Nous ne nous étions pas vraiment parlé : je l’avais aperçu, vaguement, et j’avais eu confirmation qu’il était chevalier - ou consultant ? Ca aurait expliqué pourquoi il nous rejoignait aussi tard, peut-être - et ça s’arrêtait là. Dans tous les cas, si je n’était absolument pas obligé de lui demander de l’aide, mais, après des heures à rester impavide devant les élèves - j’étais rodé, maintenant, je savais bien comment être le parfait conseiller d’orientation qui ne sert à rien comme dans tout bon lycée - on m’aurait demandé d’aller fouiller toutes les poubelles de l’établissement que ça n’en aurait pas été moins alliciant.

Cela dit, entre deux questionnements de l’élève en face de moi, dont le visage qui, hélas pour lui, réussissait l’exploit d’être tavelé et acnéiquement ubéreux, n’avait pas encore quitté l’enfance, j’entendis quelque chose au sujet d’un des ordinateurs, et orientai mes questions là dessus, mine de rien, en précisant que, s’il y avait un souci avec les ordinateurs, je devais de-ce-pas-et-plus-vite-que-ça aller prévenir la personne qui s’en chargeait. Donc, logiquement… Le bibliothécaire ? Que pouvais-je bien en savoir ? On avait pas de salle informatique à mon époque.

Ca semblait une bonne excuse en tout cas pour aller fouiner dans une salle de plus. J’attendis la fin de mon “service” et m’étirai, content que ce soit terminé. Vraiment, les gosses, après cette mission il faudrait plus m’en coller sous le nez. A part A.J., à la limite, mais c’était surtout pour avoir l’occasion de parler avec Jo.

Heureusement, la bibliothèque était encore ouverte et, vu la fin de journée, carrément déserte, à part son gestionnaire. J'espérais vaguement qu'on lui avait, au mieux, rien dit sur moi.

“Bonjour ! Je cherche un livre au style particulièrement coruscant à conseiller à des élèves trop chiants en plein questionnement sur leur avenir.”, entamai-je en m’accoudant devant le bureau du bibliothécaire. “Xander. Je travaille pour l’A.D.”

Ok, il était peut-être trop… jeune pour Harry Potter ? Si c’était le cas, c’était parti pour un bon gros flop, mais tant pis. J’avais pas envie de dire que je bossais pour l’ordre, c’était un peu trop grossier de déguiser ça en celui du Phœnix, et j’avais jamais particulièrement aimé Fumseck.

“Un élève s’est plaint de ce qu’on pouvait trouver sur les ordis de la salle info. Bon, y’a une petite chance que ce soit juste un malware parce que les protections sont pas mises à jour et que les gosses cliquent sur n’importe quoi, mais… T’as les clefs, non ? On pourrait aller jeter un oeil.”

Et pour une fois, je pourrais ne même pas défoncer la porte.

Zéphyr se demandait encore pourquoi il avait rejoint cette mission, il aurait mieux fait de partir après son altercation avec Danaé. Il ne connaissait personne ici et s’ennuyait ferme, même entouré de livres. Il fallait dire que passer sa journée à renseigner des élèves qui n’avaient aucune passion pour ce qu’ils lisaient était éreintant et un poil agaçant.
Et le pire, c’était que ce poste ne lui permettait même pas d’apprendre quelque chose d’utile pour la mission, comme il l’espérait en le prenant. Non, rien, hormis quelques histoires sur Caitlin et Zack qui se tournaient autour, ou encore sur un certain Ted qui faisait peur à tout le monde. Rien de plus que des histoires d’enfants sans le moindre intérêt et qui avaient le don de l’endormir. Et encore ces histoires, il les entendait quand ce lieu abritait un peu de monde.
Alors, souvent, il comptait les secondes qui s’écoulaient, ou tout simplement il prenait le premier bouquin venu et s’y plongeait. Tendant l’oreille pour voir si quelque chose d’intéressant se disait, mais la plupart du temps rien ne venait déranger sa lecture. Sauf à des instants comme là, quand quelqu’un venait l’interrompre. Il avait posé son livre sur le côté avant qu’il soit à sa hauteur et avait levé la tête vers lui.
L’homme était un peu plus grand que lui, mais bien plus baraqué et ses cheveux étaient étrangement blancs, presque argentés. Le plus marquant, étant que son apparence ne semblait pas coller à un simple membre du personnel d’une école. Et comme pour le confirmer, l’homme tient un discours des plus étonnant, mais qui amusa le bibliothécaire.




« Bonsoir, je crois que malheureusement ce serait du gâchis de proposer ce genre d’ouvrage à des élèves si peu intéressés, mais à un membre de l’A.D pourquoi pas. En tant que membre de la chevalerie, ce serait d'ailleurs un honneur de vous en proposer quelques uns. »


Zéphyr lui sourit, puis écoute la phrase qui suit. Il fronce les sourcils comprenant où il venait en venir. Avant de chercher quoi que ce soit, il regarde la salle déserte. Il pourrait fermer sans problème en avance. Il se tourne, alors vers un casier qu’il ouvre avec son code et en sorti deux porte-clefs ne se souvenant pas de laquelle ouvrait la salle informatique. Il était juste sûr que c’était une des deux. Il se tourne vers lui triomphant.


