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Des arbres dans mes doigts. [PV Nour]

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Jeu 4 Juin - 14:57

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Des arbres dans mes doigts.


Je ne relève qu'à peine les yeux. Ce sont des mouvements furtifs, silencieux, où le vacarme de mes cils qui se froissent sont cette obligation que je peux supporter. Ils sont vingt, ils sont trente, et Lillian n'est pas là, Lilian ne travaille pas. Dans un bout perdu de la pièce, il y a les poissons, il y a toujours ces poissons, et j'explore, du regard, les détails d'une scène que je voudrais qualifier de familière et à laquelle je ne m'habitue jamais assez.

Il se sent comme un petit roi sur un univers qu'il ne supporte pas. Je le regarde, je le regarde, et lui voit quelque chose que les gens ne considèrent pas. Il a les mains qui tremblent, et le sang un peu trop chaud. Ma langue baise ses idées.

Depuis quelques temps, Némo est malade, et la vie s'acharne. Je suis un peu désaxé, un peu désabusé, et comme pour me rappeler que les choses sont généralement liées les unes aux autres dans cet univers, comme pour me rappeler qu'il ne faut pas être surpris de voir les catastrophes être enguirlandées, il y a sous mon vêtement le froissement d'un tissu qui bande ma peau. Ça cicatrise, lentement, et j'imagine, depuis quelques temps, lorsqu'il s'agit de rentrer chez moi, les ombres désarticulées d'une liche qui tend ses griffes vers ma poitrine. J'ai peur, j'ai peur, et je ne peux pas le montrer, parce que ce n'est pas professionnel, et parce que c'est terminé. J'ai peur, et dans un contexte où elle a été détruite, où j'ai été sauvé, je ne peux pas me permettre de me plaindre, et mes messages à Nakia s'empilent dans une boite virtuelle.

« Je t'aime. Dis moi quand tu as fini les cours. Je te rappelerai dès que tu as eu ce message. »

« Appelle-moi. Je veux savoir ce que tu as mangé ce soir, tu sais ? Dis moi comment tu vas. »

« Je t'aime. Appelle-moi. »

Je t'aime. Pourquoi est-ce que tu ne réponds pas ?

Mes yeux qui glissent, et lui qui tombe. Je n'ai pas peur pour lui, il est plus solide qu'il le croit. Ne t'inquiètes pas, ne t'inquiètes pas.

Elle ne répond pas. Elle ne répond qu'à demi, en laissant des « Vu.s » qui me donnent envie de pleurer. Lilian est moins là, et je regarde passer les tâches de cheveux de Tullio, sans vraiment savoir quoi penser, sans vraiment savoir quoi faire. Éventuellement, j'en viens à décider de me distraire. Ça commence par un troc, un peu de terre échangée, et éventuellement, je finis, doucement, par devenir le foster parent d'une jolie fougère. Puis d'une autre, avec plus de dents. Puis d'un acacia vénéneux et de toutes sortes d'autres psychotropes feuillues. Je les monte dans ma chambre, je les berce en silence, et maintenant, maintenant, depuis quelques jours, j'explore des possibilités qui me font considérer les mains des clients à qui je sers des verres peut-être empoisonnés. Ils ne savent pas, ils ne savent rien, j'explore les reliefs de ma curiosité en feignant considérer les poissons, et j'attends, j'attends de voir comment cette femme de quarante ans, chevalière de profession, va tenir les tremblements qui devraient bientôt l'assaillir. Tu sais, tu sais, dans ce monde en noir et blanc, je suis incapable, depuis quelques temps, d'éprouver autre chose que de la peur.

Alors j'ai décidé de m'y laisser tomber, et de regarder comment les autres s'en sortent.

Il y a cet homme, aux lunettes trop brillantes, qui me fixe depuis quelques temps, et je ne relève qu'à  peine les yeux. Ce sont des mouvements furtifs, silencieux, où le vacarme de mes cils qui se froissent sont cette obligation que je peux, que je veux supporter. Des poissons, Lilian, et cet homme, cet homme, qui m'empêche de me concentrer sur ma chevalière empoisonnée. D'ici quelques minutes, elle devrait se mettre à rire, à rire, et je le fixe, cet individu à la peau plus claire que la mienne. Je le fixe, en me demandant si, à le considérer suffisamment, il ne va pas arrêter de me regarder, il ne va pas s'en aller.

Je pourrais lui balancer une liche dessus.

J'ouvre la bouche. La referme. Mon bowtie me sert trop.

