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Amadeus Ørjan

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Dim 2 Juil - 5:24

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Amadeus Ørjan



" La vie n'est qu'une longue perte de ce qu'on aime. " - Victor Hugo

Fiche signalétique

Amadeus Ørjan  170702114207225370Amadeus Ørjan  170702114207594125Amadeus Ørjan  170702114207225370Amadeus Ørjan  170702114207318189
 

Nom : Ørjan.
Prénom : Amadeus.
Origines et nationalités : Norvégien aux origines allemandes.

Race : Humaine.
Âge : 23 ans.
Genre : Masculin.
Orientation : Hétérosexuelle.

Taille : 1m82.
Couleur des cheveux : Une tignasse ordinairement noire, teintée d'un blanc aujourd'hui cassé par l'usure du temps.
Couleur des yeux : Des fines pupilles troublées enveloppées par un bleu turquoise naturel.
Traits particuliers :
♦️ Tatouages : Une immense croix en attrape-rêve recouvrant son dos comme le fardeau d'un onirisme trônant sur sa pauvre carcasse. Les lignes sont profondes et sombres tandis qu'un peu de turquoise et de bordeaux parcourent les plumes qui virevoltent autour de la courbe de son échine. Le requiem biblique "Dies Iræ" à gauche, le "Memento Mori" inscrit à droite terminent l'oeuvre qui semble à jamais prisonnière de son passé. Le long de ses bras sont recouverts également, une lyre, symbolique des mélodies aiguës et poétiques de ses désirs libertins, à l'intérieur de son poignet droit remonte jusqu'à rejoindre un sugar skull coloré comme si la mort avait déposé sa marque sur lui. Une flèche dessinée stylisée à gauche, orné d'aiguilles dans le même genre formant une montre à gousset éclatée sur le bras gauche, représentant le temps qui n'avance plus sur la direction brisée de son avenir. "Solveig" inscrit dans le creux de sa hanche gauche, le nom de son idylle, celle qui a capturé son existence. Enfin, une croix portée par un corbeau dans son cou, recouvrant sa nuque et tombant sur ses clavicules signalant l'évasion funeste de son esprit torturé. Avant de quitter sa fuite libertine, il s'est fait tatouer une croix tombale sur sa tempe droite.

♦️ Piercings & Accessoires : Une boucle d'oreille à gauche et des trous un peu partout sur les deux. Des bijoux autour des poignets, allant aux menottes brisées à de simples bracelets de force et autres camelotes rouillées. Des bagues ornant ses doigts, il a prit l'habitude d'écrire et de dessiner sur ses mains.

♦️ Autres : Sa chevelure de jais est colorée par une teinture blanche, selon son assiduité d'entretien, la couleur oscille entre un blanc pur et un gris terni par le temps, passant en majorité par un blanc cassé. Il cache ses yeux par des lunettes de soleil rondes dans un style un peu Steampunk, a toujours une cigarette entre les lèvres. Son corps entier est recouvert des vestiges de la violence de son monde par le biais de multiples cicatrices.


Dossier de l'ordre

Langues parlées : Il parle couramment le norvégien et l'allemand. Possède des bonnes notions d'anglais et ne connaît que des citations françaises qu'il répète sans en comprendre le sens.
Habiletés : Habité par une violence déchaînée, il sait se battre et sait encaisser. Malgré tout, il n'a aucune technique ou quelconque maîtrise, ça n'est qu'instinctif.

Qualités prédominantes : Libre - Passionné - Vivant - Malin - Perspicace - Sensible - Rêveur - Brave - Bon fond - Utopiste - Attentionné - Cultivé - Chaleureux - Franc - Charismatique - Attachant.
Failles notables : Instable - Violent - Impulsif - Maladroit - Vulgaire - Chaotique - Égoïste - Déloyal - Bruyant - Menteur - Têtu - Brouillon - Désabusé - Misanthrope - Méfiant - Indigne - Cassé - Insolent - Rebelle - Irrespectueux - Susceptible - Rancunier - Arrogant.

Note particulière :

♦️ Toxicomane, il tourne aux émotions-en-bouteille, toujours dans des mélanges pour équilibrer les doses. Les effets secondaires sont violents t dévastateurs sur son comportement et son mental, mais il sait que la sensation de manque est bien pire.

♦️ Phobique des ananas et fan absolu de pastèque. Il boit du soda et jamais d'alcool. Allergique au lactose, il doit boire une autre potion avant d'avaler le lait lui permettant de voir les créatures magiques.

♦️ Bien qu'il ne comprenne pas un mot de ce qu'il dit, il connaît par coeur quelques comptines et poèmes français. Ça date de son enfance, quand sa mère en récitait pour l'endormir.

♦️ Son accent scandinave est très prononcé, les personnes n'ayant pas l'habitude peuvent avoir du mal à le comprendre. De plus, bien qu'il parle plusieurs langues, il ne sait vraiment écrire qu'en norvégien.

♦️ Il possède un cocon norvégien que son père lui a légué, ainsi qu'une bonne connaissance théorique du monde magique et de ses créatures. Son père étant gardien, sa maison en Norvège avait un placard directement relié à l'Écosse, au sanctuaire de Stony Vale.

♦️ Il n'avait jamais foutu les pieds à Old Fyre jusqu'à l'année dernière.

♦️ Détails en vrac : Il nage très mal - Il ne sait pas danser - Il parle fort - Il aime le salé, déteste le sucré - Il boit du thé, très peu de café - Il tient beaucoup à ses principes - Il porte uniquement des bottines - N'a jamais de ceinture - Il est ambidextre - Il lit un livre par semaine - Il joue de l'harmonica - Aime la hauteur et les rafales de vent - Sort dehors quand un orage arrive - Il possède une force sèche qui s'allie bien avec son agilité - Il passe sa main dans ses cheveux trop souvent - Il aime les blagues que personne trouvent drôles - Il écoute de la musique classique - Il pourrait regarder un feu crépiter toute la nuit - Pareil avec les étoiles - Il aime les anecdotes - Il ne connaît pas ses tables de multiplication - Il ne lit pas bien l'heure - Il dort avec au moins quatre oreillers pour en avoir toujours un de frais.


Attention, âmes sensibles s'abstenir. Cette fiche contient des passages déconseillés au moins de 18 ans. Merci de bien vouloir prendre en compte cet avertissement.

Toutes les images utilisées proviennent du talent de Kyrie0201.

Chapitre Un




Amadeus Ørjan  170703085815351717

Je me trouve sur les fragments éparses d'un onirisme en proie aux fracas d'une réalité complètement inondée par les mélodies funestes d'une colère infinie. J'entends le chant insidieux de mes désirs libertins alors capturés par les barrières invisibles des existences aux destins forcés et amochés par l'amertume des passés oubliés. Je n'en finis plus de courir, de fuir ce foutu monde qui se rapproche, la gueule grande ouverte, pour gober mes sourires et dévorer mes joies. Alors je lutte, je bataille, mais c'est insensé car à l'instant où je me retourne pour lui faire face, mon corps se fige et tandis que mes rêves sont dévastés, l'océan rouge teinte mon âme d'une violence éternelle. Sur les hauteurs du monde, le monde semble si paisible. Mon esprit s'étiole sur l'avancée d'un temps qui se disloque, bientôt les peurs se dissipent et je me sens absent de leurs regards, le corps déformé pour devenir qu'un vulgaire épouvantail apeuré, planté maladroitement au milieu des foules ignorantes. Elles vivent et pullulent au sein de leurs existences torturées, à jamais bafouées par l'exécrable besoin de se nourrir elles-mêmes d'une souffrance qui se veut toujours plus douloureuse que celle des autres. Illusionnée dans l'égocentrisme, l'humanité décadente dégage des effluves putrides et fétides d'absurdités.
Perché sur les toits du monde, j'observe le vide, tenté alors de me laisser chuter pour finir quelques centaines de mètres plus bas. J'imagine mon corps frapper le sol et s'éparpiller sur le trottoir dans l'espoir mesquin d'être vu par tous. Dans l'espoir méphistophélique que la vision traumatisante de mes entrailles à vifs les juge coupable d'avoir fermé les yeux. Je les méprise et pourtant leur réalité appartient à mes rêves. Bordel, je donnerais ma vie pour leur ignorance.


« Tu vas finir par sauter ou tu prépares un pique-nique ? »

Ma solitude se fracasse sur le silence perdu, un sursaut frissonne sur ma peau et la douce voix angélique semble se poser sur mon dos nu. Alors le monde semble s'arrêter l'espace d'un instant et ma respiration qui avait l'air éteinte se creuse sur l'écho des lourdes sonorités de mes battements de cœur. Immobile, les pensées s'échappent et l'angoisse de disparaître se cristallise. Je tords mon cou pour que mes iris turquoises scintillent sur elle. Son maquillage coule et son visage est bouffi par une tristesse flagrante, attendant son tour, peut-être voulait-elle sauter et achever ses tourments dans le repos éternel d'une dernière course contre le temps. Elle aussi, elle semblait avoir été entièrement engloutie par ce monde, tiraillée dans un destin qu'elle refusait de suivre. Elle aussi, elle semblait vouloir fuir, désarmée et abattue par les vagues tonitruantes d'une existence emprisonnée.

