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Sandro Valencia.

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Sandro Valencia

Sandro Valencia
Sandro « See » Valencia



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Fiche signalétique

Sandro Valencia. HIf9E5aSandro Valencia. BsI8tgSSandro Valencia. HIf9E5aSandro Valencia. BsI8tgS
 

Nom : Valencia.
Prénom : Sandro.
Origines et nationalités :  Il est né au Mexique, mais a vécu la majorité sa vie aux États-Unis dans l'état de New Mexico..

Race : Humain.
Âge : 35 ans.
Genre : Masculin.
Orientation : Pansexuel.

Taille : 1.73m
Couleur des cheveux : Bruns.
Couleur des yeux : Sombres.
Trait particulier : Les cartilages de ses oreilles sont perforés, mais rarement ornés du moindre bijou. Il n'en porte, s'il le faut, que lors d'instants où il est amené à se sentir fancy. En cela, il n'a pas d'autre ornement, si ce n'est, celui plus discret, celui plus luxueux, d'un étalement de tâches de rousseur contre ses hanches.

Dossier de l'ordre

Langues parlées : Anglais, espagnol. Des baragouinages d'arabe, et plus pertinemment, le binaire et un catalogue d'autres langages informatiques.
Habiletés : Expliquez nous ce qui fait de votre personnage un bon chevalier. 

Qualités prédominantes : Autodidacte - Affable - Vif - Résilient – Flirt - Passionné
Failles notables : Moqueur - Sassy - Superficiel - Menteur

Note particulière : Victime d'une malédiction survenue à ses 19 ans, lors d'un contexte houleux, il est cet être maudit qui ne peut subir la lumière du soleil sans le port de sa bague protectrice, un artefact aux éclats de promesses qui le relie à Ambrose.

Il est aussi un activiste militant dans les droits LGBT.

Sa résidence permanente se situe dans la ville d'Albuquerque.


Historique




Chronologie -


  • Sandro naît dans une famille relativement pauvre au Mexique et y vit jusqu'au début de son adolescence.
  • Son frère Juan, son ainé de 6 ans, recycle les vieux ordinateurs et introduit Sandro à leur fonctionnement.
  • À douze ans, il quitte le domaine familial en quête du rêve américain avec son frère et saute sur un train en marche qui file en direction des États-Unis.
  • Une fois là-bas, ils collectionnent tous deux des emplois miséreux jusqu'à l'obtention de visas - probablement illégaux - qui leurs permettent d'accéder à des emplois plus stables.
  • À côté de leurs emplois, ils développent une expertise informatique notable qui leur octroie un certain niveau de notoriété.
  • Lors de ses 19 ans, son frère et lui se retrouvent au beau milieu d'une altercation magique. Juan y perd la vie et Sandro se retrouve en proie à une malédiction qui laisse la lumière du soleil calciner sa peau.
  • Il vit donc, jusqu'à ses 23 ans, en tant qu'informaticien et hacker/cracker freelance, ne sortant que la nuit. Pendant ces années, il collectionne les conquêtes sexuelles.
  • À 23 ans, il fait la rencontre d'Ambrose Meriwether, un sorcier, qui lui propose un marché. Ambrose, en échange d'une nouvelle identité lui offre une bague enchantée annulant les effets de sa malédiction.
  • Au terme de ce marché, ils deviennent partenaires - le sorcier emménage officieusement avec lui - et dressent un réseau de contrebande d'artefacts magiques en usant du pseudonyme SEE. Sandro s'occupe principalement de la communication entre Ambrose et leurs clients, d'une part de l'identification des artefacts et de la sécurité de leurs anonymats.
  • En même temps, Sandro s'affile au sanctuaire de Rio Branco.
  • À l'âge de 30 ans, il met au point un dispositif à ayant la capacité de traquer les mouvements de la naga Lycerna. Ce dispositif lui vaut la reconnaissance de l'Ordre des Chevaliers de l'Aube et il devient officiellement l'un de leurs consultants.
  • En 2017, à l'âge 33 ans, il a la merveilleuse idée de proposer Ambrose à l'Ordre des Chevaliers de l'Aube pour le bien de leur partenariat professionnel. Ce n'est que lorsque le sorcier à plier bagage pour l'Australie que leur appartement lui semble soudainement bien vide.
  • Par la suite, il continue d'œuvrer en tant que contrebandier et en tant que consultant. Ses contacts réguliers avec Ambrose atténue le poids de la distance.
  • En 2019, deux ans après son départ pour Old Fyre, Ambrose abandonne l'Ordre et réintègre leur appartement. Malgré cela, le sorcier passe davantage de temps à arpenter le monde qu'à demeurer à Albuquerque. Sandro considère sa vie et  son futur d'un œil positif.



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Mer 21 Aoû - 22:24

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Sandro Valencia

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I.
1, comme lézard

Assis sur les roches qui brûlent son petit cul d'enfant de huit ans, il est ce lézard appliqué, humanoïde, qui rédige proprement une lettre d'adieu à son père, et à son frère. La pastel rouge, -volé à un émissaire catholique lorsque celui-ci est venu distribuer des crayons dans le ghetto-, tremble dans sa main, mais il y a sur sa face toute une concentration, toute une rigueur qui dessine les esquisses de sa personnalité adulte. Enfant dramatique, acharné à se persuader qu'il a raison, il vit des deuils incessants, surtout lorsque ceux-ci naissent de qui proquo que son cerveau neuroatypique ne saisissent pas. Il n'aime pas l'humour méchant, il l'apprécie encore moins lorsque c'est dirigé à son égard.

Haut dans le ciel, le soleil est un disque de plomb qui vibre et fait suer sa peau. Près de sa cheville, sur le caillou qui ressemblait à un visage, il a usé la pastel en lui dessinant des yeux et une bouche grimaçante. C'est laid, c'est terrifiant, il a balancé le caillou au loin.

« Papi,

je ne reviendré pa a la maison,

Juan est un cabron. ¡Vete a la mierda ! 

je ne vous aime plu, mais au revoir.. 
»


C'est une lettre d'adieu, qui irradie sa haine furieuse, qui clâme son horreur pour ce monde dramatique. Parce que Juan est un idiot, et qu'il hait les idiots. Il déteste que l'on tue les lézards, et celui que Juan a sacrifié ne reviendra jamais à la vie. Il hait cet univers, il hait l'existence toute imbue des personnes trop fortes qui abusent de celles qui sont plus faibles, et des larmes lui montent dans les yeux, alors qu'il signe en bas du papier, avec de la graisse rouge qui s'étale sous ses doigts. C'est un amendement pour la fin, une violence salée, puisque ses larmes sont en train de tâcher le papier.

Joder.

Il relève les yeux, petit garçon au visage de pomme fripée, et ses joues brunes sont griffées par le sel de l'air. Devant lui, la mer qui s'étend est cette vision confortable, inconstante, d'une force vive pour laquelle il a toujours éprouvé une horreur fascinante, et en ce jour d'août, son âme lui hurle que c'est une bonne manière de revendiquer sa colère que d'aller écraser son corps au fond de l'eau. Il est en colère, et rien ne peut le retenir. Il est encore, et il va le faire ! Il est debout, avec le papier dans les mains, et les yeux pleins de larmes, et le sang plein de haine. Il va le faire ! Il est debout, avec ses cheveux qui flottent dans le vent, et il prend conscience, peut-être un peu, de la hauteur de la falaise. Ce n'était pas si haut, dans sa tête, ce n'était pas si haut, vu d'en bas. Ses plans sont revus à la baisse, il envisage, un instant, calculer différemment son coup. Peut-être réécrire la lettre, peut-être simplement ne pas sauter. Peut-être juste hurler, et regarder le ciel. S'il reste en colère suffisamment longtemps, son père ira le chercher, et il pourrait, éventuellement, se mettre à pleurer, réclamer à grands coups de larmes salées une justice que Papi lui offrira avec des sourires doux, en lui promettant des galettes de sucre.