« Allons-y Alonso. »


Il n’était pas sûr que la référence à doctor who soit comprise, mais tant pis, il avait déjà fait le tour de son bureau et se dirigeait vers la sortie. Il attendit l’homme puis ferma la bibliothèque avec un plaisir certain. Il part ensuite vers la salle informatique devant laquelle il dut passer un peu de temps à chercher la bonne clef avant de parvenir à ouvrir la porte. Il sourit triomphant et entre.


« Et voilà, enfin ouvert. Au fait je m’appelle Zéphyr. »


Il se dirige vers un ordinateur au pif et l’allume espérant trouver quelques choses, mais bon au pire ça aurait occupé sa fin de journée. Et c’était bien mieux que de rester dans un endroit vide de toute âme humaine.

Action : Regarder l'historique des sites consultés dans le laboratoire informatique

Les ordinateurs sont vieux, lents et grognent comme des vieillards tandis qu’ils s’allument. Enfin, des couleurs un peu trop saturées s’affichent sur l’écran de verre antique.  

Vous êtes en train de regarder l'historique des sites consultés dans le laboratoire informatique:

Sur la liste, entre les recherches google, Facebook et divers sites peu notables, vous reconnaissez très facilement quelques mots forts déplacés, des XXX et des favicones évocateurs.

Bien que tout à fait déplacé sur un ordinateur scolaire, ce n’est rien de surnaturel. Il n’y a donc pas de développement intéressant concernant l’enquête.

J’étais tombé juste sur l’identité de mon vis à vis, et cela me tira un second sourire. Puis, il n’avait pas l’air trop coincé et se laissait prendre au jeu, ce qui m’évitait de passer pour un glandu fini. Mon sourire s’élargit à sa référence. Si c’en est une, sinon, je vais passer pour un encore plus glandu.

“Je parie que vous avez toujours rêvé de dire ça.”

Ca allait vraaiiiment sembler bizarre si ça n’était pas une référence et qu’il dit ça juste comme ça. Et j’étais certainement trop parano, au niveau social. Ou alors, j’allais passer pour un dragueur bas niveau, alors que… Stop, autant ne pas réfléchir à tout ça et agir naturellement. Plus j’y pensais, plus ça me donnait l’impression que tous mes gestes se décomposaient et perdaient tout le sens…

Je suivis donc le bibliothécaire, jusqu’à la sainte salle des ordinateurs, fermée bien sûr sinon c’était pas drôle. J’avais déjà essayé d’entrer, mais défoncer les portes n’était pas toujours la solution, hélas, et j’allais finir par me faire repérer par l’administration. Du moins, la partie qui n’était pas déjà remplacée par un chevalier ou consultant. Puis, c’était plus sérieux de ne pas enquêter seul, bien que ça ne soit pas une règle directe qui nous ait été donnée. Ce que je ne comprenais d’ailleurs pas vraiment… Vu la capacité de l’ordre à s’organiser, hélas, ça n’était qu’un des multiples problèmes que nous rencontrions. Ce n’étaient pas des chevaliers qu’ils devrait recruter, mais une équipe d’informaticiens pour mettre un peu tout ça à jour.

….
Et un peu mieux que ce lycée, de présence. Les postes étaient vétustes, datant d’un autre siècle de toute évidence, et je soupirai.

“Pourquoi n’y a-t-il jamais de budjet informatique dans les lycées ? Autant leur mettre des minitels, à ce prix là.”

Ou alors, c’était exprès pour prendre tout le temps nécessaire à l’allumage et perdre au moins 10 minutes de cours. Un complot des enseignants devant utiliser “les nouvelles technologies” pour ne pas avoir trop à le faire, et espérer dégouter les élèves qui passaient par là d’aller jouer à des “meuporg” sexuels et violents. Ca tenait la route.

“Bon… Tu commences la rangée là, je vais de l’autre côté, le premier qui a trouvé quelque chose de fun a gagné ?”

Je commençai de mon côté, haussant un sourcil. De toute évidence, si un petit malin avait fait des recherches ésotériques, il savait utilisé la navigation en privée ou nettoyer un historique. La piste ne menait nulle part, et je finis par soupirer lourdement.

“J’ai l’impression qu’il n’y a rien, ici, à part quelques sites pornos… Vraiment, le firewall devrait être amélioré… Ou installé, a minima.”

J’étais même sûr que si je mettais mon doigt dans un des lecteurs de disquette sans porter de gants, j’allais ramener la petite vérole à mon portable.

“On peut regarder sous les tables, les placards, le bureau du prof, aussi...”

Et tout éteindre, bien sûr. Je me mis à la tâche, espérant malgré moi trouver un de ces petits éclats de poterie verte, ou.. N’importe quoi qui ferait avancer l’affaire...