« Si je saute, avec qui tu baiseras ce soir ? »

Un sourire défait la tragédie, le ton s'éclate sur l'insolente perdition d'une répartie enfantine et volontairement provocatrice. Je capture ma clope entre mes lèvres et consume cette merde cancérigène laissant l'inquiétude de l'avenir à tous les sadomasochistes qui espèrent vivre longtemps. Un petit bond et me voilà sur le toit, prêt à dévaler la distance entre nous deux mais n'osant m'approcher plus. Pas par crainte, pas par timidité, simplement parce qu'ici, je peux discerner chaque mouvement, chaque amplitude de ses gestes, chaque expression légèrement floutée de son visage humide.

« Tu t'es vu, Roméo ? Va juste crever, t'as déjà l'air d'avoir fait la moitié du chemin. »

Agressive, son visage se ride sur une colère démesurée, elle crie sur moi comme elle insulterait le monde qui venait de lui rouler dessus. J'extirpe la fumée par mes narines, reposant un pied sur le rebord du toit. Je détourne le regard et je peux sentir ses yeux m'épier et me parcourir doucement. Alors je feinte et je monte d'un coup sur le bord faisant mine de me lancer et je la vois sursauter, se relevant instinctivement comme si elle espérait pouvoir tendre le bras pour me rattraper. Nos regards se croisent à nouveau et je ris de bon cœur, désespérément amoureux de mes idioties enfantines.

« Connard. »

« Pouffiasse. »


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Le silence capture l'instant, le monde ne fait plus aucun bruit. Alors que la nuit enchante nos âmes vagabondes, que les lumières artificielles illuminent quelques reflets joyeux sur nos visages, on se perd les yeux dans les yeux dans le mutisme soudain de l'improbable. On s'est reconnu, nous, victimes d'un temps égaré sur les réflexions possessives des avenirs incertains, nous, enfants torturés de nos réalités moroses, nous, les âmes slaves d'une errance aux larmes salées et aux douleurs sucrées. Ainsi un rire décrispe la colère dans nos yeux, l'éclat brise la mélancolie et le monde s'emballe dans une symphonie nouvelle. La mélodie n'a pas changé, une autre s'y est ajoutée et les deux résonnent à l'unisson. Désormais, seule l'harmonie subsiste. Ses genoux recroquevillés contre sa poitrine, reniflant sa tristesse dans une timide moue, inconsciente de la beauté naïve inhérente à ses yeux trempés, elle me regarde et je la fixe à mon tour. Je jette mon mégot par-dessus le toit, marchant doucement vers la porte rouillée qui donne sur l'immeuble. Elle semble être une porte dimensionnelle, comme si nous étions sur un autre plan, quelque part où il n'existait rien d'autre que nos souffles haletants, coupés par l'intense force terrestre du monde. Un endroit perdu dans le temps et oublié des autres qui vivent dans l'insouciance de nos déboires. Je pose ma main sur la poignée et dans un dernier regard, je vois ses yeux tomber au sol, ses délicats doigts caressant le coin de son iris bleue.

« Hey, tu sais, il me reste encore la moitié du chemin à faire. Tu viens ? »

Ses pupilles s'illuminent l'espace d'un instant. Elle me regarde, elle hésite un instant, et enfin elle se lève. Nous sommes les rejetés de nos réalités, emprisonnés dans nos spirales vicieuses qui nous donnent le tournis jusqu'à nous en faire vomir, prêts à tout pour vivre dans l'espoir d'oublier que la mort est à nos trousses. Tellement malheureux et traînés dans la boue qu'il n'y a plus que le danger qui nous excite. L'incertitude, cette sensation de voir le monde s'écrouler autour de nous, qu'on chute soit, mais que les murs s'écroulent avec nous pour qu'on puisse apercevoir les lumières divines de ce qu'on nomme liberté. Que l'humanité sombre sous l'angoisse de notre solitude simplement parce que nous refusons de voir un monde sans nos chaotiques élucubrations qui se débattent vainement sur le désespoir d'une survie effacée. C'est ça, qu'on crève ensemble pourvu qu'on ne soit plus esseulé à patauger dans les sables mouvants des utopistes désabusés, marginalisés dans un cynisme sans fin, qu'on chute ensemble dans la fosse aux lions, car ici, maintenant, à cet instant précis, nous sommes les prédateurs et le reste du monde est notre proie.


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Ses cheveux virevoltent et je mordille mes lèvres alors qu'elle s'approche. Elle replace une mèche et ses yeux se plantent sur moi tandis que l'on se jauge dans nos désirs libidineux, dans nos fantasmes bestiaux. Je dévore ses courbes et son odeur est similaire à la mienne, elle respire l'extase d'une instabilité frémissante, partageant l'irrationnelle catharsis du memento mori. Le moindre contact et nos souffles s'entrechoquent, ses talons en main, sa démarche féline délicatement posée sur ses collants déchiquetés, c'est sur la pointe des pieds qu'elle s'enfonce dans le creux de mon cou. Son souffle glisse sur ma peau et mes mains frôlent ses hanches alors qu'elle dépose ses lèvres dans un sourire narquois. Tentatrice, elle s'éloigne rapidement tandis que je retiens un frisson capable de faire trembler mes genoux pour m'abattre à ses pieds. Elle me repousse dans un mouvement vif et claque la porte derrière elle sans me laisser le temps de la suivre, brisant mes réactions pour me laisser choir dans une surprise frustrante.


« Tu m'as pris pour une fille facile ? Tu rêves, Roméo. »

Je peux voir son sourire caché derrière ses mots. Je pose une main contre la porte et je l'entends s'adosser lentement avant de chuter au sol comme une enfant à bout de force.

« On irait où ? »

Je m'adosse à mon tour, allumant une autre cigarette, laissant le silence s'immiscer entre nous. On a jamais été si proche qu'à cet instant et pourtant je ne peux que l'imaginer sur les quelques images qui disparaissent aussi vite qu'elles viennent. Je regarde le ciel, les nuages cachant les étoiles, le froid s'éprenant de ma peau. Je jette mes cheveux en arrière et souffle ma fumée vers le ciel grisonnant.

« Nulle part et partout à la fois. Pourvu qu'on ne s'arrête plus, pourvu qu'on soit toujours loin devant de là où nous étions. »

Je souris à mon tour et je me souviens du monde qui me court après. À peine étourdi, je peux sentir son emprise paralyser mon corps, mon sang se glacer sous les affres d'une aura qui se resserre autour de mon cou. Je me vois planer au milieu des vestiges d'un temps fissuré, capturé par les illusions de mes rêves d'enfants, pris dans l'étau infernal de limbe imaginaire. Je vois le monde disparaître sous mes yeux et peu à peu la magie reprend son rôle. Je remonte le courant, détaché du rêve pour le réel, attaché à une idée fantastique fourbe et omniprésente. Je découvre mon être éprit par les frissons d'un fluide coloré, lassé de mes secrets indicibles, torturé par le manque de vie. Mon utopie dort et mes cauchemars hurlent. Bientôt, je navigue sur les fracas d'une ligne brisée, noyé entre le surnaturel et l'irrévocable, immobilisé dans un paradoxe né d'un fou désir de liberté.

« Menteur. »

Je soupire doucement, me redressant pour jouer avec les petits bouts de papiers trônant sur le sol poussiéreux des vieux toits. Je repense à elle, à sa voix qui berçait mes nuits et réconfortait mes jours. Je revois ses lèvres se mouvoir dans ses sourires timides, ses yeux qui avaient l'habitude de se plisser dès qu'elle exposait ses fossettes sur ses insolents éclats de joie permanents. Je clos mes paupières comme si je pouvais remonter le temps l'espace d'un instant, de sentir de nouveau ses caresses parcourir mon corps endormi, son français poétique qui résonnait encore dans le creux de mes somnolences de gamin. Puis je revois ses larmes, sa solitude qui terrassait son foie et brisait sa lucidité. La violence de ses mots qu'elle vomissait en titubant, chutant sur le carrelage pour y trouver repos jusqu'à ce qu'elle se réveille, honteuse, perdue, amnésique. Lacérée de nouveau par les tourments d'une existence explosée sur des obligations presque religieuses.


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« Elle avait l'habitude de me bercer le soir. Ma mère. Elle s'asseyait par terre, posant délicatement sa tête contre la mienne. Elle caressait mon bras pour m'agripper les doigts. Elle avait toujours en main un livre de poésie française, et elle me faisait suivre la lecture au fur et à mesure qu'elle chuchotait chaque mot. Je peux l'entendre encore quand je ferme les yeux, sentir sa douloureuse odeur de solitude. En y repensant, j'étais tout son monde à cette époque-là. On dormait comme ça parfois, incapable de bouger, comme si elle préférait veiller sur moi plutôt que briser le contact. Comme si, elle savait que ce serait un souvenir à chérir pour le reste de mon existence. »

Sans y réfléchir, je déballais une peine pesante sur mon âme. Dans toute sa nudité, dans toute sa sincérité, une douleur qui n'avait pas besoin d'apaisement. Simplement une vérité indéniable, un fait inscrit sur les couleurs froides de mes émotions éternelles.