« Mijo. Tu n'as pas encore sauté ? »

Juan apparaît, dégandé et la face mouchetée par les mêmes tâches de rousseur que leur père les a fait se partager. Il a les cheveux plus clairs, plus bouclés, aussi, et de par son droit d'aînesse, se réserve ce genre de commentaire désabusé qu'il sait offrir au monde avec un sérieux tranchant, une attitude horrifiante. Les bras croisés, il défie le benjamin d'aller au bout de son geste. Sandro veut hurler. Sandro veut le frapper. C'est tout un mélange de sentiment, d'ébulation, et ça gonfle dans ses veines en menaçant de craquer. Il fait un pas vers le bord. Juan hausse un sourcil, peu impressionné. Du haut de ses quatorze ans, les menaces de suicide de son petit frère ne l'ont jamais impressionnées : surtout parce qu'elles se répètent trop, sans jamais aboutir à quoique ce soit que des insultes furieuses.

« Tu sais, Mijo, si tu sautes, je vais juste te laisser tomber, et tu vas mourir. C'est ce que tu veux ? »

Non, non, peut-être. Peut-être ? Pas vraiment.
Il veut lui faire du mal, il veut le faire s'agenouiller, tomber sur ses rotules en pleurant, il veut le voir présenter ces excuses qui ne viennent pas autrement. Il veut utiliser les cartes qu'il a porté de main, et le suicide lui paraissait une option clairement entendable jusque là. Jusqu'à ce que Juan ne le suive et apparaisse, en faisant vaciller sa volonté. Les criquets chantent, et près d'eux, il y a un lézard qui observe la scène, d'un air endormi. Sandro menace son frère d'un autre pas. Les sourcils de Juan se courbent en cette expression sévère.

« Tu sais ce qui va arriver, cabron, si tu fais ça ? Tu ne vas pas mourir immédiatement. Tu vas te défoncer la colonne, tu vas te casser les os, et tu vas mourir en ayant de l'eau qui te rentre dans la gueule, comme un stupide objet cassé. Pire que les ordinateurs ! Tu vas être cassé et tu vas sentir l'eau qui te rentre, comme ça, pfah, dans le nez. Et tu vas avoir des algues qui vont te rentrer dans l'anus ! Et ensuite, il va y avoir des crabes qui vont bouffer ton stupide cadavre, et ensuite tu vas juste devenir tout blanc, comme mami, et tu vas flotter et les mouettes vont venir te bouffer l'intérieur du ventre ! C'est ce que tu veux, tontucio ?! »

Ce n'est pas ce qu'il veut, et la morve qui lui coule dans la bouche accentue ses bégaiements furieux. Juan en roule des yeux, et ouvre les bras, en s'approchant de lui. Prudent, méfiant, mais alerte, et le gamin de huit ans ne saute pas. Pas que Juan y croyait vraiment, mais tout de même. Il s'assure d'abord de l'écarter du bord, avant de le gifler avec gratuité : c'est un des avantages d'être le plus vieux. Ça fait brailler le gamin.

« Eres tonto !
– Chupame la polla ! »

Un pêcheur, alerté par les cris de l'échange viril, relève la main vers eux, pour les saluer, et Juan, en entrainant son petit frère par l'épaule, incline la tête vers le vieil homme, en lui rendant son salut prudemment. Il le force à marcher plus vite, afin de s'assurer que l'homme ne vienne pas leur réclamer des comptes. Dans ce coin de la ville, trop près du port, deux gamins seuls représentent des cibles faciles. Mais ils s'éloignent rapidement, Juan est habitué à s'enfoncer dans les dédales colorées du guettho de Mia Nova. Au final, c'est presque une belle journée. Il se dit que pour acheter la paix, il peut toujours lui donner les galettes de sucre qu'il a volé à un passant. C'est ce qu'il avait prévu de faire, c'est ce qu'il se force à faire, attentif aux effusions de joie de son petit frère. L'autre piaille doucement, et laisse ses yeux courir sur des tâches de crasse, près de lui, qui adoptent la forme souriante d'un clown. Il laisse ses yeux se plisser, en imaginant le rire du mur sale, avant que Juan ne l'entraine plus loin. Sandro n'a pas le temps de jouer à leur jeu habituel, consistant à relever les faces qu'il voit autour de lui. Dans les arbres, dans les traces, dans les tâches, dans les objets et dans les nuages. Non. Il n'a pas le temps, et Juan n'est pas d'humeur.

« Tu veux toujours avoir raison. »

Il haït ça, et il n'y a pas de place pour de la maturité dans leur relation. Mais éventuellement, la dispute est enterrée sous l'offrande de sucre que Juan vient lui déposer entre les mains. Ils n'ont pas beaucoup d'argent, mais Juan en a toujours assez pour gâter son benjamin, en particulier lorsqu'il s'agit d'acheter son silence, auprès de leur père. Miguel n'est pas un homme qui serait ravi d'entendre que son plus petit est allé traîné trop près des rebords.

« Le lézard était malade, mijo. La voiture lui avait écrasé la moitié du corps. On ne pouvait pas le sauver. »

Ça n'a clairement plus d'importance.
Les yeux brillants, Sandro observe ce qui lui paraît les ruelles colorées d'un monde difficile, mais pas cruel. Son père, Miguel, est un homme doux, qui transforme en aventure chaque obstacles, et il faudra patienter encore un an ou deux avant que le gamin ne réalise que sa gigantesque ville est un amas de plombs, de migrants et de saleté. À ses yeux, c'est une ville comme les autres, et il s'imagine le monde ressembler à ce paysage de taudis. Les fumées noires qui s'échappent vers le ciel représentent une normalité.

Les dents refermées sur la galette en farine d'avoine, à se glisser comme une ombre sous les labyrinthes de tôles froissées, il se dit que Juan est un idiot, mais qu'il comprend son développement de pensée. On ne devrait pas sauver les lézards, quand ils ne peuvent plus profiter du soleil.


II.
2 comme frères

Juan coupe avec précision les fils de plomb, d'un mouvement sec du cutter, puis, après les avoix examiner, il les jette dans la bassine rouge. Ce qui est recyclable, dans le rouge, ce qui est inutilisable, on le laisse dans le tas d'ordure. Avec un foulard noué autour de son crâne, camouflant son nez et le protégeant des gaz dangereux, Juan est cet acrobate qui joue des pieds et des mains, et éventre des cadavres en métal pour échanger leurs cartes puces et le plomb contre un peu d'argent.

Les ordinateurs sont de bonnes proies. Surtout que dans cette partie de la décharge, où les autres chiffoniers n'osent pas s'approcher du gigantesque missile cubain à moitié enterré. Mais Juan n'a pas vraiment le temps d'être autre chose qu'audacieux, surtout depuis que Miguel a été capturé par la milice, vendu par un voisin qui l'a entendu parlé de leur président. Alors Juan s'en fout des missiles cubains : il va plus loin et plus profonds que les autres désespérés.
Et puis, ça permet à Sandro d'explorer de nouvelles possibilités.

