Une fois la porte refermée derrière eux, il faisait sombre, mais ils pouvaient facilement deviner la poussière et la crasse, même sans la voir, tellement l’odeur était opaque. Même en tant qu’enseignants, ils n’étaient pas supposés être là ; la cave était réservée au personnel de ménage seulement, à moins d’une permission spéciale… Pour Victoria, cela signifiait qu’une inspection était d’autant plus importante, puisque les petites créatures aimaient les endroits sombres et peu visités.

Son murmure fuse dans le noir avec une intonation moqueuse :
-Au pire, si on se fait prendre, on fera semblant que c’était pour baiser !

En entendu, elle n’était pas vraiment sérieuse. Cette technique avait bien fonctionné avec Thorne, mais, s’ils pouvaient l’éviter, elle préfèrerait qu’ils n’en arrivent pas là ; avec Xander, ce serait un peu incestueux et vraiment très étrange. Qui plus est, il y avait déjà assez de rumeurs à son sujet, et si l’image de la femme libérée sexuelle lui allait parfaitement, ce n’était pas idéal pour avoir une gestion de classe efficace ou pour se faire prendre au sérieux par des parents conservateurs et puritains.

Définitivement, l’enseignement n’était pas fait pour elle.

En bas des escaliers, quand la lumière ne risquait plus de se faire remarquer dans l’embrasure de la porte, Victoria ouvre la lampe de poche de son téléphone. Avec l’éclairage en dessous du menton, ses pommettes sont exagérées et son apparence vaguement burlesque, presque effrayante. Xander, lui, est tout bonnement terrifiant dans le clair-obscur, avec ses cicatrices soulignées par la lumière artificielle et ses yeux qui brillaient dans la pénombre. Elle le regarde de pouffe de rire, ses dents brillantes et opalines pressant la noirceur.

Ils s’enfoncent encore dans la cave, et quand ils sont rendus assez loin pour ne pas être entendus, elle revient sur leur conversation d’un peu plus tôt :

- Qu’est-ce que tu disais, donc, au sujet de l’infirmière ?

En agitant la lampe de poche, ils finissent par apercevoir une porte où il est écrit Chambre des fournaises.

C’était sale et sombre. Dans un sens, cela correspondait exactement à l’image qu’on aurait pu se faire d’une cave de lycée. L’endroit parfait pour un tueur psychopathe, des meurtres rituels d’une sous-communauté d’élèves bizutés, ou simplement… Exactement ce que nous étions venus débusquer.

Ce fut un soupir qui accueillit sa proposition, et je secouai négativement la tête, repoussant l’idée qui pourtant n’était pas si conne que ça.

“Oui, génial, comme ça tu parfais ta réputation… On va éviter, d’accord ?”

Au fond, que Victoria fasse ce qu’elle voulait avec qui elle voulait ne me regardait pas du tout. Grand bien lui fasse, je l’estimais assez pour me douter qu’elle était précautioneuse et n’irait pas se choper d’invasion d’alien ou une vilaine MST, et la savais assez forte pour ne pas se retrouver dans un trop mauvais plan. Non, mais si elle pouvait éviter de se faire emmerder parce que certains avaient une mentalité un peu trop rétrograde, ça serait certainement mieux pour le déroulement de la mission.

Je jurai doucement en remarquant qu’une marche était instable et me rattrapai à la rembarde en bois, usée, prévenant sobrement qu’une marche était abîmée sur le chemin. Le genre de choses qui m’avait valu la sale cicatrice qui collait encore à mes côtes, une marche foutue.

La lumière se fit alors que Tori allumait son téléphone, et je règlai le mien pour faire de même, tirant la langue lorsqu’elle m’éclaira par en dessous.

“Bouh.”

On s’enfonça un peu, assez pour qu’elle se sente de remettre le sujet, que j’avais à peine effleuré, sur le tapis. Danaé. Je soupirai et me rembrunis, me détournant pour éclairer les murs et le sol minutieusement.

“Hnnn… Comme je disais, au début elle était en mode “oh toutes ces cicatrices, c’est trop terrible, je peux soigner ça”, etc. Et quand elle est venue pour qu’on en discute...”

Une pause, je me penchai, soufflai sur le sol. Seule de la poussière qui se souleva, pas cette matière étrange récupérée sur un livre.

“Elle m’a dit qu’elle était une lamia.”

