Ahhh... C'était pas bon... Pas bon du tout même. S'il n'était pas encore autant en colère, il serait probablement effrayé. L'adrénaline était encore trop haute. Beaucoup. Beaucoup. Trop. Haute. Il pouvait encore sentir les os craquer sous ses jointures dont il ne ressentait même plus la douleur. Il avait pris des balles, aussi. Rien de grave. Un peu grave peut être. Il s'en fichait. Il se sentait sali, souillé, inconfortable dans une mare de sang qui était fort heureusement principalement celle d'autres. Il avait peint un beau tableau se dit-il, les poumons étouffés par la terrible ventilation et l'air suffocant de Colombie. Quel désastre. La police locale allait beaucoup s'amuser à essayer de démêler ce casse-tête, si il n'arrivait pas à le nettoyer. Il n'était pas inquiet. Il en avait vu d'autre. La providence semblait toujours étrangement être de son bord. Comment pourrait-elle continuer de le malmener sinon?
Ça n'aurait pas dû se passer comme ça. Ça ne doit JAMAIS, se passer comme ça. Le principe de ce métier consistait à planifier correctement. Il n'y avait pas de guet-apens, pas de traquenard, pas d'imprévus qui tenaient. Il était prêt. Il était TOUJOURS prêt. Il n'avait jamais perdu personne sur le terrain. Pas depuis ce jour. Pas depuis elle. Ce n'était pas simplement de la chance. C'était du travail, dur et acharné. La volonté de survivre, la volonté de protéger. Son travail, il le faisait bien. Il l'avait toujours fait bien.
Alors pourquoi? Pourquoi?
Son contact aurait dû être protégée. La safehouse aurait dûe être sécure. Alors pourquoi? Tous les protocoles avaient été respectés. À la lettre. La "malchance" n'avait pas sa place ici. Quelqu'un, quelque part, avait mal fait son travail, et maintenant une jeune fille était entre la vie et la mort chez un vétérinaire de ses propres contacts. Alen était non compromis, lui. Si elle pouvait être sauvée, elle serait sauvée. Mais, tant que l'équipe de mercenaire était vivante, elle ne serait pas en sécurité dans un hôpital à recevoir de vrais soins avec du vrai équipement.
Sa main, faiblarde, se dirige vers son téléphone, dans sa poche. La conversation est encore ouverte. Il ne sent plus ses doigts, mais il tape, lentement, mais sûrement.
Allc lear
Il expire, rauque.
Il s'apprête à appuyer sur Send quand il entend un bruit. Un... gargarisement, de sang.
Fuck.Il grogne.
Il se tourne sur le ventre.
Il rampe. Il voit trouble.
Sa main cherche, en arc lent et fatigué, répandant un peu plus de sang un peu plus partout. Éventuellement, il le trouve, le 9mm. Il se souvient du pauvre trafficant à qui il avait défoncé la mâchoire pour l'obtenir. "
I'm looking for product." "
Polícia...?" "
You know what? Yeah, Polícia." Comme voler une sucette à un bébé. S'il avait un peu de jugeotte, peut-être qu'il a eu suffisament peur pour changer de métier. Booker n'en avait pas de très gros espoirs, et, très franchement, était trop furieux pour en avoir quelque chose à faire. Il n'avait pas un permis d'arme colombien, il avait fallu improviser.
Bon, d'où venait la voix...?
Fuck. My head hurts. Il se râcle la gorge.
"Marco?"
Une autre quinte de toux aux sonorités un peu sanglantes. Parfait.
"Polo then."
Il ne voit pas l'homme, au milieu des cadavres. Mais il reconnait sa silhouette. Enfin, ses six silhouettes, mais il n'est plus à sa près.
Il rampe. Il rampe. Le 9mm fermement dans sa main. Il approche. Il approche. Il approche. Grimaçant. Douleur lancinante et étouffée.
Il se positionne, il ferme un œil, comme si ça allait l'aider, et se murmure "
Don't move" ironiquement dans sa tête. Il positionne l'arme.
ClicUn autre bruit viscéral.
"Fuck. Quite sorry about that. Just a..."
Il balbutie de ses doigts encore un peu, cherchant une des cartouches dans sa poche. De toute la force qui lui reste, il ouvre la chambre de son arme, et, retenant sa respiration, y insert la balle.
"Fun fact. You actually really don't want to do that! If you load into the chamber directly instead of through the mag you'll fuck up your-"
BoomÉcho. Silence. Une seconde. Puis deux. Puis dix.
"Extractor."
Il se remet sur le dos, lâchant l'arme désormais vide, proche d'un cadavre désormais criblé d'un trou tout frais dans le crâne.
Send.Tuer, ce n'était pas pour lui. "Pourquoi pas?" avait-il demandé.
"Because you're too good at it."
And now there's one less band of mercenary scumbag witch hunters on this earth, love.***
Il ouvre les yeux. Lentement. Il est réveillé, mais faible. Il se sent mieux. Étrangement mieux.
Fuck. se dit-il.
I really thought I'd get away with it. La vie après ne sonnait pas si mal, tout compte fait. De toute façon, c'était trop tard. Il avait quelques regrets, mais rien de bien grave. Il avait ses dispositions en place. Son testament notarié. Tout devrait bien allé, plus bas sur terre. Il avait bien fait ça. Il avait été doué. Il avait eu suffisament d'excitations pour 3 vies, et ce juste dans les dernières 24 heures, sans parler du reste. Il avait connu amour, douleur. Non. Ce n'était pas si mal, se disait-il, entendant son nom murmuré d'une voix si familière mais si lointaine, presqu'éthérée.
Il ouvre bien les yeux, et il voit. Il fait sombre. Mais il voit.
Il voit.
Il la voit.
Il regarde, pas son visage, mais plus haut, vers le plafond, vers le ciel.
"I'm quite sorry but, did I do anything to offend any one of you up there? Because that doesn't look right."
Il grommelle.
Fuck me, il pense.
It's way worse, I made it.
"Top o' the morning to you."