Assis sur un siège décharné, il se passionne dans sa lecture d'un manuel d'informatique. Juan lui a mis entre les mains, après qu'il se soit égratigné les genoux en tombant du haut d'une pile, en manquant de s'éborgner contre les entrailles d'un frigidaire éventré. Mais son arcade a cessé de saigner, et le garçon de onze ans lit avec un calme avide un langage qu'on ne lui a pas appris à l'école. Des zéros et des uns qui s'enchainent et forment les connexions logiques d'une réalité immatérielle. Mais pour lui, pour lui, ça paraît beaucoup plus concret que les poèmes de Neruda qu'on lui fait réciter. C'est beaucoup plus beau, aussi, beaucoup plus harmonieux.
Son cerveau étire les informations, forment des visages là où ils n'existent pas, et dans ces codes binaires, il dessine des sourires et des regards grotesque.
Ça prend forme, lentement, dans son esprit. Ça prend forme, et ça devient magnifique.

III.
3 comme passé, présent, avenir.

Son coeur bat fort, plus fort que jamais, et il est plaqué sous le vent qui hurle son nom, qui griffe son crâne en essayant encore de le saisir par les cheveux. Mais le rire de Juan s'élève, fuse comme une bouteille de coca qu'on a secoué trop fort, et ça devient contagieux, ça devient merveilleux. Il rit à son tour, et Juan qui se redresse pousse un hurlement de joie. Sa voix vibre dans le vent et la vitesse du déplacement, sa voix explose en ce crépitement de bonheur et de soulagement. Sandro n'ose pas faire pareil, Sandro ne veut pas lâcher la barre de métal qui le retient en place, et sur ce train qui file, sur ce train qui vient de franchir la frontière américaine, il sent naître en lui une bulle d'espoir. Il a douze ans, mais il a compris que vivre dans son pays ne serait pas faisable s'il voulait réaliser ses rêves. Il l'a compris, et avoir traversé la frontière, sans s'être fait descendre, c'est l'achèvement d'une réalité qui vient le frapper comme le vent. Ça griffe dans ses yeux, ça les remplit de larme, mais il ne sait pas si c'est de choc ou de joie qu'il est en train de pleurer. Il est encore minuscule, mais sur ce train qui file, il se sent délivré.

Il peut tout faire. Il veut tout faire.
Rien ne peut l'en empêcher.

Sous le soleil qui salue ces enfants à la peau tâchetée, ils sont les spécimens ombrageux d'un optimisme que rien ne peut tuer.


IV.
4 comme deux coeurs qui battent.

L'eau souillée lui tombe sur les orteils en un fracas gelé, en des giclements savonnés. Des couverts encore sales s'éclatent contre le sol, et Mister Lang hurle son nom dans un accent pékinois, ainsi que des insultes colorées. Sandro bafouille une excuse, et Paolo, un homme aux bras musclés, lui marmonne de se bouger le cul. Un de ses collègues le bouscule, renverse un peu de sauce contre lui, et il se plaque contre un mur, pour éviter le colosse qui passe, les bras remplis d'assiettes empilées. Sa tête lui tourne, ça fait trois jour qu'il a la collique, mais il ne peut pas demander de congé : Mister Lang a précisé avec une agressivité léthale, plus tôt dans la semaine, que les prochains à se désister seraient ceux dont la paie seraient abaissée. Sandro sert les dents, et récupère la bassine que Paolo lui tend, en marmonnant en espagnol un remerciement bref. L'homme ne lui adresse pourtant pas un regard. Alors il nettoie le sol, et s'assure que personne ne glisse sur son passage.

Cinq heures plus tard, le restaurant chinois ferme ses portes. Les mains dans les poches, il fouille pour son briquet, en laissant pendre entre ses lèvres une cigarette qui goûte la Javel. Il est presque une heure du matin, et New York ne dort pas. Mais dans le quartier mal famé où est implanté le Dragon de Jade, les réverbères sont éteints et les néons cassés. Le noir est ici une couleur qu'on remplie avec les silhouettes de ceux qui ne vivent pas sous la lumière. Sandro finit par allumer sa cigarette. Encore un mois.

Encore un mois, et il aura amassé suffisamment d'argent pour que ses économies parviennent à cet objectif que Juan et lui se sont fixés. Encore un mois, et ils vont pouvoir payer un notaire afin de signer un contrat immobilier. Ils ont déjà appelé un agent, et celui-ci a accepté, en échange d'un prêt sommaire, de leur fournir les locaux. Il est pressé. Ah, fuck, il est pressé. Un de ses amis du milieu, Giorgi, est même parvenu à leur dégoter un contrat avec Monsieur fucking Salvadore. Et un contract avec ce poulet, c'est quelque chose qui va leur ramener beaucoup, beaucoup d'argent. Parce que personne, absolument personne n'est prêt à laisser sa carrière politique tomber, en particulier pour des photographies compromettantes. Personne ne veut voir sa face affichée dans les journaux nationaux, lorsqu'il s'agit d'une mauvaise affaire sexuelle. Heh. Il sourit, de ce sourire qu'il a probablement trop volé à Juan, de ce sourire qui fait rire Gaby. Il attrape son téléphone, un cellulaire miteux, et lui envoie un message. Presqu'une heure quinze. S'il se dépêche, il aura peut-être la possibilité de la voir, avant de retourner à l'appartement. C'est à vingt minutes d'ici, et s'il parvient à sauter dans un bus, sans se faire contrôler, il pourra peut-être y arriver avant que le gardien ne vienne fermer la porte de l'immeuble de son amante. Il se met à courir.

Dans quelques jours, il aura dix-huit ans. Pour son anniversaire, Juan lui a promis du sake. C'est dégueulasse, Sandro déteste cet alcool, et Juan s'assure généralement à ce que ses anniversaires, depuis ses treize ans, soit arrosés par le plus terrible alcool qu'il puisse trouver. Une sorte de tradition, entre eux, à laquelle Sandra réplique par des pizza hawaïennes lors des anniversaires de son frère. Il se réjouit à l'idée que, cette année, c'est une pizzeria flambant neuve qui a ouvert ses portes juste à côté de leur appartement. Il n'aura pas besoin d'aller chercher très loin pour accomplir son méfait.

Il a bientôt dix-huit ans.

On ne l'arrête pas dans le bus, et les mains dans sa bomber jacket de cuir, il se présente sous le porche d'un appartement du seizième. Rien que des taulards et un mec un peu weird qui promène son chien en l'appelant princesse. Il a les clefs ;  Gaby les lui a donné le mois dernier, avec ce sourire encore peint du rouge à lèvre que Sandro n'avait pas réussi à complètement lui sucer. Dans sa poche, il les fait cliqueter comme un petit trophée, quelque chose qui tintabulle contre son coeur, et embaume ses pensées de satisfaction. Juan lui dit que l'amour ne lui convient pas. Alors il répond à Juan d'aller se faire mettre. Ce n'est pas sa faute si son frère est toujours célibataire. Il s'engage dans l'appart, tandis que Princesse est occupée à déféquer sous un lampadaire.

En grimpant les escaliers quatre à quatre, il sifflote, doucement, un air mexicain, retenu d'avant, et qui ne veut pas s'en aller. Une musique joyeuse, qui lui colle à l'âme et à la peau, une musique qu'il s'amuse à faire résonner un peu n'importe où : sous la douche ou au boulot, et qui en ce moment présent, se heurte aux murs un peu sales, tandis que Sandro grimpe. Il se sent de bonne humeur. La journée était merdique, il s'est retenu de planter une fourchette dans l'oeil de Mister Lang, mais au moins, au moins, il ne reste vraiment plus qu'un mois, et il avait vraiment envie de voir Gaby. Il se plante face à la porte de l'appartement vingt-quatre, et tapote contre le panneau de bois ; usé par les anciens locataires. Pas de réponse, pas de réponse, mais il peut entendre la chaine hi-fi de l'autre côté. En secouant la tête, en hésitant un peu, il patiente, refrappe une nouvelle fois, et finit par entrer. La musique qui joue, c'est du jazz, un truc qu'il n'est pas sûr d'apprécier, et il se glisse dans le salon en appelant, doucement, avec ses intonations un peu chantantes, la voix que Gaby aime bien l'entendre employer.