« Mais rapidement, ça s'est transformé. Elle ne venait plus, elle criait de plus en plus, s'enfermant sans pouvoir bouger. C'est comme si l'alcool avait absorbé toute la vie qui demeurait en elle. Très vite, je ne pouvais plus m'endormir avant de l'avoir entendu s'écrouler au sol. Une fois qu'elle avait extirpé toutes ses larmes, une fois qu'elle avait assez hurlé dans l'espoir qu'on l'achève sur place. Je l'ai détesté pour ça. Vraiment. Puis, elle est morte. Du jour au lendemain, son cadavre imbibé et ses joues humides. Ça n'était pas paisible, ça n'était pas douloureux, c'était simplement comme c'était. Et maintenant, je chéris des souvenirs pour oublier que les choses ne restent jamais comme on aimerait qu'elles restent. »

Sans m'en rendre compte, elle avait ouvert la porte, à genoux elle avait posé sa tête contre ses bras qui s'appuyaient sur mon dos. Elle faisait glisser ses mains pour étreindre mon corps. Me laissant faire, je restais immobile. Terrassé par les méandres d'un temps obstrué de vieux nuages pluvieux. Je vois ma raison rattrapée par les déboires de mon existence blessée, le monde avalant l'insouciance de mes maux. Encore une fois j'ai l'impression que le temps s'arrête autour de nous. Peut-être est-ce parce qu'elle est comme moi, oubliée par les aléas et emportée par un courant qu'elle essaye en vain de combattre. Peut-être est-ce simplement parce que c'est une étrangère, une inconnue loin de mon monde, quelqu'un qui n'a aucune place dans le creux de mon chaos constant, éloignée des tourbillons qui m'entraînent un peu plus vers le fond. J'ai le sentiment d'être mort au fond d'une piscine, incapable de pousser sur mes jambes pour remonter, attendant simplement sa venue pour venir tirer ma carcasse hors de l'eau. J'ai l'impression qu'elle se noie au fond de sa propre piscine, et moi aussi, je semble être la seule personne apte à comprendre. Comme si nous étions fait pour vivre ou mourir ensemble. Pas grâce à une destinée, non, simplement par hasard, perdus sur les hauteurs d'un monde qui attend patiemment que l'on s'écroule dans sa gueule ouverte.

« Viens. »

Je me redresse délicatement en prenant ses mains dans les miennes, je l'extirpe du sol et ses yeux semblent s'éveiller dans la surprise. Je l'arrache de sa somnolence pour l'entraîner vers une insomnie décadente. Lorsque je la tire vers moi pour l'emmener vers les escaliers, elle s'agrippe à mon col et soulève la pointe de ses pieds pour m'embrasser. Je fais quelques pas en arrière et on se retrouve l'un contre l'autre à l'abri du vent dans le petit sas qui trône en haut des marches. Elle me plaque contre le mur et reste dans mes bras, silencieusement, pendant un bref moment. Ma main caresse son crâne, et je joue avec ses cheveux aux reflets roux. Cette fois-ci, c'est moi qui plonge pour venir l'embrasser. La fougue s'éprend de mon acte, assommé par une envie d'elle qui réveille l'idée que le monde n'existe plus. Dans ce cliché idiot que demain nous aurons plus assez d'oxygène pour survivre. Que demain nous prendrons des routes différentes, sans se dire nos noms, sans se dire au revoir. Juste pour rester un instant ensemble, pour imposer un peu de réalité dans un souvenir éphémère, assez improbable et saugrenu pour demeurer une rêverie fantasmée. Pour exister sans être terni ou gâché par le monde qui nous engloutissait.


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Elle mordille ma lèvre et bascule mon dos pour faire glisser ma veste au sol. J'attrape ses hanches pour la coller contre moi et ses bras viennent entourer mon cou. Sans briser l'étreinte, ni même les baisers que nos lèvres capturent langoureusement, je détache son jean et elle se tortille pour le laisser glisser le long de ses jambes infinies. Je prends les devants et mes mains passent sous son haut trop large, frissonnantes sur sa peau, ne résistant pas à l'attraper plus férocement. Je romps notre contact et enlève mon t-shirt, dévoilant mes tatouages tentées de cicatrices à ses yeux avant de me perdre sur les lignes de son cou mis à nu. Le désir monte, nos mouvements sont brouillons mais plus rien n'a d'importance car la seule chose qui compte désormais c'est l'oubli du monde au profit d'une sauvagerie extasiée. Ses ongles se plantent sur ma peau et elle m'attire au sol, relevant son dos pour éviter le froid de l'asphalte peint d'un jaune délavé. Ses mains capturent mon visage, et ses jambes viennent se glisser entre les miennes pour se laisser à la merci de ma domination qui surplombe son corps. Je prends un instant pour détailler son visage, son corps marqué par la vie et elle mord sa lèvre en détournant le regard, presque gênée.

«  C'est mon père, il... »

Je pose ma main sur son visage, le pouce scellant ses lèvres d'une caresse affectueuse. Nos regards se croisent et elle devine que ses mots sont inutiles. Sa souffrance se lit sur le long de ses courbes, le silence suffit pour découvrir que sa violence est physique. Alors je pose mon front contre le sien tandis qu'elle enlève mon jean à son tour. Le rythme ralentit et la bestialité s'échappe sur un moment plus doux, plus calme. Le désir se stabilise et rapidement on prend conscience que l'empressement signifierait qu'une chose, un moment plus bref, une pause moins longue. Un rêve plus court.

Alors c'est doucement que je place mon bras derrière le bas de son dos, dévorant sa peau tandis qu'elle souffle sa respiration haletante dans le creux de mon oreille. Je me redresse et l'attire sur moi, détachant son soutien-gorge en suivant les lignes de son buste avec ma langue. Elle glisse ses doigts à travers mes cheveux, bloquant ma tête contre sa poitrine. Je l'embrasse doucement, mordille peu à peu le bout de ses tétons avant de remonter jusqu'à son cou, entraîné par des caresses qui courbent son dos et emprisonne sa nuque. Ma respiration souffle sur elle et mes dents s'accrochent à son lobe. Son plaisir s'intensifie et elle mord mon épaule, y dépose ses lèvres et relève le cou pour me laisser place. Trop longtemps éloignées, nos lèvres veulent se posséder, alors je feinte, mélangeant nos souffles et se frôlant sans jamais consumer le moindre baiser. Elle sourit en osmose avec ma taquinerie, le désir monte encore et je savoure l'extase de laisser la tentation m'envahir.

« Embrasse-moi. »

Elle susurre, et je m'exécute dans une fougue plus violente et agressive que la première fois. Elle gémit doucement et nos sous-vêtements disparaissent. Nos corps s'entremêlent, se caressent dans leurs mouvements naturels et peu à peu nos souffles s'accélèrent. Je sens mon cœur jaillir contre mon torse,  tambourinant ma poitrine tandis que l'excitation fracassait chaque pore de ma peau, mon sang bouillonne et mes muscles se crispent contre elle qui mord et lacère gentiment mon corps, dans une envie ardente de consumer la bestialité qu'elle avait si mal cachée. La retenue s'éclipse au profit de notre merveilleux goût pour la débauche, le vice s'éprend et bientôt on ne peut que céder. Elle se colle à moi et je la retiens avec force, comme si nous pouvions disparaître l'un et l'autre, comme si tout pouvait s'arrêter maintenant avant d'avoir pu saisir l'occasion de se consumer entièrement. Elle s'enfonce vers mon cou et son cri résonne dans l'escalier lorsque nous ne faisons plus qu'un. Sans détour, sans attendre trop longtemps, bien trop hâtifs et pressés de se sentir vivant. Délaissés depuis bien trop longtemps par le monde, on veut retrouver ce sentiment d'existence, être important aux yeux de quelqu'un d'autre, pouvoir briller ne serait-ce qu'une seconde sur l'éclat majestueux d'une osmose imparfaite. Le rythme s'emballe et les bruits font échos à nos mouvements qui se synchronisent rapidement. Quelques chuchotements, quelques rires, et nos visages se déforment dans le plaisir intense d'un ébat que l'on aimerait éternel. Le temps finit par passer, et nos corps s'entrechoquent de plus en plus rapidement, rebondissant l'un vers l'autre comme deux aimants ne pouvant se séparer.

C'est un ébat égoïste qui se profile, chacun cherchant son compte, chacun oubliant tout ce qui subsiste pour n'être qu'un corps en mouvement dans la torride atmosphère de nos souffles chauds. L'ébat se termine, sans question, sans considération, simplement dans la sueur sauvage et animale d'une humanité revenant à ses besoins les plus primitifs. Un défouloir aux hurlements joyeux et aux plaisirs luxurieux, la peau en guise de gourmandise, nos lèvres comme chefs d'armée, scellant un pacte d'un désir d'être désiré. Alors que ça s'arrête, que la fatigue emprisonne nos corps las et que la nonchalance s'éprend de nos efforts, on laisse nos souffles s'éteindre et nos vêtements revenir peu à peu. C'est un retour en arrière silencieux, partageant simplement quelques regards envieux sur des sourires satisfaits. Malgré tout, je ne veux pas partir, et elle non plus, elle s'écroule sur moi et ses yeux se ferment. Ses ongles caressent mon torse tandis que nous restons étreints et attachés l'un à l'autre.

