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Dim 18 Fév - 18:27

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
Rester enfermé dans la bibliothèque ou dans l'appartement commençait à me rendre fou ou dépressif, et je n'avais envie ni de l'un, ni de l'autre. Aussi, depuis le début de l'année, je me rendais régulièrement dans le sanctuaire d'Old Fyre. C'était un des premiers lieux dans que j'avais découvert sur l'île, et bien qu'il fut le théâtre de choses terribles, je ne m'y sentais pas mal à l'aise. Au contraire, une partie de moi se sentait comme apaisée dans ce chaos de verdure et d'aura mystique. L'arrogance de la Bête devait déteindre sur moi, car même si l'endroit recelait de dangers et de mystères, j'avais du mal à me persuader que je pouvais courir le moindre risques. Comme Elle s'y trouvait chez elle, je m'y sentais un peu comme chez moi aussi.

Finalement, sans la présence d'autres hommes, ma condition est presque acceptable.

J'avais commencé par m'y aventurer lentement pour me couper du monde qui m'offrait de bien trop grandes tentations. Et, dans la quiétude de l'endroit, j'avais su rapidement trouver une place pour souffler. Une place où m'abandonner. C'était étrange, car mon autre moi se faisait plus bavard dans ce lieux reclus, et pourtant, je le supportais avec plus de facilité. Voire, avec plus de courage, comme si nous avions trouvé un frêle terrain d'entente. Je n'essayais plus sans cesse de la faire taire et, en contre-partie, elle me laissait entrevoir les opportunités que mon physique me permettait désormais. Ce dialogue intérieur et ces exercices étaient épuisants, et parfois, usé par ses bas instincts qui se mettaient en éveil, je lui cédais la place. Elle parcourrait alors le lieu comme s'il était sien, sachant trouver ce qui lui était nécessaire pour contenter son appétit sans bornes... Et je la laissais faire.

***

Je dois avouer que se retrouver complètement à poil au milieu de rien oblige à une certaine adaptation ! Aussi, par son biais immonde, j'avais appris à me repérer dans cet immensité exceptionnellement  bordélique, et là où il n'y avait auparavant que plantes envahissantes, buissons informes et arbres tortueux, j'y voyais désormais des murs élégants et des allées luxuriantes qui pavaient le jardin de ce royaume de jade. Et même si je m'y sentais parfois plus animal qu'homme, j'avais la curieuse sensation de retrouver un peu de sérénité en cédant à Ses instincts.

Au fur et à mesure, je m'engageais toujours plus loin dans la jungle épaisse, me familiarisant avec l'immobilité apparente des lieux pour y déceler quelques petits trésors insoupçonnés. En effet, de minuscules créatures et plantes magiques fourmillaient pour qui savait regarder, et je m'étais pris d'une soudaine passion à les traquer et les croquer – avec un crayon évidemment. C'était étrange et fascinant de constater comme mes yeux nouveaux me faisaient redécouvrir ce que je tenais pour acquis. Et Nous en profitions allègrement ! Je pouvais alors passer des heures à suivre quelques individus, les regardant se cacher, voleter, travailler seuls ou en nombre, jusqu'à saisir les moindres détails de leurs anatomies et de leur comportement. Évidemment, cela ne leur plaisait pas toujours, mais que pouvaient-ils contre moi ?

Cependant, ma nouvelles activités n'était pas totalement désintéressée. En effet, le cri du monde et de l'aventure se faisait de plus en plus présent et pressant, et je rêvais d'y céder à nouveau. Mais pour cela, je devais remplir une condition : domestiquer suffisamment la Bête pour pouvoir retrouver une vie stable ici ou ailleurs. Et si l'envie de redevenir photographe me faisait brûler plus que tout, une autre idée plus saugrenue avait germée : collaborer avec l'ordre. Après tout, les chevaliers et les consultants parcourraient bien le monde comme j'en rêvais, et il m'était difficile, voire impossible, de m'imaginer revenir à une vie totalement classique en sachant que tout n'était qu'une vaste illusion. Et pis encore, que le monde et ses habitants, autant humains que créatures magiques, était menacés en permanence par des choses bien plus effroyables que la mondialisation, Facebook ou les grands groupes pétroliers. Comment envisager de simplement fermer les yeux ?

Alors j'avais tronqué mes recherches sur les lycanthropes contre des historiques sur l'Ordre. J'avais envie de tout savoir, tout comprendre, devenir plus savant que ceux qui travaillaient pour lui depuis des années. Je devais devenir une évidence pour eux, et non plus une créature à surveiller. Ce serait certainement long et pénible, mais c'était la lumière la plus brillante à laquelle je pouvais me raccrocher.

***

Ce jour-là, ma proie était plus imposante qu'un petit lutin fourmis. J'avais perçu les pas feutrés de sabots de chevaux et j'étais curieux de découvrir quel genre d'équidé pouvait sentir aussi fort le poisson et la marée ! Tous les sens aux aguets et muni de mon précieux carnet, je commençai à suivre patiemment la trace de ce curieux spécimen. Plus rien n'existait alors, hormis peut-être mon appétit grandissant...


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Lun 19 Fév - 18:02

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Invité
Prendre une pause était une nécessité que je ne pouvais négliger à ce point-ci de la journée. Je prends mes affaires et je m’en vais. M’en aller de ce lieu qui me serre, qui m’étrangle de plus en plus. L’envie de visiter ce sanctuaire grandit énormément à chaque pas que je fais dans ce couloir étrange, mais facilement reconnaissable. Même si je ne suis pas sûre de ma direction, je suis tout de même certaine d’une chose. J’étais déjà ici auparavant.  Pas vraiment cette année ou durant ma vie, mais plutôt dans une ancienne existence. Comme si un autre personnage aurait traversé cette terre inconnue sous moi... Comment l'exprimer? Je soupire, regardant de coté. Aucune idée... Avant maintenant, je lisais dans la bibliothèque des paragraphes de mille mots écrits en pattes de mouches sans même prendre le temps pour me relaxer. Je frotte mes yeux et étire toutes les parties de mon corps ayant la malchance de rester prise dans une position inconfortable pour des heures à la fois. Mon estomac gargouille : il est temps de prendre une collation.

***

  Avec l’accord du gardien, je peux maintenant passer dans des endroits réservés aux créatures magiques neutres, espérant qu’elles soient assez pacifiques. D’après l’avis du protecteur, elles seront plutôt inoffensives. Mon croissant et mon livret en main, je me suis installée sous un assez petit arbre qui me donne heureusement une quantité d’ombre suffisante pour que je puisse regarder le paysage devant moi. Cette dernière m’offre une vue magique extraordinaire,  en même temps époustouflante, remplie d’espèces d’arbres, d’odeurs, et même si cela ne semblerait pas possible pour la majorité du monde, des créatures magiques. Je me sens spéciale, je suis spéciale : personne de mon entourage ne connait l’existence prouvée de créatures magiques. Toutefois, c’est moi la preuve; je les sens se diriger à toute allure vers une direction méconnue des humains, faisant leur vie comme si je n’étais pas là. Pas très visibles, bien sûr, à mes yeux, mais je ressens à l’intérieur de moi, que je vois, même que je peux sentir ces êtres fantastiques grâce à leur aura dégagée de la magie contenue à l’intérieur de ceux-ci. Je prends des notes au fur et à mesure que je découvre cet endroit ésotérique qui débloquera une nouvelle partie de moi-même dans un futur proche. Je ferme les yeux et inspire profondément l’air chaud et humide de ce terrain océanien. Un mal de tête m’éprend soudainement. Sans savoir pourquoi, ce dernier part aussitôt qu’il était apparu durant mon souffle.

Un moment plus tard, je me retrouve à regarder dans un étang, comme m’apprêtant à chercher quelque chose qui pourrait éveiller une fascination certaine à mon égard. Une spirale bleutée semble se diriger vers moi, me regardant de face. Je la fixe d’une œillade, me laissant enchanter par la forme qui se tourne et se tords dans tous les sens. Je la touche subtilement, prise d’une envie soudaine de me jeter à l’eau pour déguster cette merveilleuse odeur remplie de sel. Je me penche, petit à petit, jusqu’à être interrompue par un son incompris. J’avais presque posé ma bouche sur la surface liquide quand, en levant ma tête, j’aperçois un homme barbu d’allure gentille qui me sourit tendrement, surpris de mon apparition aussi discrète.  Ma vision devenue floue, cette personne semble me tendre la main. Je la fixe, incertaine si c’est une illusion ou une réalité. Par contre, il y a quelque chose de bizarre : son aura me rappelle quelque chose...
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Mer 21 Fév - 18:10

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
Je n'avais pas mis beaucoup de temps avant de retrouver le canasson qui avait attiré mon attention. Cependant, il était fuyant, et dès lors que je m'approchais un peu trop près, il repartait de plus belle se perdre dans les feuillages en bataille de la jungle. À croire qu'il ne désire pas être croqué... mais nous éprouvions un certain plaisir à le traquer. Cela me rappelait mes années de photographe, où je pouvais passer des heures à attendre pour voler l'instant où la lumière épousait de manière superbe un paysage ou un visage, où je devais devenir invisible pour avoir la chance de capturer un sourire ou une larme naturels. J'avais adoré me noyer dans ce jeu de patience où l'on ne vit que pour la beauté d'une couleur ou d'une émotion profonde... Pour la beauté du monde qui se cache derrière l'artificiel.

Et ce monde s'esquissait aujourd'hui sous les traits d'un équidé au charme subtil, étrange et puissant. Il était blanc, mais le jeu des ombres et des lumières filtrants à travers les feuilles lui donnait un aspect verdâtre, lequel était renforcé par les algues – ou la vase ? - coincées dans sa crinière ruisselante. Les gouttes d'eau filaient sur sa peau comme une perle glisse sur la soie. Elle roulaient le long de sa poitrine et de ses flancs... C'était purement superbe. J'aurai tant voulu pouvoir le toucher et effleurer de ma main cette chair si ferme et musclée. Si seulement je pouvais... Mais il fuyait, à chaque fois un peu plus rapidement, comme s'il parvenait à entendre mon appétit avide se dessiner dans son dos. C'était amusant, excitant... Un peu trop même ! Plus les minutes à lui courir après passaient, et plus je sentais mon pas devenir lourd et mes gestes moins habiles. La Bête s'agitait et perdait de son naturel attentif pour devenir brusque et sans demies mesures. Elle m'embrouillait et prenait peu à peu le pas sur ma raison. Je souhaitai faire demi-tour mais je continuais à suivre ses traces, je cherchais une issue mais ne rencontrais qu'une autre allée du labyrinthe qu'Elle construisait pour moi. Une hécatombe se profilait, et je sentais qu'elle serait à la mesure du « challenge » que ce cheval représentait  : magistrale.