Ca piquait le nez, mais ça ne me choquait pas. Je savais en entrant ici que j’étais ensuite bon pour un shoot de ventoline.

“Je lui ai dit ce que je faisais avant. Elle est montrée sur ses grands chevaux, s’est fait à moitié dessus, m’a traité d’assassin, de monstre, etc. Puis elle s’est barrée. J’avais rien demandé.”

Je retroussai la lèvre supérieure à ce souvenir, inspirai un peu trop fort et me mis à tousser. Et merde. Je bloquai ma respiration un instant, malgré le signal d’urgence que m’envoyaient ma gorge pour qu’elle puisse continuer à s’irriter, puis relâchai mon souffle dans un sifflement caractéristique. Et merde. Je n’avais pas envie de paraître faible.

“Elle m’a traité comme si j’allais buter ses semblables pour le plaisir.”, grondai-je, coléreux. “J’avais pas les méthodes de l’Ordre, mais je me contentais principalement de virer des nuisances dangereuses… C’était la même chose. A ton avis, j’me fais plutôt passer pour un tout jeune chevalier qui n’y connait rien ?”

De toute façon, je n'en reparlerais pas. Mais j'avais besoin de râler contre Danaé... Et infirmer que ce n'était pas l'accueil que j'allais recevoir à chaque fois.

- Une mauvaise réputation est une bonne couverture. Chantonna-t-elle joyeusement.

Victoria pouffe et ricane devant ses tentatives d’être amusant. Elle feint même une expression terrifiée quand il joue au fantôme, mais sans pouvoir cacher le sourire de ses yeux pétillants.

Armés de leurs téléphones, ils farfouillent dans le noir. La poussière et le renfermé sont tels qu’ils ne s’y habituent pas, mais autrement, rien à signaler.

Xander parle et elle écoute sans pour autant qu’ils négligent leur recherches. Quand il lui annonce le statut de Danaé, par contre, elle se retourne vers lui en passant accidentellement la lumière sur son visage. Cette fois-ci, pas de blague, pas de grimace, il a juste un air sérieux qui le rend encore plus sinistre. De son coté, elle est visiblement surprise, mais pas choquée. Il continue, posant au passage une question sur laquelle Victoria hésite quelques instants.

- Je ne pense pas que tu ais besoin de faire semblant… Vu que c’est derrière toi et que tu n’as rien à cacher…Mais tout est une question de minutage. Ce n’était peut-être pas le bon moment… Ou la bonne personne… pour en parler ? Et on pourrait dire la même chose de Danaé, je suppose.

Suppose-t-elle, ses expressions faciales presque douloureuses pendant qu’elle formulait ses paroles. Entretemps, ils avaient bien progressé dans la pièce et Victoria était trop contente de reposer son attention sur la porte de la chambre des fournaises. La poignée tourne, toutefois, la porte s’ouvre mal, comme si quelque chose l’entravait de l’autre côté. Elle essaye de forcer avec son épaule, mais l’action est difficile parce qu’elle est encore un peu abimée de sa dernière mission en dehors de l’infiltration scolaire. En parallèle, elle reprend la parole sur un ton des plus conversationnels.

- Sinon, si je me souviens bien, l’apparence des lamias change selon leur personnalité. Comme Dana à l’air parfaitement humaine… d’une belle et attirante humaine même, tu n’as pas à t’inquiéter de ses intentions, ou qu’elle se retourne contre toi… Contrairement à d’autres.

Les quatre derniers mots, par contre, étaient lourds de sens et acides.

Je grondai lorsque Victoria m’éblouit sans le vouloir, m’empêchant de bien distinguer son expression. Cela ne m’empêcha pas de continuer à fouiller en parlant, et je pinçai les lèvres à sa réponse. M’ouvrir pour me prendre des baffes n’avait jamais été ma source d’amusement principale. Je glissai un regard à la jeune femme qui fouillait avec moi, me demandant ce qu’elle avait en tête lorsque son expression se fit douloureuse. J’aurais pu lui dire qu’elle avait le droit de me parler, j’avais l’impression que faire ça revenait à parler à une porte. A sa place, je n’aurais pas eu envie qu’on farfouille dans mes sentiments.

“Je ne l’ai pas jetée parce que c’était une lamia.”, ronchonnai-je, avant de soupirer. “Mais oui, la prochaine fois, j’éviterais. Elle avait l’air tellement… Je ne pensais pas lui faire peur.”

