une seconde, avant de partir, pour la déposer entre les paumes tachetées de ma vieille Carter.

Don’t you dare die, ever.

Ma commande reçue, je voletai, fixant les traces mouillées que mes bottes abandonnaient contre le sol, jusqu’à une table entassée dans un coin en bordure de la fenêtre. Je pris soin d’extirper un bouquin des confins de mon sac, une œuvre épisodique écrite par Marie Ndiaye et qui racontait les existences de trois femmes, et le déposai sur la table. Les gens défilaient à l’extérieur, la saison hivernale les laissant se replier sur eux-mêmes, se recourber à la manière de plantes flétries. Je m’imaginai leur jeter du sel de fonte au visage, envisionnant leur corps courbes se raidir sous la surprise, l’indignation.

Je restai là un long moment, le visage rivé vers l’extérieur, mon foulard pendouillant autour de mon cou, une mélodie à-demi murmurée s’extirpant hors de mes lèvres.  C’était toujours la même qui venait scinder mes moments d’inattention, celle qui ajoutait un filtre tantôt bleuté, tantôt jauni, à ma vision. Il s’agissait d’une mélodie familière, dépourvue de paroles, qui faisait tressaillir mes paumes.

Il s’agissait d’une mélodie confortable, comme cette ville, comme ce moment.

Je balançais mes pieds, heurtant, sans trop y porter attention, l’une des pattes de la table voisine à la mienne.
Revenir en haut Aller en bas
Message Désordre d'âme Empty
Mer 29 Mai - 0:32

★★
Points : 50
Messages : 142
Habitation permanente : Elle est en cavale pour le moment
Occupation : Formation d'un réseau d'information, accumulation de ressources magiques pour se défendre contre ses agresseurs
Alea M. Lachance

Alea M. Lachance
Montréal.

Dans sa jeunesse, Alea n’avait pas passé beaucoup de temps dans la métropole... Malgré tout, les édifices transpiraient une familiarité étouffante et les éclats de voix, avec leurs accents tranchants, lui déchirait les tympans comme un hurlement qui criait maison.

Elle était ici pour le travail, pour des conférences, et elle n’avait dit à personne qu’elle était d’origine québécoise. Ce matin-là, contre toutes ses résolutions, ses pas l’avaient guidée dans les rues et dans métro. La carte colorée affichait des stations aux noms à la fois familiers et étrangers.  Côte-des-Neiges semblait un arrêt approprié pour émerger et affronter l'hiver, et, éventuellement, se réfugier et prendre une boisson chaude dans une maison de thé.

Sa tasse de Jin Xuan sent le beurre, goûte le lait crémeux et Alea la sirote avec une grande appréciation. Le clame et l’inaction lui conviennent ; elle lit les haïkus tatoués sur un mur de l’établissement et la poésie devient une grande aventure pour la pensée ; en fermant les yeux, elle ouvre ses ailes et s’envole vers les frontières du rêve imagé.

Quelqu’un, assis près d’elle, commence à chanter et elle sursaute.

Elle reconnait la mélodie, puis la voix. Incrédule, Alea se tourne vaguement vers l’énergumène, son dos droit et son air à la fois royal et curieux, même si elle sait parfaitement qui elle découvrira.  Quand Joshua survole la pièce du regard, par contre, il ne montre aucun signe de la reconnaître. Était-il sérieux ? Il ne l’avait pas vue ? Pas reconnue ? Quelles étaient les chances qu’ils entrent simultanément dans le même salon de thé, sans le savoir, alors qu’ils avaient l’entendu du temps et de l’espace pour écarter les coïncidences...  

Incompréhension, frustration.

Ses longs cils papillonnent et ses yeux verts palissent tandis que ses pupilles se rétractent et qu’elle le toise curieusement. Elle l’observe manifester son existence en chantonnant et en bullant comme un enfant heureux, revêtant un visage plus mûr que celui qu’elle lui connaissait, mais aussi une attitude plus jeune et plus fraîche.

Elle ouvre son téléphone, ouvre le dossier verrouillé. Des photos apparaissent ; certaines sont coquines, d’autres sont terribles. Elle glisse et passe la belle chair galbée, passe les murs décapés, passe les rondeurs voluptueuses, passe les tâches d’hémoglobines brunies et les bizarreries morbides. De loin dans ses archives émergent finalement des sourires dantesques et des éclats opalins. Il y a un bain et de la nudité, puis il y a des jupes et eux deux qui ressemblent à des poupées assorties. Il y a aussi Shlagvu, une pierre tombale avec son propre nom gravé dessus, une théière en forme de citrouille, puis d’autres personnes, mais aucune aussi récurrente que Chess.

Réalisation, amusement.

Ses lèvres se bombent et s’étirent, si bien que ses dents sont momentanément visibles avant de redisparaitre en s’enfonçant dans ses muqueuses.

Sur l’écran, il y a Chess ; devant elle, il y a Joshua.  

Elle regarde ensuite ses messages textes et aucun de ses noms ne s’affiche dans les messages récents. De toute façon, si elle en composait un nouveau maintenant… Elle se doutait que la personne devant elle ne le recevrait jamais.

Mélancolie ?

Elle le considère avec douceur, puis avec tendresse et constatant qu’il a l’air heureux.

Les minutes passent, comme les pages de son livre. De son côté, elle ne s’est pas retournée vers la poésie, mais ça ne l’empêche pas de planer au-dessus d’une étendue d'imaginaire et de possibilités.

La fenêtre, devant eux, donnait sur l’hiver blanc et les gens gris, mais l’air autour d'eux sentait l’été, l’hibiscus et la crème fraîche.

Qu’est-ce que ça te fait de savoir que la majorité de ses personnes qui passent, dehors, sont profondément malheureuses ? Mourrait-elle d'envie de lui demander.

Son visage est calme, mais ses yeux sont grands ouverts, brillants, et ses lèvres sont timidement courbées vers le haut. Elle se trouve drôle et elle rit intérieurement de cette référence à leur première rencontre… Sauf qu'il ne s’en souviendrait pas, de son côté.

Mélancolie.
Revenir en haut Aller en bas

Désordre d'âme

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Hidden Dawn, Rising Star :: Le monde :: L'Amérique du Nord-