Bientôt, ses traces nous menèrent près d'un étang trouble auprès duquel une jeune fille était penchée. Mais d'un étalon, je ne trouvais plus aucun signe... Se pouvait-il que ce mystérieux animal, tout comme les nagas - ou d'autres créatures - prenne une apparence humaine ? J'observais un instant la jeune femme pour affirmer le contraire : sa peau était lisse et laiteuse, mais l'odeur qu'elle dégageait n'était en rien comparable à celui de l'animal que j'avais poursuivi. Elle ne sentait pas l'humidité ou la marée mais un mélange floral, agrémenté par des zestes de parchemins vieillis, de mine de carbone et de beurre. Et cette fraîcheur... la fraîcheur d'une jeunesse immaculée. Du moins, pour le moment... Mon sang ne fit qu'un tour à cet instant, ou du moins, le sang vicié par mon cruel double. Devant moi se tenait innocente et candide la proie la plus dangereuse*. Du magistral au superbe, le pas venait d'être franchi... Je déglutis amèrement à cette idée.

Mes sentiments commençaient à se mêler : envie, soif, colère, dégoût, peur... tous naissaient en même temps et cherchaient à prendre le pas sur les autres dans une confusion sans nom**. Mais bon Dieu, mais qu'est-ce qu'elle fiche ici celle-la ? Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ? Il faut qu'elle parte... Elle... elle ne se rend pas compte qu'Elle est là. Que je..non, qu'Elle est dangereuse ! Elle doit partir, fuir loin ! Oui, c'est ça, qu'elle fuit... que j'ai au moins la sensation d'avoir fait un effort pour la cueillir ! .. Mais ? Qu'est-ce que je dis ? Put***, qu'est-ce que je peux faire ?

Mû par une énergie irrationnelle, je sortis de mon poste d'observation pour me diriger vers elle. Je sentais mon cœur battre à tout rompre, mais mon visage était détendu, serein comme un odieux masque d'hypocrisie. Je lui offris un sourire alors qu'elle posait ses grands yeux bleus sur moi. Non, ce n'étais plus vraiment moi. Je me voyais agir mais ne pouvais contrôler que partiellement mon corps. Je me suis accroupi pour me mettre à son niveau et lui offrit une main rassurante qu'elle saisit par politesse sans appréhension. Très bien, si tu veux jouer, je suis ton homme. Prépare ta défaite sale monstre.

Brusquement, je l'attirais tout contre moi. Mon visage disparut dans la marée violette de ses cheveux et, l'espace d'un instant, j'aurai pu me perdre dans son parfum. Mon autre main glissa dans son dos pour s'emparer du paquet qui se trouvait au sol et que j'avais remarqué quelques secondes plus tôt. Je relâchais aussitôt mon étreinte alors que je ramenais le sachet à moi, et dans un geste désespéré, j'en extirpais la viennoiserie qu'il contenait. Un croissant ! Parfait... en moins de temps qu'il n'en fallut pour qu'elle puisse protester, la friandise avait disparue sous mes coups de dents. Je savais que ce ne serait pas suffisant pour sauver cette petite, mais en surprenant ainsi la Bête, j'espérais gagner assez de terrain en moi-même pour nous octroyer quelques minutes. Ou du moins, quelques secondes...

« Désolé tu étais... enfin, c'était trop tentant. » ai-je finalement réussi à balbutier pour me justifier. J'espérais sincèrement que mon accent me permettrait de ne pas avoir à me dédouaner de ce lapsus. « Tu ne devrais pas te balader seule dans le coin. Je sais que ça parait calme mais... » je m'arrêtais soudainement, une douleur lancinante me vrillait le corps. Elle cherchait à me faire taire ! Elle se mettait à chanter sa victoire, piétinant mes futiles espoirs comme un Dieu cruel se joue des fourmis. Tout était si brouillé, tout était si dur. J'ai légèrement vacillé, posant les fesses sur le sol humide et frais du bord de l'étang. Allez, soit fort idiot.« Mais il y a des choses... des choses qui chuchotent dans les ténèbres*** »

Et c'était vrai, car dans les ténèbres vaporeuses de mon esprit, une chose se renforçait en m'appelant et me susurrant des mots malsains que je ne pouvais plus ignorer...


Le petit jeu des références:
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Mer 21 Fév - 21:03

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J’attrape très lentement sa main pour vérifier si ma croyance était vraie.

En effet. Ce n’est pas un rêve.

Gardant la  même vitesse qu’avant, je me lève assez doucement jusqu’à-

Thump!

  Je me cogne sur son abdomen, ma tête sur sa poitrine. Tout s’est passé si rapidement... Il me serre dans ses bras, m’enlaçant de plus en plus fort. Son autre main se laisse aller, explorant mon dos. Mon visage se chauffe à l’idée qu’il puisse me toucher si dangereusement dans un espace public. Je veux dire, il devrait surement y avoir quelques créatures qui assisteront à ce spectacle.

Dalia, tu plaisantes, j’espère?

  Fermant mes yeux très fort, mon cœur battant à toute allure, l’adrénaline s’amuse à faire la course dans mes vaisseaux sanguins, me priant de me lâcher d’une étreinte devenue à présent trop serrée.

  Bien sûr que cet homme ne me fera rien, surtout dans la façon d’où il me relâche si subitement pour attraper ma collation que je n’avais même pas l’occasion de manger.

  Il a été très difficile de trouver ce croissant pour moi. Sans même demander aucune direction à personne (on voyait comment j’ai si bien réagi), il a fallut entrer dans toutes les pâtisseries pour trouver celui avec le mélange de fromage et de baies parfait! Et maintenant, un étranger sort de nulle part et avale ce dessert sans crier gare. J‘ouvre ma bouche, prête à protester, mais il m’interrompt brusquement.

-Désolé tu étais... enfin, c’était trop tentant.

  Ma tête se pose presque sur mon épaule. Quelle était la chose tentante pour lui? De serrer une inconnue dans les bras... ou de manger mon croissant? Je m’imagine me croiser les bras et le réprimander comme une maman qui punit son petit pour avoir brisé son vase.

--
 
L’air frais de dehors me caressait, s’enroulant dans ma coiffure courte de l’époque. Ma chevelure sauvage d’ado venait tout juste d’être coupée, et j’en étais très fière. Avec un sourire jusqu'aux oreilles, je courais en cercle dans ma cour arrière, rejoint par Derek. Lui-aussi s’est fait couper les cheveux, les appelant maintenant un « side-burn ». Je trébuchai par terre en pouffant de rire. Mon ami, pour compatir, s’était mit à ventre à coté de moi, et on se retournait pour regarder le soleil à demi dans le ciel.

-Dalia! Allez, on rentre.

Ma mère était à la porte du garage et mit fin à notre jeu. Derek l’interpella et lui demanda si son père était présent.

-Oui, et il te cherche, disait-elle en mentionnant la voiture noire garée dans l’entrée.

  Le garçon s’était mit à courir vers l’automobile, se retournant une dernière fois pour me saluer.

Rentrée à la maison, j’avais eu droit à un sermon perçant et sévère, mes frères riant du coin de leurs bouches. Finalement, j’avais prit un bain parfumé de toute sortes de fleurs pour cacher « l’immonde » odeur de boue et de terre. Depuis, j’utilisais toujours cette sorte d’arome dans mon bain quotidien.

--

  Bien sûr, je ne pouvais pas crier après un homme sûrement plus âgé que moi!  Après tout, il avait peut-être tout simplement très faim. J’avais moi-même de la difficulté à trouver de la nourriture saine sur cette île.

-Tu ne devrais pas te balader seule dans le coin. Je sais que ça parait calme, mais...

  Je regarde par terre, ma figure s’adoucit avec un petit sourire gêné, adoptant une teinture rose pâle.  Avant que je dise quoi que ce soit, il tombe par terre en agonie, retenant son ventre comme s’il essayait de se contrôler. Il me chuchote une phrase mélangée d’énigme et de douleur, me regardant une dernière fois avant de la prononcer.

-Mais il y a des choses... des choses qui chuchotent dans les ténèbres.

« Les ténèbres? »

  Je lance un coup d’œil circulaire autour de moi. On est en plein jour, alors où sont-elles? C’est là que je réalisais que l’ombre dont il mentionnait était dans son corps, à l’intérieur de son esprit, se chamaillant avec lui pour prendre une plus grosse place. Je la connais trop bien.
 
--

  On essaie de combattre avec un être quelconque, chassant les instincts présents. Pour moi, la fin est toujours  la même : il me domine, et me voici transformée en animal auquel je n’ai plus aucun contrôle sur mes actions, laissant parfois à... d’étranges dénouements.

--

  La seule chose que je puisse faire, c’est de chercher un mouchoir de lavande dans la poche de ma chemise et lui fourrer cet objet sur le nez de l’inconnu. J’étais remplie d’une détermination incertaine, mais que je ne peinais pas à accumuler à l’intérieur de moi.

J’aimerais le sauver.

Non!

Je DOIS le sauver.

Le sauver de cette malchance qui l’avait attrapé...

Qui était tombée sur lui.
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Dim 25 Fév - 8:00

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
Je l'écoutais me distiller sa haine comme un élève studieux et elle, elle ne bougeait pas. Je n'avais qu'à tendre la main pour lui broyer le cou et elle ne faisait rien ! Mais qui c'est cette pauvre tarée encore ? Chaque pulsation cardiaque était autant de décharge malsaine dans mes veines, chaque boom un pas de plus vers le précipice. Mais elle s'en fichait, elle me regardait en train de sombrer sans même vaguement sourciller. Est-ce qu'elle était seulement réelle ? J'avais l'impression que oui, mais c'était impossible à déterminer avec certitude désormais ; tout était si exceptionnellement chaotique. J'avais sur les choses une visions déformée, maculant la moindre lumière par une substance noire et poisseuse. Et boom, mon cœur frappait encore et encore, charriant la douleur et la soif de violence et de sang.

J'ai enfoncé profondément mes ongles dans la terre molle et humide, comme pour reprendre pied, m'accrocher à quelque chose que je savais avec certitude être là. Je fermai les yeux et je l'ai sentie, toujours en face de moi, haletant et m'envoyant son odeur fraîche comme une vague printanière. Je n'hallucinais donc pas, elle était bel et bien toujours là... Mais pourquoi ? Plus le temps passait, et plus je pouvais m'imprégner de son odeur. Elle devenait comme un marqueur indélébile : aussi visible qu'un phare en pleine nuit. Il me serait si facile de retrouver cette petite fleur délicate, même dans le maelström végétal du sanctuaire. Trop légère, trop innocente, trop parfaite pour ne pas me donner l'envie irrépressible de la souiller et de la détruire.