« Dis, c'est encore loin, partir ? »


Chapitre Deux



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Bientôt l'effroi s'écoule à travers mes veines. La peur s'attaque à mon corps tandis que le flacon d'émotion-en-bouteille chute sur le sol pour rouler lentement à quelques centimètres de mon corps déchu. Les frissons hérissent chaque poil qui se dresse sur ma peau et, dans un élan soudain, la terrifiante angoisse commence sur les notes forcées d'une peur fictive. Perdu au milieu d'un squat, entouré par quelques autres toxicomanes inlassablement en recherche de compagnon pour oublier leur misère solitaire, je m'enfonce péniblement dans une terrifiante sensation de danger. Lentement je sens mon corps se crisper, mes muscles tétanisés peu à peu se resserrent et mes genoux viennent se coller contre mon torse tandis que je plonge difficilement ma tête dans le creux qu'ils forment. Un bruit assourdissant résonne, une vibration sèche et lourde, comme un son creux qui explose d'un caisson de basse. Chaque parcelle de mon corps se met à trembler et la peur m'attire vers des méandres que je connais déjà trop bien. La sueur fond sur mon visage et le froid semble envahir tout ce qui grouille à l'intérieur de moi. Comme une madeleine de Proust, l'émotion déclenche un cataclysme qui m'emporte vers des tourments cauchemardesques qui me hantent depuis trop longtemps. La panique, l'angoisse, le stress, toute cette frustration d'impuissance qui s'en vient pour capturer mon être fébrile et le détruire bouchée après bouchée. Je sens le monde rétrécir sur moi, les murs venant m'emprisonner pour supprimer jusqu'à l'idée même que j'ai pu être libre un jour. Les méandres de mon esprit s'égarent et me voilà propulsé dans des images qui glacent mon sang. Je revois mon père, cette sévérité continue sur le visage, le bras levé pour abattre une violence dont il avait le secret. Son regard dur, sa poigne intense et sa voix rauque capable d'immobiliser n'importe quel être sous son joug. Je pense à ma mère et c'est au tour de la tristesse de descendre dans le fond de ma gorge. Rapidement, les larmes coulent toutes seules et je sanglote comme un enfant que l'on aurait abandonné sur le bord de la route. Je mords mon bras jusqu'au sang dans l'extrême obstacle que je me force à endurer. L'habitude me fait résister, la tentation de se libérer de ses fardeaux grandit mais je ne peux m'y résoudre, m'empêtrant dans une descente irrationnelle vers les tréfonds de mes idées noires. Je veux cette douleur, je désire cette souffrance, elle qui est toujours présente dans le creux de mon âme. Elle qui alimente, a vitam æternam, mon existence léthargique.

Les ombres s'animent et j'étouffe. Je peux les sentir danser autour de moi, le chaos quasiment visible à l'oeil nu. Des phrases, des mots, des insultes, tous ces instants de honte et de détresse se bousculent pour acculer mon esprit qui, lentement, se fissure. Les couleurs ne sont plus, seule l'obscurité réside autour de quelques délires démesurés. Personne pour venir m'aider, personne pour venir me sauver. Face à face avec toute la violence qui englobe ma réalité, je me répands dans les atroces hurlements qui tambourinent ma poitrine. Mes ongles se plantent dans ma peau et le sang jaillit, je serre mes bras pour sentir mes os comme si je m'efforçais d'atteindre une douleur physique capable de soulager mes cauchemars. Je veux qu'ils partent mais ce n'est pas encore ma limite. Alors la paranoïa vient s'abattre, je tremble et mes yeux se révulsent, incapables de se fermer par crainte d'y voir des images que je pourrais effacer, effrayés de rester ouverts par épouvante de croiser un danger hautement plus terrifiant. La fatigue terrasse mon corps qui s'use encore et encore, je peux sentir mes idées voler, mes sentiments fracassant ma logique, consumant le peu de lucidité qui me reste. J'ai l'impression qu'on poignarde ma peau de toute part et que le monde entier m'assaille dans l'espoir de me voir fondre sur place. Que ma peau se lacère d'elle-même, que mes os se brisent, que mon corps se détache de toute part pour éclater en une infinité de morceaux prêts à disparaître au gré d'un vent torturant le reste de ce pourrait subsister de mon existence. La perdition s'attache aux émotions qui bataillent ensemble, je sens le désespoir remplir mon âme alors que la tristesse balaye mes désirs, mes rêves et même les absurdes utopies humanistes qui me caractérisent. Tout mon être s'enfuit pour ne laisser sur place que l'effroyable détresse commune des jouets cassés. Car c'est tout ce que je suis, un pauvre jouet piétiné par le passage des foules insouciantes. Brisé et morcelé sous les coups d'une vie oppressante. Un vieux jouet qui ne peut se plaindre, enfermé dans le mutisme d'une conscience trop illuminée pour se sentir égoïste.

Alors ma limite arrive, le temps ne peut se perdre. Avant qu'il ne reste plus que la conviction de la mort, avant que mon esprit se craquelle et explose entièrement. Oui, avant que je ne puisse plus faire demi-tour j'avale d'une traite une bouteille refermant le calme. Doucement mon rythme cardiaque se tranquillise, je respire de nouveau et le monde semble fuir en emportant avec lui chaque idée noire qui m'apparaissait pourtant éternelle. Une magie irrationnelle, l'art de mettre le bonheur en flacon. Un peu de joie et mes pupilles se dilatent dans l'extase de retrouver une sérénité portée disparue. L'oppression se dissipe et l'adrénaline débarque avec le sentiment que tout est de nouveau possible et plus encore. L'équilibre se forme et la balance s'inverse. Maintenant l'espoir remplit mes poumons d'un air nouveau et plus frais qu'avant. Je retrouve l'oxygène, l'utilisation contrôlée de mes membres, la douleur s'enfuit et seul mon sang continue de couler goutte par goutte sur le sol. Mes muscles se détendent et je relâche la pression. Plus rien ne semble pouvoir venir ternir mon état conscient et lucide de paix. J'expire et laisse mon corps chuter sur le dos, m'étendant de tout mon long comme si je pouvais recouvrir la surface entière du monde. Un sentiment de puissance venant s'ajouter à un désir de croquer la vie et de découvrir le monde. Et encore un peu de calme pour terminer ma session et m'endormir presque dans un coma réparateur. Un sommeil pour laisser mon corps se remettre, pour laisser mon esprit dans une inconscience utile pour omettre le traumatisme volontaire. Je peux sentir mon corps s'user, quelques spasmes similaires à des convulsions entrecoupées. Je bascule sur le côté dans le vieux réflexe des héroïnomanes, et le temps défile me laissant là et las. Drogué pour survivre un jour de plus, incapable de se sentir vivant que par l'artifice des illusions magiques. Une seule pensée vient alors matraquer mes rêves, Solveig, l'unique réalité qui vaut la peine d'être vécue.


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On ne s'était pas quitté depuis notre rencontre. Étonnamment accrochés l'un à l'autre comme si notre survie en dépendait. Comme si plus rien ne semblait être assez beau si l'autre n'était pas là. Il y avait des larmes, des excès de colère et des dommages collatéraux sur la route mais ils valaient bien la peine pour tout ce qui enchantait le reste. J'en étais devenu dépendant, autant du chaos qui régnait sur nos vies que cette espèce de liberté qui émerveillait nos réalités. Rien ne semblait pouvoir nous arrêter, et on fonçait tête baissée contre tous les obstacles. Tant pis si on se blessait, tant pis si les autres nous ignorait, tant pis si le monde s'écroulait car nos lèvres liées et nos regards aimantés suffisaient. Une idylle destructrice comme on pourrait en rêver, un lien si sacré qu'il pouvait osciller dans toutes les variations sans jamais céder. Sans jamais trouver de bonne définition, avec cette idée débile et cliché qu'il faudrait inventer des mots pour que ce soit descriptible. Comme si nous étions les premiers à tomber amoureux. Nos corps rampants presque indubitablement l'un vers l'autre sans comprendre pourquoi, sans vouloir savoir pourquoi. Simplement parce qu'elle était devenue mon chez moi, peu importe où j'étais tant que c'est elle que je retrouvais au bout du chemin.

Sur le route jusqu'à chez elle, j'avais cette hâte qui torturait mon impatience. Ce manque qui venait gratter doucement les idioties adolescentes d'une dépendance quelque peu niaise et enfantine. Mais on l'assumait parfaitement, fiers de se détruire lentement à coup d'amour et d'ébat charnel. Heureux comme on ne l'avait jamais été à vivre libre dans nos déboires constants et nos états d'âmes brûlants. On était certain de se consumer entièrement, certains que nous étions en train de vivre quelque chose qui se terminera dans une effusion haineuse et assourdissante, dans le sang, les larmes et la folie. On en riait ensemble même, bataillant pour savoir qui finirait par craquer. On s'étiolait dans un cocon qui semblait pouvoir nous protéger de tout en nous laissant blottis l'un contre l'autre le temps de finir nos jours à s'user encore et encore. Je voulais son odeur à jamais sur moi, ses lèvres à ma disposition, ses yeux ne quittant jamais les miens, je désirais son corps et son esprit, chérissant sa présence car elle était unique. On était nous et c'était tout ce que nous voulions, personne pour nous empêcher de crever car aussi naïf que ce soit, c'était ce lien sacré qui nous faisait vivre. Et c'était cet amour aveugle et traumatisant seulement qui méritait d'être vécu. Et rien d'autre.