« Je peux vous proposer le menu ? »

Il s'est rapproché, malgré lui, avec cette défiance doucereuse, avec cette politesse accrochée dans l'ourlet de ses lèvres. Trop timide, trop délicat, il n'a pas d'autre technique que d'affronter directement le danger.

« Nous avons des spécialités, aujourd'hui. Trois verres à thèmes. Est-ce que cela vous intéresserait ? »

Je m'imagine lui enfoncer de la sève dans le sang, et mes doigts glissent sur le nœud qui sert trop fort ma gorge.
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Jeu 4 Juin - 15:52

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Habitation permanente : Living Mirage, Old Fyre, et entre les deux.
Occupation : Chercheur en tout.
Nour Alizadeh

Nour Alizadeh
Nour s'était approché, l'air de rien. Suprême technique d'arpenteur vagabond, ça : c'est tout un art de prendre "l'air de rien" et d'avoir une tête inoffensive, même quand on a sur les traits la marque indélébile d'une altérité que beaucoup de blancs jugent menaçante par sa seule existence. Le regard est doux, derrière les lunettes qui glissent sur un nez découpé en arêtes vives, comme le reste du visage débité au ciseau dans une roche brune et terreuse. Le regard s'amuse sans que la bouche n'en montre rien, feignant l'innocence quand il s'accoude au bar, déploie une main grêle et longue, et esquisse un geste indolent.

- Des spécialités ? Ma foi, ça se tente. Qu'est-ce que tu as à me proposer ?

Les lèvres fines s'étirent en coin, sous la barbe mal taillée qui monte à l'assaut des joues maigres. Le regard, très noir sous les cils interminables, cherche celui du jeune homme : ils parlent, ces yeux, ils disent leur propre discours et celui-là est clair. "Je sais", disent les pupilles d'encre profonde. "Et je sais que tu sais que je sais", renchérissent-ils quand il hausse les épaules.

Il croise les bras sur le comptoir, replie ses longues pattes osseuses et velues contre une poitrine étique sous une chemise qui paraît trop grande, parce qu'il a une de ces silhouettes où n'importe quel vêtement a l'air mal taillé. Son cou ridé comme celui d'une tortue jaillit des replis d'un vieux keffieh effiloché qui s'enroule sur ses épaules et se tend un peu pour guetter le barman. Nour le connaît, comme il connaît un peu tous ceux qui travaillent dans le coin, en sachant parfois leurs histoires avant leurs noms ; de celui-là pourtant, il n'a que le visage qui lui est resté imprimé dans la mémoire aux côtés de beaucoup d'autres.

- Mais dis-moi, juste par curiosité, c'était quel thème qu'elle a choisi la dame là-bas ? C'est pas que je me méfie, tu sais, mais visiblement elle a pas l'air ravie du voyage et à mon âge, faut faire gaffe à ce genre de petites expériences.

Il sourit, en disant ça sur le ton de la conversation, pas trop haut pour rester hors de portée des oreilles indiscrètes, sans rompre une seule fois le tempo de sa diction nonchalante qui coule un accent presque musical.
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Sam 6 Juin - 19:06

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Je voudrais qu'il soit un vieil homme silencieux, un de ceux que la vie a trop ployé, trop usé. Je voudrais qu'il soit un idiot, un faible, un de ceux qui savent regarder le danger sans se sentir bravache, je voudrais qu'il me laisse en paix, qu'il me laisse fuir, qu'il ne vienne pas me déranger. Je voudrais qu'il soit ce qu'il n'est pas, et mes yeux accrochent le bordel de ses cheveux, le parchemin de ses mains qui glissent, de ses bras qui se replient, et je respire, je respire, rien qu'un peu trop fort, et ça me fait le considérer, ça me donne envie de pleurer, qu'il ait l'air aussi calme, aussi innocemment tranquille, aussi immédiatement conscient de ce que je voudrais qu'il ignore. Je voudrais qu'il marche, qu'il commande un alcool et se taise, qu'il s'éloigne et disparaisse. Mais ce n'est pas le cas, ce ne sera pas le cas, je le vois dans ses yeux, et il y a cette flamme d'amusement qui me donne envie de ne plus le regarder.

Non.

Trop calme, trop confiant.
Trop au courant de ce qui se passe. Alors que, bordel, je fais ça pour essayer d'aller bien. Pour reprendre le contrôle, pour m'assurer que j'ai une dominance sur quelque chose.

Il est, mon petit prince, un idiot terrifié, un orgueilleux qui se noie dans ses pensées.

