Les derniers mois avaient été difficiles. Anya n’avait pas revu Tullio depuis son anniversaire. Au début, elle avait eu besoin de temps pour se sentir mieux, mais quand elle avait voulu le revoir, il était parti. Ce fut de long mois d’attente pour la jeune femme. Au début, elle se rendait souvent à l’aquarium, espérant revoir son ami, mais sans succès. Le temps entre chaque visite commença peu à peu à se diluer, comme son espoir de le revoir. Peut-être était-il mort en mission? À tout le moins, l’espoir, lui, était mort. Anya ne se rendait plus du tout dans le bar de la ville, restant en grand majoritaire dans sa petite maison à déprimer face à cette sorte d’abandon.

Ce ne fut qu’au mois de juin qu’elle sut que son triton bleu préféré était de retour dans un vacarme de remontrance et de gesticulation furieuse de la part de Victoria. Certes, Anya avait vu cette femme quelquefois, mais jamais dans cette humeur noire. L’ailée avait pris peur sur le coup, mais la honte l’avait davantage accablé lorsqu’elle avait compris pourquoi Tullio n’était pas venu la voir. La gravité de ce que la balzane avait appelé un viol, l’avait fait frissonner. La pauvre Russe n’avait voulu que donner du bon temps à son camarade, mais avait fait tout le contraire. La potion, trop forte, l’avait empêché toute expression de réticence.

Suite à toutes ces explications, Anya avait été transférée par le QG dans une maison ou un chevalier était devenu son tuteur légal. Elle avait aussi eu droit à une panoplie de cours à prendre, dont un sur l’éthique, la culture et la moral. Tous ces changements avaient grandement perturbé la demoiselle qui avait dû prendre deux semaines pour prendre ces marques.

Cette nuit, elle s’était échappée pour se réfugier dans un bloc-appartements. En demandant aux habitants, elle avait appris ou Tullio vivait et elle attendait patiemment ce dernier accoté contre sa porte. Mais le temps passait et il n’arrivait pas. La nuit était maintenant bien avancée alors que la jeune fille s’était assoupie dans le cadre de la porte, ses ailes servant de couverture. Elle voulait absolument lui parler, mais ses besoins corporels avaient été plus forts que sa volonté.

La journée avait été fatigante. Vraiment fatigante. Tullio s'était levé tôt, pour ne pas donner un mauvais exemple à Elana, et avait commencé à travailler en fin d'après-midi. Il avait donc dû supporter des clients toute la soirée et une partie de la nuit, jusqu'à ce qu'on vienne le relayer.
Tullio n'avait qu'une hâte : se coucher. Ça attendrait après une douche rapide, évidemment, mais tout de même.
DORMIR.

Mais l'univers en avait manifestement décidé autrement puisque, contre sa porte, se trouvait une jeune femme ailée qu'il connaissait trop bien. Les poings serrés, il hésite à faire demi-tour et se trouver un coin pour dormir quelque part. Sauf que ça impliquait de la laisser Anya là, et donc de prendre le risque que sa sœur tombe dessus. Et ça, c'était hors de question.

"Hey."

Lance le consultant, poussant les pieds de la jeune femme d'un des siens, sans faire aucun effort pour masquer l'animosité dans son ton.

"J'sais pas ce que t'es venue faire là, mais j'veux pas le savoir. Tu dégages et, surtout, tu t'approches plus de chez moi."

Continue-t-il, une fois qu'Anya a ouvert les yeux. Il a très, très envie de lui promettre qu'il lui arrachera les ailes si elle s'approche de sa sœur, mais la femme ailée ne sait peut-être pas qu'il a une sœur. Et Tullio n'a aucune envie de lui apprendre.

Anya fut réveillé par son ‘’ami’’ de quelque coup donner sur l’un de ses pieds. Elle sentait l’animosité dans sa voix. Elle comprenait sa colère et si était préparé. Elle avait donc décidé de lui bloquer le chemin pour rentré cher lui, le forçant ainsi a l’écouter.

-Je comprends ta colère… Victoria m’a expliqué…

Anya baissa la tête et rougie de honte.

-Jsuis vraiment désoler… je… j’ai compris tout de travers… je voulais te faire plaisir…. J’ai cru que… enfin…

Elle se tue, levant des yeux humides vers lui.

-Si j’avais su que ce que je faisais était mal, jamais je ne l’aurais fait! Tu es un ami précieux pour moi et … et je ne veux pas te perdre! Je te jure de ne plus jamais essayer…

Elle ravala un sanglot et fit un pas vers lui, se retenant à la dernière minute de l’enlacer.

-J’ai honte de ma conduite… et j’espère que tu trouveras la force de me pardonner… maintenant je comprends le principe de consentement et…

Les larmes coulaient sur ses joues. Elle ne savait pas quoi ajouter. Bien que physiquement Anya était mature, le manque de socialisation, mais surtout, le manque d’un milieu moral dans lequel grandir avait gardé son éthique et son savoir social égal a celui d’un jeune enfant. Pourtant son tuteur travaillait fort pour lui permettre de comprendre tous ses petits principes qui semble si évidant à tout humain socialiser.

Les émotions de la demoiselle se mélangeaient en un mélange de peur, de honte et d’appréhension. Elle tenait beaucoup à son amitié avec Tullio. D’ailleurs, on pouvait voir à son coup le pendentif qui lui avait offert le jour du crime.