« Baby ? You there ? »

Plum, le matou obèse que Gaby entretient depuis qu'elle a quitté l'appartement de son père, vient se heurter à ses tibias, et Sandro, un sourire pointu sur les lèvres, se penche, et caresse son crane plat. L'animal ronronne aussitôt, avant de s'en aller, la queue haute, pour aller renifler des bottes que Sandro n'avait pas remarqué jusque là. Sa première pensée, en considérant les chaussures, c'est de se dire que Gaby a un ami à la maison. La seconde, alors qu'il finit par détecter les grincements du lit, c'est que ce n'est probablement pas juste un ami.

Il marche jusqu'à la chambre, et vient s'épauler, nonchalant, contre le cadre d'une porte laissée ouverte. On ne le remarque pas tout de suite : dans cette position, Gaby aurait assurément du mal à le remarquer immédiatement. Le mec aussi, assurément. Pendant quelques instants, Sandro se dit que Juan avait raison, que l'amour ne lui convient probablement pas. Il se demandait à quoi ressemblait à un heart break ; mais certainement pas à ça.
Parce que, au final, ça le ferait presque rire. Il n'avait jamais envisagé la prendre comme ça.

Lorsque Gaby et son partenaire finissent par le remarquer, elle pousse un cri de surprise, lui promet qu'elle va s'expliquer. Les yeux écarquillés, Sandro lève les mains, cherche à la calmer.

« Guys, guys, don't worry. Don't mind me. »

Il sourit. Il sourit. Il sourit.

« I mean. Unless you want me to participate. »

Il leur fait un clin d'oeil. Sourire, sourire, wink wink.

« Buuut … Hey. I think I'll pass. D'ya want me to drop that here ? »

I lève les clefs à la hauteur de son visage, n'attend pas la réponse, et les laisse simplement tomber.  Ça claque lourdement sur le plancher. Hey. Dire qu'il y a vingt minutes encore, il les faisait claquer dans sa poche joyeusement. Oh, honnêtement, le type est beau, il comprend Gaby. Il est juste un peu déçu, au final. Mais il ne le laisse pas paraître, il ne veut pas vraiment l'entendre s'excuser.

« Gaby, baby, don't worry. I don't care, really. »

Dans une semaine, il va avoir dix-huit ans. Ça le fait soupirer.

« Just … You know. »

Il hausse les épaules, et se retourne. Il les entend s'habiller, marmonner, et il traverse le salon presque en courant, pour ne pas être arrêté, ne pas être retenu. Plum, les yeux plissés, le regarde d'un air sévère, et Sandro, malgré son avidité à s'enfuir d'ici, prend le luxe de lui souffler un baiser. C'est un au revoir qui le marque plus que Gaby, au final. Il aimait vraiment ce chat. Mais il ne reviendra pas ici. Non, non, il ne reviendra pas ici.

Ah, fuck.

Le pire, se dit-il, le pire dans tout ça, c'est que franchement, franchement, vu le profil du gars, si Gaby lui avait demandé, il aurait probablement accepté.

I mean.


V.
5 comme les doigts de la main.

La journée est pourrie. Il pleut comme vache qui pisse, et le nez collé contre une vitre embuée, Sandro fixe les passants américains qui courent sur les trottoirs, en s'abritant, de leurs mieux, sous des parapluies trop sombres. Les cumulonimbus qui se juxtaposent ressemblent à des vieillards avec de grosses barbes, et il est occupé à leur donner des noms et des personnalités quand Juan l'appelle.

« Mijo, on a un client qui est bloqué sur la 26 et qui dit qu'il y a eu une inondation, et qu'il ne peut pas se déplacer. Il demande si on peut venir chez lui, et il dit qu'il est prêt à payer le double. Apparemment, des photos pédo. »

Les lèvres de Sandro se tordent, mais Juan fronce les sourcils.

« Le double, Mijo. Il est prêt à payer le double. »

Sandro lève ses auriculaires, et dans un une exagération caricaturale, dans une imitation de la face de Juan, il répète.

« Le double, Mijo, le double. Le douuuuble. »

Son aîné le fixe avec la mort dans les yeux.  La seconde d'après, il l'a attrapé par le collet, et le secoue avec fureur. Ça fait rire Sandro, et sa voix qui crépite est un amas de satisfaction puérile contre lequel Juan et son exaspération ne peuvent rien faire.

«  Muvuete ! C'est déjà bien assez chiant pour qu'en plus tu fasses le gamin. »

Rien que pour lui donner raison, Sandro lui colle un baiser contre la mâchoire Ça fait crisser la barbe de trois jours de Juan, lequel pousse un soupir irrité, avant de lui coller les clefs de sa voiture contre la poitrine, en lui disant d'attendre en bas. Son aîné s'écarte,  les joues rosies, embarassé as fuck par une affection qu'il gère toujours très mal, et Sandro le regarde s'éloigner avec tendresse, tandis que l'autre va chercher leur matériel. Il finit par orienter ses pensées sur leur nouvelle mission. Des photos pédos, hein ? Il n'est pas sûr d'être à l'aise avec ça, mais Juan a raison : le double. Le double, ça représente vraiment beaucoup, beaucoup d'argent, et ni l'un ni l'autre n'est vraiment du genre à cracher dessus. C'est juste que … il préférerait tout de même avoir d'autre types de clients. Ahhh, jader. Il soupire, récupère sa veste. Pendant une seconde, il a cette sensation d'oublier quelque chose, et ses yeux se reposent sur le ciel orageux, là où il perçoit des visages dans les nuages. Les vieils hommes ont disparus, emportés par le vent. À la place, il y a cette face qui s'étire, pour laquelle Sandro oublie pendant quelques instants de respirer. Un visage dans le ciel, au sourire crispé, aux yeux tordus. Un visage diabolique, qui arbore les traits de l'ancien président mexicain, celui pour lequel son père a fini au bout d'une corde.

Sandro détourne les yeux, perd son sourire. C'est vraiment une journée pourrie.

Il descend jusqu'à la voiture, se glisse rapidement sur le siège passager. Une percée lumineuse, dans les nimbus, vient nimber la rue, vient faire rutiler son pare-brise. Il lance les essuies-glace, suit des yeux le mouvement régulier des branches qui passent et repassent, et après avoir inspiré, jette un autre coup d'oeil vers le ciel. Le visage a disparu, les averses sont balayées par un vent du nord. Sandro appuie ses bras contre le volant, en considérant le ciel. Lumineux, encore mouillé, il est cette surface contre laquelle le jeune homme fait glisser ses yeux, alerte. Mais s'il y a du soleil, s'il y a du soleil, alors c'est que le moment n'est pas si pourri que ça, c'est que la journée n'est pas tant à bâmer. Il décide de modifier son humeur, fait jouer ses pensées. Au lieu des interprétations illusoires de son cerveau, il se concentre sur l'image des hanches de Clare. Quand Juan entre dans la voiture, Sandro tient fermement son sac sur ses cuisses.
Il sourit.

