Un œil fixé sur la photo visible sur son écran de smartphone, Sandro s’avance en direction des classes d’Histoire. Ses yeux scannent les visages des adultes qu’il croise en essayant de trouver le bon. Son propriétaire, Yermolai Zolnerowich, est un chevalier de l’ordre infiltré en tant que professeur d’Histoire à River Stone Highschool. Quant à la raison pour laquelle le hacker est à sa recherche c’est qu’il a besoin d’aide pour effectuer une mission. Bon peut-être pas pour celle qu’il a en tête, il pourrait très bien la faire seul, mais quitte à devoir s’enfermer dans les toilettes des garçons pour les fouiller, autant être accompagné. Puis avec sa chance naturelle, s’il se mettait à fouiller les lieux seul, quelqu’un le trouverait dans une étrange position, la rumeur ferait le tour de l’école et les gens le regarderaient d’une drôle de façon. Il préfère encore faire le guet pendant que quelqu’un d’autre fait le sale boulot. Et si ce quelqu’un a un beau fessier à reluquer en attendant, ce ne peut être qu’un plus. De ce point de vue, le choix du guerrier aux origines russes est totalement calculé, il faut le reconnaitre.

Finalement Sandro finit par repérer sa proie qui verrouille la porte de sa classe, alors que les couloirs se vident, les cours du créneau suivant sur le point de commencer. Le mexicain s’approche en toussotant pour être sûr de ne pas prendre l’autre par surprise – il tient à sa vie et le chevalier est dangereux. Après son relatif fiasco avec Victoria Machiavel, l’informaticien a bien appris sa leçon et a passé au crible les dossiers de tous ceux qui participent à la mascarade organisée par l’Ordre dans cette école. Après avoir comparé leurs emplois du temps, il s’est avéré que Sandro et Yermolai ont tous deux une heure de pause entre deux créneaux de cours, ce qui leur laisse le temps d’enquêter ensemble, à un horaire où les toilettes des garçons seraient probablement non utilisées. Pourquoi les toilettes ? Et pourquoi pas ? Il faut bien commencer quelque part. Après tout Sandro ne compte pas enseigner le restant de ses jours. Après s’être approché, le mexicain entame la conversation, très direct, jetant quand même un œil aux alentours pour vérifier qu’ils ne puissent pas être entendu. En temps normal il aurait fait usage du nom de famille de l’autre homme, mais Sandro se doute qu’il n’a aucune chance de le prononcer correctement, alors il en fait l’impasse dans l’immédiat, en espérant qu’il lui en voudra pas trop.

« Yermolai c’est ça ? Je suis Sandro Valencia, consultant pour l’ordre. Je sais que vous êtes un chevalier, et que vous avez une heure de pause maintenant, alors j’aimerais bien que vous m’aidiez si vous voulez bien. Il vaut mieux être deux avec tout ce qui se passe dans cette école. »

Sandro se doute qu’invoquer son envie de ne pas être seul n’aurait pas suffi, alors il préfère faire croire que c’est pour des raisons de sécurité qu’il fait appel à l’autre homme. Peut-être que l’autre ne se montrera pas trop suspicieux ainsi.