Anya s'était réveillée, puis levée et, logiquement, il s'était attendu à ce qu'elle parte. Sauf que non, elle continuait de lui bloquer le passage et l'idée de l'écarter d'un coup d'épaule commençait à devenir tentante. Ça l'était d'autant plus que la jeune femme affirmait comprendre sa colère, qu'elle était désolée, qu'elle… avait voulu lui faire plaisir?!

Il fallut que Tullio serre les poings pour la laisser continuer, parce que manifestement elle ne s'en irait pas avoir d'avoir déballé tout ce qu'elle avait à dire et peu importait si, lui, il n'avait aucune envie d'écouter.
Elle ne voulait pas le perdre, sauf que ça c'est trop tard, et ha! lui jurait de ne plus jamais essayer. Il faillit lui rétorquer qu'il n'y avait aucun risque que ça arrive, mais le pas en avant d'Anya lui en fit faire deux en arrière parce que se laisser toucher était au-dessus de ses forces.

"Te pardonner?!"

Crache-t-il quand, enfin, elle se tait. Il a beau voir qu'elle ne se sent pas bien, puisqu'elle est rouge et qu'elle pleure, il n'arrive pas à compatir avec elle.

"Tu pensais me faire plaisir quand tu m'as drogué?! Tu pensais me faire plaisir quand je t'ai dit qu'il fallait que je rentre chez moi et que tu m'as forcé à rester?!"

Continue Tullio, sans lui laisser le temps de répondre. A mon tour de vider mon sac.

"La seule chose que j'ai envie de faire, c'est te r'mercier! Parce que j'ai été assez con pour croire que je pouvais changer, que les choses changeraient, mais maint'nant j'sais qu'il y aura toujours des gens comme eux, et des gens comme TOI, pour me rappeler c'que j'suis! Alors merci, Anya! Merci d'me rappeler que j'peux faire confiance à personne et qu'il y aura toujours quelqu'un qui se débrouillera pour faire c'qu'il veut d'moi!"

Il parlait trop fort, sans doute, compte tenu de l'heure tardive mais le fait qu'il ne crie pas était déjà un petit miracle en soi.

Anya avait baissé la tête, honteuse. Elle n’avait pas voulu lui faire mal… elle avait vraiment juste voulu lui faire plaisir. Elle n’avait d’ailleurs, retiré aucun plaisir de l’acte en lui-même. Mais comment expliquer cela à quelqu’un que la vie n’avait pas sus lui enseigner tous ses principes si compliqués, mais évidents pour toute personne qui avait grandi dans cette société. Elle était aussi désolée de voir toute la rage qu’elle créait dans le cœur de son seul ami.

-J’suis désolé… j’ai fait une erreur… je t’ai fait du mal, ce n’était pas le but… mais qui n’as jamais fait d’erreur…

Anya détachait le collier qu’il lui avait offert. Les larmes coulaient le long de ses joues venant s’écraser sur le sol. Doucement, avec grande difficulté, la jeune femme pendit le collier sur la poignée de porte et s’écarta du chemin.

-Si jamais tu veux me revoir, on ma transférée sous la tutelle d’un chevalier. Il m’apprend toutes ses nuances sociales que je n’ai pas pu apprendre au labo… je vis chez lui… chez Quentin.

Elle resta figer, bouleverser par la réaction de son ami. Elle avait encore plus honte de sa conduite. Si elle pouvait revenir en arrière, elle le ferait. Si seulement les diverses sources médiatiques qu’elle avait consultées ne lui pas enseigner que les hommes voulaient toujours du sexe. Si seulement, quelqu’un l’avait pris en charge plus vite, si seulement elle était morte lors des expériences dans ce foutu laboratoire… la vie de tous aurait été plus simple.

Une erreur. Elle avait fait une erreur. Tullio avait terriblement envie de lui rétorquer qu'une erreur, c'était mettre une dose d'alcool en trop dans un verre, ou lancer un programme coton au lieu d'un programme synthétique sur une machine à laver, mais que ça n'était certainement pas droguer quelqu'un et le violer. Sauf qu'il était fatigué, qu'elle pleurait, et que tout ce qu'il voulait c'était rentrer chez lui.

"Ouais, c'est ça, une erreur."

Lâche-t-il tout de même d'un ton amer, alors qu'il la fixe pendant qu'elle retire le collier qu'il lui avait offert pour son anniversaire. Il continue de suivre Anya des yeux, lorsqu'elle tend le bras pour laisser le bijou sur la poignée de la porte avant de s'écarter. Apparemment elle était sous la tutelle d'un chevalier maintenant, un certain Quentin. Connais pas.

"Retourne donc chez ton tuteur, et restes-y parce que j'y crois pas à tes conneries de je savais pas, faut pas être un génie pour comprendre que c'est une bonne idée de laisser quelqu'un rentrer chez lui quand il te dit qu'il se sent pas bien et qu'il doit partir."

Répond finalement Tullio, parce qu'il ne voulait pas laisser de doute sur le fait que non, il ne voulait pas la revoir et ne voudrait probablement jamais.

"Et dis-lui bien, à ton Quentin, que je veux pas que tu t'approches de chez moi ou de ma famille."

C'était suffisamment vague pour ne pas lui parler d'Elana, tout en lançant un avertissement. Qu'elle s'en prenne à lui, passe encore, mais il était hors de question que sa sœur fréquente quelqu'un comme Anya.
Profitant du fait qu'elle n'est plus sur sa route, il ôte le collier de la poignée de la porte et le fourre dans sa poche, faute de savoir quoi en faire pour l'instant, puis disparaît dans l'appartement qu'il referme brutalement et verrouille derrière lui, laissant les clefs dans la serrure.