(…)

Il y a un silence qui pèse lourd entre eux.
Assis sur le muret de pierre d'un immeuble abandonné, ils fixent le terrain vague dans lequel ils se sont arrêtés. Parce que tous les deux ont éprouvés ce besoin de se cacher, loin du monde, loin des regards des humains, pour essayer, peut-être, d'exorciser leurs pensées. Ce qu'ils ont vus, ce pourquoi ils ont été payés, ils n'y étaient pas préparés. Ni l'un, ni l'autre, et Juan fume en silence, tandis que Sandro tord ses doigts. Ils ont été payés. Largement.
Sandro se sent un peu nauséeux.

« Tu sais, cet argent- »

Juan élève la voix, mais Sandro voudrait qu'il se taise. Il essaie de se concentrer sur un code qui lui permet de déstresser, et les chiffres qui défilent dans sa tête sont une poésie binaire qui sifflote comme une musique heureuse. S'il parvient à se concentrer suffisamment longtemps là dessus, et à établir une structure intelligente à partir des décimales calculées, il ira mieux, il pourra oublier, il pourra-
Une bène à ordure vient le percuter, et il est projeté au sol, dans un craquement de vent et un hurlement de métal. Sa lèvre explose sous l'impact, et choqué, consterné, il reste allongé au sol pendant quelques instants, incapable d'identifier ce qui vient de se passer. La poubelle roule, un peu plus loin, et le vent qui gonfle amasse des nuages au dessus du terrain vague. Son coeur bat trop fort, il essaie de se relever, et c'est pour être mieux plaqué contre le sol, quand une seconde bourraque, mini typhon acharné, vient crépiter devant lui. Juan aussi a été balayé, àa la manière d'un fétu de paille jeté à quelques mètres de là, et Sandro lui jette un coup d'oeil, paniqué. Il veut ouvrir la bouche, l'appeler, lui demander ce qui se passe, mais un déchirement dans l'air vient taire son initiative.

Une ombre gigantesque vient les submerger.

Sandro ne peut plus ciller.

La créature danse dans le vent, balançant sa tête à gauche, à droite. Pendant quelques secondes, ça ressemble à ces scènes un peu absurde des gens qui rient en filmant un animal qui a mal.  Sauf que là, il y a trop de sang, trop de blessure ouvertes pour que la douleur puisse être ignorer. Sandro ne peut plus ciller. Ne peut plus respirer. Plus qu'un combat, plus qu'un affrontement, plus que ces représentations épiques des morts dramatiques, le moment est cet instant de massacre, un meurtre auquel Sandro ne peut rien faire à part regarder. La chose, bleutée sous l'orage qui se forme au dessus d'elle, hurle une souffrance qui se manifeste en des plaies qui viennent ravager sa cuirasse réptilienne. Il veut courir vers elle, il veut se terrer sous terre, et la chose finit par étirer sa gorge, dans un râle pitoyable, une supplication agonisante. Sa queue bat l'air, les nuages grésillent une électricité lourde, et à l'instant où Sandro cille, il y a quelque chose, une sorte de point noir, qui file sous la tête de cette chose rugissante.

La gorge de l'être est déchirée dans un chuintement mouillé.
D'abord, c'est le temps qui s'arrête. Puis le sang fuse, la créature râle, et cette écume sombre qui mousse et explose dans les airs, ce sang qui explose partout devient une moisson. Ça tombe en crépitant contre le sol et Sandro en reçoit sur la main, d'abord. Puis sur le front, sur la gorge, sur les épaules et ça lui coule dessus, ça lui pleut dessus.

Il ne le remarque pas immédiatement. Il le sent, bien sûr, il le sent, ça devient abrasif contre sa chair, mais il est trop occupé à regarder la créature chanceler sous le ciel, devenir ce titan hésitant, et il réalise, il réalise surtout, que la chose va tomber sur lui. Il est incapable de penser, il est incapable de hurler, mais il bouge, il bouge en se jetant sur le côté, et le reptile gigantesque s'abat comme une montagne qu'on a tué. Son corps craque sous l'impact, le sol s'ouvre.

Il est tombé pile sur Juan.
Maintenant, il n'y a plus de bruit.

(…)

On l'a laissé sortir de l'hôpital en lui disant qu'il n'avait rien. Rien. Juste cette étrange condition. On lui a dit de recontacter les services de dermatologie au plus vite. On lui a dit qu'il pouvait rencontrer les plus grands spécialistes, s'il le fallait. On lui a dit d'appeler à tel numéro, qu'il pouvait se renseigner sur les combinaisons que portent les enfants-lunes.
On lui a dit des tas de choses.

Debout dans un appartement vide, Sandro fixe le mur de la cuisine.

Il ne peut pas parler. Il ne peut pas bouger.
Le téléphone sonne depuis des heures, et ça résonne dans sa tête. Il croit qu'on est mardi. Ou peut-être vendredi. Il ne sait plus vraiment. Les heures défilent, et Juan ne revient pas. Son corps est lent, son corps est mou. Il patiente quelque chose qui n'arrive pas. L'univers ne tourne plus très rond, et ses ordinateurs clignotent sans qu'il n'arrive à les regarder. Il y a quelque chose, là dehors. Ça tourne dans sa tête, ça fait des cercles, et sa gorge est devenue très sèche.

Ah, il ne peut plus sortir.
Il ne bouge pas. Plus vraiment. Le monde est un peu cassé. Sa tête est un peu fêlée. Des clients continuent d'appeler, mais il ne décroche plus le téléphone.

Il. Il ne comprend pas, en fait. Il ne sait pas vraiment.

Il ne comprend plus trop les choses.
Juan. Juan a oublié de sortir les poubelles. Ça commence à puer dans l'appartement.

Il ferme les rideaux, ne bouge plus. Son corps ne réagit pas. Il attend.

Il attend.




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Jeu 12 Mar - 23:08

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Sandro Valencia

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VI.
6 comme le milieu d'une horloge.


Il a du cuir dans la bouche, et de la salive sur les pommettes. Les mains retournées, menottées, les poignets tordus et les reins arqués. Et il aime ça, il aime ça, parce que Klaus n'arrive plus à maintenir la position et que son pénis frappe contre sa hanche. Il rit, il s'étrangle, le baillon dans sa bouche tue ses intonations, les fait crépiter en ces gloussements mouillés, et Klaus susurre son nom, balbutie une supplication, et les doigts de Sandro parviennent à saisir de la chair mouillée, tendue, et à l'envers, avec ses cuisses courbées sous la tension qui s'accumule, il serre entre ses doigts, il serre de toutes ses forces, et l'homme s'écroule sur lui, en babillant un allemand essoufflé. Sandro roule sur le flanc, essaie de se libérer, n'essaie pas vraiment, et la salive lui coule dans la gorge, lui coule sur les lèvres, tandis que Klaus lui vient sur le ventre. Les mains pâles de l'européen s'infiltre sous le cuir, défait la pression à l'arrière de son crâne, et Sandra a la bouche ouvert, Sandro happe cet oxygène qui lui a presque fait défaut. Les ongles de Klaus griffent sur son crâne, et il ferme les yeux, il ferme les yeux en minaudant un son, un gémissement appuyé, avec sa langue qui adopte la forme trop épaisse, trop étranglante, d'une bite qu'on lui enfonce entre les dents. Il marmonne une protestation, mais la satisfaction a le goût de la sueur et de l'effort. Il lèche, il suce, et ses incisives raclent contre des veines trop gonflées.

Ce n'est qu'un jeu et les relations qu'il enchaîne ne valent pas grand'chose. Klaus rejoindra, d'ici quelques heures, la collection de conquêtes qu'il empile sur ses draps sans jamais les recontacter par la suite.

C'est ce qu'il se répète toujours. C'est ce qu'il se dit à l'égard d'Ambrose, au début, bien entendu.