Tellement gentille, à la limite trop ? Un peu de ça. Je soupirai en voyant Victoria forcer sans succès et me rapprochai, décidé à ne pas continuer à fouiller dans la poussière. Et à ne pas la laisser pédaler dans la semoule, également. J’étrécis tout de même les yeux à ses derniers mots, cherchant le sens exact derrière ça.

“Tant qu’elle n’ouvre pas la bouche pour déverser des conneries, je suppose qu’on peut la trouver attirante, oui. Et… ‘Fin, tu sais que si besoin, je… suis là ?”

C’était maladroit au possible. J’ignorais de quoi elle parlait, si ça se trouve elle me reprochait à moitié… Non, elle me l’aurait dit. Je préférai faire comme si j’étais passé à côté, et l’écartai de la porte pour la placer derrière moi au passage.

“Alors économise toi, et laisse moi faire, d’accord ? Que je me sois pas musclé en déplaçant des poutrelles pour rien.”

Quelque chose bloquait. Mais il n’était pas question de dire que je n’y arrivais pas, ou qu’il aurait fallu qu’on s’y mette à deux. Je forçai, tout simplement, sentant les centimètres passer l’un après l’autre, lentement, serrant les dents pour me concentrer sur l’effort. Je savais à quel point je me sentirais bien une fois le passage libéré. Ca m’empêchait de lui dire, aussi, qu’à la prochaine qui réagissait comme Danaé, je disparaissais pour de bon. Je doutais que les chevaliers aient besoin de moi, et… Je n’avais pas besoin de ça. J

“Tori, tu peux éclairer, qu’on voie si quelque chose bloque et si on peut pousser ? Par là, comme ça.”

Qu’elle donne de la lumière tout en restant un peu à l’abri. Le fait qu’elle soit chevalier depuis bien plus longtemps que moi n’entrait pas en ligne de compte. Quoi qu’il y ait derrière cette porte, elle ne serait pas en première ligne, point.

La première chose que vous remarquez, c’est l’odeur forte et putrescente qui émane de la porte entrouverte.

Vous allez sous peu visiter la chambre des fournaises :

Quand la lumière de la lampe de poche est dirigée vers le ventre de la pièce, le plancher se fracture en des centaines de formes réfléchissantes qui s’animent, s’affolent et s’enfuient. Elles disparaissent dans la noirceur, ne laissant visible que la forme grotesque d’un corps en décomposition.

À priori, rien ne bloque la porte à part une viscosité encombrante qui luit avec un éclat sombre et rougeâtre.  

La victime, manifestement enfermée dans la chambre des fournaises, est décédée de causes encore inconnues. Des créatures nécrophages en auraient profité pour se délecter de ses tissus et de ses fluides jusqu’à la rendre méconnaissable.

- Peut-être qu’elle a peur et qu’elle a réagi fortement parce qu’elle est vulnérable. Peu importe le passé de chacun, une créature va toujours être jugée plus sévèrement, ou en tout cas, moins soutenue par ses pairs humains.

Victoria soupire en disant cela parce qu’elle réalise que cela s’applique à Nawar également. Dans son ventre, des flots d’émotions contradictoires s’agitent et reviennent violemment sur elle-même comme un ressac brutal. Autant elle reste fâchée contre lui, autant elle ressent une pointe de remords pour l’agressivité qui avait suivi leur rencontre. Elle réalise également à quel point ils avaient eu de la chance que Danaé, avec sa perspective unique, ait servi de médiateur.

Maintenant que Xander le lui lui propose, Victoria a envie d’en parler. Après tout, mis à part une plainte officielle qui avait été traitée en silence, elle avait gardé tout ça pour elle. Elle en a très envie, et ce tout en sachant qu’il ne serait peut-être pas le meilleur confident à ce sujet ; pas parce qu’il ne l’écouterait pas, pas parce qu’il remettrait en doute ses peurs et ses hantises, et certainement pas parce qu’il la jugerait… Non, c’est plutôt parce qu’il risquait d’être très fâché envers l’autre personne concernée. Tout en comprenant la situation unique, une part d’elle continuait de penser que Nawar méritait de telles foudres après ce qu’il lui avait fait – ou avait essayé de lui faire.

