Marian éructe de joie avec une candeur enfantine ; les courbes souriantes de ses lèvres et de ses joues illuminent son visage et le rende encore plus joli que d’habitude. Victoria lui sourit en retour, avec une douce complicité. Leur expérience était similaire… Ce qui n’était pas surprenant. Difficile de faire autrement en passant autant de temps isolé à l’âge où les hormones exigent les découvertes de la chaire.

- On est d’accord qu’il n’y a pas grand-chose à faire d’amusant dans les sanctuaires… à part les chevaliers et les chevalières en visite.

Glousse-t-elle en accordant un clin d’œil à Marian.

Vient la question de ce qu’ils ont déjà fait par amour. Tullio ne la regarde pas, mais elle comprend qu’il parle de leur étrange relation. Ils ne forment pas un couple, pas vraiment une famille non plus, sans pourtant être simplement des amis pour autant. Victoria ne se questionne pas trop sur le sujet, car, après tout, l’amour prend plusieurs formes et celles-ci n’ont pas toujours besoin d’être identifiables.

- Par amour, j’ai quitté mon travail et j’ai déménagé à l’autre bout du monde.
Dit-elle simplement en accordant, pour sa part, un sourire espiègle à Tullio.
Nouvelle question, et cette fois, elle se redresse et ricane, à nouveau avec cet air mutin incapable d’éprouver le moindre remord.

- Les clichés romantiques ne sont vraiiiiiment pas mon genre. Rit-elle allègrement. Mais j’ai dû subir quelques épisodes, comme la fois où un mec avec qui je couchais – depuis quelques années, quand même – mais avec lequel j’ai toujours été claire – m’a demandé de l’épouser en publique, avec la musique, à genou et tout. C’est la scène qui fait rêver dans les films, mais je vous jure que c’est horrible quand tu dois dire non. Elle prend une petite pause, puis reprend, sur un ton plus pensif… Sinon, j’ai piégé une agent-spécial du FBI à venir me rencontrer dans un resto très intime, en robe de soirée très sexy, et avec des fleurs d’ailleurs, juste pour la déstabiliser et la manipuler lors de notre entretient. Est-ce que ça compte ?

Victoria prend une lente et délicieuse inspiration en pensant à l’agent Parker. Il faudrait qu’elle prenne de ses nouvelles, à elle aussi, ne serait-ce que pour le malsain plaisir d’entretenir l’obsession que cette dernière entretenait à son égard. Elle y pense encore quelques instants en divaguant sur l’ivresse et le désir, un air enamouré sur le visage, avant que sa bulle n’explose et qu’elle contemple les deux hommes avec une lucidité – presque – retrouvée.

- Ah, ma question … Hum. J’sais paaaasssss. Dit-elle plaintivement… On change pour action ou vérité ? S’exclame-t-elle soudainement, la mine étincelante alors que ses mains s’agitent avec enthousiasme.