Enfin devant chez elle, j'entrai sans frapper. Son père, après m'avoir foutu des dizaines et dizaines de raclées, avait complètement abandonné l'idée même de me voir partir. Il s'y était fait, se désintéressant tout simplement avec tout ce qu'il avait, de toute manière, toujours considéré comme étant un fardeau. Il ne la touchait plus, canalisant sa violence dans l'apathie d'une misère qui semblait le détruire un peu plus chaque jour, levant la main plus que pour changer de chaîne ou se noyer dans l'ivresse. Je pénétrais dans la petite maison de brique, encore un peu massacré par les effluves de mes vices cachés. Je passais la tête à travers les pièces avant d'arriver dans le salon. Bien que nous vivions dans ma maison d'enfance désertée depuis toujours par mon père et bien vide depuis la mort de ma mère, Sol retournait dans son enfer d'enfant comme pour se montrer à elle-même qu'elle n'avait plus peur. Qu'elle ne craignait plus ses tourments d'antan, captive d'une solitude qu'elle avait trimbalé toute sa vie, encore attachée à sa chambre d'adolescente comme s'il y résidait tous les meilleurs souvenirs d'un temps aujourd'hui disparu mais pas oublié.


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Et soudain, comme attirés par l'effroi, mes yeux se tournent et sous mon regard figé se dévoile la monstruosité d'un désastre inhumain. Alors frappé par l'absurde sensation de la trahison, comme poignardé par le reflux d'une existence qui se pensait trop heureuse, bouleversant le quotidien d'une routine qui se pensait trop loin du danger pour se méfier. La table est renversée, les murs sont délabrés, le canapé morcelé et le cadavre de son père gisant au sol, le crâne fracassé et éparpillé sans peine sur le parquet devenu pourpre. L'image semble se graver dans mon esprit et pourtant elle s'échappe à la vision traumatisée de Sol, perdue dans le coin, recroquevillée sur elle-même. Tétanisée, absente du monde avec un regard que je ne lui connaissais pas, complètement absorbée par un vide qui balaye tout. Des yeux qui viennent de connaître des horreurs qu'ils n'auraient jamais dû regarder en face, embués par des larmes qui tentent, en vain, d'effacer l'épouvante marquée par le fer rouge de la terreur. Mes jambes refusent de bouger et les sirènes résonnent dans le bruit assourdissant de la panique. Mon sang se glace et un frisson me fait courber l'échine comme s'il espérait me mettre à genoux, comme s'il voulait m'abattre d'un coup sec et vif. Je finis par me jeter devant elle, j'encadre son visage de mes mains pour plonger mes yeux dans les siens, elle ne réagit pas, encore paralysée par la peur. Éprise d'un sentiment qui l'a propulsé dans un endroit plus sûr, un endroit loin d'une réalité à laquelle elle refusait de se soumettre. J'embrasse son front, et autour de moi, la cohue s'installe dans l'arrogance des héros. Ils prennent les devants, les autorités quadrillent le terrain et les médecins sécurisent. Le complexe du messie les étouffe tous un par un, ils font leur boulot et en tire un soulagement tel qu'ils se passeront bien de la moindre culpabilité. On m'écarte et même si je lutte, on nous embarque vers la cuisine. Un terrain neutre, comme s'il existait au sein de cette maison une pièce capable d'effacer ou même neutraliser ne serait-ce qu'un instant les cauchemars qui tournent dans l'esprit de Sol. Mon regard ne l'a pas quitté, et mon corps entier se préparait à sauter sur elle pour ne jamais la laisser s'éloigner. J'avais déjà compris, né dans un monde qui n'avait lieu que dans les rêves ou les imaginaires des foules insouciantes, je savais. Possédant un savoir maudit, une tare plus qu'une bénédiction, quelque chose capable de pourrir mon monde et briser mes désirs de réalité. Une connaissance m'ayant happée dans une sorte de dimension parallèle, quelque part d'où on arrivait et partait dans la douleur.

Ils la questionnent et je ne peux entendre que les chuchotements. J'acquiesce ou réfute les âneries qu'on me sort, laissant l'indifférence à ses imbéciles qui ne seront de toute manière pas aptes à comprendre ou à réagir. Je ne les méprise pas, je suis simplement préoccupé par autre chose, profondément rivé sur une issue qu'il ne semble être que catastrophique. J'attends le verdict des médecins, c'est ce que je crains le plus. Je sais déjà ce qu'ils vont dire, ce qu'ils vont faire, et mon espoir n'est qu'une illusion idiote. Vestige de mon existence qui semblait s'envoler. On nage dans un voile heureux et il ne suffit que d'une seconde pour oublier que la réalité est intense et qu'elle ne laisse aucun répit. Pas à des gens comme nous, marginalisés par bêtise et refusant de se soumettre à un moule surfait. On préfère ramer, on savoure la misère et on possède alors la vie comme personne. C'est ça qui nous fait exister, et nous sommes les seules personnes sur cette foutue terre à crever le sourire aux lèvres, le majeur levé vers les cieux. Tant pis si nous sommes idiots, si nous sommes prétentieux ou perdus dans des fausses vérités qui nous font croire à la liberté. Nous sommes simplement ce que nous sommes. Mais dans ce monde, ça ne sera jamais nous les vainqueurs.


« On l'emmène. On va vérifier les stupéfiants et voir les dommages cérébraux. Elle délire. »

Comme un sifflement qui vient perturber mon calme, je les entends en privé et ça m'irrite. Je sens la colère monter car leur ignorance porte un jugement. Elle nuit à mon existence et je me vois perdre le contrôle. Je lutte contre ce monde depuis trop longtemps pour qu'il vienne me prendre ce que j'ai de plus cher. Ils ne l'auront pas. Pas elle. Non, je le refuse.

D'un mouvement vif, j'attrape le médecin par la blouse. Fébrile, je peux le soulever pour le faire tomber contre le rebord du lavabo. Je me débats pour repousser les flics qui arrivent derrière moi. Ils reculent d'un pas et je balance la vaisselle qui vient se fracasser contre le médecin encore au sol. Je me retourne, agrippe le col du policier et je lui afflige un coup de tête qui le balance contre le mur. Un coup de matraque vient taper ma cuisse, je hurle mais je me jette sur la table en espérant atteindre Sol rapidement. J'aimerais arrêter le temps pour arracher cette couverture idiote, l'attraper par le bras et fuir sans jamais me retourner. Ma tête est saccagée par des images horrifiques, je la vois entre quatre murs blancs, restreinte et abasourdie par une dose de médicament tentant de soigner ce qu'ils nomment folie. Et pourtant, elle n'est pas folle. Non, elle a assisté à l'entrechoquement de deux mondes scindés pour le mal de tous. Sa réalité est disloquée et elle est perdue dans des limbes d'incompréhension. Eux-mêmes ne peuvent ne serait-ce qu'entrevoir cette possibilité. Foutus hommes de science...

Ils me font chuter et je viens m'écraser contre la table. Bientôt je roule pour m'abattre sur le carrelage et ils me martyrisent sans l'ombre d'une honte ou moindre difficulté. J'attrape leurs jambes dans un effort pathétique de me relever mais ils matraquent mon dos et écrasent mes os. Je rampe mais elle est déjà loin. Les sirènes continuent de sonner et coup sec me fait perdre conscience.

Tant mieux, allez, dors. Demain t'attend, tu as une vie à gâcher. Crétin.

      Terrassé, le monde s'acharne à détruire la beauté de mon existence. Je tombe, l'âme meurtrie, à nouveau pleurent les larmes acides du temps et mes tristesses infinies viennent ronger mes rêves de liberté.




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Dim 2 Juil - 5:31

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Chapitre Trois




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Je suis resté assis là. Dans le même coin où je l'avais trouvé. Ils ont fini par me relâcher, plaidant l'émotion et probablement trop coupable dans leur excès de violence pour prendre le moindre risque. Après tout, que j'aille me faire foutre. Pour eux, je devais sentir la drogue et le malsain, comme si je débarquais de sous les ponts avec rien d'autre qu'un couteau et une dose. J'avais vécu dans la violence, incapable de maîtriser l'océan rouge qui aveugle mes yeux en emportant mes actes. Mais je devais confesser que je ne luttais pas vraiment. Trop impulsif pour comprendre, trop peu habitué au dialogue pour le désirer, et bien trop arrogant pour avouer ma stupidité. Et en plus de ça, j'ai toujours pensé m'en sortir, dans mon insouciance de libertaire, dans mon insolence juvénile. J'ai cru naïvement que ça suffirait, que je maîtriserais toutes les situations qui viendront percuter ma réalité. Moi, c'était tout ce que je voulais. Exister pour quelqu'un qui existera pour moi. Je regarde fixement les deux petits flacons qui dansent entre mes doigts. Ils basculent d'une main à l'autre, habilement, se mouvant dans une agilité qui ne faisait que montrer l'évidente habitude. Une torture éternelle, un choix cornélien entre deux mondes qui représentaient symboliquement le passé et l'avenir. L'esprit brouillé par des images qui flottent sur mon océan rouge. Une tempête prêt à déchaîner les eaux s'amorçait et je sentais mon corps vibrer, agacer d'être de nouveau perché sur un fil. Je me sens virevolter, basculant d'un point à un autre, sans jamais avancer, sans jamais reculer. Juste dans les tourments de l'impassible immobilité. Comme subissant la chute lente et terrifiante des sables mouvants. Je m'agrippais à ces flacons, les serrant en retenant des larmes nerveuses prêtes à s'éjecter de mes yeux comme s'il avait fallu les tirer de force. Je savais ce qu'il me restait à faire, et ma lutte contre l'évidence ne faisait que torturer mon âme. Bordel, je me demande comment il va réagir.