- Oui... En fait, il n’y a pas si longtemps, j’ai eu une altercation avec un pair non humain, moi aussi et …

Quand la porte s’entrouvre, elle se tait dans sa stupeur ; s’odeur qui s’échappe l’agresse avec la force d’une gifle. C’est le passé qui lui rentre dedans avec violence et qui met tous ses sens en alerte. Ça sent la guerre et la rue, la violence et la misère ; ça sent la mort.

Elle jure en italien.

Malgré qu’ils soient dans une cave en béton, son téléphone capte juste assez le signal pour qu’elle téléphone au responsable de la mission.

- On vient de trouver un putain de cadavre à la cave… Moi et Matteson… Oui... Non… Pas encore… Ok non mec, ce n’est pas une mort naturelle on … Noooon… Oui, je sais qu’on ne peut pas appeler la police … Écoute, je veux une équipe et de quoi ramasser des échantillons, on s’occupera de reste au milieu de la nuit, oui… Oui, oui. D’accord, je fais ça tout de suite.

Elle soupire et contemple Xander un instant, son expression fatiguée.

- Ce n’est vraiment pas ce que je pensais trouver aujourd’hui. Dit-elle ensuite, alors qu’elle s’immisce dans la pièce sombre en faisant attention où mettre les pieds. Elle trouve rapidement l’interrupteur et la lumière jaillit.

Aucune créature en vue, juste le cadavre en très mauvais état.

Victoria s’accroupit et ouvre son application d’enregistrement.

- Cadavre retrouvé dans la chambre des fournaises à 14h27 ; température ambiante élevée ; état de décomposition avancé, rigidité cadavérique dépassée. Mort estimée il y au minimum deux jours vu la chaleur ; pas plus de cinq jours. Fluides corporels rependus jusqu’à deux mètres ; aucun traumatisme évidant sans déplacer le corps ; marques de dents nombreuses laissées par plusieurs créatures non identifiées. Visage impossible à identifier ; résidus vestimentaires féminins en apparence ; chaine et pendentif en forme de croix autour du cou ; cheveux roux ou rouge ; petite stature, hauteur estimée entre 145 ou 150 cm ; âge difficile à définir.

Je m’étais tendu lorsque Tori avait commencé à parler de problèmes avec une créature, prêt à l’aider si elle le demandait. Ou si je comprenais qu’elle aurait pu le demander si elle avait été moins fière. J’étais parfaitement bien placé pour savoir qu’accepter de l’aide était dur, la demander impossible, parfois. Je me refusais tellement d’être vulnérable que je pouvais plaquer cette logique à n’importe quel comportement facilement.

Je pouvais écouter et pousser en même temps, mais l’odeur la stoppa, me stoppa également. Danger. J’avais rarement senti une telle odeur, c’était quelque chose qui retourne, qui disait qu’on était dans la merde, qu’il fallait se barrer, revenir avec des renforts. L’odeur qui signifiait que de chasseur, si on ne bougeait pas très vite, on devenait une proie.

Respirer par la bouche, lutter contre la nausée, lutter contre l’envie de partir au plus vite et revenir mieux armés. Plus nombreux.

Sous la lumière des téléphones, j’eus l’impression de voir ces formes draconiques miniatures s’enfuir, les choses avaient le même éclat. Dire que j’avais trouvé celui dans la cour plutôt… mignon ? Je déglutis difficilement le trop plein de salive, refusant de rendre ce que j’avais mangé.

Regard étréci, je sortis un couteau de poche, un vieil opinel à la lame un peu rouillée mais assez discret et dépliai la lame pendant que Victoria prévenait notre supérieur. J’aurais aimé qu’elle se taise pour qu’on puisse se focaliser sur nos sens, au cas où ça soit “plus gros” qui ait fait ça. Serrer le mange usuel, en bois patiné par le temps, eut un effet rassurant, et j’osai faire un pas dans la salle des fournaises, me tournant vers Victoria en lui offrant un sourire qui avait tout d’une grimace.

“Point positif, mon dernier repas date de plusieurs heures.”

Peut-être prendrait-elle ça pour de l’humour, et pas un aveu de réel malaise, et je me sentis con lorsqu’elle activa l'interrupteur. C’était mieux pour s’assurer que tout était vide. Ce n’était pas par lâcheté, mais parce que je faisais confiance à ma partenaire de mission que je détournai le regard du tas de chairs pour aller regarder ailleurs. Les différents tuyaux semblaient recouverts de …

Je récupérai un mouchoir et le passai sur l’un, avançant en essayant de comprendre, en fonction des tas plus ou moins importants, où dormaient les créatures. S’ils fonctionnaient comme les oiseaux à ce niveau là, en tout cas.