Ça commence dans un bar trop chaud, où son rencard prévu ne se pointe pas, ni à l'heure attendue, ni trois heures plus tard, et Sandro tue le temps en buvant, en buvant, en buvant. Il boit, ses veines se gorgent d'alcool, et ses mouvements deviennent saccadés, deviennent nerveux, deviennent ces témoins trop acide d'une solitude qui le frustre et le gonfle, le font durcir sans qu'il ne puisse décharger ou se défouler. C'est désagréable et il est de mauvaise humeur, quand ses yeux tombent sur les tâches terreuses d'un complet en velours trop riche. Il fait l'effort de relever la tête d'une tequila dégueulasse et adresse la silhouette presque troublante, prequ'androgyne, -mais non, non, c'est masculin as fuck-, d'un individu assis bien trop bien pour l'endroit où ils se trouvent, pour l'heure brumeuse et ces vapeurs trop poisseuses. C'est comme un glitch dans la réalité, un détail incongru sur lequel on a drapé des semblants de vérité. C'est joli, premièrement. C'est accessible, surtout. C'est baisable, peut-être. Les verres claquent.

Des cheveux en motif de nuages orageux, et des yeux couleur tonnerre pour aller avec. Sandro bug peut-être un peu. Il se corrige, c'est plus clair que le tonnerre, c'est la couleur de la pluie dans un ciel sans nues. Un de ces types sucré-salé avec son visage de félin humanisé. Un de ces types qui ont la gueule à vous faire pleurer de bonheur quand vous les regardez vous sucer doucement dans le noir. Trop beau, pas assez, un de ces types qui ressemblent à une statue qu'on a oublié dans un coin de musée, et qu'on ne regarde jamais d'assez près. Il a les paupières trop étirées pour que Sandro n'ait pas envie de le voir plisser les yeux sous un gémissement, il a les lèvres trop remplies pour que Sandro ait envie de les voir s'éloigner sans les avoir mordues avant.

Il a la peau peinte par le soleil, et c'est ce qui fait que Sandro se décide à l'aborder.

Le soleil, cette blague devenue douloureuse.
Pero, querido, también disfruto de tu compañía.

Il veut s'approcher de lui, il veut l'impressionner, et ses lacets sont emmêlés, -et ses synapses peut-être un peu aussi-, et il manque de s'éclater, -s'éclate-, en tombant les mains en avant. Il finit à genoux, à demi, avec les coudes qui crissent contre le beau tissu d'un pantalon qui serre fermement des cuisses. Hello there. Il a redressé son visage, en arquant ses lèvres vers le haut.

Vu par en dessous, cet homme a les yeux qui lui tombent dessus comme une pluie drue.
Et pourtant, et pourtant, le bronzage ne ment pas. Sandro s'en sent tout émerveillé, et veut le coller contre sa peau, pour se réchauffer. Il veut, il veut-

" You are the prettiest thing here ! "

You are, you are, et Sandro ressert encore plus fort ses doigts contre les cuisses qu'il malaxe contre ses paumes. C'est ferme, c'est dur, c'est chaud, et l'ivresse est une chanson joyeuse qui lui promet des astres de feu dans son estomac, s'il parvient à ramener l'autre à son appartement. Il fait glisser ses doigts, redresse le buste, considère ce joli hibou-chat, et lui murmure des sucres en syllabes, lui paie un verre, puis deux, et finalement, finalement, l'autre se décide, l'autre accepte, et Sandro a cette satisfaction, -qu'il sait éphémère-, d'avoir attiré un joli lézard entre ses doigts. C'est comme lui enfant, lorsqu'il admirait ces reptiles se dorer contre les roches, contre les murailles, et il les trouvait si jolis, il les trouvaient si respectables, à profiter de ce qui comptait vraiment. De la chaleur, de la chaleur et une si jolie peau : Ambrose se laisse renverser contre le lit avec ses cheveux qui se déploient autour de sa face, et la chambre est trop sombre pour un individu qui ne l'est pas vraiment. Bien sûr qu'il a les cheveux noirs et les yeux peut-être trop froids, trop impressionnant. Mais Sandro a la tête pressée contre les clavicules d'un minet qui ronronne au dessus de lui et il s'extasie sous les touchers trop chauds d'un corps qui satisfait ses attentes de brûlures. Ils se branlent et Sandro ricane un peu, Sandro a chaud, et c'est agréable.

Joli garçon.

Le matin frappe comme un uppercut à sa gueule malmenée, quand il réalise que le lit est vide est que les rideaux sont ouverts. Il a cette vivacité animale qui le fait se jeter sur le côté, dans un réflexe de survie un peu absurde à regarder, et il vient tituber entre les ombres en sifflotant de rage, - »fucknonononono no no, dude, no »-, pour aller refermer ses doigts sur des tissus qui viennent aveugler les éclaircies trop dangereuses d'un ciel matinal, pas encore complètement illuminé par le soleil. Il est six heure, sa tête chancelle plus que ses propres pas, et il respire sourdement sur sa fenêtre opaque en jetant un coup d'oeil vers l'homme qu'il voudrait voir partir immédiatement.

« … No. »

Il ne se justifie pas, les phalanges blanchies sur la pression qu'a provoqué une peur viscérale. Parce que tu vois, tu vois, depuis la putain de limace anthracite, depuis ce putain de jour de soleil-pluie, depuis Juan qui se fait écraser, ça ne se justifie pas, mais Sandra ne peut plus ouvrir les rideaux, ne peut plus se prendre pour le lézard qu'il croyait être. Alors, bien sûr qu'il l'a baisé, l'autre, en le considérant, avec sa jolie peau. Bien sûr qu'il a eu envie de lui, quand son cerveau noyé s'est décidé à considérer un individu aussi joliment bronzé. Bien sûr, parce qu'au final, ça sonnait comme un manque, une absence qu'il a essayé de remplir, bien plus que son anus ou sa bouche. Il voulait toucher, ressentir une chaleur que lui ne peut plus faire que fantasmer.

Les ordinateurs sont ces présences coupables. Des témoins qui clignotent et sur lesquels l'homme fait couler ses yeux de manière un peu trop insistante. Et Sandro le fixe. Sandro le fixe.

Il ne veut pas se justifier. L'autre veut discuter, Juan lui murmure dans la tête qu'il est un cabron, et Sandro pousse avec ses mains, timidement d'abord, puis fermement, sur des épaules que quelques heures plus tôt, il adulait avec la langue.

« No. No, no, no. Sorry, mi querida, but no. I must ask you to- »

La demande n'a même pas vraiment besoin d'être formulée, et malgré les grands yeux curieux de l'homme, Sandro ne veut pas, ne veut pas, et arrête, arrête d'essayer d'ouvrir la fenêtre. Sandro pépie sa nervosité et Juan, dans sa tête, -toujours dans sa tête, puisque le reste a été disposé, du mieux qu'on a pu, dans un cercueil enterré près de la mer-, lui répète avec son ton désagréable d'aîné qui a raison, qu'il a toujours été trop prompt, toujours trop dramaqueen.

Dramaqueen, lui ?
Ha.

« I can help you ... »

Il veut l'empoigner, avaler des médicaments, laver les draps et pleurer un peu, pleurer un peu, parce que se réveiller en craignant le sommeil et en ayant Juan qui se fout de ta gueule dans ton crâne, ce n'est vraiment pas comme ça qu'il imaginait son matin, putain. Il veut lui dire de se taire, il veut l'inviter à se casser, -il a presque oublié la remarque d'Ambrose sur le petit déjeuner-, et il veut qu'on le laisse seul, jusqu'à ce qu'il se retrouve quelqu'un. Et ça recommencera. Ça recommencera. Il comblera le vide de deux corps en travaillant, les yeux ouverts sur les écrans qui ronronnent dans la pièce.