Dans une vaine lutte contre mon opposé, j'essayais non sans mal de remettre de l'ordre dans mes sentiments et mes sensations. Il faut qu'elle parte. Oui, c'est ça que je dois ressentir. La sauver, préserver une vie qui débute à peine, pas la détruire. Peu importe si je tombe face à Elle, tant qu'elle parvient à s'envoler. Bon Dieu, pourquoi est-ce si difficile de penser au bien ? La douleur vive envoyée par une bête tortionnaire me tordait le ventre. Les tremblements commençaient, tout était perdu pour moi. Et pour elle...

Puis je l'entendis se rapprocher... Non ! NON ! Ne fais pas ça ! Elle est déjà là ! Ne vois-tu donc rien ? Et comme sorti d'un rêve étrange, un bout de papier exhalant la lavande se pose délicatement sous mon nez. Quoi ? Mais qu'est-ce qu'elle fiche ? Pense-t-elle sincèrement que l'on peut battre le fer avec des pétales ? Que l'on peut changer les âmes ou les cœurs avec des bouquets de fleurs* ?

Elle m'avait jeté une bouée à laquelle me raccrocher, mais serait-ce suffisant pour sauver un homme pris en pleine tempête ? Ce geste désespéré me fit légèrement reculer, puis je parvins à agripper le bout de papier d'une de mes mains, faisant mille efforts pour ne pas toucher celle de la jeune fille qu'elle retira aussitôt. Je tremblais, comme pris d'une violente fièvre. Mais je devais me saisir de cette opportunité qu'il m'était donnée, si insignifiante et désespérée soit-elle. J'ai fermé les yeux, perdant mon visage dans le mouchoir distillant des accents de Provence française, essayant de me concentrer sur tout ce qui faisait de moi un homme. Du moins, un genre d'homme... Un genre d'homme qui pouvait se regarder en face sans honte. Un genre d'homme qui respectait l'art, la beauté et la vie. Un genre d'homme digne de confiance. Oui, un genre d'homme...

Face aux envies de domination et de destruction qui revenaient à la charge, j'y apposais des choses que seule l'appartenance à l'Humanité pouvait offrir : prendre un café en terrasse en profitant du soleil, embrasser ses parents avant de partir pour un long voyage, partager un bain avec celle que l'on aime, créer quelque chose de magnifique à partir de rien, surfer sur Internet... Voir, entendre, écouter, goûter, sentir, découvrir, créer, rire, pleurer, aimer, aimer aimer... J'étais comme aspiré par ce tourbillon d'émotions chaudes et réconfortantes. Combien de temps avais-je pu rester ainsi, statique et pourtant si mobile à l'intérieur ? Quelques minutes, ou bien plus ?

Je sortis du cocon fragile du mouchoir, osant ré-affronter le monde après ce terrible périple que j'avais entamé en moi-même. Je me sentais fatigué, exténué, anéanti par tant d'efforts pour retrouver un peu de stabilité. Le statu quo avec la Bête semblait être posé, mais je savais parfaitement que ce n'était que partie remise. Elle n'attendait qu'une seule chose : un peu d'action pour élever la difficulté de la traque et ainsi faire son entrée en grandes pompes, avec les tambours, les cors, les trompettes et 76 foutus trombones**. Mais je ne lui en laisserai pas l'occasion. Pas aujourd'hui... Pas comme ça.

Je croisai enfin le regard bleu perçant de la jeune fille qui m'avait causé tant de tourment. Je me sentais incroyablement mal pour ce qu'elle devait subir par ma faute. Elle devait être pétrifiée, horrifiée par le comportement si anormal de cet inconnu croisé au beau milieu de rien du tout.

- Merci pour...ça, lui ai-je finalement adressé d'une voix voix vacillante.

Et maintenant ? Comment entamer la conversation après Ça ? C'était la situation la plus embarrassante que j'avais jamais connue depuis ma déchéance. Voire même, depuis toujours. Prenant mon courage à deux mains, je me suis alors persuadé de jouer franc-jeu. Après tout, suite à cette entrée en matière par trop bizarre, faire preuve de tact serait presque superflu. Malgré cela, les mots parvenaient difficilement à sortir.

- Je.... enfin, désolé si je suis un peu bizarre là, dis-je un peu abrupte. D'ordinaire je suis un peu plus... enfin, moins flippant. Tu comprends ce que je dis au moins ?

Je n'étais pas certain d'avoir fait le bon choix en restant assis, entamant bien maladroitement un début de conversation avec celle qui aurait très bien pu finir en pique-nique quelques minutes auparavant. Mais je ne trouvais pas la force de fuir pour me cacher de ma honte. J'étais redevenu un peu plus calme, le grand incendie qui me ravageait le corps avait trouvé comment s'ouvrir le canadair***.


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Dim 25 Fév - 10:56

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Ma vision devient floue encore une fois, ainsi que mon raisonnement logique, ma sanité. Ma sanité chérie commençait à disparaître quand je l’avais vu en tournant ma tête de l’étang, là où j’ai faillit mourir. Je devrais le remercier; ce n’est pas tous les jours qu’un étranger, bien qu’inquiétant et agréable à la vue, viens me sauver de la noyade...  celle de la faute d’une spirale bleue.

Une spirale bleue??? Non, mais tu te vois bien?

Ta santé mentale commençait à décliner depuis que tu étais toute jeune! Tu te souviens vachement rien de tes leçons de psychothérapie?

-
La nuit... cette lune blanche et pleine brillait dans le ciel de mille feux. Toutes les étoiles se trouvaient à l’aider à réussir à s’intégrer dans le canvas noir à qui la couleur ressemblant à celle d’un corbeau. Je me dirigeais vers mon lit, penaude de la journée de paradis à nager comme une folle au beau milieu d’une piscine remplie de chlore.

Toute ma famille était là; les amis de mon frère plus vieux –qui se nommait Francisco- éclaboussaient de l’eau dans tous les sens, sans penser à chaque personne qu'ils rencontraient. Et ils la lançaient même vers moi! Je me préparais à leur jeter moi-aussi une bouffée du liquide bleu (malgré qu’il fût souvent décrit comme étant transparent) pour me venger de son apparition dans mes narines et dans ma bouche.

Un gros poids se posait sur mes jambes, m’engloutissant complètement dans l’eau. Je me débattais pour que cette figure lâche son emprise de mon corps. Ce fût en vain. À mesure que j’essayais de me combattre contre cette masse, le plus que la mort s’approchait à grands pas. Elle me vida presque de tout l’air dans mes poumons et le remplaça par du H2O, qui était ironiquement composé d’oxygène. J’aurais pu disparaître du cadeau que ma mère m'avait donné qui était la vie.


Ou presque


Je me réveillai au bord de la baignoire, ma famille et des médecins entassés autour de moi. La "masse" qui m’avait entraînée au bord de l’hydrocution était mon autre frère, le plus jeune : Emanuel.

Ce dernier s’excusa auprès de moi, m’expliquant la raison dont il m’avait conduit jusqu'à l'inconscience : il voulait me sauver des amis de Francisco qui avaient des pistolets à eau géants, à qui leurs jets me frapperaient en plein visage si je n’aurais pas été assez prudente.

En racontant mes souvenirs, je me suis rendue compte qu’il y avait toujours un défaut qui ressortait en moi :

L’imprudence


-

L’homme en face de moi bascule un peu avant de prendre mon mouchoir. Il semble s’y accrocher comme une bouée de sauvetage, comme le dernier espoir avant de tomber –ou de triompher-.

-Merci pour... ça, dit-il après avoir ôté l’objet de ses narines.

Même si je devrais être terrorisée par ce qui c’est passé (et je le suis), cela ne m’empêche pas de revenir à la secousse de quelqu’un, même si je ne connais définitivement pas la personne à qui je secoure. Ça me donne la sensation de devenir un super héros, d’être importante pour quelqu’un d’autre (du moins, pour sa survie). Mon expression, étrangement, était plutôt calme, sans stress apparent, comme si je savais exactement quoi faire... Comme si j’avais vu cela avant.

Un déjà-vu?

-Est-ce que ça marche? Dites-moi que ça marche, sil-vous plait...

Par contre, sa mine change, ses yeux maintenant exorbités comme s’il venait juste d’apercevoir un fantôme. Alors que je venais tout juste de verbaliser mon inquiétude, l’inconnu ne semble toujours pas se détourner la tête, me regardant encore.

- Désolé si je suis un peu bizarre là...
« Désolé moi-aussi », me dis-je tout bas.

- D’ordinaire, je suis un peu moins flippant. Tu comprends ce que je dis au moins?

Je soupire. Pourquoi suis-je toujours gênante, embarrassante et... "flippante"?

Je hoche la tête tout aussi doucereusement que quand je lui avais stupidement posé le mouchoir sur sa face, craignant qu’il se passe quelque chose d’anormal. En effet, j’avais raison, mais la "chose anormale" ne s‘était heureusement pas produite. Pourquoi est-ce que je me suis sentie et comportée comme cela? Comment aurais-pu je me reconnaître de cette façon, me connecter à lui de cette manière?

La magie était-elle impliquée là-dedans?

-Sí, je comprends l’anglais et le français, dis-je en penchant ma tête d’un coté avant de lui ré-adresser la parole, ¿Usted entiende español?

D’après son embarras, je pourrais finalement conclure qu’il ait comprit.... Absolument rien de ce que je disais!

Bravo Dalia!

Tu es vraiment très... efficace pour communiquer avec les gens! Je devrais tellement m’applaudir pour l’acte totalement héroïque que je venais juste de faire.

Ne trouvant rien d’autre à dire, je me lève, m’étirant pendant un moment jusqu’à ce que je me rende compte qu’il est encore à terre. Un sourire jovial s’attache à moi lorsque que je lui rends ma main. Je me servirais du même anglais qu’il ait utilisé quand il parlait à moi.

-Excusez-moi, je suis aussi vraiment bizarre aujourd’hui, dis-je en toussotant. Aimeriez-vous recommencer à zéro? Quel est votre nom?

Je prends une pause, me penchant vers le monsieur, m’approchant de plus en plus de son aura, bien que atténuée, reste tout de même périlleuse.

-Je m’appelle Dalia.
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Mar 27 Fév - 16:34

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
Je la sentais sur la défensive et ne pouvais pas réellement lui en vouloir. À dire vrai, j'avais du mal à comprendre ce qui pouvait bien se passer dans sa tête au vu de ce qu'il se passait dans la mienne. Tout était encore déformé comme à travers un sombre voile. Cependant, je crus la voir vaguement acquiescer lorsque je lui ai parlé, puis elle ouvrit la bouche pour la première fois. Ou du moins, c'était la première fois que j'étais capable de l'entendre clairement, car sa sonorité raisonna en moi comme les ondes à la surface de l'eau après y avoir jeté un caillou. Comme un air de déjà-vu...

