La question à l'air de le surprendre. Peut être que c'est un peu déplacé comme demande, ou que ça sort un peu trop de nul part. Ma spontanéité me perdra un jour, mais en attendant, elle me permet de briser la glace de temps en temps avec ce genre de réactions. Ayumu semble un peu perdu, accepte simplement et se contente de rester planté là. Pas un habitué des selfie visiblement, c'est un peu amusant à voir surtout pour notre génération, mais comme dit mon père, c'est la différence des gens qui fait souvent leur charme.
Le voyant immobile, je glisse à coter de lui en brandissant mon téléphone devant nous pour chercher le meilleur angle possible. C'est très important ! En plus avec un décor pareil, c'est franchement dommage de ne pas s'appliquer. Angle trouvé, le plus difficile reste de trouver le filtre parfait. Je les fais glisser un à un, passant des lunettes en forme de cœurs aux couronnes de fleurs et papillons volant dans tous les sens, mais le filtre parfait c'est bien sur celui avec les oreilles de renards. Tache de rousseur et couleurs d'automnes, c'est parfait !
« Ne bouge plus... et fais un beau sourire ! »Le temps de caler le filtre correctement, de sourire de toutes mes dents et le mode rafale nous mitraille pour immortaliser ça. Un vrai jeu d'enfant. Je jette un rapide coup d’œil sur les clicher pour en sélectionner les meilleurs et les coller sous le nez d'Ayumu.
« C'est plutôt réussit non ! Si tu me donnes ton numéro, je peux te l'envoyer ! »La demande est un peu intéressée. Avec son numéro, même en quittant le sanctuaire, j'aurais quelqu'un avec qui parler de « tout ça », quelqu'un de différent de mon père. N’envisageant pas une seule seconde que le jeune homme me refuse ce privilège et ne m'inquiétant pas tellement de savoir s'il voulait ou non être harcelé quotidiennement par une gamine, j’attends sa réponse en plantant mon regard pétillant dans le sien, les doigts prêts à noté dé qu'il ouvrira la bouche.