Je me bousculais pour me remettre sur pied, je posais mes mains une nouvelle fois sur les ravages. Elle avait dû la voir, la foutue créature responsable du carnage qui régnait ici. Tout ce qui était autour de moi était détruit, complètement saccagé à la force brute d'une bête qui ne pouvait simplement pas être humaine. Je fermais les yeux, rechignant encore l'évidence. Je n'avais qu'une personne à aller voir. Putain, ça doit faire bien quinze ans maintenant ?

Je n'étais pas retourné dans cette pièce depuis une éternité. En frôlant les murs, laissant mes doigts glisser sur la poussière, j'avançais timidement. Inconsciemment, ma routine se déroulait. Un coup d'oeil à droite vers la cuisine pour voir si maman était assez occupée pour ne pas venir me déranger. Je me décalais naturellement à gauche, évitant les craquements du parquet. Je récupérais la ficelle encore accrochée à la poignée et je tirais dessus pour laisser la porte glisser doucement. La main sur la ficelle, je bloquais doucement sa course pour éviter qu'elle touche le mur. Il est toujours là, à moitié enseveli par l'entassement et l'écoulement du temps. J'osais m'approcher, défiant la saleté et la poussière qui tombait sur mes épaules recroquevillées. Je posais ma main contre le bois, glissant doucement les doigts pour toucher de nouveau une sensation que je n'avais jamais oublié. Je pouvais me revoir coller contre la paroi dans l'attente inespérée qu'elle s'ouvre. Plantant mon oreille contre le bois dans l'espoir naïf de l'entendre à l'autre bout. Trop sage pour entrer moi-même, trop obéissant pour outrepasser les règles, et surtout bien trop effrayé pour le contredire. Lui et son air strict, ses mains éternellement abîmées et son regard mystifiant. Il avait cette étrange capacité de pouvoir m'immobiliser sur place rien qu'avec le raclement de sa gorge. Je me souviens détourner le regard, gardant parfois le coin de l'oeil tricheur, en m'avouant que peut-être lorsque je ne regarderais pas, les portes s'ouvriront. Je suis resté assis là des heures, me levant la nuit sur la pointe des pieds, un nounours encore sous le bras pour m'y rendormir sur place. Et quand je me réveillais dans mon lit, ma mère me disait parfois que c'était lui. Un mensonge pieux, trop pur même pour être blâmé, mais qui n'a fait qu'accroître mon désir de le voir, et mon désarroi de dormir à chaque fois qu'il venait. Je suis resté bêtement toute mon enfance bloqué devant un placard qui ne s'ouvrit jamais.

C'était différent cette fois. Il n'y avait plus vraiment de règle. Même s'il était capable de m'engueuler encore aujourd'hui. Au bout de ce placard je ne pouvais voir que son refus catégorique, sa colère noire qui exploserait. Il hurlerait, moi aussi, il s'approcherait et je lui balancerais des trucs tandis qu'il fracasserait son poing contre quelque chose. Ou alors il allait simplement me botter le cul et me faire partir de force. J'en savais foutrement rien à vrai dire, c'était peut-être simplement la crainte qui me paralysait. Psychotant sur ces quinze années derrière nous, mort de trouille face à ce bond dans le temps. Je me décide à ouvrir les portes et je m'enfonce dans le placard après des années à avoir imaginer à quoi ça ressemblait, quel effet ça pouvait faire et si ce que j'allais retrouver en face serait comme les ruines mortes de mes souvenirs.


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Je sors de cette sensation et j'avale les deux potions. Une obligatoire pour l'autre, et l'autre, disons juste qu'elle dévoile à mes yeux nus ce monde absent. Je peux voir les créatures par la fenêtre, joyeusement libre dans le sanctuaire écossais de Stony Vale, elles apparaissent doucement au profit d'un effet quasiment immédiat. Tout autour des immenses et splendides lacs, entourés de sorts de distraction, un paradis pour une magie qui est bien sournoisement gardée et maladivement possédée. Trop indispensable ici pour m'en passer, trop indésirable pour survivre sans. Je touche quelques bibelots sur les étagères et je navigue péniblement à travers la pièce, tout semble si figé. L'odeur, les murs, les photos accrochées un peu partout, tout est si similaire que je peux me revoir courir partout. Je peux les voir heureux, les voir sourire, exaspérant un bonheur qui marque encore une image d'idéal dans mes vieux souffles lucides. Je me perds dans la nostalgie, dans des images qui semblent, même dans mon esprit, tourner sur une vieille pellicule de noir et blanc.

Ses pas se plantent durement sur le plancher alors mes yeux se lèvent sur lui. Il a prit quinze ans dans la gueule et ça se voit sur la dureté de ses traits. Ses yeux bleus pétillent sur sa peau claire et la sévérité de son visage. Il fait partit de ces charismes étranges, dégageant une colère froide sur des douceurs silencieuses. D'ailleurs, il ne parlait jamais beaucoup et ça donnait le sentiment qu'il était trop sage pour gâcher ses mots. Tout le monde le voyait comme un exemple, un modèle autant en tant que gardien que simple homme. Il respirait la modestie, avec la poigne de ces hommes qui ont élevé aux coups et qui ont appris à dire non. Ses mains abîmées par la vie, détruites par le temps comme si elles avaient façonné le monde dans lequel on vivait, formant même l'air que nous respirons. Il était de cet acabit aux yeux des autres. Pour moi, il n'était qu'une image, une idée fantasmée ou un encore rêve écrasé. Pour moi, il n'était qu'un mot vide de sens.

« Papa. »

Il ne répondit pas, torturant le torchon qu'il avait entre les mains. Je ne savais comment réagir, ses yeux me transperçaient, son silence m'assassinait. Et je sentais en moi monter la colère, je n'attendais que son feu vert. Comme si même pour le contredire j'avais encore besoin de son approbation. Il me toisa du regard, soupira et mes larmes chutèrent sur le douloureux pincement de mon cœur à vif.

« Tu ressembles à rien, va te laver. Il y a des serviettes propres dans l'armoire de ta chambre. Le lit est fait. On mange dans deux heures. »

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J'aurais voulu qu'il explose de rage. Qu'il m'insulte, qu'il me prenne dans ses bras, qu'il fasse n'importe quelle réaction capable de me conforter dans mes excès de haine, de violence, de colère. Je voulais exploser justement pour éviter d'imploser. Les larmes au bout des yeux, je fuis dans ma chambre comme un éternel gamin. Comme l'enfant encore soumis à son autorité, à son monde qui passe avant le nôtre. Ce monde qu'il préférait, qu'il ne quittait jamais. Ni pour un anniversaire, ni pour un noël, même pas pour un moment bref, un éphémère instant qui aurait pu tout changer. Je lave mon corps comme pour décrasser mon esprit embrouillé. Je sens ma culpabilité s'éprendre de moi, savonnant sans relâche pour tenter d'enlever cette affreuse sensation d'être recouvert de honte. Je descendais péniblement les marches pour atteindre le salon et je mettais silencieusement la table alors qu'il faisait tourner une cuillère en bois dans une marmite fumante. Pas un mot pour venir briser le silence, pas un regard pour venir altérer le malaise. Il détournait les yeux alors que moi je les baissais, plantés sur mes chaussures crasseuses, me remémorant chaque détail de ce foutu plancher.

« Tu mets des fleurs sur la tombe de ta mère ? »

« C'est pas toi qui le ferait. »

Son regard insiste, il a stoppé ses mouvements et l'intensité exulte. Je peux le sentir dans ses yeux, ce parfait équilibre entre l'autorité et la tendresse. Cette foutue expression qui torture toujours mon âme et mystifie mon être.

« Oui, deux fois par semaine. »

J'abdique. Touillant sans motivation ni envie le vieux ragoût dans mon assiette. Je veux prendre la parole mais il racle sa gorge et un frisson fige ma langue et froisse mon dos.

« Tu vas finir par me dire ce que tu fous là ou tu comptes rester silencieux ? »

Il prend les devants, mais c'est tellement évident qu'il me tend une perche dans une ridicule tentative de m'aider que je me perds dans un rictus de dégoût. Putain, ça m'énerve.

« C'est agaçant. Je peux vraiment pas te blairer mais je trouve aucune raison. »

« Tu voudrais que je m'excuse de ne pas te donner de raison ? »

Je riais doucement. J'allumais une cigarette pour le défier, son regard désavouait mais il ne dit rien. Je me levais dans un fracas et je m'enfuyais sur le porche. Il ne suivit pas, et la journée passa. Chacun enfermé dans un territoire, incapable de trépasser la limite. On était pas mieux que ces créatures dehors, perdus dans nos soucis de communication. Inaptes à se reprocher directement, trop enjoués de pouvoir se blâmer à la place. Je soupirais l'énième dernière taffe de mes dernières clopes avant d'y aller. N'ayant plus rien pour étourdir mon esprit et occuper mes mains, je m'apprêtais à rentrer lorsqu'il sortit. Prenant une cigarette dans un paquet, il m'en filait une avant de s'asseoir.


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« C'est quoi ton problème ? »

J'allumais la cigarette avant de m'adosser à côté de lui. Je me laissais chuter, le laissant trôner sur son fauteuil, se balançant doucement comme les vieux aigris des clichés cinématographiques.