Alors lorsque ce vieil homme pose sa première question, parce qu'il m'arrache ma sensation de protection, je ne réponds pas immédiatement. Je le regarde, un peu sur le côté, en essayant de ne pas reposer les yeux, immédiatement, sur la femme qui s'est mis à trembler, incontrôlablement. J'essaie de ne pas la regarder, et je garde la bouche fermée. Lui, il a l'air amusé, il a l'air de s'éclater, et ça me donne envie de taper sur ses doigts avec la bouteille de rhum qui traine. Je saisis le goulot, feins nettoyer le verre. Rien qu'un peu, rien qu'un échappement, et ça me glisserait entre les doigts.

Je pourrais le frapper, briser ses doigts, dire que j'ai paniqué.
Je pourrais inventer des justifications, m'excuser ensuite.

- Mais dis-moi, juste par curiosité, c'était quel thème qu'elle a choisi la dame là-bas ? C'est pas que je me méfie, tu sais, mais visiblement elle a pas l'air ravie du voyage et à mon âge, faut faire gaffe à ce genre de petites expériences. 

Ça le fait sourire, presque par politesse. Mais il se force. Il se force. Pour essayer d'avoir l'air naturel. Parce qu'au fond de lui, il aimerait se cacher sous le comptoir, en dévorant ce type.

« … non. Bien sûr. »

Je secoue la tête, et mes yeux ne peuvent pas ignorer ce reflet de lumière désagréable qui s'est réfléchi dans les vitres de ses lunettes.

« Je ne me rappelle plus. J'irais lui demander. »

Je mens si mal, je suis en train de paniquer, et mes doigts tapotent contre le comptoir, tandis que j'appuie, avec insistance, sur mes lèvres, pour arquer une expression que j'aimerais ne pas voir paraître trop fausse.

« Elle parlait de son mari, de ses mauvaises expériences au lit, avec une ancienne cheftaine d'une expédition en Afrique. Dans ce genre de cas, voyez-vous, un petit remontant est toujours apprécié. Si vous avez peur pour votre âge, n'hésitez pas à prendre dans la gamme de nos infusions. J'ai de quoi vous satisfaire. Vous vouliez tenter quelque chose de particulier ? »

Je feins, je feins cette confidence colorée, et mes doigts agitent des sachets de thé, de vervaine, que je lui présente.

« Vous êtes Consultant ? Chevalier ? C'est rare d'avoir de vieilles personnes pas ici ... »

Je veux une réaction, mes yeux glissent par en dessous mes cils.

« Ou simplement de passage ? Vous me faites penser à un type que j'ai croisé, une fois, qui avait perdu son frère jumeau. Vous n'auriez pas entendu parler d'Antonin Zélus, par hasard ? Me semble qu'il avait les mêmes yeux que vous. »

Choisis un verre, choisis un verre.
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Dim 7 Juin - 11:41

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Nour Alizadeh

Nour Alizadeh
Nour semble songeur, quand il regarde le jeune homme tâcher de faire bonne figure et sauver les meubles. Il s'accoude, pose le menton dans le creux de sa main et l'observe sans aucune trace d'hostilité, juste une expression d'interrogation songeuse, comme s'il essayait de résoudre l'énigme qu'il pose. Et puis, de nouveau, le sourire soulève les ridules, plisse les paupières, et le vieux renard lâche un petit clair comme un son de cloche. Le garçon parle, parle, meuble et noie le poisson, ou du moins c'est l'impression que ça donne, vu d'ici, alors que derrière lui Nour entend la femme commencer à perdre le contrôle de ses mouvements.

- Ah ça, je sais pas ce que tu lui a donné comme remontant, petit, mais je crois que t'y as pas été de main morte. Je vais définitivement m'abstenir de toute fantaisie -il grimace quand il entend la tasse et la cuillère qui tombent par terre- et me contenter d'un petit café.

Ce disant, il lui sourit avec une franchise un peu bonhomme, mais les yeux noirs et perçants dardent sous les sourcils broussailleux, et ont encore une fois leur propre langage. Il y a une provocation presque amusée dans ce regard qu'il pose sur le serveur en le mettant au défi de trafiquer sa boisson, à lui aussi.