-Sí, je comprends l’anglais et le français, ¿Usted entiende español?

Une espagnol ?! Oui, ça s'entendait dans son accent chantant et roulant les r. J'avais toujours apprécié cette langue, mais je ne la parlais que très mal, et d'autant plus que depuis mon arrivée sur Old Fyre j'avais davantage eu l'occasion de me spécialiser dans le portugais. Aussi les quelques tournures de phrases et autres subtilités de cette jolie langue commençait à sérieusement se dégrader dans ma mémoire. Mais elle semblait être capable de parler en anglais, et c'était tout ce qu'il me fallait, car je ne me sentais pas le cœur de commencer un jeu de devinettes à base de dessins ou de gestes. J'éprouvais déjà tant de mal à respirer sans exploser...

J'ai secoué la tête poliment de haut en bas pour lui dire que je comprenais, incapable de trouver dans quel sens assembler correctement les bons mots. Clignant plusieurs fois des yeux pour retrouver une vision correcte, j'avais peine à la fixer, mais encore plus à en détacher mon regard. Elle ne ressemblait pas à l'idée que je me faisais des femmes espagnoles : elle était un peu trop pâle et ses yeux bleus ne reflétaient pas le noir passé d'un pays mythique, comme si elle avait été une jeune pousse n'ayant pas encore été polluée par l'Histoire. Et ses formes... bien moins pulpeuses que je ne me l'étais imaginé. Et voilà que je divague encore... Put*** mais ferme-la, c'est l'heure de ta muselière... C'est qu'une gamine ! C'est qu'une gamine.

Je lâchai un soupir de soulagement lorsqu'elle se leva, s'écartant de moi et de mes idées obscènes, soupir que je réprimai violemment en détournant le regard alors qu'elle s'étirait tel un chat paresseux. Bon Dieu... Respire doucement idiot, respire... Ne La laisse pas te manger. Je commençais à penser que cette petite jouait à un jeu cruel avec moi. Pourtant, elle ne ressemblait pas à ceux qui prennent leur plaisir en risquant leur vie ou en malmenant celle des autres. Oui, ce sourire et cette main tendue, ce ne sont pas ceux d'un prédateur, simplement ceux d'un enfant encore naïf. Et c'est ce que je m'attelai à me répéter en boucle lorsque j'ai détourné poliment la main qu'elle m'avait offerte avec gentillesse. Tant pis si elle ne comprenait pas ou me trouvait rustre pour ce « recommencement à zéro », mais c'était tout simplement trop difficile de la toucher quand je voyais ce que sa simple vue pouvait bien m'inspirer... J'avais assez à faire avec un seul tortionnaire pour me jeter dans ce piège aussi grossier.

-Excusez-moi, je suis aussi vraiment bizarre aujourd’hui, me dit-elle timidement. Aimeriez-vous recommencer à zéro? Quel est votre nom?

Elle ? Bizarre ? Je ne pus réprimer un grand éclat de rire lorsque je me repassais la phrase en tête pour être bien certain d'avoir tout compris. Oui, après tout, elle n'avait peut-être pas tort, c'était vraiment bizarre de sa part de se sentir aussi bizarre que moi. Bazar de bizarres...

- Ahah, alors tu peux m'appeler Nawar, le roi des types bizarres, dis-je doucement entre deux rires acides. Je m'essuyai rapidement une larme qui avait perlé avant de lui demander son nom en retour.

-Je m’appelle Dalia, me dit-elle en se penchant une nouvelle fois vers moi.

Dalia ? Pas étonnant pour une petite fleur pareille... J'espérais simplement ne pas la transformer en une autre Elizabeth Short*

- Dalia, écoute-moi, ne.. ne t'approches pas trop de moi comme ça. Je... les mots se formaient parfaitement en moi, mais comment ne pas la brusquer davantage ? Je ne suis pas au meilleur de ma forme, tu vois ? Dangereux, vraiment dangereux, avouai-je avant que ma voix ne s'étrangle dans ma gorge. Je me suis reculé et me suis levé, attendant qu'elle fasse de même pour nous retrouver sur un nouveau pied d'égalité. Et puis, ce n'était pas la place des hommes de se rouler à terre, mais celle des bêtes. Et je refusais de m'y assimiler. Cherchant en moi le courage de poursuivre, je respirai doucement, évitant toujours un peu de croiser le regard de la jeune fille, craignant d'y lire quelques vérités plus que je ne craignais mes propres pensées. Il m'était impossible de justifier auprès d'autrui que je n'éprouvais parfois aucune honte à céder à mon Autre moi. Ou du moins, que j'en éprouvais moins de honte que je ne le devrais...

Je tremblais encore, mais je tenais bon. Je le devais. Je lui ai alors avoué ce que je faisais dans le sanctuaire, que je m'étais mis en chasse d'un animal magnifique qui avait réveillé en moi quelques sombres instincts, gardant toutefois pour moi le fait qu'elle aurait très bien pu devenir ma nouvelle proie. Pour lui prouver ma bonne foi, je décidai de lui montrer le carnet dans lequel j'avais fait plusieurs croquis du cheval, mais de ce carnet je ne trouvai plus aucunes traces. « Damn ! Il a dû tomber alors que je courrais » dis-je l'air sombre.

« Je.. je vais le retrouver. Il ne doit pas être loin. Tu veux rester là ou m'accompagner ? » lui lançai-je rapidement, l'air préoccupé, avant de rajouter « Crois-moi, ce n'est une tactique minable pour t'entraîner en pleine forêt, mais je comprendrai si tu préfères rester ici... ».

Tout en écoutant sa réponse, je me suis dirigé vers l'endroit d'où j'avais émergé un peu plus tôt, cherchant à recréer le chemin inverse grâce aux traces de pas que j'avais laissées. La tête obnubilée par ce carnet perdu, et par bien d'autres choses encore, je ne m'aperçus pas des bruits de clapotis de l'étang, ni des tourbillons bleus, profonds et intenses qui commençaient à se former à sa surface.

Bleh:
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Jeu 1 Mar - 17:31

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Il... il me comprend?  Il a hoché la tête, donc ça veut dire qu’il peut aussi me répondre. S’il le pouvait, il aurait pu me dire quelque chose. Je devrais vérifier s'il dit la vérité. Et si ce que je pense maintenant est aussi faux? Et si je m’embarrasserais encore?

  Lorsque je me suis excusée, il y a eu une réaction dont je ne m’attendis jamais. Il est en train... d’éclater de rire. Il rit! Je dois te féliciter Dalia, tu es vraiment comique...

-Tu peux m’appeler Nawar, le roi des types bizarres.

  Suite à son hilarité agrandie, je glousse de rire petit à petit, jusqu’à même s’esclaffer aussi vigoureusement que lui.

-N-Nawar?, dis-je au milieu de rigolade, ma face se colore de tout ce stress libéré, m-moi, je suis... hi hi hi... la reine des...

  Je ris tellement fort que je parviens même à tousser, ma face rouge, mes main sur mes genoux, debout, en face du prénommé autocrate des ''types bizarres’’. Non, mais tu m’as vue? Ce n’est pas tous les jours qu’une fille, faible comme je suis, vienne t’enfoncer au visage un mouchoir de lavande, celle que j’utilise pour me sauver des transformations dangereuses.

« Transformation »

  Cela se peut-il que ce mot pourrait s’appliquer à lui? C’est peut-être pour ça qu’il semble terrifié immédiatement avant notre folie extrême, comme un tremblement de terre prêt à tout casser en morceaux. Ou peut-être qu’il essaye de cacher quelque chose...  

  C’est très probable. Après tout, un sentiment de déjà-vu, pour moi, serait anormal. Je me suis même souvenue du fait de combattre un esprit envahisseur. Oui, ce n’est pas normal. Personne ne tremblerait de cette façon en me voyant. Je ne suis pas un prédateur et je ne veux aucun mal à aucun humain sur la planète.

-Je ne suis pas au meilleur de ma forme, tu vois? Dangereux, vraiment dangereux...

  Maintenant c’est à mon tour de frémir de peur. Tout est clair maintenant. Le regard errant, le refus de prendre ma main, une impression qu’il marche sur du verre. Il ne veut pas s’approcher de moi. Ou plutôt, il ne veut pas que je m’approche de lui. J’hoche la tête et ramène quelque pas en arrière, malgré le fait j’aurais pu me faire un nouvel ami.

Pourquoi suis-je comme ça?

  Le voyant se lever, je fais de même, espérant qu’il ne serait plus aussi effrayant qu’avant. Que veut-il dire par ''dangereux''? Quelle sorte de détresse m’attendrait si j’essayerai de m'avancer vers lui?

-Pourquoi seriez-vous venu par ici?, demandais-je, espérant qu’il ne serait pas du moindre malfaisant et perfide.

  Nawar m’explique tout de suite ce qu’il l’amène à ce endroit magique : il était en train de chercher une créature excitante qui aurait ''réveillé quelques sombres instincts'' à son égard. Qu’est-ce qu’il y a de sombre chez lui? Le fait de décrire d’une manière si intéressante et passionnante que je deviens automatiquement captivée par lui, m’accrochant à chaque mot de son histoire d’aventure et de découverte serait-il...''sombre’’?

  Une devinette s’anime dans ma tête, me forçant à chercher toutes les informations emprisonnées dans mon cerveau à propos d’une espèce magique à l’allure de cheval.

-Est-ce un centaure? Un alcentaure? Une licorne? Il y a-t-il des ailes? Ce serait-il alors un pégase?

  Je ne me rendais pas compte à quel point mon questionnement est devenu sonore que quand Nawar laisse échapper un juron, craignant qu’il aurait perdu son carnet.

-Je vais le retrouver, il ne doit pas être loin. Tu veux rester là ou m’accompagner?

  Mes oreilles se bloquent à la dernière seconde et je n’ai pas pu suivre ce qu’il complétait. Il me semble inquiet, sûrement tourmenté par son livre. Je songe surtout si ce serait mieux de le suivre ou-

Aléjate de él, no sabes lo que podría hacer.

  Cette voix me parvient comme un chuchotement, sonnant dans mes oreilles aussi vivement qu’une alarme. Je couvre ces dernières tout en essayant de rassurer l’explorateur. Des fous rires déformés tintent dans ma cervelle, essayant de se frayer un chemin en creusant dans mon crâne déjà troublé, m’enlevant presque l’habileté de la communication qui est déjà déplorable.

- Ç-ça va, c’est juste... je suis pas obligée d’y.... d’y aller non? Je vais ma-m’abriter sous cet arbre-là...

  Par sa distance entre nous et la forêt, je pourrais assumer qu’il n’aurait surement pas pu m’entendre. Au moins il ne pourra pas comprendre ce qui serait passé dan la tête d’une folle comme moi. Mais quel était ce-

Plouf!