« Je pensais pouvoir m'échapper de ce monde. Mais sans cesse il revient me hanter, directement ou indirectement, il est toujours là. J'ai l'impression d'avoir une cible dans le dos et que c'est tout ce qu'il voit. »

« Je me demande bien qu'est-ce qu'a bien pu faire ce monde pour que tu le haïsses à ce point. »

Je prenais quelques bouffées, le regard perdu dans un horizon qui me semblait infini. Je repensais à tout ce que la magie m'avait enlevé. À ce monde, si lointain dans mes souvenirs, si effacé du temps, qui semblait pourtant indéniablement détruire tout ce que je possédais de plus précieux.

« Aujourd'hui encore, c'est la personne la plus importante pour moi qui disparaît. Sauvagement confrontée à un Valraven, traumatisée et bafouée dans une folie qui n'est pas sienne. Je l'ai compris grâce à toi, tu sais. J'ai repensé aux livres, aux histoires. C'est si évident maintenant. »

Il souriait comme s'il en retirait une certaine fierté. Il était conscient du père qu'il avait été, il n'avait jamais été berné par les illusions humaines. Il n'avait rien d'un être humain de toute manière, il n'en avait que la forme. La magie l'habitait et c'était probablement pour ça que les gens l'aimait tant. Ce n'était pas réel mais on pouvait le voir dans chacun de ses gestes, de ses mots, de ses réflexions. Comme un vieux philosophe barbu qu'on ne peut comprendre car il vivent avec un sentiment unique qui forme leur propre magie. Ces enfoirés qui peuvent s'en sortir car ils possèdent une sagesse que tout le monde désire. Moi y compris. Et pourtant, je le hais.

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« Puis, il y eut maman. Et avant ça, toi. »

« Ce n'est pas ce monde qui a prit ta mère. »

Il avait toujours une tristesse dans la voix quand il parlait d'elle. Malgré tout, il portait un amour sincère à cette femme. Quelque chose de rare, quelque chose d'effrayant. Alors je retenais mes mots. Je voulais lui dire que c'était de sa faute, car c'était son absence qui l'a usé et tué à petit feu. Je voulais lui crier dessus, je voulais qu'il réalise que rien ne pouvait l'excuser, l'enfoncer dans son désastre moral pour qu'il souffre autant qu'elle. Autant que moi. Mais lorsque je vus une larme perler sur sa joue, je compris instantanément qu'il en était déjà conscient.

« T'es vraiment qu'un enfoiré. »

Je soupirais un sourire agacé, le poussant un peu sur les jambes. Il laissait entrevoir un sourire et il posait ses yeux sur moi. Je sentis qu'il voulut poser sa main sur ma tête mais il se retenu.

« Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? »

« Comme d'habitude. Une connerie. »

Il riait chaleureusement et on resta un moment comme ça. Figé dans un instant perdu au milieu du temps. Écartés de nos désaccords, réunifiés l'espace d'une seconde dans cette idée qu'on avait simplement envie d'être ensemble. De regarder le même endroit et dire que nous étions présents, que nous savions. Conscients de nos existences dans leurs exactitudes, portant sur nos lèvres un flegme confiant d'honnêteté. Rien n'était pardonné, rien n'était oublié, mais nous acceptions, dans cette minuscule fenêtre de plénitude, nos défauts et nos erreurs. On se contentait de l'imparfait, marginalisés dans nos relations chaotiques et nos excès incontrôlés. Et on se quittait le lendemain avec la sensation d'avoir un dernier mot à dire.

Chapitre Quatre




Amadeus Ørjan  170707043512693052

Dix huit heures, un rendez-vous ciblé sur une horaire et nous voilà comme deux amants prisonniers de deux mondes séparés par une plaque invisible. Une envie idiote me prend de mettre ma main sur la vitre mais je me retiens. Je la regarde et ses yeux n'ont plus de saveur, elle pourrait baver sur place que ça ne me choquerait pas. Je mords ma lèvre pour retenir une peine, comme une douleur partagée, sentant que ça n'était pas le pire état dans lequel elle avait été. Elle détourne le regard et je vois ses sourcils se froncer.

« Tu savais. »

Je reste devant, immobile, écoutant ce qu'elle avait à dire. Sentant mon cœur battre son plein, déjà armé d'une lourde tristesse prête à le fendre d'un coup violent.

« Tu savais que ça existait. Et tu n'as rien dis. Tu n'as rien fais. Tu les as laissé m'enfermer et tu n'es pas venu. Ils m'ont traité de folle, ils m'ont privé de ma liberté, de ma lucidité. Ils arrivent à me faire douter et crois moi j'espère toujours que dans le fond qu'ils ont raison. Mais je ne suis pas dupe. Tout à changé depuis. Ça serait si simple de juste pouvoir oublier, de reprendre là où tout était si grandiose. Mais comme toutes les divinités, tu t'es lassé, tu as abandonné le sol que tu as créé et, Deus, tu as détourné les yeux. »

Le tempête explose, mon cœur est ravagé et je suffoque à peine capable de survivre. Mon estomac se tord, des crampes terrassent ma stature et mon visage se déforme. Les larmes m'aveuglent, mes dents craquent et je me sens crever sur place.

« Et ça, je ne te le pardonnerais jamais. »

Amadeus Ørjan  17070704351349417

Elle quitte la pièce et je ne peux plus rien retenir. J'attrape la chaise et je l'envoi valser contre la vitre. Je hurle. Son nom scinde l'air mais elle ne se retourne pas, elle ne me donne aucun dernier regard. Elle me laisse la torture d'espérer que les larmes coulent aussi sur elle, que son corps se déchire comme le mien. Car je deviens fou, priant pour qu'elle souffre autant moi. Qu'un torrent dévaste son âme et qu'elle se noie péniblement dans un ouragan emportant chaque parcelle de sa raison. Que sa peau s'arrache sous ses ongles pour se lacérer férocement dans l'épouvantable désir de faire sortir la douleur hors de ce corps. Je crise et je tape partout, explosant mon poing dans un jet de sang contre le mur. Ils me sautent dessus, ils ont déjà préparés les médicaments mais ils ne m'auront pas cette fois. Alors je cogne, la douleur terrasse mon équilibre mais je plante mes dents dans sa jambe. Il chute et se tord de douleur alors que je crache son sang. Un coup sur l'autre en blouse blanche et je fuis en frappant tout ce qui se trouve sur mon passage. Détruisant chaque chose sans regarder ce que ça pouvait être. Poussant violemment quiconque sur mon chemin, cognant n'importe quel enfoiré se tenant devant moi. Ils finissent par s'y attendre et je finis au sol. Couché d'un K.O direct, frappé en plein visage, mon sang s'immisçant entre les lignes du trottoir montrant fièrement un bout de ma peau. Je suis déjà loin, à bout de souffle et ils m'entourent. Ils sont plusieurs, comme d'habitude, quand on est assez con pour taper tout le monde faut plus s'étonner. Ils m'assaillent, je mets quelques coups mais ils dominent mon corps avant de me laisser dans la petite ruelle, démoli sur le sol, le goût du sang au fond de la gorge. Ils me laissent pourrir au devant de la joyeuse scène de notre lamentable spectacle. De ma pathétique performance en tant qu'être humain.

Et maintenant quoi ? Sauter d'un toit pour finir écraser quelques centaines de mètres plus bas. Exploser sur un trottoir pour oublier la honte, la culpabilité, la haine, l'amour, la peine, la douleur et toutes ces autres conneries qui me consument lentement. Effacer le temps pour n'être que néant et n'avoir plus rien à penser, plus rien à ressentir. Oublier la liberté pour prôner l'absence, disparaître et laisser tout en plan. Comme si rien ne comptait, comme si rien n'existait. J'avais cette foutue impression que ma réalité venait de brûler et que le vent avait emporté ses cendres. Je voulais vivre, mais je la voulais elle plus que n'importe quoi d'autre. C'était tout ce que j'avais, tout ce qui me retenait de ce côté là du miroir. Il était temps d'abdiquer. De me soumettre à une destinée, avalé par ce monde qui avait finalement terminé de me pourchasser.


Amadeus Ørjan  170707043512763752


Ça fait un an maintenant. Incroyable mais j'ai les pieds ancrés à Old Fyre, entouré par ce monde qui m'a avalé. Cette issue de secours pour oublier une existence qui avait finit comme je l'avais toujours pressentie. Je m'illusionne, me réconfortant dans cette idée que tout s'était déroulé comme prévu au final, que j'avais anticipé cette affreuse douleur. Je voulais bien croire qu'elle était cicatrice, et elle aurait pu l'être un jour. Mais de la voir, là, dans cette partie de monde n'a fait qu'ouvrir une plaie monstrueuse, une douleur magnifiquement confondue dans le plaisir de sa présence.
Dans les enseignements pour voir si je serais apte ou pas à devenir membre de cet ordre, suivant les traces de mon père, profitant d'un nom respecté que je vais pouvoir ternir, avec lequel j'inscrirais les déceptions de toutes ces attentes futiles. Je me suis lancé dans une quête absurde pour combler le vide qu'elle a laissé. M'avouant que la réalité avait vaincu, elle m'avait définitivement écarté du chemin. Je n'y avais plus ma place. Et visiblement, elle non plus. Elle traîne parfois dans les rues, je ne sais pas vraiment ce qu'elle fait là. Mais elle est là. Après l'avoir rêvé, fantasmé de nouveau, elle est là et je suis incapable de lui parler. Incapable de la confronter, incapable de croiser son regard. Je le ferais, oui. Parce qu'elle est unique, parce qu'elle est encore la personne qui fait vivre ma funeste carcasse vagabonde. Parce qu'elle est encore mes plus précieux souvenirs. Confronté à ce qu'elle m'avait reproché, je me suis lancé, prêt à survivre dans mes cauchemars, pénétrer dans les méandres d'un monde qui a été si longtemps ma hantise.