Mais le type a cette intonation froide des remarques sérieuses. Des propos un peu trop appuyé qui paraissent clichées quand on y repense, mais sur le coup, qui résonnent contre ton crâne et te font stopper tes mouvements, te font stopper tes intentions. Cette intonation froide, prononcée sur un demi sourire avec les yeux, le font considérer sciemment un individu peut-être un peu trop remarquable pour lui.

Sandro était persuadé, d'une manière ou d'une autre, qu'il l'aurait oublié d'ici deux mois.
C'est une manie qui est devenue consolante, d'oublier les gens sans importance. Ça laisse de la place dans le cimetière qu'est sa mémoire. Un grand espace, rien que pour Big bro, avec ses cheveux clairs et ses vêtements trop sérieux, et sa gueule de con, et ses tâches de rousseur, et leurs rêves oubliés. Et les photos pédophiles. Les putains de photos pédophiles.

Alors Sandro le fixe avec cet air de con mi endormi, mi hangover, et les yeux qui lui articulent un « What » très éloquent.

« … for a price. »

Il s'attend presque au « of course » qui ne vient pas. Il le fixe, un peu hébété, un peu comme un lézard écrasé, et il attend une proposition presque sexuelle, il attend un truc sale, et ça ne vient pas, ça ne vient pas. Ce qui vient à la place est tellement plus-.

Ressemblant, adéquat à l'homme qui lui fait face.

Sandro ne se le dit pas immédiatement.
Il ne le réalise pas tout de suite. D'abord il se fait le pari d'essayer. Mais alors que ses yeux coulent sur les métadonnées d'un archivage qu'il efface sans émotion, d'une compilation de données qu'il balance au brasier, il appréhende des chiffres qui ne collent pas à ce visage de minet, il appréhende une réalité qui vient fomenter un diktät sur la réalité. Il se doute de quelque chose, il appréhende les contours de ce qu'il croyait une vérité commune, et Sandro, Sandro commence à se dire que ce jour-là n'était peut-être pas tant le produit de son imagination, que le typhon que les experts météorologues ont justifiés comme responsable de la mort de son frère n'a peut-être pas tant existé. Ce n'est pas comme s'il ne le savait pas, déjà, c'est juste que ça vient renforcer.

Alors bien sûr, il est incapable d'oublier le mec. Il est incapable de l'oublier, surtout quand le boulot que l'autre lui a donné consiste à le tuer virtuellement. Ça prend quelques heures, mais ça dure des semaines dans sa tête. -Il revoit Klaus, éventuellement, c'est suffisamment marquant pour qu'il s'en étonne lui-même-, et les semaines passent.

Les semaines passent, et Sandro est assis sur les cuisses d'un daddy qui fait fleurir sa barbe entre les doigts de Sandro. L'homme lui rappelle quelque chose, -un président oublié-, lui demande, complètement gelé, de lui parler des secrets illégaux de sa vie. Il a ce sourire, un peu trop innocent, que l'habitude fait courber joliment au dessus de ses lèvres sombres.

« Je tue des gens dans le noir, et je vois des faces partout. »

Ça fait rire le mec, Sandro s'en mord les lèvres, moqueusement, gentiment, mais le daddy a l'air si sûr de lui qu'il ne veut certainement pas le décevoir. Sa femme, encore endormie à côté d'eux, a marmonné la veille qu'il était peut-être un peu plus vieux que ce qu'il paraissait sur sa photo. Mais Sandro s'en fout, Sandro est prêt à fermer sa petite gueule vénimeuse fermée, l'important étant qu'il gagne la confiance de ce couple de cinquantenaire. Daddy marmonne des syllabes en arménien que Sandro ignore, tendant sa main vers le téléphone de l'homme. C'est après tout, le véritable but de sa présence ici. Son dernier client, avec beaucoup d'argent, lui a assuré que c'était nécessaire. Il a accepté. Bien sûr qu'il a accepté. C'est simplement rare qu'il aille directement sur le terrain.

« What are you doing ? »

Il a ce sourire étincelant.

« Making your mujer jealous ? »

Il lui demande poliment de déverrouiller l'écran, et active la caméra, innocemment, avant d'orienter la lentille optique vers le bas. Ses doigts écartent l'élastique de son boxer, il prend la pose, et pendant que l'homme rit, Sandro a ce jeu de doigt léthal : le virus est installé en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire. Quand la dick pic est enregistrée, il lui rend le téléphone, et se relève lentement, pour aller récupérer ses affaires.

« Well, sweetie, I'll see you later. Call me, don't be a stranger, I'd love to hang out again, ok ? »

Bien sûr qu'il est poli, bien sûr qu'il est charmant : il a le business et l'expérience qui vient avec. Mais le numéro du type est bloqué, et depuis quelques temps, il a cette attitude un peu plus audacieuse. Ça s'empire lorsqu'un matin, il ouvre les yeux en découvrant la face jolie d'un lézard, chat, hibou, d'un joli monsieur qui ne fait pas son âge, penché au dessus de lui, alors que sa nuit a été remplie par trop de chiffres réels. Pendant un instant, pendant une seconde, -Ambrose,Avery, Ambrery-, les données se mélangent et il se demande si l'autre ne vient pas le blâmer pour une erreur qu'il ne se souvient pas avoir fait. Mais il se réveille, se relève, lui sourit, -hello mi querida-, et l'autre lui tend l'objet circulaire, incongru, d'un anneau aussi joli que discret. (Il ne l'est pas.)

Il ne lui demande pas ce que c'est : il le sait. Son premier réflexe, dans cet appartement assombri où l'odeur d'Ambrose flotte comme celle d'un chat domestique qui s'est enfui, c'est de le saisir, de le toucher, d'apprécier sa présence qui parait un peu trop confinée dans cet appartement, lequel, depuis des mois, embaume l'espoir.

« Are you asking for my hand in marriage, Reinita ? »

Le surnom est moqueur, assurément, mais aussi étrangement tendre. Caché sous beaucoup de cynisme, il y a ces couleurs pastels qu'il étale sur la face de l'autre. Parce que cette peau est si jolie et que Sandro ouvre ses horizons à des choses qu'il n'avait jamais vu avant. Il n'est pas effrayé, il n'est pas effrayé, il a passé, après tout, trop d'années de son enfance à côtoyer des missiles cubains pour être angoissé à l'idée de devoir partager une planète avec des fées et des vampires.
Surtout quand les fées et les vampires en question peuvent ressembler à Ambrose Meriwether.

Lequel lui tord le poignet. Son rire résonne encore, et Sandro a ce sifflement de douleur. Mais il se soumet, parce qu'on ne dit pas non à des propositions comme ça. On ne dit pas non à des jolis messieurs qui vous tendent des bagues magiques. On ne dit pas non à des créatures au visage humain qui vous promettent le soleil.

« I am asking for you upmost devotion. »

C'est immensément plus romantique, et Sandro est cet enfant dramatique pour qui les chaînes sont plus belles si elles sont lourdes et serrées autour de sa gorge. Parce qu'il adore, il adore l'idée qu'au final, même en acier, même en promesse, il n'a pas besoin d'attache, il est libre comme l'air, et sous les yeux d'Ambrose, -d'Avery qu'il a tué-, il se dit que ces prunelles sont les plus belles prisons ouvertes pour lesquelles il veut bien être enchainé.