Une pause, et Nour se demande que répondre. Est-ce que ça changerait quelque chose ? Le barman n'a pas hésité à empoisonner -ou au moins droguer- une chevaleresse confirmée qui serait tout à fait capable de lui botter le train si elle savait qui est responsable de ceci, alors, un vieux tout sec comme lui ne ferait pas vraiment la différence. Mais ce qui lui pique la curiosité, en dehors du fait que la qualité du recrutement effectué par Lilian laisse un peu à désirer, c'est de savoir si ce petit brin d'homme serait capable d'en faire de même en se sachant observé. Il semble anxieux, soudain, mais Nour sait bien combien la peur peut être mauvaise conseillère et pousser certains dans des retranchements inattendus ; il se demande de quel bois il est fait, celui-là, et surtout quelle mouche le pique soudain.

- C'est vrai que je ne suis pas venu depuis un moment, reprend-il. Mais je connais ta figure, alors, ça m'étonne pas que la mienne te soit pas inconnue. Je suis consultant, ou chevalier par intérim, selon la manière dont on voit les choses. Par contre, ton homme ne me dit rien, ou bien j'ai un frère jumeau caché dont je ne sais rien.

Ses paroles s'achèvent de nouveau par un rire, sans qu'il ne lâche son interlocuteur des yeux.
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Mer 24 Juin - 1:51

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Sauver les meubles, c'est peur dire. La salive s'accumule, sa gorge se noue, et alors que l'autre dénie, alors que l'autre a l'air de sourire, de se moquer de ses tentatives désespérées pour démêler ses mensonges d'un faux-semblant qu'il essaie de peinturlurer avec des couleurs de vérité, Marian a sincèrement envie de se pisser dessus. Presque pas, peut-être, il ne sait pas, et les muscles roides, les prunelles un peu étrécies, les ongles à moitié sortis, il écoute l'autre apporter, comme l'on dépose un cheveu sur la soupe, une justification qui vient bouleverser ses tentatives de rester calme. Il n'aurait pas du, il se dit, essayer de dépasser les limites de l'interdit. Il n'aurait pas du se prendre pour le Steve Jobs de l'herbologie, il aurait du rester dans son garage.

« Ce n'était … »

Il grommelle. Un trou noir s'est déployé entre ses yeux, quelque part dans le creux de ses synapses, et ça tourne en rond, sans s'arrêter, ça fait évoluer sa terreur. S'il est découvert, si l'homme va en parler, va témoigner, il va se retrouver dans de sérieux troubles. Il n'aurait pas du essayer, il doit se justifier, et ses mains se mettent à trembler.

« Rien de très lourd, juste-. »

Elle a disparu en tremblant trop fort et son mensonge lui reste bloqué en travers des lèvres. Il fixe sur le côté, pour ne plus croiser le regard de l'homme, et j'ai dans l'âme une envie de l'étriper, cet individu qui terrifie mon humain. Tu sais, tu sais Marian, il y a cette possibilité d'éviter tout ce qui pourrait-

« Ta gueule. »

Il a murmuré, -explosé-, avec la douleur qui a lanciné, et il a crispé ses phalanges contre son front, dans un mouvement réflexe. C'est absurde, c'est stupide, mais enfin, enfin, la voix se tait. Çæ disparaît. Ça obéit.

C'est silencieux.

Marian cille, et considère l'homme, un peu abruti par le calme recouvré de sa tête. Il cille, et considère ce visage basané, avec une expression un peu horrifiée qui vient se placarder contre sa face. Il espère presque, presque, que l'autre va penser qu'il est fou, et s'éloigner. Rien qu'un petit café, il a demandé, et il hoche la tête, il hoche la tête, trop en retard, en décidant de se retourner.

« Pardon. »

C'est si absurde, si ridicule, sa vessie menace d'exploser.

« Je suis un idiot, et je ne devrais pas faire ça, j'en ai conscience. »

Il récupère une tasse, s'exécute dans ses mouvements comme un futur condamné. C'est si calme, c'est si calme, il a réussi à le faire taire, et ses pensées lui paraissent si allégées, si soulignées de précision qu'il a envie d'en pleurer. Il secoue la tête, avec une sensation de légèreté qui n'existait plus depuis des jours, des semaines, depuis l'attaque du roi blixe et de sa couronne ensorcelée, et qui vient peser sur ses os avec la tendresse de la liberté. Il a presque envie d'en pleurer, se répète t-il, avec ses yeux qui deviennent humides. Il a enfoncé la tasse sous la machine, et l'odeur âcre qui s'élève lui rappelle les mains de son père, lui rappelle les sourires de sa mère.

Il se sent stupide, et lorsqu'il demande à son client de payer, il a les joues mouillées.

