Avec soulagement Sandro regarde la porte de la classe se refermer. Enfin fini. Décidément il n’a pas l’étoffe d’un enseignant. Lui qui déjà ne fait que du temps partiel en tant que professeur de robotique, n’a qu’une hâte : rentrer à Albuquerque. Sauf que pour l’instant, l’ordre, et donc lui-même, est toujours dans le flou quant à ce qui se passe dans cette école. Alors il va falloir qu’il reste fidèle à son rôle et continue ses recherches. Des recherches qui le mènent dans une direction qui ne lui plaisent absolument pas, d’où sa mauvaise humeur du jour. En même temps qui serait content à l’idée de fouiller les poubelles ? Enfin il fait la fine bouche aujourd’hui, mais il se rappelle avec tendresse l’époque où son frère et lui fouillaient des décharges pour récupérer des pièces d’ordinateurs. Mais bon, il faut reconnaitre qu’il a fait du chemin depuis, et il doute forcément de trouver quoi que ce soit qui lui plaise dans les détritus de l’école. Au mieux ce seront des indices sur ce qui s’y passe, et comme Sandro n’aime pas ce qui se passe dans cette école, il n’y a pas de quoi se réjouir. Alors pourquoi aller inspecter les poubelles quand même ? Parce que maintenant qu’il a eu l’idée – idée qu’il lui est venu de la découverte d’un papier visiblement utilisé pour transmettre des messages à travers la classe entre deux étudiants anonymes – il s’en voudrait de ne pas en tenir compte, surtout si quelque chose d’utile s’y trouve.

Après avoir quitté la salle, Sandro traverse le dédale de couloir, avant de se diriger vers les cuisines, presque vides à cette heure de l’après-midi. Il s’y glisse donc sans que qui que ce soit le remarque, avant de sortir dans l’arrière-cour. Là il trouve bien sûr les bennes à ordures, mais aussi, à sa grande surprise, une personne dont le visage ne lui est pas inconnu même s’ils ne se sont jamais rencontré. L’homme en train de fumer en cachette n’est autre qu’un consultant de l’ordre lui aussi infiltré, en tant que surveillant. Un sourire un brin malicieux vient orner les lèvres du mexicain. Finalement peut-être qu’il pourrait rendre ça agréable.

« Tullio Cavaleri ? On fume en cachette ? Pas sûr que l’administration apprécie. Ni l’Ordre des chevaliers de l’aube d’ailleurs. »

Ses paroles moralisatrices sont contredites par le sourire qu’il porte toujours, montrant qu’il se contente de taquiner l’italien. Il ne laisse guère le temps de répondre avant de continuer sur sa lancée.

« Du coup tu tombes bien, on a une mission à mener toi et moi. Ah et je m’appelle Sandro Valencia au passage. »

Le mexicain sait que s’il ne laisse pas le temps à l’autre homme de réfléchir à ses paroles, il a plus de chance de l’amener à faire ce qu’il veut avec un minimum de résistance. S’installant sur un banc qui traine, le hacker sort son ordinateur, tout à fait à l’aise, avant d’ajouter : « Il faudrait faire l’inventaire du contenu des bennes à ordures pour voir s’il y a des indices là-dedans. ».