  Je me sens submergée dans l’eau de l’étang, entraînée par un poids incroyablement lourd, mais léger en même temps. Je me rappelle encore de tout ce qui se passait cette journée à la piscine, le lendemain de mon avant-dernière visite chez la psychologue.

--

  Je marchais comme au ralenti dans un couloir aux murs blancs et au tapis beige. À part cela, il n’y avait rien d’autre à regarder; aucune décoration significative n’ornait ce passage. Je jetais un œil de manière passive ce qui se passait à l’intérieur des autres chambres. Rien d’excitant; juste des personnes allongées sur un sofa à coté des docteurs épuisés, tourmentés de leur journée à soigner ceux que j’assumais étaient de malades mentaux.

  Je savais précisément ce que je faisais ici, mais je ne me considérais pas comme atteinte d’une souffrance grave. J’étais ici parce que je devais me débarrasser d’une habitude excessive. Ce fut assez difficile de cesser de me réveiller au beau milieu de la nuit dans la cuisine quand je ne m’étais souvenue de rien. Il paraissait que j’allais toujours chercher quelque chose à dévorer, même après un repas complet. Dans tous les cas, il y avait des traces de pattes autour de moi.

  Le signal clignota. Je me dirigeais vers le bureau d’une vieille madame douce comme un agneau. Du moins, au début. Par contre, son attitude envers moi avait dégradé au cours de mon temps avec elle. Celle-ci me fit peser sur la balance, craignant que j’aie encore grignoté avant la visite.

-C’est très étrange; tu as gagné 10 livres en un mois, disait-elle en se tournant vers moi. Es-tu certaine que tu avais arrêté de manger pendant tout ce temps de thérapie gratuite? Je ne suis pas une bénévole ici, qu’est-ce que tu penses? Je n’ai pas étudié dans une université sous-financé pendant plus de 8 ans pour rien!

Au bout d’un moment, elle claqua des doigts, me ramenant subitement de la lune.

E-excusez-moi, ma famille est pauvre; on ne peut pas nécessairement nous fournir tous les services dont on a besoin. En plus, je suis en pleine adolescence et le fait d’être en puberté bouleverse mon corps de plusieurs façons. Je n’ai même pas eu mes premières-

-Arrête de me servir cette réplique minable! As-tu entendu ce que je viens de dire? J’ai dit que je ne supporterais plus d’être manipulée comme ça, à travailler gratuitement pendant que vous vous roulez dans l’argent. Crois-tu que mon travail se prend à la légère? J’ai dû travailler pendant des mois avec toi, et tu n’a visiblement fait aucun progrès!

  C’était faux! Pendant ce temps, j’avais découvert les vraies causes de mes explorations nocturnes. Le manque de nourriture, la fatigue, le manque d’activité physiques contribueraient sûrement à mon état d’avant.

  Je sautai presque du carré en métal quand la thérapeute cogna ses mains sur la table. Après m’avoir interrompu et ergoté sur la dette grandissante de ma famille, elle me renvoya de son cabinet. Un sourire faible se forma à ma figure tandis que je partais.

--

  Tandis que je m’infiltre dans les bras étonnamment accueillants de l’eau profonde, je ne pourrais toutefois pas m’empêcher de penser à la mort qui se ramène plus proche que prévu. Elle déverrouille, à l’intérieur de moi, des souvenirs et des dialogues intérieurs que j’aurais aimé oublier à jamais.

  C’est toi qui as creusé ton propre trou; c’est à toi de t’en sortir. C’est de ta faute si tu es sortie de ta chambre pendant la nuit. C’est de ta faute si tu as été renvoyée par la docteure. C’est de ta faute si Derek s’est enfui de ce pays. C’est de ta faute si Germán-

STOOOOP!!!

  C’est assez! J’en ai assez de me critiquer comme ça tout le temps, de me rabaisser continuellement. Je me suis toujours cachée dans ma chambre depuis ma jeunesse. Cela a changé. Je viens même à regretter d’être partie de chez moi, sur un autre continent, même sur un autre hémisphère, loin de toute ma famille, celle qui s’est occupée de moi quand j’étais encore en Espagne. Maintenant, je me sens seule, même isolée, mais ça ne viendra en aucun cas ruiner ma nouvelle vie; ma nouvelle aventure.

  Ce n’était pas de ma faute si je me suis sortie de chez moi, c’était comme ça que mon corps agissait. Ce n’était pas de ma faute si Derek était parti, c’était son propre choix. Ce n’était non plus pas de la faute de personne si quelqu’un d’autre veut se faire des amis à part.

  Une main apparait soudainement, prête à m’attraper. Je l’agrippe, mais elle cesse d’exister lorsque je semble la toucher. J’avais raison; c’est à mon tour de me sauver du pétrin et personne d’autre ne le fera pour moi éternellement.

  Une explosion semble avoir lieu dans mon nez lorsque je sors ma tête de l’étang, me débattant contre les vagues qui tombent sur moi. Mon être se vide de toute l’eau et d’oxygène attrapés dans mes poumons qui allaient exploser à n’importe quel moment. Je nage difficilement vers le rivage, m’accotant sur la terre humide au moment où que celle-ci s’était propagée dans plus de directions que la normale. La fatigue s’installe peu à peu. Haletant, j'ai réussi à deviner ce dont Nawar parlait. Heureusement, ce dernier semble revenir.

-Kel...pie....

Envahie par l’épuisement, ma tête se frappe brutalement sur le relief, peinturant le sol de mon sang encore trop liquide.
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Dim 4 Mar - 19:17

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
En cet instant, j'aurai bien troqué mon âme contre un pouvoir de téléportation. On était là, dans une atmosphère presque féerique mais tellement glacée par la gêne et la honte qu'elle pouvait nous faire craquer à tout instant. Oui, j'aurai donné n'importe quoi pour me retrouver dans l'appartement, chez moi, dans un café, dans un bon bain ou même au pôle-nord pourvu que cette tension disparaisse. Mais c'était impossible, et je tentai tant bien que mal d'adresser un sourire à la jeune fille qui paraissait aussi mal à l'aise que moi lorsqu'elle m'informa de son intention de rester. « Très bien, reste là, je n'en aurais pas pour longtemps ». lui dis-je plus durement que je ne l'aurai souhaité en m'engouffrant déjà dans les fourrés. Je devais vraiment avoir l'air d'un illuminé, mais je préférais qu'elle ait peur de moi plutôt que pitié. C'était plus sûr pour elle.

Plus je remontais ma propre piste, et plus je me rendais compte d'à quel point ma course avait été frénétique. Je n'avais pas le souvenir d'avoir foulé ces allées, d'avoir marché sous ces arbres, traversé ces bosquets... J'étais effrayé par cette vérité acide : j'avais marché droit devant moi, abattant tout ce qui se trouvait sur ma route avec une violence insoupçonnée*. Et, comme si tout s'était passé dans un rêve qui nous échappe dès que l'on ouvre les yeux, seulement des bribes éparses me revenaient par à-coup. De toute évidence, j'avais agit comme un fou furieux ou un possédé, mais, quelque part au fond de moi, j'en éprouvais aussi une certaine fierté. Comme si avoir su faire preuve de violence était un exploit à féliciter et à encourager dans ce monde trop prude et intolérant au moindre geste déplacé. C'était presque un acte de courage que d'assumer sa part animale... Enfin je... je suppose. Je ne savais plus très bien... Monstrueux...

Enfin, comme pour m'ôter à la confusion qui m'assaillait, mon carnet m'apparut, attendant gentiment entre deux branches que j'avais dû frotter d'un peu trop près. J'étais heureux d'avoir pu y mettre la main dessus, car il recelait plusieurs journées d'observations et de travail. Même les dernières esquisses étaient plus qu'exploitables, malgré la folie qui m'avait pris peu après. Je m'en saisis et m'apprêtai à faire demi-tour lorsqu'un doute m'envahit brusquement : que-ce qui m'obligeait à retourner vers l'étang ? La promesse que j'avais faite à Dalia ? Après tout, ce serait plus sécurisant pour tout le monde si je rentrais tranquillement en ville... non ? Amoral, certes, mais moins risqué que de me retrouver à nouveau dans cette proximité tendue avec elle ! Une sensation étrange venait me tordre l'estomac, comme si je savais que de mon choix pouvait dépendre plus d'une vie. Comme s'il était évident que la direction dans laquelle se dirigeraient mes pas scellerait la fin d'une ère. Et j'espérais seulement que cette fin soit un nouveau début et non l'épilogue de deux vies gâchées. Le doute s'insinuait sournoisement...

Debout dans le silence de l'endroit, les sourcils froncés et les bras croisés, je peinais à prendre une décision. Partir ou revenir ? Quel était le bon choix ? Y en avait-il seulement un ? Je me passai une main sur le visage et me massai les tempes, comme si ce geste pouvait parvenir à éclaircir quoi que ce soi. Mes yeux fermés pouvaient-ils m'aider à voir plus clair dans ce fatras feutré ? Le doute me rendait fou...

***

Je marchai rapidement à présent. Ce qui m'avait décidé, je n'en avais aucune idée précise ; peut-être ces oiseaux qui s'étaient envolés sans crier gare, peut-être le silence qui était devenu assourdissant, peut-être une odeur de peur et de danger... Je n'en savais rien, mais le doute s'était dissipé et j'avais l'impression de tout voir, tout savoir, tout ressentir... Et il fallait que je parte là-bas. Un fil d'Ariane était comme sorti de mon corps, m'invitant à le suivre avec empressement. Alors je marchai rapidement, le visage fermé et sérieux. Le doute s'était envolé et une seule certitude régnait : un malheur guettait.

Au bout d'interminables minutes, je regagnais enfin les abords de l'étang. Et merde ! Peinant à sortir de l'eau, je reconnus la fine silhouette de la gamine que j'avais laissée seule. Elle semblait épuisée comme si elle avait lutté pendant tout ce temps contre une force inconnue. Mais comment ? Pourquoi ? Que ?!! Raaahh... Pourquoi faut-il toujours qu'il arrive quelque chose à ceux qui m'accompagnent ? Suis-je condamné à revivre sans cesse le même cauchemar ? De quel Dieu cruel suis-je l'instrument ?