« C'est juste … Ça fera … quatre dollars cinquante, et oh god, je suis désolé... »

Il morve sur la tasse qu'il n'ose pas lâcher, et incapable de regarder l'homme dans les yeux, incapable de lui donner son nom, incapable d'assumer l'idée que d'ici quelques heures, il sera dans une cellule en garde à vu, il ne donne pas à l'homme son café.

« J'ai mis des graines de souboucourt asiatique dans le  filtre du café, ce matin... »

Ça fait redoubler ses pleurs.
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Mer 24 Juin - 13:29

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Nour Alizadeh

Nour Alizadeh
Nour ne dit rien, pendant un long moment. Il ne bouge même pas : immobile, il regarde, il écoute, et à bien des égards on le croirait en stage d'observation d'une créature magique quelconque tellement il a l'air intrigué et curieux, et tellement il reste calme et impassible comme une vieille tortue. Il n'y a que son sourire qui oscille un peu, les cils longs et noirs qui battent le rythme de ses yeux rivés au jeune homme qui va, qui vire, qui s'effondre dans sa tête et semble implorer et se déliter et se perdre dans ses propres pensées.

Il écoute ce murmure qui se brise et intime le silence à quelque chose, et incline doucement la tête en biais pour guetter les réactions. Il ne paraît pas s'émouvoir vraiment des larmes qu'il voit rouler sur les joues, et ne s'émouvoir vraiment de rien, en vérité. Il n'y a que ce calme, ce sourire de madone ou de prophète qui lui tire les joues sous sa barbe et émousse juste un peu ses yeux perçants. Finalement, il lâche un tout petit rire qui tousse comme un moteur fatigué au fond de sa gorge goudronnée, et secoue la tête.

- Eh ben, elle va pas être déçue du voyage, mais je m'attendais à pire.

La voix est grave encore, assez basse pour qu'on ne les entende pas. De toute façon, derrière eux, ça fait un peu de tapage quand la dame, qui ne se sent décidément pas très bien, commence à sombrer dans les paradis artificiels et à convulser assez pour que ses voisins de table prennent les choses en main. Il baisse les yeux sur la tasse que le garçon tient, et oscille du chef, à nouveau.

- J'espère que t'as bien nettoyé le filtre, entre temps. J'ai passé l'âge pour les trips à l'acide. Je peux avoir mon café maintenant ?

Un sourire, un rien plus large, tandis que Nour ouvre sa veste pour en sortir un portefeuille décati qui ressemble à un sandwich de cuir craquelé rempli de cartes, de billets et d'un mille-feuilles de vieux papiers. Quelques pièces s'échappent, sont brièvement examinées avant de retourner dans ses poches quand il trouve un rial ou une livre turque, et il lui faut, comme souvent, quelques minutes avant de réunir une somme qui ne ressemble pas à l'étal d'un collectionneur de monnaies.

- On va bien finir par savoir que ça vient d'ici, tu sais.

ça ne sonne pas comme une menace, mais comme une constatation. De nouveau, le regard est perçant, calme, mais bienveillant. Un peu triste, peut-être, mais ces yeux voilés sous les paupières olivâtres semblent toujours un peu mélancoliques.

- Je sais pas si on pourra dire précisément si c'est toi ou ton autre collègue -le petit Tullio, là. ça m'embêterait qu'il soit embêté, tu vois. Mais en attendant, je me pose la question ; tu sais que c'est mal, je le vois bien, et tu me l'as dit. Tu m'as pas l'air d'un garçon qui a envie de nuire juste pour le plaisir, et qui se défile juste après en pleurant.

Nour parle toujours sur le même ton : il constate. Il a cette façon de dire les choses comme s'il ne pouvait croire, non, vraiment, il ne pouvait croire qu'on s'abaisse à être aussi lâche. Ce ton qu'il emploie est de nature, parfois, à donner envie de s'y conformer juste pour ne pas avoir à décevoir cette certitude confiante. Ce serait comme donner un coup de pied à un chaton ou décevoir son tonton.

- Du coup, tu vois, j'suis un fieffé curieux, alors j'aimerais bien savoir pourquoi tu t'es amusé à faire ça. Qu'est-ce qui t'arrive, mon gars ?

Curieux, toujours curieux : sans jugement, parce que ça a même l'air de le faire un peu rire en sachant bien que la plaisanterie sera sans doute assez inconséquente (et qu'un chevalier en voit de bien pires, de toutes façons). Il parle toujours sur le ton de la conversation, avec une légèrete affable.
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