A la manière dont la “poussière” s’écrasait dans le mouchoir, j’étais bien en train de ramasser de la merde de mini-dragon-antropophage-boule-disco.

“J’ai déjà… Il y a des créatures comme ça partout dans l’établissement. Y’en a au moins un qui avait chié sur un livre, dans la bibliothèque, et on en a vu un dans la cour avec Lorelei.”

Je m’étais tourné vers elle en parlant, baissai les yeux sur le cadavre, les fluides étal… Eh merde, j’avais le pied dedans. Je laissai échapper un juron, reculai, glissai et me rattrapai comme je pouvais, en arrière. J’aurais pu penser que j’étais bon pour laver mes fringues, mais une douleur aiguë traversa mon bras, que je retirai d’un coup sec d’une arête vive d’une chaudière. Je jurai à nouveau - beaucoup, alors que la douleur se répandait jusqu’à mon poignet et mon coude, et pris une inspiration pour me calmer. J’avais l’habitude d’avoir mal, mais je détestais toujours autant ça. La blessure mettrait plusieurs jours à tirer sur mon bras de manière peu pratique, et je risquais de la rouvrir régulièrement pour un rien.

“C’est rien.”

Un peu d’alcool et ça irait, voilà tout. La plaie saignait, sûrement profonde, mais si ça avait nécessité des points, j’étais persuadé que je l’aurais senti : c’était mon corps, après tout.

“Je pense pas que les créatures reviennent. A part attendre l’équipe et la nuit, je pense pas qu’on puisse faire grand chose ? S’assurer que personne ne vienne...”

J’aurais voulu lui dire que j’étais prêt à l’écouter si elle voulait encore parler, mais je ne savais pas trop comment aborder les choses.

“En tout cas, je crois que j’ai besoin d’un remontant. Pas toi ?”, proposai-je, estimant que c’était le mieux que je puisse faire pour lui proposer de me parler…

Elle jette un coup d’œil vers Xander qui ne semble pas très bien sous toutes les prétentions du contraire. L’inverse l’aurait grandement étonnée, pas parce qu’elle le pensait faible, mais parce que personne ne réagissait bien à un cadavre à moins d’en avoir l’habitude. Elle-même, la première fois, avait été malade plusieurs fois, sur la scène de crime et même après, parce que l’odeur stagnante lui était restée dans le nez, tout comme l’image gravée à la surface de ses yeux. À la limite, elle aurait été plutôt inquiète de le voir imperturbable devant leur macabre trouvaille.

Xander parle pendant qu’elle enregistre toujours et elle acquiesce avant d’ajouter : « Et les morsures visibles sont consistantes avec celle reçue par Cy Thorne lors de notre escapade dans les cuisines » à leurs observations communes.

Elle est toujours accroupie, stable sur ses pieds et bien balancée par l’angle de son abdomen. Sans jamais toucher le corps, elle décortique ce qu’elle voit avec toute son expérience de détective afin de décider qu’il n’y a rien de plus à ajouter aux notes préliminaires. Elle envoie donc le fichier MP3 crypté au responsable de la mission afin qu’il soit ajouté au dossier de l’enquête. Elle reçoit un accusé de réception quelques secondes plus tard, alors même que son ami commence à grogner et jurer. Elle se redresse, l’expression animée et inquiète d’un animal irisé aux oreilles baissées. Il dit que ce n’est rien, ce à quoi elle répond en renâclant bruyamment son scepticisme.

- Oui partons. Et je suis bien partante pour un petit remontant… Mais pas avant que tu nettoies ça. Dit-elle en pointant la blessure qu’elle lorgne avec appréhension. En toutes autres circonstances, son premier réflexe aurait été d’appeler Danaé, toutefois, cette option était moins tentante en vue de leur relation houleuse...

- En fait, je pense qu’il y a une soirée vin et champagne dans la chambre… 208. Yep. Finit-elle en regardant son téléphone pour vérifier l’adresse.

Il ne restait qu’à verrouiller les portes et remonter les escaliers. Personne ne risquait de tomber sur le corps par erreur en considérant que la majorité du personnel avait et remplacé par des chevaliers et des consultants de l’ordre… Tandis que les autres civils restants seraient beaucoup trop terrifiés par l'aspect de la cave sombre pour s’y aventurer par ses temps obscurs.