Mes doigts se sont écartés tout en lâchant mon carnet et j'ai fondu vers cette poupée chétive et vacillante qui menaçait de se casser au moindre choc. Je devais l'atteindre avant quelle ne se brise ! Je devais... Noooooon ! Sa tête heurta violemment une pierre de la berge et tout son corps commença à chavirer en arrière suite à l'impact, tel un pantin désarticulé et ivre. Juste à temps, j'attrapai ses bras pour la ramener sur la terre ferme, enfonçant mes ongles dans sa chair - à moins que ce ne soient déjà des griffes ? Son sang coulait sur son doux visage, il coulait entre mes mains, il imprégnait nos vêtements et formait des sillons dans le sol. Je ne le voyais pas, mais je le sentais... Je le sentais s'insinuer en moi et venir y percuter les zones les plus fragiles. Il me faisait suffoquer et perdre mes repères. La réalité n'existait plus... la transe sanglante avait commencée. J'entendais déjà les tambours retentir avec puissance pour signaler Son arrivée, et dans le lointain une cloche lugubre tintait. Mais pas besoin de se demander pour qui sonnait le glas... C'est bien pour moi que la mort s'apprête...**

L'ai-je lâché ou s'était-elle dégagée seule de mon emprise ? Je ne savais pas, mais elle n'était plus dans mes bras. Alors j'ai crié « Cours ! ». Enfin je crois... Je crois que j'ai hurlé... Je crois mais... mais cette voix n'était déjà plus la mienne. Je ne sais pas comment j'ai trouvé la force de ne pas l'emporter avec moi lorsque j'ai foncé dans l'eau. J'ai poussé sur mes jambes dans un acte désespéré pour m'écraser dans le grand marécage. Sans même prendre le temps de respirer, j'avais plongé...

Et tout se brouillait dans les abysses du lac. Étais-je à l'envers ou à l'endroit ? Tout existait de manière si informe.... À l'envers, à l'endroit... Je me débattais en moi-même plus que dans l'eau. La douleur, cette invitée non désirée, revenait à la charge, retournant tout mon être. À l'endroit, à l'envers... Et les bulles fouettaient ce visage, les courants entraînaient ce corps, les éléments se riaient du noyé. Le vide m'appelait... il fallait que je sombre... Je devais l'empêcher, ne serait-ce qu'un peu... Oh ce vide ! Si proche et si loin... Mais Elle ne laissait pas faire. Si je devais me perdre et succomber, ce ne serait qu'en Elle... Je voyais l'éclat du jour se rapprocher. Putain, c'était la force la plus obscure que je connaissais qui m'entraînait vers la lumière ! Ironie, douce ironie... Je suffoquai en elle alors qu'elle regagnait l'air frais. C'était trop injuste. La douleur me foudroyait. Je perdais pied et Elle émergeait. Je coulais et Elle surgissait. Je n... je ne... je...

Je ne suis plus rien.

.
.
.

Elle jaillit enfin de l'eau, recrachant prestement celle contenue dans sa bouche aux dents si luisantes. Et elle est furieuse.
Stupide humain ! Pensais-tu vraiment pouvoir me noyer ? MOI ? Quelle outrecuidance. Je m'en vais te faire regretter de...

Mais elle ne peut finir sa menace ; avec une rapidité et une force prodigieuse, quelque chose s'était enroulé autour de sa taille et l'avait emportée vers le fond. Elle tire et se débat, provoquant un tourbillon de bulles qui s'échappent vers la surface en s'insinuant partout contre elle, dans son nez et dans sa bouche grande ouverte qui râle. L'étreinte presse son torse, faisant s'échapper les dernières réserves d'oxygène de ses poumons, l'asphyxiant lentement mais sûrement. Alors elle agrippe le tentacule - ou bien est-ce une très longue nageoire ? - qui l'oppressait et commence à le lacérer de ses griffes avec frénésie. Du sang étrangement éclatant s'enfuit en fins filaments de la peau écaillée et finit par se fondre dans les flots. Je sens combien cette simple vision l'excite alors même qu'elle est sur le point de se voir suffoquer.

La chose qui la tenait frémit, sûrement du fait de la douleur, et desserre brusquement son étau. Tandis que l'animal s'éloigne légèrement sans vague, elle peut l'apercevoir plus clairement. Il est semblable à une sirène, mais au lieu d'un tronc humain c'est un buste d'équidé qui trône sur le haut de son corps. Et il se dégage de lui une lumière diffuse, comme s'il était capable de capter les rayons du soleil pour les faire irradier de sa peau. Cela ressemble à une aura mystique... Et cela irrite la Bête. Alors qu'elle profite de sa liberté retrouvée pour regagner la surface, je la sens fulminer et nourrir les plus noirs desseins pour cette créature. C'est un ennemi naturel. Un ennemi à détruire. Et c'est certainement pour ça qu'au lieu de regagner la rive, elle prend une grande respiration et retourne sous l'eau pour scruter l'animal avec ire.
Ainsi voici le visage de celui qui cherche à me nuire ? J'espère que tu as les moyens de ta défaite, car je ne vais pas me retenir.  Approche... viens te frotter aux feux de l'enfer.

Elle sourit et le toise avec suffisance, certaine de sa supériorité. Cependant, l'étrange animal  bouge avec bien plus aisément qu'elle dans ce bassin. Il commence à se rapprocher de nouveau avec grâce, et semble même la narguer lorsque les coups trop lents qu'elle lui porte ne parviennent pas à l'atteindre. Profitant d'un geste égaré, il fond alors sur elle.

Un coup, deux coup, puis trois, puis quatre... Ils viennent de toute part, transperçant facilement le mur d'eau pour s'abattre avec force contre son torse, ses bras, son museau. Elle ne se laisse pas faire ; elle brasse l'air pour se défendre mais ses gestes sont gauches et de nouveaux coups se font sentir. Mais ni la douleur, ni la panique que je ressens ne la font s'arrêter. Elle persiste et signe, tantôt cherchant à griffer, tantôt cherchant à mordre, se préoccupant à peine de remonter de temps en temps pour rechercher un peu d'air. De nouveau, l'animal lui agrippe une patte et essaie de l'entraîner vers le fond. Et les coups pleuvent... Je lui crie d'arrêter mais elle ne m'écoute pas. Seule sa fureur compte. Soudain, comme sorties d'un cauchemar, d'autres formes apparaissent à l'autre bout du lagon et se dirigent vers elle. Oh non ! Il faut sortir de là !

Je m'y emploie figure-toi. Si tu crois que... que c'est... facile !

Puisant dans toutes ses forces, elle parvient à affleurer malgré sa jambe toujours solidement cramponnée par l'animal. Elle nage, nage, nage et enfin une berge s'offre à ses bras. Elle y enfonce ses griffes et dans un ultime effort elle réussit à s'extirper du piège ondin, entraînant sur la terre ferme le poisson belligérant. Brusquement, le corps écailleux qui l'étreignait avec force se transforme en pattes, et nous reconnaissons tous deux l'animal que nous avions chassé plus tôt, à la différence toutefois que maintenant, des traces de griffures sont disséminées sur sa peau lisse et ferme. La Bête se secoue rapidement en faisant voler nombres de gouttes accrochées à son pelage, puis se lève pour faire face à la créature. Tout en bougeant lentement autour de l'étalon, elle fait grincer ses griffes.
Jolis tatouages que tu as là... Il me serait agréable de t'en offrir d'autres... Ahahah, arrête ça ! Rien ne sert de me parler, je ne te comprends pas. Mais à présent que nous sommes sur un terrain plus... Équitable, je vais te montrer qu'on ne défit pas impunément un être tel que moi. Prépare ta mort, pitoyable palefroi !

Commence alors la danse la plus macabre du monde : elle tourne autour de lui, profitant de chaque occasion pour déchirer sa chair. Elle ne cherche pas à le tuer ainsi mais à l'affaiblir. Elle veut user son mental et faire disparaître en elle le moindre espoir de pouvoir lui échapper. Elle se sent capable de le harceler pendant des heures. Le sang fuse. L'excitation est à son paroxysme. Puis, lors d'un bond malheureux, un coup de sabot l'envoie valser à plusieurs mètres en arrière. Mais alors qu'elle peine à se relever, sonnée par la violence du choc, elle remarque qu'ils ne sont pas seuls sur ce rivage rendu vermeil.


Jeu des références toujours:
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Lun 5 Mar - 13:12

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La spirale bleue. Le kelpie. La spirale et le kelpie. Sont-ils... la même créature?

Oui, ça doit être ce dont Nawar mentionnait. Autrement, ce ne sera pas possible qu’une torsade mineure se formera dans l’eau et m’enchantera un tel point que j’aurai le désir de couler, de gâcher mes amitiés, mes ennemis, mes excitations, mes ennuis, mes découvertes, mes efforts, ma vie. Cette dernière est tout ce qui est de plus cher, car en réalité;

Je ne vis pour personne d’autre, seulement pour moi.

Et vice-versa pour les autres. En fait, ces dernières phrases s’appliqueraient à n’importe qui, humain ou animal.

Alors pourquoi me suis-comportée comme une imbécile? J’avais essayé de finir mon existence plusieurs fois, de laisser tomber mes amis et ma famille pendant mes nombreuses phases de dépression. Par contre, ce n’est pas une excuse pour tout lâcher, il y a des gens qui comptent sur toi! Heck, on t’a même donné une opportunité d’aller étudier les créatures magiques, le pilier même de la magie. Et toi, tu as voulu perdre tout cela; perdre ce qu’il y avait de plus cher. En plus, je suis toujours maladroite à l’égard des autres; tout le monde doit penser que je suis vachement stupide, crétinisme, bonne à rien...

SATANÉ DE DALIA, JE TE DONNERAIS UNE CLAQUE EN PLEINE FIGURE SI TU CONTINUES D’ÊTRE COMME ÇA, NÉGATIVE À EN NE PEUT PLUS. JE NE PEUX PLUS SUPPORTER DE TA MISÈRE DE MERDE ET DE-

Oh

Des bras puissants m’agrippent tandis que je flotte sur l’eau, m’entraînant vers la terre si mouillée. Le souffle particulier de ce personnage s’abat sur moi plus fort de ce je que pensais. Je dois être en train de reprendre conscience, ou peut-être je l’étais déjà pendant tout ce temps emprisonnée dans cette cage, sordidement fluide comme elle est? Réunissant tous mes efforts dans l’obligation de rassurer mon saveur –que, oui, je suis encore en vie-, j’incline mon corps sur la gauche pour finalement rouler rapidement, m’éloignant de lui à chaque instant. Des cris de plus en plus forts me parviennent aux oreilles, me disant de m’enfuir, de courir. C’est ironique : je suis définitivement en train de m’enfuir... en me renversant partout. Mon sang devrait déjà faire quelques soubresauts partout sur ma figure pendant ce roulement zélé à terre.

À peine quelques secondes plus tard, un PLOUF s’entend à plusieurs mètres de moi. Ce bonhomme, celui qui m’a sauvé, devrait sûrement être en train de plonger dans cette eau subtilement colorée de façon acide. À mesure que j’ouvre mes yeux, je reste immobile, là, en train d’observer par les trous de chaque coté de ma tête, une voix déformée, grave et vaguement féminine. Ah, ça y est, je suis officiellement folle. Cette voix, dont j’ai mentionné plus tôt, n’avait pas finit de parler qu’elle s’engouffre dans le flot. Des bulles s’échappent de la prison de source alors que je n’ai que le temps d’apercevoir une patte velue cherchant à attraper le ciel tandis qu’elle s’enfoncera à tout jamais dans cet étang maudit.