« Pourquoi veux-tu rentrer dans l'ordre si tu détestes tant la magie ?

Le vieux compagnon s'étonne et je reprends mes esprits perdus dans le passé. Je ne pouvais pas me l'avouer vraiment, mais je le faisais pour elle. Pour pouvoir réagir, comme si ça me donnait l'avantage rétroactivement. Comme si ça suffisait pour corriger mon erreur, soulager ma peur ou encore si ça me permettait de remonter le temps.

« Parce que si la magie ne peut pas me sauver. Qu'est-ce qui le pourra ? »

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Dim 2 Juil - 7:41

Invité
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Invité
J'aime beaucoup ton personnage ! J'ai hâte d'en savoir plus sur son histoire. :)
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Ven 7 Juil - 0:10

★★★★
Points : 0
Messages : 1251
Age : 33
Habitation permanente : À Old Fyre, dans l’appartement qu’elle partage avec Tullio et Elana Cavaleri. Elle a aussi un appartement en Italie.
Occupation : Anciennement détective, maintenant chevalière à temps plein et maman.
Victoria Machiavel

Victoria Machiavel

Non seulement tu écris des choses magnifiques, mais en plus te le fais bien, et en plus ça entre dans le contexte.

Je n’ai rien à dire sur ta fiche en dehors du fait qu’elle est séduisante et émouvante.
Tu es officiellement validé.

Va me publier le code ci-dessous dans la section des dossiers.

Code:
[center]<div class=dossierinfo><table><tr><td style= "width: 300px; margin-right: 20px; margin-left: 50px;">[b]Missions accomplies :[/b] 0</td><td style="text-align: right; width: 300px; margin-left: 20px; margin-right: 50px;">[b]Défis surmontés :[/b] 0</td></tr>
</table></div>
[/center]

[center]<div class=boutiquesepa></div>[/center]

<div class=titreboutique>[b]Les Défis[/b]        </div>
[center]<div class=dossierdefi><table><tr><td><img src="https://s22.postimg.org/5s9aze4f5/ph_nom_ne_magique.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s12.postimg.org/rofe3i7zh/voyage.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s22.postimg.org/o6ju3dgpt/ordi.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/RVjcD64.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s15.postimg.org/en1a3kjob/etatmagie.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s22.postimg.org/5cy16diht/mag_vs_norm.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/YSVVcxs.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s1.postimg.org/hiwcr2dof/art_fact.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s1.postimg.org/tak81v8an/potion.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/i00wvko.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/FCsY8YA.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i64.tinypic.com/t0ncsx.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i65.tinypic.com/2exxc9d.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s21.postimg.org/g0qaiirev/plait_infecter.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s12.postimg.org/hppu3a965/image.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s21.postimg.org/cslt5h553/desordre_mental.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/cbCx7IB.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s12.postimg.org/5iqozgsml/alcool.png" class="unitéd1" /></td></tr><tr><td><img src="http://i.imgur.com/nsB1VXV.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/aR3F4Dd.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/QHv6Gji.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/WSl1bc8.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s10.postimg.org/7ax7d31a1/odlfyre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s9.postimg.org/5xvkwxb2n/obsidienwaste.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s10.postimg.org/408ud7bcp/naufrag_e.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s29.postimg.org/zdrfo72bb/Takuatshin.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s22.postimg.org/jpz5bpvwh/fourpine.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s13.postimg.org/rilky7enb/fable.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s9.postimg.org/paw47rrz3/lostmesa.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s22.postimg.org/ga7125yo1/fretteencriss.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s4.postimg.org/yf6qbjtj1/Verdant_Depths.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/OaB26X7.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s9.postimg.org/btu3y2frj/stonyvale.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s9.postimg.org/r8neazsbj/fort-loin.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s9.postimg.org/3vv3iod3j/livingmirage.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s10.postimg.org/ub3upez3t/redoak.png" class="unitéd1" /></td>><tr><td><img src="https://s9.postimg.org/rui3xao9b/Ardhi_Nne.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s3.postimg.org/xxj056s3n/mis1.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s3.postimg.org/buis1q5s3/mis_2.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s3.postimg.org/ghou3ht4z/mis_3.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s3.postimg.org/ks3hz2y83/mis_4.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s11.postimg.org/dkrgysk43/rp25.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s11.postimg.org/dnbclmnrn/rp1003.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s11.postimg.org/qdfkypvpv/RP75.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s12.postimg.org/nk9tx9mnh/2000.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s12.postimg.org/tu9oy0bfx/preshorsj.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s12.postimg.org/haeka9n8t/questionnaire.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/j0RfceW.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/9PFwEPN.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/Tt1ClmC.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/RJTt5hE.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/lJnZjf1.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/JwO35yC.pngg" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/1jTTBcC.png" class="unitéd1" /></td></tr><tr><td><img src="http://i.imgur.com/Nwgdsma.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/LtxGzvb.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/GNr1drY.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s23.postimg.org/ltmkkeivf/message4.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/e1Jflsb.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i67.tinypic.com/205fsr9.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s2.postimg.org/f3ubcrhkp/membre4.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s23.postimg.org/jns9pwfez/membre_s.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s13.postimg.org/za3th7wfr/membre2.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i63.tinypic.com/erg39u.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/zSXCjC8.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s9.postimg.org/5ju8xbqz3/cr_atif.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s12.postimg.org/yc7ecd23x/rpmois.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s12.postimg.org/io675kmi5/loup-garou.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s9.postimg.org/523ov7qrz/flood-o-thon.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s9.postimg.org/5dl57z77z/RP-o-thon.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/3lmZtEi.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="http://i63.tinypic.com/2nlaej9.png" class="unitéd1" /></td></tr><tr><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td><td><img src="https://s28.postimg.org/7otfyy4r1/event_neutre.png" class="unitéd1" /></td></tr>
</table></div>[/center]

[center]<div class=boutiquesepa></div>[/center]

<div class=titreboutique>[b]Les états[/b]        </div>
[center]<div class=dossieretat><table><tr><td><img src="https://s17.postimg.org/3u6enf2nj/toncherfee.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s18.postimg.org/xe4cpnfbd/charmeombre.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s4.postimg.org/etgop68fx/sorciere.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s27.postimg.org/dnceh3o2r/mal_diction.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s9.postimg.org/oex7audm7/dragon_tamer.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s30.postimg.org/tbhn7bcwx/spare.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s22.postimg.org/6rn0jmh01/dechu.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s22.postimg.org/8kpx7y26p/neutre.png" class="unité1" /></td></tr>
</table></div>
[/center]

[center]<div class=boutiquesepa></div>[/center]

<div class=titreboutique>[b]Les compétences[/b]        </div>
[center]<div class=dossier><table><tr><td><img src="https://s7.postimg.org/4fg99a24b/cr_ature2.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s7.postimg.org/40j6tp2qj/creature1.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s4.postimg.org/yo9ea93m5/cr_ature3.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s7.postimg.org/j0bjhjjmj/cr_ature4.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s14.postimg.org/5klhgu2ld/art_1.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s14.postimg.org/ccbwjorkx/art_2.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s14.postimg.org/tqw4ryopt/art_3.png" class="unité1" /></td><td><img src="http://i.imgur.com/YyS4OWt.png" class="unité1" /></td></tr>
<tr><td><img src="https://s21.postimg.org/f7u1gv2if/potion1.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s21.postimg.org/b03uluqgn/potion2.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s21.postimg.org/jwempsh2v/potion3.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s21.postimg.org/5r8tnz81j/potion4.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s9.postimg.org/trm1oz1in/p_e1.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s9.postimg.org/sqqedl9wv/p_e2.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s9.postimg.org/75lbpzd67/p_e3.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s9.postimg.org/wcw7q8ga7/p_e4.png" class="unité1" /></td></tr></table></div>
[/center]

[center]<div class=boutiquesepa></div>[/center]

<div class=titreboutique>[b]Les maitrises[/b]        </div>
[center]<div class=dossier><table><tr><td><img src="https://s30.postimg.org/pzjce0l5t/lum1.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s30.postimg.org/5tfuf4pi9/lum2.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s30.postimg.org/3q5f7gppd/ombre1.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s30.postimg.org/446r729sx/ombre2.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s18.postimg.org/dsatwc6kp/armeblanche.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s27.postimg.org/rroe7842r/art_martiaux.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s18.postimg.org/7ss4pss3t/armecorde.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s18.postimg.org/4ag4ter7t/armefeu.png" class="unité1" /></td></tr>
<tr><td><img src="https://s18.postimg.org/5b33klfll/polyglote.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s10.postimg.org/7k3ihzgi1/science.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s10.postimg.org/kmz5196q1/premiersoin.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s10.postimg.org/uj080wci1/histoire.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s4.postimg.org/5n0bomxhp/mecanic.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s10.postimg.org/7e6t5bzm1/informatique.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s10.postimg.org/ktttus83t/art.png" class="unité1" /></td><td><img src="https://s10.postimg.org/utoqaojd5/survie.png" class="unité1" /></td></tr></table></div>
[/center]

Va m’écrire un RP.
Bisous.
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Amadeus Ørjan

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