Il s'est à moitié redressé, a le visage trop près de celui de l'autre, et son coeur en suspens. Il n'a pas peur, ça fait des mois qu'il attend, et la récompense est en métal, en acier trempé, en cette forme circulaire qui promet un achèvement, une finitude, et Sandro n'a pas peur.

« A secret for a secret, brujo ? »

Ambrose l'embrasse. Ambrose l'embrasse, et l'anneau termine dans le creux de la main de Sandro. C'est lourd.

« Something like that. »

Ambrose est une prison ouverte pour laquelle il veut bien être enchainé. Alors il passe la bague à son doigt.



VII.
7 comme les aiguilles qui font 9h35 sur un cadran.


L'appartement est trop silencieux et Sandro s'ennuie de son sorcier. Ambrose est parti, encore, dans une de ces pérégrinations byzanciennes, et cela fait deux jours que l'appartement est trop silencieux pour la silhouette aux épaules un peu trop courbées qu'est devenue Sandro, à force de travailler au dessus de ses moniteurs. Il relève les yeux, de temps en temps, pour considérer la forme anguleuse d'un coffre matelassé qu'il a ouvert il y a moins de deux heures. Une idée le prend. Ses écrans clignotent, il passe devant des yeux aveugles, des lentilles chargées de données, et ouvre le meuble, en saisissant un objet encore emballé, acheté un peu plus tôt dans la semaine, sur une initiative scabreuse, inutile. Il attrape un marker, entreprend d'écrire avec sa plus jolie calligraphie, et jette l'objet dans le coffre, avec un sourire goguenard.

« Don't forget me. If you die, I hope they'll find this in your bag. Perhaps it is magic ? You'll know if you return it back, mi reinita. »

Le dildo est signé de plein de petits soleils.


(…)

Il a un contrat lié à une putain de naga.
Mais Rio Branco est cette nouvelle piste qu'il explore depuis plusieurs temps et qui, dans les grosses cordes que sont la mort de son frère, et le joli visage trop lisse d'Ambrose, devient une véritable réponse aux questions qu'il se posait. Ça existe, ça existe, et impossible est un mot qui n'existe pas aussi bas. Il le sait, il s'en rappelle à chaque fois qu'Ambrose revient à l'appartement, et qu'ils baisent, dans ce lit devenu plus confortable maintenant que Sandro le partage. Il s'en rappelle à chaque fois qu'il considère cette date qui, sans jamais être autre chose qu'un jour anodin sur le calendrier, est cerclé de noir dans sa tête, marquant un anniversaire qu'il n'aime pas fêter. Depuis qu'il a dix neuf ans, il appréhende chacune de ces journées en se demandant s'il va pleuvoir ou faire soleil, et peu importe la température, peu importe la météo, il finit toujours par rester chez lui, à bosser jusqu'à ce que minuit et une minute du lendemain vienne le délivrer de ses torpeurs.

Mais sinon, tout va bien.
Si ce n'est la putain de naga.

Il traque ses déplacements, a appris à s'habituer au surnaturel. Plus que des réponses, c'est une résignation qu'il recherche. Une sorte de quête de soi, une envie très propre à l'enfant dramatique qu'il est, quelque chose qu'il justifie avec un « You can't understand » très mélo, quelque chose qu'il pourrait presque écrire sur une lettre avec de la pastel. Ses tentatives de suicide, il y pense parfois, surtout avec une bouteille entre les doigts, mais ça ne dure jamais assez longtemps, ça lui rappelle trop Juan, et il finit toujours par se faire engueuler par sa propre tête, par sa conscience qui a les cheveux bouclés. Eventuellement, Sandro fait la paix avec lui-même : ça le rend juste pleurnicheur quand il a l'impression que le monde est injuste contre lui. En particulier Lycerna : il veut la buter. Tout ce qui a des écailles et qui dépasse la taille des lézards conventionnels, il ne peut pas supporter ça. Ça l'émerveille, il est fasciné à l'idée qu'Ambrose soit un sorcier, mais putain, il est bien heureux de se faire de l'argent sur le dos d'un système qui encourage le développement de la magie.

Heh. Qu'est-ce que mami en aurait pensé, de tout ça, franchement ? Il se dit que son père aurait gueulé. Que Juan, lui, aurait voulu en profiter. Alors c'est ce qu'il fait, et Rio Branco le paie largement. Eventuellement, il obtient d'autres sources de subvention. L'ordre des Chevalier, tout ça, c'est une connerie magnifique qu'il a à porté de doigts, à portée de clavier.

Alors pour eux, il espionne, il traque, il vend du matériel au besoin, mais surtout-

« Avery ? »

« Don't ».

Ça le fait ronronner.

« Ambrose. »

« Yes ? »

L'autre n'a même pas détourné la tête, la première fois. Sandro fait claquer le bout de ses ongles -un peu rongés-, sur les clavicules de l'homme.

« You are aware that the Order has quite the easy access to a wide variety of artefact, yes ? »

Yes, yes ? Il a insisté sur le « wide », en entrouvrant un peu plus les lèvres. Sous ses doigts, il y a une longue mèche brune, ondulée, qui crisse un peu, et il tiraille dessus, doucement.

« … yes ? »

Il sourit.

« You catch my drift … ? »

Ambrose devient vulgaire. Sandro le fait taire d'un baiser, passe ses poignets au dessus du cou d'Ambrose, et l'anneau réfléchit un rayon de soleil qui peine à éclaircir cette crinière sombre. Sandro a changé, un peu, sa peau est redevenue un peu plus sombre, et il a vieilli. Dans cette relation sans définition entre eux, il se fait souvent la remarque qu'il a l'air d'être le plus vieux. Il a l'air seulement, et l'apparat est un atout dont ils savent jouer tous les deux. La bouteille d'Infinirhum est encore posée entre eux, à peine vidée …

« Réfléchis-y. »


VIII.
8 comme l'éternité dans ta poche,
qui fait tic, tic, tac.




Il l'a glissé entre les lignes de l'Ordre comme on insère un piège, en se disant que ce serait pratique. Tous les deux y ont vu une utilité pratique pour laquelle Ambrose est devenu cet étudiant en langues mortes, un chevalier de l'Ordre qui se fait envoyer parfois en mission de reconnaissance lorsqu'il s'agit de définir les contours très spécialisés d'une attirance particulière pour les artefacts.

À côté, il y a cette présence un peu nébuleuse pour laquelle l'Ordre doit considérer des manifestations inquiétantes dans un marché illégal. Ça s'appelle « SEE », et ça revend des armes, des artefacts magiques, et d'autres items qui, au lieu d'être redirigé vers les caisses des Chevaliers et leurs assistances, se voient échangés contre des sommes plus ou moins considérables. Le trafic qui se met en place prend rapidement de l'ampleur, et dans le noir, SEE est une figure double que l'Ordre ne parvient ainsi pas à appréhender. Sandro a les mains posées sur le clavier, et Ambrose utilise le masque concret de ses connaissances magiques pour sélectionner les meilleurs produits. C'est un accord entre eux qui leur convient communément.

Mais éventuellement, Ambrose finit par se retirer d'un cadre trop restrictif, et Sandro continue d'épancher ses bonnes relations avec l'Ordre. SEE ne flanche pas, SEE est cette pieuvre discrète qui continue d'agiter ses tentacules en les refermant sur les doigts de ceux qui ont le plus d'argent à donner, et dans leur appartement à Alburquerqe, Sandro et Ambrose sont ces figures délicates d'un jeu qui leur convient, et la vie, la vie est presque parfaite telle qu'elle est.










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Done, Loeva !
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C'est nul. Recommence.

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Sam 14 Mar - 20:43

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