Je me lève péniblement, me soutenant grâce aux genoux, sur la boue horriblement onctueuse. Ma main tapote mon visage à la recherche d’un nez qui semble pouvoir tomber à n’importe quel moment. Ouf! Il est encore là, mais du sang rouge tomette s’adhère à ma peau comme de la bave. Ugh, je dois nettoyer tout ça...

Eille, du calme, ce n’est pas le moment pour réfléchir! Le moment est de passer à l’action quand tu vois littéralement deux créatures magiques se battre tant à l’eau qu’à la surface. Le monstre depuis tout à l’heure grimpe vers le rivage tout en apportant un cheval de couleur asperge vêtu d’algues à la place d’une crinière. Ce dernier semble être en état lamentable, des égratignures graves sillonnent son corps, exposant son sang déjà alléchant. Par contre, le loup-garou est en pleine allure. Il tourne autour de lui, attaquant le kelpie à chaque chance qu’il a. Par contre, une question me hante depuis tout ce temps.

Où est Nawar?

Un mal de tête s’installe à l’intérieur de moi, m’arrachant le brin d’humanité que j’avais décidé de garder. Une boule de poil s’échappe de ma gorge, me forçant à minimiser mes cris qui cherchent, eux-aussi, de s’exfiltrer de mon corps pendant qu’une sensation dégueulasse et trop familière s’installe.

Le fracas féroce des os et des muscles qui se brisent et qui se convertissent évoque en moi un souvenir brutal et trop douloureux d’une transformation que j’appelle un mauvais souvenir. Elle me donne envie de vomir, de pleurer et de mourir en même temps. À chaque fois, elle est plus insupportable et profonde qu’une autre. Cet évènement peut se passer n’importe quand et à n’importe quel moment; au supermarché, à la maison... et même ici, dans un sanctuaire supposé être magnifique et éblouissant. À vrai dire, ce lieu sera parfait pour perdre tout le contrôle au corps et à la pensée. Je ferme les yeux très forts, suppliant que la douleur s'en va.

Ma boucle d’oreille, bien que solidement attachée à mon apparence d’antan, s’échappe à terre. Je me débarrasse de mes habits désormais trop grands pour moi. La pudeur ne sera pas nécessaire puisque je suis à présent poilue. Des oreilles pointues se dressent sur ma tête et une très longue queue se forme, s’agitant nerveusement face à cette guerre ensanglantée. Je tapote mes coussinets pendant un moment avant de lécher ma patte. Je lave ensuite ma tête en passant par mon museau et mes moustaches. Voilà, je ne saigne plus.

Mais, ma conversion n’est pas encore finie. En voyant la créature brune et ruisselante de sang, projetée contre un arbuste trop maigre en taille à coté d’elle, celui dont j’ai voulu m’abriter, j’ai eu comme une impression... de ressembler à elle. C’est dingue, mais le spectacle animé entre elle et le destrier me redonne le désir de pourchasser, d’attaquer, de tuer...

Tandis que j’exhale un miaulement rauque et estropié, je me tourne vers le cheval tant blessé qu’à l’aise.

-Alors, c’est toi qui as voulu me noyer? Eh bien, dis-toi que ce sera ta chance de mourir!

En sifflant, je bondis sur le canasson, espérant l’attaquer de surprise. Faux. Ce dernier, comme par télépathie, a prévu tous mes mouvements. Ses sabots battent sur ma tête à toute allure, contre-attaquant mes déplacements gauches. C’est décidé, il veut assurément gagner. En tout cas, cela n’a pas duré. Il recule de quelques pas, vacillant sur la terre ferme, comme pour me proposer enfin une chance de l’achever. Œil pour œil, dent pour dent. Je me jette sur l’animal, le plaquant à terre. Dans un mouvement désespéré rempli de vengeance, je plonge ma patte dans sa poitrine, traversant sa cage thoracique et ses poumons, pour ensuite enlever son cœur encore battant.

Sans dire un autre mot, je me relève de manière douloureuse et je m’enfuis vers la forêt la plus proche, l’organe encore dans mon emprise.
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Mar 6 Mar - 14:05

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Nawar Nasri

Nawar Nasri
Tout en se remettant sur ses pattes, elle observe d'un air curieux l'étrange animal qui se trouve à quelques mètres.
Qu'est-ce que c'est que ça encore ? Je commence à me lasser de voir arriver toujours plus de créatures ici-bas. Veillez à ne pas user et abuser de ma patience mes amis, elle est loin d'être sans limite.

- Alors, c’est toi qui as voulu me noyer ? Eh bien, dis-toi que ce sera ta chance de mourir ! menace le nouvel arrivé.

Quoi ? Cette chose parle ?! Et cette voix... elle a les mêmes intonations que celle de la petite peste que tu m'as empêché de goûter. Je l'avais complètement oubliée d'ailleurs... Serait-il possible qu'elle se cache sous ces traits ensauvagés ?

Troublée, elle ne parvient pas à se remettre tout de suite en selle, regardant l'air ahuri cet ersatz de chat monstrueux qui feule et bondit férocement sur le canasson.
Que dis-tu petit homme ? Mais.. mais je n'en ai rien à faire qu'elle ressemble à la transformation de Catwoman dans un épisode de Batman ! Tais-toi donc, tu me déconcentres.

Elle scrute la scène étrange qui se dépeint devant elle, sombre théâtre de violence dans lequel elle ne parvient plus à trouver sa place. Elle grogne et se campe sur ses deux jambes, prête à revenir sur le devant de la scène le plus tôt possible. Mais les deux créatures se livrent un combat solitaire, et malgré quelques coups bien placés de sa part, elle se voit écartée par la cadence folle des sauts et des assauts du félidé. Elle se sent malhabile, trop lente, dépassée par l'agilité et la rapidité du chat. Et c'est impuissante qu'elle assiste à la mise à mort du cheval tombé à terre : avec une brutalité inouïe, le chat sauvage avait plongé ses mains dans sa poitrine offerte pour en retirer son cœur. Et la Bête a beau être aux premières loges de ce spectacle d'horreur, il lui est difficile de s'expliquer comment une telle chose pouvait être physiquement possible car, même pour elle, l'exercice aurait été malaisé.
« Impressionnant, vraiment... J'applaudis des deux mains. Pour un charognard, tu as du style, mais laisse-moi t'expliquer que... »

Mais déjà l'étrange et effrayant animal s'était enfuit avec son butin, la laissant seule avec son discours inachevé. Elle fait retentir un terrible grondement de colère qui provoque l'envol d'une nuée d'oiseaux minuscules depuis la cime des arbres exotiques.
Tu ne paies rien pour attendre...

Elle se rapproche de la carcasse dont toute traces de vie avait déjà disparu et laisse couler ses yeux sur la blessure béante qui exulte des flots de sang cristallin. Poussant légèrement du pied la tête de l'animal pour admirer ses yeux devenus vides, elle ne peut s'empêcher de le plaindre... du moins, à sa manière.
Tu as eu ce que tu méritais... Mais je t'assure que j'aurai fait ça avec plus de soin. Ton agonie aurait été lente et belle ! L'apothéose, en quelque sorte, de ton existence insignifiante et futile.

Elle se penche alors sur la carcasse et plonge ses doigts dans le liquide rouge et chaud qu'elle lèche avec passion et langueur. Ce sang a le goût d'une victoire amère, une victoire qui lui a été volée sans raisons. Tout à coup, elle entend dans son dos sourdre des échos de sabots frottant le sol. Combien était-ils ? Quatre ? Cinq ?
Tiens donc, ils se décident enfin à faire surface ceux-là. Dommage pour toi qu'ils aient été si lents.

Elle se redresse rapidement et se retourne pour découvrir une demie-douzaine d'étalons tout juste sortis de l'eau qui la regardent avec haine. La horde frotte avec exaltation le sol boueux, bien décidée à lâcher sur elle toute sa colère nourrie par des vœux de vengeance.
« Si vous me le permettez, je m'en vais vous fausser compagnie. Non pas que je me refuse à vous reconnaître le droit de faire valoir votre loi du Talion, mais j'ai une voleuse à châtier ».

Avec une vigueur retrouvée, elle se rue vers les fougères les plus proches afin de disparaître. Sur ses talons, les étalons animés par le Talion galopent, bien décidés à ne pas se laisser distancer. Elle court à perdre haleine, zigzague entre les arbres qui osent se mettre sur son passage, écarte les herbes hautes. Elle court et court encore jusqu'à ce que l'air qui entre dans ses poumons soit des nuées ardentes. Elle court, elle court jusqu'à sentir de l'acide sulfurique dans ses veines à la place du sang*. Elle court sans regarder pour échapper à sa propre fin. Elle court... Le terrain est à son avantage, et là où en plaine elle aurait eu bien du mal à semer ses assaillants, elle finie ici par les distancer tous peu à peu. Plus que trois... Plus que deux... Plus qu'un...

Tout à coup, elle s'entrave dans une plante grimpante et, le temps de s'en dégager, l'ultime destrier arrive, la surplombant de toute sa grâce. Le temps s'arrête subitement ; ils se toisent et s'envoient des menaces muettes sans bouger, car chacun sait que la mort sera au tournant du moindre geste. Ils halètent comme s'ils étaient au bord de l'évanouissement. Puis, le temps reprend sa course : d'un mouvement vif l'étalon se cabre pour écraser de tout son poids le thorax de la Bête, mais cette dernière roule sur elle-même au dernier moment, esquivant de justesse les coups mortels qui lui étaient destinés. Mais un autre coup qu'elle ne peut éviter cette fois-ci s'abat sur son bras droit. Le son typique d'un os qui se brise retentit tandis qu'elle se lève d'un bond, ivre de rage et de douleur,  et lui assène un coup puissant avant de reprendre son échappée-belle. Complètement aux aboies et déroutée, elle finit par trouver une souche d'arbre dont la béance est suffisamment large pour l'accueillir. Elle s'y engouffre sans réfléchir et, dans un dernier souffle d'épuisement, tombe dans l'inconscience.

***

Je me suis réveillé avec peine, le corps parcouru par une douleur diffuse et vive. Je me sentais oppressé et lorsque j'ouvris enfin les yeux, seule une noirceur intense m'entourait, renforçant mon impression d'être détenu dans un piège inconnu. Le sol sous mon dos était étrangement dur et mou à la fois, tout comme les parois qui me pressaient les bras contre le corps. L'air était lourd, chargé d'une humidité putride à vomir. J'ai paniqué et crié avant de me rappeler l'endroit où la Bête s'était écroulée. Ah c'est vrai... la course, l'arbre mort... Alors, difficilement et en râlant, j'ai rampé pour m'extirper de la souche et retrouver l'air frais et pur de la forêt. Quelle journée de merde.

Je me suis relevé en m'appuyant contre le tronc creux, et une grimace vint marquer mon visage lorsque tous mes muscles se sont détendus et étirés, me faisant prendre conscience du nombre de coups que j'avais dû encaissé plus tôt. Mon bras droit me lançait anormalement, et je le collai contre mon torse le plus possible afin d'en minimiser les mouvements. J'ai râlé de nouveau en entrevoyant toutes les choses que je n'allais plus pouvoir faire avec. Quelle journée de merde bis.

J'ai regardé le ciel dont la clarté me rassura : le soleil n'avait pas prévu de se coucher avant plusieurs heures, me laissant tout le loisir de rentrer vers la ville sans craindre de m'égarer dans la nuit. Et au vu de mon état de fatigue, ces précieuses heures ne seraient pas du luxe. Soudain, il me vint à l'esprit que je n'étais pas le seul qui devait être mis à l'abri. Dalia... Je laissai échapper un soupir mêlé de lassitude et de colère. Je ressentais trop d'épuisement pour m'inquiéter réellement pour elle, mais pas assez cependant pour me persuader de la laisser dans ce lieu sauvage après ce qu'il s'y était passé. Malgré mon appréhension et l'amertume irrationnelle qui naissait en moi à son égard, je me convainquis de me mettre sur sa piste. Après tout, ne m'étais-je pas vanté quelques heures plus tôt de savoir la retrouver sans difficultés aucune ?

Cependant, ce fut des sanglots étouffés, plus que son parfum, qui me servirent de guide jusqu'à sa fine silhouette qui se devinait derrière des fougères épaisses. « Dalia, tu es là ? » Évidemment qu'elle y est, pauvre crétin. Je m'avançai un peu plus, ne sachant pas si je devais parler ou non afin de faire s'envoler les gémissements indescriptibles qui me parvenaient en flots discontinus. « C'est... c'est moi. T'as.. j't'assure que tu n'as rien à craindre ». Après quelques pas supplémentaires dans sa direction, je fus saisi par le triste spectacle d'une fleur flétrie, abîmée, à nue, recroquevillée sur elle même, l'air groggy et bouleversé. Nue ?! D'un geste, j'ai porté ma main devant mes yeux et me suis retourné. C'était idiot, car je n'étais pas réellement gêné par sa condition. Mais peut-être n'avait-elle pas envie de rajouter du poids à son tourment en étant exhibée de la sorte aux yeux d'un inconnu.

Immobile et retenant presque mon souffle de peur de détruire cette petite chose brisée, j'ai commencé à enlever non sans peine et douleur le polo que j'avais encore sur le dos. Il était humide de sueur et de crasse, complètement déchiré dans le dos et raidi par le sang et la boue, mais c'était la seule idée qui m'était venue à l'esprit pour pallier à son état. J'espérais que ce serait suffisant car je n'avais pas spécialement envie de me séparer de mon bermuda en sus. Toujours de dos, j'ai jeté le polo sale dans sa direction, l'agrémentant d'un « Tiens » timide. Puis, une grimace accrochée à la bouche, je me suis assis dos à elle : « Tu... tu vas bien ? » Ouais bravo champion... Médaille d'or pour la question la plus pertinente du monde !



Héhéhé:
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Mar 6 Mar - 19:01

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Je ne me souviens pas pourquoi j’ai décidé de m’enfuir, de galoper dans la forêt comme ça, sans direction précise. Pas que cela importe, mais je viens juste de tuer un animal!

Mais non, Dalia chérie, ce kelpie a essayé de te noyer. Comme l’étranger -hum, quel était son nom déjà?-  l’a dit; il y a "des choses qui chuchotent dans les ténèbres...". Alors, arrête d’être aussi dramatique, tu ne fais qu’aggraver la situation! C’est de la légitime défense pure et simple.

J’en ai assez de te combattre et tu le sais. Je t’ai laissé t’installer à l’intérieur de mon esprit pendant plus de dix ans et j’ai fait tout ce que tu veut, même jusqu’à commettre des crimes! Et toi, tu restes là à ne rien faire, en applaudissant et en me donnant des gâteries virtuelles comme si tu es un spectateur alors que tu viens juste d’apparaître.

Absurde! Tu as agi comme une poule mouillée pour minimiser ta douleur et la faire sortir, je comprends. J’étais comme toi, crois-le ou non... De plus, tu as appris à achever une proie, et ce, avec efficacité! Véritablement émouvant...



Des applaudissements accompagnés de rires déformés résonnent dans ma tête.

Même si c’est peut-être de la "légitime défense" comme tu dis, il n’y a quand même pas de raison valable pour le tuer! Pire, arracher son cœur de son corps pendant qu’il était encore en vie! Alors, pourquoi lui as-tu fait ça???

L’être mystère, celui avec qui je discute, semble prendre une pause pour réfléchir à ma question.

Je t’assure, très chère Dalia, que c’est ton corps qui l’a assassiné, pas le mien. C’était toi qui, poussée par la "loi du Tallion", avait le courage –et l’inhumanité- suffisant pour insérer ta main si délicate dans la poitrine si salée et délicieuse du destrier... Une fillette doucette comme du lilas se transforme soudainement en meurtrière. Hi hi hi! J’ai hâte de voir le film~

Je m’arrête pour un moment, profitant de ce temps mort pour m’établir sur une souche. L’énergie dérivée de l’activité physique aide grandement à enlever le malheur. En peu de temps, la transformation s’est complétée sans problèmes. Je m’avance d’un pas vers le cœur tombé par terre, faute de mains pour le tenir. L’odeur du sang séché me donne la nausée. Prenant mon courage à deux pattes, je prends l’organe dans ma gueule et chemine ce qui devrais sembler quelques centaines de kilomètres avant de m’effondrer.

***


Dégueulant du sang, je recommence progressivement à transmuer. Une panoplie de poils indigo se soustrait juste à temps pour la scène du déchirement des os et de la peau. La douleur et le désespoir est tout ce qu’un meurtrier (comme moi) mérite. Je tente d’étouffer mes hurlements tout en me forçant à ouvrir les yeux remplis de larmes. Je mérite d’apercevoir mes griffes se convertir en mains, ma mâchoire s‘agrandir ainsi que ma taille. Je mérite de voir mes os se briser et se déplacer encore une fois. Je mérite de sentir mes oreilles et ma queue se mouvoir. Je mérite tout cela et encore plus...

Si j’aurais la chance de sauter en arrière, je le ferais. Je n’aurais pas dû le tuer, lui-aussi aurait pu avoir une famille. Il aurait pu avoir une mère, un père qui le nourrissaient et des frères et sœurs avec qui jouer. Et moi, une étrangère sortie de nulle part, je lui ai retiré ce qu’il avait de plus cher. Et ce, pour le simple désir de la vengeance? Je gémis face à mes blessures qui piquent et qui grattent à force de se mélanger avec le gazon.

Haletant, je passe en revue les évènements qui se sont déroulés face à mes yeux : menacer le cheval, lui sauter dessus et lui chiper littéralement le cœur, prenant pendant ce temps sa vie et son existence quasiment inutiles tout comme les miennes. Je pouffe de rire. Et me revoilà; me rabaissant continuellement tandis que je venais juste de divaguer que ma vie était importante tout en supprimant celle d’un autre. Je suis une hypocrite, une moins que rien, une simple sotte qui...

-Dalia, tu es là?

Je couvre mes oreilles, me recroquevillant une nouvelle fois sur moi-même. Non, s’il-vous-plait, pas quelqu’un ici. Pas quelqu’un pour me voir aussi vulnérable et nulle. Je veux être seule, laissez-moi mourir en paix! J’arrête de pleurer lorsque je reconnais cette voix. Est-ce...

-Je t’assure que tu n’as rien à craindre.

Je tourne discrètement ma tête vers l’entité derrière moi, posant l’objet épouvantable, en même temps confortablement adossé au creux de ma main, par terre. Dos à moi, ce que je reconnais être Nawar me lance un morceau de coton sur lequel je passe sur ma poitrine. C’est, en réalité, un extrait d’un t-shirt, mais je ne peux rien voir à cause de toute cette saleté collée dessus. Tandis que j’essai de l’épousseter du mieux que je peux, l’homme s’assoit et me demande la question la plus banale sur terre; « tu vas bien? ».

La banalité est une chose que je peine à ressentir à présent. Elle permet de nous ressembler, de nous infiltrer dans l’ombre de la population sans se demander de questions, de mener une vie normale. Je viens de perdre ce dernier mot quand j’ai aperçu qu’il existe des créatures magiques depuis longtemps. Il va de ça si longuement que ça peut remonter même jusqu’à avant ma naissance! Ma bouche s’ouvre mais aucun mot ne sort. Je soupire et reformule ma phrase avec marri.

-M-mal...

C’est le moment de la vérité. Je place le cœur entre nous deux, espérant que Nawar reconnaisse ce que j’ai fait. Même s’il ne devrait sûrement pas être au courant de ce qui s’est passé, je me sens quand même à l’aise d'être à coté de lui, comme s’il le savait...

Comme s’il était là.


-MIERDA! OU ÉTAIS-TU QUAND J’ÉTAIS À L’ÉTANG? OU ÉTAIS-TU QUAND J’AI TUÉ LE KELPIE, SAUVAGEMENT COMME ÇA, LÀ, EN LUI RETIRANT LE CŒUR? OU ÉTAIS-TU-

Stop. Prend une pause, respire. Le ton de ta voix est inacceptable.

-...Quand je me suis enfuie vers la forêt?

Apathique, telle que je suis après avoir avoué mes sentiments de ce dénouement si atroce. Je sais, il y a trop d’émotions emprisonnées dans mon corps qui ne s’échapperont pas de sitôt, mais ça fait du bien de les exprimer. Je me lève d’un bond, mais me ravise immédiatement.

Maintenant que je lui ai dit mon crime, que va-t-il faire? Va-t-il m’attaquer, me mettre en état d’arrestation pendant qu’il le signale à la police? Va-t-il me tuer à son tour? Quel sera le destin du cœur captif? Je ne veux pas le détruire, ni le laisser entre les mains de quelqu’un que je n’ai digne de confiance –ou pire, que je n’ai jamais rencontré-.

Ugh, je suis un monstre, le pire des pires... Voilà que je me déchaîne auprès d’une personne sensible qui n’a rien à voir avec mes conflits intérieurs. C’est avec ces questions que je murmure un "lo siento" avant de me rassoir.

Après toutes ces péripéties, pourquoi est-il revenu?
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